Les Heures de Jean Troussier, sénéchal de Lamballe et procureur général de la « Bretagne Galou » (Paris, vers 1420-1430). Collection Heribert Tenschert
© HERIBERT TENSCHERT – Heures de Jean Troussier. Pietà ; commanditaire (fol. 3).
La présentation vidéo, en ligne, d’un des sublimes livres d’heures de la prestigieuse collection de notre ami Heribert Tenschert, en l’occurrence celui de Jean Troussier, m’a encouragé à revenir sur cet emblématique manuscrit, dont l’enluminure a été attribuée au Maître de la Légende dorée de Munich, et qui montre l’attachement de certains seigneurs bretons à faire appel aux meilleurs et aux plus talentueux enlumineurs de l’époque. Cette page reprend en fait, avec quelques légères modifications, la notice que j’ai consacrée à ce manuscrit dans mon corpus publié sous le titre Le livre d’heures enluminé en Bretagne. Car sans heures ne puys Dieu prier (Brepols, 2020).
Livre d’heures à l’usage de Paris, de Jean Troussier, procureur général de Bretagne gallo et sénéchal de Lamballe. Paris, vers 1420-1430. Collection Heribert Tenschert
168 f. 215 × 162 (110 × 72) mm. 15 lignes (texte), 17 lignes (calendrier), 18 lignes (textes ajoutés en début et fin d’ouvrage). Écriture gothique Textura. Reliure maroquin vert (XVIIIe siècle).
Composition. 1-2v. Armoiries peintes (1). Fol. 3. Salve Regina. Fol. 4-15v. Calendrier en français, de type parisien. Au 21 février, Luthernast, pour saint Leuthiern (2), dont les reliques reposaient à l’abbaye Saint-Magloire de Paris. Fol. 16. Péricopes évangéliques. Saint Jean. Fol. 17v. Saint Luc. Fol. 19. Saint Mathieu. Fol. 20v. Saint Marc. Fol. 21v. Prières à la Vierge. Obsecro te (formulation masculine). Fol. 25. O intemerata. Fol. 29. Heures de la Vierge, à l’usage de Paris. Matines. Trois nocturnes. Fol. 51. Heures de la Vierge. Laudes. Fol. 62. Prime. Fol. 68. Tierce. Fol. 72v. None. Fol. 80v. Vêpres. Fol. 87. Complies. Fol. 92. Psaumes pénitentiels. Fol. 103v. Litanies. Entre autres, saints Gervais et Protais, Denis, Germain ; saintes Geneviève et Opportune. Fol. 109v. Heures de la Croix. Fol. 113. Suffrages. Fol. 116. Office des morts, à l’usage de Paris. Fol. 159. Les Quinze Joies de Notre-Dame, en français : xv Joyes : Doulce dame. Fol. 164. Les Sept Requêtes à Notre-Seigneur, en français : vii Requêtes : Doulz Dieu. Fol. 167-167v. Une prière a été ajoutée peu avant 1450, pour éviter les punitions de l’Enfer. Oracio ad evitandum eterna supplicia. Deus, qui non vis mortem peccatorum, nec letaris in perditione morientium… (formulation féminine).
Décoration. Attribuée au Maître de la Légende dorée de Munich. Pietà ; commanditaire (fol. 3). Saint Jean (fol. 14) (3). Saint Luc (fol. 15v). Saint Mathieu (fol. 17). Saint Marc (fol. 18v). Annonciation (fol. 27). Visitation (fol. 49). Nativité (fol. 60). Annonce aux bergers (fol. 66). Adoration des Mages (fol. 70v). Présentation au Temple (fol. 74v). Fuite en Égypte (fol. 78v). Couronnement de la Vierge (fol. 85). David en prière (fol. 90). Crucifixion (fol. 107v). Pentecôte (fol. 111). Funérailles (fol. 114). Vierge à l’enfant Jésus, au jardin (fol. 157). Jugement dernier (fol. 162). Enfer (ajoutée ? exécutée par le Maître de Dunois, fol. 165).
Concernant le Maître de la Légende dorée de Munich, les avis ont divergé sur l’existence réelle d’un atelier attaché à cet enlumineur parisien, certains le présentant plutôt comme un itinérant (Spencer). Aujourd’hui, au vu de sa production, la question semble réglée. François Avril a souligné le rôle déterminant du MLDM dans la formation du Maître de l’Échevinage de Rouen, ville où le MLDM aurait pu séjourner (4). On peut remarquer plusieurs connexions avec la Bretagne, notamment avec les Heures du duc Arthur III (ms. New York, The Morgan Library & Museum, M.241) ou celles de son épouse Marguerite de Bourgogne (ms. Windsor Castle, royal collection, RCIN 1142248, « Heures Sobieski) (5).
Le Maître de Dunois, actif à Paris entre 1435 et 1466, doit son nom à une de ses premières productions, le livre d’heures du comte Jean de Dunois, fils illégitime de Louis d’Orléans (ms. London, British Library, Yates Thompson, 3), et est aussi appelé « Principal associé du maître de Bedford » (Chief Associate of the Bedford Master) (6). Comme production commune de ces deux maîtres voir les Heures de la collection d’André Hachette.
