25 Mar 2009
Jean-Luc Deuffic

Séminaire IRHT : Histoire des bibliothèques anciennes

La section de Codicologie, histoire des bibliothèques et héraldique de l’IRHT organise un séminaire-atelier consacré aux recherches en cours sur les bibliothèques du haut Moyen Âge à la fin du XVIIIe siècle, lieu de rencontre des partenaires du projet BIBLIFRAM (Les bibliothèques, matrices et représentations des identités de la France médiévale) financé par l’ANR.
Prochaine séance : vendredi 3 avril, accès libre à la bibliothèque de la Sorbonne

Sophie DELMAS (Université Lyon II), Les manuscrits non philosophiques de la bibliothèque de Godefroid de Fontaines
La bibliothèque de la Sorbonne, créée en 1257-1258 par Robert de Sorbon, a bénéficié dès ses débuts de nombreux dons. La plupart des donateurs et leurs legs ont été étudiés, qu’il s’agisse de Gérard d’Abbeville, de Pierre de Limoges ou d’Etienne d’Abbeville. Ce n’est en revanche pas le cas de Godefroid de Fontaines, maître séculier fameux, qui fit don d’une cinquantaine de manuscrits, à sa mort en 1306 (ou 1309) : seuls ses manuscrits philosophiques ont retenu l’attention. L’objet de cette intervention est donc de réparer cette lacune, tout en insistant sur les manuscrits au contenu plus pastoral, puisque Godefroid les a abondamment travaillés (abrégés, notes, index).

Claire ANGOTTI (EPHE, Paris), Eléments pour connaître la bibliothèque de la « parva Sorbona »
Il s’agit de faire le point sur la parva Sorbona ou collège de Calvi. Cette maison qui, selon les spécialistes, s’adresserait aux artiens désireux d’obtenir leurs grades à la faculté des arts, est fort mal connue. Les rares informations que l’on collecte sur ce collège sont partielles et font l’objet d’interprétations contradictoires. On ignore le fonctionnement de ce collège et les liens qu’entretenaient la « grande » et la « petite » Sorbonne demeurent mal connus. Sans prétendre résoudre toutes les difficultés posées par la rareté et le laconisme des sources portant sur la parva Sorbonna, cette intervention entend, après avoir établi un bilan aussi exhaustif que possible sur la date et les circonstances de la naissance de cette maison, en étudier la bibliothèque. Le registre de prêt du collège de Sorbonne (1402-1536) a en effet fait l’objet d’une édition magistrale en 2000 par Marie-Henriette Jullien de Pommerol qui reprenait les travaux inachevés de Jeanne Vielliard. Or un dépouillement systématique de ce registre permet de glaner un certain nombre d’informations sur la bibliothèque de la parva Sorbona. Ce sont ainsi les manuscrits, tout comme les modalités des prêts, qui permettent de saisir un peu mieux les contours flous de la petite Sorbonne.

Contact : anne-marie.turcan/@/irht.cnrs.fr

25 Mar 2009
Jean-Luc Deuffic

Henri du Trevou : un copiste breton au service du roi …

Aux côtés d’un autre Breton, Jean Lavenant, qualifié en son temps « escripvain du roy et de monseigneur », Henri du Trévou, se présente également, au vu de sa production, comme un copiste royal. Nous pensons qu’il est originaire de Trévou-Tréguinec, territoire démembré de la paroisse primitive de Plougrescant, qui relevait jadis – comme enclave – du diocèse de Dol. Le nom même du Trevou (1) est attesté dès 1330. Le manoir et le lieu noble du Trévou étaient possédés en 1540 par Morice du Trévou, Cette famille portait comme armes : D’argent au léopard de sable accompagné de six merlettes de même en orle, et avait pour devise bretonne « Pa garro Doué », qui en français signifie « Quand il plaira à Dieu ».
(1) Trevou, pluriel du vieux-breton treb « village », à l’origine « lieu habité et cultivé ». Bernard TANGUY, Dictionnaire Finistère, p. … Cf. Le Trévoux et Le Tréhou, autres n.l. du Finistère.

