27 Juil 2010
Jean-Luc Deuffic

« … Je me remembre Maistre Jean Binel … »

Le dix-huitième de novembre,
L’an mil quatre cent soixante-cinq,
Fut fait docteur, je me remembre (1)
Maistre Jean Binel, et y vint
Grande abondance de seigneurs
Moult nobles et de grandes valeurs.
L’Université assemblée
Bien festoya cette journée
Et si honorablement que s’en taire
Mieux cy vault que dire du contraire.

C’est ainsi que messire Guillaume Oudin, contemporain, prêtre sacriste de l’abbaye Notre-Dame de Ronceray, relate l’accession au doctorat universitaire de Jean Binel (2).
Un acte du 15 Octobre 1433 fait déjà mention de Jean Binel, seigneur de Lessé, en qualité de trésorier d’Anjou. Né à Saumur, il fut professeur de droit à Angers. « Il fut aussi docteur ès lois, juge ordinaire d’Anjou, et chancelier d’Alençon », ambassadeur à Venise (où il est traité de « famosus doctor »).  Dans un compte qu’il rendit en 1486, on trouve la note d’une dépense à laquelle l’Anjou fut taxée pour la représentation du fameux mystère de la passion, composé par Jean Michel, d’Angers. M. de Caignat et le père Montfaucon ont donné le dessin du tombeau (aux Jacobins d’Angers) de Jean Binel, mais se sont trompés en plaçant sa mort en 1464, advenue en réalité à Tours le 18 mai 1491.
Les armes de Binel étaient d’argent à l’aigle éployée de gueules.

René d’Anjou, connaissant les mérites de Jean Binel, le nomma chancelier de Provence, après la mort du vénérable Jean des Martins. Binel lui répondit la lettre suivante :

Sire, je me recommande à vostre bonne grâce, tant et si très humblement comme je puis. Et vous plaise sçavoir, sire, que par Loys porteur de ces présentes, ay receu les lettres qu’il vous a pleu m’escrire, contenant que vostre vouloir est de me commettre en vostre office de chancelier, de présent vacant, par le décès de feu vostre chancelier, à qui Dieu pardoint. Sire, en ce et aultres chouses despiéça (depuis longtemps), ay cogueu et cognoys que de vostre bonté et bénignité vous avez eu et avez vouloir et affection à moy ; car me offrez le plus grant honneur et estat que jamais pourrois avoir, dont je vous remercie, si très humblement comme je puis.
Sire, l’honneur et estat qu’il vous plaist m’offrir je n’ouseraye accepter, pour ce que je sçay et cognois que de moy n’y seriez servi, comme il appartient, et que par adventure vous entendez le devoir estre. Car jamais je ne fus au pays, je ne cognois ne entends la manière de faire et coustumes de par de là, et mesmement n’en n’entends le langage ; et ainsi bonnement ne vous y sauroye servir, au moins comme l’estat et office, qui est en justice le plus grant et le plus honorable de vos pays, le requiert.
Sire, s’il vous plaist que ne croyez pas que le regret de la ville et du pays dont je suis natif, de la maison, de ce petit héritaige que je puis avoir, ne de mes parents et amys de par deçà, ne aussi la crainte de l’air de par delà, qui est peut-être plus gras et plus fort qu’il n’est icy, me le feront faire ; car il n’est chouse que ne voulsisse de bon cueur abandonner et repousser pour vostre service, non seulement mon vaillant, mais aussi bien ma personne et ma vie. Et bien mal me seroit que de vostre grâce me vouldriez avancer en si grant honneur et estat, il vous tournast par mon défault à desplaisir ou domaige.
Pourquoy, sire, vous supplie très humblement, qu’il vous plaise m’avoir pour excusé, et me tenant à vostre grâce, tousjours me mander et commander vos bons plaisirs, et je les accomplirai à mon pouvoir au bon plaisir (de) Nostre Seigneur, auquel je prye qu’il vous doint très bonne vie et longue, et accomplis, sement de vos très nobles désirs.
Escript en vostre ville de Saulmur, le samedi 23e jour d’avril 1475.
Vostre très humble et très obéissant serviteur,
Jean Binel

