Rennes, Bibliothèque Métropole, ms. 1512 : le sénéchal de Morlaix, Michel Le Levyer, et son Livre d’heures
La Bibliothèque de Rennes Métropole, dont on a souvent relevé ici le dynamisme en matière d’acquisition de manuscrits médiévaux, conserve sous la cote 1512 un Livre d’heures du XVe siècle, qui bien que modeste, n’en est pas moins intéressant de par sa provenance, et comme témoin de la circulation des manuscrits en Bretagne. Je remercie chaleureusement Mme Sarah Toulouse, conservatrice en chef, pour son aimable concours à me fournir une description précise du manuscrit, lequel a rejoint les collections de la Bibliothèque de Rennes à la suite de la vente de Paris-Drouot de 1993.
Ce petit ouvrage de 165 f., aux dimensions 110 x 80 mm, contient des heures de la Vierge à l’usage de Paris. Du reste, le calendrier et les litanies n’ont aucune connexion avec la Bretagne, et c’est bien dommage. Par contre la reliure du XVIe siècle, en parchemin souple ornée d’un décor doré à la fanfare, porte la marque d’un ancien possesseur :
« A Escuier Michel le Levier » (plat supérieur)
« sieur du Restigou » (plat inférieur)
En 1881, le manuscrit, appartenant alors au chanoine de La Paquerie, se trouvait exposé à Quintin avec deux autres Livres d’heures (Association Bretonne, session de Quintin, 1880 (1881), p. 362). Le chanoine de La Paquerie, admis comme membre de la Société archéologique du Finistère lors de la séance du 27 janvier 1887 par MM. Guépin et Trévédy, demeurait 12, rue de Pont-l’Abbé à Quimper.
© Bibliothèque de Rennes Métropole. Manuscrit 1512, f. 82 : le Couronnement de la Vierge
La famille Le Levyer (ou Le Levier) reste attachée à la région de Morlaix. Dans son Nobiliaire et armorial de Bretagne (t. II, p. 98), Potier de Courcy fait mention des Le Levier, sr de Kerroc’hiou, paroisse de Ploujean, de Penarstang, de Keranfors et de Kerloassezre, paroisse de Plougonven, de Meshir, de Keramprévost, de Coat glaz, de Kervézec. Ils furent déboutés à la réformation de 1669, dans le ressort de Morlaix. Ils portaient : d’argent à la fasce d’azur surmontée d’une merlette de même, accompagnée de trois trèfles de gueules (Guillaume le Borgne). Jean, sénéchal de Morlaix en 1533 ; Jean, gouverneur du château du Taureau en 1574 ; Jean, conseiller au parlement en 1588, marié à Françoise de Talhouët de Boisorhant.
Notre Michel Le Levyer, sénéchal de Lanmeur (attesté le 12 aout 1576), puis de Morlaix en 1596, sieur de Restigou et Keropartz, fut marié en 1600 à Barbe Quintin (Sources : Le Guennec). En 1579, il assiste avec Jean Le Levyer aux Etats de Bretagne, au nom du Tiers état, comme représentants de la ville de Morlaix (Olivier Tréhet, Le Tiers Etat aux Etats de Bretagne au seizième siècle (1491-1589), 1992, p. 110 : \ »Lelevier Michel, sr de Restigou, 1579\ ». Archives de Bretagne : recueil d’actes, de chroniques, etc …, Volume 15, p. 127).
Les anciennes prééminences de l’église Saint-Melaine de Morlaix font mention d’un banc familial :
Et entre le cinquiesme et sixiesme pilier, il y a quatre bancs scavoir, le plus bas et joignant le cinquiesme pilier et l’autel de sainct Joseph du costé de l’epistre contenant de long quatre piedz, fors deux poulces, et de laize trois piedz appartenant au sieur de Penanyun, prestre, celuy de dessus armoyé des armes des Levier contenant quatre piedz de long et deux piedz et un poulce de laize appartenant au sieur de Restigou, au costé du quel et à vis d’autre autel de Ecce Homo où est un tableau de l’image de Jésus descendu de la croix, …\ ».
