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15 Mai 2024
Jean-Luc Deuffic

Les Heures de Philippotte Ruffier

Vente du 27 mai 2024 : Ketterer Kunst GmbH & Co. KG, Munich. Catalogue en ligne.

Livre d’heures. vers 1380, nord-ouest de la France (Rennes ?). 195 x 155 mm, vélin, 90 feuillets, incomplet, manque au moins 15 feuillets et probablement un calendrier, 17 lignes, 115 x 75 mm, 6 grandes peintures, pour la plupart avec bordures, initiales enluminées.
fol. 35-36 déchirées; section coupée dans la marge du fol. 70.

Reliure veau doré français du XVIe siècle sur des ais en carton, chaque plat avec un ovale central représentant la Crucifixion, la devise LOYAL DESIR, des armes héraldiques à un ou deux chevrons, et une semée de fleurs de lys dorées, le plat inférieur également avec le date « 1[5]90 ».
Le dos est doublé d’un fragment de manuscrit musical du XIIIe siècle avec portées rouges de quatre lignes.

LEAL DESIR est bien la devise des Monbrison (d’argent, au chevron d’azur, accompagné de merlettes de sable), mais point de merlettes ….

Exécuté pour une femme, sans doute  représentée dans l’une des miniatures, identifiée comme étant « PHELIPES RUFFIER ».
Suffrages aux saints Pierre, Paul et Anne (fol. 1, illustration ci-dessus) (note 1)De sancta Anna. Ant. De mutua visi/one et promissa sibi prole Domum (suam?) sunt regressi facti leti / et jocundi
Heures de la Vierge (fol. 3), Laudes suivies d’un suffrage à sainte Catherine (fol. 16v°) ; Psaumes pénitentiels (fol. 32); un bifolium mal placé de l’Office des Morts (fol. 35) ; Heures de la Croix (fol. 37) et du Saint-Esprit (fol. 38) ; les Quinze Joies (fol. 40) et les Sept requêtes (fol. 43) ; prières, etc. (fol. 45); Office des morts (fol. 47) ; prière, en vers français : Glorieuse virge raine / En qui, par la virtu divine… (Sonet-Sinclair n° 695) (fol. 70v°) ; Psaumes progressifs, dans un format inhabituel : en trois groupes de cinq, chacun suivi de versets, de réponses et d’un recueil (fol. 78) ; le récit de la Passion selon saint Jean (fol. 85) ; La Vie et légende de sainte Marguerite, en vers français (fol. 87), avec des notes marginales du XVe siècle indiquant que des feuillets manquaient déjà à cette date. Tous les textes sont plus ou moins imparfaits à l’exception des suffrages, des Psaumes graduels et du récit de la Passion.
Provenance : plusieurs remplissages de ligne porte le nom de « PHELIPES RUFFIER » ou une forme abrégée de celui-ci (fol. 15, 63v°, 78v°, 81v°, etc.).
Décor : miniatures : fol. 1, saints Pierre et Paul ; fol. 2, sainte Anne ; fol. 23, Présentation au Temple ; fol. 28v°, Massacre des Innocents ; fol. 70v°, la commanditaire agenouillée devant la Vierge à l’Enfant ; fol. 89v°, sainte Marguerite, presque nue, les mains liées et suspendue à une barre par les cheveux, battue par deux hommes.

Olivier du Guesclin, seigneur de la Ville-Anne, auquel son frère donna cette terre en partage, située dans la paroisse de Saint-Servan. Il eut pour femme Amice, nommée dans un acte du mois de novembre 1340, dont vint Saveline, dame de la Ville-Anne qui fut émancipée par son père au mois d’octobre 1340 et mariée à Jean Ruffier, seigneur du Bois Ruffier. Elle est enterrée en la chapelle de Sainte-Catherine au bout du Chapitre des Frères Prêcheurs de Dinan. Elle ne laissa qu’une fille nommée Philippotte Ruffier, dame du Bois Ruffier et de la Ville-Anne, qui s’est mariée à Raoul, seigneur de Coëtquen, duquel étant veuve, elle fit une donation en l’église des Jacobins de Dinan, le 20 octobre 1431.
Armoiries des Ruffier : D’azur billetté d’argent, au lambel de gueules à quatre pendants.
De La Chesnaye-Desbois et Badier, Dictionnaire de la noblesse, tom. 10, Paris, 1866, col. 44.

