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3 Juin 2024
Jean-Luc Deuffic

Les heures manuscrites de « maistre Jacques Coffey » de Saint-Lô (Normandie)

Étudier un manuscrit, en connaître son histoire, c’est parfois prendre un chemin qui vous fait pénétrer la mémoire lointaine de certaines familles. En ce sens, les livres d’heures sont un magnifique exemple car souvent, que ce soit par des inscriptions ou des décors héraldiques, ils nous laissent entrevoir leur long cheminement à travers les siècles.

Le livre d’heures mis en vente par Arenberg Auctions (Brussels, Belgium), le 29 juin prochain, appartient à cette catégorie. 175 x 125 mm. 123 f. d’une écriture gothique brune sur 15 lignes. Si son état n’atteint pas l’ordinaire, son histoire le compense. Plusieurs inscriptions nous apprennent son parcours depuis le XVe siècle. L’usage liturgique est bien celui du diocèse de Coutances: : dédicace de la cathédrale le 12 juillet, fête des « reliques » le 30 septembre. Sa composition : 1) La Passion du Christ d’après les évangiles des saints Jean, Luc, Matthieu et Marc (avec 1 miniature) ; (2) calendrier en français ; (3) heures (matines (1 miniature), prime, laudes, tierce, sexte, none, vêpres et complies) ; (4) antiennes ; (5) heures du Saint-Esprit ; (6) les sept psaumes et les litanies des saints ; (7) « Vespres des trespasses » et « Matines des trespasses » ; (8) « Oraison de Nostre Dame » et suffrages.
Le premier possesseur, comme c’est souvent le cas, est une femme. Elle se nomme Jeanne (Jehenne) Lissot, et est l’épouse d’un juriste de Saint-Lô, en Normandie, maître Jacques Coffey, qu’elle épousa le jour de la « saint Hyllaire 1520 », c’est-à-dire le vendredi 13 janvier 1521 (n.st.) :

Ces matines sont et appartiennent a Jehenne fille de Noel Lissot en son vivant leg… de St Lo, femme de maistre Jacques Coffey bourgeois dudit lieu . Il espousa ladite Jehenne le jour saint Hyllaire 1520 [signé] Coffey

Il ne semble pas que notre juriste normand ait laissé beaucoup de traces. Pourtant nous remarquons « maistre Jacques Coffey » présent dans un acte du 29 avril 1550, édicté en la « maison commune de ceste ville de Saint-Lô » (Annuaire des cinq départements de la Normandie / publié par l’Association normande, 1931, p. 111). Peu d’éléments, de même, sur la famille Lissot.
Un siècle plus tard, le livre d’heures se retrouve en Bretagne, dans le diocèse de Nantes, en possession de Jean Lorido, prieur-recteur de Saint-Denis de Mauves:

J’ay achepté ce livre manuscrit a la vente des meubles de defunt v[enerable] et d[iscret] missire Jean Lorido, antien prieur et recteur de Mauves, qui mourut le 4e d’octobre 1698, âgé de 88 ans, après avoir gardé sa cure plus de 50 ans

Nous sommes bien plus documentés sur ce nouveau personnage. C’est sans doute lui qui, baptisé le 25 octobre 1614, à Sainte-Croix de Nantes, est le fils de « noble homme » François Lorido, sieur du Houssay et du Mesnil, marchand de draps de soie à Nantes, capitaine de la milice, décédé le 6 septembre 1637 à Saint-Saturnin de Nantes, lequel avait épousé le 9 février 1602, à Saint-Nicolas de Nantes, Marie Belloeil (1582-1641).
En 1655, est attesté « Maitre Jean Lorido, prestre, chanoine & soûchantre en la même église de Saint-Maurice de Montaigu », dont la collégiale avait été construite en 1613. Le doyenné de Montaigu faisait partie de l’évêché de Luçon. Proche de Nantes, cette paroisse se trouvait sur les Marches Communes de Poitou et de Bretagne.


