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14 Mar 2018
Jean-Luc Deuffic

HORAE = Hours – Recognition, Analysis, Editions

Le projet HORAE (Hours – Recognition, Analysis, Editions) propose d’étudier les pratiques religieuses de la fin du Moyen Âge à travers les livres d’heures, le plus grand best-seller de tout le Moyen Âge et associe trois partenaires en Humanités et Sciences de l’Ingénieur du public et du privé pour une recherche transdisciplinaire : l’Institut de recherche et d’histoire des textes (IRHT, UPR 841), la société TEKLIA et le Laboratoire des Sciences du Numérique de Nantes (LS2N, UMR6004).

Pour en savoir plus : https://irht.hypotheses.org/3539

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(Illustration, Paris, BnF, Lat. 1156b)

24 Mar 2017
Jean-Luc Deuffic

Jacques Le Blanc, sieur de La Vignolle (1610-1684), et son livre d’heures et de raison

La galerie Les Enluminures, une des \ »places fortes\ » actuelles du manuscrit médiéval, dirigée de main de maître par Sandra Hindman, présente en ce moment un livre d’heures à l’usage d’Angers assez remarquable, tant par son contenu que par sa provenance. Il fut, en effet, en possession de l’historien de Laval Jacques Le Blanc (1610-1684) (A), fils d’Olivier, sieur de Champagné, licencié en droit, qui l’utilisa comme livre de raison.

Pour les Bretons, Laval c’est presque (déjà) la Bretagne !! du moins elle en est une des portes principales. Au reste, un des plus grands historiens bretons, Pierre Le Baud (+ 1505), fut chantre et doyen de la collégiale de Saint-Tugal de Laval, église dédiée à TUGDUAL, un des sept saints fondateurs de la Bretagne dont elle conservait jalousement de précieuses reliques. Cette collégiale succédait à une chapelle castrale, gouvernée à la fin du XIIe siècle, sous Guy de Laval, par deux clercs bretons nommés Guyomard et Ruello…
Nous devons à notre historien lavallois Jacques Le Blanc plusieurs lettres, contenant des documents historiques sur la Bretagne, et plus particulièrement sur les maisons de Rohan et de Laval, dont il donne l’origine et la généalogie, adressées pour la plupart à M. Gaignard, et à M. de Courtillaux (Paris, BnF, Fr. 22313, p. 15-27). 

Mais revenons à notre sujet…  

Le livre d’heures à l’usage d’Angers (80 f. 173 / 178 x 122 / 127 mm.), du 3e tiers du XVe siècle, que propose la Galerie Les Enluminures, porte une première inscription, impliquant un possesseur antérieur à Jacques Le Blanc :

Ces presentes heures apartiennent a Magelaine Angier.

Madeleine Angier était l’épouse du notaire royal Pierre Razeau (1656-1665). Institué par les chapelains du Gué-de-Maulny le 10 mars 1650 (AD Sarthe, G 671, f° LXXXII ; AD Mayenne, B 48); confirmé le 24 mars 1664, il obtient de nouvelles provisions le 25 mai de la même année et est reçu au siège des exempts le 7 juin (AD Mayenne, B 48, f° 22v°). Il figure au nombre des quatre notaires royaux « réservés » pour la résidence de Laval par l’état du 19 septembre 1665 (AD Mayenne, B 51, f° 83v°, et Bibl. mun. Laval, vol. 12129, pièce 30). Il résigne le 22 octobre 1669 en faveur de Julien Pottier.    
Aux f° 78/79, commencent les notes personnelles de Jacques Le Blanc retraçant le parcours du livre d’heures:

Moy Jacques Le Blanc ancien advocat nasquit lonze juin 1610 marié en avril 1630 / avec Renée Moraine / espousé en may, en juin plaide ma premiere cause au bareau de Laval //  le 27 may 1677 ay et fait doyen des advocats
I- Pierre Razeau, notaire royal mari de Magdeleine Angier
II- Adnecte Razeau femme de Jacques Nepveu (1) 
III- Renée Nepveu femme de Pierre Guyllot
IV- Adnecte Guyllot femme de Mathurin Bigot sieur de la Roche en
V- Claude Bigot femme de maistre Ollivier Le Blanc advocat a Laval sr de Champagné
VI- Jacques Le Blanc advocat sr de la Vignolle mari de Renée Moraine
VII- Jean Le Blanc sr de la Noerie et Marguerite Choquet ont eu Jacques et Marie le Blanc aux quels je laisse les presentes heures comme ma mere Claude Bigot me les a laissées le jourdhuy 27 may 1677….

