La Bible historiale d’Hervé de Léon (ms Sainte-Geneviève 22) et la \ »librairie\ » d’un seigneur (breton ?)
Le manuscrit 22 de la Bibliothèque Sainte-Geneviève de Paris, »Bible historiale » de Guyart des Moulins, exécutée vers 1330, apporte une information généalogique précise sur l’illustre famille bretonne des seigneurs de Léon dont les exploits de certains membres ont été contés par le chroniqueur Froissart. On y trouve en effet au recto du dernier feuillet cette note très détaillée de la naissance en 1341, à la Roche-Maurice (Finistère), le dimanche après la translation de saint Martin, à deux heures environ avant le lever du soleil, d’Hervé VIII de Léon, fils d’Hervé VII et de Marguerite d’Avaugour, sa seconde femme :
« Anno Domini M° CCC° XLI°, die Jovis post translacionem beati Martini, de nocte, quasi per duas leucas ante diem, aput Rocham seu Rupem Mauricii , fuit natus HERVEUS DE LEONIA, ex nobilissimis parentibus procreatus, patre scilicet domino HERVEO DE LEONIA, matre autem domina Margareta de Alvalgoria ; et hoc, tempore guerre super ducatu Britannie inter Karolum Blesensem, dominum de Penthevreia, ex una parte, et comitem de Monte Forti ex alia ; et fuit conceptus in reditu guerre dominorum regum Francie scilicet et Anglie. Sit longevus ut Matusale, sapiens ut Salomon, robustus ut Samson, salvatus ut Petrus Symon ! Amen ». Ainsi, cette Bible appartint à Hervé VII de Léon, chevalier, seigneur de Noyon-sur-Andelle.
Pour l’histoire même du manuscrit, notons la présence au verso du dernier feuillet d’un inventaire très précieux :
« Ensuit les noms et nombres des livres que a Monsr. » Qui est donc ce « Monseigneur » ?
Tout d’abord il importe de savoir que notre Bible passa par l’officine du libraire parisien Geoffroy de Saint-Léger, connu pour avoir exercé comme libraire-juré de l’Université de Paris en 1316. Au bas du f. 37v, il signe « C’est Geufroi de S. Ligier ». L’initiale « G » placée au f. 56 et accompagnant plusieurs illustrations ont conduit François Avril à voir aussi en lui l’enlumineur. Dans tous les cas il doit être celui qui vendit le manuscrit au seigneur de Léon.
Nous savons qu’Hervé de Léon possédait à Paris la « Maison d’Ardoise … assise … en la grant rue S. Denis », laquelle fut du reste vendue par sa femme Marguerite d’Avaugour à la confrérie Saint-Jacques aux Pélerins en 1343-1344 pour la « délivrance » de son mari alors prisonnier en Angleterre (1). Au début de l’année 1341, Hervé de Léon testa à Paris, en présence notamment du canoniste breton Henri Bohic, dans la demeure de Guy de la Roche, in vico alterius divitis, en la rue de l’autre Riche (sic = il s’agit en fait de la rue d’Autriche), près du Louvre (voir en ligne), non loin du quartier de la Petite Bretagne..
La Maison d’Ardoise était située rue Saint-Denis, entre la rue du Cygne et la rue Mauconseil : voir le plan in extenso.
On peut donc supposer qu’Hervé de Léon acquit cette bible de Geoffroy de Saint-Léger. Pour ce qui est du « Monseigneur » de l’inventaire, conjecturons que le manuscrit passa aux héritiers des seigneurs de Léon que furent les vicomtes de Rohan. Jean I du nom épousa en 1349 Jeanne de Léon ( + 1372). Et l’on connaît assez l’attrait de certains Rohan envers les livres et les manuscrits pour envisager que ce « Monseigneur » est issu de cette famille et que l’inventaire en question a pu être celui de la « librairie » d’un seigneur de Rohan : Pierre (+ 1518), Jean II (+ 1516), Alain IX (+ 1462) … ?. Mais le doute subsiste …
La mention du Testament de maître François Villon dans cet inventaire ne permet toutefois pas d’en placer la rédaction avant 1460. D’autre part il est souvent difficile de savoir s’il s’agit d’imprimés ou de manuscrits.
(c) Manuscrit Sainte-Geneviève 22, f. 175. Salomon et la reine de Saba
Parchemin. 545 f. 455 x 320 mm. 2 colonnes de 50/52 lignes. Maître du Roman de Fauvel. 125 miniatures « représentatives d’une certaine production commerciale qui envahit le marché parisien autour des années 1320-1335 » (F. Avril). Se trouvait à Sainte-Geneviève dès 1698 d’après la note inscrite au haut du premier feuillet : « Ex libris S. Genovefae Paris., 1698, 20 livres ».
Le style de cet artiste (le Maître du Roman de Fauvel) se repère facilement par le traitement des carnations en blanc, les compositions souvent un peu maladroites, les visages aux bouches, nez et yeux rapprochés, les chevelures bouclées, les drapés fluides aux plis cassés qui ne dévoilent aucune anatomie. Il favorise l’aspect narratif et expressif des personnages. Comme il a beaucoup produit d’enluminures, il se répète souvent et commet des erreurs iconographiques (Éléonore Fournié)
Au verso du dernier feuillet, 545v :
« Ensuit les noms et nombres des livres que a Monsr
1 Lancelot du Lac
(= peut-être le manuscrit ayant appartenu à Francis Douce : Printed books and manuscripts bequeathed by Francis Douce, Oxford, 1840, lot 189. Fiche ARLIMA– Voir le manuscrit numérisé de RENNES).
2 Giron le courtoys
(= un exemplaire de « Gyron Le Courtoys », daté ca 1430, ayant appartenu à un Rohan, est signalé à la vente Quaritch de novembre 1880, catalogue 332, lot 50. Voir : Gyron le Courtois , avec la devise des Armes de tous les Chevaliers de la Table Ronde ; translaté et compilé par Rusticien de Puise. Paris, Verard, gothique, in-fol – Fiche ARLIMA).
3 Le sainct Greal
(= L’Histoire, ou Roman du Sainct Greal, qui est le fondement de la Table Ronde, que on dit de Lancelot du Lac et du Roy Artus et des autres Chevaliers de la Table Ronde, translaté en Romance par Messire Rob. de Borron. Voir l’édition de Galliot du Pré, de 1516 – Le ms numérisé Paris, BnF, Fr. 113).
4 Merlin et ses prophecies
(= manuscrit ou imprimé ? : L’Histoire de Merlin, et ses Prophéties. Paris, Verard, 1498, gothique – Merlin de Robert de Boron, Fiche ARLIMA).
5 Godeffroy de Billon
(= Li Roman de Godefroy de Bouillon – Voir sur Persée l’analyse du roman par Le Roux de Lincy, dans BEC, 1841).
6 Le Regime des princes
(= Le De regimine principum fut composé vers 1280 par Gilles de Rome, précepteur de Philippe Le Bel (BnF). Gilles de Rome sur ARLIMA. Ce fut un grand succès de la littérature politique médiévale (près de 200 manuscrits latins conservés), traduit en français dès 1282. Charles V en possèdait une dizaine d’exemplaires dans sa « librairie »).
7 Un aultre petit livre du sang Greal
(= Cf. Conqueste de la très doulce mercy au coeur d’amour espris ; ensuivant les termes du parler du livre de la Conquête du Sang Greal : Ouvrage mêlé de prose et de vers, composé par René (d’Anjou Roy de Sicile, oncle et cousin de Jean II, Duc de Bourbon et d’Auvergne, à qui il est dédié ) M.S. in-fol – Voir le manuscrit numérisé Paris, BnF, Fr. 343)
8 Le Livre des Anges
( = Le Livre des saints anges, premier ouvrage imprimé à Genève, et achevé le 23 Mars 1478; pour les manuscrits, par ex. « Le Livre des Anges, compilé par Frère Françoys Eximinez de l’Ordre des Frères Mineurs, à la requeste de Messire Pierre d’Artes, Chevalier-Gouverneur jadis du Roy d’Arragon ». in-fol. Manuscrit sur vélin, du 15e siècle, enrichi de deux belles miniatures, avec les Sommaires en rouge & ses lettres tourneures peintes en or & en couleurs. Vendu 39 liv. chez M. le Duc de la Vallière.
9 Regnaud de Montauban
(= Renaut de Montauban. Paris, BnF, Fr. 764, XVe s., Flandre). Sur ARLIMA.
10 Le Champion des dames
(= Le Champion des Dames, contenant la deffense des Dames contre Mallebouche et ses consorts ; (ou critique du Romant de la Rose composé en vers par Martin franc Secretaire du Pape Felix V. avec figures. Paris, Galliot du Pré, 1530. Martin Le Franc ; Incunable sur Gallica.