Signature de Jean Lorido, prieur recteur de Mauves, en 1685 / BMS/

En 1661, nous le retrouvons en procédure : « Factum de l’instance pendante au grand conseil pour Me Jean Lorido, prêtre, pourvu de la chapelanie de Bonne mère, alias in parvis quies, demandeur en garantie de ladite chapelanie contre Me Yves Melot défendeur M Pierre Baudry et le chapitre de Nantes demandeurs, S. l. 1661 (Paris, BnF). La chapellenie de Bonnemère, alias in parvis quies, avait été fondée en l’église de Saint-Saturnin de Nantes. En 1684, Jean Lorido, prêtre, recteur de Mauves, fonde une messe à célébrer, les dimanches et fêtes, en l’église paroissiale, à l’autel de la Vierge (Nantes, ADLA, G 446), et en 1687, Jean Lorido, chanoine de la collégiale de Notre-Dame de Nantes, fonde 31 livres de rente foncière sur une maison de la Fosse, au profit des Carmes de Nantes (ADLA, H 231). Notre homme devait donc cumuler les bénéfices, puisque en 1694, « maître François Courson, vicaire perpétuel de Lanmeur, demanda au prieur de Kernitron de lui fournir une portion congrue comme gros décimateur dans la paroisse et la trêve de Locquirec. Il touchait déjà 300 livres du doyen de Lanmeur, M. de Lorido, prieur de Mauve près de Nantes« . Nous avons retrouvé l’acte de décès de maître Jean Lorido. Il mourut et fut inhumé dans sa paroisse dont il fut recteur pendant 50 ans, dans le chœur de l’église de Saint-Denis. Une divergence de date entre l’inscription du livre d’heures et celle du registre BMS qui le dit âgé de 85 à 86 ans … Quant à l’acheteur, dont la lecture du nom (Jean-Baptiste Dupré ?) a posé quelque problème, il reste à identifier: le patronyme Dupré se trouve attesté à cette époque dans la paroisse de Mauves, dont il est peut-être bourgeois. Merci au lecteur qui pourrait nous mettre sur une piste …


Nantes, ADLA, registre de MAUVES : BMS 3 E 94/2. Acte de décès de Jean Lorido, inhumé le 6 octobre 1698

Mais l’histoire de notre livre d’heures ne s’arrête pas là, en rejoignant par la suite plusieurs cabinets de collectionneurs. Il porte notamment le cachet Claude-Charles de Bourlamaque (4 novembre 1720 – 11 décembre 1769). Seigneur du Vivier et de Courtevron, il était également capitaine au Régiment de Saluzy, et grand collectionneur d’art et bibliophile. Les livres lui ayant appartenus portent au titre un cachet à ses armes (d’or, à une croix d’azur), entouré de la mention : « Ex. bibl. Dom. C. C. de Bourlamaque ». Le catalogue de sa bibliothèque fut publié à sa mort, en 1770 : Catalogue des livres de la Bibliothèque de feu M. de Bourlamaque, à Paris par Prault fils. De même, ses collections, dans un « Catalogue raisonné du cabinet des objets curieux de feu M. de Bourlamaque […] » (vente du 27 mars 1770) [ en ligne ]. Voir la Base EDITEF. Les aïeux  de Claude-Charles de Bourlamaque, les Burlamacchi, étaient originaires de Lucca (Toscana, Italie). Sur les manuscrit de C.C. de Bourlamaque, BIBLISSIMA/IRHT.
Le cachet « D.L.R. de Saint-Victor » indique que notre livre d’heures passa entre les mains du collectionneur Louis-Robert de Saint-Victor (Rouen, 1738-Saint-Victor-la-Campagne, 1822). Sur ses manuscrits, voir BIBLISSIMA/IRHT.