A Guimaëc, non loin du manoir des Kergomar, fondateurs de la chapelle de Notre-Dame de la Joie, s’élève une croix montée sur un socle hexagonal, un dé aux angles ornés de griffes. Primitivement elle se trouvait à l’entrée du manoir de Keropartz en Lanmeur, élevée par Michel Le Levyer et Barbe Quintin. Elle porte les armes de ses deux mécènes : une fasce surmontée d’une merlette et accompagnée de trois trèfles, mi parti d’un lion accompagné de trois molettes. Transportée au cimetière de Guimaëc, elle fut ensuite placée près de la chapelle Saint-Mélar, et, après la chute de celle-ci, transférée à la Joie. Parmi les statues de la croix, celle de sainte Barbe. Ci-dessous dessin de notre ami Yves-Pascal Castel (\ »Atlas des croix et calvaires du Finistère\ » )
Une chapelle, détruite aujourd’hui, dédiée à la martyre d’Héliopolis, si célèbre en Bretagne (voir Buhez sante Barba, Mystère de sainte Barbe, texte de 1557), appartenait également au domaine de Keropartz, probablement édifiée par Le Levyer et son épouse. Cette dernière était issue des Quintin (d’argent au lion morné de sable, accompagné de trois molettes de sable ; devise : Calcaribus recalcitram) dont le manoir de Coatanfrotter ou Coat ar Frotter (XVe siècle) en Lanmeur possédait aussi autrefois une chapelle privée dédiée à saint Barbe. Adeline La Forêt par son mariage avec François Quintin, seigneur de Coatamour, apporta cette possession aux Quintin.
Le manoir de Coat ar Frotter en Lanmeur (Finistère)
Louis Le Guennec, dans Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, 45, 1918, p. 184.
Manuscrit 1512 : Feuillets numérisés sur le site de la Bibliothèque Rennes Métropole
Paris, BnF, Lat. 7656 : l’exemplaire manuscrit du catholicon breton du château d’Anet ?
Château d’Anet : dessin de Jacques Rigaud. XVIIe s. Source : [ gallica ]
Diane de Poitiers (1499/1500 – 26 avril 1566), comtesse de Saint-Vallier, duchesse de Valentinois, fut la favorite du roi de France Henri II, pendant plus de 20 ans.
(c) Diane, par Clouet. Chantilly, musée Condé, inv. MN 204
Dans son château d’Anet Diane conservait une importante et somptueuse collection de manuscrits enluminés, d’imprimés de grandes valeurs. L’inventaire, dressé en 1723, à la mort d’Anne de Bavière, Catalogue des manuscrits trouvez après le décès de Madame la Princesse, dans son Château Royal d’Anet, a été publié en intégralité par Ernest Quentin-Bauchart, Les femmes bibliophiles de France (XVIe, XVIIe, & XVIIIe siècles), tome I, Paris 1886, p. 310-340. Dans la rubrique des manuscrits sur papier de format in-folio, au n° 68, apparait un Glossaire Bas-Breton, François-Latin, sans autres indications. Il s’agit bien ici de l’exemplaire aujourd’hui conservé à la Bibliothèque nationale de France sous la cote Latin 7656. En effet, plusieurs notes apparaissent sur ce manuscrit confirmant cette illustre provenance. Sur un f. de garde le même libellé : « Glossaire bas breton françois latin // 1464 // n° 160″. Plus loin, » xx // iiii-xix // signature d’Antoine Lancelot ». « Ant. Lancelot // 3 », « Codex Lancellot 160 // Regius 7366 ». Le manuscrit faisait-il partie du « noyau dur » de la collection de Diane de Poitiers ? Ce qui est certain c’est qu’Antoine Lancelot en fit acquisition en 1723. Voir les quelques notes de Léopold Delisle sur cette vente [ lien ]
© Paris, BnF, Lat. 7656 : Catholicon breton de Jean Lagadeuc
François Avril qui connait si bien les anciennes collections du château d’Anet me précise qu’elles ont du englober plusieurs bibliothèques bretonnes, agrégées sans doute à l’occasion de différentes successions depuis la fin du XVe siècle, la plus importante étant celle de Tanguy du Chastel. Beaucoup de ses manuscrits actuellement conservés à Vienne, à la BnF et ailleurs, portant ses marques d’appartenance, sont identifiables dans le catalogue d’Anet. Quel chemin a suivi notre Catholicon breton ?
