Parchemin de réemploi
Un registre de la fin XVIIIe siècle des Archives départementales du Maine-et-Loire a reçu comme couverture un feuillet parchemin d’un antiphonaire enluminé où l’on reconnait le passage Infantia quidem computabatur in annis, sed erat senectus mentis immensa (S. Agnetis : In primo nocturno, Versus ad Responsorium 1)
Le parchemin a été volontairement maculé de taches d’encre
Voir le feuillet correspondant de l’Antiphonaire de Poissy (Melbourne, State Library of Victoria, Ms 096.1 R66A, XIVe s.) [ en ligne ]
LIEN : Les différentes types de reliure : la reliure en parchemin de réemploi
Les livres manuscrits de la reine Blanche de Navarre (+ 1398)
La remarquable contribution de Brigitte Buettner, « Le système des objets dans le testament de Blanche de Navarre », Clio, numéro 19-2004, Femmes et images [En ligne], me donne l’occasion de publier ci-dessous la liste des livres manuscrits décrits dans les dispositions testamentaires de Blanche de Navarre.
Blanche de Navarre (ou Blanche d’Evreux), seconde épouse du roi Philippe de Valois le 29 janvier 1349. Veuve en 1350, décède le 5 octobre 1398 ; inhumée à la basilique de Saint-Denis.
Les chiffres entre parenthèses renvoient à l’édition du testament par Léopold Delisle.
Testament du 18 mars 1395 (n. s.)
– à l’ostel Dieu de Vernon … un livre de la vie monseigneur saint Loys de France qui est en françoys, pour lire aux dames quant elles veilleront à l’ostel, pour avoir memoire de saint loys de qui ilz sont fondez.
Codicille du 20 mars 1396 (n. s.)
(195) – à Isabeau de Bavière un de noz livres qui se commance : Audi fili Israël, et y a pluseurs bons enseignemens, et fu à ma ditte dame la royne Jehanne de Bourgongne, et lui prions que elle le vueille garder sa vie durant pour amour de nous ;
(196) – à Charles III, roi de Navarre, le breviaire qui fu monseigneur le roy saint Loys de France, lequel l’ange lui apporta en la chartre quant il fu pris des ennemis de la foy, et fu monseigneur le roy Phelippe, son filz ainsné, qui mourust en Arragon, mary de madame la royne Marie, nostre besaiole, et le lui donna en sa vie. Et depuis est venu de hoir en hoir de la ligniée monseigneur saint Loys. Et le nous donna nostre frère le roy de Navarre, son père. Et pour reverence et la sainteté de monseigneur saint Loys, et que par grace il est venu de la ligne de nous, et depuis que nous eusmes le dit breviaire promeismes à nostre frère que il retourneroit en nostre ligne, nous voulons et ordonnons que à nostre dit neveu il demeure, et desormais ensuivament à ses successeurs, senz estre aucunement estrange, et les requerons que ilz le facent tousjours garder comme precieux et noble jouel venu de noz ancesseurs, et qu’il ne parte point de la lignie. ;
(197) – au même, nostre livre des Croniques de France ;
(198) – au duc de Berry nos plus belles heures que nostre très chiere dame et mère, que Dieux pardoint, nous lessa à son trespassement ;
(200) – au duc de Bourgogne le psaltier ou monseigneur saint Loys aprint ; et fu à madame la grant duchesse Agnès, duchesse de Bourgongne, sa fille ; et depuis la duchesse Agnès vint à nostre dicte dame la royne Jehanne de Bourgongne, sa fille ; et en après à nostre dit seigneur et espoux, qui le nous donna, et nous tesmongna, et aussi firent les femmes de la dicte madame la royne qu’il (sic) nous bailla que c’estoit icellui vraiement. Si desirons qu’il soit à la ligne. Et pour ce prions à nostre dit filz que il vueille garder et faire tenir à ses successeurs et en sa ligne, pour l’amour de ceulx dont il est venu;
(202) – au duc d’Orléans nostre bon livre de la Somme le roy, qui fu au roy Philippe le Bel et est bien enluminé ;
(204) – à la reine de Sicile nostre breviare le milleur, qui fut à la dicte madame la royne Jehanne de Bourgongne ;
(207) – au duc de Bourbon nostre livre du gouvernement des princes selon théologie et y a dedans le Livre des eschaz et d’autres choses ;
(209) – à la duchesse de Berry un livre où est le psaltier et oroisons, qui se commance Beatus vir, et la premiere oroison de saint Elysael, lequel est couvert d’un changant, et fu madame Blanche de Longchamp ;
(211) – à la duchesse de Bourgongne … le livre de Josafas et Balaham et de pluseurs autres choses, et est armoié de France et de Bourgongne et fut à madame la royne Jeanne de Bourgongne ;
(213) – à la duchesse d’Orléans un livre d’oroisons et devocions qui fu à noz très chieres dames la royne Marie et la ditte madame la royne Jehanne d’Evreux ; et le nous donna la duchesse d’Orliens, sa fille, derreniere trespassée ; et se commance apres le kalendrier Gloria in excelsis Deo ;
(214) – à la duchesse de Bar le livre du lignage de Nostre Dame et de ses suers ; et est au commencement dudit livre la louenge de Saint Jehan l’Euvangeliste ;
(218) – à la duchesse de Bretagne nostre breviaire qui fu nostre sueur madame Jeanne de Navarre, de Longchamps, lequel nous avons fait estoffer ;
(222) – à la comtesse de Foix nostre livre de l’Enseignement du mirouer des dames lequel est couvert de veluau, et a les fermoirs d’argent => voir note
(223) – et un psaltier qui fu nostre très chiere dame et mère, que Dieux absoille ; et y a sept paires de heures de pluseurs oroisons. ;
(225) – à Pierre de Navarre nostre livre des Croniques d’oultre mer ;
(229) – à Jeanne de Navarre, vicomtesse de Rohan, nostre livre du pelerinage du monde, où il y a pluseurs oroisons, et est cellui qui parle de la mort.