Illustrations : Arenberg Auctions (Brussels, Belgium)

Bibliographie

Ce livre d’heures est déjà passé en vente le 8 décembre 1975 chez Sotheby’s, Western manuscripts and miniatures, lot 88.
Sur les ouvrages liturgiques de Coutances : Léopold Delisle, « Note additionnelle sur les anciens bréviaires imprimés et manuscrits du diocèse de Coutances conservé à la Bibliothèque nationale et à la Bibliothèque Mazarine », dans Revue catholique de Normandie, vol. 5, 1895, p. 387-392.
Monique Dosdat
Alain R. Girard, Livres d’heures de Basse-Normandie: manuscrits enluminés et livres à gravures XIVe-XVIe siècles, Association des amis de la bibliothèque, 1985.
Jason N. R. Herrick, Louis Robert de Saint Victor (1738-1822): A Case Study on Collecting Paintings in France from the 1770s to the 1820s with Particular Reference to Dutch and Flemish Art, University of Oxford, 2000.
Jason Herrick, « Louis Robert de Saint Victor’s Letters to Aignan-Thomas Desfriches : Collecting in Normandy Before and After the Revolution and its Links with Parisian Art Market », dans Monica Preti-Hamard et Philippe Sénéchal (dir.), Collections et marché de l’art en France 1789-1848, Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2005, p. 131-146.

15 Mai 2024
Jean-Luc Deuffic

Les Heures de Philippotte Ruffier

Vente du 27 mai 2024 : Ketterer Kunst GmbH & Co. KG, Munich. Catalogue en ligne.

Livre d’heures. vers 1380, nord-ouest de la France (Rennes ?). 195 x 155 mm, vélin, 90 feuillets, incomplet, manque au moins 15 feuillets et probablement un calendrier, 17 lignes, 115 x 75 mm, 6 grandes peintures, pour la plupart avec bordures, initiales enluminées.
fol. 35-36 déchirées; section coupée dans la marge du fol. 70.

Reliure veau doré français du XVIe siècle sur des ais en carton, chaque plat avec un ovale central représentant la Crucifixion, la devise LOYAL DESIR, des armes héraldiques à un ou deux chevrons, et une semée de fleurs de lys dorées, le plat inférieur également avec le date « 1[5]90 ».
Le dos est doublé d’un fragment de manuscrit musical du XIIIe siècle avec portées rouges de quatre lignes.

LEAL DESIR est bien la devise des Monbrison (d’argent, au chevron d’azur, accompagné de merlettes de sable), mais point de merlettes ….

Exécuté pour une femme, sans doute  représentée dans l’une des miniatures, identifiée comme étant « PHELIPES RUFFIER ».
Suffrages aux saints Pierre, Paul et Anne (fol. 1, illustration ci-dessus) (note 1)De sancta Anna. Ant. De mutua visi/one et promissa sibi prole Domum (suam?) sunt regressi facti leti / et jocundi
Heures de la Vierge (fol. 3), Laudes suivies d’un suffrage à sainte Catherine (fol. 16v°) ; Psaumes pénitentiels (fol. 32); un bifolium mal placé de l’Office des Morts (fol. 35) ; Heures de la Croix (fol. 37) et du Saint-Esprit (fol. 38) ; les Quinze Joies (fol. 40) et les Sept requêtes (fol. 43) ; prières, etc. (fol. 45); Office des morts (fol. 47) ; prière, en vers français : Glorieuse virge raine / En qui, par la virtu divine… (Sonet-Sinclair n° 695) (fol. 70v°) ; Psaumes progressifs, dans un format inhabituel : en trois groupes de cinq, chacun suivi de versets, de réponses et d’un recueil (fol. 78) ; le récit de la Passion selon saint Jean (fol. 85) ; La Vie et légende de sainte Marguerite, en vers français (fol. 87), avec des notes marginales du XVe siècle indiquant que des feuillets manquaient déjà à cette date. Tous les textes sont plus ou moins imparfaits à l’exception des suffrages, des Psaumes graduels et du récit de la Passion.
Provenance : plusieurs remplissages de ligne porte le nom de « PHELIPES RUFFIER » ou une forme abrégée de celui-ci (fol. 15, 63v°, 78v°, 81v°, etc.).
Décor : miniatures : fol. 1, saints Pierre et Paul ; fol. 2, sainte Anne ; fol. 23, Présentation au Temple ; fol. 28v°, Massacre des Innocents ; fol. 70v°, la commanditaire agenouillée devant la Vierge à l’Enfant ; fol. 89v°, sainte Marguerite, presque nue, les mains liées et suspendue à une barre par les cheveux, battue par deux hommes.