Sur l’activité d’Henri du Trévou, voir essentiellement ROUSE R. H. & ROUSE M. A., Manuscripts and their makers, Commercial Book Producers in Medieval Paris 1200-1500, Londres, 2000, I, p. 270-273 ; II, p. 51-52.
Ci-dessous une liste des manuscrits attribués à Henri du Trévou :

(1372) Besançon BM 434 Collection de manuels princiers pour Charles V : Livre des enseignements des princes, etc. 49 miniatures, par plusieurs artistes ayant travaillé sur l’exemplaire des Voyages de Jean de Mandeville (Paris BnF Nlle Acq. Fran. 4515-4516)Manuscrit acheté sans doute dans les Pays-Bas par le cardinal de Granvelle, et passé en 1664 dans le cabinet de l’abbé J.-B. Boisot.
V. A. CASTAN, Un manuscrit de la bibliothèque du roi de France Charles V retrouvé à Besançon, dans Mémoires de la Société d’émulation du Doubs, année 1882, p. 201.
Catherine SPARTA, Etude du manuscrit 434 de la bibliothèque municipale de Besançon, 1998, 2 vol. (119 p., 128 p.-[33] p. d’annexes), Mém. Maîtrise : Lettres : Paris 10 U.F.R. d’Histoire de l’Art. (ex. IRHT ICO. 4° X 1624)
Catherine SPARTA, Le manuscrit 434 de la bibliothèque municipale de Besançon : culture antique et latinité sous le règne de Charles 5, dans Histoire de l’Art, 1999, p. 13-23.


(c) IRHT/ BM Besançon. Ms 434, f. 46.


Ecriture d’Henri du Trévou. (c) IRHT / BM Besançon. Ms 434, f. 2
Source : Base Enluminures [Lien]

(1372) Paris BnF Fr. 24287 : Polycratus pour le roi Charles V. Les f. 83-270 sont de sa main.
(1372) Bruxelles KBR 2953 (ancien 9507) : Le Livre de Thomas de Cantimpré, le Bien universel des mouches à miel, écrit pour Charles V en 1372 : f. 125v.
Explicit : « Qui vit [et] regne auec le pere [et] le saint esp[er]it un dieu par touz les siecles des siecles amen. Or est ci fine n[ost]re livre benoit soit dieu ie en sui deliure et la escript henri du trevou »
(c. 1375) Paris BnF Fr. 2813 : Grandes Chroniques de France, copié pour Charles V. H. T exécute la première partie (f. 1-386), Raoulet d’Orléans, le reste. Copié d’après les Grandes Chroniques du ms Paris Sainte-Geneviève 782, qui contient plusieurs notes marginales pour le Fr. 2813, plusieurs adressées à « Henri »
(1379) Paris BnF Français 1950 : Le Livre de l’Information des princes, daté de 1379 :
Exemplaire de dédicace de Charles V, qui en avait commandé la traduction au carme Jehan Golein.
« Ci commence le livre de l’Information des princes translaté de latin en françois, du commandement du roy de France Charles le quint, par son clergonnet frère Jehan Golein, de l’ordre de Nostre Dame du Carme, maistre en théologie indigne. »
A la fin :
« Henri du Trevou a escript ce livre de l’Informacion des roys et des princes, et l’achiva a escrire le juesdi XXIIe jour de septembre, l’an mil CCC LXXIX, pour le roy de France, son très cher et redoubté seigneur ».
(ca 1370-1380) Paris BnF Nlle Acq. Fr. 15939. Sans doute auteur du quatrième volume de ce Miroir Historial
(avant 1380) Paris BnF Français 1728 : Le Gouvernement des rois et des princes. Signature de Henri au f. 270v., copie partielle du Besançon 434.
Explicit : « … O! vous mortelz quant vous faites toutes voz euvres devant les iex de celui juge qui tout voit lequel par sa benigne grace nous doint a l’encontre de toutes temptacions resister que nous puissons a querir le royaume du ciel. Amen. Ci fenist le livre de Boece de consolacion, et l’escript Henri du Trevou. »
(Décembre 1394 / février 1395 n.s.) Henri exerce ses fonctions de stationnaire entre le carme Jean Golein et le duc d’Orléans pour l’achat d’une copie du rational des divins offices
London British Library Landsdowne 1175 : Deuxième volume de la Bible traduite par Raoul de Presles :
Colophon : « Ci fine le psautier et cest la fin du premier volume de la bible, et la escript henri de trevou. » (f. 414v).
Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève, ms 777 : Traduction de Tite-Live par Pierre Bersuire
The Hague, Koninklijke Bibliotheek 78. KB, 78 D 41 Guillaume Durand de Mende, Le Rational des divins offices
Paris Sainte-Geneviève 782 (modèle pour le Paris BnF 2813) :
Au f. 202 : « Henri ne faites ci p[oint] de capitres, usque ad signum # […] car ces chapitres ne servent ci de riens »
f. 209 : « Henri, ne lessiez ci point ystoire »
f. 212 : « Henri, metez ci les chapitres i puis après chascun en son lieu ».
HEDEMAN Anne D., The Royal Image Illustrations of the Grandes Chroniques de France, 1274–1422, University of California Press, Berkeley, Los Angeles & Oxford, 1991.