Provenance. Manuscrit commandité par Jean Troussier (ou Trouxier), procureur général de Bretagne gallo et sénéchal de Lamballe dans les années 1420-1450 ; au fol. 3 : Jean Troussier, en armures, les mains jointes, agenouillé sur un coussin d’azur semé de fleurs d’or, devant son prie-Dieu sur lequel se trouvent ouvert son livre d’heures ; à terre, son bouclier peint à ses armes, et son casque dont le cimier représente une femme vêtue de gueules, tenant en ses mains un phylactère avec une probable devise (motto), dont on devine quelques mots : « … * pour * le * s… * ». Armoires : d’hermines au lion de gueules couronné d’or.
Commissaire pour la réformation de la noblesse bretonne de 1426, et pour plusieurs enquêtes de feux (1434, 1440 etc.), Jean Troussier figure aux précieux comptes de Jean Droniou (1424-1426), comme trésorier et receveur général de Bretagne, parmi les officiers du duc Jean v : « Jehan Troussier procureur général de Bretagne Galou » (la partie gallo de la Bretagne, celle dite de langue française ; l’autre étant le procureur de Basse-Bretaigne, bretonnante) ; « A Jean Troussier, sénéchal de Lamballe 20 £ » ; « A Jehan Troussier, que Monseigneur lui devait pour prêt 235 écus d’or » (7). De nombreux actes mentionnent les activités de Jean Troussier, comme sénéchal, entre 1412 et 1444 (8).
Le Catalogue de livres rares et curieux composant la bibliothèque de M. L. B. G., (Paris, 1864), fait état sous le n. 653 d’un « TERRIER DE LAMBALLE » : s’ensuivent les informations de plusieurs paroisses dudit terrouer faites par Jehan Troussier, sénéchal de Lamballe, etc (Gr. in fol., br. MANUSCRIT ancien, très curieux à consulter pour l’histoire de Lamballe et de Saint Brieux (sic).
Le nom de l’épouse de Jean Troussier ne nous est pas parvenu.
© HERIBERT TENSCHERT – Heures de Jean Troussier. Commanditaire (fol. 3, détail).
Les Troussier, seigneurs de la Gabetière (9) et de Pontmenard à Saint-Brieuc-de-Mauron (Morbihan), portaient d’hermines au lion de gueules couronné d’or. L’enquête de réformation de la noblesse bretonne du 14 avril 1426 avant Pâques (1427 n. s.), signale parmi les trois nobles de cette paroisse un certain Guillaume Troussier ayant « métayer en son manoir à la Gabetière », personnage sur lequel nous ne savons rien par ailleurs (quel lien avec notre Jean, sénéchal de Lamballe?). Cette famille donna deux grands chantres de Saint-Malo, Olivier Troussier (pourvu en 1450, fondateur en 1470 de la chapellenie de Saint-Julien dans la cathédrale), décède en 1475 (10) ; Jean Troussier, son neveu, qui le remplaça, fut grand aumônier du duc de Bretagne François II, son ambassadeur en Angleterre en 1486 (11). Citons également Guillaume Troussier, noble écuyer, receveur de Lamballe en 1459-1460 (12) et Mathelin Troussier, alloué de Lamballe, mentionné en 1476 (13). Le 18 avril 1480, Florence Leet (14), femme de Guillaume Troussier, sr de la Gabetière, était en procès devant la cour de Lamballe contre Jean Poulain (15). Ce Guillaume Troussier est peut-être le fils de notre Jean Troussier, sénéchal de Lamballe.
‒ Possesseurs (XVIIe siècle); aux fol. 1r-v, 2, armes et monogramme: « M » et « A », entrelacés. De Curcay (16)? ‒ Aubert de Rosainville (XVIIe siècle ?) ‒ Ex-libris de Helmut N. Friedlaender (1913-2008) ‒ Christie’s, vente du 28 novembre 1990, Medieval and illuminated manuscripts, valuable printed books, autograph letters and manuscripts, lot 9. ‒ Heribert Tenschert, catalogue n. 30 : Leuchtendes Mittelalter 5, Psalter und Stundenbuch in Frankreich vom 13. bis zum 16. Jahrhundert: mit Miniaturen von den Meistern der Historienbibel des Duc de Berry (1993, lot 15). ‒ Heribert Tenschert, catalogue n. 36 : Leuchtendes Mittelalter I-VI, 1989-1994: Fazit 1996 : die noch verfügbaren Manuskripte, lot 34.
Bibliographie.
