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30 Jan 2014
Jean-Luc Deuffic

Heures de la famille Gascoing (Nevers)

Vente du 7 février 2014 : SADDE Guilhem – 13 rue Paul Cabet – 21000 Dijon
Livre d heures XVe siècle (vers 1450-1480). – [Horae betae virginis ad usum ecclesiae…].- Manuscrit sur vélin (162 x 110 mm.) ; veau brun estampé sur ais, traces de fermoirs. (Reliure de l époque). Manuscrit orné de nombreuses initiales sur fond bleu et/ou rouge à partir du f. [6] ; bouts-de-lignes de mêmes couleurs ; bordures trois cotés : f [58v] ; f. [140] avec déchirure ; f. [145] ; f. [147v] ; petites peintures : f. [58v] découpée ; f. [145] : Jésus devant Caiphe ; f. [147v] : Jésus porte sa croix. Le manuscrit est incomplet du début et de la fin. Provenances diverses avec plusieurs ex-libris manuscrits : f. [71v] : ex-libris Morizot ; f. [121] : ex-libris Morizot (XVIIIe siècle) qui appartient à présent à moy G(…)bert et Marie Pinet, etc. Famille GASCOING (de Nevers) [de1559 à 1773].

Sur les Gascoing de Nevers voir la Revue nobiliaire historique et biographique, t. 4, 1868, p. 69. [en ligne]

Source : Interenchères

5 Oct 2013
Jean-Luc Deuffic

Heures à l’usage du Mans de Jehan de Chahanay

La maison Primardeco de Toulouse propose à sa vente du jeudi 24 octobre, lot 63, un Livre d’heures à l’usage du Mans (?) :
Voici la description donnée par le catalogue en ligne :
Manuscrit sur vélin. 92 f. 155 x 225 (80 x 110) mm. 24 lignes. Littera textualis formata. Paris, vers 1460-1465. Reliure anglaise du XVIIIe s. maroquin rouge plats ornés d’un décor de cadres, losanges et rinceaux dorés, dos long orné de fleurons dorés, mosaïqué de listels de maroquin vert, tranches dorées, doublure de tabis bleu.
Décoration : 10 grandes miniatures, décorées en marge, attribuées au Maître de L’Échevinage de Rouen.
Calendrier latin (f. 1-12v), très peu fourni. \”Il note les figures essentielles de l’histoire de l’Eglise catholique anglaise et celles de la région Maine et Anjou, jusqu’à Poitiers\”. Le 13/I, S. Hilaire évêque de Poitiers – le 16/II, S. Julien martyr du Mans – le 26/II Translation des reliques de S. Augustin – le 1/III, S. Aubin évêque d’Angers – le 7/III, S. Thomas d’Aquin – le 30/IV, S. Eutrope, évêque de Saintes – le 21/V, S. Benedict abbé – le 7/VII, translation des reliques de S. Thomas Becket – le 5/IX, S. Taurin évêque d’Évreux – le 23/X, S. Romain évêque de Rouen – le 29/XII assassinat de S. Thomas Becket.
[Pour ma part je pense que ce calendrier est plutôt normand : la Translation de saint Thomas est caractéristique de certains calendriers de Lisieux, Bayeux, Coutances, Rouen, et ne se rencontre pas dans les livres de Poitiers ni du Mans ni d’Anjou (Cf. Calendoscope)]
f. 13-42 : Heures à l’usage du Mans. Les Heures de la Croix et du Saint-Esprit sont incomplètes. La miniature de la Crucifixion manque ; f. 43-54 : Psaumes de la pénitence suivis des litanies avec S. Maurice évêque d’Angers, S. Hilaire évêque de Poitiers, S. Julien évêque du Mans, S. Romain, Sainte Radegonde ; f. 55-73v : Office des Morts à l’usage de Rouen ; f. 74-75v : Ad dominum cum tribulare ; f. 76-82v : Péricopes évangéliques ; f. 83-84v : Obsecro te (forme masculine)  ; f. 85-86 : Stabat mater  ; f. 86v-89v : Suffrages des Saints Jean-Baptiste, Nicolas, Pierre, Laurent, Eustache, Augustin et Marie-Madeleine ; f. 90-92 : Prière en français.

