Mathias Corvin, les bibliothèques princières et la genèse de l’Etat moderne
Organisé par l’ Institut de recherche et d’histoire des textes (UPR 841
du CNRS) et la Bibliothèque nationale de Hongrie avec la participation
de l’ Institut historique allemand de Paris et de la Bibliothèque
nationale de France, le colloque Mathias Corvin, les bibliothèques
princières et la genèse de l’Etat moderne va se tenir à Paris les 15,
16 et 17 novembre 2007. Les travaux se dérouleront le 15 novembre à
l’Institut historique allemand de Paris et les 16 et 17 novembre à
l’Institut national d’histoire de l’art. Le colloque s’inscrit dans
l’histoire politique, culturelle et religieuse de l’Europe au temps de
l’humanisme ; ses thèmes porteurs sont la transmission des textes,
l’histoire du livre manuscrit et des premiers imprimés, l’histoire
des bibliothèques.
Des conférenciers de huit pays (France, Hongrie, Italie, Allemagne,
Espagne, Pays-Bas, Belgique, Etats-Unis) participent à cette
manifestation, qui est le point de départ des commémorations prévues
dans plusieurs pays européens, en 2008, à l’occasion des 450 ans de
l’accession au trône du roi de Hongrie Mathias Corvin (1458-1490).
L’action de ce souverain, fondateur d’une bibliothèque d’Etat, illustre
bien les implications internationales d’une politique culturelle. Lieu
d’élaboration et de diffusion des idées, la Corviniana s’impose parmi
les autres bibliothèques contemporaines dans la seconde moitié du
Quattrocento, alors que la Hongrie occupe une place stratégique entre
Orient et Occident.
Ce colloque du CNRS a également bénéficié du soutien de la Région
Ile-de-France, du Ministère de la recherche, de l’ Institut français de
Budapest, de l’ Institut universitaire de France, de l’ Institut culturel
hongrois de Paris, de l’ Université d’Orléans et de l’ Institut national
d’histoire de l’art. Une exposition des manuscrits de Mathias Corvin
conservés à Paris se tiendra à cette occasion à la BNF le 16 novembre
2007 (visite accompagnée à 16 h 30).
Programme sur le site de l’IRHT
Inscription recommandée par courriel à annie.dufour@irht.cnrs.fr ou donatella.nebbiai@irht.cnrs.fr
Liens:
Donatella Nebbiai et Jean-François Maillard, La bibliothèque de Mathias Corvin, dans Le manuscrit dans tous ses états, cycle thématique 2005-2006 de l’IRHT, S. Fellous, C. Heid, M.H. Jullien, T. Buquet, éds., Paris, IRHT, 2006 (Ædilis, Actes, 12) [En ligne]
Bibliotheca corviniana digitalis: Bibliographie, historique de la bibliothèque de Mathias Corvin, liste complète de manuscrits et images de ceux conservés en Hongrie [En ligne]
Un ami nous a quitté: Gwenaël Le Duc (12 octobre 1951- 24 décembre 2006)
Philosophiae Doctoratus à l’University College, Dublin, pour sa thèse en français sur la Vie de Geneviève de Brabant, une pièce de théâtre baroque en breton (ca 1640). Agrégé d’anglais. Professeur à l’Université de Rennes II depuis 1989.
Photo prise en avril 1985, à l’occasion du colloque commémorant le XVe centenaire de Saint-Guénolé de Landévennec, en visite à l’abbaye de Daoulas. A gauche, Caroline Brett; à l’extrême droite François Kerlouégan; à droite Gwenaël; au premier plan, de dos, Louis Lemoine; caché, Jean-Luc Deuffic.
Quelques travaux de Gwenaël Le Duc
Avec Claude Stercks, Les Fragments inédits de la Vie de Saint Gouëznou, dans Anales de Bretagne, 78, 2, 1971, p. 277-285.
Avec Claude Stercks, Chronicon Briocense: Chronique de Saint-Brieuc : Fin XIVe siècle : Texte critique et introduction. T. I.: Chapitres I à CIX, Paris, Librairie Klincksieck, Rennes, Institut Armoricain de Recherches Historiques de Rennes de l’Université de Haute Bretagne, 1972, préface de L. Fleuriot.
L’ Historia Britannica avant Geoffroy de Monmouth, dans Annales de Bretagne, 79, 1972, p. 819-835.
Le Donoët, grammaire latine en moyen-breton, dans Etudes celtiques, 14, 1974-1975, p. 525-565; 16, 1979, p. 237-259.
Une glose en Anglo-Saxon glosée en Brittonique, ibid.
Vie de S.-M., évêque d’Alet: Version écrite par le diacre Bili, Rennes, 1979 (Ce.R.A.A.).
La Presqu’île de Guérande. Edit. OF, 1986.
La lettre d’un recteur de Muzillac à sa servante (1793), dans la Bretagne linguistique, 6, 1990.
Bretons et Irlandais. Irlandais et Bretons, dans Britannia Monastica, 1, 1990.
