Even, le secrétaire breton de saint Thomas d’Aquin (+ 1274)
Le célèbre théologien et philosophe Thomas d’Aquin (ca 1225-1274) avait à sa disposition nombre de secrétaires dont l’un, sans doute clerc séculier, professionnel de l’écriture, était originaire du diocèse de Tréguier, et se nommait Even Garuith (Garvez?). Guillaume de Tocco relate une anecdote du breton racontant comment Thomas d’Aquin, après lui avoir dicté, s’étant assis pour se reposer, s’endormit et continua à dicter même en dormant …
The famous theologian and philosopher Thomas Aquinas (c.1225-1274) had several secretaries, one of whom, Even Garuith (Garvez?), who was almost certainly a secular clerk and a professional scribe, was from the diocese of Tréguier. Guillaume de Tocco notes how a Breton told the tale of how Thomas Aquinas, having dictated to Even, sat down to rest, fell asleep, but continued to dictate even in his sleep…
De quo (Thomas) retulit scriptor suus, quidam Bricto, Euenus Garuith Trecorensis dyocesis, quod postquam dictauerat sibi et duobus aliis scriptoribus quos habebat, tanquam fessus pre labore dictandi, ponebat se dictus doctor pro pausationis gratia ad quietem, in qua etiam dormiendo dictabat.
Biblio
Jean-Pierre Torrell O.P., Initiation à saint Thomas d’Aquin, Cerf & Editions universitaires de Fribourg, 2002, p. 353-354.
Claire Le Brun-Gouanvic, L’histoire de saint Thomas d’Aquin de Guillaume de Tocco, traduction française du dernier état du texte (1323),Cerf, Sagesses chrétiennes, 2005.
Illustration: Angers BM 208. Fin XIIIe s. Saint Thomas enseignant. Détail f. 1.
© Institut de recherche et d’histoire des textes – CNRS
Guillaume de Rennes (ca 1250)
Parmi les universitaires bretons du Moyen Âge, le nom de Guillaume de Rennes reste associé à un important traité sur la Somme du catalan Raymond de Penyafort, dont il nous reste de nombreux manuscrits.
(c) Bibliothèque de Valenciennes ms 212. Détail du f. 2v.
Guillaume serait originaire de Thorigné-sur-Vilaine, près de Rennes, et plusieurs manuscrits le présentent comme magister in decretis et pariter in legibus, officialis Senonensis, Remensis et Turonensis (Graz 824, Erlangen 363). Il serait mort au couvent d’Orléans.
Peut-être est-il celui qui figure dans le nécrologe-obituaire de la cathédrale du Mans (fin du XIIIe s.) au 1er décembre:
Eodem die, obiit frater Willelmus Redonensis, de ordine predicatorum; vir magne fame et magni consilii, qui antea fuerat hujus ecclesie canonicus et magister scolarum, et postea archidiaconus de Sabolio (= Sablé). Cujus anima requiescat in pace.
G. Busson & A. Ledru, Nécrologe-obituaire de la cathédrale du Mans, Archives Hist. du maine, VII, Le Mans, 1906, p. 322.
Manuscrits de Guillaume de Rennes
Valenciennes BM ms 212 (203). Raimond de Penafort. Summa de casibus. – Début : Quoniam, ut ait Jeronimus de penitentia, secunda post naufragium… Sur les marges, commentaire perpétuel de Guillaume de Rennes : Ait Jeronimus de penit., dist. I, cap. vero : Secunda tabula. Tabula hic dicitur baptismus… A la fin du livre IV : Explicit summa de matrimonio. – Explicit correctio super matrimonium. A la fin du volume, les neuf vers connus :
Incestum faciens, corrumpens aut homicida…
Si male de bulla pape tractaveris ulla.
Puis recettes médicales.
XIIIe siècle. Parchemin. 1 et 355 feuillets à 2 col. et à longues lignes. 235 x 156 mm. Initiales de couleur, quelques-unes rehaussées d’or. Rel. bois, peau blanche. – (Abbaye de Saint-Amand; ancien R, 242; Sanderus, R, 183.) [En ligne]
> Voir le manuscrit numérisé Biblioteca Pública del Estado en Tarragona ms. 82 [En ligne]
> Berlin, Staatsbibliothek zu Berlin Ham. 30 [En ligne]
> Erlangen, Universitätsbibliothek ms 362 [En ligne] 363 [En ligne]
> Köln, Historisches Archiv der Stadt Köln GB oct. 1 [En ligne] = contient également des extraits de Guillaume Le Breton (Guillelmus Brito sive Armoricus)…
> Nürnberg, Stadtbibliothek Cent. V, 77 [En ligne] Cent. V, 93 [En ligne]
> Stuttgart, Württembergische Landesbibliothek HB VI 90 [En ligne]
> Université de Mons-Hainaut – Bibliothèque centrale – MONS – cod. 58/116 [En ligne]
> Université de Liège – Bibliothèque générale de philosophie et lettres – LIEGE – ms. 577 [En ligne]
> Berkeley University of California Robbins ms 11 [En ligne]
> San Marino, Henry E. Huntington Library HM 57 [En ligne] Ci-dessous, détail du f. 1v:
(c) Henry E. Huntington Library and Art Gallery, San Marino, California
(c) Digital Scriptorium
> Cod. Ups. C 589 [En ligne]
> Melk 1548. XIVe s. [En ligne] Inventar der Handschriften des Benediktinerstiftes Melk.
