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28 Août 2010
Jean-Luc Deuffic

Etienne de Berbisey et Anne Moisson, à propos d’un feuillet enluminé …

La relecture d’un ancien catalogue de Dr. Jörn Günther (Antiquariat, Hamburg), d’octobre 2003 (A selection of manuscripts and miniatures) m’a conduit à identifier (avec l’aide précieuse de Bernard de Lespinay), à partir des armes qui s’y trouvent, les commanditaires de ce manuscrit dont il ne reste ici qu’un feuillet (285 x 190 mm). Le catalogue présume qu’il s’agit présentement du frontispice de statuts d’une confrérie de Saint-Yves(+ 1303), nombreuses depuis le Moyen Âge. L’enluminure est attribuée au Maître des Heures Ango (le célèbre armateur de Dieppe). Nous avons donc ici, agenouillés devant le saint de Tréguier, patron des avocats, Etienne de Berbisey (d’azur à la brebis d’argent, paissant sur une terrasse de sinople) et Anne Moisson, son épouse :

(c) Dr Jörn Günther

Etienne III Berbisey, seigneur de Belleneuve, fils de Thomas B. et de Marguerite Bonvilain, conseiller au Parlement de Dijon épousa vers 1530 Anne Moisson, fille d’Hélie M., avocat général au Parlement de Dijon. C’est le 29 avril 1535 qu’il obtient ses provisions de l’office de conseiller au Parlement de Dijon en remplacement de Lazare de Montholon, décédé. Il était alors licencié ès lois et avocat postulant. Il fut reçu dans ses nouvelles fonctions le 7 juillet 1534. (Collection des ordonnances des rois de France, Catalogue des actes de François 1er, 1531/1534, II, Paris, 1888, p. 671)
Paris BnF Lat. 1374 est le Livre d’heures de Thomas de Berbisey, secrétaire de Louis XI, sur lequel il a inscrit la naissance de son fils Etienne.

Nous tirons de La noblesse aux états de Bourgogne de 1350 à 1789, de Henri Beaune et Jules D’Arbaumont, les éléments suivants sur la famille Moisson :

Moisson. — De sinople à la bande ondée d’argent de trois pièces ; au chef d’azur, chargé de trois étoiles d’or.— Devises : Sine messe fames, et : En moisson loyauté.— Famille originaire de Chambolle et qui remonte à noble Jean Moisson (1), secrétaire du roi, échevin de Dijon et receveur général des finances de Bourgogne en 1389, puis grenetier au grenier à sel et receveur du bailliage de Dijon en 1394 et 1401. Parmi ses membres on remarque : Jean, qualifié bourgeois de Dijon en 1435; Jacques, vicomte-mayeur de la même ville en 1539 et 1542, et gouverneur de la chancellerie aux contrats du duché, dont le fils Jean et le petit-fils André furent maîtres des requêtes de l’hôtel, celui-ci ayant précédemment exercé une charge de conseiller au parlement de Bourgogne en 1605; Elie, avocat général, Philippe et Bernard, conseillers au même parlement en 1520, 1529 et 1634. — Alliances : Léry, Boudier, Millière, Anlezy, Julien, Malion, des Barres, Montholon, la Haye, Berbisey, Beugre, Sayve, Chaugy, Vandenesse, Bernardon, Alixant, Morel, Leval, Parpas, Maillot, Breschard, Fleurey, Brosses. — Fiefs : Cessey, Senecey, le Bassin, Renève, la Motte-les-Talmay. — Cette famille a fourni aussi un doyen de Saint-Etienne de Dijon, grand-vicaire de Langres. M. 1669. E. 1577.
(1) Le sceau de Jean Moisson portait cinq épis posés trois et deux.

