Techniques d’enluminure au Moyen Âge, d’après le manuscrit du greffier Jean Le Bègue
… Autre Recepte pour faire encre
Prenes ung quarteron de noiz de galle de iiij deniers parisis et faites batre en pouldre, puis la metez en quatre et demie diaue et la faites boulir une heure et demie ou plus a beau feu de charbon et jusques atant que leaue soit revenue a la quarte ; et puis quant elle aura ainsi bouli, y mettez un quarteron de gomme de iiij deniers et plain gobelet de vin aigre ; et puis le faites boulir une autre heure et puis quant elle aura boulu, la descendez et y metez un quarteron coperose en pouldre de iij deniers parisis, et le laissiez refroidier puis metez en un cellier. Et se elle est trop clere blanche si y metez encore un pou de coperose et vous aurez bon encre.
Pour escrire ou paindre d’or
Mettez argent vif avecques or molu en pouldre en cuir de cerfs, et le espraignez si passera largent vif par le cuir et lor demourra ou cuir, puis mettez lor avecques largent vif sur le feu maiz gardez bien que le crosel narde. Et mettez avecques un pou de sel bien moulu et crible tant que le vif argent se parte par fumée, lequel vous pouez recevoir en une escuelle ointe de graisse pendue au hault au dessus puis lavez la pouldre dor en un bacin en yaue, comme vous feriez mine. Puis mettez la pouldre dor quant elle est sèche en glus laite de parchemin orculin [ou velin] lequel mis en vaissel sur eaue chaude est tantost résolu et quant tout sera résolu moelez bien et mettez en vostre plume ou pincel et escrisiez ou paindez dicellui or trempe.
Pour enluminer de mine, soit livre ou autre chose
Ne mettez pas mine par soi, car la lettre en seroit trop clere et mal parant, mais mettez mine avecques vermillon, et se le vermillon est bien rouge et novel si en mettez deux parties et le tiers de mine. Et sil est viel et obscur ou brun mettez de mine la moitié ou les deux pars, car plus est vermillon viel et plus est noir et obscur, et quant il sera mouluz ensamble a leaue clere et sec par monseaux se vous voulez eu ouvrer et quil soit luisant trempez le de vernix et de glaire dœufs rompue a lespurge, et y mettez pou deaue clere et de ce escrisiez en parchemin grosse lettre et menue et quant il est sech, sil nest bien luisant, et que le temps soit moite, séchez le au feu, si resplendira ; et se le tempe et sech et chaut elle serait mieulx sechee au soleil.
Pour escrire de laton et pareillement dor et dargent
Limez très subtilement laton de très pure couleur et puis le molez soutiliment sur le porphire qui est pierre très seure, puis le mettez et un net vaisel et le laissiez asseoir, puis ostez leaue et ayez vostre détrempe de gomme arabiche, et len destrempez puis en ouvrez de vostre pincel, et quant ce sera fait et sech, si le frotez et burnissez très bien, d’une pierre qui est nommée ametiste et ainsi povez vous escrire dor et dargent.
[ A suivre … ]
Source : Paris, Bibliothèque nationale de France, Lat. 6741, (1441)
Édition : M. Merrifield, Original Treatises on the Arts of Painting Dating from the XIIth to the XVIIIth Centuries, London, 1849.
Biblio : ARLIMA.
Orpiment se fait ainsi
Prenez oille et encre et jus despine noire et son escorce moienne bien broyée en un mortier et mettez tout ensemble, en un pot, et li laissiez une nuit reposer, puis le metez un poi boulir, puis le colez, puis le metez boulir un pou avec mirre et aloes et derechief le coulez. Puis metez avec un po de verjus ou de glace, et remetez tout ensemble sur les charbons sans flamme un petit bolir, puis le ostez et le gardez.
A faire couleur blauet comme d’azur
Prenez jus de bleues net et faite en bois ou en parchemin un camp de blanc de plomb, puis mettez le jus dessus le dit champ, trois ou quatre ou cinq lis ou plus si mestier est ; si avez couleur dazur.
Pour peindre murs
Mettez un po de chaux avec ocre pour avoir plus grant clarté, ou vous la mêliez avec rouge simple ou avec prasin ou avec une couleur qui est nommée posce qui est faite de ocre vert et de membrayne ou vous pouvez prandre dune couleur qui soit faite de synople et docre et de chaux et de pose etc. ; et doivent estre murs paint plus moiste que aultre chose pour ce que les couleurs se tiennent mieulx ensembles et soient plus fermes. Et doivent toutes couleurs pour murs estre melles avecques chaux vive.
