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27 Juil 2010
Jean-Luc Deuffic

« … Je me remembre Maistre Jean Binel … »

Le dix-huitième de novembre,
L’an mil quatre cent soixante-cinq,
Fut fait docteur, je me remembre (1)
Maistre Jean Binel, et y vint
Grande abondance de seigneurs
Moult nobles et de grandes valeurs.
L’Université assemblée
Bien festoya cette journée
Et si honorablement que s’en taire
Mieux cy vault que dire du contraire.

C’est ainsi que messire Guillaume Oudin, contemporain, prêtre sacriste de l’abbaye Notre-Dame de Ronceray, relate l’accession au doctorat universitaire de Jean Binel (2).
Un acte du 15 Octobre 1433 fait déjà mention de Jean Binel, seigneur de Lessé, en qualité de trésorier d’Anjou. Né à Saumur, il fut professeur de droit à Angers. « Il fut aussi docteur ès lois, juge ordinaire d’Anjou, et chancelier d’Alençon », ambassadeur à Venise (où il est traité de « famosus doctor »).  Dans un compte qu’il rendit en 1486, on trouve la note d’une dépense à laquelle l’Anjou fut taxée pour la représentation du fameux mystère de la passion, composé par Jean Michel, d’Angers. M. de Caignat et le père Montfaucon ont donné le dessin du tombeau (aux Jacobins d’Angers) de Jean Binel, mais se sont trompés en plaçant sa mort en 1464, advenue en réalité à Tours le 18 mai 1491.
Les armes de Binel étaient d’argent à l’aigle éployée de gueules.

René d’Anjou, connaissant les mérites de Jean Binel, le nomma chancelier de Provence, après la mort du vénérable Jean des Martins. Binel lui répondit la lettre suivante :

Sire, je me recommande à vostre bonne grâce, tant et si très humblement comme je puis. Et vous plaise sçavoir, sire, que par Loys porteur de ces présentes, ay receu les lettres qu’il vous a pleu m’escrire, contenant que vostre vouloir est de me commettre en vostre office de chancelier, de présent vacant, par le décès de feu vostre chancelier, à qui Dieu pardoint. Sire, en ce et aultres chouses despiéça (depuis longtemps), ay cogueu et cognoys que de vostre bonté et bénignité vous avez eu et avez vouloir et affection à moy ; car me offrez le plus grant honneur et estat que jamais pourrois avoir, dont je vous remercie, si très humblement comme je puis.
Sire, l’honneur et estat qu’il vous plaist m’offrir je n’ouseraye accepter, pour ce que je sçay et cognois que de moy n’y seriez servi, comme il appartient, et que par adventure vous entendez le devoir estre. Car jamais je ne fus au pays, je ne cognois ne entends la manière de faire et coustumes de par de là, et mesmement n’en n’entends le langage ; et ainsi bonnement ne vous y sauroye servir, au moins comme l’estat et office, qui est en justice le plus grant et le plus honorable de vos pays, le requiert.
Sire, s’il vous plaist que ne croyez pas que le regret de la ville et du pays dont je suis natif, de la maison, de ce petit héritaige que je puis avoir, ne de mes parents et amys de par deçà, ne aussi la crainte de l’air de par delà, qui est peut-être plus gras et plus fort qu’il n’est icy, me le feront faire ; car il n’est chouse que ne voulsisse de bon cueur abandonner et repousser pour vostre service, non seulement mon vaillant, mais aussi bien ma personne et ma vie. Et bien mal me seroit que de vostre grâce me vouldriez avancer en si grant honneur et estat, il vous tournast par mon défault à desplaisir ou domaige.
Pourquoy, sire, vous supplie très humblement, qu’il vous plaise m’avoir pour excusé, et me tenant à vostre grâce, tousjours me mander et commander vos bons plaisirs, et je les accomplirai à mon pouvoir au bon plaisir (de) Nostre Seigneur, auquel je prye qu’il vous doint très bonne vie et longue, et accomplis, sement de vos très nobles désirs.
Escript en vostre ville de Saulmur, le samedi 23e jour d’avril 1475.
Vostre très humble et très obéissant serviteur,
Jean Binel

(Source : Théodore de Quatrebarbes, Oeuvres choisies du roi René, avec une biographie et des notices, I, Angers, 1848, p. cxxx-cxxxi 

Notes
(1) \”Fait de (se) remettre en mémoire, de (se) rappeler qqc., souvenir\”
(2) Revue de l’Anjou et du Maine, I, 1857, p. 2-3.

