31 Août 2007
Jean-Luc Deuffic

Digital Scriptorium

”The Digital Scriptorium is an image database of medieval and renaissance manuscripts, intended to unite scattered resources from many institutions into an international tool for teaching and scholarly research.
Medieval and renaissance manuscripts lie at the core of the work of scholars in a great number of fields: medievalists from many disciplines, classicists for the transmission of classical texts, art historians, musicologists, codicologists, paleographers, diplomatists, to begin to name the categories. The Digital Scriptorium looks to the needs of this very diverse community, and to the limited resources of libraries; it bridges the gap by means of extensive rather than intensive cataloguing, often based on legacy data, and sample imaging.”

Le remarquable projet initié par la Bancroft Library de l’Université de Berkeley porte actuellement sur un catalogue de plus de 5300 manuscrits soit environ 24300 images numérisées. Cette base de données couvre des documents du Moyen Age et de la Renaissance provenant des prestigieuses bibliothèques d’Austin (Univ. du Texas), Baltimore (Johns Hopkins), Berkeley (UC & affil.), Columbia (Univ. du Missouri), New York (Columbia & affil., Jewish Theological Sem., New York Public Library), et San Marino (Huntington Library). D’autres établissements vont intégrer cette base (Philadelphia, Free Library of Philadelphia, par exemple). Il va s’en dire que le médiéviste trouvera là un instrument remarquable car on connait assez la richesse de ces diffèrents dépôts.
Chaque description de manuscrit (reliure, provenance, bibliographie, etc) est accompagnée de plusieurs images de très bonne qualité visibles en trois formats. La base est consultable à partir de nombreux critères.
Le site donne également accès au Guide to Medieval and Renaissance manuscripts in the Huntington Library [En ligne] qui en fait est un vrai catalogue en mode texte (index auteurs, copistes, etc) de cette très riche bibliothèque.

Managing Director :
Consuelo W. Dutschke, Ph.D.
Curator, Medieval and Renaissance Manuscripts. Rare Book and Manuscript Library
Columbia University
535 W. 114th Street. New York NY 10027
tel: 212-854-4139. fax: 212-854-1365
email: cwd3@columbia.edu

Sources : site de Digital Scriptorium [En ligne]

30 Août 2007
Jean-Luc Deuffic

Tablettes à écrire

Tabula rasa … (faire table rase) … l’expression – dit-on – était employée lorsqu’on lissait la cire d’une tablette à écrire pour en effacer le texte.


Pompéï. Ier s.

Ces tablettes en usage depuis l’Antiquité furent encore utilisées tout au long du Moyen Age.
Exemples, ces magnifiques ensembles de fabrication française acquis dernièrement par la Bibliothèque royale de Belgique :
KBR, ms. IV 1277 & 1278, avec leur étui d’origine en cuir bouilli, XIVe s.

ou celles – superbes – présentées par le Metropolitan Museum of Art de New-York :


Tablettes à écrire avec scènes de la Passion, ca. 1300–1320 (France ou Allemagne). Ivoire d’éléphant, polychrome, or. 73 x 40 x 23 mm.
(c) The Jack and Belle Linsky Collection, 1982 (1982.60.399)

On utilisait régulièrement de telles tablettes en bois de buis, buxa cerata, dont Isidore de Séville vente la robustesse et la facilité d’utilisation.
\”A côté de ces buxeae, des exemplaires plus soignés existaient, faits d’argent doré ou d’ivoire : tabulae de ebore, ex ebore, tabulae eburnae, codices eborei) expressions rencontrées chez saint Augustin ou le moine de Saint-Gall Ekkehard. Enfin, sous la plume de Raoul Glaber et bien d’autres auteurs (Pline l’Ancien, Sidoine Apollinaire, etc..) , on trouve le terme pugillares, pugillaris (de pugno : le poing, qui tient l’instrument), dans l’expression pugillares tabellae, pugillas ceras. Les tablettes étaient, le plus souvent, au moins doubles, formant ainsi diptyques, triptyques, etc., car un côté se refermait pour protéger l’autre qui servait à l’écriture, jusqu’à des livres entiers .\”


(c) Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève, ms 553, f. 105.

Sources 
Paris BnF: L’aventure des écritures [En ligne]
Vindolanda writing tablets [En ligne]
Metropolitan Museum [En ligne]
Wikipedia [En ligne]

Bibliographie
Elisabeth Lalou (éd.), Les tablettes à écrire, de l’Antiquité à l’époque moderne: Colloque International du CNRS, Paris, Turnhout, Brepols, 1992 (Bibliologia 12).
Élisabeth Lalou, Le support de cire [annexe à la séance du 3 novembre 2005 consacrée aux Matériaux de l’écrit], dans Le manuscrit dans tous ses états, cycle thématique 2005-2006 de l’IRHT, S. Fellous, C. Heid, M.-H. Jullien, T. Buquet, éds., Paris, IRHT, 2006 (Ædilis, Actes, 12) [En ligne]
Élisabeth Lalou, Les tablettes de cire médiévales : support, surface [intervention du 7 mars 2002], dans Les matériaux du livre médiéval, séminaire de recherche de l’IRHT, M. Zerdoun, dir., Paris, IRHT, 2005 (Ædilis, Actes, 8) [En ligne]
W. H. Forsyth, French Medieval Writing Tablet, dans le Metropolitan Museum Bulletin, 33, p. 259-60.
F. W. Robinson, Notes on a French Gothic Writing Tablet, dans le Detroit Institute Bulletin, 22, p. 84-7.
Marc Smith, De la cire au papyrus, de la cire au papier : deux mutations de l’écriture ?, dans la Gazette du livre médiéval, 43, 2003, p. 1-13.
Tablettes découvertes à York par une équipe d’archéologues, et conservant quelques lignes en cursiva Anglicana ( XIVe s.) : The Role of the Wax Tablet in Medieval Literacy : A reconsideration in light of a recent find from York, par Michelle P. Brown, Journal of the British Library, volume 20, n°.1, 1994.