Noir est fait de charbon broyé avec eaue ou vin et destrempez doile ou deil, mais le bon est fait darrement, etc. Se ce nest carbon qui est fait de paille de fer boulu et cuie avec oille. Ou vous prenez escorce daine et le broiez en eue avec molure de ferre en yaue, et mettez avec arcement et destrempez.
Charnure dymages se fait ainsi
Prenez vert terrin blanc et laque, et mellez ensemble et emplissiez la ou vous vouldrez, puis faictes ombre de vert et ocre en telle manière que ce soit comme vert et mellez avecques un po de laque, et signez vos lits, et puis ombre et puis rose de blanc et de synople, et roses la ou vous plaira, puis faites charnure docre et de blanc et dun po de cinople et mettez dedans les signemens espes et cil qui sera sur la rose sera très sutil, puis prenez de celle couleurs et mettez sur les surcils et dessoubs les piez et sur la bouche et au menton et a la goile et aux oreilles. Et en faut si comme se fust vains, puis désignez de pur lac les cilles et narines et les yeulx et tous les membres. Et metez de rechief dedens umbre legierement et de lac loignez un petit, puis le blanchissez de blanc pur, puis désignez les cilles et les yeulz et les autres membres.
Pour mettre or de feuilles battues
Molez gipse très bien avec yaue pure et nette, puis le séchiez, puis le molez avec cinope si comme rose, et avec cole de poisson qui soit fondue avec très bon vin blanc et le mettez au pincel la ou vous vouldrez et soit bien couvert et le séchiez puis le raez dun coustel plainement et mettez lor dessus et le fermez de ametiste, et le lissez. Et se il ne vient bien prenez de la cole dessus dicte et metez au dessein, et tantost la feuille de lor dessus.
Si vous voulez appareiller oile pour destremper toutes manières de couleurs
Prenes chaux vive avec autant de cerase comme est de loile, puiz metez au soleil et ne le movez jusques a ung moyt ou plus tar quant plus y sera, et mieulx vaudra, puis le colez et gardez très bien loile, et de celle oille gardée et ainsi préparée povez destremper toutes couleurs ensemble et chacun par soy.
Pour escrire dor et dargent
Pren feuille dor et la broyé sur le marbre avec sel, puis le fay estre longuement en eaue, et le levé et laisse rasseoir puis prenez leaue pour oster * le sel, si demourra lor au fons. Si le destrempe a gomme et en escri, si auras lettre noire et quant elle sera sèche, si la poli dun dent, si sera belle et gaune et luisant en bonne cou¬leur dor, et ainsi puez tu escrire de argent se tu veulz.
Pour faire lettre dargent tans argent
Broyez alun avec sel, puis le levé pour oster le sel puis le destrempe a gomme et escri et quant il est sec, si le poli du dent, si perdra sa novete et ara couleur d’argent.
Pour or mouler recipe
R. très fin or lime bien menu et le broyez en un mortier suzille tel que les appoticaires ont, cilz de cuivre les trois pars et la quarte partie de staing ou de plomb, tels sont leurs mortiers ; mais avant ce doit estre votre limeure d’or bien lavée en un bachin ou en une conche de limeterie a un pincel et en ce mortier dessus dit, molez tant or que bave qui y sera mise soit au départir clere. Et en telle manière pourrez molez cuivre argent loton estaing et tout autre metail, mais gardez que lor ne se haerde car il le faul-droit remouldre de rechief. Et quant ce sera fait, estez liaue et les ordures et laissiez lautre rasseoir, puis le metez sur les charbons avec eaue et le chauffez et mouvez.
Le livre manuscrit dans le Midi de la France
La production et la circulation des manuscrits juridiques enluminés dans le Midi de la France au XIVe siècle a fait l’objet d’un projet de recherche postdoctorale, par Maria-Alessandra Bilotta : [ Lien ]
A voir également :
§ M.-A. Bilotta, « Les transferts artistiques dans le contexte de la production et de la circulation des manuscrits juridiques enluminés entre le Midi de la France, l’Italie et la Catalogne (XIIIe et XIVe siècles) » : http://www.inha.fr/spip.php?article3411
§ M.-A. Bilotta, « Images dans les marges des manuscrits toulousains de la première moitié du XIVe siècle : un monde imaginé entre invention et réalité ». dans les Mélanges de l’École française de Rome. Section Moyen Âge, 121/2, 2009, p. 349-359 :
§ M.-A. Bilotta, « Un manuscrit de droit canonique toulousain reconstitué : le Décret de Gratien », dans Art de l’enluminure, 24, 2008 [ Lien ] :
De nombreux grands manuscrits ont été la proie de marchands qui les ont dépecés en feuillets séparés pour offrir aux amateurs la possibilité d’acquérir de belles miniatures isolées. Les recherches de divers historiens d’art ont permis d’identifier un ensemble de folios provenant tous d’un même remarquable manuscrit juridique du XIVe siècle, composé et décoré à Toulouse, qui comportait des illustrations originales de haute qualité.
