20 Juin 2020
Jean-Luc Deuffic

Les 150 ans du « Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale »

Journée d’étude (lundi 17 décembre 2018)
Fruit d’une collaboration entre l’École nationale des chartes, la Bibliothèque nationale de France et l’Institut de recherche et d’histoire des textes, cette journée étudie chacune des sections du «Cabinet des manuscrits» (1868-1881) de Léopold Delisle et met en lumière ce que cette publication a apporté à notre connaissance de l’histoire des manuscrits et les travaux ou recherches ultérieurs qu’elle a suscités.
Programme:
Mot d’accueil, par Michelle Bubenicek, directrice de l’École nationale des chartes
Introduction, par les organisateurs
Françoise Vielliard (ENC), « “Je les aimais passionnément”. La place du Cabinet des manuscrits dans la carrière de Léopold Delisle »
Véronique de Becdelièvre (BNF) et Monique Peyrafort-Huin (IRHT), « La librairie royale sous Charles V et Charles VI et le “prince des bibliothécaires” : apports et limites des recherches de Léopold Delisle. 1) L’édition des inventaires : un catalogue méthodique. 2) L’identification des personnages cités dans les inventaires »
Marie-Pierre Laffitte (BNF), « La librairie de Blois au travers des sources de Léopold Delisle »
Thomas Falmagne (Bibliothèque nationale du Luxembourg), « Une troisième version du catalogue des manuscrits de Jacques-Auguste de Thou retrouvée à New York »
Jérémy Delmulle (IRHT), « Delisle à l’école des mauristes ? Les archives personnelles des érudits bénédictins dans Le cabinet des manuscrits »
Marie Galvez (BNF), « Présentation du Comité d’histoire de la BnF. Portrait de la Bibliothèque impériale en 1868 »
Charlotte Denoël (BNF — ENC), « Delisle catalographe »
Conclusions, par les organisateurs

17 Juin 2020
Jean-Luc Deuffic

Le manuscrit des Coutumes de Bretagne de Julien Chauchart

La Bibliothèque municipale de Saint-Brieuc possède sous la cote 12 un exemplaire des anciennes Coutumes de Bretagne [1], précédées d’un calendrier [2], en latin, célébrant plusieurs saints bretons, parmi lesquels Yves, Méen, Guillaume (évêque de Saint-Brieuc), Armel, Gobrien, Malo, etc. C’est un manuscrit du XVIe siècle de 230 f. aux dimensions de 200 x 145 mm, écrit sur parchemin et papier, relié en plein veau. Au f. 31, se lit cette note A celx qui veulent vivre honestement et faire justice, ils deibvent savoir les coustumes, ordrenances et stilles de Bretaigne

Un ancien possesseur a laissé sa marque au f. 7 :

Ces presantes coustumes sont et apartiennent a Jullien Chauchart sieur de la Vicomté ce dixiesme juign 1594. – Jullien Chauchart

Cette famille Chauchart [3], possessionée à Dinard où elle disposait du manoir de la Vicomté, est mentionné dès 1513 sous le nom de la vicomté de la Motte. La maison manale appartenait encore aux Chauchart en 1541 et en 1678, et fut plus tard aux mains des seigneurs de Pontual et de la Perronnay. Une chapelle dédiée à Notre-Dame-du-Bois, une motte féodale, un colombier, des garennes et des pêcheries sur la Rance, composaient le domaine [4].

En la paroisse de Pleurtuit, les Chauchart possédaient également « le logis du Bois-Thomelin, avec sa chapelle, ses jardins, ses vergers, pourpris, moulin à eau et bois de haute futaie ». Fr. Bérard et Perronnelle Chauchart y sont attestés en 1539 ; notre Julien Chauchart, écuyer, sieur du Mottay, en 1604 [5]. Cette même année il déclare en outre la seigneurie du Chardonnay, sise en la paroisse du Rheu, qu’il vendra en 1624 à P. Ginguené, écuyer [6].

Julien Chauchart, seigneur de la Vicomté [7] et du Mottay, fils de Pierre Chauchart et de Marguerite Le Corvaisier, fut marié en 1608 à Gillette Giraud, fille d’Antoine Giraud, écuyer, seigneur de Clermont et de Gabrielle du Boisguérin, dont il n’eut pas d’enfant. Il descendait de Charles Chauchart, seigneur du Bois, et de Jeanne Heurtaut, vivants à la fin du XVe siècle. [8]

[1] Marcel Planiol, La Très ancienne coutume de Bretagne : avec les assises, constitutions de parlement et ordonnances ducales, suivies d’un recueil de textes divers antérieurs à 1491, Rennes, J. Plihon et L. Hervé & Paris, Champion, 1896.  Réimpr. Genève, Slatkine, 1984.