Olivier du Guesclin, seigneur de la Ville-Anne, auquel son frère donna cette terre en partage, située dans la paroisse de Saint-Servan. Il eut pour femme Amice, nommée dans un acte du mois de novembre 1340, dont vint Saveline, dame de la Ville-Anne qui fut émancipée par son père au mois d’octobre 1340 et mariée à Jean Ruffier, seigneur du Bois Ruffier. Elle est enterrée en la chapelle de Sainte-Catherine au bout du Chapitre des Frères Prêcheurs de Dinan. Elle ne laissa qu’une fille nommée Philippotte Ruffier, dame du Bois Ruffier et de la Ville-Anne, qui s’est mariée à Raoul, seigneur de Coëtquen, duquel étant veuve, elle fit une donation en l’église des Jacobins de Dinan, le 20 octobre 1431.
Armoiries des Ruffier : D’azur billetté d’argent, au lambel de gueules à quatre pendants.
De La Chesnaye-Desbois et Badier, Dictionnaire de la noblesse, tom. 10, Paris, 1866, col. 44.

Philippotte Ruffier fonda plusieurs messes en la chapelle du Vau-Ruffier, le 17 octobre 1427 (René Couffon). D’après Saint-Brieuc, Archives départementales des Côtes d’Armor, E 2933
Dame Philippotte, pour le repos de l’âme de son époux, Raoul IV de Coëtquen, maréchal de Bretagne, ainsi que pour celles de ses père et mère et pour elle-même, fonda cinq messes à dire par semaine, à savoir deux à l’église de Plouasné et trois à la chapelle du Vau-Ruffier, et présenta pour assurer ces messes Dom Jehan « Heriezon »* à Mgr l’Evêque de St-Malo, lequel approuva la fondation, qui fut en 1434 définitivement fixée à 25 livres de rente annuelle. (Page Joseph Denoual)

Le manoir de Vau-Ruffier, d’après un dessin de Henri Frotier de La Messelière (1876-1965)

Une autre Philippotte Ruffier, de la maison du Vau-Ruffier, est donnée par l’historien Du Paz comme épouse de messire Bertrand Herisson,  seigneur de La Ville-Hélouin (Médréac, ancien évêché de Saint-Malo), chevalier, en 1427.
Armoiries: D’argent, à trois hérissons de sable.

Notes
(1) Voir le culte de sainte Anne à Plouasne (département des Côtes-d’Armor). Paul-Victor Charland, Le culte de sainte Anne en Occident, Québec, 1921, p. 19. Cantus index 201115. Medieval Music Manuscripts Online Database


Sceau de Guillaume Ruffier (Nantes, ADLA, E 142/23, 1379) Base Sigilla

Bibliographie

Vente aux enchères Christie’s du 7 juin 2006, lot 42
Sotheby’s : Medieval And Renaissance Manuscripts, 5 juillet 2016, lot 59 (Mara Hofmann)

31 Mar 2024
Jean-Luc Deuffic

Le livre d’heures et de raison de Marie Le Poigneur (vers 1500)

