Erec & Enide
Carleton W. Carroll (Oregon State University) nous signale la mise en ligne de sa transcription d’Erec et Enide, d’après le manuscrit Paris, BnF Fr. 794 (dit « la copie de Guiot »), consultable sur le site du Laboratoire de français ancien de la faculté des Arts de l’Université d’Ottawa :
[lien]
(c) BnF Français 1376, f. 95. Bourgogne entre 1275 et 1300 [lien]
Voir la notice de ce texte sur ARLIMA.
Un Livre d’heures de Pierre de Rohan ?
Ce manuscrit, passé en vente publique à Paris /Drouot le vendredi 19 mai 1989, lot 8, est un Livre d’heures sur vélin, 117 f., dans une reliure de peau brodée de fleurs et feuillages :
Au verso du mois de juillet (où l’on remarque la fête du saint breton Samson) se trouve cette inscription contemporaine :
\ » Votre passe temps // P. de Rohan\ ».
Un autre Livre de prières dont Pierre de Rohan fut peut-être le possessseur :
New York Pierpont Morgan Library 292
On en trouvera une description précise (avec bibliographie et images sur le catalogue Corsair de la PML.
Pierre de Rohan, fils puîné de Louis de Rohan, 1er du nom, seigneur de Guémené, et de Marie de Montauban. Seigneur de Gié-sur-Seine (cédé par le roi de Navarre au premier Guémené, vers 1400), du Verger, de Porhoët, etc., etc., né à Mortiercrolles vers 1451, il fut fait maréchal de France par Louis XI, le 11 octobre 1476, et se maintint en faveur et à la tête des armées de Charles VIII et de Louis XII, ainsi que de leurs conseils, jusqu’en 1504, époque où, poursuivi par la haine de la reine Anne de Bretagne et traîné de juridiction en juridiction, il fut privé de ses charges et de ses pensions. En effet, Louis XII étant tombé malade, Anne croyant sa mort prochaine, se disposa à retourner en Bretagne. Elle expédia ses bagages à Angers, dont le maréchal était gouverneur. Ce dernier les fit arrêter et en instruisit le roi, qui lui témoigna toute sa satisfaction de sa conduite. Mais la reine ne lui pardonna jamais, et pour se venger, elle fit instruire son procès par le Parlement de Toulouse. Vers 1475, il avait épousé Françoise de Penhouët, vicomtesse de Fronsac, qui lui apporta la terre seigneuriale de la Motte-Glain que devait conserver pour quelque temps les Rohan. Le maréchal de Gié perdit sa femme d’assez bonne heure (1497), et se remaria avec Marguerite d’Armagnac, fille aînée de Jacques, duc de Nemours ; il mourut lui-même à Paris, dans le palais des Tournelles, que le roi lui avait donné à vie, le 22 avril 1513. Son corps fut ensuite apporté au Verger, inhumé dans l’église de Sainte-Croix, proche de son château, au milieu du chœur, sous un magnifique mausolée où sa statue de marbre blanc le représentait au naturel avec son collier de l’ordre de saint Michel. Cette église du prieuré de Sainte-Croix-du-Verger, en Anjou, il l’avait fait bâtir peu de temps après avoir acquis, le 9 mars 1482, le vieux castel du Verger, sis en la paroisse de Seiches, résidence qui par ses soins et ses larges dépenses devint bientôt la plus imposante du pays. Il portait De gueules à neuf macles d’or posées trois, trois et trois. Sa vie a été particulièrement étudiée par M. De Maulde, Coll. des doc. inédits. Procédures du règne de Louis XII, Paris, 1886, in-4°. Dans la curieuse tapisserie dite de M. de Rohan, appartenant à la cathédrale d’Angers et qui date du commencement du XVIe siècle, l’artiste a représenté une grande dame, (très-probablement Marguerite d’Armagnac, seconde femme de Pierre de Rohan), accompagnant sur l’orgue un seigneur magnifiquement costumé, qui chante les yeux fixés sur un phylactère noté. Le costume du noble chanteur est d’une richesse inouïe. Sur son escarcelle, à demi cachée par son manteau, se lit la lettre P. Un page, coiffé d’une toque ornée de trois longues plumes de faisan, fait mouvoir le soufflet du petit orgue. Derrière la princesse, deux autres pages se divertissent, l’un à faire miauler un chat qu’il tient suspendu par la queue et l’autre à faire aboyer un chien.
