6 Déc 2007
Jean-Luc Deuffic

Le Livre d’Heures de Richard d’Espinay, chambellan du duc de Bretagne

Texte publié dans : Jean-Luc Deuffic, Notes de bibliologie. Livres d’heures et manuscrits du Moyen Age identifiés, dans Pecia. Le livre et l’écrit, 7, 2009 [Lien]. 

1 Déc 2007
Jean-Luc Deuffic

Auction ~ Ventes décembre 2007

Paris – Salle Rossini – ALDE. Samedi 8 Décembre 2007 Lot 73. Coutumes de Bretagne, rare édition de 1514
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Lot 112. Heures à l’usage de Paris. ca 1425. 159 f. 145 x 105 mm.
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Lyon – ANAF Arts Auction. Mercredi 12 Décembre 2007 : 49 actes originaux des XIV et XVe s. Très rare documentation. Nombreuses quittances.
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Parmi les premières pièces :
1. [CHARLES V, ROI DE FRANCE]. Pièce signée par Jehan de Vernon (+ 1376), secrétaire du roi (seing manuel et sceau en cire rouge). Sur vélin. Paris, 19 décembre 1370. Mandement de Charles V pour le remboursement de cent francs or à son secrétaire Jehan de Vernon, « laquelle je avois prestée au Roy notre dit seigneur et baillée de son commandement à messire Philippe de Sanoisy chevalier son chambellan pour les causes contenues en un sien mandement (…) ».
2. CHARLES VI, ROI DE FRANCE / GUERRE DE FLANDRE]. Pièce signée par Valogier, « Soubz mon scel en tesmoing », le 1er novembre 1385. Mandement du roi Charles VI pour la rétribution d’un chevalier, Nicolas Paynel (1), à hauteur de 150 francs, « que le roy messire m’a donné pour considération des bons et agréables services que je lui ay faiz et en ré compensât ion des grans fraiz missions et despens qui m’a convenu faire en la dernière chevauchée et armée qu’il a faite en pais de Flandre en laquelle je l’ay servy (…) ».
3.[CHARLES VII / MISSION EN NORMANDIE]. Pièce signée (seing manuel et sceau en cire rouge) par Colart de Bruneval (2), écuyer et émissaire au service du Dauphin, le futur Charles VII. In-4° oblong sur vélin. 11 janvier 1418. En avril 1417, Charles prend le titre de Dauphin. Avec l’aide des Armagnacs, il fait exiler sa mère à Tours, la reine Isabeau de Bavière. Quatre mois plus tard, en août, Henri V débarque en Normandie et conquiert la province. De son « siège devant Tours », le dauphin Charles envoie son émissaire Colart de Bruneval en Normandie pour l’informer de la situation. Celui-ci reçoit une rétribution de 80 livres tournois du receveur général de toutes les finances tant en langue d’oil qu’en langue d’oc par « ordonnance de monseigneur le Régent du royaume, Daulphin de Viennois (…) par ses lettres données le 30e jour de décembre l’an passé, m’avoit autorisées et ordonnées pour moy aider et supporter les fraiz missions et despens qu’il m’a convenu et conviendra faire, tant pour estre venu d’Arqués et aulcunes autres places du pais de Normandie estant en l’obéissance du Roy et de mondit seigneur le Régent, par devers mondit seigneur en son siège devant Tours, luy dire et rapporter aulcunes choses touchant Testât et garde des dictes places de par les chevaliers et escuiers estant en icelles, comme pour mon retour près d’eulx leur rapporter la response de mondit seigneur (…) ».
4. [Louis, DUC DE GUYENNE]. PS. par Bernon du Pont, écuyer (seing manuel). Parchemin oblong. 31 juillet 1415. Bernon du Pont confesse avoir reçu du trésorier et receveur général des finances du duc de Guyenne, la somme de50 livres tournois en déduction des 200 fl. qu’il lui devait « pour certaines causes et considérations (…) ». (Louis, duc de Guyenne (1397/1415), fils du roi Charles VI, dauphin de Viennois, frère de Charles VII}.