11 Le Romant de la Rose
(= voir ici)
12 Alixandre en prose
(= Vasquez de Lucène, littérateur portugais, dans la traduction française qu’il fit de Q. Curce en 1468, dit que l’ Histoire d’Alexandre se trouvait de son temps « en francois en rime et en prose en six ou sept manières, mais corrompues, changées, fausses et pleines de évidens mensonges. » Sur le Roman d’Alexandre. Voir la numérisation en ligne sur le site de la BnF du manuscrit Paris, BnF, Fr. 9342, XVe s., pour Philippe Le Bon, duc de Bourgogne.
13 Alixandre en ryme
(= Le roman d’Alexandre en vers, sur ARLIMA)
14 Le Romant de Regnart
(= Le roman de renart, sur ARLIMA. Dossier pédagogique sur la BnF et le manuscrit numérisé Paris, BnF, Fr. 12584).
15 Deon (sic) de Meances
(= Doon de Mayence. Voir fiche sur ARLIMA. Edition en ligne, Guessard, 1859).
16 Le livre de Ysopet
(= Ysopet, de Marie de France ?. ARLIMA – Mohan Halgrain, Autour du stemma de l’Isopet de Marie de France).
17 Le Livre de Mandeville
(= Jean de Mandeville, Le Livre des Merveilles du Monde. Fiche ARLIMA. Paris, BnF, Fr. 22971,
18 Aubri le Bourgoignon
(= Auberi Le Bourguignon. Fiche ARLIMA. Edition Tarbé en ligne. Passage de Codex and Context. Un exemplaire manuscrit de la bibliothèque de La Vallière).
19 Le Testament M. F. Vouillon
(= Le Testament de François Villon. Fiche ARLIMA – Le Grand testament, sur Wikisource – Illustrations sur Gallica – Société François Villon).
20 Plusieurs aultres l
21 Beuffves d’Antonne
(= Beuve d’Hantone. Fiche ARLIMA.
22 Un livre de sermons
23 Un livre des Sept Sages de Romme
(= Les sept sages de Rome. Voir dans Brunet. Etude dans le Bibliophile français. Fiche ARLIMA.
24 La Guillemine
(= ?)
25 Les Croniques du roy d’Angleterre
(= Recueil des croniques et anciennes istoires de la Grant Bretaigne, de Jean de Wavrin. Fiche ARLIMA – Voir le manuscrit de la Bibliothèque de La Haye, KB, 133 A 7 I-III – Le manuscrit numérisé sur Gallica : Paris, BnF, Fr. 79.
26 Un livre ecclesiastique
27 Le Rebours de Matheolus
(= de Jehan Le Fevre, Voir édition de 1864 en ligne.
28 La vie sainct Jehan Baptiste
(= Vie de saint Jean, plusieurs éditions dans Brunet.
29 La vie sainct Balan et Josaphat
(= Barlaam et Josaphat. Fiche ARLIMA – Jean Sonet, Le roman de Barlaam et Josaphat, dans Revue belge de philologie et d’histoire, 23, 1944, p. 25-37, en ligne sur PERSEE .
30 Troille
(= Giovanni Boccaccio : Roman de Troyle et Criséïde)
31 La Légende dorée
(= de Jacques de Voragine. Voir ici – Fiche ARLIMA).
32 Un petit livre de la table ronde, Greal
(= Voir expo sur le site Paris, BnF)
33 Paris et Vianne
(= Paris et Vienne. Voir dans Brunet pour diverses éditions.
34 Vita Christi
(= de Louis de Saxe. Paris, BnF, Fr. 177, 178. Manuscrit Hunter 36-39 de la Bibliothèque de GLASGOW. Sur Gallica : Le grand \ »Vita Christi\ » en françoys, par Ludolphe le Chartreux, traduit par Guillaume Lemenand, 1493/1494).
35 Bouciquault
(= Le Livre des faicts du bon messire Jean le Maingre, dit Boucicaut. – Fiche ARLIMA – Edition Lalande).
36 Theseus roy de Grece
(= Peut-être la Vie de Theseus, par Plutarque. Voir le manuscrit Paris, BnF. Fr. 1396 – ou La Théséide de Boccace, traduction anonyme en prose française. Fiche ARLIMA. Imprimé : Ferrare, Augustinus Carnerius, 1474).
37 La Bible
(= sans doute la Bible historiale, manuscrit Sainte-Geneviève 22)
(c) Manuscrit Sainte-Geneviève 22, f. 3. Dieu sépare la lumière des ténèbres. A noter l’indication manuscrite « blanc » donnée à l’enlumineur. Comparer avec le ms Paris, BnF, Fr. 8, f. 3, ci-dessous, où la même technique a été utilisée, de même pour le ms Montpellier BU H49. Voir à ce sujet S. Berger – P. Durrieu, « Les notes pour l’enlumineur dans les manuscrits du Moyen Age », dans Mémoires de la Société nationale des antiquaires de France, t. 53, 1892, p. 1-30. P. Stirnemann & M. T. Gousset, « Marques, mots, pratiques : leur signification, et leurs liens dans le travail des enlumineurs », dans O. Weijers (éd.), Vocabulaire du livre et de l’écriture au Moyen Âge. Actes de la table ronde, Paris, 24 septembre 1987, Turnhout, Brepols, 1989, p. 34-55 :
(c) Manuscrit Paris, BnF, Fr. 8, f. 3. Bible historiale. ca 1320/1330. Maître du roman de Fauvel. Illustration base Mandragore
Description E. Fournié.
Manuscrit Montpellier, Bibliothèque de Médecine, H49, f. 3v. Bible historiale. vers 1312-1317.
(c) IRHT/Montpellier BIU. Images en ligne. Notice du manuscrit par E. Fournié.
(c) Manuscrit Sainte-Geneviève 22, f. 13; Naissance de Seth. Autre indication sur la tenture blanche : « ouvre » pour « orner ». Cf. M. T. Gousset, Libraires, p. 173
BIBLIOGRAPHIE ET LIENS
Voir le manuscrit numérisé sur la base Liber Floridus.
Description du manuscrit sur CALAMES
Éléonore Fournié, « Catalogue des manuscrits de la Bible historiale (3/3) », L’Atelier du Centre de recherches historiques , 03.2 | 2009 , [En ligne], mis en ligne le 30 septembre 2009. URL : http://acrh.revues.org/index1469.html. Consulté le 28 février 2011.
Bibliothèque Sainte-Geneviève, Paris.
Guyart des Moulins sur le site ARLIMA
La Bible historiale de la National Library of Russia
La Bible historiale de la Médiathèque de Troyes, enluminée en partie par le Maître de Fauvel.
Paris, BnF, Fr. 761. La légende du roi Arthur, Maitre de Fauvel
Aden Kumler, “Faire translater, faire historier: Charles V’s Bible historiale (Houghton Library, fMS Typ. 555) and the Visual Rhetoric of Vernacular Sapience,” Studies in Iconography, 29, 2008, p. 90-135 [ en ligne ].
Kohler, Catalogue des manuscrits de Sainte-Geneviève, t.1, p. 24-25.
Paul Meyer, « Inventaire d’une bibliothèque française », dans Bulletin de la Société des anciens textes français, 1883, p. 70-72.
S. Berger, La Bible française au Moyen-Age, Paris, 1884, p. 213, 288, 304, 376-377.
A. Ramé, « La Bible des sires de Léon », dans Mélanges d’histoire et d’archéologie bretonne, t. 1, 1855, p. 241-246.
A. Boinet, Bulletin de la Société française de reproduction de manuscrits à peintures, 5, 1921, p. 73-75.
François Duine, Inventaire , n° 309.
Frédéric Lyna, « Les miniatures d’un manuscrit du li nous dit », dans Scriptorium, 1, 1946, p. 117.
François Avril, Les Fastes du gothique, le siècle de Charles V. Paris, exposition du Grand Palais, 1981-1982, catalogue, p. 298 et pl. 244.
A. M. Genevois, J.-F. Genest et Anne Chalandon, Bibliothèque des manuscrits médiévaux en France, relevé des inventaires du VIIIe au XVIIIe siècle, Paris, 1987, no 1925.
R. H. & M. A. Rouse,The commercial production of manuscript books in late-thirteenth-century and early-fourteenth-century Paris, dans Linda L. Brown-Rigg (éd.), Medieval book production assessing the evidence. Proceedings of the second conference of the Seminar in the history of the book to 1500, Oxford, July 1988, Los Altos Hills, 1990, p. 103-115.
Lionel Le Corre, Présence et pratique de la couleur dans une Bible historiale parisienne des années 1330 : le manuscrit 22 de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, (s. l.), (1991), 106 p. (Mémoire de maîtrise en histoire de l’art, Paris IV Sorbonne, 1990-1991).
Dieu en son royaume, la Bible dans la France d’autrefois, XIIIe-XVIIIe siècle, Paris, 1991, n° 47 p. 63.
