Baltimore, Walters art Museum, W 282 : les Heures de Jean de Ricametz et Catherine de Barbançon
© Baltimore, Walters Art Museum
Le manuscrit Baltimore, Walters art Museum, W 282, Heures de l’Imaculée Conception, avec un calendrier à l’usage de Brugges, porte les notes de Jean de Ricametz et de son fils Christophe =
Sensuiuent les iours des stations qui sont a Rome sur certains iours de lan ainsi verres escript station.
16 octobre 1498, par Christophe, son fils : mariage de Jean de Ricametz avec Catherine de Barbançon, fille de Christophe de Barbançon
25 octobre 1507 : funérailles de Marguerite de Villers au cimetière des Augustins d’Amiens
18 mai 1515 (d’une autre main que les précédentes) : décès de Catherine de Barbançon, \ »damoiselle de Ricaumez\ », femme de Jean de Ricametz
f. 123-126v. Séquences dévotionnelles écrites par Jean et son fils Christophe.
Prières en français signées et datées : \ »Rycaumez. 1514\ » :
Puis que une fois mourir conuient /
fol est qui ne pense de lame /
Quant est du corps terre deuient /
Soit de noble home ou gentil femme. //
Statutum est hominibus semel mory / post hoc autem Iudicium. ad hebreos 9°. / Pries Iesus pour Rycaumez. 1514\ ».
Vers adressés sans par Jean de R. (ou Christophe ?) à sa femme mourante :
Mon tour viendra mort masuldra /
Et sy ne say /
quant che sera Quant dieu plesra Ie partiray /
Rycavmez / vostre mary\ »
f. 127v : \ »Guigemette de maulde de damoiselle de Ricaumez\ » (A)
De la main de Christophe, le nom Ricametz en lettres grecques : REKAOUMEZ
Décoration
f. 7. La Vierge des litanies et Jean de Ricaumetz
f. 14. Saint Florentius, Jean de Ricaumetz et sa femme
f. 17v. Saint Christophe, en relation avec Christophe de R. et Christophe de B
Ces presentes heures sont a Jehan de Ricaumez / seigneur dudit lieu et a Katherine de barbenchon / sa femme. Quy les trouvera en les rendant / bon vin avesra/ / Ricaumez – Iesus maria.
Jean de Ricaumetz et Catherine de Barbançon à Foufflin-Ricametz
On conserve encore à Foufflin-Ricametz, commune du Pas-deCalais, les dalles tumulaires de Jean de Ricametz et de Catherine de Barbançon, en pierre noire de Tournai, sculptées en haut relief, et encastrées dans le mur, à peu près à l’endroit où elles avaient été découvertes. Voir ici (photo médiocre)
La partie visible mesure 1 m. 83 de hauteur, et 1 m. 15 de largeur. Le seigneur de Ricametz, debout, les mains jointes, a le visage découvert, et la tête garnie d’une abondante chevelure bouclée. Il est revêtu de la cotte de mailles et de la cotte d’armes sur laquelle se voient, plusieurs fois répétées, les trois coquilles de son écu, et qui descend jusqu’à mi-cuisses ; il porte son armure sous sa cotte d’armes, et son épée et ses gantelets suspendus au côté gauche. Ses pieds reposent sur un lion couché dont on n’aperçoit plus que la tête. Au-dessus du chevalier est figuré l’écu des Ricametz : de [gueules] à 3 coquilles d’[or], timbré d’un heaume au cimier caché par la boiserie, et supporté par deux sauvages au corps velu. Autour de la pierre, sur le bord chanfreiné, est l’inscription :
[Chi gist haut et puissant] seigneur Jehan [de Ricaumez] en son viva[nt chevalier] Sr dudit Ricaumez de Rolecourt descoiv[re et d’Herissart qui trespassa le 28 de juillet (1)] lan mil chinq cens et quatre pries dieu pour son ame.
