Des armoiries et des livres : les manuscrits de Pierre Lorfèvre
L’Institut de recherche et d’Histoire des Textes de Paris (IRHT) – qu’il est inutile de présenter – vient de mettre en ligne une étude très pédagogique à partir des manuscrits de Pierre Lorfèvre (+ ca 1416), chancelier royal, issu d’une famille de notables de Senlis.
Parmi les manuscrits de la \ »librairie\ » de Pierre Lorfèvre citons ceux copiés sans doute pour lui par le breton bretonnant Henri Bosec, de Trefranc (Plovan), en Cornouaille : Paris Sainte-Geneviève 34-36 et Arsenal 318. Le premier, un exemplaire des Postilles de Nicolas de Lyre, en 3 volumes, porte deux phrases en moyen breton : \ »Henri Bossec ascriuas aman\ » (Henri Bossec a écrit ici), et \ »Henri Bossec alauar mar car doe me ambezo auantur mat ha quaezr\ » (Henri Bossec si Dieu le veut, j’aurai fortune bonne et belle). Le second est une copie du Compendium de Pierre Auriol.
Pour l’étude du nom de Bossec voir un homonyme, \ »Henry Bossec\ », vers la même époque, faisant partie de la commission chargée de l’intendance générale de la Guyenne, et qui en fut le secrétaire (source : Histoire politique et statistique de l’Aquitaine, III, 30)
A noter sur ces pages un très utile glossaire héraldique.
D. Nebbiai, H. Loyau, P. Barasc, C. Gadrat, eds, Des armoiries et des livres. Les manuscrits de Pierre Lorfèvre, Paris-Orléans, IRHT, 2010 (Ædilis, Publications pédagogiques, 7). [En ligne]
Numérisation du patrimoine écrit : du projet scientifique à sa mise en œuvre
Colloque organisé par le BnF, le 30 mars 2010
9h30-18h00
Institut National du Patrimoine
Auditorium Colbert
Entrée libre dans la limite des places disponibles
Renseignements : 01 44 41 16 41
emilie.maume:::inp.fr
[Lien]
Vente de la collection Arcana, dont Heures de Jacques Cauchon et Jeanne Bohais, à l’usage de Reims ; Heures et psautier d’Elizabeth de Bohun
La maison Christie’s annonce pour le 7 Juillet 2010 à Londres, la vente de 48 lots de la première partie d’un ensemble exceptionnel d’œuvres médiévales et renaissantes (manuscrits enluminés et incunables), de la collection privée Arcana. Parmi les plus plus belles pièces :
• Un livre d’Heures richement enluminé pour le roi de France François Ier par le Maître de François de Rohan.
• Heures et psautier d’Elizabeth de Bohun, comtesse de Northampton, arrière grand-mère du roi Henry V d’Angleterre (Cf. \ »A Note on the Illuminators of the Bohun Manuscripts\ », par Lucy Freeman Sandler, dans Speculum, vol. 60, avril 1985, p. 364-372).
• Bible manuscrite produite en Italie dans le milieu du 13ème siècle, sans doute à l’usage d’un couvent de dominicains. Elle indique en mai le décès de Théodoric Borgognoni (c.1296), qui l’a commandité. Evêque de Cervia en 1266, il fut l’un des chirurgiens les plus importants et novateurs de la période médiévale, fils du médecin Ugo de Lucques. On lui doit une Chirurgica, des traités d’alchimie (De sublimatione arsenici ; De aluminibus et salibus), un traité de fauconnerie (De cura accipitrum), des sermons, etc [Lien]
• Heures de Jacques Cauchon et Jeanne Bohais, exécutées vers 1440 pour un couple noble de Reims, qui y est représenté, l’homme en chevalier et armure, la femme en prière, devant la Vierge.
Sur ce manuscrit, voir la notice descriptive du catalogue d’exposition Très riches heures de Champagne, 2007, p. 112-115, n° 16.
Martyre de saint Quentin. Jacques Cauchon en chevalier.
Généalogie des Cauchon [lien- pdf]
Source :
George Ferzoco, sur Medieval religion
Jehan Demolin, écrivain de forme à Dijon
« Maistre Jehan Demolin, clerc et escripvain, demeurant à Dijon, doit et promet, par marchié fait, faire à Guillaume le Chamois, bourgeois de Dijon, présent, etc., unes heures de Nostre Dame, contenans en escriptures autant que font celles que lidis Guillaumes lui baille en et pour exemple.
