Pierre de Nantes et l’« Histoire des Trois Maries » de Jean de Venette (1357)
Claudia Rabel (IRHT), dans une très belle étude (1) − « Des histoires de famille : la dévotion aux trois Maries en France du XIVe au XVe siècle : textes et images », dans la Revista de historia da arte, 7, 2009, p. 121-136 − nous a glissé, p. 123-124, quelques notes sur le rôle de Pierre Benoit (et non » Pierre Bernard « , dit Pierre de Nantes, ou de Guéméné) dans la propagation du culte des Trois Maries. En fait, c’est à Jean de Venette, carme parisien (et sans doute chroniqueur ? second continuateur de la Chronique latine de Guillaume de Nangis ?) que nous devons de précieux renseignements sur notre Breton. Auteur vers 1357 d’un long poème en vers français sur l’histoire des Trois Maries (encore inédit), Jean Fillon, dit de Venette, près de Compiègne, raconte qu’il rendit plusieurs fois visite à Pierre de Nantes, alors évêque de Saint-Pol de Léon, retenu dans son lit, à Longjumeau, près de Chilly (au prieuré de Saint-Eloi, dépendant du Val-des-Ecoliers) (2), malade de la goutte dont il ne dut la guérison miraculeuse qu’à l’intercession des trois Maries, et qu’il se rappelait avec certain plaisir les repas qu’ils avaient pris ensemble … [ dans l’édition de Lyon : en ligne sur Gallica ].
Uns prélat fu moult charitables,
Bons clercs était et véritables
de saint Pol de Lyon yère (= était)
Evesque, et est son nom Pierre.
C’est un prélat qui vit encore
Nul plus preudomme ne scay je ore (= maintenant)
Et moult bon clerc est-il sans faille …
Pierre, guéri, accomplira le pèlerinage promis sur les tombeaux de Marie Jacobé et Marie Salomé aux Saintes-Maries-de-la-Mer. En cette circonstance, il compose un office et fait élever trois autels en leur honneur : dans la cathédrale Saint-Pierre de Nantes, à Longjumeau, et au couvent des Carmes de Paris de la place Maubert ( un des tableaux situés à l’arrière du choeur portait la signature de son auteur : F. Yvo carmelita 1357 , certainement un carme breton) (3) :
Quant guaris fut ly bons prélats
Et partit son pèlerinage,
Office en fit de biau latin
pour dire au vespre et au matin ;
Et fit fonder de biaux auteulz
Vous ne verrez des moys auteulz :
Un en fonda droit à Saint Pierre
De Nantes, qui est fait de pierre
Moult noblement, trestout d’albatre,
Ymages sont ou trois ou quatre ;
Un autre au Val des Escoliers,
A Longiumel près de Paris :
Fist il fonder quant fu guéris.
Après des biens dont habonda
Un bel autel aussi fonda
A Paris, au revestiaire (= sacristie)
Des Carmelistres le fit faire :
Et de ses mains le dédia
Au nom des suers où se fya :
Belle painture et délittable (= délectable)
Mist sur l’autel en une table ;
Derrier le grant autel quérez
Au long du cuer, là trouverez
L’autel moult bel et les paintures
Des Maries, et les figures
De leurs maris et de leurs filx :
Tout y est mis, je vous affis (= assuré) ;
Ne verrez maz (= davantage), plus biaux ymages,
Sy bien pourtraiz ne telz visages.
(Paris, BnF, Fr. 1351, f. 220v-221)
Suite au décès de Guillaume de Kersauzon, Pierre fut nommé à l’évêché de Saint-Pol de Léon le XV des calendes de juin (18 mai) 1328. Il était alors doyen de Châteaubriant, au diocèse de Nantes, et simple diacre. Nous savons qu’il était allié à la famille Bardoul qui donna quelques légistes de renom. En 1334, il consacre la cathédrale de Saint-Pol. Il fit soumission à la Chambre apostolique le 14 de Juillet 1349 pour sa nomination à l’évêché de Saint-Malo, et l’année suivante fit des statuts pour son nouveau diocèse. Il permute, en février 1359, avec Guillaume Poulart, évêque de Rennes, cité où il entre solennellement le 3 novembre 1359, consacrant le même jour sa cathédrale. Pierre de Nantes mourut vers la fin de l’an 1363. Les verrières de Rennes lui donne pour armoiries : d’argent semé de merlettes d’azur à un croissant d’or en abîme et au franc quartier de sable (A. Guillotin de Corson, Pouillé historique de l’archevêché de Rennes, Volume 1, p. 73)
Vitrail de Rennes [ lien ]. Merci à François du Fou.
(1) Claudia Rabel, « Des histories de famille. La dévotion aux Trois Maries en France du XIVe au XVe siècle. Textes et images », in Revista de História da Arte, n.º 7 (2009), pp. 121-136[ en ligne, format pdf ]
(2) Depuis août 1331, Chilly et Longjumeau appartenaient au duc de Bretagne [ lien ]. Sur les Augustins du prieuré de Saint-Eloi de Longjumeau voir AD Essonne, 4 H. Catherine Guyon, Les Ecoliers du Christ: l’ordre canonial du Val des Ecoliers, 1201-1539, Publications du CERCOR, 1998, p. 101 sq. [ extraits ]
(3) Milin, Antiquités nationales, 4, p. 24.
Manuscrits de l’histoire des trois Maries
<> London, British Library, Egerton 3050. Ancien Ashburnham 602. XIV/XVe s. Papier. 223 f. Bâtarde. 2 colonnes de 41 lignes. Initiales. [ description en ligne ]
<> Paris, BnF, Fr. 1531 [ numérisé sur Gallica ]. Provenance : Jacques d’Armagnac, duc de Nemours ; Bourbon (armes).
