Maitre Gui D’Avenel, conseiller au Présidial du Mans (ca 1570), à propos d’un Livre d’heures …
A la vente de Montignac-Lascaux du 24 août prochain, l’étude Galateau disperse un très bel ensemble d’où ressortent plusieurs pièces exceptionnelles, incunables et manuscrits.
Le lot 647 est un Livre d’heures à l’usage de Rome du XVe siècle dont l’enluminure est attribuée au Maître de Jean d’Albret, nommé ainsi d’après deux incunables parisiens qui lui étaient destinés. 195 x 135 mm. Reliure en maroquin brun du XVIIe siècle. Dos à nerf orné. Plats ornés au centre d’une plaque dorée : Christ en croix, Marie et saint Jean.
Au f. 74v, un ex-libris du XVIe siècle : je suis à Marguerite Bellangier femme de m. Guy Davenel
Ce dernier personnage n’est pas un inconnu. Licencié \ »ès-lois\ », il exerçait comme contrôleur des \ »deniers communs\ » du Mans en 1554 (ADS, G 88). Jusqu’en 1571 il fut conseiller au Présidial du Mans, année où il laissa sa charge à Charles Davenel, son fils. Il épousa Marguerite Bellanger, fille de Jacquine Amy et de jehan Bellanger.
Le Livre de famille de Pierre Bellenger et Marguerite de la Porte relate la naissance d’une certaine Marguerite, apparentée : \ »Le XVIIIe jour de mars Mil Vc trente et huict, fut née Margarite Bellengier, à une heure après mynuit, et fut baptisée à Saint-Benoist ; parain M\ » Jehan Le Boucher, chanoyne de Sainct-Pierre ; mareines : Jacquine Amy, femme de Jehan Bellengier, capitaine pour le roy du navire SainctPhelippe, et Margarite Ferrault, femme de Denis Heullant\ »,
\ »Il a existé dans la province du Maine une famille de Bellanger, sgr de Bizerais en la par. de Spay et du Gué, qui, le 10 mai 1599, obtint une ordonnance de confirmation de noblesse des commissaires généraux chargés du régalement des tailles, dans la personne de Nicolas Bellanger, sgr de Bizerais et du Gué\ » (Dictionnaire historique et généalogique des familles du Poitou, I, p. 421).
Biblio : J. Chappée, \ »Un Livre de famille manceau (familles Bellenger, Hoyau et Le Divin)\ », dans La Province du Maine, XI, 1903, p. 354-359; 378-383. Etude à partir de notes manuscrites tirées d’un Livre d’Heures imprimé, à l’usage du Mans, chez Yolande Bonhomme, en 1532.
Un acte du 31 octobre 1542 fait mention \ »d’honorable femme Jacquine Amy, veufve de deffunct noble Jehan Bellenger, sieur des Bizerais et du Perrigne comparant par Me Guy d’Avenel, son gendre\ » (ADS, E 87).
Le patronyme Davenel est très présent en Ille-et-Vilaine, dès le XVIe s.
Voir description d’après le catalogue de la vente Galateau [ Lien ]
Le missel-pontifical de Roland de Neufville, évêque de Léon (+ 1613)
La riche bibliothèque municipale de Lyon conserve sous la cote 521 (Delandine 441) l’imposant missel-pontifical de Roland de Neufville, évêque de Léon. Ce manuscrit, qui ne renferme que le Commun du temps, quelques messes votives et diverses bénédictions et préfaces, a été écrit sur parchemin : 170 f. de 500 × 347 mm. La reliure est en maroquin rouge.
L’ouvrage porte à plusieurs reprises les armes du prélat (ci-dessous, f. 3) Neufville (De gueules au sautoir de vair) / Ruffier ( D’azur à dix billettes d’argent, 4, 3, 2, 1) :
(c) Lyon BM
Au f. 1v, l’évêque est à l’autel, présenté par saint Pol de Léon, terrassant le dragon. Au-dessus le nom : Rolandus de Neufville, episcopus Leonensis. Ses armes reparaissent, séparées ou réunies, dans les encadrements, avec le chiffre de l’évêque R. D. N. et sa devise « Domine, exalta te, trahe te ad me. » .