Parmi les préceptes de la Règle de saint Benoît , cap. 55 :
\”et ut hoc vitium peculiaris radicitus amputetur, dentur al abbate omnia quae sunt necessaria, id est cuculla, tunica, pedules, caligas, bracile, cultellum, graphium, acum, mappula, tabulas …\”.
Pour plus d’informations
voir le site du Dr Dianne Tillotson : Medieval writing.

 

30 Août 2007
Jean-Luc Deuffic

St Laurentius digital manuscript library

La Bibliothèque universitaire de Lund (Suède) met en ligne plusieurs dizaines de manuscrits numérisés dont plusieurs proviennent de France, avec description précise et bibliographie. A remarquer le ms 38, Bréviaire à l’usage de Saint-Julien de Tours (XVe s., 138 f., 175 x 120 mm), portant ex-libris au f. 1r : Breviarium ad usum monasterii S. Juliani Turonensis Congr. Sti Mauri.
\”Other parts of the collection have come to the library through donations, acquisitions and testaments. Here are books by Classical authors like Cicero and Virgil, by post-classical writers like Boethius and by medieval theologians like Thomas Aquinas and Bonaventure. Here are the divine revelations of the Swedish 14th century saint Bridget, Danish and Swedish law texts as well as a Faroese manuscript with the so called Seydhabrevidh, a famous letter on sheep husbandry. We also find a copy of the Legenda Aurea, a collection of saints’ lives, of accounts of events in the lives of Christ and of the Virgin Mary and of information about holy days, by Jacobus de Voragine, very popular during the Middle Ages and a few copies of the medieval bestseller, the Book of Hours. The famous so called Lundse liederen, a fragment of a Dutch \”Minnesänger\” of the 13th century is also part of the collection. Deposited at the University Library by the Institute of Astronomy in Lund are several astronomical treatises, about the movements of the planets with descriptions of instruments with movable, threedimensional plans and diagrams. A few manuscripts are in other languages than Latin: Greek, Russian, Dutch, German, French apart from the Nordic already mentioned…

Contact :
UB Helgonabacken
Handskriftssektionen
Box 3
221 00 LUND
fax: 046-222 36 90
e-mail: handskrift@lub.lu.se
Source : site [En ligne]

30 Août 2007
Jean-Luc Deuffic

Mots de bibliophile … : Richard de Bury (1287-1345)

\”Nous pensons qu’il est avantageux d’entretenir les étudiants sur les diverses négligences qu’ils pourraient toujours facilement éviter, et qui nuisent considérablement aux livres. D’abord qu’ils mettent une sage mesure, en ouvrant ou en fermant les livres, afin que la lecture terminée, ils ne les rompent pas par une précipitation inconsidérée, et qu’ils ne les quittent point avant de remettre le fermoir qui leur est dû. Car il convient de conserver avec plus de soin un livre qu’un soulier.
Vous verrez peut-être un jeune écervelé, flânant nonchalamment à l’étude, et tandis qu’il est transi par le froid de l’hiver, et que comprimé par la gelée son nez humide dégoutte, ne pas daigner s’essuyer avec son mouchoir avant d’avoir humecté de sa morve honteuse le livre qui est au-dessous de lui… Il a un ongle de géant, parfumé d’une odeur puante, avec lequel il marque l’endroit d’un plaisant passage. Il distribue, à différentes places, une quantité considérable de fétus avec les bouts en vue, de manière à ce que la paille lui rappelle ce que sa mémoire ne peut retenir. Ces fétus de paille que personne ne retire, font sortir d’abord le livre de ses joints habituels, et ensuite, finissent par se pourrir. Il n’est pas honteux de manger du fruit et du fromage sur son livre ouvert et de promener mollement son verre tantôt sur une page tantôt sur une autre.
Il y a aussi des jeunes gens impudents auxquels on devrait défendre spécialement de toucher aux livres, et qui, lorsqu’ils ont appris à faire des lettres ornées, commencent vite à devenir les glossateurs des magnifiques volumes que l’on veut bien leur communiquer, et où se voyait autrefois une grande marge autour du texte on aperçoit un monstrueux alphabet ou tout autre frivolité qui se présente à leur imagination et que leur pinceau cynique a la hardiesse de reproduire… Et c’est ainsi que nous voyons très fréquemment les plus beaux manuscrits perdre de leur valeur et de leur utilité.
Que désormais les laïcs, qui regardent indifféremment un livre renversé comme s’il était ouvert par eux dans son sens naturel, soient complètement indignes de tout commerce avec les livres. Que le clerc couvert de cendres, tout puant de son pot au feu, ait soin de ne pas toucher, sans s’être lavé, aux feuillets des livres; mais que celui qui vit sans tache ait la garde des livres précieux.\”

Richard de Bury, Philobiblon. Tractatus pulcherrimus de amore librorum, rédigé vers 1343-1345, éd. et trad. Hippolyte Cocheris, 1856.