<> Paris, BnF, Fr. 1532 [ numérisé sur Gallica ]. Provenance : Jacques d’Armagnac, duc de Nemours ; Bourbon (armes)
<> Paris, BnF, Fr. 12468. [ numérisé sur Gallica ]. Parchemin. 232 f. 300 x 220 mm. 2 col. XIV/2 s. A la fin, le nom du copiste (f. 232 v) : « Per manum P. de Cruce » ; et une note grattée : « Ce livre est de messire B… [mil] CCCCXLVIJ. ». Au f. 1, ex-libris : « Bibliotheca Sedanensis. »
<> Paris, BnF, Fr. 24311. Parchemin. iv et 226 feuillets à 2 col. 320 × 235 mm. Reliure maroquin rouge. Miniatures en grisaille. Provenance : Jean Rolin, évêque de Chalon puis d’Autun, armes, d’azur, à trois clefs d’or posées en pal 2 et 1 peintes aux f. 1 et 5. Ancien De La Vallière 2765 :
Cy commence le liure intitule le liure des troiz maries lequel compila fit & ordonna frère Jehan Filions de Venette lez compiegne en beauuoisins de lordre des Carmes lan 1357 acompli ou moys de may ledit an a lheure des compiles, in fol. m. r.
Très Beau Manuscrit sur vélin du milieu du XV siecle, contenant 232 feuillets écrits en lettres appellées ancienne bâtarde, sur 1 colonnes. Les titres y sont en rouge, & les lettres tourneures peintes en or & en couleurs. Il est orné de 7 miniatures qui sont exécutées en camaïeu gris. Il a appartenu à un Abbé ou à un Evêque de la maison de Rolin, dont les armes avec une crosse se voient sur le 10e feuillet.
Les trois Maries dont il est parlé dans l’Ouvrage en vers de Jean de Venette, sont : Marie, Mère de Notre Seigneur, Marie Cleophé & Marie Salomé. M. de Sainte Palaye dans le tom. XIII. des Mém. de l’Académie des Inscriptions ; & l’Abbé Goujet, dans le tom. IX de sa Bibliotheque, ont donné de longues notices de ce Poème de Jean de Venette, qui est aussi Auteur de la seconde continuation de la Chronique de Guillaume de Nangis. (Catalogue, II, 1783)
<> Paris, BnF, Fr. 24344, f. 213v-232v. Divers traités dont l’histoire des Trois Maries. XVe siècle. Parchemin et papier. 404 f. 300 × 215 mm. Demi-reliure.
Listoire Des Trois Maries, Par Frere Jehan De Venette.
Prologue :
In nomine domini amen.
Chi commenche li prologues du livre de la saincte et haulte histore des glorieuses maries filles
madame saincte anne et de ses trois maris.
Incipit :
Un amy ay droit a paris
Avltre nom porte que paris
Qui moult me prie et admoneste
Qune matere treshonneste
Maite en romant a ceste fye
De trois dames ou tant se fye.
Se termine :
Lan mil ccc sept et cinquante
En may que li rossinoz chante
Un po de tamps devant complie
Fu ceste oeuvre tout acomplie
Cest listoire des trois maries
Les hautes suers tres bien meries
…
La matere est belle et honneste
Freres Jehans dis de venette
Nommes fillons la ordonnee
De Dieu soit s’ ame couronnée,
Qui nous doint paix et paradis :
Dites amen, adieu vous dis.
Explicit l’istoire des trois Maries, c’est de nostre Dame la haute dame Vierge, mère de nostre seigneur Jésus-Christ, et de ses deux suers, dittes Marie Jacobée et Marie Solomée, toutes filles à Madame sainte Anne, et aussi l’histoire de sainte Anne, et de touz leurs maris et leurs enfants, et de leur trespas de toutes et de touz, et moult d’autres belles narracions touchans et appartenans à elles. Fait et accompli, à Paris, par un frère des Carmes, l’an mil IIIc LVII du moys de may. Priez pour lui. Amen.
C’est loroison en latin que ly bons evesques Pierres de Nantes adont evesque de Saint Pol de Leon en Bretaigne dont mencon est faite vers la fin de ce livre fist en la maladie qui est recitee illec endroit et disoit ???? en la dicte langueur ou il estoit et en guery, et est mise en françoiz ou livre. »
Ci-dessous Paris BnF, 1531 et 1532. Quelques légères différences.
(c) Stockholm, Musée national, B 1211, f. 207v
Nobile collegium
Sanctarum Sororum trium
Quibus nomen est Maria,
Vestrum sanctum suffragium
Imploro ad praesidium
Nunc in ista angustia.
Quae erit Christo gratior,
Aut quae sibi acceptior
Quam sit vestra oratio!
Nulla sibi conjunctior,
Nulla sibi proximior
Quam sit vestra cognatio.
Tu sibi, Virgo, mater es,
Inde sibi quod imperes
Et naturae dat ratio.
Vos vere duae caeterae
Estis ejus marterterae.
O quam ingens affectio!
Vobis me dedicaveram
In servum, et decreveram
Me met ipsum expendere,
In devotis officis
Et debitis obsequiis
Vestri Deique munere.
Sed in morbo jam imbibor
Deficiens et delibor,
Si nunc desit remedium.
Ergo, dulce consortium,
Vestrarum precum dulcium
Sentiam nunc auxilium.
Amen.
L’édition revue de Jean Drouyn, imprimée de Lyon, 1519 (1e éd. Paris, 1505) :
La Vie des troys Maries, de leur mère, de leurs enfans et de leurs maris. Composé en rime françoise par Jean de Venette et translaté de rime en prose par Jean Droyn. Nouvellement corrigée par ung vénérable docteur en théologie… imprimée à Lyon sur le Rosne par Claude Nourry, « alias » Le Prince, le VI jour de juillet, l’an de grâce mil cinq cens et XIX [ en ligne sur Gallica ]
Biblio :
M. de La Curne, Mémoire concernant la Vie de Jean De Venette, avec la Notice de l’Histoire en vers des Trois Maries, dont il est Auteur, 1736 [ en ligne ]
Hercule Géraud, « De Guillaume de Nangis et de ses continuateurs », dans Bibliothèque de l’école des chartes, 3, 1842, p. 17-46 [ en ligne sur Persée ]
M. Faillon, Monuments inédits sur l ́apostolat de S.Marie Magdaleine en Provence, Publié par l’abbé Migne, 1848-1850, t. I, c. 1316, t. II, c. 945-950.
E. Déprez, Une tentative de reforme du calendrier sous Clement VI : Jean des Murs et la Chronique de Jean de Venette [ en ligne sur Persée ]
Jeanne Bouny, Edition critique des « Trois Maries », version de Pierre de Beauvais (XIIIe s.) et de Jean de Venette (XIVe s.), 1937, Thèse de licence, Université libre de Bruxelles.