Marie-Thérèse Gousset, « Libraires d’origine normande à Paris au XIVe siècle », dans (P. Bouet & M. Dosdat), Manuscrits et enluminures dans le monde normand (Xe-XVe siècles), Caen, 1999, p. 169-180 (sur Geoffroy de Saint-Léger, p. 170-173).
Patrick Kernevez & Frédéric Morvan, « Généalogie des Hervé de Léon (vers 1180-1363) », dans BSAF, 131, 2002, p. 309, transcription et fac-similé du f. 545 (voir texte sur Tudchentil).
R. H. & M. A. Rouse, Manuscripts and Their Makers : Commercial Book Producers in Medieval Paris, 1200-1500. London : Harvey Miller, 2000, I, p. 206-208 et notes p. 378-379, II, Appendix 8C.
K. Busby, Codex and Context, 2002, p. 699-701.
Jean-Luc Deuffic, « La Bible historiale d’Hervé de Léon : manuscrit Bibliothèque Sainte-Geneviève 22 », dans Pecia, 4, 2004, p. 110-113.
Diane Booton, Manuscripts, Market and the Transition to Print in Late Medieval Brittany, Ashgate, 2010, p. 196, 198, 200, 290, 305.
(1) Acte concernant la « Maison d’ardoise » d’Hervé de Léon :
Par devant le prevost de Paris, en jugement, est produit l’acte suivant : « Charles, duc de Bretagne, en nostre court, à Jugon, personnellement establie noble dame Marguerite d’Avaugor, dame de Noion, femme de noble homme et puissant mons. Hervé de Léon chevalier, sire de Noion, recognut et confessa que le dit mons. Hervé son mari estoit absent hors du royaume de France, detenu prisonnier par les Anglois anemis du roy, et pour ce ne povoit bonnement requerre ne avoir auctorité de son dit mari a faire les choses ci en après escriptes ; pour quoi, elle voulant parvenir à la necessité de bonne delivrance de son dit seigneur et mari et pour l’evident besoing et prouffit d’icelui a establi . . . ses procureurs generaulx et especiaulx ses iraez, mons. Philippe de la Roche sire de Vaulx, mons. Riou de Rosmadouc et mons. Jehan de Léon sire de Montagu, chevaliers ; mons. Daniel le Neiret mons. Alain l’Escaf (A), prestres ; Hervé Raymond et Jehan Lemoine, et chascun d’euls pour le tout especialement pour obligier la dite dame ses biens, ses hoirs, par foy, par serement et par peines et par toutes les meilleures obligacions que l’on saura deviser 1 . . (23 mars 1343). — Sur quoi, par devant le prevost de Paris, « les quiex procureurs affermerent en vérité que pour la delivrance de la personne du dit mons. Hervieu de Léon qui, si comme ils disoient, estoit prisonnier du roy d’Angleterre en la ville de Londres, il avoient exposé et mis en vente entre les autres choses un hostel si comme il se comporte, qui est appelé la Meson d’Ardoise, lequel hostel o toutes ses appartenances led. mons. Hervé tenoit et poussédoit comme son propre heritage avecques touz les droiz, entrées, issues, court, jardin et la granche, assis à Paris en la grant rue S. Denis et aboutissant à la rue au Cygne, tenant d’une part tout au lonc à l’ospital de S. Jacques aux Pelerins, de Paris, et d’autre part devers la grant rue à la meson que l’en dit aus Trois Filles Dan Symon, et par devers la rue au Cygne la meson sur la porte, derrieres tenant à la meson Jehan Beaupignié et d’autre a la meson Hebert d’Ivry. Et est le dit hostel par devers la grant rue en la censive et seignorie du roy N. S., et par devers la rue au Cygne en la terre et censive que l’en dit de Jooigny, Iaquele est à present Jehan de Pacy, bourgeois de Paris ; chargié tout le dit hostel … en 20 1. 2 s. p. tant de fons de terre comme de crois de cens ou rente chascun an, deues aus censiers ci apres devisez . . (au curé de l’eglise de S. Pere des Arsiz 4 1. p.; à l’eglise de S. Magloire 48 s. p.; aus freres de la Trinité 8 s. p. ; à sire Pierre des Essars 40 s. p. ; aus hoirs de maistre Pierre le Breton 25 s. p. ; à Garnier Marcel 2 3 s. p. ; etc.) et les maistres et gouverneurs et aulcuns confreres dud. hosp. S. Jacques, pour ce que le dit hostel ou meson d’Ardoise leur estoit moult convenable pour le dit hospital, s’estoient trait par devers euls et leur en avoient offert bon et raisonnable pris, montant à la somme de six cent vingt livres parisis, lequel prix a eté payé en deniers d’or à l’escu pour treize soulz quatre deniers parisis la pièce »… Le 22 avril 1344 (Cote 178, dans Henri Bordier, Léon Brièle, Les archives hospitalières de Paris, Paris, Champion, 1877,p. 59-60).
(A) Alain Le Scanff chapelain d’Hervé VII de Léon, puis d’Hervé VIII, aux testaments desquels il assista, respectivement en 1341 et 1363, fit en 1338 une fondation de deux messes à l’abbaye Notre-Dame de Daoulas. A cet effet, Hervé de Léon l’autorisa à acheter 12 livres de rentes en ses fiefs de Léon ou de Cornouaille. En 1349, Alain gratifia le monastère augustinien des prévôtés de Sizun et de Ploudiry qui lui valut d’être inscrit en son nécrologe (J.-L. Deuffic, « Les documents nécrologiques de l’abbaye Notre-Dame de Daoulas », dans Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 107, 1979, p. 127).
CREDIT ICONOGRAPHIQUE
Bibliothèque Sainte-Geneviève
Bibliothèque nationale de France
Bibliothèque Interuniversitaire de Montpellier
A la recherche d’un unicum : le Livre d’heures imprimé à l’usage de Quimper (ca 1530, vve Thielman Kerver ?) de Conrad d’Einsiedeln
Préparant un Inventaire des Livres d’heures bretons je suis en quête d’un unicum, un Livre d’heures imprimé à l’usage du diocèse de Quimper passé en vente chez l’antiquaire allemand de Munich, Ludwig Rosenthal au début du XXe siècle. Encore que l’exemplaire en question restait incomplet de sa page de titre … Par bonheur nous possédons une description assez précise de l’ouvrage qui fut auparavant entre les mains du bibliophile français Ambroise Firmin-Didot (A)
Feuillet du mois de mars. On remarque dans une petite cartouche, à droite et à gauche, une date : 1535 ?
Petit in-8° à caractères gothiques sur vélin. Trois parties en un volume. Caractères rouges et noirs. On lit au bas du premier folio de chaque cahier : Corisop, et au bas du f. lxv des Suffragia sanctorum au début de la table : Festa immobilia in curia officialatus corisopitensis obseruata.
Première partie n. c. : 36 f., aa-dd8, ee4 (le titre et le f. 36 manque dans l’exemplaire Rosenthal (Aa-ee, 37 f., dans Brunet). Elle contient l’Homme anatomique et le Calendrier, avec des quatrains en latin et en français ; ensuite les jours de la sepmaine moralisez, en vers français, la maniere de bien vivre, l’Examen de conscience, le testament du pelerin, oraison a bien dire au matin, et autres pièces en français, suivies de la passion de nostre seigneur, en latin, les quatre évangiles, les Heures de la Passion.
Seconde partie : a-i, f. i à lxxij. 72 f. chiffrés. Horae.
Troisième partie : A-l. f. i à lxv. 65 f. chiffrés et 3 f. non chiffrés pour la fin de la table, le cahier l complet en 4 f. Horae sanctorum…
Le volume se termine par une table des matières où nous apprenons qu’au revers du titre il y avait un almanach pour seize ans. Le titre de l’exemplaire Rosenthal a été enlevé avant 1627, la signature de Conrad d’Einsiedeln (1), possesseur du volume à cette date, se trouvant écrite au bas de la première page.
Décoration : 62 gravures (63 selon Graesse), « sans analogie avec celles des Livres d’heures de Paris de la même époque, excepté les 12 grands sujets représentant les occupations des mois, qui sont des copies des Heures à l’usage de Notre-Dame d’Angers, imprimées par Thielman Kerver en 1530 (1)… Les caractères employés sont ceux des premières Heures de Pigouchet » (Didot, Catalogue, n° 881).
Dans la vignette du f. 62v, 2e partie, relative à la légende d’un chanoine de Paris, on lit le nom Bruno sur la robe du premier personnage à gauche, qui est le nom de ce personnage même. Plusieurs gravures ont le caractère germanique ; celle de s. Michel (f. 30, 3e partie) porte au bas le monogramme composé des lettres P D V (Pierre de Vingle ?) ; elle se trouve dans des Heures imprimées par Nicolas Higman pour Simon Vostre.