Un manuscrit acheté du château d’Anet :
© Paris, BnF, Fr. 24380 : Le Jouvencel, par Jean de Bueil. Manuscrit probablement acheté par Guyon de Sardière, dont la bibliothèque fut acquise vers 1759 par le duc de La Vallière (voir pour ce ms, Catalogue La Vallière, II, p. 642-643, n° 4127).
Numérisé sur [ Gallica ]
Antoine Lancelot érudit, (1675- 8 novembre 1740), « garçon de bibliothèque » à la Mazarine de 1698 à 1701, » savant de valeur, collaborateur d’Herbinot, de Bayle, de Prosper Marchand, de Valbonnais, élève de Mabillon, avait été souvent expert ; il fut un des savants nommés pour apprécier la valeur de la bibliothèque de Colbert en 1732 (Ch. de la Roncière et P.-M. Bondois, Catalogue des Mélanges Colbert, 1920, in-8°, p. m). Il fut désigné par les pairs pour faire des recherches sur leurs droits ; en reconnaissance, ces grands seigneurs lui achetèrent une charge de secrétaire du roi. Inspecteur du Collège royal, il était « commissaire du Trésor des chartes », ce qui explique son choix par Joly de Fleury. Il fut chargé aussi, de 1737 à 1740, d’une importante mission historique en Lorraine. Il était membre de l’Académie des inscriptions. (BEC, 1925). En 1733, Antoine Lancelot offrit au Roi, en même temps que ses portefeuilles relatifs à l’histoire de France (BnF, Nlle acq. Fr. 9632-9826), 206 manuscrits anciens. Parmi ceux-ci le Catholicon breton de Jean Lagadeuc…
Catalogue des Livres de feu M. Lancelot, de l’Académie Royale des Belles-Lettres. Paris, G. Martin, 1741 [ voir notice sur le site de l’ENC ]
A ce jour nous avons recensé 6 exemplaires de l’édition imprimée à Tréguier en 1499
– Paris, Bibliothèque nationale de France, deux, un complet (RES-X-253), l’autre non (RES-X-453).
– Rennes, Bibliothèque Rennes Métropole (15203) légèrement incomplet mais avec un complément (cote : 15203 bis) [ lien ]
– Quimper, Bibliothèque municipale, exemplaire complet : Res 28
– Manchester University, The John Rylands Library, Deansgate – Shelfmark : /12318
– Vienne, Österreichische Nationalbibliothek
Edition de 1521, Paris, Y. Quillevéré, numérisé sur Gallica [ en ligne ]
Site web consacré au Catholicon breton
Biblio :
Le Catholicon de Iehan de Lagadeuc : dictionnaire breton, français et latin publié par R. F. Le Men d’après l’édition de Me Auffret de Quoetqueveran [ en ligne sur Université Rennes /2 ]
Pierre Trépos, « Le Catholicon de Jehan Lagadeuc. Pour son cinquième centenaire », dans Annales de Bretagne, 71/4, 1964, p. 501-552 [ sur Persée ]
Gwennolé Le Menn, Le vocabulaire Breton du Catholicon (1499). Le premier dictionnaire breton imprimé breton-francais-latin de Jehan Lagadeuc. Breizh, Skol 2001 (Bibliothèque bretonne. 11.).
L’Histoire ancienne jusqu’à César : le manuscrit Rennes Métropole 2331 de Tanguy du Chastel
© Rennes Métropole – Histoire ancienne jusqu’à Cesar – Les armes de Tanguy du Chastel –
La Journée du Centre d’Etude des Textes Médiévaux (CETM), 5 avril 2012, aux Champs Libres (Rennes) sera entièrement consacrée à : L’Histoire ancienne jusqu’à César
Manuscrit récemment acquis par la Bibliothèque de Rennes Métropole – Soulignons ici la politique exceptionnelle en matière d’acquisition de manuscrits médiévaux de la bibliothèque rennaise, et ce depuis l’arrivée en 1982 de Marie-Thérèse Pouillias, enrichissements continués par Mme Sarah Toulouse, actuelle conservatrice en chef.
