Le livre d’heures et de raison de Maximilien Turpin, conseiller à la Gouvernance de Lille ( † 1704)
La maison de vente SCHWAB, de Mannheim (Allemagne) met aux enchères un livre d’heures un peu particulier puisqu’il fut également utilisé comme de « livre de raison » par un personnage important, Maximilien Turpin. Aussi, le manuscrit, assez modeste il est vrai, porte plusieurs annotations, essentiellement au cours du calendrier.
Maximilien Turpin, seigneur de Gruson et de Pérenchicourt, fils de Jean Turpin et de Marie Noullet, fut baptisé à Lille, en la paroisse Saint-Étienne, le 22 janvier 1634. Avocat, puis conseiller à la Gouvernance de Lille, bourgeois de cette ville par relief du 24 juillet 1663, il décède dans la paroisse Saint-Maurice, à Lille, le 29 janvier 1704. Il épouse, dans cette dernière église : 1°, le 1er février 1663, Marie-Barbe de Francqueville, fille de Anselme de Francqueville et de Barbe de Coninck ; 2°, vers 1681, Marie Aulent, fille de Wallerand Aulent et de Brigitte Cambier.
Il fut reçu en 1670 comme chevalier servant des Ordres royaux et militaires de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Lazare de Jérusalem.
Voici les quelques notes transcrites par Maximilien Turpin sur son livre d’heures.
Je soussigné Maximilien Turpin doyen conseiller du Roy à la gouvernance de Lille ay fait les annotations cy devant afin que mes enfans prient Dieu pour les âmes de leurs bons parents et chers trespassez et s’il se peut que l’on dise à perpétuité dans la chapelle de Le Cour de Perenchies le De Profondis a chacque anniversaire de mes parens et chers susnommez et de moy quand je seray mort, je prie que l’on dépose mon corps dans le cemetiere de Perenchies devant le portail sans pompe et sans apparail
Turpin de Grisons
au 29 janvier : (d’une écriture différente des autres annotation, sans doute celle de sa fille Marie-Antoinette) mort de Mr Maximilien Turpin mon père r. i. p. 1704
8 février 1691 Mort de Mr Pierre Aulent mon beaufrère R.I.P.
9 mars Mort de Mlle Anne Marie Aulent ma mère 1715 r. i. p.
Le 23 juillet 1681 mourut Mr Charles de Francqueville mon beaufrère quy a ordonné l’office de deux messes par sepmaine en ceste sienne maison de la Cour de Perenchies R.I.P.
J’en suis chargé et ordonne a ma fille Marie Barbe et a ses heritiers de manquer jamais. Turpin de Gruisons
Le 27 septembre 1687 mourut de … mon frère R.I.P.
Le 23e aoust 1678 mourut dame Marie de Francqueville ma chère épouse R.I.P.
Le 15 septembre 1672 mourut dalle Barbe de Coninck ma belle mère fille et héritiere de Jean sr des Tombes et de la Cour de Perenchies. R.I.P.
Le 12 juillet 1637 mourut Mr Jan de Coninck sr des Tombes et de la Cour de Perenchies R.I.P.
Le 17 octobre mourut Me J L? Turpin mon frère f? du bailli de Lille
Le 3 décembre mourut Monsieur Anselme de Francqueville mon beau père R.I.P.
Le 19 décembre 1691 mort da(moise)lle Fra(nçoise?) de Francqueville ma belle (?) R.I.P.
Une note quelque peu énigmatique … : Je dois a Monsieur de ?arcomy deux milles sept cens florins, a Mr Elletin? Jacobs quatre cens florins a Mr de Lozquiche? cens cinquante florins quy font 3550 florins que mes trois enfans …ont par egale portion et pour des raisons connues a toute la famille. Je conseille a ma femme de se … le 19 septembre 1695
Quant au livre d’heures (XVe s.), il comporte 13 miniatures à pleine page, et comme c’était l’usage en Flandre, sur des feuillets intercalaires, pour la plupart vierges au verso. Elles sont attribuées à des proches de l’atelier du maître Willem Vrelant, et suivent un programme pictural habituel à Bruges : Crucifixion, Pentecôte, Marie intronisée avec l’Enfant Jésus, Annonciation, Visitation, Nativité, Annonce aux bergers, Adoration des mages, Présentation au Temple, Fuite en Égypte, Infanticide de Bethléem, le Roi David en prière, Résurrection de Lazare. Une petite miniature de la Piéta illustre l’Obsecro te (forme masculine), et 5 autres petites miniatures se rapporte aux suffrages des saint(e)s : Jean-Baptiste, Sébastien, Antoine, Marie-Madeleine, Catherine d’Alexandrie, Barbe.
Contenu : Calendrier, heures de la sainte Croix, heures du Saint-Esprit, office de la Vierge Marie, psaumes et Litanies de la pénitence, office des morts, Obsecro te et O intemerata, suffrages. Format : 17,6 x 12 cm (10 x 6cm). Provenance : Maximilien Turpin, jusqu’à sa mort en 1704, puis propriété de sa fille Marie-Antoinette (1682-1751), mariée le 3 avril 1736, Lille, Saint-Maurice, avec Philippe Joseph Joachim Walrave ; Anvers, au 19e siècle (reliure); collection privée allemande.