Alfred Coville, » Jean de Venette, auteur de L’Histoire des Trois Maries « , dans Histoire littéraire de la France, t. 38, Paris, 1949, p. 355-404.
R. Newhall et J. Birdsall, The Cronicle of Jean de Venette, Columbia University Press, New York, 1953.
La chronique dite de Jean de Venette, édition critique, par Erik Le Maresquier, p. 83-85, dans Positions des thèses, Ecole nationale des chartes, 1968.
Chronique dite de Jean de Venette, Traduction Colette Beaune, LGF/Le Livre de Poche, 2011.
Base JONAS (IRHT) [ lien ]
1ere illustration : Sainte Anne et les trois Marie. Heures d’Étienne Chevalier, enluminées par Jean Fouquet. Paris, BnF, département des Manuscrits, NAL 1416, f. 115.
Quelques lieux de culte aux Trois Maries en Bretagne
Au XVIIe siècle, Corps-Nuds, en Ille-et-Vilaine, est quelquefois appelé Cornut-les-Trois-Marie ou Corps-Nuds-les-Trois-Marie, à cause de la chapelle des Trois-Maries qui fut probablement l’église primitive : Sanctus Petrus de Corporibus Nudis vel tres Mariae.
L’église de Cardroc (Ile-et-Vilaine) est sous l’invocation des Trois Maries.
Chapelle des Trois-Maries à Vitré ( Ille-et-Vilaine )
Couvent des Carmes des Trois-Maries, près de Vannes (Morbihan), fondé par la duchesse Françoise d’Amboise. Le sceau du couvent représentait une » Vierge au manteau « , le » front ceint du bandeau royal, portant sur ses épaules un vaste manteau, dont un côté soulevé par sa main gauche laisse voir un grand nombre de religieuses dans l’attitude de la prière et de la contemplation, et l’autre côté, soulevé par l’Enfant Jésus assis sur le bras droit de sa mère, d’autres religieuses abritées sous ses plis ». André Jean Marie Hamon, Notre-Dame de France ou Histoire du culte de la Sainte Vierge en France, IV, Paris, 1864, p. 429. Voir pour d’autres exemples de » Vierge au manteau « , l’article de Claudia Rabel cité plus haut. Voir : » Visa de la Chambre des Comptes de Bretagne relatant la : commission de la reine Anne autorisant le déplacement du couvent des Trois-Maries du Bondon, qui est étroit et malsain, et déléguant Ph. De Montauban, chancelier de Bretagne, J. Berthelot, docteur ès droits, vice-chancelier, G. du Quirisec, archidiacre de Vannes, Louis des Déserts, sénéchal de Vannes, O. de Loyon, son premier écuyer tranchant, capitaine de Vannes, la mission d’examiner les imperfections du couvent et de choisir, s’il y a lieu, un autre emplacement d’une étendue de 8 journaux, et décrétant que le nouveau couvent sera édifié sous l’invocation de la Conception de Notre-Dame (1513) « . ADLA H 381.
Chapellenie des Trois-Maries en l’île de Bouin (ancien diocèse de Nantes)
Cathédrale Saint-Pierre de Nantes : Chapellenie des Trois-Maries (ADLA, G 185) – \ » Maison des Trois Maries \ » près de la rue des Carmelites.
Chapellenie des Trois-Maries à Saint-Aignan (Loire-Atlantique)
La troisième des trois fontaines du sanctuaire marial de Gouézec (Finistère) est placée sous la protection des Trois Maries [ lien ] (Merci à André-Yves Bourgès par cette référence
Le culte des Trois Maries reste très présent dans la maison ducale bretonne durant tout le Moyen Âge.
A lire sur le sujet : différents messages sur la liste de discussion : La Bretagne au Moyen Âge (André-Yves Bourgès, Pierre-Yves Quémener, Amaury de La Pinsonnais …)
Jehan Bretet : un copiste breton de Nantes ?
Le manuscrit français 23019 de la Bibliothèque nationale de France (numérisé sur GALLICA), un petit recueil de chroniques, porte au dernier folio le nom de son copiste, malheureusement sans mention de lieu : « Les Croniques des papes et des empereurs et des roys de France et d’Engleterre, qui faictes et aconplies furent l’an mil CCCCLXV, le xve jour de fevrier, » et la signature de J[ehan] Bretet.
(c) Paris, BnF, Fr. 23019. Gallica –
Orné de tableaux synoptiques, de miniatures, le manuscrit résume sur quatre colonnes (papauté – empire – France – Angleterre) les grandes lignes de l’histoire de ces parties du monde.
f. 13. Ly sensuivent les papes qui ont este a Rom[m]e … / Ly sensuivent les empereurs qui ont este a Rom[m]e … / Ly sensuyvent les lignes des roys de France … / Cy sensuyvent en ceste figure les VII royaumes qui furent ordonnes en engleterre
f. 13v. Nostre seigneur Ihucrist qui est sans fin et sans commencement… // Iulles cesar fut homme moult chevaleureux et hardi
f. 14. A tous nobles qui ayment biaux fais et bonnes hystoires veil escripre et ensaigner au plaisir de dieu …
f. 15v. Cletus de la nassion de Romme fut pape lan IIIIxx. XIIII
f. 16. Comment les francoiz firent si grant occision des rommains que toutes les autres nations en furent si durement espoventes que onques puis nulz ne leur osa demander treu.
f. 16v. Yginus de la nation de grece fut pape lan CXL …
f. 17v. Constantin le grant empereur vint a sevestre pape pour estre nettoie de sa maladie …
f. 18. Comment France fut en grant pestilance au temps du roy merovee …
f. 19. Comment le roy alvred devisa sa terre en plusieurs parties et fut le premier roy engloiz enouingt …
f. 20. Comment la royne fredegonde fist occire le roy chilperith son seigneur …
f. 20v. Comment et pour quoy fut ordonne lexaltacion de sainte croiz
f. 21. Comment le roy Adthelstan subiuga les galoys et le roy de ecoce …
f. 22. Clovis le second commenca a regner lan VIc XLVI
f. 23. Dagoubert segond fut couronne apres son pere Childeberd lan VIIc XVI. En son temps fut la guerre de Charles Martel …
f. 28. Cy commence la lignie de Hue Cappet qui nestoit pas de la droite lignie royale …
f. 33. Apres Charles le bel qui mourut sans hoir de son corps fut couronne philippe le conte de Valois son cousin germain lan M IIIc XXVIII …
f. 33v. Charles qui estoit regent et duc de Normendie fut couronne lan mil CCC LXIIII encelan fut desconfit mesire Charles de Blois et mort en champ de bataille et la morut moult de nobles gent de France. Et fut par messire Iehan de Montfort et ces gens et gaigna la duché de Bretaigne …
Le très court résumé relatif à la France a été construit à partir des Croniques de Saint-Denis (f. 14).