(230) – Et noz heures de Nostre Dame, où nous disons touz les jours nos heures, qui furent madame nostre mère, que Dieux absoille, qui sont les meilleurs que nous aions, apres celles que nous lessons à nostre dit filz de Berry ;
(233) – à Marie de Navarre un breviare à l’usage de Romme, qui fut achaté à Paris, et est la couverture brodée sur satarin (sic) yude à or et à perles et est d’un côté l’adnunciation et d’autre le crusifix ;
(236) – à la même, un rommant qui au commancement parle du pelerinage de Jhesu Crist, et pluseurs autres bons enseignemens ;
(238) – au comte d’Étampes nostre livre où sont les euvangiles des quatre euvangelistes et plusieurs sermons en françoys qui fut à la mère de monseigneur saint Loys de France ;
(242) – à Charles de Rohan, fils de Jeanne de Navarre, le livre du déduit des chiens et oyseaux que fist messire Gasse de La Buyne, jadiz chapellain des troys roys ; => voir note
– à la dame de Fontenay nostre messel escript en françois ;
– à la dame de Gisors, un psaltier qui a les fermoirs l’un de France et l’autre de Champaigne ;
– à la dame de La Mote nostre roman de Sydrac ;
– à frère Pierre Bassin, son confesseur, le livre où est la vie des Pères, le dialogue Saint-Gringoire et son pastoral ; => voir note
(274) – à Jeanne La Besaine, sa première demoiselle, un livre où il y a pluseurs romans ;
(277) – à Jeanne de Rouvières, sa demoiselle, le livre qui aprent à bien vivre et bien morir ;
(278) – et pluseurs miracles de Nostre Dame ;
(279) – Et l’un de noz deux livres de cirurgie ;
(280) – Avecques le bréviare qui fut Jehanne de France, nostre fille, où elle aprint, que elle a en sa garde ;
(288) – à sa filleule Blanche, fille de Jean Le Porchier, dame de Troussy, un gros livre des miracles Nostre Dame abregiées en prose, couvert de cuir rouge ; et y a pluseurs bonnes choses, c’est assavoir de sainte Baudeur, de sainte Élysabel, de saint Gile et la voie d’enfer et de paradis ;
(291) – à Jehanne du Mesnil, sa demoiselle, le livre de la Somme le Roy où sont les remèdes contre les pechiez ;
(293) – à Marguerite de Vimont, sa demoiselle, le livre nommé le Tresor de l’ame et parle des sept pechiez mortelx et d’aucuns examples et remèdes contre iceulx, et de plusuers autres choses ; et est couvert de cuir vert ; => voir note
(297) – à Margot, femme de Robert Legrant, sa demoiselle, le livre du Salterion de X cordes, de Anticlaudien, les vies de pluseurs sains et moult d’autres bonnes choses ;
(299) – à Agnote, sa demoiselle, un livre qui enseigne la vie devote et si contient le testament de maistre Jehan de Meun et plusieurs sermons ;
(307) (425) – à Jeannette Sante, le livre de Si nous dit ;
(314) – à frère Robert Cresserel le livre du gouvernement des princes selon philosofie, et le fist frère Gille l’augustin ; => voir note
Codicille du 10 septembre 1398
(405) – pour et en lieu du livre d’oroisons et devocions que nous lessions en nostre dit premier codicille à nostre tres chiere fille la duchesse d’Orleans, lequel fu a noz tres chieres dames la royne Marie et la royne Jehanne, nous voulons et ordennons que notre ditte fille ait nostre breviaire à l’usage de Romme, qui est en deux volumes, qui fu ma ditte dame la royne Jehanne.
(427) – à Symmonete, femme de chambre, un de noz livres de cirurgie ;
NOTES
[200]. Leyde, BU 76A. f. 30v : Cist psaultiers fuit mon seigneur saint looys qui fu Roys de france ou quel il aprist en senfance … f. 185r : Cist psaultiers fu mon seignor // saint looys qui fu roys de france // du quel il aprist en sanfance.
Voir Inventaire de 1420. Henri Omont, Miniatures du Psautier de St. Louis, manuscrit Lat. 76a de la Bibliothèque de L’université de Leyde, Édition Phototypique. Leyde: A.W. Sijthoff, 1902. [ En ligne ]
Leyde BU 76A, f. 17r.
Quelques folios numérisés sur le site de la BU de Lyde [ En ligne ]
[222] Jeanne d’Aragon (1375-1407), fille de Jean Ier d’Aragon, roi d’Aragon, et de Marthe d’Armagnac, comtesse de Foix par son mariage avec Mathieu de Foix-Castelbon.
[242] Charles de Rohan, fils de Jean de Rohan et Jeanne d’Evreux, marié le 10 mars 1405 avec Catherine du Guesclin, dame héritière de la Morelière, de Chastelain, de Lignières et du Verger (+1461). » … a fait la tige des seigneurs de Guemené » (Dom Morice, 1742-6); en 1462, obtient le droit de porter sur un carreau le cercle royal du duc (Trévédy, 1898)
Pierre Basin, « serviteur et orateur … confesseur de madame la royne Blanche … (ADN, B 454, 9156) fut un de ses exécuteurs testamentaires. Le recueil manuscrit cité doit correspondre au London, BL, Add. 20697, ayant appartenu à l’abbaye normande de Saint-Evroult. « Iste liber pertinet fratri Petro Basin, quem fecit scribi Neauphe dum erat ibi residens cum domina regina Blancha, cujus deus habeat animam (f. 32). Voir P. Me yer, « Notice sur le ms. du Musée britannique Add. 206 », dans Bulletin de la Société des anciens textes français, 1892, n° 2, p. 94-95.
[293] femme de Jean de Galard, seigneur de l’Isle-Bouzon ?
[314] « compaignon de nostre confesseur »
Sur un missel que Blanche de Navarre fit faire : Georges Doutrepont, La littérature française à la cour des ducs de Bourgogne [ En ligne ]
Epitaphe de Blanche de Navarre à Saint-Denis :
Source : Archives départementales des Pyrénées atlantiques E 525.
Bibliographie
Kervyn de Lettenhove, Le Psautier de saint Louis, de la bibliothèque de l’Université de Leyde, ln-8° de 11 p.
Léopold Delisle, « Testament de Blanche de Navarre, Reine de France », Mémoires de l’Histoire de Paris et de l’Île-de-France, XII, 1885, p. 1-64.
Marguerite Keane, « Most beautiful and next best: value in the collection of a medieval queen », dans Journal of Medieval History, Volume 34/4, 2008, p. 360-373.
A paraître : Marie-Thérèse Gousset (Paris – BnF) : Un aspect de la production courante des enlumineurs parisiens sous le règne de Philippe VI de Valois et de Blanche de Navarre : l’exemple du Maître de la Dame à la licorne.
Les livres manuscrits de Laurent Surreau, chanoine de Rouen († 6 novembre 1479)
Laurent Surreau testa le 14 août 1476. Chanoine de Rouen, originaire de Sens, comme il le précise lui-même :
Pour ce que mes progéniteurs, que Dieu absolve, mes uncles et antes, ont esté atrais et natifs en la bien renommée cité de Sens et y ont eu grans biens et honneurs et o aussi mon frère à qui Dieu pardoint et moy sommes natifs d’icelle cité et encores y ay grand nombre de notables parens et amis qui m’ont fort reconforté et secouru en mon adversité, etc.
Laurent Surreau a témoigné de l’importance qu’il donnait à ses livres, lesquels prennent une large place dans son testament. L’homme, semble-t-il, aimait aussi la musique : dans la description du mobilier du receveur Pierre Surreau, on a trouvé plusieurs livres et harpes que l’en dit appartenir à maistre Laurent Surreau, fils dud. deffunt.
De mes livres.
Item, je donne et laisse à ceste vénérable esglise de Rouen pluseurs de mes livres de la saincte escripture, des droiz canon et civil et aultres contenuz et déclarez en une cédule atachée en la marge de cest présent testament soubs mon seing manuel et signet et vueil que iceulx livres soient mis et appliquez et enchaynez en la librarie d’icelle esglise, pour y estre tant qu’ilz pourront durer au prouffit et utilité des bons estudians, sauf à les changer à meilleurs et plus prouffitables quant on les pourra trouver, et quant mes exécuteurs bailleront et livreront iceulx livres, soit escript en grosse lettre au commencement et en la fin : ex dono Laurencii Surreau, in utroque jure licenciati, canonici hujus ecclesie Rothomagensis. Orate pro eo.