Suivant le catalogue, au \ »f. 1se trouve une grande peinture héraldique, portant les armes suivantes que décrit le catalogue : écartelé, au un de gueules, à la croix en sautoir moirée d’argent et d’azur ; — au deux parti, au un d’azur, à dix billettes d’argent posées quatre, trois, deux et un, au deux échiquete d’azur et d’argent ; — au trois contrécartelé : au un d’azur, à dix billettes comme dessus ; au deux burelé d’argent et d’azur de dix pièces ; au trois losangé de gueules et de sable, chargé d’une croix d’argent ; au quatre contrécartelé, aux un et quatre d’argent, aux deux et trois de gueules à un lambel de trois pendants d’argent ; — au quatre contrécartelé : au un d’azur, à trois chevrons denchés d’argent ; aux deux et trois de gueules, à neuf mâcles d’or posés en pal, accompagnés d’un lambel de trois pendants d’argent ; au quatre d’or à trois… de sable, accompagnés de dix merlettes de sable, posées quatre, trois, deux et un. — Sur le tout, de gueules à la croix pattée d’or. Tenants : deux licornes, crosse et mitre d’évêque. Au-dessus le nom : Rolandus de Neufville, episcopus Leonensis\ ».
(c) Lyon BM
François du Fou (que je remercie) me suggère ces possibles identifications :
– 1er : de gueules au sautoir de vair (qui est Neufville ou Neuville)
– 2ème : parti, au 1er Ruffier OU d’azur à dix billettes d’argent 4, 3, 2 et 1 (qui est Robien) OU d’azur à dix billettes d’or (qui est Perrier) ; et au 2ème : échiqueté d’argent et d’azur (qui est La Houssaye OU Le Fer)
– 3ème : contre-écartelé au 1er : Ruffier, Robien ou Perrier, au 2ème : burelé d’argent et d’azur de 10 pièces au croissant de gueules brochant (qui est Tréal), au 3ème : de gueules à la croix d’or frettée d’azur (qui est Le Scaff), au 4ème : écartelé d’argent et de gueules, brisé d’un lambel d’argent (qui est Raguenel OU Le Roux)
– 4ème : contre-écartelé au 1er : d’azur à 3 chevrons d’argent (qui est Plumaugat), aux 2ème et 3ème : de gueules à 9 macles d’or 3, 3 et 3, brisé d’un lambel d’argent (qui est Montauban), au 4ème : d’or à trois fasces nouées de sable, accompagnées de 10 merlettes de même, 4, 3, 2 et 1 (qui est ?) et sur le tout, de gueules à la croix pattée d’or (qui est Baudouin de Villembrois, OU De Savonnières OU Renault)
Aux f. 40 et 41 : la Crucifixion et Dieu le Père.
Au f. 98, le nom : « Jacques Jamiaux, fils de Mathurin Jamiaux. » (XVIIe siècle.)
Le patronyme JAMIAUX est caractéristique d’Ile-et-Vilaine. Un Jacques Jamiaux, sans doute l’ancien possesseur du missel-pontifical de Roland de Neuville, fut sous-fermier des devoirs de Rennes au XVIIe s. (Archives municipales de Rennes, FF442 = Lien)
Roland de Neufville, fils de Regnault de Neufville (1), sr du Plessix-Bardoul et de Charlotte Ruffier, naquit vers 1530. Dès 1551 il a la charge de l’abbaye des chanoines réguliers de Saint-Augustin de Saint-Jacques de Montfort. Nommé évêque de Saint-Pol-de-Léon en 1562 (sous la protection du duc d’Etampes), il prête serment au roi le 25 octobre 1565. La famille de Neufville, sr du Plessix-Bardoul. Ref. 1454, 1477, 1513, paroisses de Domagné, Orgères et Pléchatel, ancien diocèse de Rennes, portait de gueules au sautoir de vair. (De Courcy, Nobiliaire, p. 283). Bardoul fondue dans Neufville.
Le gisant de l’évêque de Neufville se trouve en la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Une verrière disparue du peintre de Lesneven Alain Cap (XVIIe s.) le représentait. Son épitaphe nous apprend qu’il décéda à Rennes le 5 février 1613 :
Cy gist messire Rolland de Neufville puisné de la Maison du Plessis-Bardoul, en son vivant Evesque de Léon, lequel décéda en la ville de Rennes le cinquième jour de Feuvrier 1613. agé de 83 ans, & fut enterré le VIe jour de Mars ; ayant possédé l’Abbaie de Saint Jac pres Monfort 61 ans & ledit Evesché 51, le laissant par sa vigilance sans aucun hérétique, (Gaignières)
Roland de Neufville, prélat humaniste, mourut en odeur de sainteté. Il fut un grand bâtisseur, faisant ériger plusieurs centaines de croix dans son diocèse, afin, disait-il, \ »que les fidèles rencontrassent partout les signes augustes de notre rédemption\ »,
L’évêque fut à l’initiative de la publication d’une vie de saint Méen : \ »Parmi les auteurs qui ont écrit la vie de saint Méen, cet écrivain (le Bollandiste) cite Albert de Morlaix ou Albert le Grand qui écrivait vers 1630; puis Pierre Viel, docteur en théologie, qui rédigea cette vie à la prière de Rolland de Neufville, évéque de Léon (sacré en 1532 et mort en 1613). Nous possédons ces deux vies. Voici le titre de la seconde : « La vie de sainct Méen, abbé au pays de Bretaigne, le 15 juin, mise en français du latin escrit à la main, pris des martyrologes et histoires anciennes dudict pays, à la diligence de Révérend Père en Dieu Roland de Neufville, évêque de Léon en Basse-Bretaigne, par M. Pierre Viel, docteur en théologie » (Revue de l’Anjou, 1890, p. 44).