On lit, sur les plats de la reliure, le nom de « Herovard ». XVe siècle. Parchemin. 34 feuillets à 2 col. 290 x 200 mm. Rel. parchemin. Provient de la bibliothèque de l’abbaye Saint-Victor de paris, n° 224.
Le patronyme BRETET nous semble provenir du pays nantais (ou peut-être du proche Poitou?). On retrouve en 1467 (à l’époque de la rédaction du manuscrit des Chroniques) un Jehan Bretet dans un conflit avec la collégiale de Notre-Dame de Nantes (Bulletin de la Société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Atlantique, t. 39, 1898, p. 151-152).
En 1481, Perrine Bretet était la nourrice du duc de Bretagne : Perrine Micault, veuffve de feu Guillaume Bretet, laquelle fut nourice du duc (Annales de Bretagne, 1889, p. 313).
La Bible historiale d’Hervé de Léon (ms Sainte-Geneviève 22) et la \ »librairie\ » d’un seigneur (breton ?)
Le manuscrit 22 de la Bibliothèque Sainte-Geneviève de Paris, »Bible historiale » de Guyart des Moulins, exécutée vers 1330, apporte une information généalogique précise sur l’illustre famille bretonne des seigneurs de Léon dont les exploits de certains membres ont été contés par le chroniqueur Froissart. On y trouve en effet au recto du dernier feuillet cette note très détaillée de la naissance en 1341, à la Roche-Maurice (Finistère), le dimanche après la translation de saint Martin, à deux heures environ avant le lever du soleil, d’Hervé VIII de Léon, fils d’Hervé VII et de Marguerite d’Avaugour, sa seconde femme :
« Anno Domini M° CCC° XLI°, die Jovis post translacionem beati Martini, de nocte, quasi per duas leucas ante diem, aput Rocham seu Rupem Mauricii , fuit natus HERVEUS DE LEONIA, ex nobilissimis parentibus procreatus, patre scilicet domino HERVEO DE LEONIA, matre autem domina Margareta de Alvalgoria ; et hoc, tempore guerre super ducatu Britannie inter Karolum Blesensem, dominum de Penthevreia, ex una parte, et comitem de Monte Forti ex alia ; et fuit conceptus in reditu guerre dominorum regum Francie scilicet et Anglie. Sit longevus ut Matusale, sapiens ut Salomon, robustus ut Samson, salvatus ut Petrus Symon ! Amen ». Ainsi, cette Bible appartint à Hervé VII de Léon, chevalier, seigneur de Noyon-sur-Andelle.
Pour l’histoire même du manuscrit, notons la présence au verso du dernier feuillet d’un inventaire très précieux :
« Ensuit les noms et nombres des livres que a Monsr. » Qui est donc ce « Monseigneur » ?
Tout d’abord il importe de savoir que notre Bible passa par l’officine du libraire parisien Geoffroy de Saint-Léger, connu pour avoir exercé comme libraire-juré de l’Université de Paris en 1316. Au bas du f. 37v, il signe « C’est Geufroi de S. Ligier ». L’initiale « G » placée au f. 56 et accompagnant plusieurs illustrations ont conduit François Avril à voir aussi en lui l’enlumineur. Dans tous les cas il doit être celui qui vendit le manuscrit au seigneur de Léon.
Nous savons qu’Hervé de Léon possédait à Paris la « Maison d’Ardoise … assise … en la grant rue S. Denis », laquelle fut du reste vendue par sa femme Marguerite d’Avaugour à la confrérie Saint-Jacques aux Pélerins en 1343-1344 pour la « délivrance » de son mari alors prisonnier en Angleterre (1). Au début de l’année 1341, Hervé de Léon testa à Paris, en présence notamment du canoniste breton Henri Bohic, dans la demeure de Guy de la Roche, in vico alterius divitis, en la rue de l’autre Riche (sic = il s’agit en fait de la rue d’Autriche), près du Louvre (voir en ligne), non loin du quartier de la Petite Bretagne..
La Maison d’Ardoise était située rue Saint-Denis, entre la rue du Cygne et la rue Mauconseil : voir le plan in extenso.
On peut donc supposer qu’Hervé de Léon acquit cette bible de Geoffroy de Saint-Léger. Pour ce qui est du « Monseigneur » de l’inventaire, conjecturons que le manuscrit passa aux héritiers des seigneurs de Léon que furent les vicomtes de Rohan. Jean I du nom épousa en 1349 Jeanne de Léon ( + 1372). Et l’on connaît assez l’attrait de certains Rohan envers les livres et les manuscrits pour envisager que ce « Monseigneur » est issu de cette famille et que l’inventaire en question a pu être celui de la « librairie » d’un seigneur de Rohan : Pierre (+ 1518), Jean II (+ 1516), Alain IX (+ 1462) … ?. Mais le doute subsiste …
La mention du Testament de maître François Villon dans cet inventaire ne permet toutefois pas d’en placer la rédaction avant 1460. D’autre part il est souvent difficile de savoir s’il s’agit d’imprimés ou de manuscrits.
(c) Manuscrit Sainte-Geneviève 22, f. 175. Salomon et la reine de Saba
Parchemin. 545 f. 455 x 320 mm. 2 colonnes de 50/52 lignes. Maître du Roman de Fauvel. 125 miniatures « représentatives d’une certaine production commerciale qui envahit le marché parisien autour des années 1320-1335 » (F. Avril). Se trouvait à Sainte-Geneviève dès 1698 d’après la note inscrite au haut du premier feuillet : « Ex libris S. Genovefae Paris., 1698, 20 livres ».