…[ à son neveu, maistre Richard]…
Et oultre, lui donne et laisse mon beau bréviaire et journal [= Diurnal] esquelz je dy mes heures communément,
mon Innocent,
Apparatus in quinque libros decretalium. Commentaires sur les décrétales de Grégoire IX. Impression de Strasbourg, 1477.
ma Légende dorée,
La Légende dorée, de Jacques de Voragine. Impression de Lyon, 1476. Voir : Jacques de Voragine, La Légende Dorée. Edition critique dans la révision de 1476 par Jean Batailler, d’après la traduction de Jean de Vignay (1333-1348), publiée par Brenda Dunn-Lardeau, Paris, Editions Champion, 1997. R. F. Seybolt, \ »Fifteenth-Century Editions of the Legenda aurea\ », dans Speculum, 21, 1946, p. 325-328.
ma Nouvelle de Jeh. Andrieu en deux volumes sur les Décretalles,
La Novella de jean André. Impression de Rome, 1476.
5 volumes que j’ay de Panorme en papier, c’est assavoir :
ung volume en papier de petite forme sur le premier des Décretales qui n’est pas parfait,
3 volumes sur le second livre desd. Décretales,
ung volume sur le tiers livre desd. Décretales ;
Les Décrétales de Gregoire IX. Premières éditions : Mayence 1473, Rome 1474,
ung livre en papier sur le quart livre d’icelles Décretales, nommé de Zochis
Jacobus de Zochis (+ 1457) sur le 4eme livre des décrétales. Manuscrit ? Famosum, utile atque altum C. omnis utriusque sexus de peni. et remis, disputatum ac repetitum per famosum ac excellentem juris utriusquedoctorem Dominum Jacobum de Zochis de Ferraria, in gignasio Patavino ordinariam sedem benemerito occupantem. Bar. de Valdezochio Patavus. Martinus de Septem Arboribus, 1472, pet. in-fol.
et ung volume en papier sur la première partie du 5e livre desd. Décretales d’ung docteur très excellent nommé Jo. de Anania ;
Dominique de Sancto Geminiano en deux volumes en papier sur le 6e ;
de Immola sur les Clémentines en papier
ung répertoire dud. Dominique sur les Décretales en papier
et ung livre en papier, appelé Preceptorium legis divine
et ung livre apelé Margarita Decreti fait escripre en parchemin
Joannes de Anania (+1458), Commentaires sur le 5e livre des Décrétales. Edition 1555. Dominique de Sancto Geminiano, Commentaires sur les Décrétales ; voir par ex. Paris, Mazarine 1335/ 1336. Jean de Immola, commentaires sur les Clémentines. Johannes Nyder, Preceptorium divine legis, Argentine, 1483, in-fol. Martin le Polonais, Margarita decreti seu tabula martiniana edita per fratrem Martinum ordinis praedicatorum … (par ex. Cologne, 1481)
Item, et pour ce que mes progéniteurs, que Dieu absolve, mes uncles et antes ont esté atrais et natifs en la bien renommée cité de Sens et y ont eu grans biens et honneurs et aussi mon frère, à qui Dieu pardoint, et moy somes natifs d’icelle cité et encores y ay grand nombre de notables parens et amis qui m’ont fort reconforté et secouru en mon adversité, en remembrance de ces choses et aultres, pour le bien et utilité de toute lad. cité et des bons prescheurs et aultres estudians, et aussi pour estre à tousiours et demourer participant es prières, oroisons et suffrages de lesglise métropolitaine de sainct Estienne d’icelle ville et cité, je donne et laisse à icelle esglise mon beau de Lira
sur toute la Bible, qui est en quatre volumes, dont le premier volume contient le Viel Testament du commencement jusques au psaultier, le second volume contient le psaultier et les 4 livres sapienciaulx, le tiers volume est sur les prophètes et le quart volume est sur les Euvangeles et sur tout le Nouveau Testament
Nicolas de Lyre
et mon beau livre De civitate Dei beati Augustini
Saint Augustin : La Cité de Dieu
et mon livre Policraticon qui aultrement est nommé Saliberiensis de nugis curialium,
Polycraticon de Jean de salisbury. Manuscrit Soissons BM 24 (2).
lesquelz livres j’ay donnez et donne à lad. esglise par telles condicions qui seront mis et enchaisnez à chaynes de fer avecques les aultres livres de fonds d’icelle esglise et ne pourront estre venduz, aliénez, prestez ou mis hors de leurs lieux, excepté en éminent péril et pour plus grand seurté. Item vueil que, au devant que mes exécuteurs baillent et livrent iceulx livres, qu’ilz facent escripre en grosse lettre au commencement et en la fin de chacun d’iceulx volumes et livres ce qui ensuit, c’est assavoir : Laurencius Surreau, in utroque jure licenciatus, de hac civitate oriundus, canonicus Rothomagensis, dédit ac legavit in suo testamento huic venerabili ecclesie Senonensi hunc librum, talibusadiectis condicionibus quod in hac libraria, per-petuo quamdiu durabit, manebit incathenatus, nec poterit vendi, aut quovis modo alienari, nec prestari, aut extra librariam poni, nisi in eminenti periculo et pro maiori securitate. Orateproeout celestibus ac perpetuis fruat gaudiis.
…
De mes exécuteurs. Et pour acomplir et exécuter mon présent testament et derrenière voulenté, je ordonne et eslis, fais, constitue mes exécuteurs mes deux nepveux maistre Robert Surreau et Thomas Surreau, filz de mon frère Jehan Surreau, à qui Dieu pardoint ; mais pour tant que messire Richard Desquesnes qui m’a long temps servi et congnoist mieulx mon estât et mon fait, aussi scet mieulx ce qui est à faire pour l’acomplissement de mon présent testament, et si pourra plus facilement avoir recours et conseil de messrs de Chappitre en tout ce qu’il sera à faire touchant lesglise que ne feroient mesd. nepveux et que en lui ay grand confidence de toute loyauté et espérance très ferme qu’il priera pour mon âme, je l’ordonne et constitue mon exécuteur de cest présent testament ou derrenière voulenté avecques mesd. deux nepveux et affin qu’il se charge d’icelle exécucion, je lui donne pour sa peine 20 escuz et deux de mes livres, c’est assavoir :
de Lira sur les euvangiles qui est escript de sa main et de Lira sur les epistres, sainct Paul canoniques et Fais des appostres et vueil que quant il s’en sera chargé, mesd. nepveux et chacun d’eulx s’obligent devant le tabellion de Chappitre de le rendre indempne de tous les dommages qu’il pourrait avoir à cause d’icelle exécucion et ne vueil point que mesd. nepveux, mes exécuteurs, se meslent aucunement de eslire ou commettre les chappellains qui diront les messes que j’ay cy dessus ordonnées estre dictes et célébrées pour le salut de mon âme, car je scay bien qu’ilz seroient fort pressez de les bailler à telz que ne vouldroye, mais je ordonne que led. messire Richard, qui congnoist mieulx la vie et estât des prestres que ne font mesd. nepveux, les eslise et commette à telz qu’il sara ou cuidera vraisemblablement estre de bonne vie, et sans quelconque faveur, de quoy je charge sa conscience.
