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21 Août 2010
Jean-Luc Deuffic

Les Heures de Gilles de La Helandière et de Gabrielle de Beauvais : New York Public Library MA 42


(c) New York, Public Library MA 042, f. 23

Toujours à la recherche de manuscrits issus de Bretagne, Digital Scriptorium, la base bien connue, vient de nous livrer un nouveau Livre d’heures ayant appartenu à un couple de Bretons : Gilles de La Helandière et Gabrielle de Beauvais, actuellement conservé à la Public Library de New York (MA 042)

Le Nobiliaire de P. de Courcy fait effectivement mention d’une famille de ce nom, seigneur dudit lieu et de Maltouche, paroisse de Tremblay ; de Beauvais, paroisse de Servon, déboutée à la Réformation de 1671 (Ressort de Rennes) et portant pour armes : D’argent à la bande de gueules chargée de 3 fleurs de lys d’or (Nobiliaire de Bretagne, II, p. 19).

Sur ce couple je n’ai retrouvé que l’information précieuse donnée par les Archives d’Ille-et-Vilaine (9 G 46; 1 H 5) et transmise par le Pouillé historique de l’archevêché de Rennes, de l’abbé Guillotin de Corson : le 12 janvier 1647, Gabrielle de Beauvais, veuve de Gilles de la Hellandière, sieur de Saint-Denis, fonda trois messes en l’église de Servon et donna les terres de la Grande et de la Petite-Bretonnière, valant 60 livres de rente, au chapelain chargé de les desservir ; celui-ci devait, en outre, fournir le pain bénit le jour des Rois.
L’abbé Paul Paris-Jallobert, dans ses Anciens registres paroissiaux de Bretagne (pour \”Servon\”, Rennes, 1895, p. 8-9) fait aussi mention du couple , et cite deux enfants : Renaud, né le 11 novembre 1601, et Charles, né le 27 avril 1603, nommé en 1631 \”sieur de la chapelle\”. Renaud, sieur de Beauvais, fut sénéchal du Gué, et se maria, à Landravan, le 26 novembre 1624 (?) à Marie Nicole, dame de la Chochonnais, meurt le 4 février 1670.
De la famille de Beauvais était issu Noble homme écuyer Amaury, sieur de la Rivière, Villalée, la Chesnay, le Fail, la Saigerfe, la Chaisne, attesté à la fin du XVIe s. Gabrielle de Beauvais avait \”nommée\” le 2 juillet 1629 une Gabrielle, fille de Jacques de Montalambert et de Fraçoise de La Hellandière (Paris-Jallobert, \”Québriac\”, Rennes, 1891, p. 9

Le moulin à papier de la Helandière (en Tremblay), sur la rive gauche de la Loisance, dont l’activité est attestée depuis 1655 à l’époque de René de La Helandière, a été étudié par Jacques Duval, dans ses Moulins à papiers de Bretagne, L’Harmattan, 2005, p. 135sq.

On trouvera sur le site Digital Scriptorium une description et quelques images du Livre d’heures donné comme étant à l’usage de Coutances (??).
La reliure y est datée de 1550 et porte les noms des deux époux : \”E (pour écuyer?) : Gilles de la Helandiere\” et D : Gabrielle de Beauvais\”. Provenance : Catalogue Robert L. Stuart, New York 1884, p. 74.
Sur la feuille de garde  : \”Ces Heures Manuscrites sont très curieuses; elles contiennent 1072 lettres majuscules en or, sur lesquelles il y a 173 lettres enluminées. Ce grand nombre de lettres rend très précieuse et très cher ce manuscrit\”.
En 1873, le manuscrit est inscrit au Catalogue de livres anciens et modernes, rares et curieux de la Librairie Auguste Fontaine (n° 8788) :
Livre d’heures manuscrit du quinzième siècle, de 149 feuillets, orné de cinq grandes miniatures avec enluminures, neuf pages enluminées, avec de grandes lettres, et de nombreuses lettres avec fleurs et or bruni, sur les marges. Ce manuscrit, d’une écriture fort belle et régulière, est précédé d’un calendrier dont quelques saints et saintes sont particuliers aux provinces de Normandie et de Touraine. C’est un manuscrit de famille, qui a appartenu à Gilles de la Helandière, et à Gabrielle de Beauvais, son épouse, au commencement du dix septième siècle. Les miniatures représentent la sainte Vierge et sainte Anne, — le roi David à genoux devant Dieu le Père, qui lui apparaît, — le Christ en croix, — le Don des langues, — et un Prince frappé par la mort. Ce dernier sujet ne se trouve guère dans les manuscrits.
Le premier feuillet après le calendrier a été enlevé. A la fin du livre se trouvent douze feuillets d’un autre manuscrit, comprenant un calendrier et des prières, d’une écriture plus fine, à deux colonnes. En tête de chaque page du calendrier on remarque des légendes se rapportant aux travaux du mois : en janvier, poto, je bois; en février, ligna cremo, je brûle mon bois; en mars, de vite superflua demo, je taille la vigne; en avril, gramen gralum, agréable gazon ; en mai, mihi flos servit, la fleur m’est utile ; en juin, mihi pratum, je tiens mon pré; en juillet, fenum declino, je recueille le foin ; en août, messes meto, je coupe les moissons ; en septembre, vina propino, je bois le vin; en octobre, semen immi jacio, j’ensemence la terre; en novembre, mihi pasco sues, je fais paitre les porcs ; en décembre, mihi macto, je les tue.

