Attavante degli Attavanti et le missel de Thomas James, évêque de Dol (+ 1504)
Thomas Ier, ou Thomas James, homme recommandable par sa piété et son érudition était originaire de la petite ville de Saint-Aubin du Cormier. Universitaire, il fut docteur en droit civil et canonique. Le duc de Bretagne, François II, le nomma ambassadeur auprès du pape Sixte IV.
Créé évêque de Saint-Pol-de-Léon en 1478, nommé gouverneur du Château Saint-Ange, l’année suivante, il fut par la suite transféré à la tête du diocèse de Dol. Il prête serment de fidélité au duc comme tel le 27 juin 1482.
Il est en relations avec Attavante (1452-ca 1520/1525), qui lui peint un magnifique missel, et avec Pomponio Leto (1425-1498), humaniste fervent et curieux, qui lui dédia plusieurs livres de grammaire. En juillet 1483, suite à l’évasion d’un prisonnier, le pape lui enlève brusquement la garde du Château Saint-Ange. Il rentre alors en Bretagne, et assistera quelques années plus tard à la prise de Dol par le roi de France (1487, 11 octobre). En février 1503, il donne le premier missel imprimé à l’usage de son diocèse. Avec le temps sa piété croît : il use d’un cilice et jeûne deux ou trois fois par semaine. Le 4 avril 1504 (n.s.), il fait son testament, au château de Dol, et le lendemain, vendredi saint, étendu sur son lit, les mains jointes, il murmure des prières au récit de la Passion qui lui est lu, et meurt à neuf heures du matin.
Je veux disait Thomas James dans son testament, que mon corps soit humblement enseveli dans la terre, sans pompes, comme pour un homme du peuple, dans la chapelle Notre-Dame de Pitié, en l’église Saint-Samson. Toutefois, son neveu, Jean James, chanoine et trésorier du chapitre de Dol, lui fit élever un superbe tombeau, chef-d’oeuvre de la Renaissance, oeuvre des frères florentins Betti, connus sous les noms de Antoine (1479-1529) et Jean Juste, auxquels on doit également le tombeau de Louis XII et d’Anne de Bretagne de la basilique royale de Saint-Denis.
François Duine, La métropole de Bretagne, Paris, 1916, p. 160-161.
Le missel de Thomas James est aujourd’hui conservé par la riche bibliothèque municipale de Lyon, sous la cote Ms 5123. Sa base Enluminures lui consacre plusieurs images et détails. C’est un ouvrage purement romain (le breton saint Yves y est toutefois inscrit au 27 octobre), estimé 1200 ducats au début du XVIe siècle, et mentionné dans le testament du prélat. Inscrit à l’inventaire de la cathédrale de Dol, du 20 mai 1791 : Missel à l’usage de Rome en veslin garni de peintures.
Plusieurs feuillets ont été extraits et doivent se trouver dans quelques bibliothèques privées. Une miniature au Musée du Havre . Sur qq f. les armes de Thomas James (ci-dessous):
Au f. 6v : Actavantes de Actavantibus de Florentia hoc opus illuminavit [anno] Domini MCCCCLXX[XIII].
Bibliographie
Comte De Bastard,Recherches archéologiques, dans BnF Nlle Acq. Fr. 6043). J. Brune, Résumé du cours d’archéologie professé au Séminaire de Rennes, 1846, p. 267.
A. de La Borderie, « Notes sur les livres », dans BEC, 1862, p. 43. L. Delisle, « Le Missel de Thomas James, évêque de Dol, lettre à M. le Cte Auguste de Bastard », dans BEC, 43, 1882, p. 311-315.
Bertaux et Birot, « Le missel de Thomas James », dans Revue de l’Art Ancien et Moderne, 20, juillet-décembre 1906, p. 129-146, ill.
Ch. Denizon, « Le Missel de l’évêque de Dol », dans Le Fureteur Breton, 1907-1908, p. 144-147.
F. Duine, La métropole de Dol, 1916, p. 160-162 ; Inventaire, 1922, n° 144 ; Bréviaires et Missels, n° 19 ; « Missels de Dol », dans Mémoires de la Société archéologique d’Ille-et-Vilaine, 33, p. 388.