….
Et pour approbacion des choses dessusdictes et que telz soient mon testament et derrenière voulenté, je l’ay escript de ma main, à pluseurs et diverses journées, par grant et meure délibéracion, signé de mon seing manuel, séellé de mon seel et contresigné de mon signet, le quatorecyesme jour d’aoust, veille de la glorieuse assumption de la très benoitte vierge Marie, l’an mil cccc soxante saize. A Dieu soit mon âme !
SURREAU. (ADSM G 3441)
Autres mentions relatives aux livres de Laurent Surreau :
9 septembre 1479. Jovis, nona septembris, cappitulantibus dominis cantore, archidiaconis Rothomagensi et de Augo, cancellario, Gaudin, Francisco, Surreau, Gaillart, Perchart, cum aliis. Ea die, venerabilis vir Laurencius Surreau, canonicus hujus ecclesie Rothomagensis, ad honorem Dei et pro augmentacione notabilis librarie de novo in eadem ecclesia constructe, dedit et contulit libros sequentes, qui sunt numero octodecim, videlicet :
Unum magnum et perpulcrum volumen continens epistolas beati Hyeronimi, completas debito ordine et sub tabulis et rubricis ordinatas, cujus foliculum secundum post tabulam sic incipit : perstrinximus quod qui interferent, etc.
Les épîtres de saint Jérôme. Voir l’exemplaire imprimé offert à l’abbaye de Saint-Victor : Anniversarium honorabilium virorum Petri Schœffer et Conradi Henlif ac Johannis Fust civium de Moguntia, impressorum libromm, nec non uxorum, filiorum, parentum, amicorum et benefactorum eorundem. Qui Petrus et Conradus dederunt nobis Epistolas beati Hieronymi impressas in pergamo, excepta tamen summa duodecim scutorum auri, quam prefati impressores receperunt per manus Domini Joanhis abbatis hujus ecclesiae. La première édition datée est de 1468 [ Lien ]. Sur celle de 1470 [ Lien ]
Item, unum volumen continens primam partem secunde sancti Thome de Aquino, vulgariter nuncupatum prima secunde sancti Thome, incipiens in secundo foliculo sic : quod unus actus secundum speciem nec ordinetur, etc.
Item, unum continens secundam partem secunde partis dicte summe sancti Thome, que communiter nuncupatur secunda secunde et incipit in secundo foliculo : magis quam in aliam et si quidem, etc…
Thomas d’Aquin
Item, unum aliud volumen continens primam partem Item, unum aliud volumen continens alios 16 libros, seu secundam partem dicti speculi historialis Vincentii, cujus secundum folium post tabulam incipit : Ludovicus filiusejus, etc.
Item, unum parvum librum in quo continetur tabula dicti speculi historialis secundum ordinem litterarum alphabeti, quod sic incipit in secundo foliculo: runt et flebilem lesionem, etc.
Le Speculum historiale de Vincent de Beauvais. Sur les manuscrits, voir par ex. M.-C. Duchenne, Gregory G . Guzman et J. B. Voorbij, « Une liste des manuscrits du Speculum historiale de Vincent de Beauvais », Scriptorium, t. 41, 1987, p. 286-294. Biblio par Hans Voorbij. Sur ARLIMA.
Item, unum volumen continens libros Ethicorum, Polithicorum et Rhetorice Aristotelis, cujus secundum foliculum sic incipit : et fere a plurimis confessum est, etc.
Commentaires sur l’Ethique, la Politique et la Rhétorique d’Aristote.
Item, commentum sancti Thome super dictis libris Ethicorum et Polithicorum Aristotelis, quod in secundo foliculo sic incipit : vite nostre est habere, etc.
Commentaire de Thomas d’Aquin sur l’Ethique et la Politique d’Aristote
Item, unum volumen continens quamplures libros Aristotelis, quod in secundo ejus foliculo sic incipit : omnibus esse et principium quod, etc.
Aristote, sur la Métaphysique. Commentaire de Thomas d’Aquin. Liber I, lectio 3, n° 32.
Item, unum parvum volumen de textibus Logice, quod in secundo foliculo sic incipit : que ante specialissimum, etc.
Isagoge, Porphyre.
Item, Valerium Maximum, cujus secundum foliculum post tabulam incipit : Marcio certamini commissurum, etc.
Valere Maxime, faits et paroles mémorables. Factorum et dictorum memorabilium libri novem. Strasbourg, Mentelin, 1470. [ ISTC ]
Item, de Burgo super Valerio, cujus secundum foliculum sic incipit : constitui ego, etc.
Dionisio di Borgo san Sepolcro, Expositio Valerii Maxima dictorum factorum memorabilium. Strasbourg, Mentelin, 1470. [ ISTC ]
Item, unum volumen continens tres libros, primum de mirabilibus Ybernie, secundum libros Solini et tercium libros Orosii, quod in secundo foliculo post tabulam sic incipit : ventis exposita nullam penitus, etc.
Orose
Item, aliud volumen Origenis super cantica canticorum, quod dicitur Periarchon, et incipit in secundo foliculo : Dei factum secundum e limo terre, etc.
Origene,
Item, unum volumen continens tractatus de potestate ecclesiastica et regia et de scismatibus ecclesie cum pluribus litteris et epistolis circa predictum scisma, quod incipit in secundo foliculo : et ex patre procedere dicitur, etc.
….Abelard,
Item, Bocacium de claris mulieribus, cujus secundum foliculum sic incipit : ut plereque facitis mulieres, etc.
Bocace, … Voir en ligne [ Lien ]
Item, librum Augustini de spiritu et anima, qui in secundo foliculo sic incipit : functionibus anime ponerentur, etc.
Le De spiritu et anima, d’Alcher de Claivaux, longtemps attribué à saint Augustin. PL, t. XL.
Item, librum Francisci Petrarche de vita solitaria, qui in secundo foliculo sic incipit : distributor fuerim nisi rationem habeam.
Petrarque, De vita solitaria (1346-1356) : Capitula in librum Francisci petrarche de vita solitaria incipiunt… Voir l’édition de Strasbourg, avant 1473 (Adolf Rusch) [ ISTC ]
De quo quidem tam magnifico dono domini prefati eidem Surreau debitas impenderunt gratiarum actiones.
…..
ADSM, G 2140.