PROGRAMME
11 heures
§ Conférence-présentation du manuscrit de l’Histoire ancienne jusqu’à César
14h 30
§ Michelle Szkilnik (Paris III-Sorbonne Nouvelle) : « Qui a écrit l’Histoire Ancienne jusqu’à César ? »
15h15
§ Catherine Croisy-Naquet (Paris III-Sorbonne Nouvelle : « Les trois rédactions de l’histoire ancienne, leurs choix et leurs enjeux »
16h
§ Hélène Tétrel (Brest) : « L’Histoire Ancienne et les versions islandaises du Brut ».
Entrée ouverte à tous, mais places limitées.
DESCRIPTION DU MANUSCRIT
[France, Brittany], 1474 – 345 x 250 mm. 376 leaves : 1-478, catchwords along the inner ruledvertical in the lower margin of final versos, irregular modern pencil foliation, two columns of 41 lines in brown in a cursive bookhand between four verticals and 42 horizontals ruled in pink, justification : 250 x 168mm, rubrics, text capitals touched yellow, paragraph marks and line-endings in red or blue, two-line initials alternately of blue or red, guide letters often remaining, THIRTY-THREE HISTORIATED INITIALS with single burnished gold bars and partial borders of hairline tendrils with terminals of leaves and disks in burnished gold and painted leaves and flowers between larger sprays of painted fruit and flowers, initials 4-9 lines high, staves usually of gold on grounds of pink and blue patterned with white, THIRTY-FOUR SMALL MINIATURES framed in liquid gold or pink-red with single burnished gold bars and partial borders, mostly placed outside the text block in the lower margins, ONE LARGE ARCH-TOPPED MINIATURE IN SIX COMPARTMENTS divided and framed in burnished gold with FULL-PAGE ARMORIAL BORDER and historiated initial (opening folios, including large miniature rubbed, slight flaking in a few miniatures, lower corners missing f. 2-5). 18th-century English calf gilt. Beginning at the Creation this great chronicle incorporates Biblical history into narratives of the empires of Babylon, Ninevah, Thebes, Troy, Macedon and Rome. Its anonymous author, writing for the châtelain of Lille between 1208-1213 also directly points the moral lessons to be drawn from the past by didactic poems that introduce and then intersperse his prose narrative. He intended to bring his history up to the present day but his task was never completed: the text ends abruptly during Julius Caesar’s Gallic Wars as he erects a temple to Jupiter. The work proved enormously popular, fuelling and satisfying the burgeoning demand for classical and middle-Eastern history in the vernacular, essential knowledge for an educated gentleman of the day. There are about 70 manuscripts that preserve the text in whole or part and it was printed in Lyon c. 1480. Extraordinarily, there is no complete modern edition of this work that was so important in popularising ancient history and interpretating the classical past (M.-R. Jung, ‘La légende de Troie’ en France au moyen âge, 1996, pp. 334-357).