\ »On trouve déjà des Berbisey sur la liste des magistrats nommés par Louis XI lorsqu’il créa le parlement de Bourgogne. Et depuis lors, cette famille, dont les alliances étaient considérables, n’avait pas cessé de donner des maires à la ville de Dijon, des conseillers au parlement de Bourgogne, des évêques et des abbés à l’Église. Mais ce qui ajoutait un éclat incomparable à l’illustration de cette maison, c’est qu’il y avait dans les veines des Berbisey une goutte du sang de saint Bernard. En 1378, les deux familles s’étaient unies par le mariage de Perrenot de Berbisey avec Oudette de Normand, de la maison du saint abbé de Clairvaux\ » (Emile Bougaud, Histoire de Sainte Chantal et des origines de la Visitation, Vol. 1, p. 5).

Biblio :
\ »Mémoire sur les origines de la famille Berbisey, à l’occasion d’un hôtel ayant appartenu à cette famille\ », dans  Commissions des antiquités de la Côte d’Or, 1862.
Sur d’autres manuscrits des Berbisey :
Marie-Françoise Damongeot, Un livre d’heures inédit de la famille Berbisey, dans Art de l’enluminure, n° 13. (ms Dijon BM 3765, XVe s., attribué au Maître des prélats bourguignons. [ Etude non consultée ]

Crédit photo : Jörn Günther antiquariat
 

27 Août 2010
Jean-Luc Deuffic

« Car sans heures ne puys Dieu prier … »

Car sans heures ne puys Dieu prier … c’est le souhait de Jehanne Cinot, qui espère le retour de son Livre d’heures dans le cas où il serait perdu …

Description et image d’un Livre d’heures à l’usage de Noyon vendu chez Sotheby’s (5 décembre 2006, lot 45), ayant appartenu à Jeanne, fille de Jean Cinot.
Autres possesseurs :
Madelaine Camuce (1615, 1657)
Jean Marie Paque de Boulogne (XVII/XVIIIe s.)
[ Lien Sotheby’s ]

Il y aurait un recueil à composer (s’il n’existe déjà …) de ces diverses formules trouvées dans les Livres d’heures :

Heures de Pierre, duc de Bretagne (Paris BnF lat. 1159) : « Cestes heures sont au duc, qui les trouvera si les range, et il aura bonnes trouvailles. »
Paris, Mazarine 508 : « Ce present livre à moy sy appertient Jehenne Hervez, femme de Fleurence (?) de Renel, espicier, demeurant… rouges es halles à Paris. Qui le trouvera, sy me rapporte et payerai… feves. Se (sic) 6 novembre 1547. Jehanne Hervez. »
Douai BM 189 : « Cestes heures appartiennent à Louyse Baillet, fille de feu Herry Baillet, bouchyer, dict Hardy, marchant, demourante au marchié de poisson à Lille. Cuy les troeuve luy les rende ; on luy donera voluntiers pour le vin VI patars, ou que seroit aultrement de raison. »
Rennes BM 27 : « Les presentes heures appartiennent à Yves Garnier. Qui les trouvera les luy rendant, il poyra le vin. »

………..

19 Août 2010
Jean-Luc Deuffic

Techniques d’enluminure au Moyen Âge, d’après le manuscrit du greffier Jean Le Bègue


… Autre Recepte pour faire encre

Prenes ung quarteron de noiz de galle de iiij deniers parisis et faites batre en pouldre, puis la metez en quatre et demie diaue et la faites boulir une heure et demie ou plus a beau feu de charbon et jusques atant que leaue soit revenue a la quarte ; et puis quant elle aura ainsi bouli, y mettez un quarteron de gomme de iiij deniers et plain gobelet de vin aigre ; et puis le faites boulir une autre heure et puis quant elle aura boulu, la descendez et y metez un quarteron coperose en pouldre de iij deniers parisis, et le laissiez refroidier puis metez en un cellier. Et se elle est trop clere blanche si y metez encore un pou de coperose et vous aurez bon encre.

