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28 Jan 2012
Jean-Luc Deuffic

Manuscrits médiévaux et marques de provenance

Quelques nouvelles références sur notre site :

Manuscrits médiévaux et marques de provenance

24 Jan 2012
Jean-Luc Deuffic

In memoriam : Louis Lemoine (1943 – † 21 janvier 2012)

Nos pensées vont aujourd’hui vers l’ami Louis Lemoine, décédé à Pleumeur-Bodou, ce 21 janvier 2012. Agé de 68 ans, Louis fut de l’aventure de Landévennec, qui vit, avec le Colloque du cinquième centenaire de l’abbaye Saint-Guénolé, la naissance du Cirdomoc. Sa thèse de doctorat ès-lettres présentée en 1985, sous la direction de Léon Fleuriot,  fut consacrée aux Recherches sur l’enseignement et la culture dans la Bretagne du haut Moyen Âge. Enseignant à l’IUT de Lannion, il s’était spécialisé dans l’étude des scriptoria bretons.

BIBLIOGRAPHIE
(non exhaustive)

\ »Note sur les Hisperica Famina et la Bretagne\ », dans Mélanges Hubert Guillotel, Rennes, PUR & Britannia Monastica, 13/14, 2010, p. 215-224. [ lien Cirdomoc ]
\ »Paléographie et philologie médiévales : Existe-t-il des \ »symptômes armoricains\ » ?\ » , dans A travers les îles celtiques. A-dreuz an inizi keltiek Per insulas scotticas. Mélanges à la mémoire de Gwénaël Le Duc, Rennes, PUR, CIRDoMoc ; Klask, 2008, p. 185-199.
\ »Réécriture de l’Écriture\ », dans Britannia monastica, 9, 2005, p. 13-22. [ lien Cirdomoc ]
\ »Autour du scriptorium de Landévennec\ », dans Corona monastica : moines bretons de Landévennec: histoire et mémoire celtiques : mélanges offerts au père Marc Simon (ed. B. Merdrignac et L. Lemoine), Rennes, PUR, 2004, p. 155-164. [ lien Cirdomoc ]
\ »La Borderie et l’évangéliaire de Tongres\ », dans Bulletin et mémoires de la Société Archéologique et Historique d’Ille-et-Vilaine, tom. 106, 2002, p. 49-64
\ »Contribution à la reconstitution des scriptoria bretons du haut Moyen Âge\ », dans Archivum latinitatis medii aevi, vol. 59, 2001, p. 261-268.
\ »Maniérisme et Hispérisme en Bretagne. Notes sur quelques colophons (VIIIe-Xe siècles)\ », dans Annales de Bretagne, vol. 102, 4, 1995, p. 7-16.
\ »Signes de construction syntaxique dans les manuscrits bretons du haut Moyen Âge\ », dans Archivum latinitatis medii aevi, vol. 52, 1994, p. 77-108.
\ »Notes paléographiques\ », dans Mélanges Léon Fleuriot, 1992, p. 141-147.
\ »Symptômes insulaires dans un manuscrit breton de l’Ars de verbo d’Eutychès\ », dans Etudes celtiques, vol. 26, 1989, p. 145-157.
\ »Scrutari \ »lire\ » et pingere \ »écrire\ ». Note sur le colophon du Vatican Regina 296\ », dans Etudes celtiques, vol. 25, 1988, p. 233-236.
\ »Les méthodes d’enseignement dans la Bretagne du haut Moyen Âge d’après les manuscrits bretons : l’exemple du Paris, B.N., Lat. 10290\ », dans Landévennec et le monachisme breton dans le haut Moyen Âge, 1986, p. 45-63.