This copy is of considerable interest in preserving the original text comparatively intact. The prologue and 22 chapters in verse, known from 13th-century copies in Paris (BnF, Ms Fr. 20125) and Vienna, (ÖNB, cod. 2576) were rapidly dropped to focus on the narrative history; most unusually, this copy still has some moral verse commentaries. The continuing desire for the past to inform the present is shown by the scribe’s interpolations of his own reflections: on f. 195v he relates the destruction of Rome by Brennius to le temps ou vous estes maintenant. mil iiijc. lx et. xiiij, showing that he was at work in 1474. A further distinctive feature of this recension is the retention of Book I — from the end of the 13th century, the material from Genesis was commonly omitted — and the abrupt termination of Book XI. From the 14th century, this was standardly replaced by the Livre des faits des romains to continue the history of the Roman Empire to a more logical termination. This manuscript can be added to the six listed by Jung as having Books I-XI without the Livre des faits des romains either present or intended ; of these only the copy in the Pierpont Morgan Library, MS 212-213 can be dated to the 15th century. It is, therefore, likely that this manuscript was copied from a much earlier exemplar, as borne out by the miniatures which preserve the antique charm of an earlier age. The ms’s first owner, Tanguy du Chastel also owned a profusely illustrated 14th-century copy, with no verses and Book XI replaced by the Livre des faits des romains, which may have come from his wife’s family (Lot 20, Chester Beatty Sale, Sotheby’s 6 June 1932 ; Cimelia, H. P. Kraus, Catalogue 165, 1983). Moreover, he commissioned a copy of a vastly expanded version, from which two volumes survive in the New York Public Library, with miniatures by the same hands as the present lot (Spencer Ms 41, J. J. G. Alexander et al., The Splendor of the Word, 2006, p. 371-5). The illuminators of the Histoire ancienne and the Spencer manuscript, who could appropriately be named the Masters of Tanguy du Chastel, continue the traditions of artists employed by the ducal house of Brittany from the mid-15th century (see F. Avril and N. Reynaud, Les manuscrits à peintures en France 1440-1520, 1993, nos 94-95). The broad-faced figures are idiosyncratically proportioned to give the essentials of a scene, usually limited to the main protagonists against formalised settings, often with patterned backgrounds. This direct treatment of ambitious visualisations of antiquity results in an appealing sequence of scenes with wide-ranging subject matter.The early manuscripts are illustrated by both historiated initials and small miniatures within the text: small miniatures below the text are more of an Italian than a French convention, although the model used here cannot be identified with any surviving Italian manuscript. It apparently belonged to the oldest iconographic type: the Creation miniature over an historiated initial of God enthroned derives from the earliest conventions for illustrating the text, as seen in a Parisian copy of the second quarter of the 13th century (Brussels, KBR Ms 18295). Traditional patterns are also followed in such scenes as the death of Hector, f. 133v, or Alexander kneeling before the name of God, f. 253 (D. Oltrögge, Die Illustrationszyklen zur ‘Histoire ancienne jusqu’à César’ 1250-1400, 1989). The soldiers remain in 13th-century armour, with cylindrical helmets, loose surcoats and chain mail, while even the elephants and castles reflect an earlier iconographic tradition. Since painters usually modernised their patterns, the archaic forms may have been deliberately retained to give a sense of the past and of distant, exotic countries. Although fearsome monsters like the Sphinx, the Theban Tiger and the Minotaur, f. 91v, 112, 117v, have lost their awfulness over the centuries, the miniatures strikingly represent the continuum of history as then understood. Text and illustrations together afford direct contact with mediaeval perceptions of the classical and middle eastern heritage and their changing emphases. These can be charted from c. 1210, when the original text was compiled, through its various modifications up to 1474, the date of this extensively illustrated copy commissioned by a leading bibliophile and member of the French court.
The subjects of the miniatures are as follows :
f. 1 Large miniature in six compartments : God separates darkness from light ; creation of the sun and moon ; creation of land and sea ; creation of plants ; creation of animals, birds and fish ; creation of Eve ;
f. 4v The Lord cursing Cain ;
f. 7 Noah and his family look out from the Ark at the birds and animals coming aboard ;
f. 8v The drunkenness of Noah ;
f. 10v Shem, Ham and Japheth and their descendants, including the giant Nimrod ;
f. 11 Nimrod supervises the building of the Tower of Babel ;
f. 31 Lot and his family are led by an angel from Sodom, which collapses in flames on the inhabitants ;
f. 45 Jacob receives Isaac’s blessing ; in the background Esau returns from the hunt ;
f. 57 Esau and Jacob place Isaac in his tomb ;
f. 68v Pharoah dreaming of the lean and fat kine ;
f. 71 Jacob gives his sons money to buy corn in Egypt ;
f. 71v Joseph orders his brethren to fetch Benjamin ;
f. 82 Joseph and his brethren place Jacob in the tomb ;
f. 89v Oedipus hung up by the ankles ;
f. 95v Polynices and Etiocles, as armed knights, fight on horseback ;
f. 112 The ‘Tiger’ raised by Antigone and Ismene of Thebes ;
f. 119 Queens Marpesia and Lampeto lead the Scythian women to battle ;
f. 119v The Amazons putting men to flight ;
f. 123 Hercules killing Cacus ;
f. 123v Jason and the Argonauts aboard ship ;
f. 133v Achilles kills Hector ;
f. 141 Penthesilea leads her troops, one on a camel, to Troy ;
f. 142 Penthesilea fights Pyrrhus ;
f. 158v Dido kills herself on the towers of Carthage as Aeneas sets sail ;
f. 160v The Minotaur ;
f. 174 Aeneas leads his troops against Turnus ;
f. 209 A city welcomes Holofernes with music and surrenders its keys ;
f. 236 Fortune turning her wheel ;
f. 237 Alexander fights Indian troops in castles on elephants ;
f. 241 A terrible beast with three horns which attacks Alexander’s troops ;
f. 250v Alexander and King Porus of India fight on horseback ;
f. 279 The two-headed statue of Janus watches those who bring the arms of the conquered to his temple and those who come to arm themselves from the common store ;
f. 299 Scipio and Hannibal fight on horseback ;
f. 338v Marius knocks Jugurtha from his horse ;
f. 339 Jugurtha taken captive to Rome in a chariot.
