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7 Juil 2024
Jean-Luc Deuffic

Manuscrits médiévaux et marques de provenance

Étudier un livre manuscrit, un imprimé ancien, ne peut se concevoir sans en rechercher le (les) commanditaire(s) ou les possesseurs successifs.  Aussi, j’ai voulu consacrer quelques pages  sur le sujet à cette adresse :
https://sites.google.com/view/manuscritsetprovenances/home

Marques de provenance, d’appartenance, les unes très célèbres, d’autres beaucoup plus modestes forment un corpus qui peut rendre quelque service aux chercheurs.

On consultera sur ce thème :

► La page de Peter Kidd : Marks in manuscripts et son blog dynamique Medieval Manuscripts Provenance

► « Manuscrits et marques d’appartenance », dans Des armoiries et des livres. Les manuscrits de Pierre Lorfèvre, D. Nebbiai, H. Loyau, P. Barasc, C. Gadrat, eds, Paris-Orléans, IRHT, 2010 (Ædilis, Publications pédagogiques,7). [http://lorfevre.irht.cnrs.fr/manuscrits_et_marques_dappartenance.html]

► Claire Josserand, Les données de provenance des collections des bibliothèques (Université de Lyon), avec bibliographie, 2016 [ en ligne ]

Quelques bases et sites très utiles :

BIBALE : l’histoire des manuscrits (CNRS/IRHT, section Codicologie, histoire des bibliothèques et héraldique) – ARCA / IRHT : Bibliothèque numérique de l’IRHT, répertoire des cotes de manuscrits, incunables et livres anciens conservés dans les bibliothèques du monde entier.

CERL Provenance Database

► Projet CULTIVATE MSS : étudie le commerce des manuscrits médiévaux entre 1900 et 1945

►  Mapping Manuscript Migrations (MMM) : portail sémantique permettant de trouver et d’étudier les manuscrits pré-modernes et leurs mouvements (Schoenberg Institute for Manuscript Studies, Bodleian Libraries, Institut de recherche et d’histoire des textes)

Bases de provenances élaborées par les bibliothèques françaises de l’Association BiblioPat

Base provenance des livres anciens de la Bibliothèque de Lyon

► « Ex meis libris »: Provenance of Rare Books   ETH-Bibliothek Zürich, E-Pics Provenienz

► Galerie de photos de Penn Provenance Project

The Schoenberg Database of Manuscripts

► Denis Muzerelle, Ex-libris carolingiens et cisterciens de la bibliothèque municipale de Laon. Problèmes de datation et d’attribution (2006) [ en ligne sur HAL/CNRS ]

Bibliographie:

Denis Muzerelle. « L’écriture » ; « Colophons et souscriptions, mentions de date, d’origine ou de copiste ». Paul Géhin. Lire le manuscrit médiéval. Observer et décrire, Paris: Armand Colin, 2005, p. 157-177 et 191-210.

Bénédictins du Bouveret
Colophons de manuscrits occidentaux des origines au XVIe siècle. Éditions Universitaires, Fribourg, 1965-1982
T.I. Colophons signés A-D
T. II. Colophons signés E-H
T. III. Colophons signés I-J
T. IV. Colophons signés L-O
T.V. Colophons signés P-Z
T. VI. Lieux, anonymes

Illustration :
Ex-libris de l’abbaye Saint-Benoît-sur-Loire : « Hic est liber sancti Benedicti super Ligerim »
Source : Augustinus. — Macarius. — Ambrosius Mediolanensis. Isidorus Hispalensis.Bibliothèque nationale de France, Département des manuscrits, Latin 2730, fol. 87v (Xe siècle)

28 Juin 2021
Jean-Luc Deuffic

La Bretagne des origines : de nouvelles approches. IrCaBriTT et CODECS

La Bretagne carolingienne n’a pas encore dévoilé tous ses mystères et ses richesses et les zones d’ombre sont encore nombreuses sur cette période et celle qui la précède. L’absence flagrante de documentation originale complique l’approche de l’historien. La dispersion des élites bretonnes à l’époque des grandes invasions scandinaves (IX-Xe siècle) s’est accompagnée d’une atomisation des collections monastiques contribuant à un éparpillement significatif des manuscrits échappés au vandalisme.