(Source : Théodore de Quatrebarbes, Oeuvres choisies du roi René, avec une biographie et des notices, I, Angers, 1848, p. cxxx-cxxxi 

Notes
(1) \ »Fait de (se) remettre en mémoire, de (se) rappeler qqc., souvenir\ »
(2) Revue de l’Anjou et du Maine, I, 1857, p. 2-3.

Le nom de Jean Binel se retrouve sur plusieurs manuscrits :
Au f. 367 du ms Rouen BM 10 (ancien A32), une Bible du XIIIe s., est un acte de vente aux encheres (1462) de ce manuscrit, adjugé pour la somme de vingt-trois 6cus d’or par « Jean Lemercier, garde de la librairie de l’université d’Angers », à « Maistre Jehan Binel, licencie en loys, seigneur de Lesse » . Il avait appartenu auparavant à Jean de Cherbeye (ou d’Escherbaye), qui 1’avait acheté 40 francs. Une liste de livres de droit, avec les prix auxquels ils avaient été payés, probablement en 1291, couvre le f. 371v.


(C) London, British Library, Burney 209, détail. Marque des Jésuites de Paris.

Un exemplaire incomplet des Institutes de Justinien, Angers BM 334, du XVe s. porte également la marque de Jean Binel : \ »Pro me Johanne Binel, legum minimo doctore\ ». (Catalogue généra, \ »Angers\ », Paris, 1898, p. 312-313)


Angers BM 334. Détail, f. 10. © Institut de recherche et d’histoire des textes – CNRS. Base Enluminures

Enfin, citons à la British Library, sous la cote Burney 209, un Valerius Maximus, Facta et dicta memorabilia, copié en 1463 par Jean Davarant. On peut y lire :

Arietis diuo fauente num(in)e luce tercia Anno incarnac(i)o(n)is do(mini)ce mille(si)mo quadringente(si)mo sexagesimo tercio. Est hic Valerii maximi historiographi complete graficatus liber pro […lignes grattées …] D(omi)no meo colendissi(m)o mag(ist)ro Johanne binel arciu(m) mag(ist)ro ac in legibus licenciato. Me Johanne dauarant et si fas de seip(s)o talia fari foret, arciu(m) mag(ist)ro legu(m) baccalario et tu(n)c t(em)p(o)ris in fructuu(m) universitate amplissi(m)a pro norma(n)nor(um) natione procuratore. Manib(us) protrahente ; Dei genitrici laudes. Amen. (f. 179v) ;

Signature (identique à celle du manuscrit d’Angers) :

Pro Iohanne binel legum minime doctore Binel (f. 181).

Le manuscrit a fait, par la suite, partie des collections de Gilles Ménage (1613-1692), le philologue bien connu. Voir description et bibliographie de ce manuscrit sur le site de la British Library [ Lien ]


Gilles Ménage (1613-1692)

24 Juil 2010
Jean-Luc Deuffic

Les Oratoriens de Nantes : épaves d’une riche bibliothèque … (suite)

Nous avions dans une précédente note fait état de quelques épaves de l’ancienne bibliothèque des Oratoriens de Nantes. Aux quelques manuscrits relevés nous aimerions en ajouter deux autres. En premier lieu, celui qui se trouve actuellement conservé à la Bibliothèque universitaire d’Austin, USA (Harry Ransom Humanities Research Center HRC 040), un recueil de textes et de chroniques du XVe s. aux armes du célèbre Guillaume Budé (sur le personnage =>).


Guillaume Budé par J. Clouet. ca 1536. MMA.