Pour escrire ou paindre d’or
Mettez argent vif avecques or molu en pouldre en cuir de cerfs, et le espraignez si passera largent vif par le cuir et lor demourra ou cuir, puis mettez lor avecques largent vif sur le feu maiz gardez bien que le crosel narde. Et mettez avecques un pou de sel bien moulu et crible tant que le vif argent se parte par fumée, lequel vous pouez recevoir en une escuelle ointe de graisse pendue au hault au dessus puis lavez la pouldre dor en un bacin en yaue, comme vous feriez mine. Puis mettez la pouldre dor quant elle est sèche en glus laite de parchemin orculin [ou velin] lequel mis en vaissel sur eaue chaude est tantost résolu et quant tout sera résolu moelez bien et mettez en vostre plume ou pincel et escrisiez ou paindez dicellui or trempe.

Pour enluminer de mine, soit livre ou autre chose
Ne mettez pas mine par soi, car la lettre en seroit trop clere et mal parant, mais mettez mine avecques vermillon, et se le vermillon est bien rouge et novel si en mettez deux parties et le tiers de mine. Et sil est viel et obscur ou brun mettez de mine la moitié ou les deux pars, car plus est vermillon viel et plus est noir et obscur, et quant il sera mouluz ensamble a leaue clere et sec par monseaux se vous voulez eu ouvrer et quil soit luisant trempez le de vernix et de glaire dœufs rompue a lespurge, et y mettez pou deaue clere et de ce escrisiez en parchemin grosse lettre et menue et quant il est sech, sil nest bien luisant, et que le temps soit moite, séchez le au feu, si resplendira ; et se le tempe et sech et chaut elle serait mieulx sechee au soleil.

Pour escrire de laton et pareillement dor et dargent
Limez très subtilement laton de très pure couleur et puis le molez soutiliment sur le porphire qui est pierre très seure, puis le mettez et un net vaisel et le laissiez asseoir, puis ostez leaue et ayez vostre détrempe de gomme arabiche, et len destrempez puis en ouvrez de vostre pincel, et quant ce sera fait et sech, si le frotez et burnissez très bien, d’une pierre qui est nommée ametiste et ainsi povez vous escrire dor et dargent.

[ A suivre … ]

Source : Paris, Bibliothèque nationale de France, Lat. 6741, (1441)
Édition : M. Merrifield, Original Treatises on the Arts of Painting Dating from the XIIth to the XVIIIth Centuries, London, 1849.
Biblio : ARLIMA.
 

Orpiment se fait ainsi
Prenez oille et encre et jus despine noire et son escorce moienne bien broyée en un mortier et mettez tout ensemble, en un pot, et li laissiez une nuit reposer, puis le metez un poi boulir, puis le colez, puis le metez boulir un pou avec mirre et aloes et derechief le coulez. Puis metez avec un po de verjus ou de glace, et remetez tout ensemble sur les charbons sans flamme un petit bolir, puis le ostez et le gardez.

A faire couleur blauet comme d’azur
Prenez jus de bleues net et faite en bois ou en parchemin un camp de blanc de plomb, puis mettez le jus dessus le dit champ, trois ou quatre ou cinq lis ou plus si mestier est ; si avez couleur dazur.

Pour peindre murs
Mettez un po de chaux avec ocre pour avoir plus grant clarté, ou vous la mêliez avec rouge simple ou avec prasin ou avec une couleur qui est nommée posce qui est faite de ocre vert et de membrayne ou vous pouvez prandre dune couleur qui soit faite de synople et docre et de chaux et de pose etc. ; et doivent estre murs paint plus moiste que aultre chose pour ce que les couleurs se tiennent mieulx ensembles et soient plus fermes. Et doivent toutes couleurs pour murs estre melles avecques chaux vive.

Noir est fait de charbon broyé avec eaue ou vin et destrempez doile ou deil, mais le bon est fait darrement, etc. Se ce nest carbon qui est fait de paille de fer boulu et cuie avec oille. Ou vous prenez escorce daine et le broiez en eue avec molure de ferre en yaue, et mettez avec arcement et destrempez.

