Livres, libraires, copistes : notes diverses tirées des sources parisiennes (XIIIe-XVe siècle)
NICOLAS DE DOLE
Testament :
Item je laisse a la chapelle saint aignen mon messel ainsi que aultrefois ay fait et y est escript en ycellui de ma main.
Sources : Paris, AN, L 535, n° 48, 8 septembre 1426.
Chanoine de Saint-Denis-du-Pas (1407) et de Notre-Dame de Paris
Sur Nicolas de Dole et Nicolas de Baye
Base Paris au Moyen Âge
DENIS et THOMAS D’IRLANDE, copistes
1272 : Denis et Thomas de Ybernia scriptores clercii ont été mis en prison du chapitre pour s’être battus dans le cloître Notre-Dame, l’un d’eux pour avoir tiré son couteau contre un serviteur du chanoine Robert de Bertecourt.
Source : Paris, AN, L 508, n° 1 er 2.
HUGUES, copiste de la rue Saint-Magloire
Avril 1243 : Hugues, copiste de la rue Saint-Magloire de Paris, et son épouse Ermeniarde, vendent à l’abbaye de Saint-Magloire une rente de 5 sols parisis, assignée sur un jardin à Bray, pour la somme de 37 sols paris (Hugo scriptor de vico sancti Maglorii parisiensis, et Ermmiardis (sic) eius uxor).
Source : Revue Mabillon, 1922, p. 156.
LAURENT GRIDEAU, libraire
26 juillet 1454 :
Aujourdui Thomasse, vefve de feu Laurens Grideau, en son vivant libraire, a renoncié et renonce a la communaulté des biens meubles et immeubles d’entre elle et son dit feu mari, qui trespassa mardi derrenier passé, comme elle dit, pour obvier aux debtes deues par ledit deffunct, requerant par ladicte Thomasse de ce avoir lettre…
Source : Paris, AN, Y 5232, f. 78) – Edition : Martin, dans Revue historique de droit français et étranger, 1914, p. 484, n° 166.
Qui cest escript a droit verra / Nom et seurnom y trouverra
G A L L I C A vient de mettre en ligne un exemplaire de la Consolation de la philosophie de Boèce, dans une traduction jadis attribuée à tort à Charles d’Orléans, erreur que Léopold Delisle a dissipée. L’intérêt de ce manuscrit (Paris, BnF, Nlle acq. lat. 1982) est de nous donner le nom du copiste et celui tout aussi précieux du destinataire en acrostiche \ »Jehan de Langres esmailleur\ ». Le copiste Raoulet d’Orléans est bien connu (1) ; le destinataire a laissé son nom dans la liste des orfèvres de la \ »monnaie de Paris\ » :
Ce jour (1er mars 1401), Jehan de Lengres fit le serment de bien et loyaument exercer en sa personne l’office de la taille des fers de la monn° de Paris, et que aucuns fers il ne baillera ne fera, se n’est aux gardes de lad. monn° et sy ne exercera fait de change.
En 1402,
Jehan de Langres, tailleur des coings de la monnaie de Paris, reçoit 9 livres tournois pour avoir fait quatre paires de fers à gettouers d’argent, pour Ysembart Martel, Miles Baillet, Jean Chanteprime et Gui Chrestien.
Transcription :
C’est le congie de lescrivain.
Icy en droit fine Boece,
En qui pevent trouver l’adresce
Homs et femmes, par ses recors,
A sauver leurs ames et corps.
Non pas eulz laissier tourmenter
De desespoir, ne seurmonter
En orgueil lort pechie terrible,
Le plus grief de tous et horrible ;
Ainçois est d’avoir pacience.
Nuit et jour, et querre science
Glorieuse pour Dieu amer.
Requérir, servir, honnorer.
Et la doulce vierge Marie,
Sur tous les cielx d’ange chierie,
En qui divine pourveance
Se mist et ot double substance
Merveilleuse pour nostre amour,
Ausquelx prierons sans demour.