> Leeuwarden, Tresoar : PBF 587 hs [En ligne]
> Troyes Médiathèque ms 279. XIVe s. Ci-dessous détail du f. 1 avec armes à identifier:
© Institut de recherche et d’histoire des textes – CNRS
Oeuvres de Guillaume de Rennes
§ Apparatus in Summam de casibus Raimundi de Penyafort (ca 1241)
Inc. prol. : Ait Hieronymus de penit., d. I, c. 2, secunda tabula. Tabula hic dicitur baptismus vel penitentia, quia sicut nauta nave fracta adherendo alicui tabule.
Inc. lib. I: Quoniam inter crimina ecclesiastica. W. Crimina ecclesiastica sunt quorum cognitio pertinet ad ecclesiasticum iudicem, secularia vero que pertinent ad iudicem secularem.
§ Quaestiones Summae de casibus Raimundi de Penyafort adiecta.
Inc.: De temporibus et qualitate ordinandorum. Queritur de hiis qui scienter peccaverunt peccatis enormibus, ut incestu cum consanguinea vel affini spirituali vel etiam sanctimoniali.
§ Summa abbreviata.
Inc.: Aliquis secularis receptus est in canonicum regularem vel monachum. Consuetudo est quod receptus det prandium recipientibus.
Biblio: Thomas Kaepelli O.P., Scriptores Ordinis Praedicatorum Medii Aevi, Volumen II, Romae ad S. Sabinae, 1975, p. 156-159, avec liste des manuscrits.
Histoire littéraire de la France, XVIII, 1895, p. 403-406.
K. Pennington, Summae on Raymond de Pennafort’s Summa de Casibus in the Bayerische Staatsbibliothek, Munich, dans Traditio, 27, 1971, p. 471-80
Les pigments des manuscrits du Moyen Age
Un dossier de SagaScience (CNRS) est consacré aux pigments des manuscrits du Moyen Age, analysés à partir de 9 livres de l’abbaye de la Trinité de Fécamp de la fin du Xe siècle au début du XIIIe siècle.
A cette étude de Claude Coupry (Laboratoire de Dynamique, Interactions et Réactivité) est jointe une vidéo très instructive [En ligne]
SagaScience
Du même auteur on pourra consulter:
Claude Coupry, D’une science à l’autre : Chimie et manuscrits médiévaux. Étapes d’une évolution, dans le Bulletin du Centre d’études médiévales d’Auxerre [En ligne]
Egalement en ligne:
Myriam Éveno, Étude des enluminures d’un manuscrit de Saint-Amand du XIe siècle par pixe, spectrophotocolorimétrie et diffraction de rayons X [intervention du 22 mai 2003], dans Les matériaux du livre médiéval, séminaire de recherche de l’IRHT, M. Zerdoun, dir., Paris, IRHT, 2005 (Ædilis, Actes, 8) [En ligne]
Patricia Roger, Pigments et colorants anciens : exemple d’une étude comparée d’enluminures du XVe siècle [intervention du 23 mai 2002], dans Les matériaux du livre médiéval, séminaire de recherche de l’IRHT, M. Zerdoun, dir., Paris, IRHT, 2005 (Ædilis, Actes, 8) [En ligne]
Philippe Colomban, Routes du lapis lazuli, lâjvardina et échanges entre arts du verre, de la céramique et de l’enluminure [En ligne, format pdf]
Liens
BnF Chroniques : Restauration : pigments et autres secrets … [En ligne]
Quels pigments furent utilisés pour enluminer les bibles de Gutenberg ? [En ligne]
Sur le site du CERIMES plusieurs vidéos relatives aux pigments des manuscrits :
Livre du Moyen Age avec enluminure, puis manuscrit du XVe siècle avec des couleurs dites d’émail produites par les verriers : bleu de smalt à base de cobalt, jaune de Giallorino ou d’arjica à base de plomb et d’étain ou d’antimoine [En ligne avec Real Player]
The Schoenberg Database of Manuscripts
Le site web de The Penn Library de l’Université de Pennsylvania abrite désormais la base de données de Lawrence J. Schoenberg, véritable trésor bibliographique. Elle donne ainsi accès à plusieurs milliers d’entrées, manuscrits écrits avant 1600, passés en ventes publiques ou par des libraires spécialisés.
« The Schoenberg Database of Manuscripts encompasses more than 60,000 searchable entries of manuscripts written before 1600 and consisting of five or more leaves. This database is intended to be a powerful tool in :
– Locating and identifying information about particular manuscripts.
– Establishing the history and provenance of manuscripts.
– Aggregating descriptive information about specific classes or types of manuscripts.
It includes bibliographic information culled from approximately 4,000 catalogues issued by 400 dealers and auction houses since the early nineteenth century. This data is supplemented by entries from inventories and catalogues of private and institutional libraries. With twenty-nine searchable fields, it provides broad access to manuscripts through a range of discrete descriptive (i.e., vendor, catalogue name or number, item number, price, etc.) and physical (leaves, size, illuminations, etc.) properties. Multiple references to the same manuscript are cross-referenced to facilitate the tracking of individual manuscripts. The database is updated and augmented periodically on an ongoing basis. »
Source :
Michael T. Ryan, Director
Rare Book and Manuscript Library
Van Pelt-Dietrich Library
University of Pennsylvania