5. [CHARLES D’ESPAGNE / ANGOUMOIS]. Charte sur vélin avec fragment de cire rouge. 6 décembre 1353. Adenet de Mante, écuyer, confesse avoir reçu de Jacques Lempereur (3), trésorier des guerres du roi « pour les gaiges de moy seul desservis en ceste présente guerre d’Angoumois depuis le 3e jour de novembre 1353 jusqu’au 6e jour de décembre, soubz le gouvernement de monseigneur Charles d’Espaigne conte d’Angoulême, connestable de France, lieutenant dudit seigneur es pais de Xainctonge et d’Angoumois et pour mon retour », la somme de 14 livres et 5 sols tournois. (Charles de Castille d’Espagne (mort en 1354), comte d’Angoulême, connétable de France (1350)
6. JEHAN DE CONDE / GASCOGNE. PS. sur vélin par Jehan de Condé (seing manuel). Agen, 15 mars 1343. « Nostre sire le Roi (Philippe VI) est tenu à Guillaume Malescu, escuier, en la somme de neuf livres, dix neuf sols et six deniers tournois pour tout le dénombrement des gaiges de luy et des gens d’armes de sa compaignie desservis en ceste présente guerre de Gascogne souz le gouvernement de mons. de Beauvais, lieutenant du roy nostre dit seigneur es dictes parties de Gascoigne (…) »
7. [ENGUERRAND DE COUCY / CHAMPAGNE]. Charte en son nom, scellée par son sceau en cire rouge. Enguerrand de Coucy « comte de Soissons, lieutenant du roy mess, et capitaine général sur le fait de la guerre en la province de Reims » confesse avoir reçu la somme de 1000 francs d’or du receveur général « de l’aide qui nagaires a eu cours pour le dit fait en ladite province », somme qu’il lui était due « pour nostre estât du mois de février à cause de mil frans qui ordonnés nous ont esté par ledit seigneur prendre et avoir chascun mois tant que nous serons audit service (…) ». (En ce mois de mars 1387, le roi Charles VI vient lui rendre visite à Coucy, le nomme à cet occasion grand bouteiller et lui concède deux foires annuelles) (4)
Sources : Catalogue
Notes:
(1) En 1388, Nicolas Paynel, seigneur de Briqueville, obtint du roi Charles VI le droit de relever son château, et il en rebâtit les tours. Il était fils de Foulques Paynel, troisième du nom, et d’Agnes de Chanteloup. Il épousa vers 1393 Jacqueline de Varenne, veuve de Raoul Tesson, seigneur du Grippon. Leur fils Jean, seigneur de Briqueville, fut père de Guillaume dont le fils Jacques se maria en 1465, et fut père d’un autre Jacques dont le fils aîné, seigneur de Briqueville, marié à Jeanne du Mesnildot, mourut sans postérité. Nicolas Paynel, qui était seigneur de Briqueville en 1418, resta fidèle à la France. Henri V confisqua ses terres et son château, qu’il donna au comte de Huntingdon. Par un mariage dans la famille Paynel , la seigneurie de Briqueville passa aux de Piennes qui la vendirent, en 1473, à Elisabeth de Montboucher, veuve de Jean de Montgommery. Son fils Jean de Montgommery la possédait en 1491. Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie, 1825, p. 281-282. Il fut un des premiers compagnons de Du Guesclin.
(2) Peut-être Nicolas de Bruneval, échanson du roi, et en 1416 grand fauconnier de France, fut aussi écuyer-tranchant du duc d’Orléans : en 1406 il enlevait Marie de Kais, riche orpheline, qu’il épousa ; poursuivi pour rapt en 1407, il obtint sa grâce en 1412 et mourut en 1418. Oeuvres inédites d’Eustache Deschamps, II, Paris, 1848, p. 152.
(3) Jacques Lempereur, trésorier des guerres de 1351 à 1360, général des aides, issu d’une famille d’orfèvres et de changeurs parisiens. Lucie Fossier, Anne Terroine, Chartes et documents de l’abbaye de Saint-Magloire, III, Paris, 1976, p. 611 et n. 1. Institué, le 10 mai 1376, maître enquêteur des eaux & forêts. Créé maître des eaux & forêts de Champagne & de Brie le 12 juillet de la même année, il fut élevé, en 1381, à la charge de maître enquêteur des forêts & garennes du roi par tout le royaume, fonctions qu’il exerça encore en 1386 et 1387. Histoire généalogique & chronologique de la Maison roi de France, t. VIII, p. 876.
(4) « Roy ne suis, ne prince, ne duc, ne comte aussy : je suis le sire de Coucy » Sur Enguerrand VII de Coucy (1339 – 1397) [Lien]