En 1650, Jan Tanouarn, seigneur Duplessix Bardoul et de Kerdanouarn, abbé commendataire de l’abbaye de Montfort, résidant plus ordinairement au manoir du Plessis Bardoul, paroisse de Téchastel, diocèse de Rennes, fonde pour lui, ses parents et son oncle Rolland de Neufville, chaque jour et fête de saint Rolland, évêque de Cambrai, le 13 octobre, un double solennel, mémoire après vêpres et De profundis chanté près la tombe de Mgr de Neufville « estant dans le chœur, côté de l’Épître » (P. Peyron, La cathédrale de Saint-Pol et le minihy Léon, p. 115).
(1) Renaud de Neuville, seigneur du Plessis-Bardoul, appelé à la montre de l’évêché de Rennes, en 1541, dont le fils, Briand, ne laissa qu’une fille, son héritière, Rollande de Neuville, mariée avant le 29 septembre 1576 à Christophe de Tanouarn.
Sources : Collections numérisées de la bibliothèque de Lyon, avec plusieurs images du missel-pontifical [ Lien ]
Biblio : Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France : Fonds général. Lyon, T. XXX
V. Leroquais, Bibliothèque de la ville de Lyon : Exposition des manuscrits à peintures, Lyon, 1920.
Pouillé historique de l’archevêché de Rennes.
Missel-pontifical cité par F. Duine, Inventaire liturgique de l’hagiographie bretonne, 1922, p. 212-213, n° ccxcviii.
Y. – P. Castel : \ »La floraison des croix et calvaires dans le Léon sous l’influence de Mgr Roland de Neufville (1562-1613)\ », dans Annales de Bretagne, t 90, 1983, p. 311-319.
Anciens registres paroissiaux de Bretagne : baptêmes, mariages, sépultures … (Pléchatel) Par Paul Paris-Jallobert, p. 23.
Vente Christie’s du 7 juillet 2010 : Heures à l’usage de Rennes
Catalogue en ligne de la très belle vente du 7 juillet, dont Heures à l’usage de Rennes, enluminé par le Maître de Coëtivy, lot 37, honorant plus particulièrement les saints bretons Hervé et Méen. Ci-dessous l’archange Michel (f. 201) :
The Arcana Collection : Exceptional Illuminated Manuscripts and Incunabula
Part I
[ En ligne ]
© Christie’s
Le catalogue précise : \ »… the Anianus commemorated may be the Breton saint Iunan, original patron of St-Aignan between Brest and Rennes\ » (sic). Saint-Aignan se trouve dans le Morbihan, ecclesia Sancti Iunani en 1184 (charte de fondation de l’abbaye de Bonrepos); c’est une ancienne trêve de Cleguerec. Pour le nom, cf. Saint-Zunan en Riantec (également Morbihan). Le saint évêque d’Orléans a supplanté un saint local breton (J. Loth, Les noms de saints bretons, p. 67). Au reste, saint Iunan ne se trouve dans aucun livre liturgique breton… ce qui laisse à penser que le Livre d’heures en question honore plutôt l’évêque orléanais. Enfin, la forme Mennanus (pour Méen ?) reste curieuse … On aurait du avoir Meuenus. Huerveus pour Hervé devrait être Haerveus …
Medieval Manuscripts at Upenn
The Rare Book & Manuscript Library of Upenn holds over 850 Western manuscripts produced before 1601. One year ago we received a grant from the National Endowment for the Humanities to create and make available on the Web all 800+ manuscripts. Halfway through the project, full facsimiles for over 400 codices, fragments, and documents are now available — free of charge — on the Internet [ Link ]
Nancy M. Shawcross
Curator of Manuscripts
Rare Book & Manuscript Library
University of Pennsylvania