Catalogue des livres imprimés et des manuscrits de M. le prince de Soubise, Paris, Le Clerc, 1788, in-8. br. (n° 593 ?) Lien
[ En ligne ]
Pierpont Morgan Library, Liturgical manuscripts (John Plummer), New York , 1984, p. 50, n° 67.
L’almanach en bois du château breton de Couëdic ~ A wooden breton calendar
En 1732, lors de la démolition d’un pignon du château breton du Couëdic (= en français, \ »petit bois\ » ; Crédin, département du Morbihan) on découvrit un morceau de bois mesurant 15 cm de long sur 8 de large & 1,5 d’épaisseur. « Il était chargé sur les deux faces, de points, de caractères & de figures si extraordinaires que ceux auxquels on le montra en conclurent qu’on ne pouvait trop tôt le jetter au feu. Le seigneur du lieu, mieux avisé, l’envoya à M. de Sainte-Palaye, qui y vit un Almanach dont M. Lancelot donna l’explication dans les Mémoires de l’Académie des Inscriptions (1736, tome IX, p. 283sq, et pl. XIII)
Cet Almanach a deux faces, qui ont chacune six divisions & répondent ainsi aux douze mois de l’année. Les six premiers remplissent la partie au-dessus de laquelle on voit deux têtes, l’une d’homme, l’autre de femme. Les six dernières sont au revers. Chaque ligne ou division a autant de points que le mois qu’elle renferme a de jours, & ces points sont quelquefois accompagnés de caractères ou de marques qui indiquent les principales fêtes de l’année, ou celles pour lesquelles celui qui l’a fait avait plus de vénération. Toutes les fêtes ainfi désignées sont des fêtes fixes ; il n’y en a aucune de mobiles ; il aurait fallu renouveller l’almanach tous les ans, & ce n’était pas l’intention de l’auteur, qui d’ailleurs n’a employé à cette désignation ni noms ni portraits, en quoi son calendrier diffère des diptyques anciens …
II n’y a de marques ou signes, qu’aux jours où l’auteur a voulu désigner des saints ; si il s’en faut beaucoup que chaque point ou jour, soit accompagné d’un figne ; par exemple, il n’y en a aucun depuis le premier de janvier, jour de la Circoncision, jusqu’au 6 du même mois, fête de l’Epiphanie. Dans le nombre des fêtes indiquées par ces fignes, l’auteur a encore trouvé moyen d’en caractériser quelques-unes, soit comme fêtes chommées, foit comme fêtes qu’il voulait distinguer des autres. Il a mis à ces jours-là, une petite pointe de fer ou de cuivre : dans tout le mois de janvier, il n’y en a que deux, le premier jour de l’An & celui des Rois : en février, la Chandeleur & saint Mathias : en mars, saint Joseph & l’Annonciation : en avril, le 5 saint Vincent Ferrier, le 16 saint Patern, & le 25 saint Marc : en mai, le premier, saint Jacques, le 19 saint Yves, & le 21 la Translation de saint Patern.
Toutes les figures ou les signes de ce calendrier sont de l’imagination de l’auteur ; il les a faits les plus simples qu’il a pu, pour ménager l’espace ; & malgré cette attention, il s’est trouvé assez souvent contraint. Quelquefois, il n’a donné que la moitié de ces signes ; d’autres fois il les a tournés de différentes façons ; une partie qui dans un endroit est à droite, a été mise à gauche dans un autre ; ce qui était en haut a été mis en bas, suivant que les signes voisins l’ont exigé : il a aussi été obligé de combiner ces signes, quand il s’est trouvé deux saints dans un même jour.