Paris. Vente Béres du 18 décembre. Drouot Pierre Bergé
Lot 366. Heures à l’usage de Paris. Impression de Gering et Rembolt pour Simon Vostre. 8 septembre 1498. Exemplaire de Charles-Louis de Bourbon.
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1 Déc 2007
Jean-Luc Deuffic

La place de la musique dans la culture médiévale

Olivier Cullin (éd.), La place de la musique dans la culture médiévale. Actes du Colloque organisé à la Fondation Singer-Polignac le mercredi 25 octobre 2006 (Rencontres médiévales européennes), Turnhout, Brepols, 2007. 16 x 24 cm. 151 p. (musique notée). ISBN 978-2-503-52520-4.
Les Rencontres Médiévales Européennes avaient choisi pour thème de cette journée du 25 octobre 2006 la place de la musique dans la culture médiévale. Vaste programme pour ce « ciment … vecteur privilégié de la Parole de Dieu et des poètes … » Les communications présentées s’accordent bien entendu sur le rôle prépondérant de la musique dans la vie intellectuelle et sociale. S’appuyant sur un héritage théorique et mythologique gréco-romain, la musique médiévale s’est inscrite dans la culture occidentale comme un art entier, « chant de l’âme et du corps … de la terre et du ciel ».
Michel Lemoine (†) parlant de saint Augustin (354-430), montre comment le grand théologien a « apporté au profit de la musique religieuse le poids d’une expérience spirituelle ».
Les lois de la musique ont-elles été inventées avant les instruments ? Jean-Marie Fritz étudie la réception médiévale des mythes antiques. Le premier musicien a-t-il imité le chant des oiseaux, le bruit du vent ? C’est la thèse primitiviste. D’autres considèrent au contraire que la théorie a précédé la pratique. La Genèse (4, 21) raconte comment Jubal, l’ancêtre des joueurs de cithare, découvrit les lois de la musique bien avant les instruments.
L’importance de la musique dans la société médiévale, et plus particulièrement dans la littérature fait l’objet d’une étude de Jacques Verger consacrée à Vincent de Beauvais et aux encyclopédistes du XIIIe s. Le dominicain est l’auteur du Speculum majus (en trois volumes : historiale, naturale, doctrinale), achevé en 1258, entreprise colossale dont le succès se mesure au nombre d’exemplaires encore conservés dans les bibliothèques. La musique est surtout présente dans le Speculum doctrinale, dans le livre dédié aux mathématiques (Livre XVI), c’est-à-dire au quadrivium. Vincent de Beauvais s’applique à donner quelques principes théoriques sur la musique, exploitant des sources déjà connues comme le De institutione musica de Boèce (ca 480-524/525) ou des auteurs antiques (Platon, Ptolémée, Virgile). Jacques Verger achève son étude en analysant la musique et le son dans le De proprietatibus rerum de Bathélémy l’Anglais (+ après 1250). Il conclut par la portée limitée des encyclopédies médiévales comme témoins historiques de la musique et de sa pratique.
« La mémoire médiévale est liée à la formation d’un système d’images ». A partir de cette idée fondamentale exprimée par Frances Yates, dans The Art of Memory (1966), Olivier Cullin, professeur de musicologie médiévale et chercheur au Centre d’Etudes Supérieures de Civilisation Médiévale de Poitiers (CNRS-UMR 6223), éditeur de ces Rencontres, nous introduit dans « l’oeil de l’esprit », définissant les dimensions respectives de la musique, de la mémoire et de l’écriture au Moyen Age. S’appuyant sur son édition électronique (1) du graduel de Bellelay, Olivier Cullin nous fait observer par exemple la disposition et certaines distinctions qui permettent à l’oeil de saisir les informations essentielles : encre noire du texte, encre rouge des rubriques, grandes majuscules pour l’introït, etc. L’écriture est « une servante de la mémoire, le livre son extension … les lettres écrites évoquent les voix de ceux qui ne sont plus … » (Mary Carruthers dans son Machina memorialis, Paris, 2002, p. 167-168). Ainsi, paradoxalement la musique ne nait pas de l’écriture musicale.
Martine Clouzot s’intéresse depuis plusieurs années à la musique, aux musiciens et à leurs instruments, qu’ils soient populaires ou de cour. Elle nous présente ici une étude sur la musique au service du prince aux XIVe et XVe s. Gilles de Rome (1243-1316), dédiant au futur Phlippe le Bel son De Regimine principum, « enseigne comment les rois et les princes doivent estres joieus et esbatanz selon reson ». Martine Clouzot relève ainsi la place importante des ouvrages didactiques et encyclopédiques (traitant de la musique) dans les « librairies » princières. L’ars musica serait-il un art de « gouvernance » ? L’exemple du roi David, musicien par excellence, symbolise cette reconnaissance du prince chrétien, figure d’autorité, « modèle chantant du pouvoir » (Michel Zink). Christine de Pisan compare Charles V à ce dernier, comme lui « il aimait à écouter … des instruments à sons voilés que l’on jouait aussi bas que l’art de la musique peut le permettre… » (Le Livre des fais et bonnes meurs du roi Charles V le Sage, 1997, p. 69). L’auteur des Psaumes, David, dont la représentation occupe de façon récurrente l’initiale B du Beatus vir dans les manuscrits liturgiques médiévaux, traduit avec force cette rencontre de la musique et du spirituel.
Ces communications des Rencontres Médiévales Européennes (2006), conjugant richesse et diversité, nous proposent un regard croisé sur divers aspects de la musique médiévale. Elles expliquent notamment la place singulière qu’elle exerça durant plusieurs siècles comme élément fondamental de notre histoire culturelle occidentale.