LIENS
Site du CIRDOMOC

Abbaye Saint-Guénolé de Landévennec

19 Jan 2012
Jean-Luc Deuffic

Les Heures de René d’Anglure et de Catherine de Bouzey : University of Kentucky Libraries, Kentuckiensis IX

Le professeur Scott Gwara (Université de Sud-Caroline), dont on connait assez la passion pour les manuscrits, m’ayant contacté en vue d’identifier les armes d’un Livre d’heures (composite) de la Bibliothèque universitaire de Kentucky (USA, Special Collections, Kentuckiensis IX), la résolution de l’énigme ne s’est pas faite attendre (note1, voir in fine). Avec le précieux concours de François du Fou, les possesseurs représentés au bas d’une miniature de la Pieta, au f. 128, ont été assez vite reconnus : il s’agit de René d’Anglure et de Catherine de Bouzey,
Mariés le 6 mai 1485 par contrat, René d’Anglure, chevalier, vicomte de Blagny, conseiller et chabellan du roi, et Catherine de Bouzey, fille de nobles personnes Jean de Bouzey, seigneur de Saint-Germain, et de Marguerite de Brions, dame de Givry, portaient respectivement : écartelé aux 1 et 4, d’or semé de croissants de gueules soutenant chacun un grelot d’argent (Anglure), aux 2 et 3, à 3 pals de vair au chef chargé d’une merlette (Châtillon), et : d’or au lion de sable (de Bouzey).
René d’Anglure était le fils de Simon, dit Saladin d’Anglure, vicomte d’Etoge, chambellan de René d’Anjou, chevalier de l’Ordre du Croissant (+ aout 1499) et de (marié en 1458) Jeanne de Neufchâtel, vicomtesse de Blaigny, dame d’Ancy-le-Franc, morte en juillet 1504, fille de Humbert de Neufchâtel, seigneur de Nanteuil-la-Fosse et de Claude de Tannerre, dame de Plancy.


© University of Kentucky Libraries, Special Collections. Manuscrit Kentuckiensis IX, f. 128. Pieta. Avec la permission de Matt Harris et de ses collègues.

Catherine de Bouzey présentée par sainte Catherine (avec sa roue) ; René d’Anglure par saint René, évêque de Naples (cette partie est très effacée, mais on devine la crosse et la mitre. Voir la totalité du folio).
La prière \ »Vray Dieu de pitié et // vous benoiste pucelle …\ » me semble inédite. Pour une description plus complète et quelques illustrations voir le site de la Bibliothèque universitaire de Kentucky [ en ligne ]. Curieux manuscrit composé de deux Livres d’heures bien distincts et de date éloignée (XIV et XVe siècles).

La tombe commune des possesseurs du Kentuckiensis IX, René d’Anglure et son épouse, Catherine de Bouzey, peut se voir à Etoges (Champage-Ardenne, France), dans l’église Saint-Sulpice- Saint-Antoine. Sur la dalle de marbre noir se lit cette épitaphe (lecture de Moreri) :

Cy gist messire René d’Anglure en son vivant chevalier vicomte seigneur d’Estoges & de Ferchampenoise ayant la charge & conduite de cent hommes d’armes au service des rois de France en leurs guerres tant en France qu’en Italie aux batailles de Pandin*, Ravenes**, Ecte*** & autres batailles & rencontres qui trépassa le sixième jour d’octobre 1529 & dame Catherine de Bouzey sa femme & épouse dame de Givry en Argongne issue & sortie de hauts & puissans princes messieurs les comtes de Rodemack laquelle trépassa le dixième jour de mai l’an 1527 [* Pavie : 1525 ; ** Ravenne : 1512 ; *** Sainte-Brigitte ] :


[ Source ]

ETOGES, église Saint-Sulpice-Saint-Antoine : tombeau composé de 2 gisants en albâtre et d’une dalle avec épitaphe (restauré) – Le lion, symbole de la force et du pouvoir, est généralement associé à l’homme, alors que pour la femme, l’animal est le lévrier, symbole de fidélité : voir par exemple le tombeau de François II de Bretagne, à Nantes, ou celui de René de Beauvau et Claude de Baudoche au Musée Lorrain  © Inventaire – Merci à François du Fou pour cette remarque.