La seconde pierre tombale, placée à côté de la précédente, est celle de Catherine de Barbançon, femme de Jehan de Ricametz ; elle est de la même hauteur, mais elle est beaucoup plus large (1 m. 40) ; de plus, à dextre, est encore dissimulée derrière la boiserie une partie évidée d’environ 25 centimètres de largeur, où ont dû être incrustés les quartiers de la défunte. Sur cette dalle, est sculpté, aussi en haut relief, un cadavre dévoré par les vers, reposant sur une draperie dont une partie, ramenée en avant, recouvre le milieu du corps. De chaque côté des pieds et de la tête, quatre cavités, en forme de losange, avaient sans aucun doute contenu aussi quatre autres quartiers de noblesse. Trois larges banderoles épigraphiées entourent le personnage. On lit sur celle qui est placée à sa droite :
Chy gist Catherine de Barbe[n]chon fille de nobles et puissa[n]ts se[igneu]r et dame Christofle de Barbe[n]chon, en son viva[n]t ch[evali]er et sei[gneu]r de Cani et Varlues et de mada[m]e Jeh[an]ne de Sarrebruche Icelle Ka[theri]ne en son viva[n]t demoiselle de Che[n]pie[n]g et fame de Jeha[n] de Ricaumes, s[e]ig[neu]r dudit lieu Roilecourt Herissart [et] decoyures laquelle finit ses jours le vendredi xviiie jo[u]r de mai en lan mil V cens et qui[n]ze priez Ih[esu]s po[u]r elle.
Sur la banderole placée au-dessus de la tête osseuse du cadavre on lit ces deux vers :
Vermib[us] hic donor et sic oste[n]dere conor
Quod sicut hic ponor ponitur o[mn]is honor.
Enfin, les deux vers suivants sont sculptés sur la 3e banderole, à gauche du personnage :
Quis quis ades quia morte cades sta respice plora
Sum quod eris modicum cineris, pro me precor ora
Épigraphie du département de Pas-de-Calais, Volume 6, p. 338.
Généalogie Barbançon sur la base ROGLO.
Randall, II, p. 485-492, n° 203.
Luxury Bound (Hanno Wijsman)
Baltimore, Walters Art Museum
Foufflin, sur la carte de Cassini
« Tant que puysse » : le Livre d’heures d’Antoinette de Marquais (Baltimore, Walters Art Museum, W 243)
Le manuscrit Baltimore, Walters Art Museum, W 243, conservé dans une précieuse reliure d’époque, est un Livre d’heures de la seconde moitié du XVe siècle à l’usage de Tours, exécuté selon le catalogue dans l’est de la France (?). Pour ce qui est de la décoration, une seconde campagne s’est efforcée de produire plusieurs miniatures (voir ci-dessous, f. 65, par exemple) dans le style des années 1400-1420 : Lilian M. C. Randall utilise le terme \ »old-fashioned\ ». L’ouvrage se compose de 154 f. de 192 sur 140 mm, et est illustré de 12 grandes miniatures. Les Heures de la Vierge et l’Office des morts sont tourangeaux. On remarque au calendrier la fête de la dédicace de l’église Saint-Maurice au 7 janvier, sanctuaire qui fut la première cathédrale de Tours, édifiée par l’évêque Lidoire, prédécesseur de saint Martin. De même s’y trouvent les fêtes de saint Gatien (celle 19 octobre – Revelacio -, et celle du 18 décembre). Plus curieuse est la présence au 2 mars d’un abbé \ »Jovinus\ », que Randall identifie avec le saint breton Jaoua, connu comme évêque de Léon et premier abbé du monastère cornouaillais de Daoulas (Finistère) faisant, bien entendu, partie de la province ecclésiastique de Tours. Le copiste de ce manuscrit était-il d’origine bretonne, du pays de Léon ? Il faut pourtant se garder de prendre pour argent comptant les calendriers de ces Livres d’heures dont certains contiennent à n’en pas douter de grossières erreurs. D’autre part, à cette date on honorait aussi à Rome les martyrs Jovinus et Basileus …
Tombeau de saint Jaoua à Plouvien (Finistère) source
© Walters Art Museum, W 243, f. 65
Au f. 44v du manuscrit du W.A.M. une main a tracé :
tant que puysse / anthoinette de marquays
Antoinette de Marquay (anciennement Marquais), (d’or, fretté de gueules) dame du lieu (près de Bailleul-aux-Cornailles, au Nord/Ouest d’Arras), épousa Pierre d’Habarcq, chevalier, seigneur du village de ce nom et d’Aubigny la Marche, capitaine des ville et cité d’Arras, décédé le 23 octobre 1535, à 5 heures du soir. Ils furent inhumés dans l’église paroissiale d’Habarcq (Pas-de-Calais) qu’ils avaient fait bâtir, sous un tombeau exécuté par le sculpteur François de Vernay.
