Du nouveau sur le Marquis d’Assérac …
Nous avions, il y a plusieurs mois déjà, présenté nos recherches sur la bibliothèque de Jean Emmanuel de Rieux, marquis d’Assérac, personnage énigmatique et attachant. Des investigations dans le fonds des religieuses du Calvaire de la Compassion aux Archives nationales nous ont permis de retrouver certains détails intéressants et inédits sur la fin de cet homme qui laisse pourtant entrevoir encore quelques interrogations sur le lieu de sa sépulture…
Le registre coté L 1053, n° 62, sous couverture parchemin, in-4°, porte sur le premier plat :
\ »Registre de lan 1633 des Personnes / Religieuses et Seculieres / Enterrées dans linterieur / de nostre monastere et / dans leglise dud. / hors du Calvaire de St / Germain jusqu’a lan / 1695\ »
On peut lire à la p. 33v :
Le 28e septembre 1657 le corps de Monsieur Jean Emanuel de Rieux Marquis d’Asserac fut aporté en se monastere par le clergée de la paroisse de St Gervais, Monsieur de Garnache nostre visiteur le fut ressevoir a la porte de nostre eglise accompagné de nos Messieurs ecclesiastiques les religieuses à la grille de la tribune avec les luminaires chantant les repons ordinaires, les ceremonie faite, il fut exposé dans son lit funebre a la chapelle de la Sacrée Famille de nostre eglise, ou il a esté inhumée au boudelant (1), atendant l’exécution des daisains de Madame la Marquise son epouse de faire faire un mosolée dans la chapelle de la Reyne de Médicis, En avoir fait les poursuitte pour obtenir la permission de Monseigneur le duc dorléans, son altesse royale fit l’honneur den ecrire a la communauté, elle fut assemblée capitulairement le 22 octobre 1657 pour en faire lecture :
\ »Mesdames, ayant apris du gentilhome que mon frere le duc dalbeuf, ma en voyé expres, que la dame dasserac, a daissain de nous demander a des conditions advantageuses pour vostre communauté la premiere chapelle de vostre eglise pour y faire la sépulture de feu sieur Marquis Dasserac son mary, jay bien voulu vous faire cette letre pour vous tesmoigner que vous me ferez plaisir de luy accorder sa demande, Et qu’en cela vous ferez une chose qui nous sera tres agréable Mesdames Vostre bon amy Gaston, de Blois ce 20e octobre 1657\ ».
Tous les baux dessains de la ditte dame Dasserac son terminée à ce point, rien na esté exécuté a la réserve d’une fondation d’une messe a perpétuité pour feu son mary
(1) service que l’on fait pour un défunt un an après sa mort (?)
Cette tombe a été violée lors de la première révolution, la châsse en plomb de Jean-Emmanuel fut ouverte (même enlevée, dans un but allégué peut-être de prétendu patriotisme, pour être transformé en balles) et, un absurde faiseur de collections, se permit de détacher au marquis d’Assérac une dent qu’il montrait comme une curieuse antiquité. On remarqua que ce seigneur avait la barbe et les cheveux roux. Pour éviter d’aussi indiscrètes visites, on a muré depuis le caveau. En 1880, quand on démolit l’église d’Herbignac, on découvrit, sous le marche-pied du maitre-autel, l’escalier conduisant à l’enfeu. Après le déblaiement des terres qui l’obstruaient, on put descendre de huit à neuf marches en granit, et on se trouva dans un caveau voûté en pierres de sept à huit mètres de long sur trois ou quatre de large. A l’extrémité, on aperçut des ossements, gardant parfaitement leur ordre naturel ; la tète était encore très bien conservée et portait presqu’intacte, la barbe et les cheveux, que l’on constata être de couleur rouge : on était en présence des restes de Jean-Emmanuel de Rieux. A son côté, dans le même caveau, on trouva un crâne dénudé, moins bien conservé que le sien : ce devait être celui de haute et puissante dame Anne Mangot, sa première femme, ou. peut-être, de Jeanne-Pélagie de Rieux, sa seconde, mais moins probablement de celle-ci, les registres paroissiaux d’Herbignac étant muets à son endroit. Les dépouilles du marquis et de la marquise d’Assérac n’ont point été transportées au cimetière paroissial, ainsi qu’on l’a cru et dit : on les a laissées dans le caveau, dont la voûte seule a été détruite, à cause de la différence de niveau. L’emplacement de l’enfeu se trouve aujourd’hui à l’entrée du transept, du côté de la nef, qui correspond à l’ancien chœur.[source : J. de Kersauson de Pennendreff, \ »Le château de Ranrouet et les seigneurs d’Assérac\ », dans Congrès archéologique de France, Nantes, 1886, Paris et Caen, 1887, p. 298-314, p. 307-308.
