2 Oct 2012
Jean-Luc Deuffic

Le Livre d’heures de Jean de Popincourt et de Catherine Le Bègue

Un Livre d’heures à l’usage de Paris, ca 1440-1450, décrit il y a déjà quelques années par Joachim M. Plotzek et sans doute aujourd’hui dans une collection particulière a appartenu à trois générations successives des Popincourt (Popaincourt) : Jean de popincourt et Catherine Le Bègue, sa fille Claudine de Popincourt et Jean du Plessis, son mari, et enfin à Guillaume du Plessis, fils de ces derniers. Le manuscrit porte sur un de ses feuillets, à la Crucifixion, un couple en prières (miniature ci-dessus) : Jean de Popincourt et son épouse Catherine Le Bègue.

Jean de Popincourt, seigneur de Sarcelles et de Liancourt, fils de Jean de Popincourt, premier président au Parlement de Paris. Il était substitut du procureur général audit parlement dès l’année 1458, d’après un arrêt du 26 juillet de cette année. Il fut chargé pendant la ligue du Bien Public de la garde de la porte Saint-Denis, et envoyé en ambassade en Angleterre en 1466 avec l’amiral de France et l’évêque de Langres ; il est qualifié président en la Chambre des comptes dans des lettres du 10 juillet 1469, qui le commettent pour faire publier les lettres de don de la Guienne en apanage à Charles de France ; il fut reçu troisième président au Parlement de Paris en 1471, et l’un des commissaires chargés d’instruire le procès du comte de Saint-Pol en 1475. Il avait épousé Catherine le Bègue, fille de Jean le Bègue et de Catherine Paillard, et mourut le 21 mai 1480. (Blanchard, Les Présidents à mortier du Parlement de Paris, p. 105.)  
 
Jean de Popincourt mourut le 23 mai 1480, ainsi qu’on le voyait par son épitaphe placée sur son tombeau dans l’église Sainte-Croix de la Bretonnerie, au milieu du chœur, sous une tombe plate de marbre noir, sous le lutrin. Il laissa une fille du nom de Claudine qui épousa en 1463, Jean de Plessis.

\”Ci gist noble homme et saige maistre Jehan de Poupaincourt, en son vivant seigneur de Sarcelles et Lyancourt, conseiller du roy nostre sire et president en sa court de parlement, lequel trespassa le XXVe jour de may M CCCC LXXX\”.
\”Aussy gist noble damoyselle Catherine Le Begue, femme dudict de Poupaincourt, laquelle trespassa le IVe jour d’octobre M CCCC IC\”
\”Cy gist noble homme Jehan du Plessis, en son vivant seigneur D’Onchamps, de Savonnieres et de la Prugne, conseiller et maistre d’hostel ordinaire des roys Louis XI et Charles VIII, lequel trespassa Le XXVe jour de may M CCCC XCIV\”
Cy gist noble damoiselle Claude de Poupaincourt, dame de Sarcelles et de Lyancourt, femme dudict Jehan du Plessis, laquelle trespassa le XXVe jour de novembre M D X. – Priez Dieu Pour Eulx.

Source : 

Épitaphier du vieux Paris, tome III, Chartreux-Saint-Etienne-du-Mont, publié par Emile Raunié, Paris, Imprimerie nationale, 1899, p. 433.
Popincourt : d’azur, à la croix engrêlée d’or. Du Plessis : d’argent, à la croix engrêlèe de gueules et chargée de cinq coquilles d’or — Le Bègue : D’argent à trois croix ancrées de pourpre à la bordure engrêlée d’azur
Voir le testament de Jean de Popincourt (son oncle), publié en ligne sur Corpus de l’Ecole nationale des chartes, d’après Tuetey, Testaments enregistrés au Parlement de Paris sous le règne de Charles VI.