Le style de cet artiste (le Maître du Roman de Fauvel) se repère facilement par le traitement des carnations en blanc, les compositions souvent un peu maladroites, les visages aux bouches, nez et yeux rapprochés, les chevelures bouclées, les drapés fluides aux plis cassés qui ne dévoilent aucune anatomie. Il favorise l’aspect narratif et expressif des personnages. Comme il a beaucoup produit d’enluminures, il se répète souvent et commet des erreurs iconographiques (Éléonore Fournié)
Au verso du dernier feuillet, 545v :
« Ensuit les noms et nombres des livres que a Monsr
1 Lancelot du Lac
(= peut-être le manuscrit ayant appartenu à Francis Douce : Printed books and manuscripts bequeathed by Francis Douce, Oxford, 1840, lot 189. Fiche ARLIMA– Voir le manuscrit numérisé de RENNES).
2 Giron le courtoys
(= un exemplaire de « Gyron Le Courtoys », daté ca 1430, ayant appartenu à un Rohan, est signalé à la vente Quaritch de novembre 1880, catalogue 332, lot 50. Voir : Gyron le Courtois , avec la devise des Armes de tous les Chevaliers de la Table Ronde ; translaté et compilé par Rusticien de Puise. Paris, Verard, gothique, in-fol – Fiche ARLIMA).
3 Le sainct Greal
(= L’Histoire, ou Roman du Sainct Greal, qui est le fondement de la Table Ronde, que on dit de Lancelot du Lac et du Roy Artus et des autres Chevaliers de la Table Ronde, translaté en Romance par Messire Rob. de Borron. Voir l’édition de Galliot du Pré, de 1516 – Le ms numérisé Paris, BnF, Fr. 113).
4 Merlin et ses prophecies
(= manuscrit ou imprimé ? : L’Histoire de Merlin, et ses Prophéties. Paris, Verard, 1498, gothique – Merlin de Robert de Boron, Fiche ARLIMA).
5 Godeffroy de Billon
(= Li Roman de Godefroy de Bouillon – Voir sur Persée l’analyse du roman par Le Roux de Lincy, dans BEC, 1841).
6 Le Regime des princes
(= Le De regimine principum fut composé vers 1280 par Gilles de Rome, précepteur de Philippe Le Bel (BnF). Gilles de Rome sur ARLIMA. Ce fut un grand succès de la littérature politique médiévale (près de 200 manuscrits latins conservés), traduit en français dès 1282. Charles V en possèdait une dizaine d’exemplaires dans sa « librairie »).
7 Un aultre petit livre du sang Greal
(= Cf. Conqueste de la très doulce mercy au coeur d’amour espris ; ensuivant les termes du parler du livre de la Conquête du Sang Greal : Ouvrage mêlé de prose et de vers, composé par René (d’Anjou Roy de Sicile, oncle et cousin de Jean II, Duc de Bourbon et d’Auvergne, à qui il est dédié ) M.S. in-fol – Voir le manuscrit numérisé Paris, BnF, Fr. 343)
8 Le Livre des Anges
( = Le Livre des saints anges, premier ouvrage imprimé à Genève, et achevé le 23 Mars 1478; pour les manuscrits, par ex. « Le Livre des Anges, compilé par Frère Françoys Eximinez de l’Ordre des Frères Mineurs, à la requeste de Messire Pierre d’Artes, Chevalier-Gouverneur jadis du Roy d’Arragon ». in-fol. Manuscrit sur vélin, du 15e siècle, enrichi de deux belles miniatures, avec les Sommaires en rouge & ses lettres tourneures peintes en or & en couleurs. Vendu 39 liv. chez M. le Duc de la Vallière.
9 Regnaud de Montauban
(= Renaut de Montauban. Paris, BnF, Fr. 764, XVe s., Flandre). Sur ARLIMA.
10 Le Champion des dames
(= Le Champion des Dames, contenant la deffense des Dames contre Mallebouche et ses consorts ; (ou critique du Romant de la Rose 🙂 composé en vers par Martin franc Secretaire du Pape Felix V. avec figures. Paris, Galliot du Pré, 1530. Martin Le Franc ; Incunable sur Gallica.
11 Le Romant de la Rose
(= voir ici)
12 Alixandre en prose
(= Vasquez de Lucène, littérateur portugais, dans la traduction française qu’il fit de Q. Curce en 1468, dit que l’ Histoire d’Alexandre se trouvait de son temps « en francois en rime et en prose en six ou sept manières, mais corrompues, changées, fausses et pleines de évidens mensonges. » Sur le Roman d’Alexandre. Voir la numérisation en ligne sur le site de la BnF du manuscrit Paris, BnF, Fr. 9342, XVe s., pour Philippe Le Bon, duc de Bourgogne.
13 Alixandre en ryme
(= Le roman d’Alexandre en vers, sur ARLIMA)
14 Le Romant de Regnart
(= Le roman de renart, sur ARLIMA. Dossier pédagogique sur la BnF et le manuscrit numérisé Paris, BnF, Fr. 12584).
15 Deon (sic) de Meances
(= Doon de Mayence. Voir fiche sur ARLIMA. Edition en ligne, Guessard, 1859).
16 Le livre de Ysopet
(= Ysopet, de Marie de France ?. ARLIMA – Mohan Halgrain, Autour du stemma de l’Isopet de Marie de France).
17 Le Livre de Mandeville
(= Jean de Mandeville, Le Livre des Merveilles du Monde. Fiche ARLIMA. Paris, BnF, Fr. 22971,
18 Aubri le Bourgoignon
(= Auberi Le Bourguignon. Fiche ARLIMA. Edition Tarbé en ligne. Passage de Codex and Context. Un exemplaire manuscrit de la bibliothèque de La Vallière).
19 Le Testament M. F. Vouillon
(= Le Testament de François Villon. Fiche ARLIMA – Le Grand testament, sur Wikisource – Illustrations sur Gallica – Société François Villon).
20 Plusieurs aultres l
21 Beuffves d’Antonne
(= Beuve d’Hantone. Fiche ARLIMA.
22 Un livre de sermons
23 Un livre des Sept Sages de Romme
(= Les sept sages de Rome. Voir dans Brunet. Etude dans le Bibliophile français. Fiche ARLIMA.
24 La Guillemine
(= ?)
25 Les Croniques du roy d’Angleterre
(= Recueil des croniques et anciennes istoires de la Grant Bretaigne, de Jean de Wavrin. Fiche ARLIMA – Voir le manuscrit de la Bibliothèque de La Haye, KB, 133 A 7 I-III – Le manuscrit numérisé sur Gallica : Paris, BnF, Fr. 79.