[2] Les premiers folios sont déchirés. L’usage de faire précéder le texte des coutumes d’un calendrier n’est pas propre à la Bretagne. Voir par exemple pour la Normandie, les manuscrits Paris, BnF, Fr. 5336, 5960, 5964, 5965, 14550 (Heures de Notre-Dame), etc. Même après l’apparition de l’imprimerie, se perpétue cette pratique, du moins en Bretagne, comme dans une publication de Thomas Mestrard (1543 x 1548), où le calendrier breton est suivi d’ordonnances et d’arrêts : [Fol. a I :] « Ensuyt le kalendriez pour || trouver les jours ferielz tant a clero que les courtz et jurisdi || ctions, tant ecclesiastiques que secu || liers, des eveschez de Dol, Ren || nes, Nantes, Sainct-Malo et || Vennes cessent de exercez et te || nir, que a clero et populo que les oeu || vres terriennes cessent et doibvent || cesser estre faictes, quelles festes || sont à tel signe D. R. N. M. || V., ainsi que on pourra veoirs || par les moys cy après justifiez, || avecques l’almanach pour trou || ver le nombre d’or, festes mobil || les et aultres choses, avecques || In principio.|| Imprimé à Rennes, pour || Thomas Mestrard ». L’almanach couvre les années 1536-1546. Exemplaire : Bibliothèque nationale de France, Réserve, F. 2274. L. Delisle, Catalogue des livres imprimés ou publiés à Caen avant le milieu du XVIe siècle, I, Caen, 1903, p. 80-81, n° 88.

[3] D’azur, à trois têtes de cygne d ‘argent, becquées et arrachées de gueules.

[4] Nantes, ADLA, B 2165, paroisses de Saint-Enogat et Saint-Erblon : « le manoir de la Vicomté, avec droit de pêche et « gouasmonnerye » dans la Rance, par P. Chauchart (1541), Julien Ch., sieur du Mottay, lequel déclare en outre la seigneurie du Chardonnay, paroisse du Rheu (1604), Noël Ch., écuyer (1628), Jean Ch., écuyer, seigneur du Bois-Thoumelin (1673), etc. »

[5] Nantes, ADLA, B 1270. Le Maître, Inventaire sommaire, p. 302 : « Aveux et dénombrements de terres, de rentes, de fiefs, de maisons, de métairies, de dîmes, de droits réels et honorifiques tenus à charge de foi et hommage, sous le ressort de la barre royale de Dinan, avec les dénominations suivantes : … le logis du Bois-Thomelin avec sa chapelle, ses jardins, vergers, pourpris, moulin à eau et bois de haute futaie, possédé par Fr. Bérard et Perronnelle Chauchart (1539) ; Julien Chauchart, écuyer, sieur du Mottay (1604), Noël Chauchart (1628) et Guillemette Gardin, tutrice de leurs enfants, laquelle a fait aveu aussi pour le bailliage du Mottay (1653) ; Jean Chauchart, écuyer, sieur de la Vicomté et de la Villeneuve (1673) ». Voir également Nantes, ADLA B 1016 : hommage présenté au roi « sous la juridiction de Dinan, par Julien Chauchart, sieur de La Vicomté, pour la terre du Bois, paroisse de Pleurtuit, etc ».

[6] Nantes, ADLA B 2161.

[7] Voir Nantes, ADLA, B 2374, f. 23 : « Julien Chauchart, seigneur de la Vicomté ».

[8] Bulletins et mémoires de la Société d’Émulation des Côtes-du-Nord, 1908, p. 30.

Manuscrit numérisé en partie sur BVMM/IRHT

Texte extrait de : Jean-Luc Deuffic, Notes de bibliologie (Pecia. Le livre et l’écrit, volume 7), p. 45-46 (Brepols on line)

7 Avr 2020
Jean-Luc Deuffic

Javier Docampo (1962-2020), director del departamento de Manuscritos, Incunables y Raros de la Biblioteca Nacional

Samuel Gras me transmet ce texte, au sujet du décès de Javier Docampo. Je l’en remercie.