En 1985, lors d’un mémorable colloque organisé pour le 15e centenaire de l’abbaye Saint-Guénolé de Landévennec, j’avais modestement fait un état des lieux de la question (1) en dressant un catalogue des manuscrits bretons, initialement à partir de données puisées aux travaux pertinents du regretté professeur Léon Fleuriot (1923-1987) et aux contacts que j’avais alors avec l’éminent paléographe allemand Bernard Bischoff (1906-1991).

Depuis cette époque, quelques études ont été consacrées à tel ou tel manuscrit breton (2), mais pour lors nous attendons toujours une histoire globale des scriptoria armoricains dans un contexte plus large, celui de leurs relations avec les centres culturels de la grande Celtie. Aussi, c’est avec beaucoup d’intérêt que nous assistons à la genèse de plusieurs bases documentaires liées à cette problématique.

Mention particulière, tout d’abord, au projet « Ireland and Carolingian Brittany: Texts and Transmission » (IrCaBriTT) financé par Laureate Awards Scheme de l’Irish Research Council et dirigé par le Dr Jacopo Bisagni (Classics, NUI Galway).

Le projet IrCaBriTT explore les échanges culturels entre l’Irlande, la Bretagne et la Francia à l’époque carolingienne (vers 750-1000). Plus précisément, l’un des principaux objectifs du projet est d’évaluer l’impact de l’héritage littéraire et savant de l’Irlande paléochrétienne sur la formation de l’identité textuelle et culturelle de l’élite intellectuelle de la Bretagne médiévale.
IrCaBriTT se concentre sur un groupe nouvellement découvert de textes très distinctifs du début du Moyen Âge sur le comput (science du calcul du temps) et l’exégèse biblique, tous montrant des liens clairs avec la Bretagne. En plus de fournir de nouvelles preuves substantielles pour des domaines jusqu’ici négligés de l’éducation et de l’érudition bretonnes à l’époque carolingienne, ces travaux démontrent la contribution formative de l’apprentissage irlandais médiéval au développement des idées « scientifiques » et religieuses bretonnes entre la fin du VIIIe et le début du Xe siècle.
L’intégration de ces nouvelles preuves dans une évaluation globale de la transmission bretonne des textes hiberno-latins permet de reconstruire et de comprendre les réseaux intellectuels qui ont lié les scriptoria insulaires, bretons et francs où ces œuvres ont été produites, copiées et étudiées.
Les chercheurs trouveront en ligne une riche Handlist of Breton Manuscripts, c. AD 780–1100 (DHBM), travail remarquable de Jacopo Bisagni (avec les contributions de Sarah Corrigan), précédée d’une utile présentation sur les caractéristiques du « manuscrit breton ».
La base s’accompagne d’une bibliographie exhaustive et d’une liste de ressources internet.
Le projet IrCaBriTT marque une étape décisive dans l’étude de la Bretagne carolingienne. Saluons donc la très belle initiative de Jacopo Bisagni, en espérant qu’elle suscite de nouvelles idées parmi nos jeunes chercheurs bretons …

Dans cette même optique, signalons CODECS: Collaborative Online Database and e-Resources for Celtic Studies, publiée par la A. G. van Hamel Foundation for Celtic Studies. Textes, manuscrits et bibliographie composent cette riche base.
CODECS, acronyme de Collaborative Online Database and e-Resources for Celtic Studies, est une plateforme en ligne publiée par la Fondation A. G. van Hamel pour les études celtiques, basée aux Pays-Bas. Il présente une tentative continue de construire un catalogue descriptif complet des sources d’intérêt pour les études celtiques, y compris texte et manuscrit inédits, ainsi qu’une bibliographie qui contient actuellement plus de 20 000 références. De plus, pour enrichir les façons dont les utilisateurs peuvent découvrir et explorer ces ressources anciennes, il fournit des informations structurées sur les contenus ainsi que sur les contextes ou les provenances des sources décrites.
Parmi les ressources annexes nous trouvons même le dictionnaire néerlandais-breton de Jan Deloof (2004).