Documentation :
Archives du château de Chantilly :
1-BA-042 SARCELLES. Aveu de Jean de Poupaincourt, dit Soullart, 22 janvier 1427 [1428] ; de Jean de Poupaincourt, licencié en lois, avocat au Châtelet de Paris, seigneur de Sarcelles, 5 janvier 1436 [1437]. Il vend à Oudin Gagnepain, laboureur, la maison qui lui est échue par la mort d’André Lasneuze, 30 décembre 1437.
2-BA-030. 1457, 6 mars, Jean de Poupaincourt, écuyer, avocat en Parlement, seigneur de Sarcelles, tiers de ladite seigneurie par lui acquis de Guillaume de Malloc et de Jean de Martainville, écuyers.
1-CD-010. Catherine Le Bègue, veuve de Jean de Poupaincourt, président au Parlement, reçoit Fiacre de Harville en foi et hommage, 4 janvier 1489 [1490].
 

Biblio :
Joachim M. Plotzek, Andachtsbücher des Mittelalters aus Privatbesitz, Köln, Schnütgen-Museum, 1987, n° 21, p. 112-114. 
Virginia Reinburg, Books of Hours, 2012, p. 65.
G. Dupont-Ferrier,  \”Les avocats à la Chambre ou Cour des aides de Paris au XVe siècle\”, dans Bibliothèque de l’école des chartes, 93, 1932, p. 267-313 (p. 301) [ en ligne sur Persée ]
G. Dupont-Ferrier, \”Les avocats à la Cour du Trésor de 1401 à 1515\”,  dans Bibliothèque de l’école des chartes, 98, 1937,  p. 99-145 (p. 119) [ en ligne sur Persée ]
1 Oct 2012
Jean-Luc Deuffic

Madrid, Fundación Lázaro Galdiano, ms. IB 15716 : les Heures de Radegonde de Bray et Claude de La Haye


© Fundación Lázaro Galdiano, ms. IB 15716, f. 61

Le manuscrit ms. IB 15716 de la Fundación Lázaro Galdiano de Madrid est un Livre d’heures présenté comme étant à l’usage de Troyes, exécuté dans cette ville ca 1440. Des anciens possesseurs ont laissé leurs marques, en l’occurrence le couple Claude de La Haye x Ragonde ( pour Radegonde) de Bray :

A qui je suys voyez le nom
Et le seing cy dessoubz mys
Et pourtant mes treschers amys
Affin que nul ne soit larron
A qui je suys voyez le nom
De Bray

Ragonde de Bray
Femme de Claude
de La Haye

Amy lecteur si enquelque lieu treuver
Ce present libvre rend le moy Il est myen
Ainsi feras le rendant bonne treuve
Et si auras de moy ung amy tien

Claude de La Haye

La revue Humanisme et renaissance, Volume 5, p. 530, n° 4873,  signale une quittance paraphée par Radégonde de Bray et divers, sur vélin, datée de Paris, 20 août 1579, d’une rente due sur l’Hôtel de Ville au nom de la dite dame de Bray, veuve de Claude de la Haye, bourgeois de Paris. Nous n’avons rien trouvé de plus sur ce couple …

Manuscrit numérisé sur le site de la Fundación Lázaro Galdiano (Madrid)
Notice et bibliographie dans le catalogue de l’exposition : Mysterium Admirabile : El tiempo de Navidad en los libros de horas de la Fundación Lázaro Galdiano (16 décembre 2011-26 mars 2012), n° 10.

1 Oct 2012
Jean-Luc Deuffic

Madrid, Fundación Lázaro Galdiano, ms. I 15446 : Livre d’heures et de raison de la famille Boulloche


© Fundación Lázaro Galdiano, ms.  I 15446, f. 88r

Un Livre d’heures à l’usage de Rouen, aujourd’hui conservé à Madrid, Fundación Lázaro Galdiano (ms. I 15446), a servi de Livre de raison à la famille Boulloche, établie anciennement aux Andelys (Normandie).

Manuscrit numérisé sur le site de Fundación Lázaro Galdiano (Madrid). Voir les notes familiales aux derniers feuillets :
1565 : naissance de Jacques Boulloche
1567: enfant mort né
1572 : naissance de Louis Boulloche (décédé en 1574)
1574 : naissance de David Boulloche
1582 : naissance de Louise Boulloche

Notice et bibliographie dans le catalogue de l’exposition : Mysterium Admirabile : El tiempo de Navidad en los libros de horas de la Fundación Lázaro Galdiano (16 décembre 2011-26 mars 2012), n° 2.