En 1835, le chœur fut pavé en pierres bleues. Ce travail mit à jour sous le marche pied de l’autel de la Sainte-Vierge, l’entrée d’un caveau où l’on trouva trois cercueils en plomb et très-anciens, renfermant, dit-on, les corps de Pierre de Habarcq, de Marie de Habarcq et de Gilles de Lens. Marie, héritière, épousa en 1550 Gilles de Lens, chevalier, baron d’Aubigny et gouverneur de Béthune (1).
Le Père Ignace qui a visité la plupart des lieux dont il parle, nous apprend qu’au moment où il écrivait, on voyait dans l’église le mausolée de Pierre de Habarcq enchâssé dans la muraille du sanctuaire, sous une voûte, du côté de l’évangile. Plusieurs ouvrages en pierres très-bien travaillées en faisaient les ornements. Pierre de Habarcq était représenté avec sa femme sous un marbre autour duquel on lisait l’inscription suivante :
Ci gisent Pierre d’Habarcq, chevalier, seigneur d’Habarcq, d’Aubigny-la-Marche, Villers-Châtel, capitaine de la garde de l’empereur, capitaine des ville et cité d’Arras, et Antoinette de Marquais, dame dudit lieu, de Warlus, laquelle mourut le 24 novembre 1529 et lui le 23 octobre 1530\ » (ou 1535). Source.
Source : Casimir de Sars de Solmon, sur le site de la BM de Valenciennes
22- Pierre de Habarcq, sr du dit lieu, Villers-Castel, … et Aubigny, gouverneur d’Arras mort en 1535. Il avoit épousé Antoinette de Marquais, dame héritière du dit liue, de Givenchy et de Colocamp, porte d’or, fretté de gueules, fille de Pierre de Markais, de Neufville, et d’Anne de Cotteret*.
* D’autres sources la donnent fille de Antoine de Marquais et de Bonne Le Borgne.
A Pierre Lambert, paintre, pour six grans blazons faicts sur pappier aux armes de feu Pierre de Habarcq, escuier, maistre d’hostel de mond. sgr, pour servir à ses oxèques (obsèques), a esté paié le 22e jour de septembre xv patars. (La Picardie, Volume 6, 1860, p. 556).
Autres inscriptions sur le Livre d’heures :
Motto et nom : \ »Votre sans plus / trazegnies\ » (f. 44v) ( = Le manuscrit London, British Library, Add. 41322, copié en France au début du XIVe siècle, porte 3 annotations de membres de la famille de Trazegnies, dont Jean III, chevalier de la Toison d’or, seigneur de Semeries et châtelain d’Ath dans le Hainault (1470-1550) : \ »Che livre est a mes’. Jeh. de trazeg. Sr. dirchonwez et lacheta a mons a Robert avalleur de vin, en septembre lxx\ » [1470]. Les armes de cette famille se trouvent sur les fermoirs du manuscrit. Noëlle-Laetitia Perret, Les traductions françaises du De regimine principum de Gilles de Rome, Brill, 2011, p. 151. Voir également le Paris, BnF, Fr. 23927 (Tractatus de origine, natura, iure et mutationibus monetarum) avec les armes de cette famille (ci-dessous) [ lien Hanno Wijsman – Luxury Bound ]
\ »Chette heure sont a / madame Darq\ » (f. 1)
f. 1 : \ »A madame / De Dudzelle / 1571\ » (= peut-être de la famille de Ghistelles, de la branche des seigneurs de Dudzeele ?)