Il est intéressant de noter dans ce contexte que des Heures en langue bretonne ont été imprimées en 1576 par Jacques Kerver, dans lesquelles plusieurs illustrations ont été utilisées par Thielman Kerver. Voir sur cet ouvrage : Jean-Luc Deuffic, « Les Heures bretonnes à l’usage de Quimper de Gilles de Kerampuil », dans Pecia, 4, 2004, p. 118-126, suite à la (re)découverte d’un exemplaire complet aujourd’hui conservé à la Rylands de Manchester ; et l’analyse de Léopold Delisle, en ligne sur Persée.
Source et illustration : Catalogues Rosenthal
Notes :
(A) « Selon A. Jammes, Ambroise Firmin-Didot « a été sans doute le plus grand bibliophile de son siècle ». A la tête d’un véritable empire du livre, il confia vers 1855 à son fils et à son neveu la direction de ses usines et consacra les vingt dernières années de sa vie à ses travaux d’érudition et à son exceptionnelle collection de livres rares, de manuscrits enluminés et d’estampes. Les 3320 pièces les plus précieuses furent dispersée en six ventes posthumes et décrites dans de prestigieux catalogues dont les exemplaires de luxe comportaient des reproductions en phototypie » (Catalogue de l’exposition Les Didot, imprimeurs de l’Institut de France, Bibliothèque de l’Institut, 12 septembre – 15 décembre 2005, fichier pdf).
(1) Einsiedeln, commune suisse du canton de Schwytz, située dans le district d’Einsiedeln. Cet élément est un témoignage supplémentaire de la circulation (parfois surprenante) des livres.
Biblio : J. G. Théodore Graesse, Trésor de livres rares et précieux, Genève, Slatkine reprints, 1993 (Fac-similé de l’édition de Dresde, R. Kuntze, 1859-1869, parue sous le titre : Trésor de livres rares et précieux ou Nouveau dictionnaire bibliographique), t. VII, p. 372, cite un exemplaire vendu 500 fr. dans la Catalogue Tross de 1864, n° I, 208.
Jacques-Charles Brunet, Manuel du libraire et de l’amateur de livres, t. V, Paris, 1864, c. 1685, n° 202bis ; Supplément 1, 621.
Bibliothèque A. Firmin-Didot. Catalogue des livres précieux manuscrits et imprimés, [Paris], Delestre, Labitte, Juin 1883, p. 65, n° 66. Catalogue raisonné des livres de la bibliothèque de M. Ambroise Firmin Didot, t. I, Paris, 1867, col. ccc-ccci, n° 881.
Ludwig Rosenthal. Catalog 100. Seltene und kostbare Werke aus allen Fächern […], München [1898], p. 146-148, n° 825 (1500 fr.).
Ludwig Rosenthal. Katalog 111. Seltene und kostbare Bücher, München [1905], (1875 Fr.)
H. Bohatta, Bibliographie der Livres d’heures (Horae B.M.V) : Officia, Hortuli Animae, Coronae B.M.V., Rosaria und Cursus B.M.V. des XV. und XVI. Jahrhunderts, 2. verm. Aufl., Vienna, 1924, 386.
F. Duine, Inventaire n° 292.
Je remercie vivement Edith Rosenthal (Ludwig Rosenthal’s Antiquariaat) pour son aimable concours.
(1) Thierry Claerr, qui travaille sur les KERVER, me fait justement remarquer que Thielman Kerver, mort en 1522, c’est sa veuve, Yolande Bonhomme, qui lui succède. Au reste, je n’ai pas encore trouvé référence aux Heures de Notre-Dame d’Angers mentionnées par la notice du catalogue Rosenthal.
Chroniques médiévales de Bretagne
Mais avant de poursuivre ainsi, je supplie humblement, mains jointes et genoux fléchis, ceux qui jetteront les yeux sur mon opuscule, de corriger amicalement l’ignorance de ma présomption et, s’ils relèvent une lacune, de daigner la corriger charitablement, avec les yeux de l’ami et le zèle de l’amitié et de l’honneur, parce que je n’en ai pas trouvé le contenu dans mon jardin, mais dans plusieurs autres livres très difficiles, mais très intéressants, brillants de nombreuses fleurs odorantes que, me servant de cette nourriture divine, j’ai essayé de cueillir. Enfin, ce n’est pas sous contrainte, ni par appât du gain, mais sous l’impulsion de ma libre volonté que j’ai entrepris d’écrire et de compiler ce livre, en l’an 1394, suivant plusieurs conseils qui aiguillonnaient mon âme et non sans raison. Et avant tout parce que les copistes ou les historiens qui ont rédigé ou compilé les chroniques de France n’ont pratiquement pas fait mention des rois des Bretons qui vécurent en Grande ou en Petite Bretagne avant l’incarnation du Verbe, ni des nombreux rois qui s’y succédèrent longtemps après l’incarnation, parce qu’ils n’ont rien dit des exploits de Bellinus, de Maximien, de Constantin le Grand, d’Arthur, ces rois des Bretons qui jadis soumirent toute la Gaule, la Neustrie, la Touraine, la Gascogne, l’Anjou, l’Aquitaine, qu’il n’y a pas la moindre mention dans ces chroniques françaises de la vaillance d’Arthur, de son combat et de sa victoire en duel sur le tribun Frollon, qui gouvernait la province de Gaule pour l’empereur Léon : après avoir tué ce Frollon, le roi Arthur victorieux entreprit la construction de la cathédrale Notre-Dame de Paris… C’est pourquoi, afin que les exploits des Bretons soient reconnus dignes d’une louange éternelle et qu’ils soient glorifiés avec plaisir et durablement, par beaucoup, comme s’ils étaient écrits et aussi pour que mes successeurs les fassent entièrement connaître grâce à cet opuscule, de sorte qu’il ne soit pas abandonné à un oubli poussiéreux, je souhaite que ce traité trouve non seulement un lecteur, mais aussi un correcteur, pourvu qu’il soit conscient du poison de la jalousie. Je demande aussi, d’un coeur pieux, que tous ceux qui liront ce livre y trouvent le secours de leurs prières contre les juges malhonnêtes et qu’ils y conjurent par de pieuses prières tout ce qu’ils trouvent de méprisable en moi …
Extrait de la Chronique de Saint-Brieuc,
Edit. Gwenaël Le Duc & Claude Sterckx, Chronicon Briocense, Chronique de Saint-Brieuc ( fin XIVe siècle), Paris : Librairie Klincksieck, 1972, p. 61-63
L’histoire de l’historiographie bretonne médiévale a suscité depuis quelques années des ouvrages remarquables, et les travaux de Jean Kerhervé sur l’Etat breton ont permis de grandes avancées dans la connaissance des sources manuscrites, des chroniques et autres « livres » utilisés par nos anciens auteurs bretons. Nous allons présenter ici quelques manuscrits de ces Chroniques et de ces Histoires de Bretagne :
§ Aix-en-Provence BM 648 [ quelques feuillets numérisé ]. Chroniques de Bretagne, XVe s. Exemplaire aux armes de Thibault Baillet, président au Parlement de Paris.
(c) Bibliothèque de Aix-en-Provence. IRHT. Enluminures
L’extrait ci-dessus se rapporte à Guillaume de Malestroit, évêque de Nantes de 1443 à 1462 (décédé en 1491)
Les armoiries, d’azur à la bande de gueules accompagnée de deux amphiptères (ou dragons) d’or, sont celles de Thibault Baillet (ca 1440-19 novembre 1524, inhumé à Saint-Merry, Paris), chevalier, seigneur de Sceaux et de Silly, reçu conseiller au Parlement de Paris en 1461, maîtres des requêtes ordinaires de l’Hôtel en 1472, en l’office de président au Parlement de Paris le 1er mars 1484. Sources : Dom Morice, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, II, p. 225. Cf. Jean Yver, Le président Thibault Baillet et la rédaction des coutumes (1496-1514), dans Revue historique de droit français et étranger, 64, 1986, p. 19-42. Infos Bernard de Lépinay.
§ Paris BnF Fr. 5624. [ numérisé ] 72 fol. XVe s. : il ne s’agit pas ici spécialement d’une Chronique de Bretagne, mais de mélanges historiques concernant particulièrement l’Angleterre, exemplaire offert à Guillaume Jouvenel des Ursins (1401-1472), baron de Trainel, chancelier de France :
[Jouvenel des Ursins peint par Jean Fouquet, XVe siècle.
Paris, Louvre, Département des Peintures, Inv. 9619 (c) photo RMN – G. Blot]
Le colophon du fol. 72v nous apporte quelques précisions intéressantes sur la provenance de cet ouvrage : « Je, Jehan Le Baud, licencié en loix, conseiller du roy nostre sire, ay donné et donne cest livre à monseigneur de Trainhel, chancellier de France, tesmoing mon seing manuel cy mis ou moys de juillet, l’an mil quattre cens quarante et neuf. [ signé : ] J. Le Baud. » Ce Jehan Le Baud n’est-il pas de la même famille que l’historien breton Pierre Le Baud (+1505)?