Ces figures ont ordinairement quelque fondement … ainsi une croix représente les Mystères de Jésus Christ. L’auteur l’a variée dans les accompagnements. On la trouve au premier janvier, jour de la Circoncision & au 6 du même mois, pour l’Epiphanie ; au 3 mai, pour l’Invention de la Sainte Croix ; au 6 août, pour la Transfiguration ; au 14 septembre, pour l’Exaltation de la Sainte Croix ; & au 15 décembre, pour le jour de Noël. L’auteur l’a aussi employée pour la Toussaints et le premier novembre ; il l’a mise encore aux fêtes de plusieurs Apôtres, pour lesquels il n’a pas jugé à propos d’imaginer des marques particulières ; ainsi elle est au 15 janvier pour la Conversion de st. Paul ; au 14 février, pour st. Mathias ; au 21 septembre, pour st. Mathieu ; au 28 Octobre, pour st. Simon : elle lui a aussi servi pour les fêtes de st. Henry empereur, au 14 de juillet ; & de st. Louis au 25 août ; deux saints monarques infiniment zélés pour la propagation de la religion chrétienne.
Toutes les fêtes de la Vierge sont désignées par une fleur de lys ; ainsi il y en a une à la Chandeleur ou Purification , le 2 de février ; à l’Annonciation, le 25 mars ; à la Visitation, le 2 juillet ; à Notre-Dame des Neiges, ou Dédicace de ste Marie-Majeure, le 5 août ; à l’ Assomption, le 15 du même mois; à la Nativité, le 8 septembre ; à la Présentation, le 21 novembre ; & à la Conception, le 8 de décembre. Elle a été aussi employée pour marquer la fête de ste Marie-Magdelaine, le 22 juillet, parce qu’elle s’appellait Marie; & celle de ste Anne, au 26 du même mois, parce qu’elle était mère de la ste Vierge. On en trouve aussi une au 17 décembre, fête de st. Lazare, sans doute comme frère de la Magdelaine, ou peut être pour indiquer une autre fête de la Vierge, appellée l’Expectation, que les uns mettent au 16 décembre, les autres au 18, & que l’auteur a voulu concilier, en la plaçant au 17.
Première partie de l’année : janvier à juin
Toutes les fêtes de st. Jean ont de même une marque uniforme. On sait que l’Evangéliste est ordinairement représenté avec un calice ; cela a suffi à l’auteur du calendrier pour marquer de ce signe tous les jours où l’on célèbre la fête d’un st. Jean ; tels sont le 27 janvier, pour st. Jean-Chrysostome ; le 17 mars, pour st. Jean-l’Hermite ; le 6 mai, pour st. Jean-Porte-Latine ; le 24 Juin, pour st. Jean-Baptiste ; le 29 août, pour la Décolation du même saint ; & le 17 décembre, pour st. Jean-l’Evangéliste.
On trouve de même une clef à toutes les fêtes de st. Pierre à Rome & à Antioche, le 29 juin, pour la fête de ce st. Apôtre ; & le 1e août, pour st. Pierre-ès-Liens.
Les deux fêtes de st. Eloy, 15 juin & 1er décembre, ont un marteau d’orfèvre : st. Laurent, 10 août, a un gril ; st. Barthélémy, 24 août, a un instrument tranchant d’un côté, & aflez semblable à ceux dont on se sert pour la préparation des peaux. Il y a apparence que l’auteur a voulu représenter des flèches au 20 janvier, fête de st. Sébastien.
Les Saintes Vierges & Martyres ont une espèce de hache, avec une couronne formée de trois traits ou pointes. On voit cette marque au 21 janvier, pour ste Agnès ; au 5 février, pour ste Agathe ; au 9 du même mois, pour ste Apolline ; au 16 du même mois, pour ste Julienne ; au 22 novembre, pour ste Cécile ; au 4 décembre, pour ste Barbe ; & au13 du même mois, pour ste Luce.
Les saints papes & évêques sont ordinairement désignés par une crosse ; on la voit au 12 mars, fête de st. Paul, premier évêque de Léon ; au 16 avril, fête de st. Patern, premier évêque de Vannes, au 30 du même mois pour st. Brieuc, dont la fête se célèbre ce jour-là en quelques diocèses de Bretagne, parce que le lendemain, qui est le jour de sa mort, est rempli par st. Jacques & st. Philippe ; au 21 mai, pour la Translation de st. Patern ; au 29 juillet, pour la fête de st. Guillaume, évêque de st. Brieuc ; au 1er septembre, pour st. Leu, au 10 octobre, pour st. Clair, évêque de Nantes ; au 12 décembre, pour st. René ; au 31 du même mois, pour st. Sylvestre.