26 Un livre ecclesiastique
27 Le Rebours de Matheolus
(= de Jehan Le Fevre, Voir édition de 1864 en ligne.
28 La vie sainct Jehan Baptiste
(= Vie de saint Jean, plusieurs éditions dans Brunet.
29 La vie sainct Balan et Josaphat
(= Barlaam et Josaphat. Fiche ARLIMA – Jean Sonet, Le roman de Barlaam et Josaphat, dans Revue belge de philologie et d’histoire, 23, 1944, p. 25-37, en ligne sur PERSEE .
30 Troille
(= Giovanni Boccaccio : Roman de Troyle et Criséïde)
31 La Légende dorée
(= de Jacques de Voragine. Voir ici – Fiche ARLIMA).
32 Un petit livre de la table ronde, Greal
(= Voir expo sur le site Paris, BnF)
33 Paris et Vianne
(= Paris et Vienne. Voir dans Brunet pour diverses éditions.
34 Vita Christi
(= de Louis de Saxe. Paris, BnF, Fr. 177, 178. Manuscrit Hunter 36-39 de la Bibliothèque de GLASGOW. Sur Gallica : Le grand \ »Vita Christi\ » en françoys, par Ludolphe le Chartreux, traduit par Guillaume Lemenand, 1493/1494).
35 Bouciquault
(= Le Livre des faicts du bon messire Jean le Maingre, dit Boucicaut. – Fiche ARLIMA – Edition Lalande).
36 Theseus roy de Grece
(= Peut-être la Vie de Theseus, par Plutarque. Voir le manuscrit Paris, BnF. Fr. 1396 – ou La Théséide de Boccace, traduction anonyme en prose française. Fiche ARLIMA. Imprimé : Ferrare, Augustinus Carnerius, 1474).
37 La Bible
(= sans doute la Bible historiale, manuscrit Sainte-Geneviève 22)
(c) Manuscrit Sainte-Geneviève 22, f. 3. Dieu sépare la lumière des ténèbres. A noter l’indication manuscrite « blanc » donnée à l’enlumineur. Comparer avec le ms Paris, BnF, Fr. 8, f. 3, ci-dessous, où la même technique a été utilisée, de même pour le ms Montpellier BU H49. Voir à ce sujet S. Berger – P. Durrieu, « Les notes pour l’enlumineur dans les manuscrits du Moyen Age », dans Mémoires de la Société nationale des antiquaires de France, t. 53, 1892, p. 1-30. P. Stirnemann & M. T. Gousset, « Marques, mots, pratiques : leur signification, et leurs liens dans le travail des enlumineurs », dans O. Weijers (éd.), Vocabulaire du livre et de l’écriture au Moyen Âge. Actes de la table ronde, Paris, 24 septembre 1987, Turnhout, Brepols, 1989, p. 34-55 :
(c) Manuscrit Paris, BnF, Fr. 8, f. 3. Bible historiale. ca 1320/1330. Maître du roman de Fauvel. Illustration base Mandragore
Description E. Fournié.
Manuscrit Montpellier, Bibliothèque de Médecine, H49, f. 3v. Bible historiale. vers 1312-1317.
(c) IRHT/Montpellier BIU. Images en ligne. Notice du manuscrit par E. Fournié.
(c) Manuscrit Sainte-Geneviève 22, f. 13; Naissance de Seth. Autre indication sur la tenture blanche : « ouvre » pour « orner ». Cf. M. T. Gousset, Libraires, p. 173
BIBLIOGRAPHIE ET LIENS
Voir le manuscrit numérisé sur la base Liber Floridus.
Description du manuscrit sur CALAMES
Éléonore Fournié, « Catalogue des manuscrits de la Bible historiale (3/3) », L’Atelier du Centre de recherches historiques , 03.2 | 2009 , [En ligne], mis en ligne le 30 septembre 2009. URL : http://acrh.revues.org/index1469.html. Consulté le 28 février 2011.
Bibliothèque Sainte-Geneviève, Paris.
Guyart des Moulins sur le site ARLIMA
La Bible historiale de la National Library of Russia
La Bible historiale de la Médiathèque de Troyes, enluminée en partie par le Maître de Fauvel.
Paris, BnF, Fr. 761. La légende du roi Arthur, Maitre de Fauvel
Aden Kumler, “Faire translater, faire historier: Charles V’s Bible historiale (Houghton Library, fMS Typ. 555) and the Visual Rhetoric of Vernacular Sapience,” Studies in Iconography, 29, 2008, p. 90-135 [ en ligne ].
Kohler, Catalogue des manuscrits de Sainte-Geneviève, t.1, p. 24-25.
Paul Meyer, « Inventaire d’une bibliothèque française », dans Bulletin de la Société des anciens textes français, 1883, p. 70-72.
S. Berger, La Bible française au Moyen-Age, Paris, 1884, p. 213, 288, 304, 376-377.
A. Ramé, « La Bible des sires de Léon », dans Mélanges d’histoire et d’archéologie bretonne, t. 1, 1855, p. 241-246.
A. Boinet, Bulletin de la Société française de reproduction de manuscrits à peintures, 5, 1921, p. 73-75.
François Duine, Inventaire , n° 309.
Frédéric Lyna, « Les miniatures d’un manuscrit du li nous dit », dans Scriptorium, 1, 1946, p. 117.
François Avril, Les Fastes du gothique, le siècle de Charles V. Paris, exposition du Grand Palais, 1981-1982, catalogue, p. 298 et pl. 244.
A. M. Genevois, J.-F. Genest et Anne Chalandon, Bibliothèque des manuscrits médiévaux en France, relevé des inventaires du VIIIe au XVIIIe siècle, Paris, 1987, no 1925.
R. H. & M. A. Rouse,The commercial production of manuscript books in late-thirteenth-century and early-fourteenth-century Paris, dans Linda L. Brown-Rigg (éd.), Medieval book production assessing the evidence. Proceedings of the second conference of the Seminar in the history of the book to 1500, Oxford, July 1988, Los Altos Hills, 1990, p. 103-115.
Lionel Le Corre, Présence et pratique de la couleur dans une Bible historiale parisienne des années 1330 : le manuscrit 22 de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, (s. l.), (1991), 106 p. (Mémoire de maîtrise en histoire de l’art, Paris IV Sorbonne, 1990-1991).
