Les 150 ans du « Cabinet des manuscrits de la Bibliothèque nationale »
Journée d’étude (lundi 17 décembre 2018)
Fruit d’une collaboration entre l’École nationale des chartes, la Bibliothèque nationale de France et l’Institut de recherche et d’histoire des textes, cette journée étudie chacune des sections du «Cabinet des manuscrits» (1868-1881) de Léopold Delisle et met en lumière ce que cette publication a apporté à notre connaissance de l’histoire des manuscrits et les travaux ou recherches ultérieurs qu’elle a suscités.
Programme:
Mot d’accueil, par Michelle Bubenicek, directrice de l’École nationale des chartes
Introduction, par les organisateurs
Françoise Vielliard (ENC), « “Je les aimais passionnément”. La place du Cabinet des manuscrits dans la carrière de Léopold Delisle »
Véronique de Becdelièvre (BNF) et Monique Peyrafort-Huin (IRHT), « La librairie royale sous Charles V et Charles VI et le “prince des bibliothécaires” : apports et limites des recherches de Léopold Delisle. 1) L’édition des inventaires : un catalogue méthodique. 2) L’identification des personnages cités dans les inventaires »
Marie-Pierre Laffitte (BNF), « La librairie de Blois au travers des sources de Léopold Delisle »
Thomas Falmagne (Bibliothèque nationale du Luxembourg), « Une troisième version du catalogue des manuscrits de Jacques-Auguste de Thou retrouvée à New York »
Jérémy Delmulle (IRHT), « Delisle à l’école des mauristes ? Les archives personnelles des érudits bénédictins dans Le cabinet des manuscrits »
Marie Galvez (BNF), « Présentation du Comité d’histoire de la BnF. Portrait de la Bibliothèque impériale en 1868 »
Charlotte Denoël (BNF — ENC), « Delisle catalographe »
Conclusions, par les organisateurs
Javier Docampo (1962-2020), director del departamento de Manuscritos, Incunables y Raros de la Biblioteca Nacional

Samuel Gras me transmet ce texte, au sujet du décès de Javier Docampo. Je l’en remercie.
Le 27 mars 2020 nous quittait Javier Docampo, directeur du département des Manuscrits, Incunables et Rares de la Biblioteca Nacional de España (BNE, Madrid). Sa passion pour les manuscrits remonte à ses années universitaires, qu’il achevait en 1985 avec une thèse portant sur un livre d’heure à l’usage de Paris conservé à la BNE (Mss/21547). Faisant ses classes en Galice, il obtenait peu de temps après un poste à la BNE au département des Beaux-Arts. Il travailla ensuite comme conseiller des bibliothèques de Castilla-La Mancha puis à celle du Museo del Prado à partir de 2005. Il fit de cette dernière un lieu de première importance pour la recherche en Histoire de l’art en Espagne. Javier était un bâtisseur de grands projets : il avait impulsé une importante politique d’achat d’ouvrages de référence pour la bibliothèque du Prado et avait modifié son statut pour l’ouvrir aux chercheurs et étudiants et stimuler ainsi la recherche. Au cours de son étape au Prado, il était commissaire en 2010 de l’exposition Bibliotheca Artis: tesoros de la Biblioteca del Museo del Prado et, avec José Riello, La biblioteca del Greco en 2014.
En juillet 2016, Javier Docampo avait pris la décision de revenir à la BNE, par amour pour les manuscrits. Quelques mois auparavant, alors qu’il était encore directeur de la bibliothèque du Prado, nous nous étions donnés rendez-vous près du « Casón del Buen Retiro », annexe du musée du Prado où il avait son bureau. Nous avions évoqué le projet, autour d’un café, de valoriser « un jour » le fonds des manuscrits de la BNE, en nous disant que nous nous rappellerions de ce moment si nous réussissions notre pari. Il avait donc un rêve, qu’il espérait réaliser depuis sa première nomination en 1985 : celui de mettre en valeur le précieux patrimoine que forment les manuscrits enluminés conservés au sein de la BNE. Quelques mois plus tard, Javier était nommé directeur de la BNE et, grâce à nos efforts conjugués, nous réussissions à obtenir les financements nécessaires et l’aide du Centro de Estudios Europa Hispánica pour la mise en route du projet. Le rêve commençait à prendre forme. Nous avons alors travaillé d’arrache-pied à la première étape de son « Proyecto Codex », en nous focalisant sur les fonds français et flamands. Tout début mars 2020, Javier révisait les dernières lignes du catalogue raisonné et celles des panneaux de l’exposition Luces del Norte dont l’ouverture était prévue pour mai 2020. Entre-temps, nous avions exposé au sein de la BNE des feuillets des Heures de Charles Quint (Vitr/24/3) suite à la restauration du manuscrit et coorganisé avec la Pr. Anne-Marie Legaré, du laboratoire IRHiS de l’Université de Lille, deux journées d’études internationales sur le fonds des manuscrits français et flamands.
