2 Nov 2010
Jean-Luc Deuffic

Ordo : 8e symposium annuel de la Société Internationale des Médiévistes – Paris


Appel à communications

Dates : 30 juin – 2 juillet 2011
Lieu : Paris, France
Date limite d’envoi des propositions : 15 janvier 2011
La Société Internationale des Médiévistes – Paris (IMS-Paris) sollicite l’envoi de communications et de thèmes de sessions complètes pour son colloque 2011 portant sur le thème d’ordo dans la France médiévale.
Le terme latin d’ordo désigne au moyen âge toutes sortes de concepts visant à classer différentes réalités ou idées. L’ordre divin, mais aussi les différents ordines humains créaient ainsi une stabilité qui devait être réaffirmée de temps en temps afin de garder sa vigueur. Un ordre social, idéel, iconographique etc. était établi, préservé et parfois renversé, mais il fallait alors l’évoquer. Quels sont ces ordres, ces façons de penser et d’ordonner ? Un accent particulier sera mis sur la question de savoir comment ce savoir médiéval était ordonné et classé.

Nous accueillerons volontiers des interventions sur les sujets suivants ou autres :
• Ordonner, ranger, classer
• Organisation et réorganisation du savoir
• La visualisation d’un ordo et les strategies visuelles
• Ordo divin et ordines humains
• Ordo liturgique et ordre profane
• Ordo musical
Les contributions doivent porter sur la France, la Francie, ou la Gaule post-romaine, sans être exclusivement limitées à cette aire géographique. Nous encourageons les propositions de communications provenant de disciplines variées comme l’anthropologie, l’histoire, l’histoire urbaine, l’histoire des sciences et de la médecine, l’histoire de l’art, les « gender studies », les études littéraires, la linguistique, la musicologie, la philosophie, les sciences religieuses, la théologie…
Les résumés de 300 mots maximum pour une communication de 20 minutes devront être adressés par courriel à contact@ims-paris.org au plus tard le 15 janvier 2011. Merci d’inclure également vos coordonnées complètes, un CV, et une liste indicative de tout équipement audiovisuel nécessaire pour votre communication.
La date limite pour l’envoi des résumés est le 15 janvier 2011. L’IMS-Paris examinera les propositions et fera connaître sa réponse par courriel au 1er février 2011. Les titres des communications retenues seront disponibles sur le site internet de l’IMS. Les auteurs dont les communications auront été retenues prendront en charge leurs dépenses personnelles de voyage et leurs frais d’inscription au colloque (35 € par personne, tarif réduit pour les étudiants, gratuit pour les membres de l’IMS).
L’IMS-Paris est une association interdisciplinaire et bilingue (français-anglais) créée pour favoriser les échanges entre les médiévistes qui effectuent des recherches, travaillent ou étudient en France. Pour plus d’informations sur l’IMS et le calendrier des colloques des années passées, merci de consulter notre site internet: www.ims-paris.org

IMS-Paris Prix pour doctorants
Cette année la Société Internationale des Médiévistes (IMS-Paris) propose un prix qui sera décerné pour la meilleure proposition de communication par un(e) doctorant(e). Le dossier de candidature consistera en
1) la proposition de communication,
2) une esquisse du projet de recherche actuel (thèse de doctorat),
3) les noms et coordonnées de deux références universitaires.
Le lauréat sera choisi par le bureau de l’IMS-Paris et un comité de membres honoraires ; il en sera informé dès l’acceptation de sa proposition. Une prime de 150 euros pour défrayer une partie des coûts d’hébergement et de transport jusqu’à Paris depuis la France (350 euros depuis l’étranger) lui sera versée lors du Symposium.
contact@ims-paris.org pour plus d’informations

Illustration : Paris: Bibliotheque Nationale de France, Lat. 9392. Evangiles de l’abbaye de Saint Pierre de Senones

24 Oct 2010
Jean-Luc Deuffic

Diane Booton : Manuscripts, Market and the Transition to Print in Late Medieval Brittany

Mon amie Diane Booton m’informe de la sortie de son ouvrage Manuscripts, Market and the Transition to Print in Late Medieval Brittany, publié chez Ashgate (ISBN : 978-0-7546-6623-3), travail qui fera date … Nous sommes vraiment très heureux de cette publication qui concrétise plusieurs années de recherche sur un sujet que nous avons également abordé dans nos Notes de bibliologie. L’histoire du livre (manuscrit et imprimé) en Bretagne médiévale est en bonne voie … Merci Diane !