« Henri du Trevou, libraire, en son nom et en faisant fort en ceste partie de maistre Jehan Goulain, maistre en theologie, confesse avoir eu et receu de Godefroy Le Fèvre, varlet de chambre et apoticaire de monseigneur le duc d’Orleans, cent livres tournois, qui leur sont deuz pour la vente d’un livre en françois appelé le Racionnel des divins offices. Ledit Henry promet acquitter le [dit] seigneur et le dit Geoffroy envers le dit maistre Jehan et tous autres… » 21 février 1394

DE LABORDE, Les Ducs de Bourgogne, III, p. 98, n° 5650 (lit Tienon à la place de Trevou)
LE ROUX DE LINCY, La Bibliothèque de Charles d’Orléans, p. 33, n° 8 (lit Trenon).
L. DELISLE, Recherches, p. 69, note 1. OESER Wolfgang, Raoulet d’Orléans und Henri du Trévou, zwei französische Berufsschreiber des 14. Jahrhunderts und ihre Schrift, in Archiv für Diplomatik, 42, 1996, p. 395-418.

25 Mar 2009
Jean-Luc Deuffic

Gazette du livre médiéval

Vient de paraître :

Gazette de livre médiéval
N° 52-53
Printemps & Automne 2008

Sommaire – Contents
D. DURKIN-MEISTERERNST
Aspects of the organization of Manichaean books in Central Asia.
M. CLARKE
Book satchels in early mediaeval British Isles.
J. P. GUMBERT
Old and New Style : Terminology, and ruling systems and methods.
Å. OMMUNDSEN
From books to bindings – and back : Medieval manuscript fragments in Norway.
O. MERISALO
Les voies de diffusion des textes médicaux au Moyen Âge : l’exemple du De spermate pseudo-galénien, XIIe-XVe siècle.
M. H. SMITH
Du manuscrit à la typographie numérique : présent et avenir des écritures anciennes.
Notes et discussions
D. Muzerelle, Un instrument de réglure inattendu : la règle.
G. Murano, Descrivere ed identificare (un testo medievale).
M. Steinmann, Eine Quellensammlung zum mittelalterlichen Schrift- und Buchwesen.
R. Gamper, Online-Katalogisierung mittelalterlicher Handschriften in der Schweiz.

Site web de la Gazette du livre médiéval [Lien]

14 Fév 2009
Jean-Luc Deuffic

Louis-Jacques Bataillon , O.P. (+ 13 février 2009)

Nous apprenons le décès, ce 13 février 2009, de Louis-Jacques Bataillon, O.P. de la Province de France, à l’âge de 94 ans. Tous les médiévistes savent la valeur de ses études généralement puisées aux sources premières. Ses connaissance des manuscrits du Moyen Age lui ont permis des découvertes originales. Membre de la Commission Léonine, il fut un spécialiste de saint Thomas, d’Hugues de Saint-Cher, etc … et de la prédication en général (La Prédication au XIIIe siècle en France et Italie : études et documents. Aldershot : Variorum, c1993).

\ »Au volant d’une Dyna Panhard, il a parcouru, en compagnie du fr. Bertrand (Georges-Jules Guyot), la Suisse et l’Autriche (1955), l’Allemagne (1955 et 1957), l’Italie (1956) et l’Espagne, ainsi que l’Angleterre (1959) – sans voiture – à la découverte de manuscrits qu’ils photographiaient et communiquaient ensuite à différents chercheurs, et pas seulement aux éditeurs de S. Thomas.\ »
Cf. La Production du livre universitaire au Moyen Age : exemplar et pecia : actes du symposium tenu au Collegio San Bonaventura de Grottaferrata en mai 1983 / textes réunis par Louis J. Bataillon, Bertrand G. Guyot, Richard H. Rouse. Paris : Éditions du C.N.R.S, 1988.

Sources : Dominican History blog

La messe des funérailles sera concélébrée à l’église du Couvent Saint-Jacques, 20 rue des Tanneries, Paris XIIIe, mardi 17 février à 14h30. Il sera inhumé au cimetière du Montparnasse.