Catherine Reynolds, « English Patrons and French Artists in Fifteenth-Century Normandy », dans D. Bates et A. Curry (éd.), England and Normandy in the Middle Ages, London, 1994, p. 299-314. Tenschert, 1994, n. 30 : Leuchtendes Mittelalter 5, Psalter und Stundenbuch in Frankreich vom 13. bis zum 16. Jahrhundert : mit Miniaturen von den Meistern der Historienbibel des Duc de Berry, lot 15. Catherine Reynolds, « Master of the Munich Golden Legend », dans The Dictionary of Art, London, 1996, XX, 735. Catherine Reynolds, « The Workshop of the Master of the Duke of Bedford », dans Godfried Croenen, Peter F. Ainsworth (éd.), Patrons, Authors and Workshops : Books and Book Production in Paris around 1400, Louvain : Peeters (« Synthema » 4), 2006, p. 454, note 43. Heribert Tenschert / Eberhard König, Das Pariser Stundenbuch an der Schwelle zum 15. Jahrhundert. Die Heures de Joffroy und weitere unbekannte Handschriften, Ramsen, Schweiz, Antiquariat Bibermühle, 2011 (Studien und Monographien num. 15), p. 279-306, 19 pl. : « Das Stundenbuch der Familie Gaptière aus der Bretagne : ein reifes Hauptwerk des Meisters der Münchner Legenda Aurea ». Laurent Ungeheuer, Le Maître de la Légende dorée de Munich. Un enlumineur parisien du milieu du XVe siècle, formation, production, influences et collaborations, Thèse de doctorat d’Histoire de l’Art, sous la direction de Michel Pastoureau, Paris : École doctorale de l’École Pratique des hautes Études, EPHE 472 (HTR), 2015. Accessible sur le web, n. 38, p. 401-408, 623-624 (précise que la famille normande Boissay/ Boissey porte également les armes d’hermines, au lion de gueules) (17). Jean-Luc Deuffic, « Miscellanées bretonnes : la page dans tous ses états : XV. Le commanditaire breton des « Heures de La Gaptière »« , dans Pecia, 16, 2013, Performance and the Page, p. 221-228. Paris mon Amour, I, 2017, no. 11, pp. 291-311 [ en ligne ].
Je remercie Guy de Kersabiec, vicomte de la Gaptière, pour son aide précieuse.
© HERIBERT TENSCHERT – Armoiries.
Notes
[1] Fol. 1. Demi-lune d’argent sur fond azur, contenant deux cœurs d’or enflammés traversés par une flèche, écu entouré de feuilles d’acanthes ornées de conques, bleues, rouges, argent et or. Fol. 1v. Monogramme d’or, « M » et « A » (?) entrelacés, entourés par une branche de palmier à gauche, et de laurier à droite, liées par deux rubans, lilas en haut, et rose en bas. Fol. 2. Armes mi-parties, composées, de celles du fol. 1, auxquelles s’ajoutent, de haut en bas, deux mouches sur fond rouge, une rose rouge sur fond or, et une roue d’or sur fond azur. Ungeheuer, 2015, p. 401.
[2] Au 19 octobre dans le calendrier parisien utilisé par P. Perdizet, 1933.
[3] Ungeheuer, 2015, foliotation + 2.
[4] François Avril et Nicole Reynaud, Les manuscrits à peintures, Paris : Flammarion et Bibliothèque nationale de France, 1993, p. 170.
[5] Diane E. Booton, Manuscripts, Market and the Transition to Print in Late Medieval Brittany, Farnham : Ashgate, 2010, p. 148, 264, 316-317. Eleanor Patterson Spencer, The Sobieski Hours: a manuscript in the Royal Library at Windsor Castle, Academic Press, 1977. John Plummer, Gregory Clark, The Last Flowering : French Painting in Manuscripts, 1420-1530, New York: Pierpont Morgan Library, 1982, n. 8. Roger S. Wieck et al., Time sanctified. The book of hours in medieval art and life, New York: George Braziller, in association with the Walters Art Gallery, Baltimore, 1988, p. 11sq. Miriam Milman, Les Heures de la prière. Catalogue des Livres d’heures de l’abbaye d’Einsiedeln, Turnhout : Brepols, 2003, notamment p. 28-32.
[6] François Avril et Nicole Reynaud, Les manuscrits à peintures, Paris : Flammarion et Bibliothèque nationale de France, 1993, p. 36.
[7] Hervé Torchet, Comptes du duc de Bretagne 1420-1433 d’après les copies manuscrites, Les Éditions de la Pérenne, 2010, p. 94, 102, 104. Jean Kerhervé, Les gens de finances des ducs de Bretagne, catalogue prosopographique, III, p. 412 (Thèse dact.) ; L’État breton aux 14e et 15e s., 1987, t. ii, p. 736 et note 134.
[8] Voir René Blanchard, Lettres et mandements de Jean V, duc de Bretagne (Archives de Bretagne, 4-8), Nantes, 1889-1895, 5 vol. : mandements 1142, 1546bis, 1580 : 1424, 4 février, Vannes, mandement d’enquérir des droits des chapelains d’Auray à Jehan Troussier et Jehan de Bennerven, noz procureurs generaulx de Bretaigne gallou et de Bretaigne bretonnant. Mandements 2569, 1660, 2571, 2595, 2605, 2614, 2621-2624, 2626-2627, 2413, 2495. 1444, 21 août, commission au sénéchal de Lamballe pour s’assurer de l’emploi d’une somme de mille livres léguée par le duc Jean V pour être convertie en acquêts dont les revenus devaient servir à payer la fondation d’une messe quotidienne dans le couvent des Augustins de Lamballe, à nôtre bien amé et féal conseillier Jehan Troussier notre sénéchal de Lamballe. Voir Annuaire des Côtes-du-Nord, vol. 10, 1860, p. 70-73.