Illustration : Visitation. (c) New York, Public Library MA 042, f. 23

28 Juil 2010
Jean-Luc Deuffic

Kerhoent de Kergournadec’h : livre et objet d’art

La British Library conserve un magnifique exemplaire des Coutumes de Bretagne, dans une reliure exceptionnelle timbrée aux armes échiquetées d’or et de gueules. Nous avons présentement ici un ouvrage ayant appartenu très probablement à Olivier de Kerhoent, seigneur de Kergournadec’h († après 1594), qui épousa Marie de Ploeuc, dame de Coëtanfao († 1573) : “noble et puissant Olivier, sire de Kergournadech, Trohéon, Coatquelfen, en qualité de fils aisné héritier principal et noble” (B. Yeurc’h). Il abandonne les armes des Kerhoent pour celles des Kergournadec’h.


London, BL, Davis 511. Edition de 1584. (c) London, BL.
Les armes sont entourées du collier de l’ordre de Saint-Michel reçu en 1559 par Olivier de Kerhoent.

Anthony Hobson, French and Italian collectors and their bindings : illustrated from examples in the library of J. R. Abbey, Printed for presentation to the members of The Roxburghe Club, 1953, p. 54-55, n. 25, reproduit une reliure semblable, sans doute exécutée à Rennes vers  1581, pour Nicolas Le Prevost du Parc (1588-1630), conseiller-maître à la Chambre des Comptes de Paris, sur un exemplaire des Coustumes generales des Pays et Duché de Bretagne, Rennes, Julien du Clos, 1581. Deux autres reliures de cet atelier sont connues : J. Baer & Co., Frankfurter Bücherfreund, 12, taf. 49 ; l’autre à la vente Gramont, Paris, 18 décembre 1933, lot 22, sur des Coustumes generalles de Bretagne, Paris, Jacques Dupuis, 1584 (site de la British Library).
Sur les différentes éditions de la Coutume de Bretagne voir notre page.

Olivier de Kerhoent était le fils d’ Alain de Kerhoent, seigneur de Troheon (†/ 1576) et de Jeanne, dame héritière de Kergournadec’h. Il épousa le 7 octobre 1559 Marie de Ploeuc, ( morte en 1573) fille de Pierre de Ploeuc et de  Jeanne du Quélennec, dame héritière de l’Estang.
Un arrêt de maintenue des Kerchoent cite une enquête menée en 1584 à la requête “d’Olivier de Querhoent, sieur de Kergournadec’h, Trohéon, Coatquelfen …” par laquelle « plusieurs anciens prestres, gentilshommes et habitants de la paroisse de Cléder déposèrent que ses ancêtres étaient bien d’ancienne chevalerie et portoient leurs écussons en carré et en bannières comme les anciens parements de la province et que messires les officiers de leurs juridictions étoient touz gentizhommes ». Olivier mourut en 1594 et fut inhumé en l’église de Cléder. Dans le chœur, on montrera longtemps le portrait d’Olivier, « peinture de son long, armé de toutes pièces, avec sa cotte d’armes de velours rouge cramoisy, son casque, son espée et esperons dorés, sa lance et sa cornette ». Ce seigneur Olivier a immortalisé sa mémoire dans les « bastiments superbes qu’il a entrepris, du faict du chasteau « de Kergournadech qui mérite d’estre mis au rang des « belles maisons de France. » (Extrait d’une ancienne genéal. de la Maison de Kerhoent. Bibl. Nation.) ( Source : Gaston de Carné, Les chevaliers bretons de Saint-Michel, Nantes, 1884, p. 193-194)
Le marquis de Rochambeau (Epigraphie et iconographie, II, p. 45) fait référence à une “Généalogie manuscrite de la maison de Kerhoent ou Querhoent, appartenant à Mme la comtesse de Gouyon de Beaufort, née de Querhoent, au château de Beaufort, par Plerguer (Ille-et-Vilaine)”.