Armes des Budé : d’argent, au chevron de gueules accompagné de trois grappes de raisin pourpre, pamprées de sinople. Ces armes sont celles de Guillaume Budé, l’arrière-grand oncle de l’Humaniste, anobli en 1397 pour la charge de « maistre des garnisons de vins du Roy et de la Royne » qu’il occupat auprès de Charles VI.
http://www.digital-scriptorium.org

Nous y avons reconnu au f.1 l’ex-libris (XVII/XVIIe s.) des Oratoriens de Nantes :


http://www.digital-scriptorium.org

De même nous avons remarqué sur le premier folio le cachet très caractéristique du Comte de Kergariou (+1849) (1) avec sa devise « Là ou ailleurs » :


http://www.digital-scriptorium.org

 

Ce manuscrit, par la suite, entra dans les collections de la comtesse Le Gualès de Mezaubran (issue d’une très ancienne famille du Tregor) qui fit vendre à Londres, en 1951, par la maison Sotheby’s, 8 manuscrits médiévaux, celui-ci lot 25.

Description et images sur le site Digital Scriptorium.
Austin, USA : Harry Ransom Humanities Research Center [ Lien ]
Medieval and Early Modern Manuscripts Collection : Database and Digital Images [ Lien ]

Note

(1) Sur ce bibliophile breton voir Jean-Luc Deuffic, « Le comte de Kergariou. A propos d’un Livre d’heures… et de saint Fiacre », dans Notes de Bibliologie. Livres d’heures et manuscrits du Moyen Âge identifiés (Pecia, Le livre et l’écrit, 7), Brepols, Turnhout, 2010, p. 171-175. [ Lien ]

Un psautier (ca 1460), peut-être d’origine ligérienne, dont la décoration est attribuée au Maître de Coetivy, présentement conservé à la Walters Art Gallery de Baltimore (W 297), porte l’ex-libris des Oratoriens de Nantes : Oratorii nanne[tensis] / Ddd. 51.
Biblio : L. M. C. Randall, Medieval and Renaissance Manuscripts in the Walters Art Gallery, Vol. II, France 1420-1540, 1992, p. 166-170, pl. XIIIc, fig. 239, 240.


(c) Walters Art Gallery W 297, f. 202.

Parmi les ouvrages imprimés issus de la bibliothèque nantaise des Oratoriens citons un exemplaire de Giovanni Battista dell Porta, Magiae naturalis, sive de miraculis rerum naturalium libri IIII, Naples, Mathiam Cancer, 1558, actuellement en vente :

LE MARCHANT (Jacques) /MARCHANTIUS/. – De Rebus Flandriae Memorabilibus liber singularis, ad eodem Flandriae Principes carmine descripti. Ad Lamorallum Principem Gauerae, Comitem Egmondae, etc. Antverpiae, Ex officina Christophori Plantini, 1567, in-12, 86-[2] p., page de titre ornée d’un bois avec la marque de Plantin, demi-basane blonde, dos à 4 nerfs orné de filets, roulettes et fleurons dorés, pièces de titre en veau rouge, ex-libris ms. au titre « oratorii Nannetensis » et imprimé au contreplat de V. Meganck de Wolf = Vente Ferraton.

Walters Art Gallery of Baltimore [ Lien ]
Vidéo : Restauration de la chapelle de l’Oratoire de Nantes | Lien |
Ouvrage de référence : A. Bachelier, Essai sur l’Oratoire à Nantes au XVIIe et au XVIIIe siècles. Librairie Nizet & Bastard, Paris, 1934.

Sur les manuscrits des Budé, voir :
H. Omont, « Georges Hermonyme de Sparte, maître de grec à Paris et copiste de manuscrits, suivi d’une notice sur les collections de manuscrits de Jean et Guillaume Budé », et de notes sur leur famille, dans Mémoires et Bulletin de la Société de l’histoire de Paris et de l’Ile-de-France, t. XII, 1885, p. 5-57.