Philippotte Ruffier fonda plusieurs messes en la chapelle du Vau-Ruffier, le 17 octobre 1427 (René Couffon). D’après Saint-Brieuc, Archives départementales des Côtes d’Armor, E 2933
Dame Philippotte, pour le repos de l’âme de son époux, Raoul IV de Coëtquen, maréchal de Bretagne, ainsi que pour celles de ses père et mère et pour elle-même, fonda cinq messes à dire par semaine, à savoir deux à l’église de Plouasné et trois à la chapelle du Vau-Ruffier, et présenta pour assurer ces messes Dom Jehan « Heriezon »* à Mgr l’Evêque de St-Malo, lequel approuva la fondation, qui fut en 1434 définitivement fixée à 25 livres de rente annuelle. (Page Joseph Denoual)

Le manoir de Vau-Ruffier, d’après un dessin de Henri Frotier de La Messelière (1876-1965)

Une autre Philippotte Ruffier, de la maison du Vau-Ruffier, est donnée par l’historien Du Paz comme épouse de messire Bertrand Herisson,  seigneur de La Ville-Hélouin (Médréac, ancien évêché de Saint-Malo), chevalier, en 1427.
Armoiries: D’argent, à trois hérissons de sable.

Notes
(1) Voir le culte de sainte Anne à Plouasne (département des Côtes-d’Armor). Paul-Victor Charland, Le culte de sainte Anne en Occident, Québec, 1921, p. 19. Cantus index 201115. Medieval Music Manuscripts Online Database


Sceau de Guillaume Ruffier (Nantes, ADLA, E 142/23, 1379) Base Sigilla

Bibliographie

Vente aux enchères Christie’s du 7 juin 2006, lot 42
Sotheby’s : Medieval And Renaissance Manuscripts, 5 juillet 2016, lot 59 (Mara Hofmann)

13 Avr 2021
Jean-Luc Deuffic

Luces del Norte : manuscrits enluminés de la Bibliothèque nationale d’Espagne


Communiqué de Samuel GRAS

Je me permets de vous envoyer des informations au sujet d’une exposition à la Bibliothèque Nationale d’Espagne (Madrid) sur le fonds des manuscrits enluminés français et flamands et sur la publication du catalogue raisonné de ce fonds. Il s’agit de Luces del Norte, manuscrits enluminés de la Bibliothèque nationale d’Espagne, du 30 avril au 5 septembre 2021. L’exposition est ouverte au public dans le respect des règles sanitaires du pays, un peu plus de 70 manuscrits seront exposés. N’hésitez pas à partager ces informations si cela vous est possible ! Voici le lien avec l’information en español et in english. Il y a la possibilité de consulter 80 pages du catalogue et il y a un code promotion valable jusqu’au 25 avril « Luces del Norte » à indiquer. Il y a actuellement une offre de 10% sur l’achat de l’ouvrage par souscription.

Me permito informarles de la inauguración de la exposición en la Biblioteca Nacional de España (Madrid) en torno a los manuscritos iluminados franceses y flamencos de la institución y de la publicación del catálogo razonado de los 156 manuscritos de este fondo. Se trata de Luces del norte: manuscritos iluminados de la Biblioteca Nacional de España, del 30 de abril de 2021 al 5 de septiembre de 2021. Se mostrarán en la exposición algo más de setenta manuscritos. Les mando unos enlaces con la información en español y con la información en inglés. Hay un código de descuento (Luces del Norte) que se puede utilizar al hacer el pdf online y con el que el libro sale un 10% más barato.

Please allow me to inform you about the soon exhibition at the National Library of Spain (Madrid) dealing with French and Flemish Illuminated Manuscripts and about the publication of the exhaustive catalogue of 156 manuscripts. Name is Luces del Norte, Illuminated Manuscripts of the National Library of Spain (April 30 to September 5, 2021). The exhibition is open to the public in accordance with the country’s health regulations and will show a bit more than 70 manuscripts. Please find a presentation link en español and in english. There is the possibility to consult part of the catalogue and to buy it on the website and save 10% on this book until April 25 (Pre-sale coupon code: « Luces del Norte »).
21 Mar 2021
Jean-Luc Deuffic

Le « livre de raison » des Bivelat (1574)

Présenté récemment pour une vente publique (31 mars 2021), un exemplaire défectueux du très rare Thresor de devotion contenant plusieurs oraisons devotes & exercices spirituelles: pour dire en l’Eglise pendant l’office divin (Douai: Jean Bogard, 1574), une impression gothique en rouge et noir décorée de 30 vignettes gravées sur bois représentant des scènes de la Passion, dont 9 avec le monogramme CI ou IC (Jean Croissant, xylographe français ?), porte dans quelques marges les naissances de plusieurs enfants d’une famille Bivelat, protestante, dont la patronyme semble éteint aujourd‘hui. Hélas, les prénoms et noms des parents ne sont pas connus et figuraient peut-être sur des feuillets manquants de l’ouvrage  :