Quoiqu’il en soit, Jeanne-Pélagie de Rieux fut certainement inhumée au Couvent du Calvaire de la rue de Vaugirard :
Paris, AN, L 1053, n° 93 « sépultures de 1693 à 1723 », p. 5 :
« Tres haute et puissante Dame Madame Jeanne Pélagie de Rieux dame des comtez de Chasteauneuf, Montafilan et de Donge, Barone de la Hunaudes du Plecis Bertrand, etc. Veufve de feu haut et puissant seigneur Jean Emanuel de Rieux, en son vivant Marquis Dasserac, conté de Larg’., seigneur de l’Isle Dieu, bien factrice de ce monastere de la Compassion fut inhumée dans le cloistre devant la grande porte de l’église, par Monsieur l’abbé de Montigny nostre Reverend Père visiteur, accompagné de Monsieur nostre Confeseur, d’un grand nombre d’ecclesiastiques, de nos amis qui ont assisté a l’enterrement avec toutes les /p. 5v/ religieuses, ou toute les ceremonies de l’eglise furent observées regulierement le 25e jour de septembre 1693 ».
La Reverende Mere Madeleine de la Passion de Rieux, supérieure du Couvent de la Compassion, était la soeur du marquis de Sourdéac et de l’évêque de Saint-Pol de Léon, René de Rieux, enfants de René de Rieux et de Suzanne de Saint-Melaine.
Kristian Brisson (1927-2013)
Dérogeant quelque peu à la tradition de ce blog, je ne peux passer sous silence, ce 25 janvier 2013, la mort de Kristian Brisson, mon professeur d’anglais au collège Saint-Pierre de Plougastel (Finistère). La disparition de celui qui m’initia à l’histoire de la Bretagne et de ses origines m’attriste profondément : c’était un homme de grande culture, modeste et amoureux de la langue bretonne.
Né à Ivry en 1927 dans une famille originaire de Concarneau, Kristian Brisson a été attiré très tôt par l’écriture et par la musique et, à l’âge de 17 ans, il a décidé d’écrire en breton. Il a commencé sa carrière d’enseignant comme instituteur à Rennes (collège Notre-Dame de La Palestine), puis est devenu professeur d’anglais et de breton, en poste d’abord à Sizun, puis à Plougastel (collège Saint-Pierre). Il a publié des poésies, des nouvelles et plusieurs romans en langue bretonne :
Billet sur EMGLEV AN TIEGEZHIOÙ
« Aveux » de Philippe de Harville (1529-1530)
© Binoche & Giquello. Philippe de Harville présente son aveu au roi François 1er
La maison Binoche & Giquello (expert : Emmanuel de BROGLIE) propose à leur vente du 23 janvier un aveu enluminé de Philippe de Harville, pour sa seigneurie de Millemont (1529)
Lot n° 83 :
« Avev de Millemont 1529 ». Manuscrit de la première moitié du XVIe siècle, calligraphié et enluminé sur peau de vélin, en un volume in-4° (225 x 315 mm), daim vert, tranches dorées (reliure début XVIIIe s.). 39 f., dont 37 sur peau de vélin: 2 [bl.] + 34 + 2 (in-8°) + 1 [bl.]. Premier feuillet de texte orné d’une grande lettrine enluminée (94 x 90 mm) montrant le seigneur de Millemont en train de présenter son livre d’aveu au roi François Ier. Large bande, également enluminée, en marge extérieure et en pied. Composition du volume :
— procès-verbal, dressé par Pierre Bureau, bailli de Neauphle-le-Châtel, de l’aveu rendu au Roi par devant notaire, le 24 janvier 1529 [i. e. 1530 n. st.], par Philippe de Harville, seigneur de La Grange-du-Bois, Saint-Germain-de-Morainville, Thiverval, Plaisir, La Chesne et Millemont, pour ses fiefs, terres et seigneuries dépendant de la baronnie de Neauphle (f. 1r – 32r)
— procès-verbal de l’aveu rectificatif du précédent, dressé le 24 octobre 1530 (f. 32r – 34r)
— transcription de deux lettres patentes du Roi du 1er février 1537 [i. e. 1538 n. st.] relatives à ces aveux (2 ff. in-8° sur papier). Reliés à la suite, 37 f. du début du XVIIe s.