[9] « Le château de la Gabetière consiste en une cour renfermée de quatre corps de logis assez grands et dans l’un desquels se trouve la chapelle, et aux quatre coins d’iceux trois grosses tours cylindriques et donjon où est l’horloge, et au devant d’icelui un premier portail et un second portail à pont levis et le dit château entouré de douves et fossés ». Nantes, ADLA, B 2000, n° 12, papier terrier de la barre de Ploermel.
[10] Voir H. Harvut, « Notice sur la cathédrale de Saint-Malo depuis sa fondation jusqu’à nos jours », dans la Semaine religieuse du diocèse de Rennes, n. 44, 26 aout 1882, p. 695-703. J.-Y. Copy, Les gisants haut bretons, 1986, p. 234-235 et n. 242. Annales de la Société d’histoire et d’archéologie de l’arrondissement de Saint-Malo, 1996, p. 329.
[11] J. P. Leguay, Un réseau urbain au Moyen Âge : les villes du duché de Bretagne, Paris, 1981, p. 285-289 ; Rennes, ADIV, G 275.
[12] Peut-être celui cité par Dom Morice, Preuves, t. II, col. 1717, en 1458, d’après les Archives de la Chambre des comptes.
[13] « Mandement d’évocation pour Guillaume Troussier, sr de la Gabetiere contre Me Mathelin Troussier et sa femme touchant la possession des biens meubles et héritages de feu Me Olivier Troussier chantre et chanoine de Dol ». Paris, BnF, ms. Fr. 22318, fol. 47.
[14] Leët, sr de la Desnerie, paroisse de Saint-Donatien de Nantes, porte losangé (sceau 1421).
[15] Nantes, ADLA, B 9, fol. 49v. Cf. « (1488) Don à Gilles Troussier du rachapt de feus Guillaume Troussier et Florence Leet sa femme et de Me Mathelin Troussier, le 28 jour de mars ». Ms. Paris, BnF, Fr. 22318, fol. 138.
[16] D’azur au cœur d’or, soutenu d’un croissant d’argent en pointe (d’Aguesseau).
[17] Dans celles de Jean Troussier le lion est, plus exactement, « couronné d’or ».
Heribert Tenschert : 600 Years ago: The Hours of Jean Troussier, Breton Nobleman, with 20 large Miniatures by two of the foremost Painters of the Time, datable 1424-25 [ en ligne ]
Les heures manuscrites de « maistre Jacques Coffey » de Saint-Lô (Normandie)
Étudier un manuscrit, en connaître son histoire, c’est parfois prendre un chemin qui vous fait pénétrer la mémoire lointaine de certaines familles. En ce sens, les livres d’heures sont un magnifique exemple car souvent, que ce soit par des inscriptions ou des décors héraldiques, ils nous laissent entrevoir leur long cheminement à travers les siècles.
Le livre d’heures mis en vente par Arenberg Auctions (Brussels, Belgium), le 29 juin prochain, appartient à cette catégorie. 175 x 125 mm. 123 f. d’une écriture gothique brune sur 15 lignes. Si son état n’atteint pas l’ordinaire, son histoire le compense. Plusieurs inscriptions nous apprennent son parcours depuis le XVe siècle. L’usage liturgique est bien celui du diocèse de Coutances: : dédicace de la cathédrale le 12 juillet, fête des « reliques » le 30 septembre. Sa composition : 1) La Passion du Christ d’après les évangiles des saints Jean, Luc, Matthieu et Marc (avec 1 miniature) ; (2) calendrier en français ; (3) heures (matines (1 miniature), prime, laudes, tierce, sexte, none, vêpres et complies) ; (4) antiennes ; (5) heures du Saint-Esprit ; (6) les sept psaumes et les litanies des saints ; (7) « Vespres des trespasses » et « Matines des trespasses » ; (8) « Oraison de Nostre Dame » et suffrages.
Le premier possesseur, comme c’est souvent le cas, est une femme. Elle se nomme Jeanne (Jehenne) Lissot, et est l’épouse d’un juriste de Saint-Lô, en Normandie, maître Jacques Coffey, qu’elle épousa le jour de la « saint Hyllaire 1520 », c’est-à-dire le vendredi 13 janvier 1521 (n.st.) :
Ces matines sont et appartiennent a Jehenne fille de Noel Lissot en son vivant leg… de St Lo, femme de maistre Jacques Coffey bourgeois dudit lieu . Il espousa ladite Jehenne le jour saint Hyllaire 1520 [signé] Coffey
Il ne semble pas que notre juriste normand ait laissé beaucoup de traces. Pourtant nous remarquons « maistre Jacques Coffey » présent dans un acte du 29 avril 1550, édicté en la « maison commune de ceste ville de Saint-Lô » (Annuaire des cinq départements de la Normandie / publié par l’Association normande, 1931, p. 111). Peu d’éléments, de même, sur la famille Lissot.