f° 80 : 

Le 15 octobre 1664, Francois Le Blanc mon filz aisné du 2. lict (2) a pris possession d’une prebende a St Thugal de Laval que mons. le duc de La Tremoille*, sr de Thouars, comte de Laval, ma donner pour

D’autres notes intéressent la famille Le Blanc et alliées. Le livre d’heures passa par la suite entre les mains d’Ambroise-François Hardy de Lévaré (° 20 juillet 1749), apparenté à l’ancien maire de Laval, qui y inscrit sa généalogie depuis ?? (difficile à lire sur photo) Hardy X Jeanne de La Bellangerie (3).

Une autre particularité de ce livre d’heures est la présence exceptionnelle de nombreux badges de pèlerinage collés à l’intérieur par son premier possesseur (saint Eustache/ Hubert, saint Maurice, sainte Vierge, saint Mathurin)


Photo Galerie Les Enluminures

Notes
(A) Jacques Le Blanc de la Vignolle est né le 11 juin 1610. Dès 1630 il exerce comme avocat à Laval. Marié avec Renée Moraine, dont il aura 5 enfants, et devenu veuf avant 1660, il se remarie avec Adnette Lasnier († 15 novembre 1670), qui lui donnera 3 enfants. Sa situation de fortune n’était guère brillante car, s’il avait acheté le lieu des Guettes (Argentré), il fut obligé de vendre aux Dominicains celui de la Vignolle (Montflours) dont il portait le nom. S’il conserva le lieu patrimonial de Champagné, il en recevait d’avance le fermage qu’un de ses gendres lui payait par acomptes après avoir garni la ferme de bétail. Sa clientèle pourtant dut être nombreuse, car il avait l’estime générale de ses concitoyens, qui le députèrent avec François Hennier vers le duc de la Trémoille, chef des frondeurs dans l’ouest, en 1649, quand le marquis de la Boulaye entra au Mans avec les 4 régiments qu’il commandait. Les députés furent envoyés par le duc à Rennes auprès de sa femme, mais la paix, signée dès le mois d’avril, vint heureusement délivrer les Lavallois de leurs hésitations entre le roi et le seigneur. Sénéchal, comme son père, de petits fiefs seigneuriaux (Moulin-Geslin et Marcheru), élu en l’élection de Laval en 1650, échevin en 1658, Le Blanc de la Vignolle devint syndic et doyen des avocats en 1677. Il mourut le 18 septembre 1684 et fut inhumé le lendemain dans l’église de la Trinité, sa paroisse. On a donné quelquefois pour armes à Jacques Le Blanc de la Vignolle une vigne, mais une de ses lettres, cachetée d’un petit sceau, porte sur l’écu : deux oiseaux affrontés en chef, un lion (?) en pointe (source).
(1) Messire Jacques François Nepveu chevalier seigneur de Rouillon capitaine commandant au régiment de Penthièvre Dragons héritier de messire Pierre Jacques René Nepveu chevalier seigneur de Rouillon en son vivant conseiller du Roi lieutenant criminel en la Sénéchaussée du Mans lequel était fils de messire Pierre Nepveu écuyer aussi lieutenant criminel audit siège fils lui même de Daniel Nepveu écuyer sieur des Étrichés prévôt provincial du Maine qui était fils de Jacques Nepveu écuyer sieur des Isles lieutenant général au comté de Laval reconnaît que ledit Jacques Nepveu son trisaïeul par son testament du 19 mai 1622 à légué à ladite fabrique une rente de 10 livres affectée sur tous ses biens et promet de continuer à la servir 1784 (ADS G 885). 
(2) Jacques Le Blanc épousa en premières noces  Adenette Lasnier de la Houssaye, née en 1617.
(3) Voir le fonds Hardy de Lévaré aux ADM, 14J 42-51.
* Henri III de la Trémoïlle, (22 décembre 1598, Thouars – 21 janvier 1674, Thouars), fils de Claude de la Trémoille. Il est duc de Thouars, duc de La Trémoille, prince de Talmont et de Tarente, comte de Laval (Mayenne), de Montfort, de Taillebourg et de Benon, et baron de Quintin.