Signature d’Olivier de Kerhoent sur un aveu du 9 mars 1569 rédigé après le décès de Jehanne de K/gournadec’h, sa mère, par deux notaires de la cour de Lesneven (Kersauson et Audren) :


Nantes, ADLA B 1677.
Voir sur le site des Généalogistes du Finistère quelques extraits de ce mynu par Anne-Françoise Grall-Pérès et des clichés de Françoise Simon.

Le château de kergournadec’h (Cléder, en Pays du Léon), au XVIIe s. :


Croquis tiré de La Colombière (1644) qui y avait séjourné …


Ruines du château de Kergournadec’h

Des armoiries écartelées Kergounadec’h / Botigneau se retrouvent sur la coupe couverte de Molac. Cette superbe coupe \”constitue un témoignage unique de l’orfèvrerie civile d’apparat commandée par la noblesse bretonne à la Renaissance. Vraisemblablement réalisée par un orfèvre de basse Bretagne aux environs de 1600, (peut-être Pierre Lafleur de Morlaix), cette rarissime coupe couverte destinée à recevoir des dragées, évoque magnifiquement les pièces disparues qui ont pu être réalisées en haute Bretagne. L’objet frappe par la densité du décor qui le recouvre en totalité : scènes de chasse ciselées sur le couvercle, au gros et petit gibier, au gibier terrestre et au gibier d’eau, à pied et à cheval, ainsi que la représentation de monstres marins sur le pied. Le dindon figuré sur la coupe parmi d’autres oiseaux, témoigne de l’arrivée récente en Europe de ce volatile, venu du Nouveau monde au cours du XVIe siècle. A l’intérieur sont gravées sur le fond de la coupe, les armoiries de François de Kerhoent de Kergournadéc’ch et de son épouse Jeanne de Botigneau, mariés en 1583. Personnage de premier plan dans le Léon à la fin du XVIe siècle, François de Kerhoent, constructeur de l’extraordinaire château de Kergournadec’h à Cléder, actuellement dans le Finistère, reçut en 1599 du roi Henri IV le collier de saint Michel en récompense de sa loyauté. Suite au mariage en 1616 de l’héritière de Kergournadec’h avec Sébastien de Rosmadec, seigneur de Molac (en haute Bretagne), l’objet offert à l’église de cette paroisse, fut transformé en ciboire par l’ajout d’une croix au sommet du couvercle”.  Jeanne de Botigneau était fille unique d’Alain Droniou.
Patrimoine de Bretagne : images et description


Coupe de Molac. Armes de François de Kerhouent et de Jeanne de Botigneau


Coupe de Molac. Scène de chasse

“On cite une enquête de 1434 dans laquelle les gentilshommes du pays déposaient avoir entendu dire et tenir par longue tradition que, depuis le VIe s. jusqu’au tems de l’enquête, tous les seigneurs de cette maison avaient été chevaliers, et qu’un ancien proverbe disait qu’avant qu’il y eût monsieur ou seigneur en aucune maison, il y avait un chevalier à Kergournadech. A-raok ma voa aotrou è nep leac’h // E voa eut marc’hek è Kergournadeac’h.
Les seigneurs de cette maison ont figuré dans nos annales. Le premier dont il y soit fait mention, après celui des légendes , est Olivier de Guergournadegh, qui vivait en 1288. Guyomar, son fils, se signala dans les guerres de Montfort et de Charles de Blois. Fait prisonnier dans une rencontre, il déclara qu’il aimait mieux mourir que de vendre un petit coin de sa terre pour payer sa rançon, tant il aimait son vieux château ! En quoi ses descendans l’ont imité ; car on les voit sans cesse mettre leur vieux château sous la protection spéciale des ducs, et non-seulement le vieux château avec les officiers, serviteurs, damoiseaux, mais les pigeons et les lapins du dit château.
La terre de Kergournadec’h passa, vers 1504, dans la famille de Kerhoënt, par le mariage d’Alain de Kerhoënt avec Jeanne de Kergournadec’h, héritière de sa maison. Leur petit-fils François épousa Jeanne de Botignau, dont il n’eut que deux filles, Renée et Claude de Kerhoënt, « et le bonhomme a dit depuis que s’il avait eu des garçons, comme il n’avait que des filles, il leur eût fait prendre le beau nom de Kergournadeac’h, comme déjà lui et feu son père Olivier en avaient pris les armes plaines èchiquetèes d’or et de gueules, et laissé celles de Kerhoent, qui sont lozangées d’argent et de sable. »
Renée de Kerhoënt, sa fille aînée, épousa , le 1er mai 1616, à l’âge de quinze ans, Sébastien, marquis de Rosmadec, baron de Molac…” (Lycée Armoricain, p. 368-369).
Devise de Kergournadec’h : En Dieu est.