« Et fera es dites heures douze ystoires à vignettes, c’est assavoir à matines, laudes, prime, tierce, midi, none, vespres, compiles, sept seaulmes, houres de la croix, houres du saint Esprit et vigiles de mois, telle qu’il appartien à chascune houre, lesquelles ystories montent en somme A douze ystories, et le remenant champis d’or et d’azur.
« Item fera es dites heures six aultres ymaiges de sains pour suffrages, telx qu’il plaira audit Guillaume ordonner, tout pour le prix et somme de dix frans d’or.
« Et lidiz Guillaumes doit administrer le parchemin, deux trézeaux de fin azur et ung quarteron de fin our pour convertir oudit ouvraige, dont lidiz maistres Jehan a jà receu le parchemin. Et doit rendre les dites houres toutes finies et accomplies dans la nativité saint Jehan Baptiste prochainement venant ; promet, oblige, etc.
« Sur laquelle somme de (dix) frans lidiz escripvain a receu sept frans d’or, huit gros vies. Et parmy ce, lidis Guillaumes doit acquittier ledit maistre Jehan de seze gros et demi qu’il doit en papier au dit fu Jehan de Beaulne, et parmi ledit acquis, unes houres de Nostre Dame, enluminées d’or et d’azur à vignette qui sont chées ledit fu Jehan sont acquittées et les li fera rendre franches et quittes » .
Le jeudi après la Quasimodo de 1399, Jean de Molin s’oblige à faire un missel pour un autre bourgeois de Dijon : « Maistre Jehan Demolin, escripvain de forme, demorant a Dijon, fait marchief et convenances à honorable homme Philippe Juliot, bourgeois de Dijon, de faire et parfuire ung messaul qu’il sera au moins de requise que faire se pourra, à l’avis de gens en ce aient cognoissance, et sera de telle lettre et de tel longueur comme ce qui est jà fait par devers ledit maistre Jehan, en son parchemin, tel comme est encommencié; et fera en icellui ung kalendrier, aussi une majesté et ung crucifil qui seront de colour, et seront les grosses lettres tournées d’azour et de vermillon, et devront estre les grosses lettres des bonnes fêtes d’or floretées ; et le devra rendre tout assovis et parfait bien et convenablement, à l’avis de gens aians en ce cognoissance, et sera couvert de roige cuer emprainte, dedans la feste de Nostre Dame la mi aoust prochainement venant, pour le prix de seze frans d’our et d’ung meul de vin. A lui baillie dix frans de vin. Et le demorant li sera baillié quant il lui rendra ledit messaul. Die jovis post Quasimodo ».
Le 7 mai 1393, il s’engage à faire un livre pour le couvent de la Trinité de Dijon :
« Jehan de Molin, clerc, escripvain de livres, demorant à Dijon, doit aux religieux, prieur et couvent de la Trinité de Dijon, de l’ordre de Chartreuse, quatre frans d’or et neuf gros pour reste de plus grant somme, à lui baillié des diz religieus, par la main de Dams Thiébaut de Besançon, moine de ladite maison et ordonné sur le fait des escriptures des livres de la dite maison, on espérance que il leur fist un certain livre que il n’a peu encore et ne puet expédier, dont, etc. Promettant, etc., paier à Volonté, etc. Veneris post Jubilate, anuo nonages. quinto. »
Travaille sur un Roman de la Rose, commandé le 17 septembre 1399, par Jean de Molin à un de ses auxiliaires, Jean Denisot.
« Le dix sept de septembre, Jehan de Molin, escripvain de forme, demorant à Dijon, d’une part, et Jehan Denisot de Palaisot, clerc, demorant à Dijon, d’autre, t’ont entre eulx les convenances qui s’ensuivent, c’est assavoir que lidit Jehan promet faire et parfaire deans troix moix prochains [pour?] ledit de Molin, ung romant de la Rose, de sa propre main, de telle et semblable lettre comme sont deux lignes que lidit Denisot a baillées audit du Molin pour monstre ; duquel livre ou romant lidit du Molin le doit livrer le parchemin tout réglé à ses propres missions et despens. Et ledit Denisot doit avoir pour lescripture d’un chascun qnahel douze blans. »
Sources : Jules Simonnet, Documents inédits pour servir à l’histoire des institutions et de la vie privée en Bourgogne, Dijon, 1867,p. 354-357. Dijon, ADCO, B11313, f? 43 (mars 1398, pour la première commande). S. Cassagne-Brouquet, Culture, artistes et société dans la France médiévale, 1998, p. 151.