Le nom de Jean Binel se retrouve sur plusieurs manuscrits :
Au f. 367 du ms Rouen BM 10 (ancien A32), une Bible du XIIIe s., est un acte de vente aux encheres (1462) de ce manuscrit, adjugé pour la somme de vingt-trois 6cus d’or par « Jean Lemercier, garde de la librairie de l’université d’Angers », à « Maistre Jehan Binel, licencie en loys, seigneur de Lesse » . Il avait appartenu auparavant à Jean de Cherbeye (ou d’Escherbaye), qui 1’avait acheté 40 francs. Une liste de livres de droit, avec les prix auxquels ils avaient été payés, probablement en 1291, couvre le f. 371v.


(C) London, British Library, Burney 209, détail. Marque des Jésuites de Paris.

Un exemplaire incomplet des Institutes de Justinien, Angers BM 334, du XVe s. porte également la marque de Jean Binel : \”Pro me Johanne Binel, legum minimo doctore\”. (Catalogue généra, \”Angers\”, Paris, 1898, p. 312-313)


Angers BM 334. Détail, f. 10. © Institut de recherche et d’histoire des textes – CNRS. Base Enluminures

Enfin, citons à la British Library, sous la cote Burney 209, un Valerius Maximus, Facta et dicta memorabilia, copié en 1463 par Jean Davarant. On peut y lire :

Arietis diuo fauente num(in)e luce tercia Anno incarnac(i)o(n)is do(mini)ce mille(si)mo quadringente(si)mo sexagesimo tercio. Est hic Valerii maximi historiographi complete graficatus liber pro […lignes grattées …] D(omi)no meo colendissi(m)o mag(ist)ro Johanne binel arciu(m) mag(ist)ro ac in legibus licenciato. Me Johanne dauarant et si fas de seip(s)o talia fari foret, arciu(m) mag(ist)ro legu(m) baccalario et tu(n)c t(em)p(o)ris in fructuu(m) universitate amplissi(m)a pro norma(n)nor(um) natione procuratore. Manib(us) protrahente ; Dei genitrici laudes. Amen. (f. 179v) ;

Signature (identique à celle du manuscrit d’Angers) :

Pro Iohanne binel legum minime doctore Binel (f. 181).

Le manuscrit a fait, par la suite, partie des collections de Gilles Ménage (1613-1692), le philologue bien connu. Voir description et bibliographie de ce manuscrit sur le site de la British Library [ Lien ]


Gilles Ménage (1613-1692)

8 Sep 2007
Jean-Luc Deuffic

Le jeu des échecs moralisés

When it first arrived in Europe, the game of chess was played with dice and for money. It was condemned and banned by the church which later softened its stance due to the increasing popularity of the game. The allegorical treatise Innocent Morality (Quaedam moralitas de scaccorio) attributed to pope Innocent III (1198-1216) was a first tentative attempt to \”moralise\” the game. Later, the Dominican monk Jacques de Cessoles gave Dominican sermons inspired by the game. Around 1315 he decided to compile these sermons under title Liber de moribus hominum et officiis nobilium sive super ludum sacchorum, which begins thus:
”In the name of the Lord, amen. Here begins the prologue to this Book of the Morals of Men and of the Duties of Noblemen according to the Game of Chess, which was written by brother Jacques de Cessoles of the order of the Preaching Brothers. Having been asked by the brothers of the Order, as well as by many laymen, to write about the entertaining game of chess which covers a remarkable amount of teaching to do with morals as well as with war, I am ceding to their request. It is true that I have previously preached on this subject to the people, and this was pleasing to many noblemen.”