Dieu en son royaume, la Bible dans la France d’autrefois, XIIIe-XVIIIe siècle, Paris, 1991, n° 47 p. 63.
Marie-Thérèse Gousset, « Libraires d’origine normande à Paris au XIVe siècle », dans (P. Bouet & M. Dosdat), Manuscrits et enluminures dans le monde normand (Xe-XVe siècles), Caen, 1999, p. 169-180 (sur Geoffroy de Saint-Léger, p. 170-173).
Patrick Kernevez & Frédéric Morvan, « Généalogie des Hervé de Léon (vers 1180-1363) », dans BSAF, 131, 2002, p. 309, transcription et fac-similé du f. 545 (voir texte sur Tudchentil).
R. H. & M. A. Rouse, Manuscripts and Their Makers : Commercial Book Producers in Medieval Paris, 1200-1500. London : Harvey Miller, 2000, I, p. 206-208 et notes p. 378-379, II, Appendix 8C.
K. Busby, Codex and Context, 2002, p. 699-701.
Jean-Luc Deuffic, « La Bible historiale d’Hervé de Léon : manuscrit Bibliothèque Sainte-Geneviève 22 », dans Pecia, 4, 2004, p. 110-113.
Diane Booton, Manuscripts, Market and the Transition to Print in Late Medieval Brittany, Ashgate, 2010, p. 196, 198, 200, 290, 305.
(1) Acte concernant la « Maison d’ardoise » d’Hervé de Léon :
Par devant le prevost de Paris, en jugement, est produit l’acte suivant : « Charles, duc de Bretagne, en nostre court, à Jugon, personnellement establie noble dame Marguerite d’Avaugor, dame de Noion, femme de noble homme et puissant mons. Hervé de Léon chevalier, sire de Noion, recognut et confessa que le dit mons. Hervé son mari estoit absent hors du royaume de France, detenu prisonnier par les Anglois anemis du roy, et pour ce ne povoit bonnement requerre ne avoir auctorité de son dit mari a faire les choses ci en après escriptes ; pour quoi, elle voulant parvenir à la necessité de bonne delivrance de son dit seigneur et mari et pour l’evident besoing et prouffit d’icelui a establi . . . ses procureurs generaulx et especiaulx ses iraez, mons. Philippe de la Roche sire de Vaulx, mons. Riou de Rosmadouc et mons. Jehan de Léon sire de Montagu, chevaliers ; mons. Daniel le Neiret mons. Alain l’Escaf (A), prestres ; Hervé Raymond et Jehan Lemoine, et chascun d’euls pour le tout especialement pour obligier la dite dame ses biens, ses hoirs, par foy, par serement et par peines et par toutes les meilleures obligacions que l’on saura deviser 1 . . (23 mars 1343). — Sur quoi, par devant le prevost de Paris, « les quiex procureurs affermerent en vérité que pour la delivrance de la personne du dit mons. Hervieu de Léon qui, si comme ils disoient, estoit prisonnier du roy d’Angleterre en la ville de Londres, il avoient exposé et mis en vente entre les autres choses un hostel si comme il se comporte, qui est appelé la Meson d’Ardoise, lequel hostel o toutes ses appartenances led. mons. Hervé tenoit et poussédoit comme son propre heritage avecques touz les droiz, entrées, issues, court, jardin et la granche, assis à Paris en la grant rue S. Denis et aboutissant à la rue au Cygne, tenant d’une part tout au lonc à l’ospital de S. Jacques aux Pelerins, de Paris, et d’autre part devers la grant rue à la meson que l’en dit aus Trois Filles Dan Symon, et par devers la rue au Cygne la meson sur la porte, derrieres tenant à la meson Jehan Beaupignié et d’autre a la meson Hebert d’Ivry. Et est le dit hostel par devers la grant rue en la censive et seignorie du roy N. S., et par devers la rue au Cygne en la terre et censive que l’en dit de Jooigny, Iaquele est à present Jehan de Pacy, bourgeois de Paris ; chargié tout le dit hostel … en 20 1. 2 s. p. tant de fons de terre comme de crois de cens ou rente chascun an, deues aus censiers ci apres devisez . . (au curé de l’eglise de S. Pere des Arsiz 4 1. p.; à l’eglise de S. Magloire 48 s. p.; aus freres de la Trinité 8 s. p. ; à sire Pierre des Essars 40 s. p. ; aus hoirs de maistre Pierre le Breton 25 s. p. ; à Garnier Marcel 2 3 s. p. ; etc.) et les maistres et gouverneurs et aulcuns confreres dud. hosp. S. Jacques, pour ce que le dit hostel ou meson d’Ardoise leur estoit moult convenable pour le dit hospital, s’estoient trait par devers euls et leur en avoient offert bon et raisonnable pris, montant à la somme de six cent vingt livres parisis, lequel prix a eté payé en deniers d’or à l’escu pour treize soulz quatre deniers parisis la pièce »… Le 22 avril 1344 (Cote 178, dans Henri Bordier, Léon Brièle, Les archives hospitalières de Paris, Paris, Champion, 1877,p. 59-60).
(A) Alain Le Scanff chapelain d’Hervé VII de Léon, puis d’Hervé VIII, aux testaments desquels il assista, respectivement en 1341 et 1363, fit en 1338 une fondation de deux messes à l’abbaye Notre-Dame de Daoulas. A cet effet, Hervé de Léon l’autorisa à acheter 12 livres de rentes en ses fiefs de Léon ou de Cornouaille. En 1349, Alain gratifia le monastère augustinien des prévôtés de Sizun et de Ploudiry qui lui valut d’être inscrit en son nécrologe (J.-L. Deuffic, « Les documents nécrologiques de l’abbaye Notre-Dame de Daoulas », dans Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 107, 1979, p. 127).
CREDIT ICONOGRAPHIQUE
Bibliothèque Sainte-Geneviève
Bibliothèque nationale de France
Bibliothèque Interuniversitaire de Montpellier
A la recherche d’un unicum : le Livre d’heures imprimé à l’usage de Quimper (ca 1530, vve Thielman Kerver ?) de Conrad d’Einsiedeln
Préparant un Inventaire des Livres d’heures bretons je suis en quête d’un unicum, un Livre d’heures imprimé à l’usage du diocèse de Quimper passé en vente chez l’antiquaire allemand de Munich, Ludwig Rosenthal au début du XXe siècle. Encore que l’exemplaire en question restait incomplet de sa page de titre … Par bonheur nous possédons une description assez précise de l’ouvrage qui fut auparavant entre les mains du bibliophile français Ambroise Firmin-Didot (A)
Feuillet du mois de mars. On remarque dans une petite cartouche, à droite et à gauche, une date : 1535 ?