Le dernier catalogue de Adam Weinberger / Rare Books/ et Konstantinopel / R. A. Van Den Graven, n° 15 /2024, nous offre un parfait éventail de ce que l’on peut trouver de pièces de qualité chez des libraires désireux de proposer de « l’extraordinaire ». C’est à ce point de vue une réussite.
Parmi les ouvrages manuscrits se détachent deux livres d’heures dont un m’a tout de suite intéressé, dans la mesure où il a servi de « livre de raison ». Passé en vente chez Sotheby’s en 1990, puis chez Christie’s en 2022, il n’a pas échappé, de par son originalité, aux spécialistes de ce genre d’ouvrages, si recherchés.
Nous sommes ici en présence d’un livre d’heures, des années 1490/1500, à l’usage d’Amiens, usage liturgique confirmé par le calendrier avec des entrées particulières comme celles des saints Firmin (8 janvier et 1er et 25 septembre), Honoré (16 mai) et Fuscien et Gentien (7 décembre).
Question décoration, elle est pour l’essentiel attribuée à un enlumineur proche du Maître de la Chronique Scandaleuse, nommé d’après BnF ms. Clairambault 486, peut-être influencé par le Maître de Martainville 183, nommé d’après un livre d’heures de la Bibliothèque municipale de Rouen,  tous deux actifs à Paris. Les enluminures des ff. 7 v° et 13 v° pourraient être reliées à un peintre formé à Rouen. Aussi, ce lien avec la Normandie nous ramène à la provenance de ce riche livre d’heures.
Les sujets des miniatures à pleine page sont : l’Annonciation f. 7, la Visitation f. 13v, la Nativité f. 19v, l’Annonce aux bergers f. 22v, l’Adoration des Mages f. 25v, la Présentation au Temple f. 28v, la Fuite en Egypte f. 31v, le Couronnement de la Vierge f. 35v, Job sur le fumier f. 49v, la Messe de saint Grégoire f. 70v, Lamentation f. 72v, le martyre de st André f. 76v, le martyre de sainte Barbe f. 78v. Les grandes miniatures de la section ajoutée : saint Christophe avec un homme agenouillé f. 86, saint Jacques avec un homme agenouillé f. 87v, saint Antoine abbé f. 88v, sainte Marguerite 89v. Les sujets petites miniatures : saint Nicolas f. 74, saint Sébastien f. 75, Notre-Dame de Boulogne : la Vierge et l’Enfant dans une barque f.79, les âmes dans les flammes du purgatoire f. 81.

Provenance
Parmi les inscriptions portées par ce manuscrit, la plus ancienne, en tête du volume, nous apprend que Jeanne de Con… née et native de Vallen… dauphine a donné ce livre à sa petite-fille, Marie le Poigneur ; vraisemblablement, la même Marie le Poigneur qui précise que le manuscrit lui appartient en 1583, f. 38v° ; au f. 90v° sont enregistrées les naissances d’Angélique en 1616 et de Marie en 1617, petites-filles de Marie le Poigneur et de Robert Malet, seigneur de St-Ouen, par leur fille Yolande Malet et Adrien de Bailleul, seigneur de Blangues. D’autres inscriptions se rapportent à la famille Le Poigneur de Goustimesnil, ff. 38v°-39 : Louis le Poigneur, seigneur de Limésy, épousa Anne de Goustimesnil (décédée en 1589. Au verso de la garde, une inscription de la « petite de Cresteville », Louise Catherine Françoise Chardon de Filières (1716-1801), fille d’Olivier Chardon de Filières et épouse de Jacques Marie François Eudes de Catteville, seigneur de Mirville (1709-1759).
A noter les initiales à profusion: « JG » « BL » « GY » « GM » « BJ » « GR » et la devise : « JE ME PLAINS« , inconnue à ce jour.

Contenu
Calendrier, ff. 1-6v° ; Heures de la Vierge, usage d’Amiens, ff. 8-37v° ; Psaumes et litanies pénitentielles, ff. 40-48v° ; court office des Morts, usage d’Amiens, ff. 50-62 ; la Passion selon Jean, suivie de prières, ff. 63-70 ; prières sur le Sacrement, ff. 71-72 ; Salve Regina et mémoires des saints Jean-Baptiste, Antoine de Padoue, Nicolas, Sauve, Adrien, Sébastien, Michel, André, Marie-Madeleine, Catherine, Geneviève et Barbe, prières à la Vierge, pour les morts et l’Ave Maria (manque la fin), ff. 73-85v° ; ajout: mémoires des saints Christophe, Jacques, Antoine, abbé et Marguerite, ff. 86-90.