22 Juil 2010
Jean-Luc Deuffic

Maitre Gui D’Avenel, conseiller au Présidial du Mans (ca 1570), à propos d’un Livre d’heures …

A la vente de Montignac-Lascaux du 24 août prochain, l’étude Galateau disperse un très bel ensemble d’où ressortent plusieurs pièces exceptionnelles, incunables et manuscrits.
Le lot 647 est un Livre d’heures à l’usage de Rome du XVe siècle dont l’enluminure est attribuée au Maître de Jean d’Albret, nommé ainsi d’après deux incunables parisiens qui lui étaient destinés. 195 x 135 mm. Reliure en maroquin brun du XVIIe siècle. Dos à nerf orné. Plats ornés au centre d’une plaque dorée : Christ en croix, Marie et saint  Jean.

Au f. 74v, un ex-libris du XVIe siècle : je suis à Marguerite Bellangier femme de m. Guy Davenel
Ce dernier personnage n’est pas un inconnu. Licencié \ »ès-lois\ », il exerçait comme contrôleur des \ »deniers communs\ » du Mans en 1554 (ADS, G 88). Jusqu’en 1571 il fut conseiller au Présidial du Mans, année où il laissa sa charge à Charles Davenel, son fils. Il épousa Marguerite Bellanger, fille de Jacquine Amy et de jehan Bellanger.
Le Livre de famille de Pierre Bellenger et Marguerite de la Porte relate la naissance d’une certaine Marguerite, apparentée  : \ »Le XVIIIe jour de mars Mil Vc trente et huict, fut née Margarite Bellengier, à une heure après mynuit, et fut baptisée à Saint-Benoist ; parain M\ » Jehan Le Boucher, chanoyne de Sainct-Pierre ; mareines : Jacquine Amy, femme de Jehan Bellengier, capitaine pour le roy du navire SainctPhelippe, et Margarite Ferrault, femme de Denis Heullant\ »,
\ »Il a existé dans la province du Maine une famille de Bellanger, sgr de Bizerais en la par. de Spay et du Gué, qui, le 10 mai 1599, obtint une ordonnance de confirmation de noblesse des commissaires généraux chargés du régalement des tailles, dans la personne de Nicolas Bellanger, sgr de Bizerais et du Gué\ » (Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, I, p. 421).
Biblio : J. Chappée, \ »Un Livre de famille manceau (familles Bellenger, Hoyau et Le Divin)\ », dans La Province du Maine, XI, 1903, p. 354-359; 378-383. Etude à partir de notes manuscrites tirées d’un Livre d’Heures imprimé, à l’usage du Mans, chez Yolande Bonhomme, en 1532.
Un acte du 31 octobre 1542 fait mention \ »d’honorable femme Jacquine Amy, veufve de deffunct noble Jehan Bellenger, sieur des Bizerais et du Perrigne comparant par Me Guy d’Avenel, son gendre\ » (ADS, E 87).
Le patronyme Davenel est très présent en Ille-et-Vilaine, dès le XVIe s.

Voir description d’après le catalogue de la vente Galateau [ Lien ]

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17 Juil 2010
Jean-Luc Deuffic

Le missel-pontifical de Roland de Neufville, évêque de Léon (+ 1613)

La riche bibliothèque municipale de Lyon conserve sous la cote 521 (Delandine 441) l’imposant missel-pontifical de Roland de Neufville, évêque de Léon. Ce manuscrit, qui ne renferme que le Commun du temps, quelques messes votives et diverses bénédictions et préfaces, a été écrit sur parchemin : 170 f. de 500 × 347 mm. La reliure est en maroquin rouge.

L’ouvrage porte à plusieurs reprises les armes du prélat (ci-dessous, f. 3) Neufville (De gueules au sautoir de vair) / Ruffier ( D’azur à dix billettes d’argent, 4, 3, 2, 1) : 

 
 (c) Lyon BM

Au f. 1v, l’évêque est à l’autel, présenté par saint Pol de Léon, terrassant le dragon. Au-dessus le nom : Rolandus de Neufville, episcopus Leonensis. Ses armes reparaissent, séparées ou réunies, dans les encadrements, avec le chiffre de l’évêque R. D. N. et sa devise « Domine, exalta te, trahe te ad me. » . 