Jointes mains, que ilz gardent d’yre
Li vaillans homs qui flst escrire
Le livre assez bien compassez.
Et les ames des trespassez
Vueillent garder de maulx liens.
R. dit Amen d’Orliens.
Qui cest escript à droit verra,
Nom et seurnom y trouverra.
NOTES
(1) Wolfgang Oeser, \ »Raoulet d’Orléans und Henri du Trévou, zwei französische Berufsschreiber des 14. Jahrhunderts und ihre Schrift\ », dans Archiv für Diplomatik, Schriftgeschichte, Siegel- und Wappenkunde, 42, 1996, p. 395-418. H. Rouse & M. A. Rouse, Manuscripts and their Makers, H. Miller, 2000, 1, p. 273–279 ; 2, p. 121–122. Quelques colophons de Raoulet d’Orléans : Bénédictins du Bouveret, Colophons de manuscrits occidentaux des origines au XVIe siècle, Volume 5, p. 186 sq. [en ligne]
A VOIR
Paris, BnF, Nlle acq. lat. 1982 sur Gallica
ARLIMA (Laurent Brun)
Léopold Delisle, \ »Anciennes traductions françaises de la Consolation de Boëce conservées à la Bibliothèque nationale\ », dans Bibliothèque de l’école des chartes, t. 34, 1873, p. 5-32 [en ligne sur Persée]
Guillaume de Lescouet, notaire et libraire breton à Paris au XIVe siècle
Signature de Guillaume de Lescouet
Préparant un petit catalogue prosopographique des libraires bretons au Moyen Âge, ces quelques lignes pour présenter un de ceux qui ont exercé à Paris.
En fait, sur le nom même j’ai quelque peu hésité. LESCONET ou LESCOUET ? Mon choix s’est toutefois porté sur le second dans la mesure où Guillaume de Lescouet se dit clerc du diocèse de Léon (clericus Leonensis diocesis, publicus apostolica et imperiali auctoritate notarius), région où ce patronyme est attesté anciennement. Ainsi un Guillaume de Lescouet figure comme gouverneur de Lesneven en 1357.
Le premier acte retrouvé portant le paraphe de Guillaume de Lescouet, comme notaire public (= tabellion), est la prestation de serment de son compatriote Henri GUILLOU comme libraire-juré de l’Université de Paris en septembre 1351. Du reste, ce même Guillou est connu aussi comme copiste d’un manuscrit de la Bibliothèque Cathédrale de Valence (ms. 10), exécuté pour le pape Clément VI : Nicolas de Gorran, Postilles. « Expliciunt postille fratris ni // cholai de Gorran super psalte // rium. // Hic liber est scriptus per henricum Guilloti pro Sanctissimo patre // ac domino domino clemente papa sexto // cuius anima requiescat in pace // Amen. Anno domini millesimo trecentesimo // quinquagesimo secundo die iovis // ante ramos Palmarum ».
En 1355 le nom de Guillaume de Lescouet se retrouve, comme libraire cette fois, mêlé à une transaction avec Gui Bodier, recteur de la paroisse de Saint-Malo de Pontoise, au sujet d’un exemplaire de la Légende dorée de Jacques de Voragine, aujourd’hui conservé à la Bibliothèque Carnégie de Reims (ms. 1386) : \ »Dominus Guido Boderii rector parrochialis ecclesie Sancti Macuti de Pontisara, Rothomagensis diocesis, uendidit magistro Guillelmo de Lescouet, notario publico, librario, etc. istam legendam, pro precio VIII scutorum, … anno LVto, die iouis post festum Prurificationis\ ».
