Consignes à l’enlumineur (XVe s.)
Le manuscrit Paris, BnF Fr. 12466, un exemplaire du Pèlerinage de la vie humaine, de l’âme et de Jésus Christ, de Guillaume de Digulleville (XVe s.) porte aux f. 220v-222 quelques consignes à l’enlumineur chargé de sa décoration, (malheureusement) réduites par le relieur.
Par exemple, au f. 221 :
… Regarde contre le ciel et au bas de la montaigne a villes chasteaux …
©Paris, BnF, Fr. 12466. Manuscrit numérisé sur Gallica –
Guillaume de Digulleville sur ARLIMA –
Simon d’Orléans, enlumineur (XIIIe s.)
Assez rares sont les enlumineurs à signer leurs oeuvres. Simon d’Orléans (Simon Dorliens) se présente ainsi comme l’exécuteur d’un exemplaire du traité de fauconnerie de Frédéric II, dans une traduction française, faite à la demande de Jean, sieur de Dampierre, d’Isabelle de Brienne, sa femme, de Guillaume, son fils et de demoiselle Jeanne de Vignory (= Jeanne de Chalon, dame de Vignory), épouse de ce dernier. (Paris, BnF, Fr. 12400, fin XIIIe s.)
« simon ¤ dorliens // anlumineur ¤ // dor ¤ anlumina // se livre ¤ si » (f. 186)
f. 1v : iehan cheualier descendu de // tres noble lignie nei de sainte // racine signor de dampierre et // de st disier et a la reuerence de // ma douce dame ysabel dame // de ces meismes leus descendue // de tres haute sainte lignie de // roys et a lonor de tres noble da//moisel Guillaume lor fil et a // la grace de tres noble damoisel//le iehanne de woingnonri ma//dame ione…
© Paris, BnF, Fr. 12400, f. 1. Un fauconnier renseigne un moine, assis devant un copiste,
© Paris, BnF, Fr. 12400, f. 167.
L’enlumineur Simon, de par son nom, doit être originaire d’Orléans. Son style, par contre, est encore discuté : le Rémois ou la Champagne, Metz ?. Jean Wirth, Isabelle Engammare, Andreas Bräm, Les marges à drôleries des manuscrits gothiques, 1250-1350, Droz, 2008, p. 47, note 12.
Manuscrit numérisé sur Gallica
BIBLIO :
Manuscrits à peintures, Paris, 1955, p. 45, n° 97.
\ »Du Traité de fauconnerie composé par l’empereur Frédéric II, de ses manuscrits, de ses éditions et traductions\ », dans Bulletin du Bibliophile, 16e série, 1864, p. 885 sq. [ en ligne ]
The Art of Falconry, by Frederick II of Hohenstaufen, translated and edited by Casey A. Wood, F. Marjorie Fyfe [ en ligne ]
Patrick M. de Winter, \ »Simon d’Orléans enlumineur des ducs de Bar\ » : résumé. In : Congrès national des sociétés savantes (103 ; 10-15 avril 1978 ; Nancy, Metz). Paris : Ed. du C.T.H.S., 1978, p. 67.
Hélène Toubert et Laura Minervini, éd. — Federico II. De arte venandi cum avibus. L’art de la chace des oisiaus. Facsimile ed edizione critica del manoscritto fr. 12400 della Bibliothèque Nationale de France. Naples, Electa Napoli, 1995 (présentation en ligne)
Classes BnF –
ARLIMA – pour la bibliographie et sources
Enlumineurs angevins : Thomas de Bacigne et Fouquet
Le manuscrit 772 de la Bibliothèque municipale d’Angers, Intitulatio anniversariorum et gaingnagiorum ecclesie collegiate Sancti Petri Andegauensis, est un Livre des anniversaires de l’église collégiale de Saint-Pierre d’Angers, composé en 1497. Mais comme beaucoup d’ouvrages de ce type il reprend des notices bien plus anciennes …
Nous y avons reconnu les noms de deux enlumineurs, dont un semble-t-il inédit :
Au f. 30 : pour leur anniversaire, le jour de la fête de saint Augustin (28 août), Thomas de Bacigne, enlumineur, et sa femme offrent à la collégiale un missel \ »remarquable\ ». Difficile de dater l’époque où exerçait Thomas…
A. Thome de Bacigne illuminatoris et eus uxoris qui nobis legavit unum missale notabile ad usum burse anniuersariorum. Super nouis.
(c) Angers BM, 772, f. 27.
\ »BACIGNE\ » pourrait faire penser à Bassigné, un lieu-dit situé à Coglès en Bretagne (Ille-et-Vilaine), dont les seigneurs étaient les de Champeaux. Simple hypothèse ….