Miniatures : F. 13 : Annonciation ; f. 19 : La Visitation ; f. 24v : La Pentecôte  ; f. 25v : La Nativité ; f. 29v : L’Annonce aux bergers ; f. 31v : L’Adoration des Mages : Le costume de Gaspar est celui du règne de Charles VII et il porte au genou le ruban de l’Ordre de la Jarretière, ordre chevaleresque créé par Edouard III d’Angleterre en 1348 qui fournit sa devise au royaume britannique : Honny soit qui mal y pense. Il s’agit très probablement du portrait du commanditaire.  
f. 34 : La présentation au Temple
f. 39 : Le couronnement de la Vierge ; f. 43 : Le roi David ; f. 55 : L’Office des morts.
Provenance : Livre de raison des Chahanay
Le second propriétaire de ce manuscrit est Jehan de Chahanay, seigneur de Chéronne (1), [petit-fils de Hervé de Chahanay, sénéchal du Maine de 1486 à 1492, chambellan du Roi] chevalier de l’Ordre du roi, ou Ordre de Saint-Michel, fondé par Louis XI en 1469, dont le dernier feuillet du manuscrit donne un extrait du livre de raison (mariage de « Jehan de Chahanay et Roze de Tévalles le XXe de febvrier mil cinq cent soixante et cinq » et naissance de « Francoyze de Chahanay le 19 janvier 1566 ») (2). Les Chahanay sont une très ancienne famille du Maine (act. Sarthe), ce qui confirme l’usage du Mans. Par ailleurs, la ville du Mans, berceau des Plantagenêt, indique comme possible commanditaire Georges Plantagenêt, troisième fils de Richard Plantagenêt et de Cécile Neville, fait duc de Clarence en 1461 et reçu chevalier de l’Ordre de la Jarretière la même année. En 1469 il épouse Isabelle Neville à Calais. Personnage célèbre dans l’histoire d’Angleterre au moment de la guerre des Deux Roses entre les Lancastre et les York (voir Shakespeare, Richard III), il rejoint le camp du roi déposé Henri VI, soutenu par son beau-père Richard Neville et s’exile en France. Il meurt à 27 ans, après son emprisonnement dans la Tour de Londres, noyé dans une barrique de malvoisie.
Autres provenances : – Xavery Gull. Ex-libris manuscrit sur le f. de garde de la reliure. Bibliothèque Jean Hersent.
 
Bibliographie :
François Avril et Nicole Reynaud. Les manuscrits à peinture en France 1440-1520. Claudia Rabel. Les enluminures du Louvre. Moyen Age et Renaissance. Cat. Exposition, Louvre 2011. Livres d’Heures de Basse-Normandie. Caen, 1985. Maruice Caillet, Les richesses de la Bibliothèque municipale de Toulouse, 1960.

Notes :
(1)  
Protestation faite, devant notaire, par l’abbé de Saint-Vincent [du Mans], René Lelarge, contre l’inhumation, dans le chancel de l’église de Tuffé, de la feue dame de Chéronnes, mère de messire Jean de Chahannay, chevalier de l’Ordre du Roi, seigneur dudit Chéronnes, au mépris des droits des abbés et religieux de Saint-Vincent, patrons-fondateurs de ladite église, « ce que ledit abbé n’oseroit contredire et reffuser pour l’authorité dudit sieur de Chéronnes, homme craint et doubté audit lieu de Tuffé, où y a prieuré conventuel dépendant de ladite abbaye Saint-Vincent, et plusieurs religieux d’icelle envoyez par obédience pour y desservir ; aussy, à l’occasion des troubles et émotions de guerres qui ont esté et sont de présent, où il s’est veu et voit ordinairement plusieurs vindictes et oppressions exercées par les gens de guerre, au plat pays, à l’appétit et induction de ceux qui sont constituez en quelque authorité, à l’encontre de ceux qui leur ont contredit et n’ont obtempéré à leur volonté. » (1585) (Archives départementales de la Sarthe H 126)
(2) Voir le mariage de son fils aîné, Charles, le 26 septembre 1599 : « Messire Charles de Chahanay Sr de Cherome escuyer de la grande escurye du Roy et jentillomme (gentilhomme) ordinaire de sa majesté fils aisné de hault et puissant seigneur messire Jehan de Chahanay chevalier de l’ordre du roy, époussa en la chappelle de Vernée haulte et puissante dame Jacqueline de Bueil dame de Chambellé veuve de deffunct messire François de Montallays en son vivant seigneur de Chambellé » (site de Odile HALBERT)
Sur la famille de Chahannay, voir la base ROGLO

PRIMARDECO 14, rue du Rempart Saint Etienne 31000 Toulouse
SOURCE = Catalogue de vente

17 Mai 2013
Jean-Luc Deuffic

Trogen, Kantonsbibliothek Appenzell Ausserrhoden, CM Ms. 4 : un possesseur cornouaillais ?