Par la grace de Dieu Nicole Bivelat fut née le vendredy vingt septiesme jour de juin environ cinq heures du soir l’an 1615

Par la grace de Dieu Barbe Bivelat fut née le sabmedy seiziesme jour se septembre 1617 et ce envyron les huict heures et demy du soir

Nicolas Bivelat fut né par la grace de Dieu le jour de la st Nicolas l’an 1613

Jean Bivelat deuzieme du nom fut né par la grace de Dieu le jour de la st Lucian le 27e de may la veille de l’Assention 1620 (cette fête de saint Lucien semble inconnue pour ce jour)

Barbe Bivelat 2e du nom fut née le jour de la st Crespin vingt cinquiesme d’octobre 1622 environ sur ledix et onze heures

Claude Bivelat fut né 9 juin 1628 environ dix heures et demy du soir parain Anthoine …. Et Barbe ….

Francois Bivelat par la grace de Dieu fut né jour de dimanche 9e jour de juin 1630 parain Francois Br… et la maraine dame Jeannon ….

Jean Bivelat semble avoir été le plus connu des membres de cette famille au XVIIe siècle. Il est probablement à identifier avec le Jean Bivelat, maître sculpteur et menuisier parisien, demeurant Vallée de Misère, à l’Image Notre-Dame de Boulogne, et qui, le 27 novembre 1650, passa marché avec Caprais Gourdan, maître peintre et sculpteur, demeurant sur le pont Notre-Dame, pour faire un tabernacle d’ébène de deux pieds et demi de haut, suivant le dessin qui lui avait été remis et moyennant la somme de 100 livres dont 32 livres payées d’avance (Paris, AN, MC/ET/IV/106). Cette demeure, à l’Image Notre-Dame de Boulogne, est connue pour avoir été occupée vers 1571/1572 par Pierre-Antoine Carneschi, un marchand florentin.

Jean Bivelat épousa Nicole Bonichon, et eut plusieurs enfants. Le dimanche 13 décembre 1648 fut baptisée Barbe, dont le parrain se trouve être justement ce Caprais Gourdan[1], maître peintre à Paris, cité plus haut ; la marraine fut Barbe Bivelat, femme de Jean Arnoult, boulanger, peut-être une sœur de Jean, celle née en 1622 (St Eustache n° 58 ; Fonds Laborde). Malheureusement cette jeune Barbe mourut quelques mois plus tard, le 14 octobre 1649, et fut enterrée à Saint-Père (cimetière Saint-Germain, « Cimetières des huguenots à Paris, p. 229)

Pierre-Jean Bivelat fut baptisé à Charenton, en octobre 1659; parrain, Pierre-Jean Bivelat orfèvre et peintre en émail, et marraine Marguerite Jumeau, femme de Sébastien Bourdon.

Ce Pierre-Jean fut graveur à Paris à la « Belle Etoile Couronnée », rue Saint-Louis, puis à « l’Image Saint-Louis », rue de Harlay. Il épousa Marie-Elisabeth Langlois, d’où Madeleine-Angélique Bivélat, née rue Saint-Louis, baptisée à Saint-Barthélemy le 1er décembre 1686 ; parrain, Claude Gaspard Langlois, marqueteur, rue Dauphine, marraine, Marie-Madeleine Bivelat, fille de feu Jean, sculpteur, rue Saint-Louis. Il décéda après 1702, à Paris. Madeleine-Angélique Bivelat, épousa l’orfèvre Nicolas Bouillerot (inventaire décès, 16 juillet 1733, Y 14948).

En plus de Marie-Madeleine, deux autres filles de Jean Bivélat sont connues : Marie et Elisabeth, lesquelles le 8 avril 1686, renoncèrent à la « religion prétenduë et réformée, de laquelle elles faisoit cy devant profession », dans la paroisse Sainte-Madeleine de Besançon (GG 54, fol. 11v)

https://www.interencheres.com/meubles-objets-art/angers-livres-anciens-et-modernes-284257/lot-27111857.html

[1] Le 14 mai 1645, âgé de 28 ans, il participe à une rixe survenue le 14 mai 1645 au soir avec d’autres peintres, à Fontainebleau : Pierre Gargan, de Paris, 33 ans, Jean Barbier, 19 ans, Alexandre Vernavont, flamand (AD 77, 2Bp 5310. Gourdan, Gourdon (Cappris, Capère, Caprais), p. sc., cité 1656 comme m. p. (Herl.) , 1659-1661 (G, Statuts). Agé de 28 ans; travaille à Fontainebleau, chambre du roi, en 1645 (Thoison, 1902). Pont Notre-Dame, 1663, mort avant.