Je remercie François du Fou pour son aide précieuse … Guy Ducellier pour la signature d’Olivier de Kerhoent

24 Juil 2010
Jean-Luc Deuffic

Les Oratoriens de Nantes : épaves d’une riche bibliothèque … (suite)

Nous avions dans une précédente note fait état de quelques épaves de l’ancienne bibliothèque des Oratoriens de Nantes. Aux quelques manuscrits relevés nous aimerions en ajouter deux autres. En premier lieu, celui qui se trouve actuellement conservé à la Bibliothèque universitaire d’Austin, USA (Harry Ransom Humanities Research Center HRC 040), un recueil de textes et de chroniques du XVe s. aux armes du célèbre Guillaume Budé (sur le personnage =>).


Guillaume Budé par J. Clouet. ca 1536. MMA.


Armes des Budé : d’argent, au chevron de gueules accompagné de trois grappes de raisin pourpre, pamprées de sinople. Ces armes sont celles de Guillaume Budé, l’arrière-grand oncle de l’Humaniste, anobli en 1397 pour la charge de « maistre des garnisons de vins du Roy et de la Royne » qu’il occupat auprès de Charles VI.
http://www.digital-scriptorium.org

Nous y avons reconnu au f.1 l’ex-libris (XVII/XVIIe s.) des Oratoriens de Nantes :


http://www.digital-scriptorium.org

De même nous avons remarqué sur le premier folio le cachet très caractéristique du Comte de Kergariou (+1849) (1) avec sa devise “Là ou ailleurs” :


http://www.digital-scriptorium.org

 

Ce manuscrit, par la suite, entra dans les collections de la comtesse Le Gualès de Mezaubran (issue d’une très ancienne famille du Tregor) qui fit vendre à Londres, en 1951, par la maison Sotheby’s, 8 manuscrits médiévaux, celui-ci lot 25.

Description et images sur le site Digital Scriptorium.
Austin, USA : Harry Ransom Humanities Research Center [ Lien ]
Medieval and Early Modern Manuscripts Collection : Database and Digital Images [ Lien ]

Note

(1) Sur ce bibliophile breton voir Jean-Luc Deuffic, “Le comte de Kergariou. A propos d’un Livre d’heures… et de saint Fiacre”, dans Notes de Bibliologie. Livres d’heures et manuscrits du Moyen Âge identifiés (Pecia, Le livre et l’écrit, 7), Brepols, Turnhout, 2010, p. 171-175. [ Lien ]

Un psautier (ca 1460), peut-être d’origine ligérienne, dont la décoration est attribuée au Maître de Coetivy, présentement conservé à la Walters Art Gallery de Baltimore (W 297), porte l’ex-libris des Oratoriens de Nantes : Oratorii nanne[tensis] / Ddd. 51.
Biblio : L. M. C. Randall, Medieval and Renaissance Manuscripts in the Walters Art Gallery, Vol. II, France 1420-1540, 1992, p. 166-170, pl. XIIIc, fig. 239, 240.


(c) Walters Art Gallery W 297, f. 202.

Parmi les ouvrages imprimés issus de la bibliothèque nantaise des Oratoriens citons un exemplaire de Giovanni Battista dell Porta, Magiae naturalis, sive de miraculis rerum naturalium libri IIII, Naples, Mathiam Cancer, 1558, actuellement en vente :

LE MARCHANT (Jacques) /MARCHANTIUS/. – De Rebus Flandriae Memorabilibus liber singularis, ad eodem Flandriae Principes carmine descripti. Ad Lamorallum Principem Gauerae, Comitem Egmondae, etc. Antverpiae, Ex officina Christophori Plantini, 1567, in-12, 86-[2] p., page de titre ornée d’un bois avec la marque de Plantin, demi-basane blonde, dos à 4 nerfs orné de filets, roulettes et fleurons dorés, pièces de titre en veau rouge, ex-libris ms. au titre “oratorii Nannetensis” et imprimé au contreplat de V. Meganck de Wolf = Vente Ferraton.