Un siècle plus tard, le livre d’heures se retrouve en Bretagne, dans le diocèse de Nantes, en possession de Jean Lorido, prieur-recteur de Saint-Denis de Mauves:
J’ay achepté ce livre manuscrit a la vente des meubles de defunt v[enerable] et d[iscret] missire Jean Lorido, antien prieur et recteur de Mauves, qui mourut le 4e d’octobre 1698, âgé de 88 ans, après avoir gardé sa cure plus de 50 ans
Nous sommes bien plus documentés sur ce nouveau personnage. C’est sans doute lui qui, baptisé le 25 octobre 1614, à Sainte-Croix de Nantes, est le fils de « noble homme » François Lorido, sieur du Houssay et du Mesnil, marchand de draps de soie à Nantes, capitaine de la milice, décédé le 6 septembre 1637 à Saint-Saturnin de Nantes, lequel avait épousé le 9 février 1602, à Saint-Nicolas de Nantes, Marie Belloeil (1582-1641).
En 1655, est attesté « Maitre Jean Lorido, prestre, chanoine & soûchantre en la même église de Saint-Maurice de Montaigu », dont la collégiale avait été construite en 1613. Le doyenné de Montaigu faisait partie de l’évêché de Luçon. Proche de Nantes, cette paroisse se trouvait sur les Marches Communes de Poitou et de Bretagne.
Signature de Jean Lorido, prieur recteur de Mauves, en 1685 / BMS/
En 1661, nous le retrouvons en procédure : « Factum de l’instance pendante au grand conseil pour Me Jean Lorido, prêtre, pourvu de la chapelanie de Bonne mère, alias in parvis quies, demandeur en garantie de ladite chapelanie contre Me Yves Melot défendeur M Pierre Baudry et le chapitre de Nantes demandeurs, S. l. 1661 (Paris, BnF). La chapellenie de Bonnemère, alias in parvis quies, avait été fondée en l’église de Saint-Saturnin de Nantes. En 1684, Jean Lorido, prêtre, recteur de Mauves, fonde une messe à célébrer, les dimanches et fêtes, en l’église paroissiale, à l’autel de la Vierge (Nantes, ADLA, G 446), et en 1687, Jean Lorido, chanoine de la collégiale de Notre-Dame de Nantes, fonde 31 livres de rente foncière sur une maison de la Fosse, au profit des Carmes de Nantes (ADLA, H 231). Notre homme devait donc cumuler les bénéfices, puisque en 1694, « maître François Courson, vicaire perpétuel de Lanmeur, demanda au prieur de Kernitron de lui fournir une portion congrue comme gros décimateur dans la paroisse et la trêve de Locquirec. Il touchait déjà 300 livres du doyen de Lanmeur, M. de Lorido, prieur de Mauve près de Nantes« . Nous avons retrouvé l’acte de décès de maître Jean Lorido. Il mourut et fut inhumé dans sa paroisse dont il fut recteur pendant 50 ans, dans le chœur de l’église de Saint-Denis. Une divergence de date entre l’inscription du livre d’heures et celle du registre BMS qui le dit âgé de 85 à 86 ans … Quant à l’acheteur, dont la lecture du nom (Jean-Baptiste Dupré ?) a posé quelque problème, il reste à identifier: le patronyme Dupré se trouve attesté à cette époque dans la paroisse de Mauves, dont il est peut-être bourgeois. Merci au lecteur qui pourrait nous mettre sur une piste …
Nantes, ADLA, registre de MAUVES : BMS 3 E 94/2. Acte de décès de Jean Lorido, inhumé le 6 octobre 1698
Mais l’histoire de notre livre d’heures ne s’arrête pas là, en rejoignant par la suite plusieurs cabinets de collectionneurs. Il porte notamment le cachet Claude-Charles de Bourlamaque (4 novembre 1720 – 11 décembre 1769). Seigneur du Vivier et de Courtevron, il était également capitaine au Régiment de Saluzy, et grand collectionneur d’art et bibliophile. Les livres lui ayant appartenus portent au titre un cachet à ses armes (d’or, à une croix d’azur), entouré de la mention : « Ex. bibl. Dom. C. C. de Bourlamaque ». Le catalogue de sa bibliothèque fut publié à sa mort, en 1770 : Catalogue des livres de la Bibliothèque de feu M. de Bourlamaque, à Paris par Prault fils. De même, ses collections, dans un « Catalogue raisonné du cabinet des objets curieux de feu M. de Bourlamaque […] » (vente du 27 mars 1770) [ en ligne ]. Voir la Base EDITEF. Les aïeux de Claude-Charles de Bourlamaque, les Burlamacchi, étaient originaires de Lucca (Toscana, Italie). Sur les manuscrit de C.C. de Bourlamaque, BIBLISSIMA/IRHT.