Pour plus d’informations, index et introduction, voir à cette adresse [ lien ]

23 Oct 2010
Jean-Luc Deuffic

Jean-Emmanuel de Rieux, marquis d’Assérac († 1657) : un lettré « bien versé dans les sciences » …

Ma rencontre avec le marquis s’est produite récemment lorsque travaillant à la recherche d’informations pertinentes sur plusieurs bibliophiles bretons du XVIIe siècle,  je me suis rendu compte de l’importance du fonds des livres du seigneur d’Assérac conservé par la prestigieuse Bibliothèque Sainte-Geneviève, à Paris. Du reste, son érudit conservateur du département de la Réserve, Yann Sordet, m’a aimablement invité à faire part de mes découvertes dans la revue Histoire et civilisation du livre, ce que je ferai avec grand plaisir…
Le Père Louis Jacob, dans son Traicté des plus belles bibliothèques publiques et particulières, qui ont esté, et qui sont à présent dans le monde (Paris, 1644, seconde partie, p. 642), citant pour la Bretagne celle de « Jean de Rieux, marquis d’Asserac », écrit de lui qu’il « est bien versé dans les sciences, qu’il cultive journellement par le moyen de bons livres, dont il a rempli son exquise bibliothèque, pour l’augmentation de laquelle il travaille avec un grand soin ».
Je ne sais si Jean-Emmanuel de Rieux fut véritablement un « bibliophile » tel qu’on peut le concevoir aujourd’hui. Le marquis avait certainement un impressionnante bibliothèque mais c’était essentiellement une bibliothèque d’étude, celle d’un lettré passionné par les sciences, notamment par l’astrologie et l’astronomie. Mais laissons s’exprimer Paul Jacob dans l’épitre dédicatoire de son ouvrage, La clavicule, ou la science de Raymond Lulle (Paris, Jean Rémy, 1647), qu’il adressa au marquis, son mécène :