f. 15v : \ »Votre bonne cousinne / Ysabeau Descorney\ » — \ »Votre bon amy / Jacques de Luxembourg\ » / Nul Ne la / J de luxe[m]bourg\ » (= Les \ »Jacques\ » sont nombreux dans la famille de Luxembourg …. Peut-être Jacques Ier de Luxembourg, seigneur de Fiennes et de Gavre, fils ainé de Thibaut, frère de Jean, cité ci-dessous, qui épouse Marie de Berlaymont (+ 1529), dame de Pommereulx, inhumés aux Jacobins de Douai). En 1473, Jacques est de ceux qui transportent le corps de la duchesse Isabelle de la chartreuse de Gosnay près de Béthune à celle du Champmol, près de Dijon. \ »Il servait comme conseiller – chambellan à la cour Charles le Téméraire et à celle de Marie de Bourgogne et de Maximilien. En 1479, ce dernier le nomme maréchal de l’ost et capitaine de Douai. Une année auparavant, en récompense de ses services Jacques avait été déjà été élu, lors du chapitre de Valenciennes, chevalier de la Toison d’Or\ ». [ source ]
f. 30v : \ »fille qui bien vos aime / Jaquelyne Descorney\ » = Jacqueline de Gavre, dame d’Escornaix, (d’or au lion de gueules, armé, larapassé et couronné d’azur, à la bordure engrôlée de sable) femme de Jean de Luxembourg, comte de Sottenghien, fils de Thibaut de Luxembourg, seigneur de Fiennes et de Philippote de Melun, mort à Chypre en 1485, sans postérité.
f. 74 : \ »Votre mary qui sera / philippes de habarcq\ » = Philippe de Habarcq, chevalier, mari d’Antoinette de Lalaing, père et mère de Pierre d’Habarcq.
Cette inscription semble indiquer que le Livre d’heures fut primitivement entre les mains de Philippe et d’Antoinette. Les de Lalaing ont une grande tradition bibliophilique …
Philippe, chambellan et conseiller du roi de France, était le fils d’Antoine de Habarcq et de Marie Jeanne Le Josne Contay ; Antoinette, fille de Josse de Lalaing († 1483) et de Bonne de La Viefville. Nous avons décrit sur ce blog, les Heures de Josse et de sa femme, Bonne [ lien / link ]
Philippe fit promesse en 1482 de maintenir la paix d’Arras (Lille, ADN, B 359)
Autres Armes peintes sur le Livre d’heures: aux f. 16, 79, 90 : écartelé, 1 et 4, fascé d’or et d’azur, de huit pièces, chargé en chef de trois annelets de gueules ; 2 et 3, de sable, au chef d’argent (= La Viefville et Milly, selon M. Pastoureau). Jeanne de Milly était aïeule de Bonne de la Viefville.
Armes non identifiées : f. 65, d’argent à la fasce de sable, accompagnée en chef de deux fleurs de lys de gueules, une autre en pointe ; f. 31, de sinople à la fasce de gueules ; f. 73v, d’hermines sur champ d’argent à trois chevrons.