© Trogen, Kantonsbibliothek Appenzell Ausserrhoden – e-codices

Nous avons déjà fait mention des collections de Trogen au sujet des Livres d’heures des Chambron ( lien ). Un autre manuscrit parisien du début du XVe siècle a probablement eu comme commanditaire un Breton du pays de Cornouaille, comme semblent le suggérer les litanies de ce Livre d’heures avec les inscriptions d’Yves, de Corentin et de Ronan, ce dernier assez rarement honoré dans ce genre d’ouvrages. Parmi les lieux importants de son culte citons : Locronan (Finistère) ; Saint-Renan au nord de Brest (Finistère) ; Laurenan (Côtes-d’Armor). Il a laissé son nom à Saint-Renan, hameau de Plœuc-sur-Lié (Côtes-d’Armor) ; La Noë Renan, hameau du Foeil (Côtes-d’Armor) ; Saint-Renan, hameau de Plozévet (Finistère), etc.


Tombeau de saint Ronan à Locronan


Locronan : église Saint-Ronan, chaire à prêcher, médaillon illustrant la vie de saint Ronan [ source : wikipedia ]

Calendrier :
29 janvier : Gylde
19 mai : Yves (en or)
24 octobre : Magloire
14 novembre : Maclou

Litanies :
Yvo
Corentine
Guill[aum]e
Ronane

Description et numérisation du manuscrit sur le site E-CODICES
© Gamper Rudolf / Weishaupt Matthias (Hrsg.), Sammlung Carl Meyer in der Kantonsbibliothek Appenzell Ausserrhoden in Trogen. Katalog der Handschriften und der Drucke bis 1600, Dietikon-Zürich 2005, S. 75-76.

6 Mai 2013
Jean-Luc Deuffic

Un Livre d’heures à proverbes : le manuscrit Paris, BnF, Nlle acq. lat. 3134


© Paris, Bibliothèque nationale de France

Le manuscrit Nlle acq. lat. 3134 de la Bibliothèque nationale de France (numérisé sur Gallica) parait unique en son genre. En effet, plusieurs des feuillets de ce Livre d’heures à l’usage de Rouen, composé au XVe siècle, sont couverts de proverbes illustrés dont certains, très populaires au Moyen Âge, ont survécu jusqu’à nos jours dans la mémoire populaire. Nous en avons relevé quelques uns  :

f. 16v : Tant va le pot a liaue qu’il brise : [ lien ]


© Paris, Bibliothèque nationale de France

f. 28 v : Deulx truans ne vallent riens a ung huis :


© Paris, Bibliothèque nationale de France

f. 70v : Tel cuide batre qui tue :


© Paris, Bibliothèque nationale de France

f. 73r : Tel que je l’ay brassé je le boy :


© Paris, Bibliothèque nationale de France

f. 74v : La Femme qui fait accroire a son mari que de vécies sont lanterne :


© Paris, Bibliothèque nationale de France

f. 76v : Qui trop embrache pou estraint :


© Paris, Bibliothèque nationale de France

f. 77r : Besoing fait vielle troter (besoin fait vieille trotter) :


© Paris, Bibliothèque nationale de France

f. 88v : Bon gré mal gré va le prestre au sané :


© Paris, Bibliothèque nationale de France

f. 96 : Tant vaut ung riche homme entre deulx avocas : comme une grace poule entre deulx renars :


© Paris, Bibliothèque nationale de France

En page de garde recto une liste des membres de la famille Duval a été inscrite :

Ex bibliotheca Duvallios Ebroicis

Mer. Iacobus Duval pater D. Medicus 1544
Mer. Iacobus Duva filius D. M.  ~1580
Mer. Michael Duval pater D. M. 1622
Mer. Accursi Duval filius D. M. 1652
Mer. Jacobus Duval frater D. M. 1667