Petit in-8° à caractères gothiques sur vélin. Trois parties en un volume. Caractères rouges et noirs. On lit au bas du premier folio de chaque cahier : Corisop, et au bas du f. lxv des Suffragia sanctorum au début de la table : Festa immobilia in curia officialatus corisopitensis obseruata.
Première partie n. c. : 36 f., aa-dd8, ee4 (le titre et le f. 36 manque dans l’exemplaire Rosenthal (Aa-ee, 37 f., dans Brunet). Elle contient l’Homme anatomique et le Calendrier, avec des quatrains en latin et en français ; ensuite les jours de la sepmaine moralisez, en vers français, la maniere de bien vivre, l’Examen de conscience, le testament du pelerin, oraison a bien dire au matin, et autres pièces en français, suivies de la passion de nostre seigneur, en latin, les quatre évangiles, les Heures de la Passion.
Seconde partie : a-i, f. i à lxxij. 72 f. chiffrés. Horae.
Troisième partie : A-l. f. i à lxv. 65 f. chiffrés et 3 f. non chiffrés pour la fin de la table, le cahier l complet en 4 f. Horae sanctorum…
Le volume se termine par une table des matières où nous apprenons qu’au revers du titre il y avait un almanach pour seize ans. Le titre de l’exemplaire Rosenthal a été enlevé avant 1627, la signature de Conrad d’Einsiedeln (1), possesseur du volume à cette date, se trouvant écrite au bas de la première page.
Décoration : 62 gravures (63 selon Graesse), « sans analogie avec celles des Livres d’heures de Paris de la même époque, excepté les 12 grands sujets représentant les occupations des mois, qui sont des copies des Heures à l’usage de Notre-Dame d’Angers, imprimées par Thielman Kerver en 1530 (1)… Les caractères employés sont ceux des premières Heures de Pigouchet » (Didot, Catalogue, n° 881).
Dans la vignette du f. 62v, 2e partie, relative à la légende d’un chanoine de Paris, on lit le nom Bruno sur la robe du premier personnage à gauche, qui est le nom de ce personnage même. Plusieurs gravures ont le caractère germanique ; celle de s. Michel (f. 30, 3e partie) porte au bas le monogramme composé des lettres P D V (Pierre de Vingle ?) ; elle se trouve dans des Heures imprimées par Nicolas Higman pour Simon Vostre.
Il est intéressant de noter dans ce contexte que des Heures en langue bretonne ont été imprimées en 1576 par Jacques Kerver, dans lesquelles plusieurs illustrations ont été utilisées par Thielman Kerver. Voir sur cet ouvrage : Jean-Luc Deuffic, « Les Heures bretonnes à l’usage de Quimper de Gilles de Kerampuil », dans Pecia, 4, 2004, p. 118-126, suite à la (re)découverte d’un exemplaire complet aujourd’hui conservé à la Rylands de Manchester ; et l’analyse de Léopold Delisle, en ligne sur Persée.
Source et illustration : Catalogues Rosenthal
Notes :
(A) « Selon A. Jammes, Ambroise Firmin-Didot « a été sans doute le plus grand bibliophile de son siècle ». A la tête d’un véritable empire du livre, il confia vers 1855 à son fils et à son neveu la direction de ses usines et consacra les vingt dernières années de sa vie à ses travaux d’érudition et à son exceptionnelle collection de livres rares, de manuscrits enluminés et d’estampes. Les 3320 pièces les plus précieuses furent dispersée en six ventes posthumes et décrites dans de prestigieux catalogues dont les exemplaires de luxe comportaient des reproductions en phototypie » (Catalogue de l’exposition Les Didot, imprimeurs de l’Institut de France, Bibliothèque de l’Institut, 12 septembre – 15 décembre 2005, fichier pdf).
(1) Einsiedeln, commune suisse du canton de Schwytz, située dans le district d’Einsiedeln. Cet élément est un témoignage supplémentaire de la circulation (parfois surprenante) des livres.
Biblio : J. G. Théodore Graesse, Trésor de livres rares et précieux, Genève, Slatkine reprints, 1993 (Fac-similé de l’édition de Dresde, R. Kuntze, 1859-1869, parue sous le titre : Trésor de livres rares et précieux ou Nouveau dictionnaire bibliographique), t. VII, p. 372, cite un exemplaire vendu 500 fr. dans la Catalogue Tross de 1864, n° I, 208.
Jacques-Charles Brunet, Manuel du libraire et de l’amateur de livres, t. V, Paris, 1864, c. 1685, n° 202bis ; Supplément 1, 621.
Bibliothèque A. Firmin-Didot. Catalogue des livres précieux manuscrits et imprimés, [Paris], Delestre, Labitte, Juin 1883, p. 65, n° 66. Catalogue raisonné des livres de la bibliothèque de M. Ambroise Firmin Didot, t. I, Paris, 1867, col. ccc-ccci, n° 881.
Ludwig Rosenthal. Catalog 100. Seltene und kostbare Werke aus allen Fächern […], München [1898], p. 146-148, n° 825 (1500 fr.).
Ludwig Rosenthal. Katalog 111. Seltene und kostbare Bücher, München [1905], (1875 Fr.)
H. Bohatta, Bibliographie der Livres d’heures (Horae B.M.V) : Officia, Hortuli Animae, Coronae B.M.V., Rosaria und Cursus B.M.V. des XV. und XVI. Jahrhunderts, 2. verm. Aufl., Vienna, 1924, 386.
F. Duine, Inventaire n° 292.
Je remercie vivement Edith Rosenthal (Ludwig Rosenthal’s Antiquariaat) pour son aimable concours.
(1) Thierry Claerr, qui travaille sur les KERVER, me fait justement remarquer que Thielman Kerver, mort en 1522, c’est sa veuve, Yolande Bonhomme, qui lui succède. Au reste, je n’ai pas encore trouvé référence aux Heures de Notre-Dame d’Angers mentionnées par la notice du catalogue Rosenthal.