 Le 27 mars 2020 nous quittait Javier Docampo, directeur du département des Manuscrits, Incunables et Rares de la Biblioteca Nacional de España (BNE, Madrid). Sa passion pour les manuscrits remonte à ses années universitaires, qu’il achevait en 1985 avec une thèse portant sur un livre d’heure à l’usage de Paris conservé à la BNE (Mss/21547). Faisant ses classes en Galice, il obtenait peu de temps après un poste à la BNE au département des Beaux-Arts. Il travailla ensuite comme conseiller des bibliothèques de Castilla-La Mancha puis à celle du Museo del Prado à partir de 2005. Il fit de cette dernière un lieu de première importance pour la recherche en Histoire de l’art en Espagne. Javier était un bâtisseur de grands projets : il avait impulsé une importante politique d’achat d’ouvrages de référence pour la bibliothèque du Prado et avait modifié son statut pour l’ouvrir aux chercheurs et étudiants et stimuler ainsi la recherche. Au cours de son étape au Prado, il était commissaire en 2010 de l’exposition Bibliotheca Artis: tesoros de la Biblioteca del Museo del Prado et, avec José Riello, La biblioteca del Greco en 2014.

En juillet 2016, Javier Docampo avait pris la décision de revenir à la BNE, par amour pour les manuscrits. Quelques mois auparavant, alors qu’il était encore directeur de la bibliothèque du Prado, nous nous étions donnés rendez-vous près du « Casón del Buen Retiro », annexe du musée du Prado où il avait son bureau. Nous avions évoqué le projet, autour d’un café, de valoriser « un jour » le fonds des manuscrits de la BNE, en nous disant que nous nous rappellerions de ce moment si nous réussissions notre pari. Il avait donc un rêve, qu’il espérait réaliser depuis sa première nomination en 1985 : celui de mettre en valeur le précieux patrimoine que forment les manuscrits enluminés conservés au sein de la BNE. Quelques mois plus tard, Javier était nommé directeur de la BNE et, grâce à nos efforts conjugués, nous réussissions à obtenir les financements nécessaires et l’aide du Centro de Estudios Europa Hispánica pour la mise en route du projet. Le rêve commençait à prendre forme. Nous avons alors travaillé d’arrache-pied à la première étape de son « Proyecto Codex », en nous focalisant sur les fonds français et flamands. Tout début mars 2020, Javier révisait les dernières lignes du catalogue raisonné et celles des panneaux de l’exposition Luces del Norte dont l’ouverture était prévue pour mai 2020. Entre-temps, nous avions exposé au sein de la BNE des feuillets des Heures de Charles Quint (Vitr/24/3) suite à la restauration du manuscrit et coorganisé avec la Pr. Anne-Marie Legaré, du laboratoire IRHiS de l’Université de Lille, deux journées d’études internationales sur le fonds des manuscrits français et flamands.

J’ai été en contact avec Javier presque tous les jours durant cette période. Nous étions devenus non seulement des collègues mais aussi des amis. Sa passion pour les manuscrits enluminés n’avait d’égal que son savoir, sa bonté et son fin humour. Il était très apprécié de son personnel pour sa compassion, sa rigueur scientifique et l’amour de son prochain. Avec le temps, il aurait fort probablement hissé le département des Manuscrits, Incunables et Rares de la BNE à un niveau culturel de premier plan. Javier a surmonté entre 2019 et 2020 un cancer, et on venait tout juste de l’opérer des deux tumeurs dont il souffrait. Il était encore trop faible pour surmonter une autre infection, celle du coronavirus. Javier s’était fixé comme objectif d’être présent à l’inauguration de Luces del Norte, exposition qu’il portait sans son cœur et dont il parlait continuellement. Comme l’or des miniatures exposées, son esprit brillera encore à travers l’achèvement de son formidable projet, qui sera présenté à partir de l’automne 2020.

Samuel Gras

Voir également :IUS ILLUMINATUM https://iusilluminata.fcsh.unl.pt/

9 Mar 2020
Jean-Luc Deuffic

Travaux de Victor Leroquais

Je signale la mise en ligne sur GALLICA du recueil manuscrit de Victor LEROQUAIS : Répertoires bibliques et liturgiques. Calendriers de livres liturgiques manuscrits et imprimés, classés dans l’ordre alphabétique des églises ou des diocèses, d’Agde à Villeloin; Incipit des hymnes, antiennes, psaumes, leçons, répons et capitules de divers offices, classés dans l’ordre alphabétique : Heures abrégées pour tous les jours de la semaine – Heures de la Trinité ; Les psautiers manuscrits. Les textes. Les gloses – les oraisons qui suivent les CL psaumes – les préfaces.  [ lien ]

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