Description du livre d’heures sur le site de la Galerie Les Enluminures [ lien ]
Galerie LES ENLUMINURES

30 Nov 2016
Jean-Luc Deuffic

Décembre 2016 : Ventes à venir, publication

VENTES
SOTHEBY’S : Medieval and Renaissance Manuscripts 06 DECEMBER 2016 | 10:30 AM GMT | LONDON Catalogue en ligne

CHRISTIE’S : Script and Illumination: Leaves from Medieval and Renaissance Manuscripts. Catalogue en ligne

BLOOMSBURY AUCTIONS London WESTERN AND ORIENTAL MANUSCRIPTS AND MINIATURES Wednesday 7th December 2016
http://www.dreweatts.com/media/bloomsbury/auctions/36238.pdf

PUBLICATION
Libro de Horas de la Reina Dª Leonor de Portugal (Biblioteca Nacional de Portugal)
http://www.circulocientifico.com/taberna-libraria/otras-obras-t/libro-horas-la-reina-dona-leonor-portugal/

31 Mai 2016
Jean-Luc Deuffic

Nouvelle identification : les Heures de Robert de Guetteville (Paris, BnF, Arsenal, 1181)

J´AIME TANT FORT UNE – Stundenbuch Charles VIII : c’est le sublime titre du beau livre qu’Ina Nettekoven nous prépare pour la rentrée prochaine…


Source : Hirmer

Ina Nettekoven m’ayant récemment conduit vers un des nombreux livres d’heures de la Bibliothèque de l’Arsenal, le ms. 1181, des anciennes collections de M. de Paulmy, j’ai été quelque peu intrigué, en consultant la notice qui lui était consacrée, de la lecture des armoiries qu’il porte au f. 38 : \ »d’hermine plein. On retrouve ces mêmes armoiries dans la bordure du folio 29 vo, et dans l’initiale du folio 85\ ».
Au premier coup d’oeil, j’ai pu juger qu’il ne pouvait s’agir d’hermine, mais de quelque chose ressemblant à une étoile à quatre branches. En définitive, nous sommes ici en présence d’un meuble héraldique assez peu courant : le chausse-trape (voir wikipédia). Aussi, les armoiries du ms. 1181 doivent-elles être lues : D’argent, semé de chausse-trapes de sable.
Ces armes sont celles de Robert de Guettevile, nommé greffier le 16 avril 1454, quand la Chambre des Requêtes fut réorganisée (Paris, An, X1a 1483, f. 151, 153 ; X1a 8505, f. 150v), puis, entre 1463 et 1490, conseiller lai au Parlement de Paris. Il épousa Jeanne Amiart, dont: Guillemette (épouse Jean Hurault), Marie, Léon ? qui lui succéda au Parlement. Fondateur de la chapelle Sainte-Geneviève à Saint-Nicolas des Champs (20 juillet 1490; offre un calice d’argent), il y fut inhumé.
Sur ses armes voir la fiche BIBALE / IRHT:


BIBALE / IRHT http://bibale.irht.cnrs.fr/php/f.php?t=3793

Biblio : Prosopographie des gens du Parlement de Paris, éd. M. POPOFF, 1996, t. I, p. 627 ; DUPONT-FERRIER (G.). « Les avocats à la Cour du Trésor… », B.E.C., t. 97, 1936, p. 79 ; MAUGIS (É.). Histoire du Parlement, t. III, 1916, p. 110

La reliure en maroquin, semée de marguerites, du manuscrit 1181, porte sur ses plats : « Jehan de Sermoise. — Françoise Planson. ».
Ce couple est attesté à la fin du XVIe siècle du côté de Saint-Germain-en-Laye : le 21 septembre 1592, Jeanne Raffron, veuve de Guillaume Planson, demeurant à Saint-Germain en Laye, fit donation sous certaines conditions à Françoise Planson, femme de Jean de Sermoise, sa fille de tous les biens meubles et immeubles qui lui appartenaient ou qui pourraient lui appartenir (Paris, AN, Y//134, f. 38v) .

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