Armes d’Anglure / Châtillon sur le monument funéraire de François d’Anglure – © Inventaire

BIBLIO : Robert Neuville, Les Gisants de l’église d’Etoges, 1969 (non consulté). – Généalogie d’Anglure, branche des comtes d’Etoge, par Moreri en ligne –  La galerie d’Etoges en ligne

MANUSCRITS EN RELATION

Stockholm, Koninklijke Bibliotheek. Ms. A 228, Heures à l’usage de Cambrai de Marie de Verres et de François d’Anglure, fils de René d’Anglure. 38 grandes miniatures. Notes sur la famille de François d’Anglure. 2 campagnes, dont  ca 1480, atelier de Simon Marmion. Quand la peinture était dans les livres : Melanges en l’honneur de Francois Avril, Brepols, 2007, p. 149-150. Illuminated manuscripts and other remarkable documents from the collections of the Royal Library, Stockholm, Catalogue exposition, juin-sept. 1963, Stockholm, 1963, p. 14. [ Hanno Wijsman : Luxury Bound ]

Paris, BnF, Fr. 20318. Début XVe s. Valère Maxime, trad. de Simon de Hesdin, Faits et dits memorables. Armes d’Anglure / Châtillon dans l’initiale du f. 1.


© Paris, BnF, Fr. 20318, f. 1. Début XVe s. Page frontispice de Valère Maxime, trad. de Simon de Hesdin, Faits et dits memorables.
Voir notice du manuscrit sur le site de l’ENC, Miroir des classiques (Frédéric Duval et Françoise Vielliard)


© Paris, BnF, Fr. 25204. Statuts de l’ordre du Croissant, fondé par René d’Anjou (1448), f. 46. \ »Messire Saladin d’Anglure Vicomte d’Estauges // & Seigneur de Nogent\ », père de René d’Anglure Base BnF Images.


© Paris, BnF, Fr. 25238 [ source : gallica ] – Merci à François du Fou pour m’avoir signalé ce ms.

GLANES GENEALOGIQUES DES BOUZEY

… Il aurait aussi apparu aux dits commissaires, par une sentence des assises de notre dite province de Vôge du 19 décembre 1435 par le testament du dit sieur Thiriet de Bouzey du 21 avril 1436, et par le partage des biens du 25 novembre. Avant comme aussi par deux autres titres des années 1473 et 1499 que le sieur Guillaume de Bouzey qui avait épousé Jeanne de Malain, et le sieur Liébaut de Bouzey marié à catherine de Thuillières, étaient frères des dits Vautrin et Jean Bougno de Bouzey. Que Barbe de Bouzey aurait épousé le sieur Jacques de Savigny, seigneur de Monthureux, et que Catherine de Bouzey aurait été mariée au sieur René d’Anglure, vicomte d’Estôges et de Bassigny. Le sieur Nicolas de Bouzey, seigneur du dit Boouzey, du Ballion de Saint Elophe et de Brancourt voulant imiter ses ancêtres aurait épousé Didière de Barezey, dont il aurait eu le sieur Mengin de Bouzey, auquel il aurait inspiré ses sentiments, ce qui aurait été reconnu par l’alliance qu’il aurait contracté le 30 juin 1496 avec damoiselle Adeline de Salvan, fille du sieur Jeannon de Salvan, seigneur de Valleroy aux Saules, et de dame Adeline d’Autrey son épouse, le sieur Jean de Bouzey, seigneur de Dombrot et de Saint Germain, fils du dit Jean Bougno de Bouzey et petit-fils de thiriet de Bouzey, les sieurs Georges de Savigny, Jean du Moustier et François de la Vaux, auraient assisté à la passation de leur contrat de mariage, par lequel il aurait été stipulé, qu’en considération d’une donation de dix huit mille francs de préciput qui aurait été faite à la dite Adeline de Salvan par ses pères et mères, les enfants qui naîtraient de leur mariage seraient tenus et obligés de porter les noms et armes de la Maison de Salvan, et ne pourraient reprendre celui et celles de Bouzey qu’en cas que la ligne collatérale de la Maison du dit Bouzey viendrait à s’éteindre, ce qui aurait été observé par le sieur Jean de Bouzey, leur fils, seigneur du dit Bouzey qui aurait commencé à porter le nom de Salvan, pour lors éteint, il aurait épousé damoiselle Antoinette de Montfleur, fille du sieur Georges de montfleur, seigneur de Fontenoy les Montbozon, et de dame Marguerite de Pauyette, et dans la passation de leur contrat de mariage du 28 juin 1547… [ source ]

LIENS

<> La page de Scott Gwara
<> Le département Special Collections de l’Université de Kentucky

<> Abrégé de la vie de saint René, évêque d’Angers ; par l’abbé René[ numérisé sur Gallica ]

© Paris, BnF, Latin 1156A, f. 61. Ca 1435. Heures de René d’Anjou : saint René et portrait de Louis II d’Anjou. Maître de Rohan.