BOULLOCHE (de). Armes : écartelé aux 1 et 4 de gueules, à un chevron d’or accompagné de trois molettes d’éperon de même ; au 2 de sable à trois besants d’or, 2 et 1, cantonnés d’une tête de taureau sur un gué d’azur ; au 4 de sable à trois besants d’or, 2 et 1. — Couronne : de Marquis.
La famille Boulloche ou De Boulloche est anciennement et honorablement connue aux Andelys, en Normandie. Elle a donné avant la Révolution une série de lieutenants-généraux au bailliage de cette ville. Jacques Boulloche était en 1692 élu en l’élection de la même ville. N… Boulloche du Méret, conseiller à Andelys, fit enregistrer son blason à l’Armorial général de 1696 : de gueules à un chevron d’or accompagné de trois molettes d’éperon du même. Pierre Boulloche, conseiller du Roi, eut ses armes enregistrées d’office au même Armorial : de sable à trois besants d’or.
M. de Mailhol a consacré à la famille de Boulloche un long article dans son Dictionnaire historique de la noblesse française ; il lui attribue une origine très reculée et la fait descendre d’un David Bullock, seigneur du Gué du Taureau (Bull lock), dans les Highlands, en Ecosse, qui serait venu se fixer en Normandie sous Louis XI. La famille de Boulloche parait n’avoir eu cependant aucune prétention nobiliaire antérieurement à la Révolution. On ne lui connaît, en tout cas, aucun principe d’anoblissement et elle ne figure ni au nombre de celles de sa province qui furent maintenues nobles lors des diverses recherches ordonnées par Louis XIV, ni au nombre de celles qui prirent part en 1789 aux assemblées de la noblesse Ce n’est que. depuis 1880 que ses représentants font précéder leur nom de la particule “De”, souvent prise, du reste, par leurs ascendants au cours du XVIIIe siècle. Son chef est même connu depuis quelques années sous les titres de comte de Boulloche, de marquis de Douxmesnil et de baron du Méret dont on ignore l’origine…
Gustave Chaix d’Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables, Volume 6, p. 123.

27 Sep 2012
Jean-Luc Deuffic

Rennes, Bibliothèque Métropole, ms. 1512 : le sénéchal de Morlaix, Michel Le Levyer, et son Livre d’heures

La Bibliothèque de Rennes Métropole, dont on a souvent relevé ici le dynamisme en matière d’acquisition de manuscrits médiévaux, conserve sous la cote 1512 un Livre d’heures du XVe siècle, qui bien que modeste, n’en est pas moins intéressant de par sa provenance, et comme témoin de la circulation des manuscrits en Bretagne. Je remercie chaleureusement Mme Sarah Toulouse, conservatrice en chef, pour son aimable concours à me fournir une description précise du manuscrit, lequel a rejoint les collections de la Bibliothèque de Rennes à la suite de la vente de Paris-Drouot de 1993.
Ce petit ouvrage de 165 f., aux dimensions 110 x 80 mm, contient des heures de la Vierge à l’usage de Paris. Du reste, le calendrier et les litanies n’ont aucune connexion avec la Bretagne, et c’est bien dommage. Par contre la reliure du XVIe siècle, en parchemin souple ornée d’un décor doré à la fanfare, porte la marque d’un ancien possesseur :
« A Escuier Michel le Levier » (plat supérieur)
« sieur du Restigou » (plat inférieur)
En 1881, le manuscrit, appartenant alors au chanoine de La Paquerie, se trouvait exposé à Quintin avec deux autres Livres d’heures (Association Bretonne, session de Quintin, 1880 (1881), p. 362). Le chanoine de La Paquerie, admis comme membre de la Société archéologique du Finistère lors de la séance du 27 janvier 1887 par MM. Guépin et Trévédy, demeurait 12, rue de Pont-l’Abbé à Quimper.