J’ai été en contact avec Javier presque tous les jours durant cette période. Nous étions devenus non seulement des collègues mais aussi des amis. Sa passion pour les manuscrits enluminés n’avait d’égal que son savoir, sa bonté et son fin humour. Il était très apprécié de son personnel pour sa compassion, sa rigueur scientifique et l’amour de son prochain. Avec le temps, il aurait fort probablement hissé le département des Manuscrits, Incunables et Rares de la BNE à un niveau culturel de premier plan. Javier a surmonté entre 2019 et 2020 un cancer, et on venait tout juste de l’opérer des deux tumeurs dont il souffrait. Il était encore trop faible pour surmonter une autre infection, celle du coronavirus. Javier s’était fixé comme objectif d’être présent à l’inauguration de Luces del Norte, exposition qu’il portait sans son cœur et dont il parlait continuellement. Comme l’or des miniatures exposées, son esprit brillera encore à travers l’achèvement de son formidable projet, qui sera présenté à partir de l’automne 2020.
Voir également :IUS ILLUMINATUM https://iusilluminata.fcsh.unl.pt/
Travaux de Victor Leroquais
Je signale la mise en ligne sur GALLICA du recueil manuscrit de Victor LEROQUAIS : Répertoires bibliques et liturgiques. Calendriers de livres liturgiques manuscrits et imprimés, classés dans l’ordre alphabétique des églises ou des diocèses, d’Agde à Villeloin; Incipit des hymnes, antiennes, psaumes, leçons, répons et capitules de divers offices, classés dans l’ordre alphabétique : Heures abrégées pour tous les jours de la semaine – Heures de la Trinité ; Les psautiers manuscrits. Les textes. Les gloses – les oraisons qui suivent les CL psaumes – les préfaces. [ lien ]
Un exceptionnel livre d’heures à l’usage de Saint-Pol-de-Léon
Les livres d’heures bretons se faisant de plus en plus rares en ventes publiques, relevons pour ce mois de décembre 2019, chez Sotheby’s, la mise aux enchères d’un manuscrit exceptionnel, de la seconde moitié du XVe siècle. En effet, ces livres de prière (généralement de laïcs) suivent le plus souvent des usages liturgiques particuliers. Le présent ouvrage adopte l’usage de Saint-Pol-de-Léon (ou de Paris, puisque ces deux diocèses pratiquaient le même usage), la différenciation se faisant d’avantage sur les saints honorés au calendrier et dans les litanies. Les livres d’heures léonards sont rares, même très rares.
Cette présentation se veut succincte. Elle sera développée dans un article à paraître.
Le livre d’heures à l’usage de Saint-Pol-de-Léon étudié ici est d’un petit format (100 x 65 mm), et comporte 191 f. à 13 lignes par page. Son originalité tient essentiellement à son calendrier et au fait qu’il porte les noms d’anciens possesseurs. Nous pouvons ainsi suivre sur plusieurs générations son itinéraire …
Typiquement léonard, avec une profusion de saints locaux, certains de toute rareté, le calendrier fait ainsi mention des saints Derrien, Gongad, Pieran, Senan, Sezni, Brévalaire, Tenenan, Conogan, Houardon, Ternoc, Gouesnou, etc. Les fêtes principales, notées à l’encre rouge, renvoient aux saints Paul (de Léon), Goulven, Hervé, Caradoc, Maudez.

L’annonce aux bergers
L’autre aspect intéressant de ce manuscrit est qu’il porte les noms de plusieurs anciens possesseurs, avec quelques notes généalogiques malheureusement mutilées. Toutefois elles sont bien suffisantes pour suivre son historique entre le XVe s. et le XVIIe s.
Dans les notes marginales couchées sur quelques feuillets on peut relever le nom d’une fille unique de la famille de Tromelin (Tnoufylin) épouse d’un Lesguern. Il s’agit là très probablement de Claude de Tromelin, qui fut mariée à Jacques de Lesguern, fils d’Alain.
Tant du point vue liturgique et hagiographique qu’historique ce livre d’heures à l’usage de Saint-Pol-de-Léon mérite une attention particulière, ce genre de document, comme témoignage de la piété privée médiévale, restant d’une extrême rareté.
Catalogue en ligne Sotheby’s
https://www.sothebys.com/en/buy/auction/2019/fine-books-and-manuscripts-including-the-olympic-manifesto/book-of-hours-manuscript-book-of-hours-use-of
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Auteur du blog : Jean-Luc DEUFFIC