POSTSCRIPTUM
(1) François AVRIL me fait savoir qu’il avait déjà lui-même identifié René d’Anglure et Catherine de Bouzey dans le Kentuckiensis IX , information publiée par [Maxence Hermant, \ »La commande artistique en Champagne du Nord au XVIe siècle : les vicomtes d’Étoges et leurs tombeaux\ », dans Etudes marnaises, 2006, p. 95-120. Je l’en remercie. Dans ce même article Maxence Hermant (BnF) identifie les armes du ms BnF, Lat. 20318, cité plus haut.

12 Jan 2012
Jean-Luc Deuffic

Les Heures de Loys de Halewyn (Louis d’Halluin, + 1519), chambellan de Louis XI : San Marino (CA), Huntington Library, HM 1171

M. de Pienne [=Louis d’Halluin], lequel fut aussy un très sage et bon capitaine, de fort grande et ancienne maison, que le roy aimoit fort et qui le servist en tout voyage. Il fut gouverneur de Picardie, qu’il gouverna très sagement et sans reproche… (Brantôme)

Le manuscrit de la bibliothèque californienne de San Marino, Huntington Library, HM 1171, un Livre d’heures exécuté vers 1500, offre au f. 37v, dans la scène de l’Annonciation, la représentation d’un chevalier en prière, les mains jointes, revêtu de son armure et d’une tunique à ses armes, ceint du collier de l’Ordre de Saint-Michel, un casque à ses pieds. Il s’agit présentement des armes de la famille d’Halluin, seigneurs de Piennes (d’argent à trois lions de sable armés, lampassés de gueules et couronnés d’or, chargé en abîme d’un écusson d’azur à la fasce d’or, accompagnée de six billettes du même, 3 en chef et 3 en pointe), et le personnage en question pourrait être Louis d’Hallouin, chevalier de l’ordre, de la promotion de 1495
François AVRIL me précise que la décoration de ces Heures est l’oeuvre d’un enlumineur rouennais prolifique, Robert Boyvin, actif autour de 1500, qu’ Isabelle Delaunay a particulièrement étudié : \ » Le manuscrit enluminé à Rouen au temps du cardinal Georges d’Amboise : l’œuvre de Robert Boyvin et de Jean Serpin \ », dans Annales de Normandie, 1995, p. 211-244.


© San Marino (CA), Huntington Library, HM 1171. f. 37v. Louis d’Halluin en prière. L’ Annonciation. Détail.

II + 177 f. 195 x 140 mm. 23 longues lignes. Description et photos sur Digital scriptorium (http://www.digital-scriptorium.org) [ en ligne ] –  [ Catalogue en ligne de la Huntington Library ] – Au f. 29 et 61, les armes d’Halluin ont été également peintes au dessous des miniatures représentant la Trahison de Jésus et  l’Annonce aux bergers. Biblio : C. W. Dutschke with the assistance of R. H. Rouse et al., Guide to Medieval and Renaissance Manuscripts in the Huntington Library, San Marino, 1989. De Ricci, 102.