(1) Avant la Révolution se voyait dans le chœur de l’église des Récollets d’Arras un mausolée : Gilles de Lens y était représenté à genoux, vêtu d’une cotte à ses armes (écartelé, d’or et de sable, timbré d’un heaume de profil surmonté d’une couronne de marquis, avec un cygne pour cimier) ; sa femme, Marie de Habarcq, était également agenouillée à ses cotés. Sur le socle du monument on pouvait lire :
Cy gisent les corps de hault et puissant seigneur Messire Gilles de Lens, au jour de son trépas chevalier, baron et seigneur d’Aubigny le Conte, seigneur d’Aix, Raymondrie, Grand Fossé, Vermelles, Gouy, Frémicourt, Blavincourt, Coges en partie, gouverneur et capitaine des ville et chasteau de Béthune, et noble dame Madame Marie de Habarcq sa compaigne, à cause d’elle seigneur etc.. lesquels allèrent de vie à trespas, à savoir ledit seigneur le Vendredi XXIIIIe jour de Mars 1563 avant Pasques et lad. dame le Xe jour d’Avril 1570. Pries Dieu pour leurs ames.
(Paris, BnF, Fr. 8238, f. 110.)
C’était probablement le cœur de Gilles de Lens et celui de Marie d’Habarcq qui avaient été déposés dans l’église des Récollets d’Arras car leurs cercueils en plomb se trouvaient dans un caveau de l’église d’Habarcq [ source ]. Une inscription conservée au Musée d’Arras énumère encore tous les biens de Gilles de Lens :
\ »Cy gist noble et puissant seigneur Messire Gilles de Lens, chevalier, en son temps gouverneur et cappitaine des villes et chastiau de Béthune, cappitaine de deux cens chevaulx, Sr d’Aix, Grand Fosse, Gouy, Loges, Bavincourt, beaumes, Pourchelet, Menricourt, Bully, Noiellette, Baron d’Aubigny le Comte et à cause de noble et puissante dame Madame Marie de Habarcq sa compaigne, Sr et fondateur de Ceens, Sr de Habarcq, baron d’Aubigny la Marche, Noiellette, Yzes, Agnez, Villers Castel, Le Vigne les arras, Givenchy le Noble, Wionville, Markais, Colleincamps, Warlus, Noevfuiroeul, Peti Dragon, Monchiet et Pumiers ; qui trespassa le vingt quatriesme de mars mil cincq cens soixante trois. – Pries Dieu pour son ame\ » (Épigraphie du département de Pas-de-Calais, Volume 1, p. 89).
Tableau généalogique
Philippe de Habarq x Antoinette de Lalaing
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Pierre de Habarq (+ 1530 ou 35) x Antoinette de Marquais
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Marie de Habarq, dame héritière, x (ca 1530) Gilles de Lens, sr d’Aix, baron d’Aubigny
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2 garçons et 4 filles
Biblio : Lilian M. C. Randall, Medieval and Renaissance Manuscripts in the Walters Art Gallery, vol. II/1, France, 1420-1540, 1992, p. 190-194, n° 138.
L’église paroissiale d’Hoogstraeten (Anvers) conservait des vitraux représentant Philippe de Habarcq et sa femme Antoinette de Lalaing (chapelle de la Sainte-Vierge, ci-dessous), et Josse de Lalaing et sa femme Bonne de la Viefville, verrières détruites en 1944.
[ source ]
Documentation sur la famille d’Habarcq : Archives des baronnie et château de Lucheux (pdf)
Château de Villers-Châtel (source)
© Paris, BnF, Fr. 23927. Frontispice, avec les armes de Trazegnies : bandé d’or et d’azur de six pièces, à l’ombre de lion de sable, brochant sur le tout, à la bordure engrêlée de gueules
Baltimore, Walters Art Museum, W 292 : Les Heures de Jacques Mareschal, seigneur de Senozan et châtelain de Cly
© Baltimore, Walters Art Museum W 292, f. 152
Lilian M. C. Randall, Medieval and renaissance Manuscripts in the Walters Art Gallery, Volume II, France, 1420-1540, I, p. 184-189, n° 137 (planche xivd, fig. 247-249, f. 21, 63, 88, 152)
Le catalogue exemplaire de Lilian M. C. Randall – d’une incroyable érudition -, décrivant les manuscrits médiévaux et renaissances du Walters Art Museum de Baltimore, présente sous la cote W 292 un Livre d’heures savoyard assez complexe de par sa composition et sa décoration.