Les débuts de l’évêché de Quimper ?, dans Britannia Monastica, 3, 1994.
L’évêché mythique de Brest, ibid.
Les signes de construction syntaxique du manuscrit Laon 101, dans Mélanges François Kerlouégan, (éd. D. Conso, N. Fick et B. Poulle), Paris, 1994, p. 341-361.
Notes sur un manuscrit perdu de la Vita Ronani, dans Saint Ronan et la troménie (Actes du colloque de 1989, coédition CRBC – Association Abardaeziou Lokorn, Locronan), 1995.
Quelques notes et remarques rapides sur les théâtres populaires bretons et basques, dans Fontes linguae vasconum: Studia et documenta, 70, 1995, p. 515-524.
La Translation de saint Mathieu, in Saint-Mathieu de Fine-Terre, actes du colloque, Bannalec, 1995.
(Avec Gildas Buron) Onomastique guérandaise, dans Les Cahiers du Pays de Guérande, 37, 1996.
La date de la Vita Goeznouei, dans Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 1996, p. 263sq.
Anthroponomastique: saint Gonéry et Alvandus, ibid., p. 339sq.
Participation à: La Bretagne des origines, sous la direction de Jean Kerhervé, Institut Culturel de Bretagne, Rennes, 1997.
Le Jugement dernier : pièce de théâtre bretonne, trégorois, XVIIIeme siècle. (éd.) Roparz Hemon; avec la collab. de Gwenaël Le Duc & Gwennole Le Menn. Saint-Brieuc, Skol, 1998.
The Colonisation of Brittany from Britain: New Approaches and Questions’ in Celtic Connections: proceedings of the tenth international congress of celtic studies. Volume One. ed. Black, Gillies & Ó Maolaigh, East Linton, Tuckwell Press, 1999.
The Inscriptions of Early Medieval Brittany / Les inscriptions de la Bretagne du Haut Moyen, University of Wales Centre for Adv. Welsh and Celtic Studies, 2000 (Ed. J. T. Koch, collab.: Wendy Davies, Gwenael Le Duc, James Graham-Campbell
Irish saints in Brittany: myth/reality?, dans John Carey, Maire Herbert, Padraig Riain (Ed.), Studies in Irish Hagiography: Saints and Scholars, Four Courts Press, 2001.
La conception et la naissance de Conan Meriadec, dans Kreiz, 14, 2001, CRBC.
A lire le bel hommage d’André-Yves Bourgès sur son blog Hagio-Historiographie médiévale.
Gwenaël en 1979, pour la dédicace de son ouvrage sur la vie de saint Malo.
Extrait d’une de ses correspondances qu’il m’adressait:
» Tu avais l’air de tenir à ce que je datasse mes épistules. Hélas, nous
autres purs esprits feignons systématiquement d’ignorer le temps qui coule et
ce qui en découle, quoiqu’il ne nous ignorât point. Aussi me vois-je dans
l’obligation de dater ma lettre d’aujourd’hui, date à retenir d’ailleurs en ce
qu’elle a de permanent et d’éternel… »
Au revoir Gwenaël …
Le cartulaire de l’abbaye Notre-Dame de La Roë
La politique de numérisation de certains fonds d’archives et de manuscrits médiévaux lancée depuis quelques années donne lieu à la mise en ligne de « monuments historiques » importants. A l’exemple du cartulaire de La Roë à présent disponible sur le site des Archives départementales de la Mayenne. Cette abbaye de chanoines réguliers fut fondée en 1096 par le célèbre Robert d’Arbrissel dans la forêt de Craon, aux confins du Maine, de l’Anjou et de la Bretagne.
Le cartulaire (244 actes de 1096 à ca 1190) a fait l’objet d’une édition par Marie Hamon-Jugnet pour une thèse de l’Ecole nationale des chartes en 1971: Le cartulaire de l’abbaye Notre-Dame de la Roë.
Voir aussi: Planté (J.), Cartulaire de l’abbaye royale des chanoines de Saint-Augustin de Notre-Dame de La Roë, Mamers, 1888.
A. de Farcy & A. Angot, Cartularium Sanctae Mariae de Rota Andegavensis diocesis… Tabulaque onomastica donatum a D. P. de Farcy, 2 vol., Laval, 1904-1908.
Evrart de Trémagon et Le songe du vergier …
Laurent Brun, directeur du projet ARLIMA, me signalant la vente sur ebay d’un « morceau » de manuscrit du Songe du Vergier, je me propose d’écrire quelques lignes sur l’auteur et les manuscrits de ce texte (et de son original) dont la paternité a fait l’objet de débat depuis près d’un siècle maintenant.
Détail du manuscrit sur ebay
Le Somnium Viridarii peut être considéré comme le brouillon du Songe du Vergier. Les travaux récents de Marion Schnerb-Lievre l’ont définitivement attribué au breton Evrart de Tremagon. Ce dernier le composa – sans doute terminé en 1376 – à la demande du roi Charles V comme propagande de son indépendance vis-à-vis du pape Clément VII.