© San Marino (CA), Huntington Library, HM 1171. f. 52. La Crucifixion

La famille flamande van Halewijn, francisée en d’Halluin, tire son origine de la ville de ce nom près de Lille.
Né vers 1450, Louis d’Halluin, fils de Josse, bailli de Flandres, et de Jeanne de la Trémouille, s’attacha aux cours des ducs de Bourgogne Philippe le Bon et de Charles le Téméraire. De par son père, il était lié à la famille de Bruges-la Gruthuse, une des plus puissantes du comté, et, par alliance, au célèbre Philippe de Commynes. Il épouse en effet vers 1475 Jeanne de Ghistelles, fille de Jean, seigneur d’Esquelbecq, grand veneur de Flandre et de Jeanne de Bruges-la Gruthuse (de gueules au chevron d’hermines, accompagné de trois étoiles d’or, deux en chef et une en pointe), qui décédera avant lui. En 1474, Louis de Halluin est chambellan et capitaine de cinquante lances au service du dernier duc de Bourgogne. Assiégé dans Saint-Omer dont il est capitaine, Louis d’Halluin est fait prisonnier par Louis XI, auquel il se rallie un peu plus tard. Le roi le prend alors comme chambellan, le fait capitaine de Montlhéry (lettre du 14 mars 1480).
Louis d’Halluin revendit (10,000 livres par contrat passé le 25 juin 1493) à Charles VIII, l’hôtel parisien d’Hercule de la rue des Charités-Saint-Denis (des Grands-Augustins), nommé ainsi à cause des fresques peintes sur les murailles représentant les travaux d’Hercule) qu’il avait acheté neuf ans auparavant de Jehan de la Driesche, président de la cours des comptes, son rebâtisseur. L’Hôtel du roi près les Augustins fut souvent fréquenté par Louis XII, qui y venait souvent avec Anne de Bretagne, le trouvant spacieux commode et agréable. Cf. Topographie historique du vieux Paris, Région occidentale de l’Université, p. 215. Louis était également possessioné à Auteuil, et à Passy, avec notamment son \ »fief de Saint-Pol\ » (E. Coyecque, Recueil d’actes notariés relatifs à l’histoire de Paris et de ses environs au XVIe siècle, Volume 2, 1923, p. 23).
En 1494, il accompagne le roi Charles VIII à son voyage de Naples, et à la bataille de Fornoue (Fornovo), il fut un des six chevaliers que le roi choisit pour combattre auprès de sa personne, revêtus d’habits semblables aux siens. 
Maître des cérémonies lors du couronnement de Charles VIII à Naples (22 février 1495)
Louis d’Alluin fait chevalier de l’Ordre de Saint-Michel en 1495.
Aux obsèques de Charles VIII, le seigneur de Pienne, avec trois autres chambellans, tient le drap d’or au-dessus du cercueil du roi.
Le 6 juillet 1498 il achète d’Arthus de Villequier la seigneurie de Maignelay en Beauvaisis (aujourd’hui Maignelay-Montigny), dont il reconstruisit l’église et l’antique forteresse dans un style puisé de ses voyages italiens.
En juillet, lors de l’entrée de Louis XII à Paris, Louis d’Halluin est à sa droite. Le nouveau roi l’honore en lui confiant plusieurs missions diplomatiques, comme celle de la négociation en Allemagne, en 1501, ou de l’investiture du duché de Milan reçue du roi des romains.  
Louis XII le fait gouverneur et lieutenant général de la Picardie en 1512.
sous Louis XII enfin, Louis d’Hallewyn, seigneur de Piennes, avait offert sa propre effigie, en argent, prosternée devant l’image (Hist. de N. D. de Boul. par Ant. Le Roy)
Mandement à la Chambre des Comptes d’allouer aux comptes du receveur de Normandie 1,800 livres tournois, données par le roi à son chambellan ordinaire Louis de Hallwin, seigneur de Piennes. Paris, 16 octobre 1516 (Original. Bibl. nal., Pièces orignales, Hallwin, vol. 1468, p. 17).


Quittance de Louis d’Halluin. 1519, quatre mois avant son décès [ source ].

1516 : Provisions pour Louis de Hallwin de l’office de gouverneur et bailli de Péronne, Montdidier et Roye.

LE RÉCIT DES FUNÉRAILLES grandioses de Louis d’Halluin nous a été conservé :

L’ordre qui a été tenu aux obsèques et funérailles de feu très excellent chevalier sans reproche, Louis D’Halluin, seigneur de Pienne, conseiller, chambellan ordinaire du roi, chevalier de son ordre, lieutenant général et gouverneur en Picardie, lequel rendit son âme a Dieu le 12 décembre 1519 a 9 heures du soir en son chateau de Maignelay [ voir la relation complète en ligne ]


© San Marino (CA), Huntington Library, HM 1171. f. 110v. L’homme riche et Lazare. Détail.