The subjects of the historiated initials are as follows :
God seated on the rainbow f. 1 ;
Cain killing Abel f. 4 ;
the three men, as angels, are welcomed by Abraham f. 29 ;
the sacrifice of Abraham f. 35v ;
Joseph and Potiphar’s wife f. 65v ;
Pharoah gives Joseph a chariot when he makes him ruler of Egypt f. 70 ;
Joseph reveals his identity to his brethren f. 77 ;
Jacob rejoices to have news of Joseph f. 78 ;
Jacob before Pharoah f. 80 ;
King Ninus f. 84 ;
King Laius and Queen Jocasta of Thebes f. 89v ;
Oedipus and the Sphinx f. 91v ;
the Minotaur eating one of his victims f. 117v ;
Hercules and Theseus capture the Amazons Menalippa and Hippolyta f. 121 ;
Pelleus tells Jason to fetch the Golden Fleece f. 123v ;
Aeneas’s ships leave Troy f. 149 ;
three men build Rome f. 182 ;
Brutus is elected first consul f. 188 ;
the infant Cyrus, abandoned to wild beasts, is rescued f. 202 ;
Cyrus’s son Cambyses becomes king f. 208 ;
Judith cuts off the neatly night-capped head of Holofernes f. 211v ;
Nectanebus, Alexander’s father according to some, and Olympias, his mother f. 229 ;
Alexander kneels before the name of God on the tablet of gold held by the High Priest of the Temple in Jerusalem f. 235 ;
the beast with two heads f. 243v ;
games held at Tarentum so that the Romans take the city by surprise f. 259v ;
soldiers in castles on elephants arrive to help Tarentum f. 260v ;
Romans and Carthaginians fight on horseback f. 264v ;
Hannibal plans to avenge his father’s death f. 281v ;
a writer at his desk f. 300v :
© Rennes Métropole
the Carthaginians deliver up their armour to the Roman ships f. 311v ;
Mithridates receives a Roman messenger f. 358v ;
Pompey enters Rome in a chariot f. 369v ;
Roman senators ? bearing swords f. 370.
© Rennes Métropole – Source –
PROVENANCE
1. Tanguy du Chastel (d. 1477) and his wife Jeanne Raguenel de Malestroit : on f. 1 his arms are in the centre of the border and hers in a lozenge to the right ; their initials are intertwined in the side border. The Breton noble, Tanguy du Chastel, was grand écuyer to both Charles VII and Louis XI. With an apparently insatiable appetite for illuminated manuscripts, he commissioned new books and exploited royal favour : in 1476 he received many of the books confiscated from Jacques d’Armagnac, duc de Nemours, inheritor of much of the duc de Berry’s library.
2. Library of the château of Anet : seventh manuscript listed in the catalogue drawn up after the death of Anne de Bavière, princesse de Condé as ‘orné de miniatures très singulières’, Catalogue des manuscrits trouvez après le décès de Madame la Princesse, dans son Château Royal d’Anet, 1723.