(c) Paris BnF Fr. 1166. Ci-dessous détail du f. 14v:

A leur apparition en Europe, les échecs se jouent aux dés et pour de l’argent. Ils sont condamnés et interdits par l’Église mais celle-ci doit s’incliner devant la popularité croissante du jeu. Le traité Innocente Moralité, attribué au pape Innocent III (1198-1216), marque une première tentative de \”moraliser\” les échecs. Plus tard, le moine dominicain, Jacques de Cessoles, propose des prêches dominicaux inspirés du jeu. C’est vers 1315, qu’il décide de compiler ses sermons sous le titre de Liber de moribus hominum et officiis nobilium sive super ludum scacchorum qui débute ainsi:
”Au nom du Seigneur, amen. Ici commence le prologue de ce Livre des Moeurs des Hommes et des Devoirs des Nobles, au travers du Jeu des Échecs, qui fut composé par le frère Jacques de Cessoles, de l’ordre des Frères Prédicateurs. Ayant été prié par des frères de l’Ordre, ainsi que par divers séculiers, de transcrire l’amusant jeu des échecs, qui contient un enseignement remarquable quant à la conduite des moeurs ainsi que celle de la guerre, je réalise leur désir. Il est vrai que j’en avais prêché au préalable le contenu au peuple, et cela avait plu à moult gentilshommes”.
Avant tout, traité de morale, l’ouvrage connut de nombreuses traductions et adaptations en langue vernaculaire parmi lesquelles trois versions françaises dès la première moitié du XIVe siècle (Jean de Vignay, un anonyme lorrain et Jean Ferron).
It was above all a treaty of morals, and the work was translated and adapted numerous times into vernacular languages, including three in French from the first half of the fourteenth century (one by Jean de Vignay, one by an anonymous translator from the Lorraine, and another by Jean Ferron). A digital version is available online from the Lawrence J. Schoenberg Collection, ljs267 (Italy, 1409). f. 1-56:
Voir en ligne : Lawrence J. Schoenberg Collection
ljs267 (Italie, 1409). f. 1-56:
Jacobus de Cessolis, Ludo Schaccorum. Explicit : … donatem illo aquo descendit omnem donum optimum et perfectum. Deo igitur sit honor et gloria in saecula saeculorum amen.

Les traducteurs français
JEAN DE VIGNAY  [Religieux hospitalier de l’ordre de Saint-Jacques-du-Haut-Pas, a traduit du latin en français de nombreux textes à l’intention du roi Philippe VI de Valois … Lien Paris BnF]
Incipit prol. :
”A Tres noble et Excellent prinpce Iehan de france duc de Normandie et Ainsne fils de philippe pour la grace de dieu Roy de france frere Iehan de Vignay”
… Incipit tit. :
”Ci commencent les tiltres des chapistres du livre de la moralite des nobles hommes et des gens du pueple sur le gieu des esches translate de latin en francois par frere Iehan de vignay hospitalier de l’ordre de hault pas … ”
Incipit op. :
”Ci commence le livre de la moralite de nobles hommes fait sur le Gieu des esches et soubs quel Roy ils furent trouves premierement. Entre tous les mauves signes qui puent estre en nul homme C’est quant homme ne doubte a couroucier par pecchie …”

Voir : Christine Knowles, Jean de Vignay, un traducteur du XIVe. siècle, dans Romania, 75, 1954, p. 353-383.
C. S. Fuller, A Critical Edition of Le Jeu des eschés, moralisé, Translated by Jehan de Vignay, Thèse inédite, Catholic University of America, 1974, recense 48 manuscrits.

JEAN FERRON [Dominicain du couvent Saint-Honoré à Paris et chapelain de l’écuyer Bertrand Aubert de Tarascon en 1347 … Lien  ARLIMA]
Incipit prolog. :
”Au noble home Bertran Aubert de Tharascon, frere Jehan Ferron de l’ordre des freres prescheurs de Paris son petit et humble chappellain soy tout la Saincte Escripture dit que Dieux nous at fait a chescun mandement de pourchascier a tous noz prochains leur sauvement …”
Incipit op. :
”Moult ay este prie et requis de religieux et seculiers.”
Explicit :
”Or recourons donc a Celui qui est vertu et m a donné grace d escripre aucune chose a l honneur et a la doctrine des nobles selon mon petit povoir. Et nous doint en present grace sy que nous puissions vivre avec lui pardurablement. Ecce vivit et regnat etc. Amen. Explicit.” (Collet, éd. 1984, puis 1999).
Lire:
Thomas Kaeppeli, Scriptores Ordinis Praedicatorum Medii Aevi, II, Rome, 1975, n° 2323.