Louis Graves, dans son Précis historique du canton de Maignelay, précise que Louis d’Halluin \ »donna au roi les livres de son cabinet pour augmenter la bibliothèque royale qu’on avait transportée à Blois …\ » [ Lien  ] [ information à confirmer …]

Un exemplaire du Champion des dames de Martin Le Franc, réalisé à Lille vers 1470-1475, porte les armes d’Halluin, celles de Josse ou de son fils Louis. Le manuscrit apparaît pour la première fois en 1544, décrit comme « Ung autre livre en papier hystorié couvert de cuir tanné intitullé le champion des dames commançant Le prologue du livre du champion des dames ».  Après la mort de Louis, en 1519, le manuscrit tombe entre les mains du roi :


© Paris, BNF, Mss, fr. 841, f. 1.
Martin le Franc présente son oeuvre à Philippe le Bon. Le Champion des dames
Voir en ligne l’exposition Miniatures flamandes

— Une plaque émaillée portant les armes de Louis d’Halluin et de Jeanne de Ghistelles d’Esclebecq sa femme, est reproduite par Havard à la p. 338 du t. II du Dictionnaire de l’Ameublement et de la Décoration. Cette plaque représente l’Annonciation. Dans le bas, deux anges soutiennent l’écu losangé, en tout semblable à l’un de ceux qui étaient sculptés sur les poutres de l’ancien château de Pernois. On ne connaît malheureusement pas le nom du propriétaire actuel de cet émail dont l’auteur serait Jean I Penicaud. Bulletin de la Société des antiquaires de Picardie, 1904, p. 75. [ en ligne sur GALLICA ]


© Inventaire général, ADAGP. Vitraux de Sainte-Marie-Madeleine de Magnelay

Paris, BnF, Fr. 2930 • Anc. 8466 • Recueil de lettres et de pièces originales : 26. Dépêche de « LOYS HALEVIN, JEFFROY CHARLES, CHARLES DUHAULTBOYS, ESTIENNE PETIT, G. MERIN, à monseigneur le cardinal d’Amboise, legat en France » (f. 51) – 55 Lettre de « LOYS DE HALEWIN à monseigneur le cardinal d’Amboise, legat en France. A Rommes, le XVe de mars » (f. 187)
Paris, BnF, Fr. 15540, f. 64. 21 avril 1484. Lettre de Louis d’Halluin au roi pour lui rendre compte de l’état des frontières de Picardie :


Numérisé sur Gallica

Biblio
Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France, par Anselme de Sainte-Marie [ en ligne ]
G. Dupont-Ferrier, Gallia regia : ou, État des officiers royaux des bailliages et des sénéchaussées de 1328 à 1515, Volume 4, p. 445, 447, 455  
D. Barbier, Louis de Halluin, Seigneur de Piennes, de Bugenhoult et de Maignelay, Comte de Guines, Gouverneur général de Picardie en 1512 [ en ligne pdf ]
Jean François Louis d’Hozier, Recueil historique des chevaliers de l’Ordre de Saint-Michel, Le Léopard d’or, 1998
L’Entrée et le couronnement du roi Charles VIII à Naples le 22 février 1495. [Paris: Antoine Vérard(?)]. 4°.

FRANÇOIS D’HALLUIN

François d’Halluin, 3e fils de Louis, fut le plus fastueux. Abbé de Saint Pierre de Chalons, il est nommé en 1502 évêque d’Amiens par une bulle du pape Alexandre VI alors qu’il n’a pas vingt ans … Comme d’autres prélats, il sert avant tout à la cour. Il concélèbre le mariage de Louis XII à Abbeville en 1514, accompagne François ler à Compiègne en 1516 pour l’ouverture de la châsse de Saint-Corneille et participe aux conciles de Pise en 1511 et de Latran en 1514. Sa piété relative est compensée par un mécénat important… Il protège Charles de Bovelles, un humaniste picard qui rédige chez lui un commentaire sur l’évangile de Saint Jean et lui dédie ses ouvrages (De sapiente, 1509). Il restaure le château de Pernois, demeure des évêques d’Amiens, où comme dans l’église de son père (Magnelay), l’essentiel du décor est constitué par les emblèmes de la famille royale et les armes de la famille d’Halluin. Il fait enluminer les tableaux de la confrérie Notre-Dame du Puy à Amiens, qu’il adresse ensuite à Louise de Savoie, la mère du roi François ler. Il fait construire le cloître des minimes d’Amiens, participe aux frais des stalles de la cathédrale et de la reconstruction de la flèche. Enfin il se fait élever un somptueux mausolée dans le choeur de la cathédrale (détruit en 1751)… François d’Halluin se tua lors d’une chasse le 18 juin 1538 et fut inhumé sous une dalle nue dans l’abbaye du Gard. (D. Barbier)