Vente SCHWAB
Sources:
http://paroisse.emmanuel.free.fr/Archives_hist/Gruson/Arch_Gruson04.htm
Yves Le Berre : « Le Mirouër de la mort » (Brest: CRBC, 2024)
Il m’est agréable de présenter ici le magnifique ouvrage de mon ami Yves Le Berre, dont les travaux sur les textes bretons continuent d’enrichir l’histoire culturelle de la Bretagne. Le CRBC (Centre de Recherche Bretonne et Celtique) de Brest en assure la publication.
Composée en 1519, cette œuvre de 3602 vers vit le jour sous la plume de Jean Larcher le vieux (maître Jehan an Archer), de Plougonven, près de Morlaix maestr Iehan an Archer coz, à parhos Ploegonven. Elle donna lieu à une impression, en 1575, exécutée au couvent franciscain de Cuburien, près de Morlaix.
LE MIROUER DE la Mort en Breton, auquel doctement et Devotement est trecté des quatre fins de l’home : c’est à scavoyr de la Mort, du dernier Jugement, du très-sacré Paradis : et de l’horible Prison de L’enfer et ses infinis tourments. Tel est le titre de cet ouvrage rarissime, puisque ne subsiste qu’un seul exemplaire, conservé à la Bibliothèque nationale de France, provenant de l’ancienne collection de Kerdanet de Lesneven, aujourd’hui déposée au CRBC de Brest. Des marques de provenance montrent que l’ouvrage a circulé. Ainsi, remarque-t-on les ex-libris de Jean Caro, un prêtre de Sizun, datée de 1709, et celle de Jean-Marie Le Henaff, de Morlaix. Le premier pourrait être celui de « Messire Jan CAROFF, pbre my-frère desdits mineurs, demeurant au lieu de Poullouduff, paroisse de Sizun », présent le 14 décembre 1709, à la tutelle des enfants d’Alain Caro et Marie Fagot, de Sizun (Quimper, ADF, 16B 406). La marque des Récollets de Cuburien s’y trouve également, dans la mesure où le Mirouer est sorti des presses éphémères de ce couvent.
Contrairement à Emile Ernault qui s’est surtout attardé sur l’aspect physique du Mirouer et de son texte, de ses sources, Yves Le Berre, dans son remarquable travail, « pose la question des qualités poétique, didactique ou spirituelle de ces vers, de leur usage dans la société bretonne … » . « Au terme d’une analyse fine, il dévoile en Iehan un véritable Maître, qui a su transformer une banalité désagréable en une œuvre véritable, qui atteste de la riche culture » bretonne de ce XVIe siècle.
Gwenole Le Menn, « L’imprimerie des franciscains de Cuburien », MSHAB (en ligne)
Mirouer: Edition de 1575 numérisée sur Gallica.
Mirouer: Edition d’Emile Ernault sur Gallica.
Yves Le Berre (fiche bibliographique)
2024 : année du centenaire de la mort de François Duine, clericus dolensis
J’adore les pas de ceux qui bravent les ridicules et méprisent les mépris pour obéir à leur idéal (Souvenirs, p. 112)
Cette année 2024 nous célébrons le centenaire de la mort de François Duine (1870-1924). Expositions, conférences, communications lui seront consacrées. Notre volume 26 de PECIA. LE LIVRE ET L’ÉCRIT (BREPOLS) lui sera dédié avec des textes en rapport avec ses champs de recherche (hagiographie bretonne, manuscrits, etc). La journée du CIRDOMOC , en juillet, accueillera plusieurs contributeurs autour du Clericus dolensis.
Association François Duine : publie Le Rouget de Dol, Revue d’histoire et de folklore du pays de Dol; Magazine culturel du Pays de Dol fondé par Tony Le Montréer en 1946; Bulletin de liaison semestriel entre les adhérents de l’Association François Duine : site
Pour en savoir plus …
François Duine, Souvenirs et observations, texte édité par Bernard Heudré avec la collaboration d’André Dufief, Rennes: Presses universitaires de Rennes (« Mémoire commune »), 2009.
Georges Dottin, « Notice nécrologique « , Annales de Bretagne, t. 36, 1924-1925.
Georges Collas, « Bibliographie des œuvres de l’abbé F. Duine », dans Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, vol. 38/1, 1928, p. 96-126. = en ligne
On consultera avec profit le travail de Jean-Pierre Mathias, conteur breton gallésant du Pays de Dol, pour cette année de célébration, qui vient de publier les Lettres et notes du temps de la Grande Guerre, oeuvre du « clercicus dolensis » restée inédite.
Encyclopédie internationale des histoires de l’anthropologie (F. Postic)
Gwenaël Le Duc, in memoriam (+ 24 décembre 2006)
Une pensée en ce jour pour Gwenaël Le Duc, ami trop vite disparu
Photo prise en avril 1985, à l’occasion du colloque commémorant le XVe centenaire du monastère bénédictin de Saint-Guénolé de Landévennec. Visite à l’abbaye de Daoulas. A gauche, Caroline Brett; à l’extrême droite François Kerlouégan; à droite Gwenaël; au premier plan, de dos, Louis Lemoine; caché, Jean-Luc Deuffic.
Hommage à Gwénaël Le Duc (1951-2006), par Pierre-Yves Lambert
Un ami nous a quitté: Gwenaël Le Duc (12 octobre 1951- 24 décembre 2006)