Iste liber est magistri… Quem qui furatus fuerit, vel abstulerit, vel fraudem fecerii quominus ipsum habeat, aut titulum istum deleverit, anathema sit ;
« Ce livre icy est de grant estime, manuscript de l’auteur mesme qui l’a dédié à saint Thomas, évesque de Cantorbie, martyr, et je l’ay aschepté par hazard vingt pistoles, et par conséquent je veux comme entendz que mes enffants le gardent très-scrupuleusement. » Suit la signature : « Jac (Jacques) Cornutz. »
1449, 24 février, Pierre de la Hazardière et Laurent Surreau chargés de faire le catalogue de la librairie. – 6 mars, livre de la Cité de Dieu prêté à Laurent Surreau (ADSM G 2131)
Quittance de Laurent Surreau : il reconnaît avoir reçu de messieurs du chapitre 87 livres 16 sous 10 deniers à compte sur ce qu’il avait prêté au chapitre pour acheter de Lira, sur toute la bible, 1462. (G 3237)
1468, 6 octobre, vente de livres par le chapitre : Henri de Bouyc, en 2 volumes, à Laurent Surreau, 60 saluts d’or (ADSM G 2138)
16 octobre 1469, Laurent Surreau, chanoine, prête à la fabrique 100 saluts d’or pour l’achèvement de cette tour (Ibid.)
13 septembre 1479, on permet à Laurent Surreau de placer dans la chapelle des Innocents une grande image de saint Laurent (G 2140)
8 novembre, le chapitre, informé de la mort de Laurent Surreau, permet de l’enterrer dans la nef devant le crucifix. (Ibid.)
(1) Pierre Surreau, maître, ès arts, licencié en droit canon, chanoine de Rouen, promoteur, 1434-1457, official, 1459.
(2) Pour la description du manuscrit de la BM de Soissons
[ lien ]
[ Lien ]
Source : Le testament de Laurent Surreau [ En ligne ]
A lire : Vincent TABBAGH, Survivre par l’écrit chez les ecclésiastiques rouennais du XVe siècle, sur TabularIa [ En ligne ]
Indiqué : Anne-Marie Genevois, Jean François Genest, Anne Chalandon, Bibliothèques de manuscrits médiévaux en France: relevé des inventaires du VIIIe au XVIIIe siècle, Paris CNRS, 1987, p. 116.
Det Kongelige Bibliotek NKS 165, 4° : « Les obfuscations du monde ». Une œuvre ignorée de l’organiste Jehan Daniel dédiée à la reine Claude de France († 1524)
Il faut parler de madame Claude de France, qui fut très-bonne et très-charitable, et fort douce à tout le monde, et ne fit jamais desplaisir ny mal à aucun de sa cour ny de son royaume. Elle fut aussy fort aymée du roy Louys et de la reyne Anne, ses pere et mere, et estoit leur bonne fille et la bien aymée, comme ils luy monstrerent bien ; car, après que le roy fut paisible duc de Milan, ils la firent declarer et proclamer en la cour de parlement de Paris, à huys ouverts, duchesse des deux plus belles duchés de la chrestienté, qui estoient Milan et Bretaigne, l’une venant du pere, et l’autre de la mere. Quelle heritiere ! s’il vous plaist. Ces deux duchés joinctes ensemble eussent bien faict un beau royaume… Oeuvres Complètes de Pierre de Bourdeille
Portrait de Claude de France. Anonyme. XVIIe s. © Chantilly, musée Condé.
Det Kongelige Bibliotek conserve sous la cote NKS 165, 4° un manuscrit qui semble avoir été complètement ignoré des spécialistes de Claude de France. Nous travaillons à son édition prochaine… quelques éléments de cette étude:
Exécuté sur vélin, le NKS 165, in-quarto de 72 feuillets orné d’initiales en or sur cadres de couleur bleue et rouge, et de 6 miniatures pleine page, contient Les obfuscations du monde, une œuvre inédite de JEHAN DANIEL, organiste poète bien connu pour avoir produit entre autres plusieurs Noëls et chansons publiés vers 1525.
L’ŒUVRE : « LES OBFUSCATIONS DU MONDE »
Au f. 2 sont peintes les armes de France et de Bretagne, avec au-dessus un bandeau rouge où se lit en lettres d’or Claudia Francie Regina Vivat. Au-dessous, une hermine attachée à l’écu par un lacs d’amour, et ces vers :
Dune honneste chaînette amour tient en delis
Lermyne blanche et nette auec la fleur de lys
Au verso est une miniature où est représenté l’auteur offrant son livre à la reine Claude de France.
Plus après, la dédicace à la reine :
A lestoille matutinalle des dames, au mirouer et exemplaire de noblesse. A la prime fleur lilialle dextraction tout le lys enrichissant. A la souueraine ermine armoricalle, …
Au f. 43v :
Plus sont mordans que la dent dun lepurier
Auxi ilz ont vng excellent oupurier
Qui les enlace
Sainct yues est tout seul aduenturier
Dieu na que luy de proces cousturier
Il tient la place.
L’ouvrage se termine par un rondeau :
Du bon du coeur a vostre relieuee
Prendrez en gre tresillustre princesse
Cemien labeur au quel ie nay prins cesse
Tant que sentence y est oultre lieuee
Lœupure nest pas haultement enlieuee
Mais sil vous plaist prenez en la pocesse
Du bon du cueur
Si la chose est des flateurs reprouuee
Cest leur scauoir qui partout les precesse
Il me suffit qui vous plaise et accesse
Car ie lay faict descripture approuuee
Du bon cueur
Sil est faict en bretaigne et bretons ne sont hays
Tres iuste et noble reigne auouez vostre pays.
Si le sens nest touché en equitable affaire
Assez sont courocez quil ne scauent mieux faire.
Finis grace et Amour
Ce \ »grace et amour\ » se rencontre fréquemment in fine des oeuvres de Jehan Daniel…
Biblio : N.C.L. Abrahams, Description des manuscrits français du moyen âge de la Bibliothèque Royale de Copenhague (1844)
Det Kongelige Bibliotek
L’AUTEUR : JEHAN DANIEL
Les mises faites à la joyeuse venue et entrée du Roi et de la Reine (François 1er et Claude de France), à Nantes, en 1518, relatent que « Jehan Danyel, prebstre organiste de Notre-Dame de Nantes », reçut « pour avoir vacqué a faire partie des devys et ordonnances, pour les faintes des carrefours de ladite ville à ladite entrée, la somme de six escuz d’or, reduicte à monnoye de Bretaigne, vallant 10 livres ». C’est la plus ancienne mention de notre compositeur. Etait-il originaire de Bretagne ? Rien ne permet de l’affirmer pour lors.
Par la suite nous le trouvons à Angers où il fait imprimer plusieurs Noëls :
<> S’ensuyvent plusieurs Noëls nouveaulx / Chansons nouvelles de Nouel, composées tout de nouvel, exquelles verrez les pratiques de confondre les hérétiques. Jo. Daniellus, organista. S.L.N.D. [Angers, ca 1523] [ Lien ]
<> Chantzons sainctes pour vous esbattre / Elegantement exposées / Par ung prisonnier composées / C’est un mil cinq cens vingt et quatre. Jo. Daniellus, organista.
S.L. [Angers], 1524.
<> Chansons joyeuses de noel / Tres doulces et recreatives / Singuliers, suppellatives / Et sont faictes d’assez nouvel. Jo. Daniellus, organista.