Suivant le catalogue, au \ »f. 1se trouve une grande peinture héraldique, portant les armes suivantes que décrit le catalogue : écartelé, au un de gueules, à la croix en sautoir moirée d’argent et d’azur ; — au deux parti, au un d’azur, à dix billettes d’argent posées quatre, trois, deux et un, au deux échiquete d’azur et d’argent ; — au trois contrécartelé : au un d’azur, à dix billettes comme dessus ; au deux burelé d’argent et d’azur de dix pièces ; au trois losangé de gueules et de sable, chargé d’une croix d’argent ; au quatre contrécartelé, aux un et quatre d’argent, aux deux et trois de gueules à un lambel de trois pendants d’argent ; — au quatre contrécartelé : au un d’azur, à trois chevrons denchés d’argent ; aux deux et trois de gueules, à neuf mâcles d’or posés en pal, accompagnés d’un lambel de trois pendants d’argent ; au quatre d’or à trois… de sable, accompagnés de dix merlettes de sable, posées quatre, trois, deux et un. — Sur le tout, de gueules à la croix pattée d’or. Tenants : deux licornes, crosse et mitre d’évêque. Au-dessus le nom : Rolandus de Neufville, episcopus Leonensis\ ».


(c) Lyon BM

François du Fou (que je remercie) me suggère ces possibles identifications :
– 1er : de gueules au sautoir de vair (qui est Neufville ou Neuville)
– 2ème : parti, au 1er Ruffier OU d’azur à dix billettes d’argent 4, 3, 2 et 1 (qui est Robien) OU d’azur à dix billettes d’or (qui est Perrier) ; et au 2ème : échiqueté d’argent et d’azur (qui est La Houssaye OU Le Fer)
– 3ème : contre-écartelé au 1er : Ruffier, Robien ou Perrier, au 2ème : burelé d’argent et d’azur de 10 pièces au croissant de gueules brochant (qui est Tréal), au 3ème : de gueules à la croix d’or frettée d’azur (qui est Le Scaff), au 4ème : écartelé d’argent et de gueules, brisé d’un lambel d’argent (qui est Raguenel OU Le Roux)
– 4ème : contre-écartelé au 1er : d’azur à 3 chevrons d’argent (qui est Plumaugat), aux 2ème et 3ème : de gueules à 9 macles d’or 3, 3 et 3, brisé d’un lambel d’argent (qui est Montauban), au 4ème : d’or à trois fasces nouées de sable, accompagnées de 10 merlettes de même, 4, 3, 2 et 1 (qui est ?) et sur le tout, de gueules à la croix pattée d’or (qui est Baudouin de Villembrois, OU De Savonnières OU Renault)
Aux f. 40 et 41 : la Crucifixion et Dieu le Père.

Au f. 98, le nom : « Jacques Jamiaux, fils de Mathurin Jamiaux. » (XVIIe siècle.)
Le patronyme JAMIAUX est caractéristique d’Ile-et-Vilaine. Un Jacques Jamiaux, sans doute l’ancien possesseur du missel-pontifical de Roland de Neuville, fut sous-fermier des devoirs de Rennes au XVIIe s. (Archives municipales de Rennes, FF442 = Lien)

Roland de Neufville
, fils de Regnault de Neufville (1), sr du Plessix-Bardoul et de Charlotte Ruffier, naquit vers 1530. Dès 1551 il a la charge de l’abbaye des chanoines réguliers de Saint-Augustin de Saint-Jacques de Montfort. Nommé évêque de Saint-Pol-de-Léon en 1562 (sous la protection du duc d’Etampes), il prête serment au roi le 25 octobre 1565. La famille de Neufville, sr du Plessix-Bardoul. Ref. 1454, 1477, 1513, paroisses de Domagné, Orgères et Pléchatel, ancien diocèse de Rennes, portait de gueules au sautoir de vair. (De Courcy, Nobiliaire, p. 283). Bardoul fondue dans Neufville.