Cette famille Duval a formé à Evreux une véritable dynastie de médecins. Jacques Duval, « Jacobus Duval, ebrociensis », licencié en médecine en 1542/1543, décédé avant 1577, fils de Simon Duval et de Jacqueline Lemoine, épousa Hélène Le Breton, dont Jacques, également médecin, et Françoise. Il avait étudié la médecine sous Jacques Dubois

Jacques Duval (1555-1620), d’azur, au chevron d’or accompagné de trois coqs de même, posés 2 et 1 , épousa en premières noces Anne Le Marchant, fille de \”maistre Guillaume le Marchant\”, apothicaire (né en 1521)

Le 23 juin 1607, N. H. Me Jacques Duval, docteur en médecine, rendit hommage devant le lieutenant général au bailliage de Pont-de-l’Arche, pour le fief d’Hectomare, dont il avait fait l’acquisition de Suzanne Duval, et qui était composé entre autres biens, d’un moulin à vent fieffé et de 14 acres de terre non fieffés.
Le 17 août 1618, Jacques Duval, esc, sieur d’Hectomare, rendit aveu pour le fief du Houvet, au Neubourg, au droit de Catherine de Courdemanche, sa femme.
François Duval, esc, fils de Jacques, sieur d’Hectomare et du Houvet, rendit aveu en 1623.
Louis de Grimouville épouse Susanne Duval, fille de Jacques Duval, seigneur et baron de Houllebec, de Bourdigny, Hectomare, le Genetay,
Source = Les archives héraldiqes d’Évreux – Volume 30, p. 119

On doit à Jacques Duval un ouvrage, très contesté, sur les hermaphrodites, avec portrait de l’auteur (voir ci-dessus) :

Des Hermaphrodits, accouchemens des femmes et traitement qui est requis pour les relever en santé & bien élever leurs enfans. Où sont expliquez la figure des laboureurs, & verger du genre humain, signes de pucelage, defloration, conception […] par Maistre Jacques Duval, [,..] seigneur d’Ectomare et Du Houvel, […]. – A Rouen : de l’imprimerie de David Geuffroy, 1612. – [16]-447-[11] p. : portr., ill. ; 8° [ ouvrage numérisé ]

Jacques Duval a également composé :

L’Hydrothérapeutique des fontaines médicinales nouvellement trouvées aux environs de Rouen, très utiles et profitables à un chacun par noble homme M. Jacques Du Val / A Rouen, chez Jacques Besongne, 1603

Methode nouvelle de guarir les catarrhes et toutes maladies qui en despendent, voyre mesme celles qui cy devant ont esté reputez incurables. En la deduction de laquelle se trouvent 71. paradoxes qui tous sont monstrez estre ortodoxes, sans l’intelligence desquels la guarison desdites maladies ne peut methodiquement proceder. Par noble homme M. Jacques Duval, sieur d’Ectomare & du Houvel… / A Rouen, chez David Geuffroy, demeurant à la ruë des Cordeliers, joignant S. Pierre. M. DC. XI

La maison Ader a vendu le 23 mars 2011 (lot 260), un manuscrit de Michel Duval : Origines francicae ut hodie loquimur auctore Michaele Duval D. medico ebroicensi. Manuscrit trilingue (latin, hébreu et français), papier, 46 f. in folio sur deux colonnes. [ lien ]. Michel Duval eut un fils, Mathieu, apothicaire à Evreux (ADE, E)
Accurse Duval, qui figure comme un des trésoriers de l’église Saint-Nicolas d’Evreux, s’intitule conseiller et médecin ordinaire de S. A. le duc de Bouillon (10 avril 1679, Archives départementales de l’Eure, Saint-Nicolas). Voir également : Vente par maître Nicolas du Frische, chapelain de la chapelle de Saint-Jean-de-la-Tour, à maître Accurse du Val, docteur en médecine à Évreux, d’une maison située dans la paroisse Saint-Nicolas d’Évreux et dépendant de ladite chapelle… (ADE).

Biblio : Voir Valérie Worth-Stylianou [ en ligne ]  – Dr K. Albaric, Un médecin ébroïcien, Jacques Duval, Paris, Le François, 1934. In-8, 51 p., portrait. (non consulté)

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