Quelques informations sur les différents possesseurs de ce livre d’heures:
Sur la famille Goustimesnil, D’or à trois marteaux de gueules
voir http://yport.web.free.fr/goustimesnil.php

Sur Louise-Catherine-Françoise Chardon de Finières :
« Le 5me jour de juillet 1716 est née de légitime mariage Louise Françoise Catherine fille de messire Jacques Joseph Olivier Chardon de Filieres, seigneur et patron de Pierrefiques, de St Jean Duthaney et de Gonneville en partie et de noble dame Françoise Catherine Dumont, baptisée le 9eme de juillet au dit an, nommée sur les fonts baptismaux par Alexandre Robert Louys Mallet de Graville seigneur et patron de Crasmesnil et de Oudalle et damoiselle Catherine Le Rous des trois Pierres ».
Mariée le 21 avril 1732, Gommerville,
Époux : « messire Jacques François Marie Eudes, chevalier, seigneur et patron de Mirville, Catteville, Sotteville, Gauliers, Bordeaux et autres lieux
fils de feu messire Jacques Eudes chevalier, seigneur de Sotteville, Catteville, Ransonville et autres lieux, et de noble dame Françoise Demare de Bellefosse »

Sur Monsieur de Catteville, Jacques-François Eudes:
Ce dimanche vingt deuzieme avril mil sept cent cinquante neuf, le corps de Jacques François Eude escuyer et puissant seigneur & patron de cette paroisse de Milleville (Mirville) chevalier de l’ordre de Saint Loüis décédé de vendredy 20eme à filières hameau de Gommerville d’une mort subite agé de viron cinquante ans a esté inhumé dans le choeur de cette église par monsieur l’abbé de Romé curé de Bernière soussigné & présence des parens & amis soussignés.
Signatures : Le Marinier de Durdan, De Romé curé de Bernière, Duval pretre curé de Mirville, Jacqueray curé de Beuzeville, Grenet curé de Maclou (?), Barbarey pretre

Famille de Mirville et familles alliées (Paris, Archives nationales)
https://francearchives.gouv.fr/facomponent/07ae4df240bc5c570621bdfd282c603009e45183

Arrêt du conseil remettant en possession de ses biens Louise Catherine Françoise Chardon de Filières, épouse séparée de Jacques-François-Marie Eudes de Catteville. 19 avril 1749.
Inventaire après décès de Jacques-François-Marie Eudes de Catteville. 21 mai 1759.
Vente par Marie-Louise-Catherine Françoise Chardon de Fillières, et par les dames de Catteville et de La Chapelle, héritières de Marie-Madeleine Chardon, leur tante, à Ignace Le Darroys, curé de Salmonville (Seine-Maritime), de 90 livres de rente. 14 mai 1755.
Vente par Louise-Catherine-Françoise Chardon de Fillières de bois à Mirville (Seine-Maritime). 9 octobre 1769.

Robert A. van den Graven
Kortenaerstraat 17
7513 AC Enschede   The Netherlands
+31 (0) 53 4324675
https://www.konstantinopel.nl/
konstantinopel@gmail.com

Catalogue n° 15/ 2024
https://www.konstantinopel.nl/_downloads/f07456d66853600ee0ea9e46b3161c56

Adam Weinberger / Rare Books
https://www.adamweinbergerrarebooks.com/

25 Mar 2024
Jean-Luc Deuffic

Le livre d’heures et de raison de Maximilien Turpin, conseiller à la Gouvernance de Lille ( † 1704)

 

La maison de vente SCHWAB, de Mannheim (Allemagne) met aux enchères un livre d’heures un peu particulier puisqu’il fut également utilisé comme de « livre de raison » par un personnage important, Maximilien Turpin. Aussi, le manuscrit, assez modeste il est vrai, porte plusieurs annotations, essentiellement au cours du calendrier.

Maximilien Turpin, seigneur de Gruson et de Pérenchicourt, fils de Jean Turpin et de Marie Noullet, fut baptisé à Lille, en la paroisse Saint-Étienne, le 22 janvier 1634. Avocat, puis conseiller à la Gouvernance de Lille, bourgeois de cette ville par relief du 24 juillet 1663, il décède dans la paroisse Saint-Maurice, à Lille, le 29 janvier 1704.  Il épouse, dans cette dernière église : 1°, le 1er février 1663, Marie-Barbe de Francqueville, fille  de Anselme de Francqueville et de Barbe de Coninck ; 2°, vers 1681, Marie Aulent, fille de Wallerand Aulent et de Brigitte Cambier.

Il fut reçu en 1670 comme chevalier servant des Ordres royaux et militaires de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem.