Walters Art Gallery of Baltimore [ Lien ]
Vidéo : Restauration de la chapelle de l’Oratoire de Nantes | Lien |
Ouvrage de référence : A. Bachelier, Essai sur l’Oratoire à Nantes au XVIIe et au XVIIIe siècles. Librairie Nizet & Bastard, Paris, 1934.

Sur les manuscrits des Budé, voir :
H. Omont, “Georges Hermonyme de Sparte, maître de grec à Paris et copiste de manuscrits, suivi d’une notice sur les collections de manuscrits de Jean et Guillaume Budé”, et de notes sur leur famille, dans Mémoires et Bulletin de la Société de l’histoire de Paris et de l’Ile-de-France, t. XII, 1885, p. 5-57.

29 Mai 2010
Jean-Luc Deuffic

Les Oratoriens de Nantes : épaves d’une riche bibliothèque …

Les Oratoriens furent introduits à Nantes en 1617, l’évêque Charles de Bourgneuf de Cucé (1598-1617) (1) leur octroyant alors le prieuré vannetais des Montagnes, l’Ile-Saint-Michel dépendant de Sainte-Croix de Quimperlé. Le prélat, qui mourut cette même année, le 17 août, leur légua « par testament sa librairie estimée à 10000 francs où il y a de très bons livres, couverts seulement de parchemin, sans papier collé, pour empescher dit-on, que les rats n’appètent à les ronger » (2).
Par un accord du 1er mars 1753 entre la municipalité de Nantes et les Oratoriens, la congrégation ouvrit ses collections (plus de 10.000 volumes) au public.
De cette riche bibliothèque subsistent quelques belles “épaves” à la Bibliothèque municipale de Nantes. Le manuscrit 8 constitue le second tome d’un magnifique exemplaire de la Cité de Dieu enluminé par Maître François, – puis par son principal collaborateur, Jacques de Besançon -, commandité par le célèbre bibliophile Jacques d’Armagnac (1433-1477) et continué pour Philippe de Commines (1447-1511), conseiller du roi (3). Le premier volume se trouve à La Haye, au Musée Meermano-Westreenen (ms 10 A 11). Voir quelques reproductions à cette adresse [En ligne]
Le volume de Nantes a été numérisé entièrement [ En ligne ]

Parmi les autres manuscrits de la collection des Oratoriens conservés à la BM de Nantes, citons : Pontifical de Noyon (ms 24, XVe s.); Bréviaire de Nantes (ms 25, XVe s.), Digestum novum (84, XIVe s.) ; Caton (ms 109, XVe s.) ; Traité de morale dédié à Guillaume Gouffier (ms 207, XVIe s. ) ; Traité d’arithmétique (456, XVe s.), etc …

Se trouve également à la British Library, Harley 6259 [ En ligne ], un exemplaire du traité de Charles de Viry (?) dédié au duc de Savoie Charles III (1486-1553), portant l’ex libris nantais :



(C) British Library

Ci-dessous exlibris des Oratoriens de Nantes, Oratorii Nannetensis, sur une édition de Josse Bade de [1554]

Badius Ascensius, Jodocus. Navis stultifera d. Sebastiani Brant : verum humanae vitae speculum / Iacobo Lochero interprete Exlibris: “Charles-Louis Frossard, de Nimes pasteur de l’église réformée de France archiviste du synode général.” UB Basel AN 129 : http://www.ub.unibas.ch/spez/poeba/poeba-002827822.htm

Oratorians first came to Nantes in 1617. The bishop Charles de Bourgneuf de Cucé (1598-1617) (1) granted them the Vannes priory Montagnes, on the Ile Saint-Michel, which belonged to Sainte-Croix de Quimperlé. The bishop, who died the 17th August that same year, left them in his will ‘his library estimated at 10000 francs which consisted of very good books, only covered in parchment, without glued paper, as it is said that in this way the rats will not gnaw them’ (2).