Le 23 janvier 1359, Jean de Joy, chapelain de Sainte-Agnes fait une donation, cet acte sera établi dans la maison même de Guillaume de Lescouet, rue Neuve Notre Dame, proche de la cathédrale, là où sont installés généralement libraires et copistes de Paris : \ »acta fuerunt hec in domo habitacionis mei Guillelmi de Lescouet notarii publici infrascripti sita in vico novo beate marie paris.\ »
Un document de mars 1363, où Guillaume de Lescouet est qualifié de \ »tabellion du pape\ », nous fait connaître le nom de sa femme : Peronelle Boucher. Ensemble, ils achètent plusieurs rentes sur des maisons dont une appartient aux héritiers de Guillaume Jacques (autre notaire breton) et à Jean Le Boucher (père de Peronelle).
Enfin, dans les lettres patentes de Charles V portant exemption du guet et de la garde des porte de Paris, datées du 5 novembre 1368, figure le nom de Guillaume de Lescouet parmi les 14 libraires listés qui échappaient à cette corvée.
Voici donc quelques éléments biographiques de notre notaire-libraire breton maitre Guillaume de Lescouet qui décéda après 1386, date à laquelle il est encore mentionné dans le Registre des causes civiles de l’officialité épiscopale de Paris.
SOURCES : Paris, Archives nationales, L 715, n° 5 ; M 68, n° 39, 45, 54, 55 ; S 92 ; S* 1647
Guillaume Lesconnet (Lescouvet, de Lescouet) cité dans:
Paul Delalain, Étude sur le libraire Parisien du XIIIe au XVe siècle, Paris, 1891, p. 44.
Richard H. Rouse et Mary A. Rouse, Manuscripts and their Makers. Commercial Book Producers in Medieval Paris, 1200- 1500, Londres, Harvey Miller, 2000, vol. II, p.
Les origines bretonnes du « graveur et tailleur de lectres a imprimer » Claude GARAMONT
Le nom de « Garamond » reste familier à ceux qui fréquentent les livres et s’intéressent à leur histoire. Ce « caractère » témoigne encore aujourd’hui de la renommée de son concepteur et il n’est donc pas étonnant qu’un site institutionnel soit dédié au célèbre graveur et tailleur de lettres, sur lequel on trouvera quantité d’informations précieuses, archives et bibliographie :
http://www.garamond.culture.fr/fr
Cette présente note ne s’attardera pas sur l’oeuvre du « maître », mais tout simplement sur ses origines bretonnes. En fait GARAMONT n’est pas son véritable patronyme. Son père s’appelait Yvon GARAMOUR, et exerçait comme imprimeur à Paris à la fin du XVe siècle. Ce nom de GARAMOUR reste essentiellement usité au pays de MORLAIX / LANMEUR, dans le nord du département actuel du Finistère, à l’extrémité de la Bretagne. L’imprimeur breton suivit l’exemple d’autres compatriotes venus s’installer dans la capitale comme le productif Guillaume ANABAT (originaire de Morlaix, spécialiste du Livre d’heures) ou encore Yvon QUILLEVÉRÉ, libraire-imprimeur établi depuis 1498 à Paris, installé en 1530 rue de la Bûcherie, à l’enseigne de la Croix Noire.
Yvon GARAMOUR épousa Françoise Barbier, issue peut-être du même milieu, parente probable de Symphorien Barbier, ou de Jean Barbier, imprimeurs de livres et bourgeois de Paris. Un acte du 13 juin 1547 fait mention d’une donation faite par « par Yves GARAMOUR, natif de Bretagne, frère de l’hôtel hôpital des Quinze-Vingts aveugles, audit hôpital de son corps et ses biens », montrant qu’à cette date il devait être sur la fin de sa vie. (Paris, AN, MC/ET/CXXII/159).
Claude devenu GARAMONT fit son testament le 23 septembre 1561 (il demeurait alors rue des Carmes), dans lequel il cite encore sa mère Françoise Barbier, toujours vivante, mais âgée et aveugle, et qui n’a pas « le moyen et discretion de se conduyre ». Claude avait épousé Guillemette Gaultier en premières noces, et s’était remarié, avant 1551, à Ysabeau Le Fèvre.