Un fragment manuscrit de Léonard de Vinci exhumé à Nantes ?
Il aura fallu ce voyage d’un journaliste de Presse Océan à Milan. Il aura fallu, à son retour, la lecture de cette biographie de Léonard (Serge Bramly, « Léonard de Vinci », éd. Lattès) pour tomber, au détour d’une phrase, sur cette révélation : un fragment du maître serait conservé à la bibliothèque de Nantes … [ la suite ]
Diane Booton : Manuscripts, Market and the Transition to Print in Late Medieval Brittany
Mon amie Diane Booton m’informe de la sortie de son ouvrage Manuscripts, Market and the Transition to Print in Late Medieval Brittany, publié chez Ashgate (ISBN : 978-0-7546-6623-3), travail qui fera date … Nous sommes vraiment très heureux de cette publication qui concrétise plusieurs années de recherche sur un sujet que nous avons également abordé dans nos Notes de bibliologie. L’histoire du livre (manuscrit et imprimé) en Bretagne médiévale est en bonne voie … Merci Diane !
Pour plus d’informations, index et introduction, voir à cette adresse [ lien ]
Jacques Mas, de Lille, et son manuscrit de Christine de Pisan [ Lille, BM, 391]
Un colophon quelque peu original, sur un manuscrit de l’Epitre d’Othea de Christine de Pisan (ca 1460) :
Le présent livre appertient à Jacques Mas demourant à Lille, cestuy quy le trouvera, il aura le vin quant saille deviendra persyn, une pumme et une poire et ung gigot pour aller boire.
Puis diverses notes de possesseurs : au f. 107 : « Che livre cy appertient à Philippe de le Sauch, demourant en la ville de Lannoy. » — « Histe liber pertinetat Carholyn Fratrisart », puis : « Che livre appertien à Flipes Cuvillon, demourant à Saincte-Quatereine à Lille, comme le ayant achater à le vendue Charles Fratrissart à Lille, 1553 », et : « Che livre appertient à Walleran Picavet, demourant en la rue de Courtray [à Lille]… — « Che livre appertient à Giles Vanderbuck? » (le tout en partie effacé).
Les Coutumes du baillage d’Amiens (1507) font mention d’un certain Jacques Mas « Procureur au Siege dudit Bailliage, comme Procureur des Doyen & Chapitre de Vinacourt, des Seigneurs de Beures, de Beuvry , de Souastre et de la Vallée ».
Source : Lille, Bibliothèque municipale, ms 391, f. 100v, en ligne sur la base Enluminures [ Lien ] – © Institut de recherche et d’histoire des textes – CNRS
Catalogue général, XXVI, 1897, p. 267-268.
« Arrête passant et révère ce que l’Espagne a redouté …» : Philippe de Châteaubriant (1608-1642)
\ »Le cinquième jour d’octobre 1642 fut tué à l’armée du pays de Catalogne haut et puissant seigneur Monseigneur le comte des Roches Philippe de Châteaubriant. Son corps fut enterré en la chapelle de Montserra, et son coeur fut apporté aux Roches le dixième du mois de novembre en l’année 1652\ ».
C’est ainsi que les registres mortuaires de l’église Saint-Germain de Princay relatent la mort du comte Châteaubriant.