Au f. 185v de ce manuscrit, détail assez remarquable pour ce genre d’ouvrage, une main contemporaine a ajouté l’obit, du 10 septembre 1493, d’un Jacques Mareschal :
\ »Anno domini millesimo. Quadringesimo / Nonagesimo tercio, die uero martis decima mensis. Septembris. Obiit Nobilis / et potens Jacobus Marescalci. dominus / Sancti Petri de Senosano filius quondam / Nobilis et potentis bone memorie Iohannis / Marescalci. dominus de Combaforti et dicti loci de Senosano. Qui dictus. Nobilis. / Jacobus. dicessit ab humanis In dicto / suo castro de Senosano. Anno et die / predictis. de cuius anima requiescat in / pace. amen\ ».
Il faut reconnaître dans ce personnage Jacques Mareschal, fils de Jean (I), seigneur de Combefort, écuyer d’écurie et conseiller du duc Amédée VIII [donc un membre ordinaire de l’hôtel ducal], châtelain de Cly en Val d’Aoste, ambassadeur auprès de l’empereur en 1430 et 1431, et de (épousée vers avril 1442) Claudine de Chandée, dame de Senozan en Macônnais, fille (suivant Guichenon) de Lancelot III de Chandée, chevalier, et de Claudine de La Palud ; Claudine de Chandée testa le 28 juin ou juillet 1464 en faveur de ses fils Jaques et Jean.
Jaques, fils aîné, partagea avec son frère Jean (II) le 28 juillet 1474 comme co-châtelain de Cly, testa le 18 septembre 1493 (testament lu par Foras aux archives Thuyset, conservées aujourd’hui au château de Menthon-Saint-Bernard ), en contradiction de quelques jours semble-t-il avec la date de l’obit inscrit à notre Livre d’heures.
Jacques n’a pas été marié a priori, et n’a laissé qu’un bâtard, noble Richard, en vie en 1500, lorsque son oncle Jean (II) lui lègue son entretien sur les biens de Combefort ou de Sénozan.
Jean (II), frère de Jaques, fut seigneur de Combefort puis de Saint-Pierre-de-Senozan, conseiller et écuyer du duc de Savoie ; il épousa Anne Bonivard, dont il eut Jean (III), époux d’Urbaine de Duyn (-> sgrs de la Valdisère) et Jacques, chevalier, époux de Claude de Busseul, – leur pierre tombale est encore conservée en l’église de Sancé (voir ci-dessous)- , dont est issue une seule fille, Françoise.
Jacques et Jean (II) eurent aussi une soeur, Jeanne, épouse de Pierre Bonivard, chevalier, sgr de La Barre, veuve en 1489.
Source : Cte Eloi-Amédée de Foras, Armorial et nobiliaire de l’ancien duché de Savoie, 3e vol., Grenoble, 1893, p. 337 et suivantes, art. \ »Mareschal\ » ; p. 346-347.
Château de Cly au Val d’Aoste [ source ]
Revenons à notre Livre d’heures. Randall signale au f. 20 une miniature pleine page, ajoutée anciennement, de la Vierge à l’enfant où l’on remarque un homme et une femme présentés respectivement par saint Jean Baptiste et sainte Catherine, les armoiries étant effacées. S’agit-il des commanditaires du Livre d’heures ?