(1) Jean-Luc Deuffic, “La production manuscrite des scriptoria bretons (VIIIe-XIe siècle)”, in: Simon, Marc (ed.), Landévennec et le monachisme breton dans le haut Moyen Âge: actes du colloque du 15e centenaire de l’abbaye de Landévennec, 25-26-27 avril 1985, Association Landévennec 485-1985, Landévennec: Association Landévennec, 1986. 289-321.
(2) Je pense, par exemple, aux travaux de David N. Dumville et de Louis Lemoine. Avec le CRBC (Centre de Recherche Bretonne et Celtique), le CIRDOMOC, que j’ai contribué à créer au lendemain du colloque précité, fédéralise aujourd’hui une grande partie des études celtiques en Bretagne.

Illustrations: New York, Public Library, 115 / Boulogne, BM, 8

9 Mar 2020
Jean-Luc Deuffic

Travaux de Victor Leroquais

Je signale la mise en ligne sur GALLICA du recueil manuscrit de Victor LEROQUAIS : Répertoires bibliques et liturgiques. Calendriers de livres liturgiques manuscrits et imprimés, classés dans l’ordre alphabétique des églises ou des diocèses, d’Agde à Villeloin; Incipit des hymnes, antiennes, psaumes, leçons, répons et capitules de divers offices, classés dans l’ordre alphabétique : Heures abrégées pour tous les jours de la semaine – Heures de la Trinité ; Les psautiers manuscrits. Les textes. Les gloses – les oraisons qui suivent les CL psaumes – les préfaces.  [ lien ]

2 Juil 2014
Jean-Luc Deuffic

Livres, libraires, copistes : notes diverses tirées des sources parisiennes (XIIIe-XVe siècle)

NICOLAS DE DOLE
Testament :
Item je laisse a la chapelle saint aignen mon messel ainsi que aultrefois ay fait et y est escript en ycellui de ma main.
Sources : Paris, AN, L 535, n° 48, 8 septembre 1426.
Chanoine de Saint-Denis-du-Pas (1407) et de Notre-Dame de Paris
Sur Nicolas de Dole et Nicolas de Baye
Base Paris au Moyen Âge 

DENIS et THOMAS D’IRLANDE, copistes
1272 : Denis et Thomas de Ybernia scriptores clercii ont été mis en prison du chapitre pour s’être battus dans le cloître Notre-Dame, l’un d’eux pour avoir tiré son couteau contre un serviteur du chanoine Robert de Bertecourt.
Source : Paris, AN, L 508, n° 1 er 2.

HUGUES, copiste de la rue Saint-Magloire
Avril 1243 : Hugues, copiste de la rue Saint-Magloire de Paris, et son épouse Ermeniarde, vendent à l’abbaye de Saint-Magloire une rente de 5 sols parisis, assignée sur un jardin à Bray, pour la somme de 37 sols paris (Hugo scriptor de vico sancti Maglorii parisiensis, et Ermmiardis (sic) eius uxor).
Source : Revue Mabillon, 1922, p. 156.

LAURENT GRIDEAU, libraire
26 juillet 1454 :

Aujourdui Thomasse, vefve de feu Laurens Grideau, en son vivant libraire, a renoncié et renonce a la communaulté des biens meubles et immeubles d’entre elle et son dit feu mari, qui trespassa mardi derrenier passé, comme elle dit, pour obvier aux debtes deues par ledit deffunct, requerant par ladicte Thomasse de ce avoir lettre…

Source : Paris, AN, Y 5232, f. 78) – Edition : Martin, dans Revue historique de droit français et étranger, 1914, p. 484, n° 166.

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