Sommaire
Monique Cazeaux, Introduction, p. 9
(†) Michel Lemoine, Saint Augustin et la musique, p. 11
Jean-Marie Fritz, La réception médiévale des mythes antiques d’invention de la musique, p. 23
Dom Daniel Saulnier, Le Verbe et la musique, p. 39
Gunilla Iversen, Le son de la lyre des vertus. Sur la musique dans la poésie liturgique médiévale, p. 47
Jacques Verger, La musique et le son chez Vincent de Beauvais et les encyclopédistes du XIIIe s., p. 71
Olivier Cullin, L’oeil de l’esprit : la musique, la mémoire et l’écriture au Moyen Age, p. 87
Anne-Zoé Rillon, Convaincre et émouvoir. Les conduits monodiques de Philippe le Chancelier, un médium pour la prédication, p. 99
Martine Clouzot, Musique, savoirs et pouvoir à la cour du prince aux XIV et XVe siècles, p. 115
Michel Zink, Conclusions, p. 139

Note: (1) Graduel de Bellelay [En ligne]
Liens :
Olivier Cullin : bio-bibliographie [Lien]
Fondation Singer-Polignac [Lien]

Editions BREPOLS
Begijnhof 67
B-2300 Turnhout Belgique
Site web [Lien]

1 Déc 2007
Jean-Luc Deuffic

CFP : Early Music Editing. Principles, Techniques, and Future Directions

Early Music Editing: Principles, Techniques, and Future Directions
Utrecht University, The Netherlands
3-5 July 2008
Keynote speaker: Dr. Margaret Bent (All Souls College, Oxford)
Program committee: Marnix van Berchum, Theodor Dumitrescu, Eric Jas, Karl Kügle, Rudolf Rasch
In the study and performance of pre-Classical western music, few elements fluctuate so rapidly as fashions in the interpretative and presentational aspects of music transcriptions. Often unspoken and unscrutinized editorial decisions play a key role in shaping the modern reception and understanding of early repertories. With the advent of significant new technologies changing the face of publishing across the entire globe, the time is ripe for a critical reevaluation of the principles and assumptions which inform the creation and distribution of early music scores for modern readers.
Proposals on any aspect of edition-making and transcription regarding repertories up to c. 1750 are welcome, including but not limited to: music philology and the status of textual criticism; lessons from past and current edition projects; impact on performance and analysis; editing and music pedagogy; the role of information technology and digital media in music editing.
Paper length: 30 minutes
Proposals for round tables and special sessions/workshops are also welcome.
Proposal deadline: 1 February 2008
Abstracts: Please send abstracts of no more than 250 words, including title, author name, and affiliation/location, either via e-mail to EditingConference_at_cmme.org or via post to:
Dr. Theodor Dumitrescu
Universiteit Utrecht
Kromme Nieuwegracht 29
3512HD Utrecht
The Netherlands