Les circonstances de cette fin tragique à la bataille de Lerida, lors de la campagne d’Espagne, nous sont relatées, entre autres, par les Mémoires de Monglat :
Durant le siége de Perpignan, le maréchal de La Mothe voyant les Espagnols en désordre par les avantages qu’il avoit eus sur eux, assembla toutes ses forces et entra dans l’Arragon, où il mit le siége devant Monçon ; et l’ayant battu du côté de l’église Sainte-Guiterie, la ville se voulut rendre, mais ce maréchal ne la voulut pas recevoir sans le château : de sorte que les batteries continuèrent, et les travaux s’avancèrent tellement , que le 14 de juin tout se rendit ; et y ayant laissé bonne garnison, il retourna en Catalogne pour s’opposer au marquis de Léganès , qui étoit sur la Cinga, et faisoit mine de vouloir entreprendre quelque chose. Après la prise du Roussillon, toute l’armée passa les Pyrénées, et le vint fortifier ; il étoit à Notre-Dame de Montserrat (A), où le marquis de La Luzerne mourut de maladie et y fut enterré, lorsque ce renfort lui arriva fort à propos : car les Espagnols voyant le Roussillon pris, et toutes les troupes qu’ils avoient assemblées pour le secourir inutiles, résolurent de les employer à quelque entreprise considérable en Catalogne. Et comme Lérida est sur la rivière de Sègre, qui faisoit la communication de la Catalogne dans l’Arragon. ils s’arrêtèrent à ce dessein; et le marquis de Tarracuse marcha droit à Lérida avec l’armée qu’il commandoit, durant que le marquis de Léganès, qui étoit à Fragues, l’investissoit de son côté. Sur cette nouvelle, le maréchal de La Mothe assembla toutes ses forees, et marcha en diligence pour sauver cette ville ; et passant par Cervères il gagna la plaine d’Urgel, et passa la Sègre sur le pont de Balaguer, pour aller au devant du marquis de Léganès et le combattre, devant que l’autre armée qui venoit de la plaine de Tarragone l’eût joint : mais ce marquis se retira à Fragues, et donna avis à celui de Tarracuse de tout ce qui se passoit. 11 ne laissa pas de le joindre par des chemins détournés, et tous deux ensemble tournèrent tète au maréchal de La Mothe pour lui donner bataille. Ce dernier eut avis de leur marche par des coureurs qu’il avoit envoyés devers Ayetone, et aussitôt il se prépara pour les bien recevoir. En effet, les deux armées furent le 7 d’octobre en vue l’une de l’autre, et à dix heures du matin la bataille commença, dans laquelle les Français furent chargés d’abord si vigoureusement par les régimens du prince d’Espagne etda comte duc, qu’ils furent mis en désordre ; mais le baron d’Alais et le comte des Roches Baritaut avec la cavalerie les soutint si hardiment que la chance tourna ; et les Espagnols furent rompus, et tellement mis en déroute, qu’ils prirent la fuite, et se sauvèrent en grande confusion à Fragues. Le champ de bataille demeura aux Français avec tout le canon, et ils ne perdirent que le comte des Roches Baritaut ; mais les Espagnols laissèrent deux mille morts sur la place, et la ville de Lérida fut sauvée, ce qui causa une grande joie dans la Catalogne. Sur la fin de l’année, le maréchal de Brezé ayant voulu retourner en France, celui de La Mothe fut fait en sa place vice-roi. Il fit son entrée à Barcelone en cette qualité, où il fut reçu comme triomphant après tant de victoires, avec grande satisfaction des peuples.
On trouvera dans la Gazette de France le déroulement de sa carrière :
Le Sieur de Chateaubriant est nommé lieutenant-colonel du corps de quatre escadrons de dragons formé en Saintonge pour la garde des côtes de cette province.
Année 1636. Le comte des Roches-Baritaut, qui avoit été fait prisonnier par les troupes du général Picolomini, recouvre sa liberté (19 nov.)
1637. Il fait rentrer dans leur devoir les peuples qui s’étoient soulevés en Poitou, en Saintonge & en Angoumois. (8 août). Il défait & dissipe entièrement les restes des Croquans de ces mêmes provinces (14 nov.)
1641. Lieutenant pour le Roi à Talmond en Bas-Poitou, il repousse des pataches espagnoles qui avoient tenté de faire une descente & de fourager la pays (8 Juin).
Le Sieur de Chateau-Briant contribue à chasser le 7 Novembre les Catalans de devant la ville d’Almenas. (18 oct.)
1642. Le comte des Roches commande la gauche de l’avant-garde à la bataille de Lérida & il y est tué. (14 oct.)
Philippe de Châteaubriant, fils de Gabriel de Châteaubriant et de Charlotte de Salo, héritière du s. de la Cornetière, épousa en 1631 Suzanne Loaisel, née en 1607, inhumée le 25 mars 1659 en la cathédrale Saint-Pierre de Rennes. Elle était fille d’Isaac, sieur de Brie, Chambrières, etc., président à mortier au Parlement de Bretagne (1596-1634, d’argent à trois merlettes de sable, posées 2 et 1) (1) et de Catherine de Faucon.
Epitaphe de Philippe de Châteaubriant dans le choeur de l’église de Saint-Germain-de-Prinçay
ARRESTE PASSANT
ET RÉVÈRE CE QVE L’ESPAGNE A REDOVTÉ
C’EST LE COEVR DE MESSIRE PHILIPPE DE CHATEAVBRIAND
COMTE DES ROCHES-BARITAVD, MAISTRE DE CAMP
D’VN RÉGIMENT DE CAVALERIE FRANÇOISE ET MARÉCHAL DE CAMP
ÈS ARMÉES DE SA MAJESTÉ.