Charnure dymages se fait ainsi
Prenez vert terrin blanc et laque, et mellez ensemble et emplissiez la ou vous vouldrez, puis faictes ombre de vert et ocre en telle manière que ce soit comme vert et mellez avecques un po de laque, et signez vos lits, et puis ombre et puis rose de blanc et de synople, et roses la ou vous plaira, puis faites charnure docre et de blanc et dun po de cinople et mettez dedans les signemens espes et cil qui sera sur la rose sera très sutil, puis prenez de celle couleurs et mettez sur les surcils et dessoubs les piez et sur la bouche et au menton et a la goile et aux oreilles. Et en faut si comme se fust vains, puis désignez de pur lac les cilles et narines et les yeulx et tous les membres. Et metez de rechief dedens umbre legierement et de lac loignez un petit, puis le blanchissez de blanc pur, puis désignez les cilles et les yeulz et les autres membres.

Pour mettre or de feuilles battues
Molez gipse très bien avec yaue pure et nette, puis le séchiez, puis le molez avec cinope si comme rose, et avec cole de poisson qui soit fondue avec très bon vin blanc et le mettez au pincel la ou vous vouldrez et soit bien couvert et le séchiez puis le raez dun coustel plainement et mettez lor dessus et le fermez de ametiste, et le lissez. Et se il ne vient bien prenez de la cole dessus dicte et metez au dessein, et tantost la feuille de lor dessus.

Si vous voulez appareiller oile pour destremper toutes manières de couleurs
Prenes chaux vive avec autant de cerase comme est de loile, puiz metez au soleil et ne le movez jusques a ung moyt ou plus tar quant plus y sera, et mieulx vaudra, puis le colez et gardez très bien loile, et de celle oille gardée et ainsi préparée povez destremper toutes couleurs ensemble et chacun par soy.

Pour escrire dor et dargent
Pren feuille dor et la broyé sur le marbre avec sel, puis le fay estre longuement en eaue, et le levé et laisse rasseoir puis prenez leaue pour oster * le sel, si demourra lor au fons. Si le destrempe a gomme et en escri, si auras lettre noire et quant elle sera sèche, si la poli dun dent, si sera belle et gaune et luisant en bonne cou¬leur dor, et ainsi puez tu escrire de argent se tu veulz.

Pour faire lettre dargent tans argent
Broyez alun avec sel, puis le levé pour oster le sel puis le destrempe a gomme et escri et quant il est sec, si le poli du dent, si perdra sa novete et ara couleur d’argent.

Pour or mouler recipe
R. très fin or lime bien menu et le broyez en un mortier suzille tel que les appoticaires ont, cilz de cuivre les trois pars et la quarte partie de staing ou de plomb, tels sont leurs mortiers ; mais avant ce doit estre votre limeure d’or bien lavée en un bachin ou en une conche de limeterie a un pincel et en ce mortier dessus dit, molez tant or que bave qui y sera mise soit au départir clere. Et en telle manière pourrez molez cuivre argent loton estaing et tout autre metail, mais gardez que lor ne se haerde car il le faul-droit remouldre de rechief. Et quant ce sera fait, estez liaue et les ordures et laissiez lautre rasseoir, puis le metez sur les charbons avec eaue et le chauffez et mouvez.

17 Juil 2010
Jean-Luc Deuffic

Le missel-pontifical de Roland de Neufville, évêque de Léon (+ 1613)

La riche bibliothèque municipale de Lyon conserve sous la cote 521 (Delandine 441) l’imposant missel-pontifical de Roland de Neufville, évêque de Léon. Ce manuscrit, qui ne renferme que le Commun du temps, quelques messes votives et diverses bénédictions et préfaces, a été écrit sur parchemin : 170 f. de 500 × 347 mm. La reliure est en maroquin rouge.

L’ouvrage porte à plusieurs reprises les armes du prélat (ci-dessous, f. 3) Neufville (De gueules au sautoir de vair) / Ruffier ( D’azur à dix billettes d’argent, 4, 3, 2, 1) : 

 
 (c) Lyon BM

Au f. 1v, l’évêque est à l’autel, présenté par saint Pol de Léon, terrassant le dragon. Au-dessus le nom : Rolandus de Neufville, episcopus Leonensis. Ses armes reparaissent, séparées ou réunies, dans les encadrements, avec le chiffre de l’évêque R. D. N. et sa devise « Domine, exalta te, trahe te ad me. » . 