S.L.N.D. [Angers, ca 1525]
<> Noëls joyeulx plain de plaisir / A chanter sans nul déplaisir / Johannis Danielis org.
S.L.N.D. [ca 1526]
Dès les années 1520 Jehan Daniel se trouvait à Angers (en 1525 il demeurait rue Baudrière, tout près de la cathédrale, ligne 11 de l’acte en ligne (Me Jehan Danyel dit my tou desservant en l’église sainct Pierre Dangiers ). Source : Odile Halbert.
Le 3 juillet 1521, il est conclu quod Johannes Daniel psaltor et organista dicte ecclesie (Sancti Petri) pro tactu organorum consequetur unam vestem competentem annuatim [centum soldos], et de cetero celebret duas missas qualibet ebdomada. Puis d’autres documents attestent de sa présence dans la capitale angevine entre 1525 et 1540 :
« Vénérable et discret maistre Jehan Daniel, presbtre, organiste et chappelain en l’église collégial de Monsieur sainct Pierre d’Angers et Jehan Provost organifacteur à présent demourant en ladicte ville d’Angers, dient et rapportent par leurs sermens sur ce faicts et prestés par devant vous Monsieur le lieutenant général, advocat et procureur d’Anjou, qu’ils ont congnoissance de l’église d’Angers dès le temps de seze ans ou environ, et en icelle ils ont hanté et fréquenté, mêmement ledict Daniel y a joué des orgues dès et depuis le temps de huit ans ordinairement. » (28 décembre 1533)
Cette déposition, malgré son laconisme, est bien précieuse ; c’est le renseignement biographique le plus étendu que nous ayons sur Jean Daniel. Elle nous révèle sa qualité de prêtre et de chapelain, l’église où if exerçait la profession d’organiste qu’il annonce dans tous ses ouvrages et tout naturellement dans ses Noëls, son séjour à Angers pendant huit ans, du commencement de 1526 à 1533, séjour remontant assurément même à une date plus ancienne, puisque les deux déposants disent qu’ils ont connaissance de l’église cathédrale « dès le temps de seize ans ».
En mai 1531, Jehan Daniel assiste aux funérailles grandioses de Guy XVI de Laval, sur lesquelles il nous a laissé une relation détaillée, publiée chez Jehan Baudouyn, imprimeur à Angers (mais venu de Nantes et Rennes), et dédiée à Gilles de Laval :
L’ordre funeste (funèbre ?), triumphante en pompe pitoyable tenue à l’enterraige de feu de bonne mémoire, très hault, très puissant, magnanime seigneur Monseigneur le comte de Laval, de Montfort, Quintin, sire de Victry, vicomte de Rennes, sire de la Roche Bernard, grand gouverneur et admiral de Bretaigne, ensemble lieutenant du roy, le très plainct et regraicté père de justice, le très-grant zélateur de paix, l’excellent ministre de charité, vroy port du peuple. Le tout contenu en une espitre envoyée à très hault et magnificque seigneur Gilles de Laval, seigneur de Louë, de la Haye en Tourayne, etc. (Exemplaire incomplet à la BM du Mans, 30927)
Cette relation nous fait connaître les liens qu’il avait entretenu avec Guy de Laval, dont il fut peut-être le confesseur …
En 1540 il est encore en charge de l’orgue d’Angers : Solvit magistro Johanni Daniel, organiste, pro gagiis suis pro anno presentis compoti XL l. (Angers, BM 667, compte de fabrique de 1540)
Dans le compte des cens, rentes et devoirs dus au prieuré, maison Dieu et aumônerie de Saint-Jean, de la Saint-Jean-Baptiste 1541 à la Saint-Jean 1544, on lit, au chapitre de la recepte, payable aux termes de Saint-Jean-Baptiste et de Noël par moitié, pour la rue Saint-Nicolas, la mention suivante :
« Maistre Jehan Loyseau, pour maistre Jehan Daniel organiste, pour feu maistre Alman Papot, pour une maison et jardrin sis en ladicte rue Sainct Nycollas, auxdictz termes par moytié de rente, X sous (3). »
A partir de cette date nous perdons la trace de notre organiste poète ….
Lien : Exemple d’un noël de Jehan Daniel : Tous les bourgeois de Châtre : Extrait par les Quatre Barbus.
Biblio : Henri Chardon, « Noëls de Jean Daniel dit Maître Mitou organiste de Saint-Maurice et chapelain de Saint-Pierre d’Angers 1520-1530 précédés d’une étude sur sa vie et ses poésies », dans Bulletin de la Société d’Agriculture, sciences et arts de la Sarthe, tome XXII, 1873-1874, p. 335-400.
« A LA SOUVERAINE ERMINE ARMORICALLE » …. CLAUDE DE FRANCE
Portrait présumé de Claude de France. Anonyme. XVIe s. ©Versailles, château de Versailles
En 1517, on construisit, à Paris, pour l’entrée de Claude, reine de France, un grand arbre généalogique dressé devant le Châtelet (voir les représentations, ci-dessous). Au sommet, se tenaient les représentations de la reine et de son époux, revêtus des insignes royaux. Dessous, se tenaient les deux précédents couples régnants : d’un côté, le père de Claude, Louis XII, et son épouse, la reine Anne de Bretagne, ainsi que le premier époux de cette dernière, Charles VIII, de l’autre, Louis XI et son épouse, Charlotte de Savoie, plus bas encore, Charles VI et sa femme, ancêtres de Claude, et Louis d’Orléans et Valentine Visconti, ancêtres de François Ier. (BnF) :
Puis vint ladicte dame devant Chastellet de Paris, ou elle trouva sur ung grant eschaufault ung arbre ayant plusieurs branches, comme ung arbre de Jessé. Sur le hault estoient ung roy et une royne couronnez, representant le roy et la royne, et de chascun costé d’icelles branches estoient plusieurs princes et princesses, roys et ducz de Bretaigne, remonstrant la lignee et genealogie dont estoit venue ladicte dame. Au bas duquel eschauffault y a voit quatre dames nommees Severité, Mansuetude, Loy et Coustume, car le Chastellet est le lieu de la justice ordinaire du roy. (Sacre, éd. Cynthia J. Brown, p. 305)
<> Le Sacre de Claude de France, London, British Library Stowe 582. ca 1517. Manuscrit ayant appartenu à Philippe, Comte de Béthune (+ 1649). 51 f. 220 x 150 mm. 10 grandes miniatures. Enluminure : Jean Coene IV ? Description.
© London, British Library, Stowe 582, f. 39
© Paris, BnF, Fr. 5750 f. 45. Le Sacre, couronnement, triomphe et entrée de la reine et duchesse, Madame Claude de France, 1517, Paris. Parchemin. 58 f.
Autres manuscrits du Sacre de Claude de France : Paris, BnF. Fr. 14116 ; Paris, Beaux-Arts 491 ; London, British Library Cottonian Titus A XVII …
Biblio : Voir essentiellement Cynthia J. BROWN, Pierre Gringore Les entrées royales à Paris de Marie d’Angleterre (1514) et Claude de France (1517), Droz, 2005 ; et récemment : The Queen’s Library : Image-Making at the Court of Anne of Brittany, 1477-1514, University of Pennsylvania Press, 2011.