Les saints prêtres & abbés ont aussi une crosse, mais le plus souvent différente de celle des évêques, en ce qu’elle est plus simple & moins recourbée. Telle est celle du 21 juin, pour st. Méen, abbé du diocèse de St.-Malo; celle du 26 du même mois, pour st. Babolin abbé ; du 22 septembre, pour st. Florent, révéré dans le diocèse de Rennes ; du 30 du même mois, pour st. Jérôme, & pour st. Lery abbé du diocèse de Vannes, etc.
Seconde partie de l’année : juillet à décembre
M. Lancelot rapporte à la même espèce de marque, quelques autres qui en approchent beaucoup ; telle est celle du 13 janvier, pour st. Hilaire de Poitiers ; elle est recourbée à contre-sens ; celle du 4 avril, qui indique apparemment st. Gonery, prêtre du diocèse de Vannes ; celle du 3 novembre, pour st. Guenau, abbé ; & celle du 4 du même mois pour st. Melaine, évêque de Rennes (sic), &c.
Il y a cependant quelques prélats à qui l’auteur a donné d’autres marques qu’une crosse ; les deux fêtes de st. Martin, l’une le 4 juillet l’autre le 11 novembre, sont désignées par une croix épiscopale. La même croix se trouve au 24 octobre pour la fête de st. Magloire, évêque ou archevêque de Dol. Celles de st. Nicolas, du 9 mai & du 6 décembre, ont une figure qui ressemble assez à un b ordinaire ; celle de st. Germain de Paris, à un B majuscule.
… Les saints moines & religieux, ceux des Ordres de ste François & de st. Dominique ont une figure qui ressemble à un quatre en chiffre arabe accompagné de deux traits se terminant chacun par trois pointes. L’auteur aurait-il voulu représenter un capuchon & des disciples ? Ces marques sont au 9 mars, jour de st. Françoise, que les Franciscains ont adoptée, quoiqu’elle ne fut pas de leur Ordre; au 5 aril fête e st Vincent Ferrier, Jacobin, pour lequel la Bretagne, & en particulier le diocèse de Vannes où il est mort, a une très-grande dévotion ; au 25 avril, pour st. Pierre martyr, aussi Jacobin ; au 10 mai, pour st. Bernardin de Sienne, Franciscain ; au 15 du même mois, pour la Translation de st. François ; au 6 septembre, pour la Translation de st. Vincent Ferrier ; & au 4 octobre, pour la fête de st. François.
II y a au 4 août, jour de st. Dominique, une marque approchant de celles que l’on vient d’observer ; c’est le défaut de place qui a empêché de la mettre toute entière.
St. Maur abbé, au 15 janvier, & st. Bernard, au 20 août , ont la même marque ; avec cette différence, que l’espèce de capuchon n’a qu’un trait, aussi terminé par trois pointes.
Pour les deux st. Antoine, l’abbé au 17 janvier, & celui de Padoue au 13 juin, ils ont une marque qui leur est particulière ; c’est une espéce de b garni de pointes en dedans.
Les deux fêtes des Apparitions de st. Michel au Mont Gargan le 29 septembre, & au Mont St.-Michel le 16 Octobre, ont une figure encore plus singuliere ; c’est un trait allongé, qui vers le sommet a deux autres traits pendants à droite & à gauche, terminés par deux petits cercles ou anneaux : c’était pour représenter des aîles, ou pour figurer une balance, en faisant allusion à la fonction que quelques peintres & sculpteurs ont atrribuée à ce st. Archange, de peser les âmes. On ne peut douter que l’auteur n’ait souvent fait usage de ces sortes d’idées : au 18 octobre, jour de st. Luc, il paraît qu’il a voulu mettre la figure d’un oiseau, pour répondre à la qualification d’oiseau de st. Luc, que le bas Peuple emploie encore aujourd’hui en parlant des gens pesants & grossiers.
Le 23 avril, la fête de st. George, fameux par la défaite du dragon, a pour signe représentatif le bout d’une lance. St. Samson de Dol, 28 août, à qui les légendaires attribuent la gloire d’avoir aussi défait quatre dragons, a la même figure. De ce que st. Vincent Ferrier, comme Jacobin, a la marque affectée à son Ordre, St. Vincent martyr, 22 janvier, portant le même nom , a aussi cette espéce de capuchon, accompagné d’un seul trait, comme st. Maur & st. Bernard. Le même signe qui sert à marquer le Jour des Morts, qui est une ligne à plusieurs pointes ou hachures, est aussi employé pour le jour des Innocents.