(c) Cliché Paris BnF : Pierre Le Baud, Compilation des Chroniques et histoires des Bretons, France (Bretagne), 1480. Paris BnF Fr. 8266, f. 5.
PIERRE LE BAUD
Fils de Pierre Le Baud, seigneur de Saint-Ouen (Maine) et de Jeanne de Châteaugiron, bâtarde de Patry de Derval. Il fut chantre et chanoine de la collégiale Saint-Tugal de Laval. Son oeuvre fondamentale en fait le premier historien de Bretagne, longtemps attaché à la reine Anne comme conseiller et aumonier.
Edition imprimée : Histoire de Bretagne avec les chroniques des maisons de Vitré et de Laval par Pierre Le Baud… aumonier d’Anne de Bretagne, reine de France… et un recueil armorial contenant … les armes et blazons de plusieurs anciennes maisons de Bretagne… Le tout nouvellement mis en lumière, tiré de la bibliothèque du marquis de Molac et à luy dédié par le sieur d’Hozier… 1638, A Paris, chez Gervais Alliot.
Voir Table des matières sur le site du Cirmodoc.
Manuscrits des œuvres de Pierre Le Baud
§ Angers, BM, 941 (839). Chroniques des rois, ducs et princes de Bretagne. [ numérisé ] 406 fol. 357 x 255 mm. Ce manuscrit provient de l’abbaye Saint-Aubin d’Angers, et a appartenu à Boislève du Saulay. Cf. Catalogue général, 31, 1898, p. 488. Sur ce manuscrit voir la thèse en ligne de Karine Abélard, Edition scientifique des Chroniques des rois, ducs et princes de Bretagne de Pierre Le Baud, d’après le manuscrit 941 conservé à la Bibliothèque municipale d’Angers (thèse de doctorat soutenue à l’université d’Angers), 2015 [ en ligne ] / Pierre Le Baud, Compillation des cronicques et ystoires des Bretons, éd. Karine Abélard, Sources médiévales de l’histoire de Bretagne, Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2018.
§ Paris, BnF, Fr. 6011. [ numérisé ]. Parchemin. 19 fol. XVe s. : Généalogie des très anciens roys, ducs et princes qui, au temps passé, ont régy et gouverné la Bretagne. Commence au f. 3v par la dédicace à Marguerite, duchesse de Bretagne et comtesse de Montfort : Eneas doncques, duc Troyan, aucteur du lignaige romain, et finit, fol. 19v : …bonne vie et longue, et en la fin de voz jours le règne pardurable. Amen ». A l’intérieur de la reliure, l’ex-libris : « Je suis à Gilles Bernardeau, prebstre, recteur de Nostre dame de Nantes« . Au fol. 1, le nom Du Molinet.
§ Paris, BnF, Fr. 6012. [ numérisé ]. Papier. 74 fol. XVe s. : Le Bréviaire des Bretons. Ce manuscrit diffère des autres textes dans la mesure où il contient deux strophes supplémentaires. Le poème ne s’arrête pas à la mort de Marguerite (15 septembre 1469), première femme du duc François II, mais sont relatés les décès du duc (9 septembre 1488) et de sa fille puinée Isabelle (24 août 1490). Le texte se termine par le fait que Anne, la fille survivante, reste « seule héritière du duché ». Sur feuille de garde : Genealogie de madame anne de Breteigne royne de France / Au-dessous Ballesdens Ad.
Commence au fol. 1 : Environ l’an après deux mil iic six… et finit, fol. 74 par : Et eut la fille aisnée du duc Françoys à femme, Qui trespassa à Nantes, Jesus-Crist en ait l’âme. Il règne à présent, Dieu luy doint prospérer, Et sa postérité à tousjour mais durer. Puis, en secondes nopces, iceluy duc Françoys Espousa, à Cliczon, Marguerite de Foix, De laquelle eut deux filles, Anne et Ysabeau, Dont la puisnée fut mise à Rennes en tombeau. Et mys en sépulture près sa première femme, II fut de cueur piteux, Dieu en veil avoir l’âme. Ainsi demeura Anne seulle fille héritière Du duché de Bretaigne, qui lors n’estoit entière. Finis. Vostre très humble, très obéissant subgect et serviteur. Mauhugeon. Sur un feuillet de garde, la signature de J[ean] Ballesdens. Les deux dernières strophes ont été attribuées par C. Couderc au copiste nommé Mauhugeon. Toutefois remarquer l’expression « Vostre très humble, tres obéissant subgect et serviteur » que l’on retrouve aussi dans la Généalogie (ms de Genève par ex.) Il y eut un Jehan Mauhugeon, grant. maistre de l’artillerie de Bretaigne vers 1475 ; un Robert de Mauhugeon est premier aumônier du dauphin Charles, en 1488 (Paris BnF, Pièces orig., vol. 1894, doss. Mauhugeon, n° 6.). Un Jehan Mauhugeon, notaire et secrétaire ordinaire du roi et de la duchesse de Bretagne est témoin en 1505 au procès de Pierre de Rohan, maréchal de Gié. Nous pensons que ce dernier doit être copiste du Fr. 6012.
Biblio : C. Couderc, Le bréviaire des Bretons de P. Lebaud, faussement attribué au copiste Mauhugeon, dans Bibliothèque de l’Ecole des chartes, 61, 1900, p. 71-74.
§ Paris, BnF, Fr. 25211. Le Bréviaire des Bretons, par Pierre Le Baud, aumosnier de la royne Anne, doyen de Saint-Tugal de Laval, thrésaurier de la Magdelaine de Vitré, oncle maternel de Messire Pierre d’Argentré. Manuscrit aux armes et devises de Jean de Derval. XVe s. Parchemin, 40 fol. 205 x 145 mm (Gaignières 662/1).
Sur la bibliothèque de Jean de Derval, voir l’ouvrage récent de Michel Mauger : Aristocratie et mécénat en Bretagne au XVe siècle. Jean de Derval, seigneur de Châteaugiron, bâtisseur et bibliophile. et notre étude : Jean-Luc Deuffic, « Jean de Derval, bibliophile breton du XVe s. », dans Notes de bibliologie. Livres d’heures et manuscrits du Moyen Age identifiés, dans Pecia. Le livre et l’écrit, 7, 2009 [ Lien ].
§ Paris, BnF, Fr. 25212. Le Bréviaire des Bretons. Au fol. 58, addition de quelques strophes, sans doute par le copiste Mauhugeon. ; fol. 80v : Je suys à Monsieur de La Haye, escuyer demourant en basse salle en defaulte d’ung plancher. Je suys et apartient au sire Georges Cleray. « Ex dono D. de la Meschinière« . XVIe s. Papier, 80 fol. 195 x 150 mm (Gaignières 662/2).
§ Paris, BnF, Fr. 8266. Compillation des croniques et ystoires des Bretons. [qq images en lignes sur le site BnF]. Manuscrit dédicatoire à Jean de Derval. Copie moderne aux Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, fds de La Borderie, 1F 1001. [ numérisé ]. Voir la thèse de Karine Abélard.
§ Paris, BnF, Fr. 24041. Les chroniques de Vitré. XVIIe s. Papier, 217 fol. 280 x 180 mm (Gaignières, 660).
§ Paris, BnF, Fr. 25177. Chroniques de Vitré, ou Généalogie des rois, ducs et princes de Bretagne (386-1486), dédiée à Jeanne de Laval, reine de Jérusalem, etc. Copie de 1560 aux armes écartelées de Gaspard 1er de Coligny et de Louise de Montmorency, sa femme, et aux armes parties de leur fils. Ex-libris de Du Bouchet, qui acheta ce livre 9 livres t. en 1631. Papier, 122 fol. 220 x 165 mm.
§ Paris, BnF, Fr. 32615. Histoire généalogique des seigneurs de Vitré, de Montfort et de Laval, par Pierres Thebault (sic), prestre, chantre et chanoyne de Vitré. (1486). Histoire dédiée à Jeanne de Laval. Ex-libris gravé de Charles d’Hozier. XVIe s. Papier, 48 fol. 300 x 208 mm.
§ Poitiers, BM, 171. Chroniques de Bretagne. Le début manque. XVe s.
§ Poitiers, BM, 338. Chroniques des maisons de Vitré et de Laval. XVe s.
§ Genève, BU, Fr. 131. Parchemin. 23 fol. 214 x 147. Fin XVe s. Genealogie des tres anciens roys, ducs et princes qui, au temps passé, ont regy et gouverné ceste royalle principauté de Bretagne. Reliure aux armes, chiffre et devise d’Alexandre Petau. Au fol. 2, armes de la duchesse Marguerite de Bretagne, écu losangé avec les armes de Bretagne et de Foix. Commence au fol. 2: A tres haulte, tres puissante, tres excellante princesse et ma souveraine damme Margarite, par la grace de Dieu duchesse de Bretaigne, contesse de Montfort, de Richemont, d’Estempes et de Vertus, voustre tres humble et tres obeissant subget, serviteur et orateur Pierre le Baud, toute tres humble obeissance, service et subjection deue comme a ma souveraine damme. Finit au fol. 21: … et doint au duc, noustre souverain seigneur, a vous et ames tres redoubtees dammes voz filles, prosperité, santé, bonne vie et longue, et en la fin de voz jours le regne pardurable. Amen. Collection Petau (n° 95). Cf. Hippolyte Aubert, Notices sur les manuscrits Petau conservés à la bibliothèque de Genève, Paris, 1911, p. 112-113.