Le Songe du Vergier en est une traduction française, largement remaniée pour une plus grande clarté tant du point de vue de la composition même que de sa forme. Cette compilation inondée de citations, de renvois, « érudite », met en dialogue un clerc et un chevalier, prétexte à un « plaidoyer de la politique royale ». Elle est une confrontation des rapports entre les autorités ecclésiastiques et séculières.
Voir le c.r. de Le Songe du vergier, édité d’après le manuscrit Royal 19 C IV de la British Library par Marion Schnerb-Lievre, Paris, C.N.R.S., 1982. 2 vol. in-8°, XCII-503 et 497 pages (Sources d’histoire médiévale publiées par l’Institut de recherche et d’histoire des textes.) par Jacques Krynen sur le site Persée.
Les manuscrits utilisés pour cette édition :
¤ London BL Royal 19 C IV
¤ Paris BnF Fr. 537. XVe s. (1452). Détail, ci-dessous, f. 1:
(c) Paris BnF
¤ Paris Mazarine 5322. Ci-dessous détail d’une enluminure, f. 2v:
(c) CNRS-IRHT / CINES / Bibliothèque Mazarine / Liber Floridus
L’auteur : Evrart de Tremagon
Docteur in utroque, doyen du chapitre de Chartres, Evrart de Tremagon fut nommé à la tête du diocèse de Dol par le pape Clément VII le 17 octobre 1382. Il fit sa soumission à la Chambre apostolique le 17 novembre de cette année, mais protesta ne devoir que 3000 florins et non 4000 pro communi servicio. Au reste, il mourut n’ayant acquitté qu’une infime partie de cette somme.
Avant de porter la mitre, il fut conseiller du roi, comme on le voit par un acte daté d’octobre 1374. En 1384 il a procès au Parlement de Paris avec Guillaume de Chamborant qu’il avait accusé d’avoir fait assassiner son frère Yvon.
Le 7 juin 1385 il est présent à la ratification d’une donation faite par le duc de Bretagne Jean IV, qui le nomma parmi ses exécuteurs testamentaires le 31 octobre de cette même année. En mai 1386 il assiste aux Etats de Bretagne.
Il fonda dans sa cathédrale une rente annuelle de 70 sous pour l’établissement d’une procession que les chanoines devaient faire tous les samedis après complies:
Item, quedam est processio que fit omnibus sabbatis post completorium, quam fundavit bone memorie Evrard de Tremaugon … in qua quidem processione cantatur Inviolata, et post, de profundis, cum oratione fidelium …
Docteur en droit civil et droit canon, Evrart de Tremaugon professa à Paris entre 1369 et 1373. Trois de ses leçons ont été conservées et on fait l’objet d’une édition:
Gérard Giordanengo, Marion Schnerb-Lièvre, Trois leçons sur les Décrétales (Sources d’histoire médiévale, 33), cnrs, Paris, 1999.
On trouvera sur le site ARLIMA une notice avec bibliographie très détaillée et une liste des manuscrits du Songe du Vergier.
A consultera également, pour un contexte plus local: Le Songe du Vergier et la Bretagne, dans Mémoires de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Bretagne, 1/2, 1933.
Evart de Trémagon eut un frère, écuyer du duc d’Orléans en 1398.
Il y eut certainement confusion entre les patronymes Trémigon (env. de Combourg) et Trémaugon (Trémagon).
Elizabeth Gonzalez, dans Un prince en son Hôtel, Les serviteurs des ducs d’Orléans au XVe s., Publications de la Sorbonne, 2004, fournit une très intéressante biographie du chevalier Jean de Tremagon (+ 1396), sans doute apparenté à Evrart, et qui fut chambellan du duc d’Orléans. Il épousa Jeanne de Souday, fille de Triboulard II de Souday, seigneur de Glatigny et de Boisvinet, homme d’armes de la suite du roi Charles VI.
De même Guillemette de Tremagon : « Guillemette de Trémagon, damoiselle de Valentine Visconti, qui, elle aussi, bénéficia de la largesse ducale à l’occasion de ses noces célébrées en 1395 [London BL, Add. Ch. 2139-2140-2141, 2144 et 2718] ? 1395/02/10, Jean Poitevin, roi des ménestrels de France, rend (q) en son nom et en ceux de ses compagnons de 20 l.t. reçues de Jean Poulain « pour avoir composition faicte a cause de leur droit qui a eulx appartenoit pour les robes des noces de Guillemette de Tremagon qui nagaires ont esté faiz en la ville de Paris et dont ils ont esté menestrelx pour la feste » [London BL, Add. Ch. 2139]
p.s. Je remercie André-Yves Bourgès pour ses commentaires, toujours avisés, et la référence aux travaux de Louis Le Guennec. Il y a peut-être lieu de mentionner également le toponyme Trémagon en Plougar (Finistère).