§ M.-A. Bilotta, « Arnaldo di Villanova e Avignone: decorazione e localizzazione del codice 40.E.3 della Biblioteca dell’Accademia Nazionale dei Lincei e Corsiniana », dans La vie culturelle, intellectuelle et scientifique à la Cour des Papes d’Avignon, éd. par J. HAMESSE, Louvain–La–Neuve 2006 (Fédération Internationale des Instituts d’Études Médiévales, Textes et études du Moyen Âge, 28), p. 49–64.
Enfin, dans la revue ALUMINA, n° 27 [ Lien ] (manuscrits enluminés de la Bibliothèque de Toulouse) et 29 [ Lien ] (enlumineur du manuscrit toulousain du Décret de Gratien)
Dans ce contexte signalons l’ouvrage à venir aux éditions Méridiennes :
Le Livre dans la région toulousaine et ailleurs au Moyen Âge, édité par Sophie Cassagnes-Brouquet et Michelle Fournié, dont voici le sommaire :
Sophie Cassagnes-Brouquet,
Le livre dans la région toulousaine et ailleurs … au Moyen Âge, 7
Les métiers du livre à Toulouse
Sophie Cassagnes-Brouquet,
Le métier de parcheminier à Toulouse à la fin du Moyen Âge, 13
Véronique Lamazou-Duplan, Laetitia Soula, Artisans et métiers du livre à Toulouse aux XIVe et XVe siècles : échos des registres de notaires, 33
Éclairages sur quelques manuscrits toulousains
Hiromi Haruna-Czaplicki,
Note sur le ms. 1252 de la Bibliothèque municipale de Toulouse : un sacramentaire d’Albi réalisé au tournant du XIIIe et du XIVe siècle et son décor à filigranes à l’encre, 59
Maria Àlessandra Bilotta,
Nouvelles considérations sur un manuscrit toulousain du Décret de Gratien reconstitué, 73
Claudia Rabel,
Sous le manteau de la Vierge : le missel des Carmes de Toulouse (vers 1390- 1400), 85
Les auteurs et leurs lecteurs
Clémentine Stunault,
La Vierge dans la poésie des troubadours 109
Cyril Daydé,
Un unicum méconnu : la Repetitio de inquîsitione hereîicorum de Nicolas Bertrand, (Toulouse, 1512) 121
Emmanuelle Pujeau,
Enjeux autour du latin dans l’Italie du seizième siècle, 135
Bibliothèques, bibliophiles et collectionneurs
Emilie Nadal,
Une recherche en cours : les commanditaires ecclésiastiques de manuscrits enluminés dans le Midi de la France au XIVe siècle, 153
Patrice Foissac,
Les bibliothèques des collèges universitaires de Cahors et Toulouse (XIV-XVe siècles), 169
Emilie Goujaud,
Les bibliothèques perpignanaises à la fin du Moyen Âge : approche sociale du lecteur roussillonnais, 183
Matthieu Desachy,
Bibliophiles d’oncle à neveu : livres et bibliothèques de Jean et Hélion Jouffroy (vers 1460-1530), 201
France 1500, l’art pictural à l’aube de la Renaissance
La galerie Les Enluminures présente :
France 1500, l’art pictural à l’aube de la Renaissance
Au Louvre des antiquaires
Du 9 septembre au 28 novembre 2010
L’exposition proposée par la galerie Les Enluminures se situe dans le sillon de l’événement culturel majeur de la rentrée 2010, “ France 1500, Entre Moyen Age et Renaissance ”, organisé par la Réunion des musées nationaux (Paris), l’Art Institute de Chicago et le concours exceptionnel de la Bibliothèque nationale de France. L’exposition muséale se tiendra tout d’abord à Paris (Grand Palais, du 6 octobre 2010 au 10 Janvier 2011), puis à Chicago (à l’Art Institute du 26 février 2011 au 30 Mai 2011). L’exposition présentée par la galerie Les Enluminures rassemble approximativement 45 oeuvres d’art diverses parmi lesquelles des manuscrits, des livres d’heures, des miniatures, des coffrets ornementés de gravures ainsi que des vitraux. Les nombreux thèmes abordés tout au long de l’exposition – les humanistes français, le mécénat royal, la prédominance de Paris en tant que foyer artistique, l’influence de l’Italie et du Nord, les différents centres artistiques actifs, etc. – incitent à une redécouverte d’un art en plein épanouissement à l’aube de la Renaissance.