Quelques manuscrits
F : Ferron – V : de Vignay
§ Besançon BM 434. f. 245-292v. 1372. f. 245, ci-dessus : Jean de Vignay remettant son ouvrage à Jean II le Bon. Site Enluminures.
§ Chartres BM 419, f. 67-93v. XIVe s. (F)
§ Dijon BM 268. Jacobus de Cessolis, Jeu des echecs moralisés. Fin XIVe s. Site Enluminures.
§ Dijon BM 525, f. 185-201. 1355-1362. (F)
§ Paris BnF Fr. 578, f. 71-101. XVe s. (F)
§ Paris BnF Fr. 580. Jacques de Cessoles, Le Livre des échecs moralisés. Copie du XIVe siècle.
Livre des nobles hommes et des gens de peuple selon le jeu des eschies, translaté de latin en françois par frere Jehan de Vignay. Commence : \”A tres noble et excellent prince Jehan de France, duc de Normandie et ainsné filz de Phelippe … \”. Finit : \” … a la gloire du roy de paradis, a l’onneur des corps et ou proufit des ames.\”
§ Paris BnF Fr. 1165. Jacques de Cessoles, Le Livre de la moralité des nobles hommes et des gens du peuple sur le jeu des échecs. Traduction de Jean du Vignay.
§ Paris BnF Fr. 1166. Ibid. Paris, fin du XIVe siècle ou début du XVe. Parchemin. 305 f.
§ Paris BnF Fr. 1167.
§ Paris BnF Fr. 1170. XVe s. (F & V)
§ Paris BnF Fr. 1172. Jacques de Cessoles, Le Livre des échecs moralisés. Traduction française de Jean de Vignay.
§ Paris BnF Fr. 2000. Jacques de Cessoles, Le Jeu des échecs moralisés. Traduction française de Jean Ferron. Vers 1480-1485. Parchemin. 56 f. 237 x 155 mm. f. 4, ci-dessous : Sermon sur \”les moeurs et les devoirs des hommes à travers le jeu des échecs\”.

§ Paris BnF Fr. 2146. XVe s. (F & V)
§ Paris BnF Fr. 2147. XVe s. (F & V)
§ Paris BnF Fr. 2471. Jacques de Cessoles, Le Jeu des échecs moralisés. Vélin. XVe siècle. (F & V)
§ Paris BnF Fr. 12440. XVe s. (F & V)
§ Paris BnF 19115. XIVe s. (F)
§ Paris BnF Fr. 24274, f. 1-47. 156 f. 275 x 205 mm. 1487. (F) [Lien]
§ Paris BnF Nlle acq. fr. 720. Jacques de Cessoles, Le Jeu des échecs moralisés. Traduction française de Jean Ferron. Parchemin, 45 f. (28,5 x 21 cm). XIVe siècle.
§ Berlin Staatsbibliothek Ham. 349a. XVe s. (F)
§ Bruxelles BR 11045. XVe s. (F & V)
§ Chicago Univ. Libr. 392. XVe s. (F & V). De Ricci I, p. 583.
§ Huntington Library EL 26 A 3, f. 213-278v. France, Troyes? 1410/1415. (V)
§ La Haye KB 70H33. XV/2 s. Version allemande.
§ London British Library Royal 19 A VIII, f. 73-110. XVe s. (F)
§ London British Library Add. 20697, f. 1. XIVe s. (F)
§ London British Library Add. 21461. XVe s. (F)
§ Stockholm KB XLVIII. XVe s. (V & F)
§ Vatican Pal. Lat. 1965. XVe s. (F)
§ Schoenberg Collection ljs058. XVe s. (V)
§ Madrid Biblioteca Nacional de España. Jacobus de Cessolis, Tractatus de ludo Scacorum. 1430-40. Bohemia Tempera. 44 f. 183 x 128 mm. Illustration ci-dessous :
§ Voir sur le site de la librairie Les Enluminures la description d’un manuscrit copié à Avignon (1450-60). Au f 126-203, dans la traduction de Jean Ferron, le Jeu des Echecs. Au f. 207 : ”Alés en la premiere église des Celestins a Avignon et y trouverés c que cy dessus est escript en un tableau auquel est painct le corps mort d’une femme.”
[En ligne]