St. Gildas, surnommé le Sage, abbé de Rhuis, diocèse de Vannes, dont la fête est célébrée le 29 janvier, & la Tranflation le 11 mai, a pour caractère particulier une étoile en ces deux endroits.
II est inutile d’expliquer plusieurs autres figures de ce calendrier ; on voir, par exemple, au premier mars, fête de st. Aubin, évêque d’Angers, une espéce d’instrument propre à remuer la terre, ou peut-être un outil de charpentier ; ce même instrument est encore au 19 mars, jour de st. Joseph ; & au 21 décembre, jour de st. Thomas.
La figure qui se trouve au 25 avril, jour de st. Marc, ou de la Litanie Majeure, est très-composée ; il semble qu’on ait voulu y rassembler la plus grande partie de ce qui concerne la culture des champs. L’outil dont on vient de parler en fait partie, on y appercoit encore un soc de charrue, un sep de vigne, &c. Au 15 mai, autre figure approchante. Le 3 juin, jour de st Liphard, a une faulx. Au-dessus du 7 du même mois, fête de st. Meriadec, évêque de Vannes, est une marque qui ressemble à une fourche, & cette marque n’est appliquée à aucun jour. Au 13 Juillet, fête de st. Thuriau évêque de Dol, on voit une espéce de fléau à battre le blé. Au-dessus du 6 octobre, fête de st. Bruno, autre marque isolée n’appartenant à aucun jour, & ressemblant assez à un bonnet ; il semble que ce bonnet soit répété au 10 novembre, jour de st. Gobrien, suivant le bréviaire de Vannes.
Le peu de rapport de ces marques avec les fêtes auxquelles elles sont appliquées, fait juger que l’auteur les a mises pour désigner les saisons & les différents travaux des champs, ou pour marquer des fêtes particulières au lieu qu’il habitait. Celle de la Dédicace de son église, est vraissemblablement indiquée par la bannière qui se trouve au 11 juin.
II résulte de tout cet examen, que le morceau de bois dont il s’agit n’est qu’un calendrier, imaginé & exécuté avec plus de peine & de recherches que d’utilité. On ne peut méconnaître la province de son auteur. Quand même son ouvrage ne se serait pas trouvé dans les fondemens du Château de Coedic dans le diocèse de Vannes, il y aurait assez d’autres preuves qu’il soit Breton. L’attention qu’il a eue à n’oublier presque aucun des saints révérés particulièrement dans cette province, ne permet pas d’en douter. Tels sont st. Samson de Dol, st. Patern de Vannes, st. Gildas de Ruis, st. Paul de Léon, st Meen, st. Melaine, st. Guenau, st. Clair de Nantes, st. Brieuc, st. Vincent Ferrier, &c. Saint Yves un des plus célèbres parmi les Bretons, a sa fête principale marquée le 19 mai, par une bannière accompagnée d’une croix. St. Martin, métropolitain de la même province, en qualité d’évêque ou d’archevêque de Tours, & st. Magloire, en qualité d’évêque ou d’archevêque de Dol, ont une croix distinguée des autres par un double croison, &c.
Que ce calendrier a été fait pour le diocèse de Vannes, c’est ce que prouvent d’une manière sensible certaines fêtes particulières à ce diocèse, qui sont marquées avec la note caractéristique des fêtes chommées, c’est-à-dire, avec la petite pointe de fer ; ainsi st. Vincent Ferrier, le 5 avril, est pointé dans ce calendrier, de même st. Patern, qui vient le 16 du même mois, & sa Translation le 21 mai ; la Translation de st. Vincent Ferrier le 6 septembre ; st. Guenau, abbé de Landevenec, & un des patrons de la cathédrale de Vannes, le 3 novembre ; or toutes ces fêtes qui font marquées doubles dans le bréviaire de cet évêché, sont les seules fêtes particulières de la province, qui soient pointées dans ce calendrier : les autres qui ont cette marque y sont des fêtes chommées par toute l’Eglise. »
Château du Couëdic |Lien|
Sources: Antoine Court de Gébelin, Monde primitif, analysé et comparé avec le monde moderne, 1776. Mémoires de l’Académie des Inscriptions, IX, 1736, p. 283sq et pl. XIII. Revue de l’art chrétien, 1878, p. 365-375.