Cette exposition ne veut pas s’attaquer à l’épineuse question : il y a –t-il eu ou non une « Renaissance » française ? Elle ne soulève pas l’interrogation suivante « La période autour de 1500 signifie-t-elle la fin de la civilisation médiévale et l’aube d’un Age Moderne, d’une ère nouvelle » ? L’astucieux visiteur notera toutefois de nombreux témoins d’une modernité nouvelle : l’importance de l’impression, un abandon de certaines conventions artistiques, l’affirmation de l’individu, l’expansion de la communication au-delà des murs de la citée et des frontières, ainsi que la production de textes classiques et humanistes, etc. Les objets variés de l’exposition, leur richesse stylistique et esthétique, parlent pour eux-mêmes et encouragent le visiteur à les apprécier à leur juste valeur. Médiéval ou moderne – voir les deux – la Renaissance Française apparait comme un épisode extraordinaire de l’histoire européenne, un de ceux remarquablement complexes et glorieusement créatifs (dossier de presse /pdf/).
LES ENLUMINURES
Le Louvre des Antiquaires, 2 Place du Palais-Royal, 75001 Paris (France)
Tel: +33 1 42 60 15 58
info@lesenluminures.com
www.lesenluminures.com
(virtual exhibit www.lesenluminures-france1500.com)
Présentation de France 1500, Entre Moyen Age et Renaissance
sur sur le Site des RMN | Lien |
L’annonciation, 1490/1495, Jean Hey,
Collection Mr & Mde Martin A. Ryerson,
The Art Institute of Chicago
© photography The Art Institute of Chicago 2010
Programme culturel associé :
Mercredi 13 octobre 2010
« France 1500. Entre Moyen Âge et Renaissance »
Par Elisabeth Taburet-Delahaye, directeur du musée de Cluny-musée national du Moyen Âge, Geneviève Bresc-Bautier, directeur du département des Sculptures du musée du Louvre, Thierry Crépin-Leblond, directeur du musée national de la Renaissance, Château d’Écouen. Les commissaires détaillent ensemble les enjeux de cette exposition : réévaluer une période mal connue mais cruciale pour l’art français et en dévoiler les chefs-d’oeuvre au grand public ; souligner l’attraction exercée par la France sur de nombreux artistes de l’époque ; explorer les diverses modalités d’une création foisonnante, en interrogeant les notions de continuité et de rupture entre Moyen Âge et Renaissance.
Mercredi 24 novembre 2010
« Anne de Bretagne, une reine « parfaite » ? »
Par Didier Le Fur, historien, spécialiste du XVIe siècle
Anne de Bretagne est l’une des rares reines de France dont on conserve encore le nom en mémoire. Pourtant le souvenir de celle qui eut le privilège unique d’avoir épousé deux rois de France est bien loin de l’image que cette femme voulut donner de son vivant. C’est à la redécouverte de cette image, celle d’une reine idéale telle qu’on la concevait à la fin du XVe siècle et aujourd’hui totalement oubliée des historiens, que Didier Le Fur consacrera sa conférence. A l’issue de cette conférence, une séance de dédicace sera organisée à la librairie.
Mercredi 1er décembre
« Les couleurs à l’aube des temps modernes »
Par Michel Pastoureau, historien, archiviste paléographe et directeur d’études à l’Ecole Pratique des Hautes Etudes En Europe, le tournant des XVe et XVIe siècles constitue pour les couleurs une période de profondes mutations. Différents pigments et colorants jusque-là inconnus proviennent maintenant du Nouveau Monde. De nouvelles morales sociales et religieuses conduisent désormais à distinguer des couleurs vertueuses et d’autres qui le sont moins.
Surtout, la diffusion du livre imprimé et de l’image gravée contribue à la naissance d’un nouvel univers chromatique : le « noir et blanc ». En tous domaines, de nouveaux classements, de nouvelles pratiques, de nouvelles sensibilités modifient ainsi les rapports qu’hommes et femmes entretiennent avec les couleurs.