Suivant le catalogue, au \ »f. 1se trouve une grande peinture héraldique, portant les armes suivantes que décrit le catalogue : écartelé, au un de gueules, à la croix en sautoir moirée d’argent et d’azur ; — au deux parti, au un d’azur, à dix billettes d’argent posées quatre, trois, deux et un, au deux échiquete d’azur et d’argent ; — au trois contrécartelé : au un d’azur, à dix billettes comme dessus ; au deux burelé d’argent et d’azur de dix pièces ; au trois losangé de gueules et de sable, chargé d’une croix d’argent ; au quatre contrécartelé, aux un et quatre d’argent, aux deux et trois de gueules à un lambel de trois pendants d’argent ; — au quatre contrécartelé : au un d’azur, à trois chevrons denchés d’argent ; aux deux et trois de gueules, à neuf mâcles d’or posés en pal, accompagnés d’un lambel de trois pendants d’argent ; au quatre d’or à trois… de sable, accompagnés de dix merlettes de sable, posées quatre, trois, deux et un. — Sur le tout, de gueules à la croix pattée d’or. Tenants : deux licornes, crosse et mitre d’évêque. Au-dessus le nom : Rolandus de Neufville, episcopus Leonensis\ ».


(c) Lyon BM

François du Fou (que je remercie) me suggère ces possibles identifications :
– 1er : de gueules au sautoir de vair (qui est Neufville ou Neuville)
– 2ème : parti, au 1er Ruffier OU d’azur à dix billettes d’argent 4, 3, 2 et 1 (qui est Robien) OU d’azur à dix billettes d’or (qui est Perrier) ; et au 2ème : échiqueté d’argent et d’azur (qui est La Houssaye OU Le Fer)
– 3ème : contre-écartelé au 1er : Ruffier, Robien ou Perrier, au 2ème : burelé d’argent et d’azur de 10 pièces au croissant de gueules brochant (qui est Tréal), au 3ème : de gueules à la croix d’or frettée d’azur (qui est Le Scaff), au 4ème : écartelé d’argent et de gueules, brisé d’un lambel d’argent (qui est Raguenel OU Le Roux)
– 4ème : contre-écartelé au 1er : d’azur à 3 chevrons d’argent (qui est Plumaugat), aux 2ème et 3ème : de gueules à 9 macles d’or 3, 3 et 3, brisé d’un lambel d’argent (qui est Montauban), au 4ème : d’or à trois fasces nouées de sable, accompagnées de 10 merlettes de même, 4, 3, 2 et 1 (qui est ?) et sur le tout, de gueules à la croix pattée d’or (qui est Baudouin de Villembrois, OU De Savonnières OU Renault)
Aux f. 40 et 41 : la Crucifixion et Dieu le Père.

Au f. 98, le nom : « Jacques Jamiaux, fils de Mathurin Jamiaux. » (XVIIe siècle.)
Le patronyme JAMIAUX est caractéristique d’Ile-et-Vilaine. Un Jacques Jamiaux, sans doute l’ancien possesseur du missel-pontifical de Roland de Neuville, fut sous-fermier des devoirs de Rennes au XVIIe s. (Archives municipales de Rennes, FF442 = Lien)

Roland de Neufville
, fils de Regnault de Neufville (1), sr du Plessix-Bardoul et de Charlotte Ruffier, naquit vers 1530. Dès 1551 il a la charge de l’abbaye des chanoines réguliers de Saint-Augustin de Saint-Jacques de Montfort. Nommé évêque de Saint-Pol-de-Léon en 1562 (sous la protection du duc d’Etampes), il prête serment au roi le 25 octobre 1565. La famille de Neufville, sr du Plessix-Bardoul. Ref. 1454, 1477, 1513, paroisses de Domagné, Orgères et Pléchatel, ancien diocèse de Rennes, portait de gueules au sautoir de vair. (De Courcy, Nobiliaire, p. 283). Bardoul fondue dans Neufville.