Toussaint Gautier, Histoire de l’imprimerie en Bretagne, p. 6-7.
Le Missel d’Attavante pour Thomas James. Evêque de Dol publié sous la direction de Henry Joly, Lyon, « Aux dépens des Amis de la Bibliothèque de Lyon », 1931, 10e fasc. gr. in-8° en f. illustrés, fig. et pl.
Leroquais, Bibliothèque de la Ville de Lyon : exposition des manuscrits à peintures, Lyon, 1920, ill. ; Les Missels manuscrits, III, 223.
De Palys, « Notice sur le missel de l’évêque de Dol », dans Mémoires de la Société Archéologique d’Ille-et-Vilaine, 31, p. LV-LVIII.
Sur le tombeau de Thomas James : Henri de Kerbeuzec [abbé F. Duine] Le Tombeau de Thomas James dans la cathédrale de Dol, Rennes, Plihon et Hervé, 1895, In-18°, 40 pages.
Muratova, « The Tomb of Bishop Thomas James in the Cathedral of Dol : A Monument of the Early Italian Renaissance in Gothic Brittany », dans Harlaxton Medieval Studies, VIII (Proceedings of the 1996 Symposium), p. 349-364.
L’évêque Thomas James en prière, dans Michel Mauger, Bretagne chatoyante. Enluminures et histoire, Editions Apogée, 2002, p. 104-105 (photo du feuillet du Musée Malraux du Havre)
Sur Attavante : Arnauldet Pierre, « Etudes sur Attavante et son école. Attavante et la Bible de Belem », Paris, A. Picard et fils, 1899, extrait du Bibliographe moderne, 1898, n° 6.
Peindre la Piété : Le livre d’heures
Du 11 Septembre au 11 Novembre 2007 Les Enluminures propose au Louvre des Antiquaires une exposition de 26 de ses livres d’heures, véritables “best-sellers” de la fin du Moyen Age et de la Renaissance, provenant de France, des Pays-Bas et de Belgique. Parmi les fleurons, on citera un livre d’heures néerlandais d’une grande finesse illustré par un artiste d’Utrecht proche du style des Maitres de Zweder van Culemborg. Signalons également ces superbes Heures signées par un des artistes compris dans le groupe connu sous le nom des Maîtres de Otto von Mordrecht (à rattacher à l’atelier de Nicholas Brouwer); ce livre d’heures profusément enluminé d’origine rouennaise datant de l’époque qui suit immédiatement l’occupation de Paris par les Anglais; ou encore des Heures enluminées à Paris et illustré d’une séquence inhabituelle de grande qualité de miniatures par le Maître de Jacques de Besançon et d’autres artistes. Un catalogue illustré accompagne cette exposition. Les notices sont rédigées par Roger Wieck, conservateur à la Pierpont Morgan Library, assisté de Sandra Hindman (éditeur) et Ariane Bergeron-Foote (descriptions codicologiques). Un grand nombre de ces livres d’heures sont inédits et sont étudiés et présentés dans ce livre pour la première fois. Roger Wieck signe également un essai introductif évoquant comment les livres d’heures enluminés offraient aux dévots des textes pieux augmentés de supports visuels leur permettant d’accéder à une piété toute picturale. Ce catalogue est publié en anglais, avec la traduction française des notices de Roger Wieck, et parait chez Paul Holberton à Londres (2007).
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Illustration ci-dessus: The Crucifixion (300 x 220 mm.; enluminure: 270 x 195 mm). Allemagne, Bamberg (?), c. 1440-1450.
Les Enluminures
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2, Place du Palais-Royal
75001 Paris
France
The Free Library of Philadelphia : base des manuscrits médiévaux
The Free Library of Philadelphia propose maintenant en ligne les archives des images numérisées de ces 270 manuscrits et 2 000 feuillets médiévaux (parfois de simples \ »coupures\ » enluminées, ou des défaits de reliures …)
Dans le futur elles devraient être intégrées à la très utile database Digital Scriptorium
Adresse du site : http://libwww.library.phila.gov/medievalman/