Of this rich library some lovely ‘wrecks’ survive at the Bibliothèque municipale de Nantes. Manuscript 8 consists of the second volume of a magnificent example of the Cité de Dieu illuminated by Maître François, – then by his principal collaborator, Jacques de Besançon -, commissioned by the famous collector Jacques d’Armagnac (1433-1477) and continued for Philippe de Commines (1447-1511), king’s counsellor (3). The first volume is in the Hague, at the Meermano-Westreenen Museum (ms 10 A 11). Some reproductions can be seen here [link]. The volume in Nantes has been digitised in its entirety [link].

Other manuscripts of note from the Oratorian collection in Nantes include the Noyon Pontifical (ms 24, 15th cent.), the Nantes Breviary (ms 25, 15th cent.), Digestum novum (84, 14th cent.), Cato (ms 109, 15th cent.), a morality treaty dedicated to Guillaume Gouffier (ms 207, 16th cent.), an arithmetic treaty (456, 15th cent.), and many more.
Also, British Library, Harley 6259 [link], is an example of a treaty by Charles de Viry (?) dedicated to the duke of Savoy Charles III (1486-1553), which has an ex libris from Nantes.

Notes

(1) “Il fut transféré du siège épiscopal de Saint-Malo à celui de Nantes, le 31 août 1598, en vertu de la permutation qu’il avait faite, deux ans auparavant, avec Jean du Bec, nommé à l’évèché de Nantes, après la translation de son oncle Philippe au siège de Reims. Il assista aux Etats tenus à Rennes en 1598 et en 1604. Député en cour pour la même compagnie, il mourut à Chartres le 17 juillet 1617, et fut inhumé à Saint Pierre-en-Vallée. Guillaume Le Gouverneur, évêque de Saint-Malo, parle fort avantageusement de Charles de Bourgneuf dans la préface de son Rituel, imprimé en 1617, et nous le représente comme une des grandes lumières du clergé de France. (D. Morice, Catal. des Evêques). Le Catalogue des Evéques de Bretagne, placé a la suite de la Vie des Saints d’Albert de Morlaix, nous apprend que le même prélat était \”homme docte et de vie sainte et austère…. Il a fait faire, ajoute-t-il, les jardins du manoir (épiscopal) de Chasseil et le petit chastelet qui se void, pour s’y retirer et y faire ses exercices spirituels ; donna aux Pères de l’Oratoire, établis à Nantes au collège de Saint-Clément, l’an 1617, sa librairie, estimée dix mille francs et à son église cathédrale, deux tentes de tapisserie, pour orner le choeur et la nef aux festes solemnelles, et toute l’argenterie qui sert à l’autel les grandes festes de l’année. » Enfin Guy Leborgne ne craint pas de dire qu’au jugement de tout le monde le prélat nantais a été l’un des plus grands de son siècle en piété et en doctrine. Ces divers témoignages de science, de vertu et de libéralité, doivent faire considérer comme calomnieuses quelques accusations de simonie portées contre Charles de Bourgneuf, par l’abbé Travers, janséniste intolérant , dans sa prétendue Histoire des Evêques de Nantes, ouvrage qui n’est autre chose qu’un indigeste amas de matériaux, utiles sans doute, mais rangés sans ordre et sans critique.” (P. Levot, Biographie bretonne, I, 171)
(2) Dubuisson-Aubenay, Itinéraire de Bretagne en 1636, éd. 2001, II, p. 214.
(3) F. Avril & N. Reynaud, Les manuscrits à peintures, p. 52.

Bibliothèque municipale de Nantes [ Lien ]
Sources :
– Établissement à Nantes des Pères de l’Oratoire. 17 novembre 1617 (Nantes, Archives municipales, BB 28)
– Établissement de la Bibliothèque publique ; délibérations à ce sujet ; nomination du R. P. Giraud, prêtre de l’Oratoire, ancien supérieur de la Maison de Nantes, comme premier bibliothécaire ; règlement, 1, 13 et 18 avril 1753 (Nantes, Archives municipales BB 93)
– Bibliothèque publique. Art. 439, à M. Jérôme Giraud, prêtre, ancien supérieur de la maison de l’Oratoire de Nantes, choisi et nommé pour premier bibliothécaire de la Bibliothèque publique, établie dans la maison de l’Oratoire, 1,600l pour deux années de sa pension et entretien d’un garçon, dont 500l pour le bibliothécaire et 300l pour le garçon. (Nantes, Archives municipales, CC 222)
– (1722) : ” pour le sr Lelievre de Valoris, supérieur de l’Oratoire, 2 caisses de livres…, 2 boîtes de remèdes …” (Nantes, AM GG 781)

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