3. William Bragge (1823-1884) : his sale, Wellington St, London, 7 June 1876. In Paris since 1872, Bragge returned to Birmingham in 1876 when his French business venture failed.
4. Jonathan Peckover (1835-1882) of the Quaker banking family : his armorial bookplate.
5. The Hon. Alexandrina Peckover (1860-1948) : pencilled note ‘left by her uncle Jonathan Peckover who died Feb 8th 1882’. Alexandrina was the second daughter of Jonathan’s elder brother, the noted book-collector Alexander, created Lord Peckover of Wisbech in 1907.
6. Alexander Peckover Doyle Penrose (1896-1950) : armorial bookplate. He was the son of Alexandrina’s elder sister Elizabeth and James Doyle Penrose of Watford and brother of the surrealist painter Roland Penrose ; for a photograph of these two owners with family members, see A. Penrose and A. MacWeeney, Home of the Surrealists, 2001, p. 12. Lot 20 in the Peckover Sale, Sotheby’s, 3 December 1951.
7. William Foyle (1885-1963) : his leather bookplate ; lot 86 in The Library of William Foyle, Christie’s, 11 July 2000.8. Michael Sharpe : his leather bookplate
8. Vente Christie’s 11-13 juillet 2000 [ lien ]
Sur les manuscrits du couple du Chastel / Raguenel voir l’excellente étude de Roseline CLAERR : \ »Un couple de bibliophiles bretons du XVe siècle : Tanguy (IV) du Chastel et Jeanne Raguenel de Malestroit\ », publiée dans les Actes du colloque de Brest 2004 : Le Trémazan des Du Chastel, du château fort à la ruine.
Voir également notre contribution : Jean-Luc DEUFFIC, \ »L’évêque et le soldat. Jean et Tanguy (IV) du Chastel, à propos des reliques de saint Pelade … et de leurs manuscrits\ », dans Le pouvoir et la foi au Moyen Age, PUR, 2010, p. 299-316 (p. 307-308).
LIENS
Bibliothèque Rennes Métropole [ lien ]
Manuscrits numérisés de Rennes Métropole [lien]
L’Histoire ancienne jusqu’à Cesar, sur ARLIMA – Manuscrits et bibliographie –
Data.BnF [lien]
Voir la thèse d’Emilie Maraszak : Figures et motifs des croisades : l’étude des manuscrits de l’Histoire Ancienne jusqu’à César, Acre, 1260-1291, sous la direction de Daniel RUSSO [ lien ]
Jean-Luc Deuffic, Les manuscrits de Jean du Chastel, évêque de Carcassonne (+ 1475) [ lien ]
BIBLIO
Sarah Toulouse, \ »Les manuscrits médiévaux de la Bibliothèque de Rennes Métropole\ », dans De Bibliotheca Publica, Mélanges offerts à Marie-Thérèse Pouillias, Rennes, 2007, p. 95-99.
MANUSCRITS NUMERISES
Quelques exemplaires …
§ Cologny, Fondation Martin Bodmer, Cod. Bodmer 160 [E CODICES]
§ London, British Library, Egerton 912 [lien BL]
§ London, British Library, Royal 20 D I [lien BL] – Exemplaire du roi de France Charles V, enluminé par Perrin Remiet
§ London, British Library, Stowe 54 [lien BL]
§ New York, New York Public Library, Spencer Collection 041 [DIGITAL SCRIPTORIUM] – exemplaire de Tanguy du Chastel [armes]
Un exemplaire avec les armes de Jeanne Raguenel, 2 vol. 185 + 149 f., 397 x 283 mm, se trouve actuellement dans une collection privée (voir R. Claerr, p. 186-187)
§ Oxford, Bodleian Library, Douce 353 [LUNA]
§ Paris, Bibliothèque nationale de France, français, 246, 1364 [GALLICA]
§ Paris, Bibliothèque nationale de France, français, 250, XVe s. [GALLICA]
§ Paris, Bibliothèque nationale de France, français, 256, XVe s. [GALLICA] – Exemplaire du duc de Berry
§ Paris, Bibliothèque nationale de France, français, 1386, XIVe s. [GALLICA]
§ Paris, Bibliothèque nationale de France, français, 12586, XIII-XIVe s. [GALLICA]
§ Paris, Bibliothèque nationale de France, français, 15455, XVe s. [GALLICA] – Au f. 1, armoiries, fascé d’or et de sable (pour un membre de la famille de Coëtivy).