LA GRANDEVR DE SA NAISSANCE RÉPONDIT PARTOVT
A CELLE DE SA VIE
LA NATVRE LVI DONNA DES VERTVS, ET LE TEMPS
DES OCCASIONS DE LES FAIRE PAROITRE.
IL APPRIT DE SON PÈRE LES PRINCIPES DE LA GVERRE
TANT PAR SES EXEMPLES QVE PAR SES LEÇONS
POVR DONNER A DIEV LES PRÉMISSES DE SA VALEVR
IL DÉFIT A QVATORZE ANS LES ENNEMIS DE LA FOI
EN POITOV, LES SVJETS REBELLES EN RÉ, LES VOISINS
ORGVEILLEVX OV IL RELEVA SON PÈRE, ET SON CHEVAL
AYANT ÉTÉ TVÉ, IL LVI DONNA LE SIEN,
IL LE SVIVIT DANS CETTE ILE ET AV SIÈGE DE LA
ROCHELLE; COMME PYRRHVS ACHILLE A CELVI DE TROYE
IL FVT AVSSI PROMPT A SECOVRIR NOS ALLIÉS QV’A DOMPTER
NOS ENNEMIS ET FIT DEVX CAMPAGNES EN PIÉMONT
FVT AV SECOVRS DE CASAL
IL BVT PART ATOVTES LES OCCASIONS D’ALLEMAGNE ET DE FLANDRE.
IL COMBATTIT A CORBIE JEAN DE WERTH ET PICOLOMINI
ET FVT LEVR PRISONNIER APRÈS AVOIR PERCÉ VINGT ESCADRONS,
NON VAINCV, MAIS LAS DE VAINCRE
LA GLOIRE FVT LE SEVL PRIX DE SA RANÇON,
IL S’EST TROVVÉ EN TRENTE COMBATS OV SIÈGES DE PLACES
ET EN DEVX BATAILLES. CE NOMBRE ÉGALE A PEV PRÈS
CELVI DE SES ANNÉES ; CELLES D’ALEXANDRE.
IL FVT PLVS GLORIEVX EN SA MORT, QVI PRE VINT SON TRIOMPHE
A LA BATAILLE DE LERIDA. IL FIT VN MONVMENT DE SES TROPHÉES
ET MOVRVT V1CTORIEVX A L’AGE DE TRENTE QVATRE ANS,
LE SEPTIEME DV MOIS D’OCTOBRE 1642.
PASSANT AVOVE QVE CE COEVR QVE L’ESPAGNE A REDOVTÉ
MÉRITE D’ÊTRE RÉVÉRÉ SOVS CETTE LAME ÉLEVÉE A SA MÉMOIRE
ET A LA DOVLEVR D’VN PÈRE QVI LVI A RENDV
LES HONNEVRS QV’IL DEVAIT RECEVOIR DE LVI.
Notes
(A). Pour le culte de Notre-Dame de Montserrat en Bretagne, voir la chapelle placée sous ce vocable à Saint-Malo-de-Phily.
(1) le \ »vieux conteur breton\ » Noël du Fail (Propos rustiques ; Contes et discours d’Eutrapel, etc.) pourvu d’un office de conseiller au Parlement de Bretagne par lettres-patentes du 14 octobre 1571, résigna en 1586 sa charge en faveur de Me Isaac Loaisel.
Isaac Loaisel se trouva mêlé à toutes les affaires de la Ligue en Bretagne ; il acheta en 1599 les terre et seigneurie de la Motte en la paroisse de Saint-Armel ; il mourut en septembre 1634, après avoir abjuré l’hérésie, et fut inhumé dans la cathédrale de Rennes en la chapelle Saint-Nicolas dépendant de sa seigneurie de la Motte-Saint-Armel. Sa femme, Catherine Faucon, l’y suivit dans la même tombe le 3 septembre 1641. On voyait encore à Rennes son tombeau en 1756 : c’était « une table de marbre noir portée par quatre consoles en marbre jaspé » avec l’écusson des Loaisel. (Revue de Bretagne et de Vendée, volume 10, juillet 1893, p. 162-163).