Voir : Le premier livre des antiquitez, histoires et choses plus remarquables de la ville d’Amiens, 3e édition, Paris, 1627 … Par Adrian de La Morlière, p. 267 [ en ligne ]


© Besançon, BM, 135. Pontifical de François d’Halluin. Plusieurs photos dans la base ENLUMINURES – ou INITIALES – Armes aux f. 2, 19, 23, 60, 104. Le manuscrit est passé par la suite à saint-Pierre-le-Vif de Sens par don des héritiers de Pierre de Tours. V. Leroquais, Pontificaux manuscrits, I, p. 79-80, n° 26.
Manuscrit complémentaire du Paris, BnF, Lat. 971. Autre pontifical à Baltimore, Walters Art Museum, 303. Voir Medieval and Renaissance Manuscripts in the Walters Art Gallery, France, 1420-1540, II, p. 492-497, et fig. 361-364, 394. Le rapport entre les pontificaux  de Besançon, de Paris et de Baltimore a été signalé par François AVRIL à Lilian RANDALL qui en a fait état dans son catalogue des manuscrits d’origine française de la Walters Art Gallery, p. 496.

FRANCOISE D’HALLUIN


Cathédrale de Beauvais. Vitrail. Saint François et Françoise d’Halluin [ source photo ] – Sur les vitraux de Beauvais voir entre autres [ Société académique de l’Oise ] – Michael W. Cothren, « Why did Louis de Roncherolles commission a stained-glass window for Beauvais in 1522? », dans The Art Bulletin, 2001 [ extr. en ligne ] – Photos de Walwyn sur Flickr [ en ligne ]
Verrière, réalisée en 1522, est attribuée à Engrand Le Prince dont on reconnaît indubitablement le style. Au registre inférieur sont figuré les donateurs avec leur saint patron : Louis de Roncherolles, gouverneur de Péronne, Roye et Montdidier, et son épouse Françoise d’Halluin. Les compositions sont en partie inspirées de gravures de Dürer, librement adaptées. [ inventaire ]

Le nom de Françoise d’Halluin, fille de Louis d’Halluin et de Jeanne de Ghistelles, reste associé au superbe Livre dheures de Louis de Roncherolles, son époux, manuscrit utilisé comme Livre de raison, aujourd’hui conservé à la Bibliothèque parisienne de l’Arsenal (ms 1191) :
XVe-XVIe siècle. Latin et français. Parchemin. 105 f. 202 × 130 mm. Reliure en maroquin vert. Au dos, le chiffre de Gaignières. Tranches dorées. Encadrements, bordures. A pl. f., dans la bordure : « Louis de Roncerolles », « Ronceroles » ; de même, les initiales « L. D. R. ».  22 grandes miniatures (f. 4, 7, 9, 11, 16, 21, 26, 27, 28, 31v, 36v, 40v, 43v, 47, 55v, 56, 60, 77v, 96, 97, 102v, 103. 67 petites miniatures (f. 5, 5v, 6v, 11v, 12v, 13v (2), 14v, 15, l6v, 30v, 31, 33v, 35, 35v, 38v, 39, 42v, 43, 45v, 46, 62v, 63, 63v, 66, 66v, 67, 70, 70v, 71, 78, 78v, 79 (2), 80, 81, 81v (2), 82, 82v, 83 (2), 83v, 84, 84v, 85v (2), 86, 86v, 87, 87v, 88 (2), 88v, 89, 89v, 90 (2), 90v, 91 (2), 91v, 98, 98v, 100v, 101, 102. 24 petites miniatures au calendrier. Aux f. 102v, les armes de la famille de Louis de Roncherolles et de Françoise de Hallewin, au f. 103 celles de Jeanne de Ghistelles femme de Louis d’Halluin. Gaignières a fait une description très-détaillée de ce manuscrit, publiée par M. L. Delisle, Le Cabinet des manuscrits, I, 349-350 :