Kerhoent de Kergournadec’h : livre et objet d’art
La British Library conserve un magnifique exemplaire des Coutumes de Bretagne, dans une reliure exceptionnelle timbrée aux armes échiquetées d’or et de gueules. Nous avons présentement ici un ouvrage ayant appartenu très probablement à Olivier de Kerhoent, seigneur de Kergournadec’h († après 1594), qui épousa Marie de Ploeuc, dame de Coëtanfao († 1573) : « noble et puissant Olivier, sire de Kergournadech, Trohéon, Coatquelfen, en qualité de fils aisné héritier principal et noble » (B. Yeurc’h). Il abandonne les armes des Kerhoent pour celles des Kergournadec’h.
London, BL, Davis 511. Edition de 1584. (c) London, BL.
Les armes sont entourées du collier de l’ordre de Saint-Michel reçu en 1559 par Olivier de Kerhoent.
Anthony Hobson, French and Italian collectors and their bindings : illustrated from examples in the library of J. R. Abbey, Printed for presentation to the members of The Roxburghe Club, 1953, p. 54-55, n. 25, reproduit une reliure semblable, sans doute exécutée à Rennes vers 1581, pour Nicolas Le Prevost du Parc (1588-1630), conseiller-maître à la Chambre des Comptes de Paris, sur un exemplaire des Coustumes generales des Pays et Duché de Bretagne, Rennes, Julien du Clos, 1581. Deux autres reliures de cet atelier sont connues : J. Baer & Co., Frankfurter Bücherfreund, 12, taf. 49 ; l’autre à la vente Gramont, Paris, 18 décembre 1933, lot 22, sur des Coustumes generalles de Bretagne, Paris, Jacques Dupuis, 1584 (site de la British Library).
Sur les différentes éditions de la Coutume de Bretagne voir notre page.
Olivier de Kerhoent était le fils d’ Alain de Kerhoent, seigneur de Troheon (†/ 1576) et de Jeanne, dame héritière de Kergournadec’h. Il épousa le 7 octobre 1559 Marie de Ploeuc, ( morte en 1573) fille de Pierre de Ploeuc et de Jeanne du Quélennec, dame héritière de l’Estang.
Un arrêt de maintenue des Kerchoent cite une enquête menée en 1584 à la requête « d’Olivier de Querhoent, sieur de Kergournadec’h, Trohéon, Coatquelfen … » par laquelle « plusieurs anciens prestres, gentilshommes et habitants de la paroisse de Cléder déposèrent que ses ancêtres étaient bien d’ancienne chevalerie et portoient leurs écussons en carré et en bannières comme les anciens parements de la province et que messires les officiers de leurs juridictions étoient touz gentizhommes ». Olivier mourut en 1594 et fut inhumé en l’église de Cléder. Dans le chœur, on montrera longtemps le portrait d’Olivier, « peinture de son long, armé de toutes pièces, avec sa cotte d’armes de velours rouge cramoisy, son casque, son espée et esperons dorés, sa lance et sa cornette ». Ce seigneur Olivier a immortalisé sa mémoire dans les « bastiments superbes qu’il a entrepris, du faict du chasteau « de Kergournadech qui mérite d’estre mis au rang des « belles maisons de France. » (Extrait d’une ancienne genéal. de la Maison de Kerhoent. Bibl. Nation.) ( Source : Gaston de Carné, Les chevaliers bretons de Saint-Michel, Nantes, 1884, p. 193-194)
Le marquis de Rochambeau (Epigraphie et iconographie, II, p. 45) fait référence à une « Généalogie manuscrite de la maison de Kerhoent ou Querhoent, appartenant à Mme la comtesse de Gouyon de Beaufort, née de Querhoent, au château de Beaufort, par Plerguer (Ille-et-Vilaine) ».
Signature d’Olivier de Kerhoent sur un aveu du 9 mars 1569 rédigé après le décès de Jehanne de K/gournadec’h, sa mère, par deux notaires de la cour de Lesneven (Kersauson et Audren) :
Nantes, ADLA B 1677.
Voir sur le site des Généalogistes du Finistère quelques extraits de ce mynu par Anne-Françoise Grall-Pérès et des clichés de Françoise Simon.