A propos de l’exposition Prague, The Crown of Bohemia, 1347-1437

It is in such a context that we also find the versified work of Guillaume de Saint-André, an advisor to the Duke of Brittany at the end of the fourteenth century. This text, which is found as the conclusion to his Livre du bon Jehan, is an echo of the contemporary debates on the question of power. It seems to be so placed in order to act as a kind of mediating text. Addenda & Corrigenda of the first edition can be read on the site Tudchentil.
C’est dans cet environnement que l’on situe l’oeuvre versifiée de Guillaume de Saint-André, conseiller du duc de Bretagne à la fin du XIVe s. Ce texte, placé en conclusion de son Livre du bon Jehan, se fait l’écho de débats contemporains sur la question du pouvoir. Il s’y place, semble-t-il, en médiateur.
Jean-Michel Cauneau et Dominique Philippe, Guillaume de Saint-André. Chronique de l’Etat breton : Le bon Jehan et Le jeu des échecs : XIVe siècle. Rennes, PUR, 2005.
Lire sur le site Tudchentil Addenda & Corrigenda de la première édition.

Les impressions incunables
§ Libro di givocho di scacchi. Firenze 1493. [Image La Haye KB]
§ Paris, pour Antoine Vérard, 1504. [Image Paris BnF]

Liens
Le jeu d’échecs. Incontournable : Dossier pédagogique sur le site de la Biblothèque nationale de France.
The Chess Theory Virtual Museum of Art
Sur le site ARLIMA:
Jacques de Cessoles
Jean de Vignay
Jean Ferron

Bibliographie
Thomas Kaeppeli, Scriptores Ordinis Praedicatorum Medii Aevi, II, Rome, 1975, n° 2066, p. 312-317, donne une liste des manuscrits du Libellus de moribus hominum et de officiis nobilium super ludo scaccorum de Iacobus de Cessolis. De même les manuscrits des traductions anglaise (Buke of the Chess), catalane, française, allemande (Schachzabelbuch), italienne, hollandaise (Scaecspel). Importante bibliographie.
Jean Rychner, Les traductions francaises de la Moralisatio super ludum scaccorum de Jacques de Cessoles, dans Mélanges Brunel, II, Paris, Société de l’Ecole des chartes, 1955, p. 480-493.
H.-J. Kliewer, Die mittelalterliche Schachallegorie und die deutschen Schachzabelbücher in der Nachfolge des Jacobus de Cessolis (thèse), Heidelberg, 1966.
Jacques de Cessoles, Le Livre du jeu d’échecs ou la société idéale au Moyen Âge, XIIIe siècle. Traduction et présentation de Jean-Michel Mehl. Paris, Stock-Moyen Âge, 1995.
Jacques de Cessoles, Le Livre des eschaz moralisé, traduction de Jean Ferron, 1347. Édition publiée par Alain Collet. Paris, Honoré Champion, 1999. Cf. du même, Jean Ferron, Le Jeu des Eschaz moralisé, 1347, édition critique, dans Perspectives médiévales, 10, 1984.
Jacques de Cessoles, Le Livre des moeurs des hommes et des devoirs des nobles au travers du jeu d’échecs, vers 1315. Adaptation de Jean-Michel Péchiné. Paris, Gallimard, \”Découvertes\”, 1997.
F. Lecoy, Guillaume de Saint André et son jeu des échecs moralisés in Romania, 67, 1942-43, 491-503.
J. Berlioz, L’invention du jeu d’échecs d’après Jacques de Cessoles (XIIIe s.). dans : Pays d’Islam et monde latin Xe-XIIIe siècles. Textes et documents, p. 277-281.
Jean-Michel Cauneau et Dominique Philippe, Guillaume de Saint-André. Chronique de l’Etat breton : Le bon Jehan et Le jeu des échecs : XIVe siècle. Rennes, PUR, 2005. Lire le compte-rendu de D. Dominé-Kohn sur le site des Cahiers de recherches médiévales [En ligne]