© Bibliothèque de Rennes Métropole. Manuscrit 1512, f. 82 : le Couronnement de la Vierge

La famille Le Levyer (ou Le Levier) reste attachée à la région de Morlaix. Dans son Nobiliaire et armorial de Bretagne (t. II, p. 98), Potier de Courcy fait mention des Le Levier, sr de Kerroc’hiou, paroisse de Ploujean, de Penarstang, de Keranfors et de Kerloassezre, paroisse de Plougonven, de Meshir, de Keramprévost, de Coat glaz, de Kervézec. Ils furent déboutés à la réformation de 1669, dans le ressort de Morlaix. Ils portaient : d’argent à la fasce d’azur surmontée d’une merlette de même, accompagnée de trois trèfles de gueules (Guillaume le Borgne). Jean, sénéchal de Morlaix en 1533 ; Jean, gouverneur du château du Taureau en 1574 ; Jean, conseiller au parlement en 1588, marié à Françoise de Talhouët de Boisorhant.
Notre Michel Le Levyer, sénéchal de Lanmeur (attesté le 12 aout 1576), puis de Morlaix en 1596, sieur de Restigou et Keropartz, fut marié en 1600 à Barbe Quintin (Sources : Le Guennec). En 1579, il assiste avec Jean Le Levyer aux Etats de Bretagne, au nom du Tiers état, comme représentants de la ville de Morlaix (Olivier Tréhet, Le Tiers Etat aux Etats de Bretagne au seizième siècle (1491-1589), 1992, p. 110 : \”Lelevier Michel, sr de Restigou, 1579\”. Archives de Bretagne : recueil d’actes, de chroniques, etc …, Volume 15, p. 127). 
Les anciennes prééminences de l’église Saint-Melaine de Morlaix font mention d’un banc familial :

Et entre le cinquiesme et sixiesme pilier, il y a quatre bancs scavoir, le plus bas et joignant le cinquiesme pilier et l’autel de sainct Joseph du costé de l’epistre contenant de long quatre piedz, fors deux poulces, et de laize trois piedz appartenant au sieur de Penanyun, prestre, celuy de dessus armoyé des armes des Levier contenant quatre piedz de long et deux piedz et un poulce de laize appartenant au sieur de Restigou, au costé du quel et à vis d’autre autel de Ecce Homo où est un tableau de l’image de Jésus descendu de la croix, …\”.

A Guimaëc, non loin du manoir des Kergomar, fondateurs de la chapelle de Notre-Dame de la Joie, s’élève une croix montée sur un socle hexagonal, un dé aux angles ornés de griffes. Primitivement elle se trouvait à l’entrée du manoir de Keropartz en Lanmeur, élevée par Michel Le Levyer et Barbe Quintin. Elle porte les armes de ses deux mécènes : une fasce surmontée d’une merlette et accompagnée de trois trèfles, mi parti d’un lion accompagné de trois molettes. Transportée au cimetière de Guimaëc, elle fut ensuite placée près de la chapelle Saint-Mélar, et, après la chute de celle-ci, transférée à la Joie. Parmi les statues de la croix, celle de sainte Barbe. Ci-dessous dessin de notre ami Yves-Pascal Castel (\”Atlas des croix et calvaires du Finistère\” )

Une chapelle, détruite aujourd’hui, dédiée à la martyre d’Héliopolis, si célèbre en Bretagne (voir Buhez sante Barba, Mystère de sainte Barbe, texte de 1557), appartenait également au domaine de Keropartz, probablement édifiée par Le Levyer et son épouse. Cette dernière était issue des Quintin (d’argent au lion morné de sable, accompagné de trois molettes de sable ; devise : Calcaribus recalcitram) dont le manoir de Coatanfrotter ou Coat ar Frotter (XVe siècle) en Lanmeur possédait aussi autrefois une chapelle privée dédiée à saint Barbe. Adeline La Forêt par son mariage avec François Quintin, seigneur de Coatamour, apporta cette possession aux Quintin.


Le manoir de Coat ar Frotter en Lanmeur (Finistère)

Louis Le Guennec, dans Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, 45, 1918, p. 184.
Manuscrit 1512 : Feuillets numérisés sur le site de la Bibliothèque Rennes Métropole

Pages :«1...52535455565758...177»