Le cachet « D.L.R. de Saint-Victor » indique que notre livre d’heures passa entre les mains du collectionneur Louis-Robert de Saint-Victor (Rouen, 1738-Saint-Victor-la-Campagne, 1822). Sur ses manuscrits, voir BIBLISSIMA/IRHT.
Illustrations : Arenberg Auctions (Brussels, Belgium)
Bibliographie
Ce livre d’heures est déjà passé en vente le 8 décembre 1975 chez Sotheby’s, Western manuscripts and miniatures, lot 88.
Sur les ouvrages liturgiques de Coutances : Léopold Delisle, « Note additionnelle sur les anciens bréviaires imprimés et manuscrits du diocèse de Coutances conservé à la Bibliothèque nationale et à la Bibliothèque Mazarine », dans Revue catholique de Normandie, vol. 5, 1895, p. 387-392.
Monique Dosdat, Alain R. Girard, Livres d’heures de Basse-Normandie: manuscrits enluminés et livres à gravures XIVe-XVIe siècles, Association des amis de la bibliothèque, 1985.
Jason N. R. Herrick, Louis Robert de Saint Victor (1738-1822): A Case Study on Collecting Paintings in France from the 1770s to the 1820s with Particular Reference to Dutch and Flemish Art, University of Oxford, 2000.
Jason Herrick, « Louis Robert de Saint Victor’s Letters to Aignan-Thomas Desfriches : Collecting in Normandy Before and After the Revolution and its Links with Parisian Art Market », dans Monica Preti-Hamard et Philippe Sénéchal (dir.), Collections et marché de l’art en France 1789-1848, Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2005, p. 131-146.
Les Heures de Philippotte Ruffier
Vente du 27 mai 2024 : Ketterer Kunst GmbH & Co. KG, Munich. Catalogue en ligne.
Livre d’heures. vers 1380, nord-ouest de la France (Rennes ?). 195 x 155 mm, vélin, 90 feuillets, incomplet, manque au moins 15 feuillets et probablement un calendrier, 17 lignes, 115 x 75 mm, 6 grandes peintures, pour la plupart avec bordures, initiales enluminées.
fol. 35-36 déchirées; section coupée dans la marge du fol. 70.
Reliure veau doré français du XVIe siècle sur des ais en carton, chaque plat avec un ovale central représentant la Crucifixion, la devise LOYAL DESIR, des armes héraldiques à un ou deux chevrons, et une semée de fleurs de lys dorées, le plat inférieur également avec le date « 1[5]90 ».
Le dos est doublé d’un fragment de manuscrit musical du XIIIe siècle avec portées rouges de quatre lignes.
LEAL DESIR est bien la devise des Monbrison (d’argent, au chevron d’azur, accompagné de merlettes de sable), mais point de merlettes ….
Exécuté pour une femme, sans doute représentée dans l’une des miniatures, identifiée comme étant « PHELIPES RUFFIER ».
Suffrages aux saints Pierre, Paul et Anne (fol. 1, illustration ci-dessus) (note 1) : De sancta Anna. Ant. De mutua visi/one et promissa sibi prole Domum (suam?) sunt regressi facti leti / et jocundi
Heures de la Vierge (fol. 3), Laudes suivies d’un suffrage à sainte Catherine (fol. 16v°) ; Psaumes pénitentiels (fol. 32); un bifolium mal placé de l’Office des Morts (fol. 35) ; Heures de la Croix (fol. 37) et du Saint-Esprit (fol. 38) ; les Quinze Joies (fol. 40) et les Sept requêtes (fol. 43) ; prières, etc. (fol. 45); Office des morts (fol. 47) ; prière, en vers français : Glorieuse virge raine / En qui, par la virtu divine… (Sonet-Sinclair n° 695) (fol. 70v°) ; Psaumes progressifs, dans un format inhabituel : en trois groupes de cinq, chacun suivi de versets, de réponses et d’un recueil (fol. 78) ; le récit de la Passion selon saint Jean (fol. 85) ; La Vie et légende de sainte Marguerite, en vers français (fol. 87), avec des notes marginales du XVe siècle indiquant que des feuillets manquaient déjà à cette date. Tous les textes sont plus ou moins imparfaits à l’exception des suffrages, des Psaumes graduels et du récit de la Passion.
Provenance : plusieurs remplissages de ligne porte le nom de « PHELIPES RUFFIER » ou une forme abrégée de celui-ci (fol. 15, 63v°, 78v°, 81v°, etc.).
Décor : miniatures : fol. 1, saints Pierre et Paul ; fol. 2, sainte Anne ; fol. 23, Présentation au Temple ; fol. 28v°, Massacre des Innocents ; fol. 70v°, la commanditaire agenouillée devant la Vierge à l’Enfant ; fol. 89v°, sainte Marguerite, presque nue, les mains liées et suspendue à une barre par les cheveux, battue par deux hommes.