§ London, British Library, Harleian 4731. Le livre des cronicques des roys, ducs et princes de Bretaigne armoricane aultrement nommée la moindre Bretaigne. 1505.
In-fol., vélin, miniatures et lettres enluminées, tranches dorées. 357 feuillets sur deux colonnes. Ce volume porte au dos : Histoire de Bretagne manuscrite. — Icy commence le livre des cronicques des rois, ducs et princes de Bretaigne armoricaine, aultrement nommée la moindre Bretaigne. Et premièrement le prologue de l’actenr. A très-haulte, très-puissante et très-excellente princesse, ma très-redoublée souveraine dame madamme ANNE :, par la grâce de Dieu royne de France, et par celle mesme grâce duchesse de Bretaigne, PIERRE LEBAVD, tresaurier de l’église collégialle de la Magdalene à Vitré, et vostre très-humble et très-obéissant subject, serviteur, orateur et aumosnier, honneur et révérence, avecq prompte et deue subjection et obéissance.
§ Saint-Petersbourg, Hermitage, 5Z. Histoire des rois et ducs de la Bretagne Armorique. Commence à la fin de la dédicace : ...dit avoir esté fils de Jupiter …qui en ce me sont defaillans. [incipit] Eneas doncques duc Troyen aucteur du lignage… Finit au fol. 12 : Balade faicte pour la duchesse Margarite de Foix, quant elle vint en Bretaigne. Puis noms des rois et ducs de Bretagne (fol. 13). Incomplet d’une partie de la dédicace. Fin XVe s.
On attribue généralement à Pierre Le Baud un recueil important pour l’histoire de Bretagne, aujourd’hui aux Archives départementales d’Ille-et-Vilaine (fds A. de La Borderie). Le 1F 1003 contient un ensemble de textes essentiels, certains inédits : Chronique de Saint-Brieuc (Cf. éd. partielle de G. Le Duc), Livre des faits d’Arthur, etc. Nous l’avons utilisé, entre autres, pour l’édition des documents nécrologiques de l’abbaye Notre-Dame de Daoulas. C’est un volume en papier petit in-folio, où une main du XVe s. a entassé dans un grand désordre, d’une écriture très hâtée et souvent très difficile à déchiffrer, une foule d’extraits divers de chartes, de chroniques, de textes historiques de toute nature, tous relatifs à la Bretagne. Ce manuscrit a appartenu à A. de La Borderie qui l’avait d’abord pris pour la compilation que Dom Lobineau désignait sous le nom de vetus collectio manuscripta ecclesiae Namnetensis. Mais l’historien breton remarquant certaines divergences entre les deux recueils, appela le sien Vetus collectio manuscripta de rebus Britanniae. Ce recueil reste difficile à dater dans la mesure où il représente plusieurs mois ou plusieurs années de recherche dans les archives ecclésiastiques de Bretagne. Il peut être antérieur à 1493. En effet, une liste des évêques de Quimper, f. 194, se termine par la mention de la mort de Gui du Bouchet en janvier 1483. Son successeur, Alain Le Maout (+ 1493) n’y est pas indiqué.
Bibliographie
Le Centre d’Études Supérieures de la Renaissance (Université de Tours) propose en ligne l’édition de 1608:
Histoire de Bretagne, avec les chroniques des maisons de Vitré, et de Laval par Pierre Le Baud, chantre et chanoine de l’eglise collegiale de Nostre-Dame de Laval, tresorier de la Magdelene de Vitré, conseiller & aumosnier d’Anne de Bretagne reine de France. Ensemble quelques autres traictez servans à la mesme histoire. Et un recueil armorial contenant par ordre alphabetique les armes & blazons de plusieurs anciennes masions de Bretagne. Comme aussi le nombre des duchez, principautez, marquisats, & comtez de cette province. Le tout nouvellement mis en lumiere, tiré de la bibliotheque de monseigneur le marquis de Molac, & à luy dedié : par le sieur d’Hozier, gentil-homme ordinaire de la Maison du roy, & chevalier de l’ordre de sainct Michel. A Paris Chez Gervais Alliot, 1638.
Edition partielle de l’oeuvre de Pierre le Baud: Vte Charles de La Lande de Calan, Cronicques et ystoires des Bretons par Pierre Le Baud publiées, d’après la première rédaction inédite, avec des éclaircissements, des observations et des notes. Rennes, Société des bibliophiles bretons et de l’histoire de Bretagne, 1907-1922, 4 vol. S’arrête à l’année 1305. [En ligne sur le site Gallica de la BnF]
Jean-Christophe Cassard, « Un historien au travail : Pierre Le Baud », dans Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, 62, 1985, p. 67-95.
Jean Kerhervé, « Aux origines d’un sentiment national. Les chroniqueurs bretons de la fin du Moyen Age », dans Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 108, 1980, p. 165-206.
Jean Kerhervé, « La généalogie des rois, ducs et princes de Bretagne, par Pierre Le Baud », dans Bretagne et pays celtiques. Mélanges offerts à Léon Fleuriot, Saint-Brieuc-Rennes, 1992, p. 519-560.
Joëlle Quaghebeur, « Pierre Le Baud : écrire le passé pour conjurer l’avenir? », Images du Moyen Âge, éd. Isabelle Durand-Le Guern, Rennes, Presses universitaires de Rennes (Interférences), 2006, p. 23-33.
Stéphanie Vincent, L’énigme de l’enluminure, Derval ou Châteaugiron, Sutton, 2009 .
ALAIN BOUCHART
Alain Bouchart (+ >1514) appartient à la petite noblesse bretonne de la presqu’île de Guérande, possessionée à Kerbouchart (Batz), d’une famille de diplomate (Jacques, secrétaire ducal en 1480), d’officiers des finances (Jean, Alain, receveurs de Gérande à la fin du XIVe s.). En 1484, il est secrétaire du duc François II, et dès 1491 il se rallie au roi Charles VIII qu’il sert comme conseiller et maître des requêtes. Installé à Paris, il épouse en première noce Marie La Frémierre, et en seconde (1496) Jeanne Le Resnier. Il finira semble-t-il sa carrière de juriste comme avocat au parlement de Paris. Avec son frère Jacques, il collabora en 1485 à une édition revue de La Très ancienne Coutume de Bretagne.
La maison Sotheby’s a vendu en juin 2002 le Livre d’heures d’Alain Bouchart, dont illustration ci-dessous. C’est un manuscrit de 274 fol. d’un format 162 x 100 mm, 27 lignes à la page. Au fol. 233, la prière à Dieu le père s’ouvre par les armoiries des Bouchart, D’argent à trois dauphins de sables. L’ouvrage est exclusivement à l’usage de Nantes, diocèse où se situe Saint-Guénolé de Batz, lieu d’origine des Kerbouchart. Les suffrages aux saints débutent par saint Alain, au f. 250v. Une prière « pour son prince » (fol. 263r) porte les armes de Bretagne. Le calendrier (f.1r), inscrit en lettres d’or st Felix (évêque de Nantes, 8 janvier, et sa translatio, 4 juillet), st Guénolé (3 mars et 28 avril), st Yves (19 mai, et sa translatio, 29 octobre), sts Donatien et Rogatien (martyrs de Nantes, 24 mai), st Similien (évêque de Nantes, 17 juin), st Gunthard (ibid., 25 juin), st Clair (premier évêque de Nantes, 10 octobre), st Malo, 15 novembre), st Gulstan (27 novembre). Evangiles (f. 13r) ; Heures de la Vierge [à l’usage de Nantes] : Matines (fol. 17r), Laudes (fol. 29r), Prime (fol. 36r), Tierce (fol. 43v), Sexte (fol. 46r), None (fol. 47v), Vêpres (fol. 50r) et Complies (fol. 52v); Office de la Conception de la Vierge (fol. 57r); Office de la Nativité (fol. 69r) ; Office de la Présentation au Temple; Office de l’Annonciation (f. 90v) ; Office de la Purification (f. 99r) ; Office de l’Assomption (fol. 109v); Office de Noël (fol. 121r) ; Heures de la Croix (fol. 145r) ; Office of Pâques (fol. 167r) ; Psaumes de la pénitence (fol. 177r) ; Litanies: Corentin, Tugdal, Malo, Brioc, Gildas, Ivo, entre autres ; Office des morts (fol. 187v) ; Messe des morts (fol. 205r) … Obsecro te (f. 213r, formulation masculine), O intemerata et autres prières à la Vierge, incluant le Stabat mater ; prières au Seigneur (fol. 223r), à st Grégoire (fol. 227r) ; Suffrages aux saints (fol. 238v), incluant saints Alain (fol. 250v, évêque de Quimper), Ives (fol. 252v), Guénolé et Gulstan (fol. 253r), Gildas (fol. 254v), Armel (fol. 255r); prières votives, pour la paix (fol. 260r), les reliques, etc. La décoration, de « style parisien », apparentée à celle du « Maître François », comporte 12 grandes miniatures, et 4 larges, ajoutées d’un autre manuscrit.