Parmi les manuscrits liés à Claude de France :
<> Livre d’Heures de Claude de France, atelier du Maître de Claude de France entre 1515 et 1517
Ancienne collection Paul-Louis Weiller – Vente IV Livres, Autographes et Manuscrits. Vente à venir du 8 avril 2011 (adjugé 2 000 000 €).
Voir le Catalogue Gros & Delettrez en ligne
Les travaux de l’atelier du Maître de Claude de France sont reconnaissables à plus d’un titre. Tout d’abord ses formats minuscules et la précision de ses peintures sont remarquables. Ensuite, la conception architecturale de ses peintures est particulière, elles sont toujours exécutées sur le même principe, la colonne située sur la partie externe du feuillet est mieux finalisée que celle de la marge interne. Enfin l’utilisation des « cordelières », propres à Claude de France et François Ier, est très fréquente dans son ornementation. Il est d’ailleurs aujourd’hui incontestable que le Maître de Claude de France a été un certain temps attaché à la famille royale. On connaît aujourd’hui deux manuscrits exécutés pour Claude de France par l’atelier du maître enlumineur. Un Livre de Prières, malheureusement fort endommagé, recueilli par la Morgan Library and Museum de New-York, qui est plutôt une relation de la vie du Christ, de Marie et de nombreux saints, et ce Livre d’Heures contenant essentiellement l’Office Divin précédé du traditionnel calendrier illustré des miniatures commémorant les grands moments de la vie et du travail. La liturgie des Heures et le calendrier du présent manuscrit n’existent pas dans le Livre de Prières. Le précieux manuscrit minuscule (84 x 55 mm), en parfait état de conservation, est de 121 feuillets rédigés sur vélin, à 22 lignes à la page, calligraphiés en latin, d’une écriture romane, en noir, bleu, rouge et or avec des lettrines bleues, rouges et dorées. Les grandes lettrines sont blanches, sur fond doré encadré d’un large filet bleu. Les Heures de Claude de France à l’usage de Paris sont illustrées de 15 miniatures à pleine page et de 12 miniatures accompagnant le calendrier (Catalogue en ligne).
<> Livre d’heures [Tours, vers 1520]. New York, Pierpont Morgan Library, M.1171.
Album composé de onze miniatures découpées dans le calendrier d’un Livre d’heures et insérées dans des feuilles de vélin, chaque miniature illustrant l’un des travaux des mois surmonté d’une lunette contenant le signe du zodiaque correspondant, chacune d’une dimension totale de 70 x 70 mm, un encadrement doré dissimulant la jointure entre la miniature et le support, chaque page mesurant 130 x 170 mm, le verso des miniatures présentant les fêtes du 10e au 19e jour du mois, dont celles des évêques et archevêques de Tours, notamment les fêtes majeures de saint Lidorius (13 septembre) et saint Martin (11 novembre), la scène de la découpe du cochon en décembre est une miniature du XIXe siècle peinte à même le feuillet de vélin (petit éclat de peinture sur le visage de la femme et bavure sur le visage de l’homme dans la miniature de janvier). Maroquin vert du XIXe siècle à contreplats du vélin ivoire doré de Trautz-Bauzonnet. Provenance : probablement vente du comte de Lignerolles, janvier-février 1894. Ces exquises miniatures sont l’œuvre d’un enlumineur actif à Tours dans le premier quart du XVIe siècle et connu sous le nom de Maître de Claude de France en raison des deux manuscrits réalisés pour Claude, fille d’Anne de Bretagne et de Louis XII, épouse de François Ier et reine de France : un Livre de prière (New York, Morgan Library M.1166 et un Livre d’Heures (collection particulière). Les scènes de cet album présentent des ressemblances frappantes avec les miniatures calendaires des Heures de Claude de France. Dans les Heures de Claude, les miniatures sont également d’une demi-page de haut, placées au-dessus de chaque fête pour le premier tiers du mois. Les sujets sont semblables et les compositions similaires sans être identiques. La fluidité des mouvements et l’intégration plus convaincante des personnages dans le décor laissent penser que les scènes de ce calendrier pourraient être légèrement postérieures aux Heures de Claude. Parfois, la scène se focalise sur un seul personnage en un effet délicieux, comme dans la miniature de mai où la jeune femme assise avec son amant dans le manuscrit de Claude devient une jeune fille dans une roseraie confectionnant une guirlande de mai. L’enlumineur était manifestement attaché d’une façon ou d’une autre au service de la famille royale ; on connaît d’autres manuscrits de sa main, dont un Livre d’heures pour la sœur cadette de Claude de France. Son style se caractérise par la délicatesse et le raffinement de sa technique – les formes et les couleurs sont données par des coups de pinceau brefs et des touches presque pointillistes – et par la création de scènes aux atmosphères évocatrices. Dans ces miniatures calendaires, il atteint l’apogée de son élégance et de son accomplissement. Leur qualité égale celle des chefs-d’œuvre que le Maître de Claude de France produisit pour sa royale mécène. Ces miniatures constituent un ajout significatif à son œuvre.
Calendrier, provenant d’un Livre d’Heures, en latin, enluminé par le Maître de Claude de France. Acquisition à la Vente Christie’s du 25 juin 2009. Provenance : Bibliothèque royale de Claude de France. Fonds Edwards. Manuscrit référencé en 1817 par Thomas Frognall Dibdin dans le tome I de son « Decameron bibliographique » (p. 180) – Bibliothèque Evans Fonds Pickering, libraire à Piccadilly (1845) – Bibliothèque George Daniel à Canonbury.
Je remercie Roger S. Wieck, Curator, Medieval and Renaissance Manuscripts, à la Morgan, qui m’apprend l’acquisition récente de ce manuscrit par la célèbre bibliothèque de New York.
<> New York, The Pierpont Morgan Library, ms M.1166 : The Prayer Book of Claude de France – Provenance : gift of Mrs. Alexandre P. Rosenberg in memory of her husband Alexandre Paul Rosenberg, 2008 © The Morgan Library & Museum
Facsimilé
Le livre de prières de Claude de France – joyau personnel de la jeune reine : New York, The Pierpont Morgan Library, MS M.1166
http://www.quaternio.ch/fr/le-livre-de-prieres-de-claude-de-france
Quelques oeuvres attribuées au Maître de Claude de France :
<> Ecouen, Musée de la Renaissance : saint Augustin et saint Cyrille travaillant à des pupitres. Miniature France, début du XVIe siècle. ECL 11764.
<> Paris, Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts. Feuillets d’un Livre d’heures : Saint Antoine de Padoue, Sainte Geneviève (8° 547 F 74 (n°53 et 54)
<> Paris, Arsenal, 291. Heures à l’usage de Rome.
<> Lyon, Bibliothèque municipale, ms 1558. Miniature ajoutée : saint Jérôme devant le Christ en Croix.