A Monseigneur le Marquis d’Asserac
Monseigneur,
L’amour que vous avez naturellement pour la Science, & pour la Vertu, me donne la hardiesse de vous offrir cet Ouvrage, comme le Chef-d’euvre du plus Vertueux & du plus // Esclairé de tous les Hommes. C’est Raymond-Lulle, Monseigneur, que vous retirez miraculeusement du Tombeau, apres plus de quatre cents ans, & qui vient en France acquerir une seconde gloire, si vous luy permettez que son Nom vive avec le vostre. C’est de l’Illustre famille de Rieux, dont la memoire ne scauroit mourir, qu’il peut infailliblement acquerir l’immortalité qu’il a meritée. Aussi tous les Esprits qui tiennent des qualitez du vostre, l’ont tousjours estimé, & son Nom est en telle veneration parmy les Doctes, qu’ils le regardent comme un Prodige de la Nature, & un Miracle de leur Siècle. Il espere de vostre Bonté, que vous souffrirez son entretien ; & il vous estime trop genereux, pour ne s’asseurer pas de vostre protection, apres avoir surmonté // par sa Vie, & par ses Miracles, tout ce qui faisoit obstacle à sa Probité.
A qui pouvois-je mieux addresser la Vertu que j’ay choisie pour Idée, qu’à celuy qui est le Temple vivant de toutes les Vertus ensemble ? En effet, Monseigneur, y eut-il jamais Grandeur qui leur fût plus propice que la vostre ? Et toutes les fois qu’elles recourent à vous, n’y treuvent-elles pas un Azile favorable ? C’est estre digne Imitateur de tant de Heros, dont vous descendez ; Et vous relevez encore par l’esclat de vos belles Actions la gloire de tant d’Admiraux, de Mareschaux de France, & de Generaux d’Armée de vostre Illustre Famille. Ce n’est pas la seule Noblesse de vostre Maison, qui vous fais estimer ; Elle est accompagnée des plus hautes Perfections dont une Ame puisse estre embelie ; & de quelques // graces que vous soyez redevable au sang dont vous tirez vostre origine ; on remarque aysément que les avantages que vous possedez, sont plustôt des effets de vostre Esprit, que des presens de la Nature. Toutes vos richesses ne sont pas estrangeres ; vous possedez en vous mesme des Thresors bien plus grands ; & la gloire que vous tenez de vos Ayeux, ne diminüe point celle que vos Vertus vous ont acquise. Cette vivacité d’Esprit, ce Jugement si profond, & cette Memoire qui recele tant de belles lumieres pour l’Histoire, pour la Poësie, pour les Langues, & pour les Sciences les moins vulgaires, sont des qualités bien plus nobles, & dont vous estes seulement redevable à vostre Sagesse. Cette affabilité, & cette douceur qu’on decouvre sur vostre visage, vous gagnent en mesme temps les cœurs & les // affections de ceux qui ont le bonheur de vous approcher. Aussi n’estes vous pas seulement doüé des Vertus Intelectueles ; vous avez encore les Morales, & les Surnaturelles. Vous recevez en vostre Maison beaucoup de Vertus, que la pluspart des Grands rejettent de leur Cour ; & vous monstrez par là, que vous avez seul ce qu’ils n’ont pas tous ensemble. La passion que vous avez pour les Muses, ne diminüe point celle des Armes ; & c’est une merveille qui tient lieu de Prodige au siecle où nous sommes, de ce que vous maintenez la gloire des Lettres parmy les Triomphes de la Guerre. Vous cultivez avec soin les deux principaux Exercices, qui contribüent le plus à la gloire des grands Empires ; & vous avez si bien reconcilié les Armes avec les Lettres, que le Nom de Sçavant & de grand (ã iiij) // Capitaine s’accordent parfaitement bien en vostre Personne. Puisque c’est une verité reconnüe de tous les Honestes gens, il me sieroit mal de la vouloir publier ; outre que mes paroles n’adjousteroient rien à vostre Gloire, & le Tableau que j’en ébaucherois seroit tres-imparfait. Il n’y a que vous, Monseigneur, qui le pouvés achever, & dont la main, comme celle de Cesar, peut desfaire nos Ennemis, & décrire vos Victoires.
Que n’ay-je le Genie du Poëte Lyrique ! Je publierois que ce second Mecene, que Raymond-Lulle a choisi pour Protecteur, n’a pas moins de bonne volonté pour les Lettres, que le premier, dont il a si dignement celebré la gloire. Je ferois voir comme un autre Virgile, que l’Auguste Famille d’Asserac est la seule qui descend de ces grands Prin- //ces de Troye, également recommandables pour les Armes & pour les Lettres, ainsi qu’il le décrit luy-mesme quand il dit, Assaracique Domus, &c. Touché de ses hauts sentimens, & inspiré des beaux feux de sa Poësie, je loüerois cette ancienne Race d’Asserac, qui compte tant de Siecles & tant de Heros parmy ses Ancestres ; Et il me seroit bien aysé de prouver qu’il s’en escoulera une infinité d’autres, avant que de produire un second vous-mesme en Vertus, en Valeur, & en Doctrine. Mais je sçay, Monseigneur, que vous aimez beaucoup mieux vous rendre recommandable par vostre propre Vertu, que par les foibles ornemens de ma plume. Quoy qu’il en soit, cette Traduction, & ces Fleurs de Rhetorique, peuvent apporter du // proffit aux Esprits, qui n’ont pas l’Intelligence des Langues, & qui ne sont pas dans le mesme degré de Science où vous estes. Recevez donc, Monseigneur, ce Livre fameux, que Raymond-Lulle a l’honneur de vous offrir par mes mains : Ne luy refusez pas une place dans cette belle Bibliothèque dont vous estes l’Ame vivante ; & que j’appelle à bon droit l’ornement, ou plustot l’ornement de vostre Province. S’il peut meriter vostre Approbation, je me vanteray par tout, qu’il aura receu chez vous un bonheur qui doit faire la meilleure partie de son estime. Que si vous agréez que je tire de la splendeur de vostre Nom, le plus durable Ornement de mes Ouvrages, j’essayeray de m’eslever à de plus hautes sciences, qui ne seront ny moins // belles, ny moins utiles, afin de meriter avec plus de Justice la qualité glorieuse
Monseigneur,
De
Vostre tre-humble / tres-obeissant, & tres-/ fidele serviteur
P. Iacob.

Cette dédicace quelque peu pompeuse, qui n’échappe pas à la loi du genre, nous révèle toute l’attitude du marquis envers les Sciences en général, et l’étude de sa bibliothèque, déjà amorcée (une centaine d’ouvrages a été identifiée), ne déroge pas à cette première constatation. Au reste, les relations du marquis d’Assérac avec le philosophe italien Tomasso Campanella (1568-1639) qu’il rencontra en 1636 à Paris, puis plus tard avec le capucin Yves de Paris (v. 1590-1678), ou avec l’historien Eudes de Mézeray (1610-1683, qui entreprit pour lui une traduction du Policraticus de Jean de Salisbury) confirment le fait que notre Breton gardait pour elles une certaine passion.