Le gisant de l’évêque de Neufville se trouve en la cathédrale Saint-Pol-de-Léon. Une verrière disparue du peintre de Lesneven Alain Cap (XVIIe s.) le représentait. Son épitaphe nous apprend qu’il décéda à Rennes le 5 février 1613 :
Cy gist messire Rolland de Neufville puisné de la Maison du Plessis-Bardoul, en son vivant Evesque de Léon, lequel décéda en la ville de Rennes le cinquième jour de Feuvrier 1613. agé de 83 ans, & fut enterré le VIe jour de Mars ; ayant possédé l’Abbaie de Saint Jac pres Monfort 61 ans & ledit Evesché 51, le laissant par sa vigilance sans aucun hérétique, (Gaignières)

Roland de Neufville, prélat humaniste, mourut en odeur de sainteté. Il fut un grand bâtisseur, faisant ériger plusieurs centaines de croix dans son diocèse, afin, disait-il, \ »que les fidèles rencontrassent partout les signes augustes de notre rédemption\ »,
L’évêque fut à l’initiative de la publication d’une vie de saint Méen : \ »Parmi les auteurs qui ont écrit la vie de saint Méen, cet écrivain (le Bollandiste) cite Albert de Morlaix ou Albert le Grand qui écrivait vers 1630; puis Pierre Viel, docteur en théologie, qui rédigea cette vie à la prière de Rolland de Neufville, évéque de Léon (sacré en 1532 et mort en 1613). Nous possédons ces deux vies. Voici le titre de la seconde : « La vie de sainct Méen, abbé au pays de Bretaigne, le 15 juin, mise en français du latin escrit à la main, pris des martyrologes et histoires anciennes dudict pays, à la diligence de Révérend Père en Dieu Roland de Neufville, évêque de Léon en Basse-Bretaigne, par M. Pierre Viel, docteur en théologie » (Revue de l’Anjou, 1890, p. 44).

En 1650, Jan Tanouarn, seigneur Duplessix Bardoul et de Kerdanouarn, abbé commendataire de l’abbaye de Montfort, résidant plus ordinairement au manoir du Plessis Bardoul, paroisse de Téchastel, diocèse de Rennes, fonde pour lui, ses parents et son oncle Rolland de Neufville, chaque jour et fête de saint Rolland, évêque de Cambrai, le 13 octobre, un double solennel, mémoire après vêpres et De profundis chanté près la tombe de Mgr de Neufville « estant dans le chœur, côté de l’Épître » (P. Peyron, La cathédrale de Saint-Pol et le minihy Léon, p. 115).

(1) Renaud de Neuville, seigneur du Plessis-Bardoul, appelé à la montre de l’évêché de Rennes, en 1541, dont le fils, Briand, ne laissa qu’une fille, son héritière, Rollande de Neuville, mariée avant le 29 septembre 1576 à Christophe de Tanouarn.

Sources : Collections numérisées de la bibliothèque de Lyon, avec plusieurs images du missel-pontifical [ Lien ]
Biblio : Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France : Fonds général. Lyon, T. XXX
V. Leroquais, Bibliothèque de la ville de Lyon : Exposition des manuscrits à peintures, Lyon, 1920. 
Pouillé historique de l’archevêché de Rennes.
Missel-pontifical cité par F. Duine, Inventaire liturgique de l’hagiographie bretonne, 1922, p. 212-213, n° ccxcviii.
Y. – P. Castel : \ »La floraison des croix et calvaires dans le Léon sous l’influence de Mgr Roland de Neufville (1562-1613)\ », dans Annales de Bretagne, t 90, 1983, p. 311-319.
Anciens registres paroissiaux de Bretagne : baptêmes, mariages, sépultures … (Pléchatel) Par Paul Paris-Jallobert, p. 23.

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