Lien : The clog almanac
Commission consultative des trésors nationaux : à propos d’un manuscrit enluminé de la Vie de sainte Catherine d’Alexandrie de David Aubert
Vu la demande de certificat d’exportation déposée le 1er juillet 2008, relative à un manuscrit enluminé de la Vie de sainte Catherine d’Alexandrie, traduction française composée par Jean Mielot, copie calligraphiée et signée par David Aubert, illustration par 14 miniatures attribuées à Simon Marmion, parchemin, 54 ff, deuxième moitié du xve siècle ;
La commission régulièrement convoquée et constituée, réunie le 11 septembre 2008 ;
Après en avoir délibéré,
Considérant que le bien pour lequel le certificat d’exportation est demandé constitue un remarquable manuscrit du xve siècle, relié au xixe siècle et contenant une Vie de sainte Catherine d’Alexandrie dans la traduction française composée par le chanoine Jean Mielot en 1457 pour le duc de Bourgogne, Philippe le Bon ; que sa provenance est prestigieuse dans la mesure où cet exemplaire était destiné à Marguerite d’York, troisième épouse de Charles le Téméraire, ainsi que l’attestent sa devise et les initiales figurant dans les bordures des pages, qui était réputée pour ses goûts de bibliophile ; que le texte de cette version est calligraphié dans une belle écriture « bâtarde » de type bourguignon et signé par le célèbre copiste lettré David Aubert, qui a réalisé de nombreux manuscrits précieux pour les ducs de Bourgogne ; que cet ouvrage est magnifiquement illustré de deux grandes et douze petites miniatures, caractéristiques, par leur touche veloutée et leur atmosphère de réalité poétique, du travail de Simon Marmion (1425-1489) et de la perfection atteinte par l’art de ce dernier autour de 1470 ; qu’il s’agit, en effet, de l’un des plus grands artistes de la deuxième moitié du xve siècle en Europe septentrionale, considéré en peinture comme l’égal de Jean Fouquet et qualifié par le rhétoriqueur Jean Lemaire de Belges de « prince de l’enluminure », dont aucune œuvre majeure n’est détenue dans les collections publiques françaises ; que cette pièce d’une extrême rareté, restée inédite, est probablement le dernier manuscrit complet d’une aussi grande importance encore sur le marché et devrait permettre d’approfondir la connaissance de Simon Marmion ainsi que du milieu artistique brillant de la cour de Bourgogne à l’époque de sa création ;
Qu’en conséquence cette œuvre présente un intérêt majeur pour le patrimoine national du point de vue de l’histoire et de l’art et doit être considérée comme un trésor national,
Emet un avis favorable au refus du certificat d’exportation demandé.
[lien]
Histoire de Charles Martel
(c) Bruxelles KBR 8
En tant qu’« escripvain » officiel de Philippe le Bon, duc de Bourgogne, David Aubert « gérait une espèce de \ »maison d’édition\ » qui, selon les nécessités, exécutait, coordonnait ou surveillait toutes les phases de la production du livre, allant de la rédaction du récit proprement dit jusqu’aux illustrations et à la reliure finale ». Dans l’état actuel des connaissances, il est donc difficile de dire quel part a eu David Aubert dans les oeuvres qui portent son nom. Dans certains cas, elles auraient été rédigées ou remaniées fortement par lui mais, dans d’autres, il n’aurait que supervisé que la réalisation du manuscrit.
Voir sur le site ARLIMA une liste des oeuvres de David Aubert, avec importante bibliographie [Lien]
A lire :
Danielle Quéruel, Les manuscrits de David Aubert \ »escripvain\ » bourguignon, Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne (Cultures et civilisations médiévales, 18), 1999, 101 p.
Quelques liens :
Mattia Cavagna, David Aubert, Guerin le Loherain, dans Cahiers de recherches médiévales, Comptes rendus (par année de publication des ouvrages), 2005, [En ligne], mis en ligne le 29 août 2008. URL
(c) Valenciennes BM 240, f. 419. Oeuvres de Jean Gerson. Décoration attribuée à Vrelant