De la bibliothèque Fremont d’Ablancourt, puis de Gaignières.
    Fol. 1. Calendrier en français
    Fol. 4. Passages des quatre évangiles, suivis des oraisons Obsecro te et O intemerata
    Fol. 11. Passion selon saint Jean
    Fol. 16. Heures de la Vierge
    Fol. 47. Les sept psaumes et les litanies : saints Mellon, Godard et Médard, Romain, Ouen, Sever, Lô, Eloi, Gilles, Julien, Tau […]
    Fol. 56. Vigiles des morts
    Fol. 77v. Antiennes et oraisons
    Fol. 97. Oraisons en français
    Fol. 98v. Oraison à la Vierge, en vers français
    Fol. 100v. Autre
    Fol. 101. Oraison latine
    Fol. 102. Oraisons et antiennes des saints Cosme et Damien, Louis, Hubert
    Fol. 103v-105. Journal de Louis de Roncherolles (1472-1519), contenant les dates de naissance et de mariage de lui, Louis de Roncherolles et de sa femme, Françoise de Hallewin, et les dates de naissance et de baptême, avec les noms des parrains et marraines, de ses douze enfants : « Adrian », 25 mars 1505 ; « Pierre », 12 avril 1506 ; « Loys », 21 mars 1506 [1507] ; « Phlippes », 1er mai 1508 ; « Marie », 26 octobre 1509 ; « Françoys et Hubert, frères d’une ventrée », 17 décembre 1510 ; « Laurens », 20 juillet 1512 ; « Jehan », 31 janvier 1513 [1514] ; « Susanne », 16 mai 1516 ; « Magdalene », 4 février 1517 [1518] ; « Anne », 18 octobre 1519 :

Mons. Lovs de Roncerolles baron de Heugueville et du Pont S. Pierre fut né à Chatillon-sur-Marne le xxe jour de décembre mil IIIIc LXXII et le tint sur fons mons. Loys de Laval Sgr de Chastillon en Bretaigne, Jehan de Roncerolles son frère et damoiselle Agnès de Vauldray, et espousa madamoiselle Françoise de Hallewin cy après escripte le pénultième jour d’avril l’an mil cinq cens et quatre.
Le xixe jour de décembre le vendredi des quatre temps au soir à ix heures l’an mil IIIIc  IIIIxx et XIII madamoiselle Francoise de Hallewin fut née à Passy près Paris et furent ses parrains et marraines mons. de Vandosmes madamoiselle Marie de Ghistelle sa tante et madame Jehane de Hallewin sa sœur.
Adrian de Roncerolles premier fils des dessus dits fut né dudit Roncherolles le mardi xxve de mars environ viii heures du soir l’an mil cinq cens et cinq et furent ses parrains et marraines mons. de Piennes père de la dite damoiselle Françoise pour principal parrain lequel le fit tenir par mons. de Buguenon son filz ainsné et mons Descrebècgs son filz puisné son second parrain et ses marraines madame de Piennes sa grant-mère et madamoiselle du Neufbourg sa tante sa seconde marraine et fut baptizé en la chapelle de Roncerolles par maistre Phle Lebouteiller curé et chanoine de Nostre Dame d’Escouys.
Pierre de Roncerolles second filz des dessus dis fut né audit Roncerolles le jour de Pasques entre trois et quatre heures du matin xiie jour d’apvril l’an mil cinq cens et six et furent ses parrains et marraines mons. d’Amyans frère de ma dite damoiselle Françoise de Hallewin, mons. de Rambure, madame de Rambures et madamoiselle de Buguenon … (publié entièrement dans la Revue Catholique de Normandie, 1894, p. 129-131)

Biblio : M. Pecqueur, \ »Manuscrits armoriés de l’Arsenal\ », dans Bulletin de l’IRHT, n° 4, 1955, p. 120. Notice sur la base BnF Archives et manuscrits.


© Paris, Arsenal, 1191. Heures de Louis de Roncherolles, f. 103 : armes de Louis d’Halluin et de Jeanne de Ghistelles
Plusieurs folios sur BnF Images

Voir la base d’Hanno Wijsman (IRHT) \ »Luxury Bound\ » pour plusieurs manuscrits associés aux Hallewijn ( et dans son ouvrage : Luxury Bound. Illustrated Manuscript Production and Noble and Princely Book Ownership in the Burgundian Netherlands (1400-1550), Brepols, 2010, p. 369-373.

LIEN
Société historique de Maignelay-Montigny

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