Voici les quelques notes transcrites par Maximilien Turpin sur son livre d’heures.

Je soussigné Maximilien Turpin doyen conseiller du Roy à la gouvernance de Lille ay fait les annotations cy devant afin que mes enfans prient Dieu pour les âmes de leurs bons parents et chers trespassez et s’il se peut que l’on dise à perpétuité dans la chapelle de Le Cour de Perenchies le De Profondis a chacque anniversaire de mes parens et chers susnommez et de moy quand je seray mort, je prie que l’on dépose mon corps dans le cemetiere de Perenchies devant le portail sans pompe et sans apparail
Turpin de Grisons

au 29 janvier : (d’une écriture différente des autres annotation, sans doute celle de sa fille Marie-Antoinette) mort de Mr Maximilien Turpin mon père r. i. p. 1704
8 février 1691 Mort de Mr Pierre Aulent mon beaufrère R.I.P.
9 mars Mort de Mlle Anne Marie Aulent ma mère 1715 r. i. p.
Le 23 juillet 1681 mourut Mr Charles de Francqueville mon beaufrère quy a ordonné l’office de deux messes par sepmaine en ceste sienne maison de la Cour de Perenchies R.I.P.
J’en suis chargé et ordonne a ma fille Marie Barbe et a ses heritiers de manquer jamais. Turpin de Gruisons
Le 27 septembre 1687 mourut de … mon frère R.I.P.
Le 23e aoust 1678 mourut dame Marie de Francqueville ma chère épouse R.I.P.
Le 15 septembre 1672 mourut dalle Barbe de Coninck ma belle mère fille et héritiere de Jean sr des Tombes et de la Cour de Perenchies. R.I.P.
Le 12 juillet 1637 mourut Mr Jan de Coninck sr des Tombes et de la Cour de Perenchies R.I.P.
Le 17 octobre mourut Me J L? Turpin mon frère f? du bailli de Lille
Le 3 décembre mourut Monsieur Anselme de Francqueville mon beau père R.I.P.
Le 19 décembre 1691 mort da(moise)lle Fra(nçoise?) de Francqueville ma belle (?) R.I.P.

Une note quelque peu énigmatique … : Je dois a Monsieur de ?arcomy deux milles sept cens florins, a Mr Elletin? Jacobs quatre cens florins a Mr de Lozquiche? cens cinquante florins quy font 3550 florins que mes trois enfans …ont par egale portion et pour des raisons connues a toute la famille. Je conseille a ma femme de se … le 19 septembre 1695

Quant au livre d’heures (XVe s.), il comporte 13 miniatures à pleine page, et comme c’était l’usage en Flandre, sur des feuillets intercalaires, pour la plupart vierges au verso. Elles sont attribuées à des proches de l’atelier du maître Willem Vrelant, et suivent un programme pictural habituel à Bruges : Crucifixion, Pentecôte, Marie intronisée avec l’Enfant Jésus, Annonciation, Visitation, Nativité, Annonce aux bergers, Adoration des mages, Présentation au Temple, Fuite en Égypte, Infanticide de Bethléem, le Roi David en prière, Résurrection de Lazare. Une petite miniature de la Piéta illustre l’Obsecro te (forme masculine), et 5 autres petites miniatures se rapporte aux suffrages des saint(e)s : Jean-Baptiste, Sébastien, Antoine, Marie-Madeleine, Catherine d’Alexandrie, Barbe.
Contenu : Calendrier, heures de la sainte Croix, heures du Saint-Esprit, office de la Vierge Marie, psaumes et Litanies de la pénitence, office des morts, Obsecro te et O intemerata, suffrages. Format : 17,6 x 12 cm (10 x 6cm). Provenance : Maximilien Turpin, jusqu’à sa mort en 1704, puis propriété de sa fille Marie-Antoinette (1682-1751), mariée le 3 avril 1736, Lille, Saint-Maurice, avec Philippe Joseph Joachim Walrave ; Anvers, au 19e siècle (reliure); collection privée allemande.

Vente SCHWAB

Sources:
http://paroisse.emmanuel.free.fr/Archives_hist/Gruson/Arch_Gruson04.htm

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