Le château de kergournadec’h (Cléder, en Pays du Léon), au XVIIe s. :
Croquis tiré de La Colombière (1644) qui y avait séjourné …
Ruines du château de Kergournadec’h
Des armoiries écartelées Kergounadec’h / Botigneau se retrouvent sur la coupe couverte de Molac. Cette superbe coupe \ »constitue un témoignage unique de l’orfèvrerie civile d’apparat commandée par la noblesse bretonne à la Renaissance. Vraisemblablement réalisée par un orfèvre de basse Bretagne aux environs de 1600, (peut-être Pierre Lafleur de Morlaix), cette rarissime coupe couverte destinée à recevoir des dragées, évoque magnifiquement les pièces disparues qui ont pu être réalisées en haute Bretagne. L’objet frappe par la densité du décor qui le recouvre en totalité : scènes de chasse ciselées sur le couvercle, au gros et petit gibier, au gibier terrestre et au gibier d’eau, à pied et à cheval, ainsi que la représentation de monstres marins sur le pied. Le dindon figuré sur la coupe parmi d’autres oiseaux, témoigne de l’arrivée récente en Europe de ce volatile, venu du Nouveau monde au cours du XVIe siècle. A l’intérieur sont gravées sur le fond de la coupe, les armoiries de François de Kerhoent de Kergournadéc’ch et de son épouse Jeanne de Botigneau, mariés en 1583. Personnage de premier plan dans le Léon à la fin du XVIe siècle, François de Kerhoent, constructeur de l’extraordinaire château de Kergournadec’h à Cléder, actuellement dans le Finistère, reçut en 1599 du roi Henri IV le collier de saint Michel en récompense de sa loyauté. Suite au mariage en 1616 de l’héritière de Kergournadec’h avec Sébastien de Rosmadec, seigneur de Molac (en haute Bretagne), l’objet offert à l’église de cette paroisse, fut transformé en ciboire par l’ajout d’une croix au sommet du couvercle ». Jeanne de Botigneau était fille unique d’Alain Droniou.
Patrimoine de Bretagne : images et description
Coupe de Molac. Armes de François de Kerhouent et de Jeanne de Botigneau
Coupe de Molac. Scène de chasse
« On cite une enquête de 1434 dans laquelle les gentilshommes du pays déposaient avoir entendu dire et tenir par longue tradition que, depuis le VIe s. jusqu’au tems de l’enquête, tous les seigneurs de cette maison avaient été chevaliers, et qu’un ancien proverbe disait qu’avant qu’il y eût monsieur ou seigneur en aucune maison, il y avait un chevalier à Kergournadech. A-raok ma voa aotrou è nep leac’h // E voa eut marc’hek è Kergournadeac’h.
Les seigneurs de cette maison ont figuré dans nos annales. Le premier dont il y soit fait mention, après celui des légendes , est Olivier de Guergournadegh, qui vivait en 1288. Guyomar, son fils, se signala dans les guerres de Montfort et de Charles de Blois. Fait prisonnier dans une rencontre, il déclara qu’il aimait mieux mourir que de vendre un petit coin de sa terre pour payer sa rançon, tant il aimait son vieux château ! En quoi ses descendans l’ont imité ; car on les voit sans cesse mettre leur vieux château sous la protection spéciale des ducs, et non-seulement le vieux château avec les officiers, serviteurs, damoiseaux, mais les pigeons et les lapins du dit château.
La terre de Kergournadec’h passa, vers 1504, dans la famille de Kerhoënt, par le mariage d’Alain de Kerhoënt avec Jeanne de Kergournadec’h, héritière de sa maison. Leur petit-fils François épousa Jeanne de Botignau, dont il n’eut que deux filles, Renée et Claude de Kerhoënt, « et le bonhomme a dit depuis que s’il avait eu des garçons, comme il n’avait que des filles, il leur eût fait prendre le beau nom de Kergournadeac’h, comme déjà lui et feu son père Olivier en avaient pris les armes plaines èchiquetèes d’or et de gueules, et laissé celles de Kerhoent, qui sont lozangées d’argent et de sable. »
Renée de Kerhoënt, sa fille aînée, épousa , le 1er mai 1616, à l’âge de quinze ans, Sébastien, marquis de Rosmadec, baron de Molac… » (Lycée Armoricain, p. 368-369).
Devise de Kergournadec’h : En Dieu est.
Je remercie François du Fou pour son aide précieuse … Guy Ducellier pour la signature d’Olivier de Kerhoent
PAGES ANNEXES
Auteur du blog : Jean-Luc DEUFFIC