6 Sep 2007
Jean-Luc Deuffic

Jacques de Voragine : La Légende dorée

The Golden Legend remains one of the classic works of the Middle Ages. It was compiled in Latin by Jacques de Voragine between 1261 and 1266, and contains 180 lives of Christian saints and martyrs, together with episodes from the lives of Christ and the Virgin Mary, all ordered according to the liturgical calendar. Right from the beginning the work was widely distributed, and it is estimated that more than one thousand manuscripts still exist today of this text which, along with the bible, was the most read work of the Middle Ages. The oldest known manuscript dates from 1282 and is conserved in Munich at the Staatsbibliothek (clm 13029). The first French translation of the work, by Jean de Vignay in the fourteenth century, was printed by Barthélémy Buyer in Lyon in 1476.

Below you will find links to digitised manuscripts and early printed editions of the Golden Legend.

I would like to thank in advance any readers who can provide any others.

La vitrine de Krown & Spellman Booksellers recèle quelques petits trésors. Ainsi, sous le n° 18136 :
Jacques de Voragine <Legenda Aurea> … legenda sanctorum … Manuscrit daté du premier (?) septembre 1468 d’après le colophon (lecture très douteuse du catalogue en ligne) :
\”Anno d[atu]m millo mjiii lxviii fuit septub pris lib[e]r De opus ut utilitat[e]r Auth gasellyany m[a]g[ister] in artibus de montrbrisor lugd dyocises] dGasellyany\”. Anthoine, je suppose, était maître ès arts. De quelle université ? 
3 bl. + 399 f. 280 x 208 mm. 2 colonnes de 37 lignes. Initiales.
Peut-être s’agit-il du nom Chazelle encore présent à Montbrison au XVIIe s.? Montbrison était une ancienne collégiale et église royale du diocèse de Lyon, fondée par Guy IV (1196-1241), de la dynastie des comtes de Forez. (Perhaps it refers to the name Chazelle which was still found at Montbrison in the seventeenth century? Montbrison was an old collegiate and royal church in the diocese of Lyon, founded by Guy IV (1196-1241), count of Forez)
Voir aussi cet autre magnifique manuscrit du XIVe s. de la Légende Dorée, en vente à la librairie Les Enluminures.
Il provient de l’abbaye cistercienne de Vallis Dei ou Säusenstain (diocèse de Passau), à Ybbs-an-der-Donau, en Autriche :
192 f. 165 x 220 (180 x 57 x 57) mm. 35 lignes sur deux colonnes.
Inscription au premier f. : Catalogo Monasterii B.V. in Valle Dei inscriptus


(c) Les Enluminures

Quelques liens vers des manuscrits numérisés de la Légende Dorée :
Some links to digitised manuscripts of the Golden Legend :
§ Lund University Library, Medeltidshandskrift 19. Pomerania (?), couvent des chartreux de Szczecin/Stettin. XIV/XVe s. Parchemin. 258 f. 2 colonnes. 245 x 175 mm.
§ Legenda aurea. Manuscrit, France, première moitié du XIV s. de la Phyllis Goodhart Gordan Collection.
§ Huntington Library ms HM 3027. France, fin du XIIIe s. Passe à Fountains Abbey, dans le Yorkshire. Parchemin. 164 f. 350 × 247 (245 × 145) mm.


(c) Henry E. Huntington Library and Art Gallery, San Marino, California

§ Heidelberg Universitätsbibliothek Cod. Pal. germ. 144. Legenda aurea, version allemande, signée et datée : Anno domini millesimo quadragentisimo xix etc. Johannes Ziegler (f. 412v.)