— procès-verbal concernant ces aveux, dressé par le lieutenant civil et criminel du bailliage de Montfort-l’Amaury, le 24 avril 1608 (1 f.)
— copie collationnée à la même date des aveux précédents de 1529 et 1530, suivie de celle des lettres patentes de 1537 (f. 1r – 35r). Ex-libris manuscrit en page de garde de Louis de Harville, sieur de Millemont.
Source : Binoche & Giquello : catalogue en ligne
La Houghton Library de l’Université de Harvard (Cambridge, USA) conserve un aveu similaire (MS. Typ 0475), de même format (222 x 300 mm), portant la date du 23 janvier 1529, dressé ici pour la seigneurie de \ »Neauphle le Chastel\ » (Neauphle-le-Château) :
© Cambridge, Harvard University, Houghton Library, MS Typ 0475 – (Source : Houghton Library. MS Typ 475 http://nrs.harvard.edu/urn-3:FHCL.HOUGH:864055)
A Tous ceulx qui ces presentes lectres verront Pierre Bureau Escuyer licencié en loix advocat en la court de parlement et bailly de Neauphle le Chastel pour le Roy nostre sire salut. Savoir faisons que par devant Thomas Fleury clerc tabellion juré en la chastellenie dudict Neauphle fut present en sa personne Noble homme Philippe de Harville escuyer seigneur de la Granche, du Boys de Sainct Germain, de Morainvillé, Thiverval, Plaisir, La Chesne et Meillemont Lequel advoua et par ces presnetes advoue a tenir en plain fief a une seulle foy et hommaige du Roy nostredict seigneur a cause de son chastel, baronnie et chastellenie dudict Neauphle le Chastel Les fiefs arrierefiefs, terres et seigneuries, possessions, heritaiges, dommaines, cens, rentes et choses qui ensuivent Cest assavoir Premièrement Le manoir de la Granche du Boys fermé a murs et a fossés …
Digital Medieval Manuscripts at Houghton Library :
Le manuscrit de la Houghton Library contient : 1. Aveu et dénombrement de Philippe de Harville \ »escuyer, seigneur de la Granche du boys, de Saint-Germain de Morainville, Thiverval, Plaisir, La Chesne, et Meillemont\ », 24 janvier 1529 (f. 1r-33v), avec une addition datée de 24 octobre 1530 (34r-35v) — 2. Aveu et dénombrement de Pierre de Harville, \ »escuier, seigneur de la Granch du boys, de Saint-Germain de Morainville, Thiverval, Plaisir en partie, la Chesne, Meillemont, et des quatre parts et portions, les cinq faisant le tout, de la terre et seigneurie de la Breteschelle\ » fait 16 juillet 1563 (ir-xxxviiir). Reliure aux armes de Louis-Hercule-Timoléon de Cossé, duc de Brissac
Voir aussi aux archives du château de Chantilly (1-CD-007), l’aveu de Philippe de Harville pour le fief de Villebois (6 juin 1531) :
Foi et hommage pour le fief de Villebois, fait par Philippe de Harville, seigneur de La Grange-du-Bois, au nom et comme tuteur d’Esprit et de François de Harville, enfants mineurs de feu Fiacre, « au village de Villebon en ung hostel qui fut et appartint à feu maistre Guillaume Fusée, en son vivant procureur en Parlement, auquel lieu ledit tuteur, parlant à Isabeau Picquet, femme de Jehan Dauxerre, soy disant fermière pour maistre Estienne Ferron, procureur en Parlement, a demandé s’il y avoit aud. lieu personne commis pour led. Ferron, en quelque droict que led. fief de Villebon luy appartînt, pour recepvoir les foy et hommage… »
Documentation : généalogie des Harville (Etienne Pattou)
Joyeux Noël et belle et heureuse année !
Grandes Heures d’Anne de Bretagne. © Paris, BnF, Lat. 9474 [ Gallica ]