<> Angers, Bibliothèque municipale, ms 2111 : Livre dheures à l’usage dAngers (vers 1510-1520) 23 enluminures de l’atelier du Maître de Claude de France. Galerie Les Enluminures (Paris, Louvre des antiquaires), avril 2007. Cf. Archives dAnjou, t. 11, 2007, p. 196-202.
<> Il Codice Valois, il Vangelo del Delfino di Francia, ms 2020 della Biblioteca Casanatense.
<> Biblioteca Estense Universitaria di Modena, Lat. 614 : Les petites prières della duchessa di Ferrara.
<> London, British Library, Add. 35315. Heures à l’usage de Rome.
Bibliographie
C. J. STERLING, The Master of Claude, Queen of France, a Newly Defined Miniaturist, New York, H.P. Kraus, 1975.
J. BACKHOUSE, The Master of Claude, Queen of France, dans The Burlington Magazine, CXVIII, 1976, p. 524-526.
F. O. BÜTTNER, Zur französischen Buchmalerei um 1500. Bemerkungen anläßlich zweier Publikationen, dans Scriptorium, 32, 1978, p. 290-303.
F. AVRIL & N. REYNAUD, Les manuscrits à peintures en France 1440-1520, 1993, p. 319-323.
Valérie AUCLAIR, François AVRIL, Philippe BRAUNSTEIN, L’art du manuscrit de la Renaissance en France. Paris, Samogy éditions d’art ; Chantilly, Musée Condé, Château de Chantilly, 2001.
R. S. WIECK, “The Primer of Claude de France and the Education of the Renaissance Child” in The Cambridge Illuminations. The Conference Papers, ed. by S. Panayotova, London, Harvey Miller, 2007, p. 267-277; Das Gebetbuch der Claude de France. MS M.1166. The Pierpont Morgan Library, Commentary to the Facsmile Edition, New York, Luzern, 2010 ; The Prayer Book of Claude de France, in The Medieval Book : Glosses from Friends & Colleagues of Christopher De Hamel, James H. Marrow, Richard A. Linenthal, and William Noel, ed., ‘t Goy-Houton, 2010, p. 183-95.
<> Chantilly, Musée Condé, ms 515. Histoire de Palamon et Archita (poème, par Anne de Graville). In-4°, 96 f., mar. vert, coins à petits fers, tr. dor., armes. (Bauzonnet.)
Précieux manuscrit sur vélin, portant sur le deuxième feuillet les armes de Claude de France, première femme de François 1er. L’écu, entouré d’une cordelière, est placé au milieu d’un grand G formé par quatre hermines héraldiques et posé lui-même sur un champ lilas semé de G et d’hermines. Toute la page est encadrée d’une riche cordelière.
En regard, et au verso du premier feuillet, est une dédicace de 18 vers, à la reine, commençant ainsi :
Si J’ay emprins, ma souveraine dame…
Au bas, sur un listel, est écrit :
J’en garde un leal, anagramme bien connu d’Anne de Graville. Anne de Graville, fille du célèbre amiral de Graville, dame d’honneur de Claude de France, aimait beaucoup les livres.
<> Paris, Arsenal 5116. Même texte. Quelques images sur la base photos de Paris BnF. Sur ce manuscrit lire l’Histoire de Marcoussis … Il porte des armes jusqu’ici non identifiées : de gueules à trois têtes de lapin arrachées, deux en chef et une en pointe. Nous proposons d’y voir celles de la famille normande Dumont de Bosquatet, dont la généalogie est en ligne.
Biblio : Myra D. ORTH, « Dedicating women : manuscript culture in the French Renaissance. The cases of Catherine d’Amboise and Anne de Graville », in Journal of the early book society, 1997, t. I, p. 17-47.
Je remercie Guillaume Berthon pour m’avoir signalé ce manuscrit.
Sur Anne de Graville lire par exemples :
Mawy Bouchard, « Le roman \ »épique\ » : l’exemple d’Anne de Graville » dans Études françaises, vol. 32, n° 1, 1996, p. 99-107, en ligne http://id.erudit.org/iderudit/036014ar
Encyclopedia of women in the Renaissance [en ligne]
LA MORT DE CLAUDE DE FRANCE
Les Croniques de François Ier, publiées pour la première fois en 1859, relatent que : « Le 26e jour du moys de juillet 1524, environ heure de midy, de ce siècle décéda la perle des dames et cler mirouer de bonté, sans aulcune tache, madame Claude, reyne de France, fille du feu roy Louis XII de ce nom, laquelle fut moult regretée, et fut son corps mis en un sercueil, en la chapelle du château de Blois, où il fut longtemps sans être inhumé. Et pour la grant estime de saincteté que l’on avoit d’elle, plusieurs luy portoient offrandes et chandelles, et atestoyent aulcuns avoir été guéris et salvez de quelques maladies par ses mérites et intercessions ; et mesmement une notable dame qui affermoit avoir receu par ses mérites guarison d’une fiebvre qui jà par longtemps l’avoit tourmentée. »
Les funérailles de Claude de France donnèrent lieu à l’impression d’une plaquette :
L’ordre qui fut tenu à l’obseque et funerailles de feu magnanime et tres excellente princesse Claude, par la grace de Dieu royne de France et duchesse de Bretaigne (1524). Petit in-8 gothique de 8 feuillets. Exemplaire : Bibliothèque de Nantes, 48408R.
De même, voir : La doloreuse querimonie de bles soy disant jadis reale ville pour la transportation delle a Sainct Denys en France. Du corps de feuee tresillustre reyne de France duchesse de Bretaigne maistresse des vertus. Madame Claude. [S.l.] : [s.n.] [ca 1524] [4] f. : ill. gr. s. b. ; 8°. Exemplaire : Bibliothèque de Versailles, Goujet in 8 164
Et un recyclage d’André de La Vigne:
Les epitaphes et // rondeaulx. Composez sur le tres // pas de feue, Tresexcellete et tres // debōnaire princesse Claude par // la grace de Dieu Royne de france // et duchesse de Bretaigne. — Finis.
S. l n. d. [Paris ?. 1524], pet. in-8° goth. de 4 f., impr. en lettres de forme. Au titre, un bois des armes de France supportées par deux anges. Paris BnF, Réserve Y. 4481 dans un recueil, qui porte l’ex-libris de Félibien et qui provient en dernier lieu de Louis XVI (Inventaire de L. Capet, n° 17 10). Bibliothèque de Versailles, Goujet in 8 164.
Traité des pompes funèbres, de Lemaire de Belges, dédié à Claude de France, dans Paris, BnF, Fr. 22326, f. 81-107.
Testament de Claude de France du 28 juillet 1524 (copie dans Paris, Bibliothèque de l’Institut, manuscrit Godefroy 307, f. 104-105) [ Lien ] [ lien ] [ lien ]
Je remercie Anders Toftgaard du département des manuscrits et des livres rares de la Kongelige Bibliotek pour sa collaboration.
CREDIT ICONOGRAPHIQUE
London, British Library
New York, Pierpont Morgan Library
Paris, Bibliothèque nationale de France
Chantilly, Musée Condé
Versailles, château de Versailles
–