Liste de quelques manuscrits de la Légende dorée
Dans la base Enluminures :
§ Angers BM 808 : fin XIV e s. Ouest de la France? Angleterre? Abbaye de Saint-Aubin d’Angers.
§ Angers BM 809. Fin XIIIe s. Saint-Aubin d’Angers.
§ Avranches BM 165. XIVe s.
§ Beaune BM 22. Italie. XIVe s.
§ Besançon BM 813. Ca 1450, pour Quentin Ménart.
§ Carpentras BM 471. Seconde moitié du XVe s., pour la famille d’Este. Détail ci-dessous (c) Bibliothèque de Carpentras):


§ Charleville-Mézières BM 177. XIVe s.
§ Dijon BM inc. 20471. 1480. Italie. Couvent des Cordeliers de Dijon.
§ Dijon BM 221. Fin XIIIe s.
§ Dijon BM 645. Début XIVe s.
§ Lyon BM 217. XIVe s.
§ Le Mans BM 2. XIVe s.
§ Marseille BM 1232. XIVe s.
§ Mâcon BM 3. Vers 1470. 379 x 270 mm. Pour Jean d’Auxy; Charles de Chabannes, seigneur de La Palisse; Henriette de la Guiche, femme de Louis Emmanuel de Valois, duc d’Angoulême; couvent des Minimes. La décoration due à l’entourage de Willem Vrelant, au Maître de la vraie cronicque descoce, au Maître de Sapience, au Maître du Froissart (BL, Harley), au Maître de Margaret d’York et à Loyset Liédet.
Ci-dessous f. 256v : saint Yves plaidant.
(c) Bibliothèque de Mâcon.

Ce manuscrit fait partie d’un ensemble de cinq volumes dont quatre se trouvent à New-York (This manuscript is one of five volumes, of which four are in New York 🙂 Pierpont Morgan Library, ms. M.0672. Un f. provenant de ce dernier est localisé au Musée Marmottan, Paris (Wildenstein Collection ms 197); les quatre vol. de la PML sont ms M.672 (124 ff); ms M.673 (145 ff.); ms M.674 (127 ff.); ms. M.675 (155 ff.)
§ Nice BM AF I (11). 1485.
§ Tours BM 1009. XIVe s. François de Bonne de Lesdiguières; abbaye Saint-Martin de Marmoutier.
§ Tours BM 1011. XVe s.
§ Tours BM 1012. XIVe s.
§ Troyes BM 954. XIVe s.
§ Vendôme BM 155. 1327. Angleterre? Pour Reginaldus U<suranus>; Johannes Lambertus; abbaye de la Trinité de Vendôme.
§ Vendôme BM 164. Première moitié du XIVe s.
Sur la base Liber Floridus :
§ Paris Bibl. Sainte-Geneviève 551. Deuxième tiers (?) du XIVe s.
§ Paris Bibl. Sainte-Geneviève 1292. Première moitié du XIVe s.
§ Paris Bibl. Sainte-Geneviève 1829. Normandie. 1326. Souscription du scribe au f. 430v : Alermus de Fevis, clericus de choro in ecclesia Lexoviensi, scripsit istam legendam Lex<ovii> anno milesimo trecentesimo vicesimo sexto. Mention contemporaine d’une autre main : Anno Domini milesimo trecentesimo vicesimo sexto scripsit Alernus de Fevis, clericus, istam legendam ad requestam domini Rogeri de Victrelico, anonico Lexoviensi (sic).
Sur la base Digital Scriptorium :
§ Columbia, University of Missouri, Ellis Library, fragmenta Manuscripta 043. France. Orléans? Parchemin. f. 1r-v. 100 X 82 mm. XIIe s.
§ San Francisco, San Francisco State University, J. Paul Leonard Library, De Bellis La. 04. Papier. i-iv + 302 + i-iv f. 330 x 210. Italie. Seconde partie du XVe s.
Sur le Digital Catalogue of Illuminated Manuscripts de la BL de Londres :
§ London Brirish Library Yates Thompson 49. Ca 1480. Deux volumes. 442 x 315 (310 x 220) mm sur trois colonnes. Papier et parchemin. décoration en partie attribuée au Maître de Coëtivy. Château d’Anet; Louis Léon-Félicité, duc de Brancas et comte de Lauraguais (XVIIIe s.). Certaines illustrations ne sont pas achevées.
Sur la banque images de Paris BnF.
§ Paris BnF Fr. 184.
§ Paris BnF Fr. 241. Traduction de Jean de Vignay. Daté de 1348. Enluminé par Richard de Montbaston (images sur le site de la BnF).
§ Paris BnF Fr. 242. XVe s.
§ Paris BnF Fr. 244-245. 1480/1490. Traduction de Jean de Vignay. Enluminé par Jacques de Besançon. Armes de Catherine de Coetivy (images sur le site de la BnF, et facsimilé).
Vente du fds Pierre Perès du 28 ocotbre 2005, lot 5. <Jacques de Voragine>. Der Heyligen Leben. Winterteil Augsbourg, Gunther Zainer, 25 octobre 1471. In-folio (400 x 277 mm)
Exemplaires numérisés sur le site de La Biblioteca Virtual del Patrimonio Bibliográfico (Espagne):
§ Biblioteca Pública del Estado en Tarragona ms 38 [En ligne]
§ Biblioteca de Castilla-La Mancha/Biblioteca Pública del Estado en Toledo ms. 81 [En ligne]