La Vallée de Misère et le Pont aux Meuniers, à Paris

29 Avr 2019
Jean-Luc Deuffic

Quelques manuscrits de Louis Bourguet, philosophe, mathématicien et naturaliste

Louis Bourguet (1678 – 1742), philosophe, mathématicien et naturaliste, naquit à Nîmes, le 23 avril 1678. Il était le fils de Jean Bourguet, riche négociant huguenot spécialisé dans la soie, et de Catherine Rey, tous deux réfugiés. En 1702, il épouse Susanne Jourdan.
Dans le cadre de son activité au sein de l’entreprise familiale, dès 1697, il entreprend de nombreux voyages en Italie du nord où il fréquente les grandes bibliothèques de Milan, Vérone et Venise, ville où il séjourne même quelques années. Il s’installe définitivement à Neuchâtel en 1715. Au cours de ses voyages, Bourguet se constitua un réseau de savants et de scientifiques, auprès desquels il acquit des connaissances en hébreux, mathématiques et sciences naturelles, tout en rassemblant une collection de médailles et une bibliothèque de manuscrits anciens. Il s’engage dès 1728 pour des projets journalistiques, la Bibliothèque italique, ou le Mercure suisse, et sera nommé professeur de philosophie et de mathématiques en 1731.
Pendant son séjour à Vérone, il fera l’acquisition de plusieurs manuscrits dont un livre d’heures à l’usage de Rome, conservé aujourd’hui à la Free Library of Philadelphia, Lewis E 114 : https://libwww.freelibrary.org/digital/item/3362
Manuscriptum hoc acquisivi, Veronae, mense maio, anno à recuperata salute 1698. Ludovicus Bourguetus nemausensis, Gallus, reformata religionis ergo exul ab anno 1685 ad 1702 Tiguri & Bernae Heleveticum.

Quelques manuscrits possédés par Louis Bourguet :
London, British Library, Harley 5743 : Librum hunc Tragœdiarum acquisiyit Ludovicus Bourguetus Nemansensis a Doctore Antonio de Blanchis Veronæ d 4 Octobris Anno Dom Mill Septingentesimo secundo : https://www.bl.uk/catalogues/illuminatedmanuscripts/record.asp?MSID=5007&CollID=8&NStart=5743 Zentralbibliothek
Zürich, Arch St 22 : Bibliothecae novae Tigurinorum publico privatae album http://doi.org/10.7891/e-manuscripta-45784
Genève, Ms. heb. 5, Ms. heb. 13, Ms. heb. 16.
Hamburg, Staats- und Universitätsbibliothek, Cod. in scrin. 170b, Yaʿaqov ben Asher: Arbaʿa Ṭurim. P. I-IV : « Librum hunc acquivisit Lud. Bourguetus … a Saule Merarj Judaeo, Verona … 1701 »; « Christiani Theophili Ungeri e libris Bourguetianis » ; hebr. 47 : « Hoc Psalterium … acquisivit Ludovicus Bourguetus …. Venetiis a Rabino Boen … 1701 » ; Cod. in scrin. 132, Yiṣḥaq Dueren (often referred to as mi-Dura = of Dura), Shaʿare Dura (‘Gates of Dura‘) and Hilkhot Nidda (‘The Laws of Family Purity‘); Rabbi Meʾir of Rothenburg Hilkhot Berakhot (‘The Laws of Blessings‘) :

hebr. 265 : « Comparavit a Saule Merarij judaeo, Lud. Bourguetus Nemaus. Veronae d.3 Oct. A. 1702 ». http://dare.uni-koeln.de/sourceviewer?type=ms&docid=1055
Leipzig, Universitätsbibliothek Leipzig, B. H. 17
München, Bayerische Staatsbibliothek, Cod.ital. 261: « Codicem hunc Mss acquisivit Venetiis Ludovicus Bourguetus Nemausensis die Í5 mensis aprilis anno Domini 1702 »
Paris, Institut catholique, Lat. 23, recueil (Aristote). Italien XIVe s. « Hunc librum acquisivit Ludovicus Bourguetus Nemausensis, Venitiis die 10, mensis Aprilis, Anno … 1701 » (p. 324).

Lien : Lumières Lausanne (Fiche biographique et bibliographique) : https://lumieres.unil.ch/fiches/bio/358/
Illustration, portrait: Wellcome Collection. CC BY : https://wellcomecollection.org/works/sg2hkfj4

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