Olivier du Guesclin, seigneur de la Ville-Anne, auquel son frère donna cette terre en partage, située dans la paroisse de Saint-Servan. Il eut pour femme Amice, nommée dans un acte du mois de novembre 1340, dont vint Saveline, dame de la Ville-Anne qui fut émancipée par son père au mois d’octobre 1340 et mariée à Jean Ruffier, seigneur du Bois Ruffier. Elle est enterrée en la chapelle de Sainte-Catherine au bout du Chapitre des Frères Prêcheurs de Dinan. Elle ne laissa qu’une fille nommée Philippotte Ruffier, dame du Bois Ruffier et de la Ville-Anne, qui s’est mariée à Raoul, seigneur de Coëtquen, duquel étant veuve, elle fit une donation en l’église des Jacobins de Dinan, le 20 octobre 1431.
Armoiries des Ruffier : D’azur billetté d’argent, au lambel de gueules à quatre pendants.
De La Chesnaye-Desbois et Badier, Dictionnaire de la noblesse, tom. 10, Paris, 1866, col. 44.
Philippotte Ruffier fonda plusieurs messes en la chapelle du Vau-Ruffier, le 17 octobre 1427 (René Couffon). D’après Saint-Brieuc, Archives départementales des Côtes d’Armor, E 2933
Dame Philippotte, pour le repos de l’âme de son époux, Raoul IV de Coëtquen, maréchal de Bretagne, ainsi que pour celles de ses père et mère et pour elle-même, fonda cinq messes à dire par semaine, à savoir deux à l’église de Plouasné et trois à la chapelle du Vau-Ruffier, et présenta pour assurer ces messes Dom Jehan « Heriezon »* à Mgr l’Evêque de St-Malo, lequel approuva la fondation, qui fut en 1434 définitivement fixée à 25 livres de rente annuelle. (Page Joseph Denoual)
Le manoir de Vau-Ruffier, d’après un dessin de Henri Frotier de La Messelière (1876-1965)
Une autre Philippotte Ruffier, de la maison du Vau-Ruffier, est donnée par l’historien Du Paz comme épouse de messire Bertrand Herisson, seigneur de La Ville-Hélouin (Médréac, ancien évêché de Saint-Malo), chevalier, en 1427.
Armoiries: D’argent, à trois hérissons de sable.
Notes
(1) Voir le culte de sainte Anne à Plouasne (département des Côtes-d’Armor). Paul-Victor Charland, Le culte de sainte Anne en Occident, Québec, 1921, p. 19. Cantus index 201115. Medieval Music Manuscripts Online Database
Sceau de Guillaume Ruffier (Nantes, ADLA, E 142/23, 1379) Base Sigilla
Bibliographie
Vente aux enchères Christie’s du 7 juin 2006, lot 42
Sotheby’s : Medieval And Renaissance Manuscripts, 5 juillet 2016, lot 59 (Mara Hofmann)
Le livre d’heures et de raison de Marie Le Poigneur (vers 1500)
Le dernier catalogue de Adam Weinberger / Rare Books/ et Konstantinopel / R. A. Van Den Graven, n° 15 /2024, nous offre un parfait éventail de ce que l’on peut trouver de pièces de qualité chez des libraires désireux de proposer de « l’extraordinaire ». C’est à ce point de vue une réussite.
Parmi les ouvrages manuscrits se détachent deux livres d’heures dont un m’a tout de suite intéressé, dans la mesure où il a servi de « livre de raison ». Passé en vente chez Sotheby’s en 1990, puis chez Christie’s en 2022, il n’a pas échappé, de par son originalité, aux spécialistes de ce genre d’ouvrages, si recherchés.
Nous sommes ici en présence d’un livre d’heures, des années 1490/1500, à l’usage d’Amiens, usage liturgique confirmé par le calendrier avec des entrées particulières comme celles des saints Firmin (8 janvier et 1er et 25 septembre), Honoré (16 mai) et Fuscien et Gentien (7 décembre).
Question décoration, elle est pour l’essentiel attribuée à un enlumineur proche du Maître de la Chronique Scandaleuse, nommé d’après BnF ms. Clairambault 486, peut-être influencé par le Maître de Martainville 183, nommé d’après un livre d’heures de la Bibliothèque municipale de Rouen, tous deux actifs à Paris. Les enluminures des ff. 7 v° et 13 v° pourraient être reliées à un peintre formé à Rouen. Aussi, ce lien avec la Normandie nous ramène à la provenance de ce riche livre d’heures.
Les sujets des miniatures à pleine page sont : l’Annonciation f. 7, la Visitation f. 13v, la Nativité f. 19v, l’Annonce aux bergers f. 22v, l’Adoration des Mages f. 25v, la Présentation au Temple f. 28v, la Fuite en Egypte f. 31v, le Couronnement de la Vierge f. 35v, Job sur le fumier f. 49v, la Messe de saint Grégoire f. 70v, Lamentation f. 72v, le martyre de st André f. 76v, le martyre de sainte Barbe f. 78v. Les grandes miniatures de la section ajoutée : saint Christophe avec un homme agenouillé f. 86, saint Jacques avec un homme agenouillé f. 87v, saint Antoine abbé f. 88v, sainte Marguerite 89v. Les sujets petites miniatures : saint Nicolas f. 74, saint Sébastien f. 75, Notre-Dame de Boulogne : la Vierge et l’Enfant dans une barque f.79, les âmes dans les flammes du purgatoire f. 81.