Bois représentant saint Jérôme, tiré de l’édition de Caxton. Westminster, 20 novembre 1483. [Site de la BU de Glasgow]

Impressions incunables
§ La version imprimée de Günther Zainer, Augsburg, 1472. détail ci-dessous:

 

§ La version imprimée de Cologne, Conrad Winters de Homborch, 1478 (sur le site de la Bibliothèque royale de Belgique)
§ La version imprimée à Nuremberg, chez Georg Stuchs de Sulczpach, Octobre 1488; l’édition de Cologne, <Ulrich Zel>, 19 Mai 1482, sur le site de la Verteilte Digitale Inkunabelbibliothek de Cologne. (info sur Netbib weblog)
§ La version imprimé de Urach, Conrad Fyner, 1481, en ligne sur le site de la Bayerische Staatsbibliothek.
§ La version imprimée de Strasbourg, 1482. En ligne sur le site de la fédération des librairies polonaises religieuses (présentation multilingue, française).
Sur le site Gallica de Paris BnF :
§ Legenda aurea [incunable] (ca 1477)
§ Legenda aurea [incunable] (Lyon, 1478?)
§ Legenda aurea [incunable ] (ca 1487-1490, s.l., s.d.)
§ Legenda aurea [incunable] (ca 1495, s.l., s.d.)
§ Edition de Lyon, 1483 [incunable]
§ Fac-similé (1843?) du manuscrit Paris BnF Fr. 244 [manuscrit] (XVe s.?, Catherine de Coetivy, décoration Jacques de Besançon)

Bibliographie
La Légende Dorée de Jacques de Voragine, traduction française de Teodor de Wyzewa. Première édition, Paris, Perrin, 1910 (en ligne sur le site Gallica, BnF). Reprise par les Editions Diane de Selliers.
Voir la traduction récente dans la Bibliothèque de la Pleiade de Gallimard (2004, 1664 pages), avec une excellente présentation d’Alain Boureau, une étude iconographique de Dominique Donadieu-Rigaut, des notes de Pascal Collomb.
L’Edition de l’abbé J.-B. M. Roze, Paris 1902, est accessible en ligne sur le site de l’abbaye Saint-Benoît de Port-Valais.
Extraits de la Légende Dorée :The Latin Library; Medieval Sourcebook. Intratext.
Hillary Maddocks, The Illuminated Manuscripts of the Légende Dorée : Jean de Vignay’s Translation of Jacobus de Voragine’s Legenda Aurea, 1990.
Barbara Fleith & Franco Morenzoni, De la sainteté à l’hagiographie. Genèse et usage de la Légende dorée, Genève, éd. Droz, 2001.
The Golden Legend or Lives of the Saints by William Caxton.

Voir une bibliographie détaillée de Laurent Brun sur l’excellent site ARLIMA (Archives de littérature du Moyen Age), avec liste de manuscrits.
A lire : La communication de masse au Moyen-Âge : Jacques de Voragine et ses sermons, une présentation de Jacques Berlioz [En ligne]

On trouvera sur le site de l’Union Catalogue of Incunabula Database (Staatsbibliothek zu Berlin) une description des diffèrents incunables de la Légende dorée.

Liens
M. Burghart, « Annotation collaborative d’un corpus de documents médiévaux :
outils pour l’analyse de la structure et du contenu des sermons de Jacques de Voragine », Le Médiéviste et l’ordinateur, 43, 2004 [En ligne]

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