Quant à l’autre enlumineur, il figure, f. 37 : \ »A. (= Anniv.) Fulqueti illuminatoris\ ». Le nom sera porté plus tard par un des plus grands enlumineurs, Jean Fouquet.
Célestin Port l’avait déjà remarqué dans son étude sur Les artistes angevins, peintres, sculpteurs, maitres-d’œuvre, architectes, graveurs, musiciens, Paris / Angers, 1881, p. 114 :
Fouquetus, illuminator, enlumineur, demeurait, en 1250, au carrefour de la rue des Ecuyers, aujourd’hui Grand Talon (= rue Plantagenêt), in quadrivio vici Armigerorum. BM d’Angers, Privilèges de l’évêché, ms 637, f. 12.
En cette rue des Ecuyers, au XIIIe s., l’évêque de Nantes Galeran possédait son manoir, entouré de vignes, acquis en juin 1250, et qui pendant près de trois siècles resta du domaine de l’évêché nantais.
L’antique église de Saint-Pierre d’Angers, attestée à l’époque de l’évêque Maurille (423-453), devenue collégiale au XIe s., fut détruite en 1791. Gohard, évêque de Nantes, mais angevin, s’y était fait inhumé.
In memoriam : Louis Lemoine (1943 – † 21 janvier 2012)
Nos pensées vont aujourd’hui vers l’ami Louis Lemoine, décédé à Pleumeur-Bodou, ce 21 janvier 2012. Agé de 68 ans, Louis fut de l’aventure de Landévennec, qui vit, avec le Colloque du cinquième centenaire de l’abbaye Saint-Guénolé, la naissance du Cirdomoc. Sa thèse de doctorat ès-lettres présentée en 1985, sous la direction de Léon Fleuriot, fut consacrée aux Recherches sur l’enseignement et la culture dans la Bretagne du haut Moyen Âge. Enseignant à l’IUT de Lannion, il s’était spécialisé dans l’étude des scriptoria bretons.
BIBLIOGRAPHIE
(non exhaustive)
\ »Note sur les Hisperica Famina et la Bretagne\ », dans Mélanges Hubert Guillotel, Rennes, PUR & Britannia Monastica, 13/14, 2010, p. 215-224. [ lien Cirdomoc ]
\ »Paléographie et philologie médiévales : Existe-t-il des \ »symptômes armoricains\ » ?\ » , dans A travers les îles celtiques. A-dreuz an inizi keltiek Per insulas scotticas. Mélanges à la mémoire de Gwénaël Le Duc, Rennes, PUR, CIRDoMoc ; Klask, 2008, p. 185-199.
\ »Réécriture de l’Écriture\ », dans Britannia monastica, 9, 2005, p. 13-22. [ lien Cirdomoc ]
\ »Autour du scriptorium de Landévennec\ », dans Corona monastica : moines bretons de Landévennec: histoire et mémoire celtiques : mélanges offerts au père Marc Simon (ed. B. Merdrignac et L. Lemoine), Rennes, PUR, 2004, p. 155-164. [ lien Cirdomoc ]
\ »La Borderie et l’évangéliaire de Tongres\ », dans Bulletin et mémoires de la Société Archéologique et Historique d’Ille-et-Vilaine, tom. 106, 2002, p. 49-64
\ »Contribution à la reconstitution des scriptoria bretons du haut Moyen Âge\ », dans Archivum latinitatis medii aevi, vol. 59, 2001, p. 261-268.
\ »Maniérisme et Hispérisme en Bretagne. Notes sur quelques colophons (VIIIe-Xe siècles)\ », dans Annales de Bretagne, vol. 102, 4, 1995, p. 7-16.
\ »Signes de construction syntaxique dans les manuscrits bretons du haut Moyen Âge\ », dans Archivum latinitatis medii aevi, vol. 52, 1994, p. 77-108.
\ »Notes paléographiques\ », dans Mélanges Léon Fleuriot, 1992, p. 141-147.
\ »Symptômes insulaires dans un manuscrit breton de l’Ars de verbo d’Eutychès\ », dans Etudes celtiques, vol. 26, 1989, p. 145-157.
\ »Scrutari \ »lire\ » et pingere \ »écrire\ ». Note sur le colophon du Vatican Regina 296\ », dans Etudes celtiques, vol. 25, 1988, p. 233-236.
\ »Les méthodes d’enseignement dans la Bretagne du haut Moyen Âge d’après les manuscrits bretons : l’exemple du Paris, B.N., Lat. 10290\ », dans Landévennec et le monachisme breton dans le haut Moyen Âge, 1986, p. 45-63.