Nous sommes certains d’autre-part que les collections du marquis d’Asserac contenaient des manuscrits, plusieurs de luxe. Nous citerons comme exemple le Diodore de Sicile, exécuté pour François Ier, conservé à la bibliothèque du Musée Condé de Chantilly (ms 721). dont le frontispice, peint par Jean Clouet, a fait l’objet d’une étude de Cécile Scaillierez (Revue du Louvre, 4/1996, p. 47-52).
Un manuscrit des oeuvres de Petrarque, aujourd’hui à Munich (Ital. 81) nous dévoile son intérêt pour l’humaniste et poète italien dont il possédait aussi une édition de 1554 achetée à Rome le 19 août 1629.

La signature reconnaissable du marquis d’Assérac  J: Em de Rieux

Frontispice des « troys premiers livres de Diodore Sicilien, historiographe grec, Des antiquitez d’Egipte, et autres païs d’Asie et d’Afrique. Translatez de latin en françoys par Maistre Anthoine Macault, notaire, secrétaire et valet de chambre ordinaire du roy ». Chantilly, Musée Condé, ms 721.
(c) RMN / René-Gabriel Ojéda

(c) Munchen, Bayerische Staatsbibliothek 620 (Ital. 81), f. 105. Francisco Petrarcha, Frammenti (sonneti, Canzoni), Triumphi, Psalmi.

La vie du marquis d’Assérac, mort en duel en 1657, reste encore a écrire … Nous nous attelons à cette tâche. Personnage énigmatique, sa seconde femme (et cousine), Jeanne-Pélagie de Rieux, n’échappe pas à cette image trouble que nous laissent sur le couple certains témoignages. Cette femme d’une superbe beauté, qui avait pour anagramme « J’égale une Diane en prix » fut à son époque des plus controversée. On peut encore admirer dans le sublime recueil de devises de la Bibliothèque de l’Arsenal (Res. 5217, f. 35, ci-dessous) ses armes et sa devise italienne : Perche preda non vuole.

Voir sur l’excellente base des reliures estampées à froid de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, deux ouvrages ayant appartenu aux collections du marquis d\ »Assérac :
§ ANDRELINI (Publio Fausto), De Neapolitana Fornoviensique victoria, Paris, Guy Marchant pour Jean Petit, 31 VIII 1496 (4° Y 373(1) INV 444 RES)
§ PLACUS (Andreas), Lexicon biblicum, Cologne, Melchior Von Neuss, 1536 (FOL B 588 INV 712 RES)

15 Oct 2010
Jean-Luc Deuffic

Jacques Mas, de Lille, et son manuscrit de Christine de Pisan [ Lille, BM, 391]

Un colophon quelque peu original, sur un manuscrit de l’Epitre d’Othea de Christine de Pisan (ca 1460) :

Le présent livre appertient à Jacques Mas demourant à Lille, cestuy quy le trouvera, il aura le vin quant saille deviendra persyn, une pumme et une poire et ung gigot pour aller boire.

Puis diverses notes de possesseurs : au f. 107 : « Che livre cy appertient à Philippe de le Sauch, demourant en la ville de Lannoy. » — « Histe liber pertinetat Carholyn Fratrisart », puis : « Che livre appertien à Flipes Cuvillon, demourant à Saincte-Quatereine à Lille, comme le ayant achater à le vendue Charles Fratrissart à Lille, 1553 », et : « Che livre appertient à Walleran Picavet, demourant en la rue de Courtray [à Lille]… — « Che livre appertient à Giles Vanderbuck? » (le tout en partie effacé).

Les Coutumes du baillage d’Amiens (1507) font mention d’un certain Jacques Mas « Procureur au Siege dudit Bailliage, comme Procureur des Doyen & Chapitre de Vinacourt, des Seigneurs de Beures, de Beuvry , de Souastre et de la Vallée ».

Source : Lille, Bibliothèque municipale, ms 391, f. 100v, en ligne sur la base Enluminures [ Lien ] – © Institut de recherche et d’histoire des textes – CNRS
Catalogue général, XXVI, 1897, p. 267-268.