(c) Cliché Sotheby’s
Les Grandes Chroniques d’Alain Bouchart connurent 5 éditions, de 1514 à 1541.
Editions anciennes
1514 : Les grandes Croniques de Bretaigne, nouvellement imprimees à Paris, tant de la grande Bretaigne depuis le roi Brutus, qui la conquist et la appella Bretaigne, jusques au temps de Cadualadrus, dernier roy breton dicelle grande Bretaigne… que aussi de nostre Bretaigne de present, depuis la conqueste du roy Conan Meriadec breton, qui lors estoit appelle le royaulme Darmorique, jusques au temps et trespas de François II de ce nom, duc de Bretaigne, dernier trespasse.. esquelles cronicques est mencion faicte daucuns notables faiz advenuz es royaulmes de France, Dangleterre, Despagne, Descosse, Darragon et de Navarre, es Allemaignes, es Itales, en Lombardie, en Tartarie, en Ihierusalem, et aillieurs… Imprime à Paris : aux despens, fraiz et mises de Galliot Du Pre… ; (A la fin : ) Imprimees à Paris : par Jehan de La Roche,…, Faict et paracheve dimprimer le XXV de novembre mil cinq cens et XIIII. In-f°.
Voir l’excellente présentation de Jean-Yves Cordier, avec description de l’exemplaire de la Bibliothèque de Brest (30576), ayant appartenu à l’historien breton Arthur Le Moyne de La Borderie, et de celui de la bibliothèque abbatiale de Saint-Guénolé de Landévennec, provenant du château de Trévarez dont il porte le cachet.
1518 : Les grandes Croniques de Bretaigne, nouvellement imprimees à Paris, tant de la grande Bretaigne depuis le roi Brutus, qui la conquist et la appella Bretaigne, jusques au temps de Cadualadrus, dernier roy breton dicelle grande Bretaigne… que aussi de nostre Bretaigne de present, depuis la conqueste du roy Conan Meriadec breton, qui lors estoit appelle le royaulme Darmorique, jusques au temps et trespas de François II de ce nom, duc de Bretaigne, dernier trespasse.. esquelles cronicques est mencion faicte daucuns notables faiz advenuz es royaulmes de France, Dangleterre, Despagne, Descosse, Darragon et de Navarre, es Allemaignes, es Itales, en Lombardie, en Tartarie, en Ihierusalem, et aillieurs… Caen, M. Angier : 1518. In-f°. (du vivant de l’auteur, mais contrefaçon?)
1531 : Les grandes Croniques de Bretaigne, nouvellement imprimees à Paris, tant de la grande Bretaigne depuis le roi Brutus, qui la conquist et la appella Bretaigne, jusques au temps de Cadualadrus, dernier roy breton dicelle grande Bretaigne… que aussi de nostre Bretaigne de present, depuis la conqueste du roy Conan Meriadec breton, qui lors estoit appelle le royaulme Darmorique, jusques au temps et trespas de François II de ce nom, duc de Bretaigne, dernier trespasse.. esquelles cronicques est mencion faicte daucuns notables faiz advenuz es royaulmes de France, Dangleterre, Despagne, Descosse, Darragon et de Navarre, es Allemaignes, es Itales, en Lombardie, en Tartarie, en Ihierusalem, et aillieurs… Imprime à Paris, aux despens, fraiz et mises de Galliot Du Pre…, 1531. In-f°.
En ligne sur le site Gallica de la BnF (format pdf)
Un exemplaire vendu 14500 euros lors de la vente de Brest du 16 novembre 2004 (lot 503) dans une reliure XIXe s.
1532 : Les Grandes Cronicques de Bretaigne parlans des trespreux, nobles et tresbelliqueux roys, des princes, barons et aultres gens nobles, tant de la Grant Bretaigne, dicte à present Angleterre, que de nostre Bretaigne… Additions depuis le roy Charles huytiesme jusques en l’an mil cinq cens XXXII… (S. l. [Rennes, Jean Baudouyn?]), 1532. In-f°.
1541 : Les grandes Annalles ou cronicques parlans tant de la Grant Bretaigne à present nommee Angleterre, que de nostre petite Bretaigne… jusques en lan de present mil V cens XLI. Nouvellement imprimées. (S. l.), 1541. In-f°.
Editions modernes
Alain Bouchart. Grandes croniques de Bretaigne, ed. Marie-Louise Auger & Gustave Jeanneau, Paris: CNRS, 3 vol., 1986-1998 (Sources d’histoire médiévale, 19, 20 1-2)
Les Grandes Croniques de Bretaigne composées en l’an 1514 par Maistre Alain Bouchart, Rennes: Caillière, 1886. Nouvelle édition publiée sous les auspices de la Société des Bibliophiles Bretons et de l’Histoire de Bretagne, par H. Le Meignen [En ligne sur le site Gallica].
Bibliographie : E. Port, « Alain Bouchart, chroniqueur breton », dans Annales de Bretagne, 36, 1924-1925, p. 496-527 et 37, 1926, p. 68-101.
Liens :
Marie-Louise Auger (IRHT) : « Alain Bouchart, Grandes Chroniques de Bretagne : un compilateur et sa source » [En ligne]
Marie-Louise Auger, « Variantes de presse dans l’édition de 1514 des « Grandes chroniques de Bretaigne » d’Alain Bouchart », dans Bibliothèque de l’école des chartes, 141, 1983, p. 69-90 [En ligne sur Persée]
GUILLAUME DE SAINT-ANDRÉ
Nous disposons à présent de l’excellente édition de Jean-Michel Cauneau et Dominique Philippe, Guillaume de Saint-André, Le bon Jehan & le Jeu des Echecs (XIVe s.) Chronique de l’Etat breton, Rennes: PUR, 2005. Voir c.r. de David Dominé-Cohn [En ligne]
Notice bibliographique et manuscrits (Laurent brun) sur le site ARLIMA
Les manuscrits médiévaux :
§ Paris, BnF, Fr. 1659. [ numérisé ] Parchemin. 70 fol. 249 x 167. Au fol. 69v : Ce present libvre est et apartient a hault et puissant seigneur monseigneur Claude de Rieux et de Rochefort, baron d’Ancenys, comte de Harcouet, vicomte de Donges seigneur de Largouet et de Chasteauneuf. On peut en-dessous plusieurs maximes et les noms de Katherine Desplaces et de Claude de Rieux. De même : Par tout et en tous lieux / vive le noble seigneur de Rieux
§ Paris, BnF, Fr. 5037. [ numérisé ]. Papier, recueil factice, 3/4 XVe s. Commence au fol. 1 : Avant yer vy excript sanz fable En un prologue un beau notable… Et finit, fol. 40v : Bien avant pour moy Dieu prier Ge t’en prie et t’en requier [souligné en rouge: ] Cy finist le Libvre non complet Du bon duc Jehan duc de Bretaigne [d’une autre main :] que composa maistre Guillaume de Saint-André.
§ Paris, BnF, Fr. 10174. [ numérisé ]. Papier. 81 fol. 260 x 190 mm. XVe s. Mutilés en plusieurs endroits.
§ Paris, BnF, Fr. 14978. [ numérisé ]. Parchemin. 30 fol. 245 x 165. Provient du château d’Anet (n. 74).
Catalogue de la LIBRAIRIE DAMASCÈNE MORGAND : une œuvre peu connue …
15591. LES CRONIQUES ET GENEALO- || GIE DES TRESNOBLES ROYS DUCZ ET PRINCES tant de la grant bre || taigne que de la petite auesques les tresexcellentes victoi || res et triumphes diceulx roys et princes faictes sur les ro || mains jadis leurs tributaires et sur toutes autres nations comme clairement apparoist en luysant ce preset livre moult utile et plaisant à luyre. || On les vent à Renes chiez Jehan Mace près saint saul\\ veur a lenseigne saint Jehan leuangeliste et à Caen chiez || Michel Àngier près le pont saint pierre. (Au verso du f. 86) : Cy finent les Croniques et genealo \\ gie des nobles roys et ducz tant de la grât\\ bretaigne que de la petite. Imprimées || a Rouen par M. Pierre Oliuier demou \\ rant audit lieu près lesglise saint viuiê. \\ Et furent acheuees le ij iour de May. || Mil cinq cens et x. ( 1510) Louenge a Dieu.