§ Paris, Bibliothèque nationale de France, français, 17177, XIVe s. [GALLICA]
§ Paris, Bibliothèque nationale de France, français, 20125, XIIIe s. [GALLICA]
§ Philadelphia, University of Pennsylvania, Rare Book and Manuscript Library, Lawrence J. Schoenberg Collection — Manuscript ljs017 [ en ligne ] – exemplaire d’Yvon du Fou – Voir Jean-Luc Deuffic, \ »Les manuscrits d’Yvon du Fou, conseiller et chambellan de Louis XI\ », dans Notes de Bibliologie (Pecia 7, 2009), p. 221-245.
The Hague, KB, 78 D 47 [Medieval Illuminated Manuscripts]
Livres précieux, manuscrits et imprimés, faisant partie de la bibliothèque de M. Ambroise Firmin-Didot – 1883, lot 34 :
Encore un copiste breton : le cornouaillais Salomon de Kerigou (XIVe s.)
A notre liste des copistes bretons publiée dans le dernier volume de Pecia (Du scriptorium à l’atelier) [ lien / link ], ajoutons celui de Salomon de Kerigou, dont le nom se trouve au colophon d’un manuscrit de la Bibliothèque capitulaire de Tolède (Biblioteca Capitular de Toledo, ms 9-22), un recueil de textes de Bernard de Clairvaux et d’Alain de Lille, du milieu du XIVe s. Au f. 131v on peut lire : \ »Hic liber est scriptus per Salomonem Guillelmi de Kerigou, clericum corisopitensis diocesis, qui sit benedictus. Amen.\ »
Le manuscrit a appartenu à l’archevêque de Tolède, Gil Álvarez Carrillo de Albornoz (1338-1350), cardinal au titre de Saint-Clément (1350-1356).
Note au f. 322v : \ »Anno Domini M CCC LIII die Jovis decima Januarii reservavit dominus noster Innocentius papa sextus magisterium de Montesa dispositioni sue et mandavit mihi Egidio tituli sancti Clementis presbitero cardinali quod deberem scribere et hoc precepit oraculo vive vocis\ ».
Le cardinal Gil de Albornoz et le pape Innocent VI. Fresque de la chapelle des Espagnols (couvent dominicain de Santa-Maria Novella à Florence, XVe s.)
Autre note au f. 199, formule de copiste : \ »Finito libro si laus et gloria Christo. Finis adest operis, mercedem posco laboris\ » (voir par exemple, New York, Public Library, Spencer 77) . 322 f. 295 x 210 mm. 2 col. 42/44 l. Au f. 322, armes de Don Pedro Tenorio, archevêque de Tolède (1377-1399)
Salomon, fils de Guillaume de Kerigou devait exercer à Montpellier, Toulouse ou à Avignon, comme plusieurs de ses compatriotes.
Plusieurs villages de Kerigou en Cornouaille (Finistère) : un dans la commune de Crozon, près de Morgat, un autre en Saint-Ségal. Mais, comme me l’indique Hervé Torchet, il doit s’agir de celui d’Edern, lieu noble détenu en 1426 par Guillaume de Kerigou, faisant partie de la seigneurie de la Roche-Helgomarc’h. Guillaume est cité en 1421 dans le compte du trésorier Jean Mauléon, en 1425 dans celui de Raoullet le Neveu pour le voyage du duc de Bretagne à Amiens.
Biblio : Antonio GARCÍA Y GARCÍA y Ramón GONZÁLVEZ, Los manuscritos jurídicos medievales de la Catedral de Toledo, Madrid, Consejo Superior de Investigaciones Científicas ; Roma, Delegación de Roma del C.S.I.C, 1970, p. 256-257.
Voir également notre post : Quelques copistes bretons dans les bibliothèques espagnoles