Provenance
Parmi les inscriptions portées par ce manuscrit, la plus ancienne, en tête du volume, nous apprend que Jeanne de Con… née et native de Vallen… dauphine a donné ce livre à sa petite-fille, Marie le Poigneur ; vraisemblablement, la même Marie le Poigneur qui précise que le manuscrit lui appartient en 1583, f. 38v° ; au f. 90v° sont enregistrées les naissances d’Angélique en 1616 et de Marie en 1617, petites-filles de Marie le Poigneur et de Robert Malet, seigneur de St-Ouen, par leur fille Yolande Malet et Adrien de Bailleul, seigneur de Blangues. D’autres inscriptions se rapportent à la famille Le Poigneur de Goustimesnil, ff. 38v°-39 : Louis le Poigneur, seigneur de Limésy, épousa Anne de Goustimesnil (décédée en 1589. Au verso de la garde, une inscription de la « petite de Cresteville », Louise Catherine Françoise Chardon de Filières (1716-1801), fille d’Olivier Chardon de Filières et épouse de Jacques Marie François Eudes de Catteville, seigneur de Mirville (1709-1759).
A noter les initiales à profusion: « JG » « BL » « GY » « GM » « BJ » « GR » et la devise : « JE ME PLAINS« , inconnue à ce jour.
Contenu
Calendrier, ff. 1-6v° ; Heures de la Vierge, usage d’Amiens, ff. 8-37v° ; Psaumes et litanies pénitentielles, ff. 40-48v° ; court office des Morts, usage d’Amiens, ff. 50-62 ; la Passion selon Jean, suivie de prières, ff. 63-70 ; prières sur le Sacrement, ff. 71-72 ; Salve Regina et mémoires des saints Jean-Baptiste, Antoine de Padoue, Nicolas, Sauve, Adrien, Sébastien, Michel, André, Marie-Madeleine, Catherine, Geneviève et Barbe, prières à la Vierge, pour les morts et l’Ave Maria (manque la fin), ff. 73-85v° ; ajout: mémoires des saints Christophe, Jacques, Antoine, abbé et Marguerite, ff. 86-90.
Quelques informations sur les différents possesseurs de ce livre d’heures:
Sur la famille Goustimesnil, D’or à trois marteaux de gueules
voir http://yport.web.free.fr/goustimesnil.php
Sur Louise-Catherine-Françoise Chardon de Finières :
« Le 5me jour de juillet 1716 est née de légitime mariage Louise Françoise Catherine fille de messire Jacques Joseph Olivier Chardon de Filieres, seigneur et patron de Pierrefiques, de St Jean Duthaney et de Gonneville en partie et de noble dame Françoise Catherine Dumont, baptisée le 9eme de juillet au dit an, nommée sur les fonts baptismaux par Alexandre Robert Louys Mallet de Graville seigneur et patron de Crasmesnil et de Oudalle et damoiselle Catherine Le Rous des trois Pierres ».
Mariée le 21 avril 1732, Gommerville,
Époux : « messire Jacques François Marie Eudes, chevalier, seigneur et patron de Mirville, Catteville, Sotteville, Gauliers, Bordeaux et autres lieux
fils de feu messire Jacques Eudes chevalier, seigneur de Sotteville, Catteville, Ransonville et autres lieux, et de noble dame Françoise Demare de Bellefosse »
Sur Monsieur de Catteville, Jacques-François Eudes:
Ce dimanche vingt deuzieme avril mil sept cent cinquante neuf, le corps de Jacques François Eude escuyer et puissant seigneur & patron de cette paroisse de Milleville (Mirville) chevalier de l’ordre de Saint Loüis décédé de vendredy 20eme à filières hameau de Gommerville d’une mort subite agé de viron cinquante ans a esté inhumé dans le choeur de cette église par monsieur l’abbé de Romé curé de Bernière soussigné & présence des parens & amis soussignés.
Signatures : Le Marinier de Durdan, De Romé curé de Bernière, Duval pretre curé de Mirville, Jacqueray curé de Beuzeville, Grenet curé de Maclou (?), Barbarey pretre
Famille de Mirville et familles alliées (Paris, Archives nationales)
https://francearchives.gouv.fr/facomponent/07ae4df240bc5c570621bdfd282c603009e45183
Arrêt du conseil remettant en possession de ses biens Louise Catherine Françoise Chardon de Filières, épouse séparée de Jacques-François-Marie Eudes de Catteville. 19 avril 1749.
Inventaire après décès de Jacques-François-Marie Eudes de Catteville. 21 mai 1759.
Vente par Marie-Louise-Catherine Françoise Chardon de Fillières, et par les dames de Catteville et de La Chapelle, héritières de Marie-Madeleine Chardon, leur tante, à Ignace Le Darroys, curé de Salmonville (Seine-Maritime), de 90 livres de rente. 14 mai 1755.
Vente par Louise-Catherine-Françoise Chardon de Fillières de bois à Mirville (Seine-Maritime). 9 octobre 1769.
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