In-4° goth. de 88 f. chiffr. et 4 f. de table, veau brun. (Rel. anc.)
[A2r] … Et sil est ainsi q[ue] les croniques des estranges nations nous soie[n]t | vtiles & delectables :par plus forte rayson nous | debuons studieuseme[n]t delecter a voir & ouyr les | beaulx faictz & nobles vertus de ceulx dont som= | mes descendus par propagation et lesquelz sont | aucteurs & fundateurs des villes & citez lesquel+ | les de present nous habitons |…₵Par quoy il mest prins en volunte ces iours derrai[n]s passez de translater de latin en francoys les croniques …affin que cha= | cun de icelle excellente nation ait congnoissan= | ce des gra[n]s vertus et faitz darmes des aucteurs | et premiers instituteurs des villes & chasteaux & | citez diceluy pais & duchye. || ₵ La fin du prologue.
Précieux volume resté inconnu à tous les bibliographes. C’est le premier ouvrage imprimé sur l’histoire générale de la Bretagne ; les chroniques d’Alain Bouchard qui étaient jusqu’ici considérées comme le premier livre traitant de ce sujet n’ont été publiées qu’en 1514. Ainsi que dans l’ouvrage de Bouchard, les histoires fabuleuses tiennent une assez large place dans ce volume qui renferme les événements écoulés depuis les temps les plus reculés jusqu’au règne de Cadwaladyr, le dernier roi des Bretons. Au verso du titre commence un prologue qui occupe 2 p. et dans laquelle l’éditeur de ce volume déclare avoir translaté de latin en Francoys les présentes chroniques. Le volume a été imprimé par Pierre Olivier de Rouen, en belles lettres de forme ; il est orné de nombreuses figures sur bois, quelques-unes fort curieuses.
Aujourd’hui Paris, BnF, RES Nb-290. [ numérisé ]. Description Léopold Delisle.
Bibliographie générale :
Noël-Yves Tonnerre (direction), Chroniqueurs et historiens de la Bretagne Du Moyen Âge au milieu du XXe siècle, Rennes : Presse Universitaire de Rennes – Institut Culturel de Bretagne, novembre 2001.
Commentaires:
Le samedi 1 avril 2006, 16:30 par André-Yves Bourgès
Précieuse synthèse comme toutes celles qui figurent sur le blog de PECIA. Juste un point de détail en ce qui concerne le ms. Rennes, ADIV 1 F 1003 : la critique moderne a récemment conclu au fait que ce ms. est bien celui qui a été utilisé et cité par les mauristes sous le titre de ‘Vetus collectio manuscripta de rebus Britanniae’. Comme l’a montré le regretté H. Guillotel, les divergences tardivement mises en avant par La Borderie avaient « vraisemblablement pour objet de brouiller les pistes, car on commençait de s’interroger sur l’origine de certains documents des collections de La Borderie » ; en fait, lors de l’utilisation de plusieurs des matériaux contenus dans ce recueil, notamment les fragments de la vita de saint Goëznou, il apparait que La Borderie « s’est lui même intellectuellement intoxiqué et a volontairement induit en erreur des générations d’historiens »Voir : H. Guillotel, « La Borderie et les sources historiques », dans Bulletin et Mémoires de la société archéologique et historique d’Ille-et-Vilaine, t. 106 (2002), p. 42 et « Le poids historiographique de La Borderie », dans Mémoires de la société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 80 (2002), p. 356-359.
- Le mercredi 25 octobre 2006, 19:32 par Jean-Michel Cauneau
Quel précieux blog que le vôtre ! Remarques et compléments sur les manuscrits de la vaste histoire de Bretagne tentée par Pierre Le Baud : Le ms « BM Angers 941(839) », sur papier filigrané « à l’hermine », porte le même texte que le « BnF fr. 8266 » : ces deux ms sont les témoins d’une première rédaction de Le Baud, dédiée à Jean de Derval, sous le titre « Compilation… », réalisée vers 1480. Une seconde rédaction, très différente dans ses intentions, « le Livre des Chroniques… » réalisée 20 ans plus tard, sur une commande d’Anne de Bretagne, reine de France, est représentée par trois témoins : le ms de Londres « Harleian 4371 », un ms de la BnF (naf 2615 : 254 f. 370 x 27,5 mm) et un ms du SHD de Vincennes (ms 157 : 288 f. 390 x 290 mm). Ces deux dernières copies ont été réalisées sur les mêmes papiers (2 filigranes en « P ») et suivant le même principe : des cahiers de différentes mains sans doute contemporaines de la rédaction. Le ms BnF naf 2615, a perdu ses premiers et derniers cahiers, remplacés par des copies de la fin XVIe (3e filigrane « à la rose »). Une autre remarque, concernant le ms de St-Petersbourg : il s’agit apparemment de quelques feuillets de la « Généalogie… » éditée par J. Kerhervé en 1992, mais qu’il n’a pu utiliser, le croyant alors disparu en 1944 (cf. note 7 de son introduction). Cordialement.
Quelques copistes bretons dans les bibliothèques espagnoles
Dans un article à paraître dans le prochain volume 13 de Pecia Le livre et l’écrit, chez BREPOLS (« Copistes bretons du Moyen Âge (XIIIe-XVe siècles) : une première « handlist » … »), nous présentons 187 copistes identifiés comme étant d’origine bretonne, parmi ceux-ci un certain nombre d’après des manuscrits localisés en Espagne :
GUIDOMAR DE LESTANET. Madrid, BN, 517. François de Marchia, Commentaria in II-IV librum sententiarium. Parch. 104 f. 338 x 240 mm. « Explicit tractatus de principiis phisicis editus a magistro petro aureoli ordinis fratrum minorum. Guidomarus de lestanet brito leonensis diocesis me scripsit anno domini millesimo CCCmo XXXmo IIImo. Deo gratias » (f. 100v).
HENRI GUILLOU. Valence, Bibliothèque Cathédrale, 10. Nicolas de Gorran, Postilles. « Expliciunt postille fratris ni // cholai de Gorran super psalte // rium. // Hic liber est scriptus per henricum Guilloti pro Sanctissimo patre // ac domino domino clemente papa sexto // cuius anima requiescat in pace // Amen. Anno domini millesimo trecentesimo // quinquagesimo secundo die iovis // ante ramos Palmarum ». Libraire à l’Université de Paris (1351/1353).
HERVÉ JESTIN. Barcelone, Archivo del Cabildo Catedral, cod. 35. « Herueus Iestini (?) brito compleuit istud opus [parisius] die sabbati in uigilia beati Andree apostoli fratri Geraldo de Ponte predicti ordinis anno M° CCC° quinto decimo, quos deus ducat ad gaudía paradisi. Amen ». « Expliciunt tituli super primum sentenciarum fratris Geraldi de Ponte predicatorum, completi per Herueum Britonem ».
JEAN DE VILLE NEUVE. Salamanque, BU, 1938. Jean de Galles (divers traités). Parch. 129 f. 315 x 225 mm. « Explicit breviloquium de virtutibus antiquorum. Deo gracias « (f. 14v). « Explicit communiloquium per manum Iohannis de Villa Nova par. anno Domini millessimo CCCo (subp. : sep) octuagessimo » (f. 66v). « Nomen scriptoris est Iohannes diocesis est Trecorensis egregii generis et cognomine de Villa dicitur esse Nova Guengampi ville Christi gratia sibi principio fine adsit omni tempore et possidenti sit laus et gloria Christi (f. 125v).
JEAN MELEC. Barcelone, Archivo de la Corona de Aragón, cod. Sant Cugat 14. Missel. Ca 1402. Parch. 490 f. 355 x 255 mm. « Scripsit Johannes Melec presbiter, oriundus de Britanie » (f. 488v). Prov. : monastère de Saint-Cugat del Vallès. Don de l’abbé Berenguer de Rajadell en 1409 (armoiries au f. 14r). Voir ici
© Ministerio de Cultura
YVES. Salamanque, BU, 2550. Jean XXII, Extravagantes. Première partie, f. 1-30. Parch. 320 x 190 mm. XIVe s. « Datum Avinioni, ii kal. octobris pontificatus nostri, anno iio. Vinum scriptori debetur de meliori // non de peiori quia se dedit ille labori // Nomen scriptoris est Yvo Corisopitensis. // Laus tibi sit, Christe, quoniam liber explicit iste » (f. 30r).
YVES. Tortosa, Archivo Capitular, 202. Nicolas de Lyre, Postilles. XIVe s. « Vinum scriptori debetur de meliori. Qui me scribebat yuonem nomen habebat et .. » (f. 171v).
YVES. Seu d’Urgell, Biblioteca capitular 2017 : « Yvo Dei lumen videat post tale volumen / Se consuletur Deus actibus auxiletur » [ voir ]
PAGES ANNEXES
Auteur du blog : Jean-Luc DEUFFIC
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