Le gisant de l’évêque de Neufville se trouve en la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Une verrière disparue du peintre de Lesneven Alain Cap (XVIIe s.) le représentait. Son épitaphe nous apprend qu’il décéda à Rennes le 5 février 1613 :
Cy gist messire Rolland de Neufville puisné de la Maison du Plessis-Bardoul, en son vivant Evesque de Léon, lequel décéda en la ville de Rennes le cinquième jour de Feuvrier 1613. agé de 83 ans, & fut enterré le VIe jour de Mars ; ayant possédé l’Abbaie de Saint Jac pres Monfort 61 ans & ledit Evesché 51, le laissant par sa vigilance sans aucun hérétique, (Gaignières)

Roland de Neufville, prélat humaniste, mourut en odeur de sainteté. Il fut un grand bâtisseur, faisant ériger plusieurs centaines de croix dans son diocèse, afin, disait-il, \ »que les fidèles rencontrassent partout les signes augustes de notre rédemption\ »,
L’évêque fut à l’initiative de la publication d’une vie de saint Méen : \ »Parmi les auteurs qui ont écrit la vie de saint Méen, cet écrivain (le Bollandiste) cite Albert de Morlaix ou Albert le Grand qui écrivait vers 1630; puis Pierre Viel, docteur en théologie, qui rédigea cette vie à la prière de Rolland de Neufville, évéque de Léon (sacré en 1532 et mort en 1613). Nous possédons ces deux vies. Voici le titre de la seconde : « La vie de sainct Méen, abbé au pays de Bretaigne, le 15 juin, mise en français du latin escrit à la main, pris des martyrologes et histoires anciennes dudict pays, à la diligence de Révérend Père en Dieu Roland de Neufville, évêque de Léon en Basse-Bretaigne, par M. Pierre Viel, docteur en théologie » (Revue de l’Anjou, 1890, p. 44).

En 1650, Jan Tanouarn, seigneur Duplessix Bardoul et de Kerdanouarn, abbé commendataire de l’abbaye de Montfort, résidant plus ordinairement au manoir du Plessis Bardoul, paroisse de Téchastel, diocèse de Rennes, fonde pour lui, ses parents et son oncle Rolland de Neufville, chaque jour et fête de saint Rolland, évêque de Cambrai, le 13 octobre, un double solennel, mémoire après vêpres et De profundis chanté près la tombe de Mgr de Neufville « estant dans le chœur, côté de l’Épître » (P. Peyron, La cathédrale de Saint-Pol et le minihy Léon, p. 115).

(1) Renaud de Neuville, seigneur du Plessis-Bardoul, appelé à la montre de l’évêché de Rennes, en 1541, dont le fils, Briand, ne laissa qu’une fille, son héritière, Rollande de Neuville, mariée avant le 29 septembre 1576 à Christophe de Tanouarn.

Sources : Collections numérisées de la bibliothèque de Lyon, avec plusieurs images du missel-pontifical [ Lien ]
Biblio : Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France : Fonds général. Lyon, T. XXX
V. Leroquais, Bibliothèque de la ville de Lyon : Exposition des manuscrits à peintures, Lyon, 1920. 
Pouillé historique de l’archevêché de Rennes.
Missel-pontifical cité par F. Duine, Inventaire liturgique de l’hagiographie bretonne, 1922, p. 212-213, n° ccxcviii.
Y. – P. Castel : \ »La floraison des croix et calvaires dans le Léon sous l’influence de Mgr Roland de Neufville (1562-1613)\ », dans Annales de Bretagne, t 90, 1983, p. 311-319.
Anciens registres paroissiaux de Bretagne : baptêmes, mariages, sépultures … (Pléchatel) Par Paul Paris-Jallobert, p. 23.

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