Vidéo :
UNE NOUVELLE VIE POUR LES MANUSCRITS DE CHARTRES
Manuscrit Chartres 14, f. 2v
(source :
IRHT / BVMM)
LIENS UTILES
Catalogue des manuscrits des bibliothèques publique de France : Chartres (archive.org) ou sur le CCFR [en ligne]
De Lépinois / Merlet : Cartulaire de Notre-Dame de Chartres [tome I] [tome 2] [tome 3]
F. de Mély : Le trésor de Chartres [en ligne]
Abbé Clerval / Merley : Un manuscrit chartrain du XIe siècle : Fulbert, évêque de Chartres … (1893) [en ligne]
Guérard : Cartulaire de l’abbaye de Saint-Père de Chartres (1840) [tome I] [tome 2] Le livre des Miracles de Notre-Dame de Chartres écrit en vers, au XIIIe siècle (1855) [en ligne]
Sur les manuscrits de Chartres on consultera la BVMM (Bibliothèque virtuelle des manuscrits médiévaux) de l’IRHT (Institut de Recherche et d’Histoire des Textes) [en ligne] – la base INITIALE [en ligne] – la base ENLUMINURES [en ligne]
B. Bischoff, Katalog der festländischen Handschriften des neunten Jahrhunderts, I, Wiesbaden, Harrassowitz Verlag, 1998, p. 191-195, pour les manuscrits IX/Xe s.
Sur l’école dite de Chartres [wikipedia]
\ »Bernard de Chartres et Thierry de Chartres\ » , par Jean-Barthélémy Hauréau, dans Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 16, 1872, p. 75-84 [
en ligne ]
LA NOTATION NEUMATIQUE BRETONNE A CHARTRES
Le graduel de Chartres, ancien manuscrit 47 de la Bibliothèque municipale, à l’origine de l’expression « notation chartraine » pour désigner jadis la notation bretonne, reste un témoignage important de sa diffusion. Les liens entre Chartres et la Bretagne, de toute ancienneté, se sont affirmés à l’époque de l’exode des corps saints hors de Bretagne. Le fondateur du diocèse de Tréguier, Tugdual, fut honoré par les chartrains qui conservaient de lui de précieux restes dans un reliquaire où l’on voyait « sur la couverture quelque point d’histoire de la vie » du saint. Au reste, l’église de Tréguier continua jusqu’à la fin du Moyen Âge d’utiliser des livres liturgiques à « l’usage de Chartres », encore présentés dans l’inventaire de 1626. Turiaw, le saint de Dol, était de même glorifié par la cathédrale Notre-Dame : « A main gauche en entrant est une gran[…] chasse ou est le corps de st Turien E de […] en Bret. qui mourut en 841 hugues de […] chartre la fit couvrir dargent en 12[…] ». Sur ce reliquaire couvert de vermeil doré, le saint était représenté « en relief … dans un portique enrichy de pierreries ». Outre la cathédrale, le monastère de Saint-Père de Chartres, où reposait le corps de saint Guilduin (27 janvier 1077), chanoine de Dol, était certainement en contact avec la Bretagne, depuis que Nordoard, évêque de Rennes, et Mabbon, évêque de Saint-Pol-de-Léon avaient souscrit à sa fondation en 954. L’expression scottisca littera employée dans l’inventaire des manuscrits de l’abbaye chartraine semble recouvrir un ouvrage de haute antiquité, en écriture insulaire, probablement issu de Bretagne continentale. Dans la première moitié du XIe siècle Ascelin le Breton, disciple de Fulbert de Chartres (ca 960-1028), sacerdos egregius, fit don à la cathédrale de plusieurs livres précieux (librorum bonam copiam). Enfin, un recueil (début XIe siècle?) comprenant une version de l’Historia brittonum, d’extraits d’Isidore de Séville, de commentaire de Raban Maur, conservé par le chapitre, malheureusement détruit en 1944, procédait certainement d’un scriptorium (ou d’un exemplaire) breton. Si la notation française était de mise à la cathédrale et à Saint-Père, la présence ponctuelle de neumes bretons sur certains ouvrages liturgiques concrétise l’existence effective de Bretons dans ces communautés. Au reste, Saint-Père se trouvait également en contact avec Fleury, comme le prouvent certains échanges de manuscrits (Cf Chartres, BM 40, manuscrit détruit en 1944, composé en scriptura romana (onciale). Au f. 58, ex-libris de Fleury : « hic est liber sancti Benedicti abbati Floriacensi » ; au f. 1, du XVIIe siècle : « Ex-libris monasterii S. Petri Carnotenis … Ce livre a esté apporté de Saint-Benoist sur Loyre et apparemment des le temps que Ragenfredus remit icy les moynes ». L. Merlet, « Catalogue des livres », p. 266-267, n° 26) .
§ Chartres, Bibliothèque municipale, 47. S. Gregorii Magni antiphonarium. Parchemin. 85 f. 295 x 215 mm. Xe siècle. Reliure parchemin. Provenance : abbaye Saint-Père de Chartres dès le XIe siècle. Manuscrit détruit en 1944…. Edition fac-similé d’après celle de Solesmes 1912 : Le Codex 47 de la Bibliothèque de Chartres (Paléographie Musicale XI). Antiphonale Missaru. Texte & Index par Dom Amand Ménager. Les Éditions de Solesmes, Abbaye Saint-Pierre-de-Solesmes, 1997.
§ Chartres, Bibliothèque municipale, 110. Recueil patristique (Grégoire le Grand ; Sedulius). Quatre parties, la seconde, f. 40-88, Xe siècle. Au f. 88, addition du XIe siècle : hymne A solis ortus cardine, la première strophe notée en neumes bretons. Parchemin. 220 f. 240 x 170 mm. Provenance : Saint-Père de Chartres. Catalogue général des manuscrits, p. 59-60. M. Huglo, « Le domaine de la notation bretonne », p. 30. Carl P.E. Springer, The manuscripts of Sedulius : a provisional handlist, American
Philosophical Society, 1995, p. 209.
§ Chartres, Bibliothèque municipale, 152. Saint Augustin, De sancta Trinitate. Copiste : Amalbertus. Quelques antiennes de l’office de la sainte Trinité, ajoutées dans la première moitié du XIe siècle – elles précèdent l’épitaphe de l’abbé Landri, mort vers 1069 –, ont reçu des neumes bretons, mélangés à des neumes français. Parchemin. 176 f. 335 x 245 mm. IXe siècle (seconde moitié). Origine : Saint-Germain des Prés (B. Bishoff).
Extraits de :
Jean-Luc Deuffic, « La notation neumatique bretonne : manuscrits et centres de diffusion (Xe-XIIe siècle) », dans J. Haines (ed.), The Calligraphy of Medieval Music (Musicalia Medii Aevi, MUMA 1), Turnhout, Brepols, 2011, p. 63-90.