Au f. 172 (représentation ci-dessus), miniature du roi David en prières. Derrière lui, un chevalier agenouillé présenté semble-t-il par saint Maurice (faisait-il partie de l’ordre de Saint-Maurice créé en 1434, par Amédée VIII, premier duc de Savoie au château de Ripaille ?). Randall suppose quant à lui saint Georges … précise que les armoiries portées sur le tabard sont, d’or à la bande de gueules chargée de croix de Savoie, celles figurant sur le sol ayant été effacées, et que l’image a été repeinte. Ces armes nous paraissent différentes des armes des Mareschal peintes par ailleurs dans le manuscrit (en addition ancienne, f. 144, selon Randall), d’or à la bande de gueules chargée de trois coquilles d’or, habituellement portées par les Mareschal.
De même, au f. 172, à la miniature de la Crucifixion, repeinte (XV/XVIe s.), est représentée une femme dont les armoiries ont été effacées.
Château du Parc à Sancé : Au Mareschal, Plus tard, il devient le domaine des comtes de Senozan, avant d’intégrer le giron des Talleyrand, par l’effet du mariage de Madeleine Olivier de Senozan avec Archambaud de Talleyrand-Périgord, frère cadet de Talleyrand.
Château du Parc, à Sancé [ source ]
Cy gist noble et puissa[n]t seigneur messire // Jacques mareschal ch[eva]l[ie]r seig[neu]r de Senosam fo[n]dateur de cette p[rese]nte chapelle // et n[oble] Claude de Busseul sa femme dame du // part … et de Prily et Claude Mareschal leur fils laqu[e]lle dame // trepassat et son dict fils apres elle le // Xe d’avril l’an mil Vc et xII . Dieu veuille avoir leurs ames. Amen.
Par son testament du 24 août 1548, reçu par Barthélémy Gonere et Matthieu Chaland, notaires à Mâcon, Jacques Mareschal nomma héritière universelle sa fille Françoise, \ » femme de noble messire Jehan de Myolans, seigneur de Chevrières, et, après elle, l’ung de ses enffans masles, à la charge qu’il portera les noms et armes dudit seigneur testateur, suivant la forme du traicté de mariage de ladite dame Françoise Mareschal et dudit seigneur de Chevrières\ ».
Dans ce testament, il élit sa sépulture \ » en la chappelle qu’il a faict editiier et construire ès eglise et cimetière parrochial de Sancé, à l’honneur et louange de Notre-Dame-de-Lorette\ » : il règle le détail de ses obsèques et aumônes, fait des legs nombreux à sa femme Laurence-Françoise de Luyrieu, à ses serviteurs, etc. Dans deux codicilles des 23 août 1551 et 9 février 1555 (à cette dernière date \ » estant malade en son lict, au chastel et maison fort du Parc\ », il maintient sa fille héritière universelle, révoque ou modifie une partie de ses legs, plusieurs légataires étant morts ; décharge son héritière de \ » l’achapt de deux cloches de 60 livres tournois chacune, armoriées de ses armoyries\ » pour l’église de Sancé, car il les a fait faire ; fait un legs à \ »Jehan Mareschal dict Doyn (Duyn ou Duingt), seigneur de Combeffort et de la Vauldisière (Valdisere), son neveu, lui laissant aussi, \ » ledit seigneur codicillant, les droict et action qu’il pretend en la succession et hoirie de feu noble Pierre Mareschal, son cosin, seigneur du chastel de Sainct-Michel-en-Maurienne\ » ; prie son héritière \ » que la rente de troys quintaulx fromaiges et cent florins de Savoye ne soient poinct desunys ny séparés de ses maisons du Parc et de Senozan, affin que l’on cognoisse qu’il est yssu des maisons des Mareschal et Combeffort, et a bien peu, combien qu’il s’en soyt contenté, etc. \ » (Blbl. auct. Cahier parchemin, 12 feuilles in-4).
Je remercie Mireille Sambet, Cédric Mottier (Noblesse des Etats de Savoie) et François du Fou pour leur aide précieuse
Brigham Young University, L. Tom Perry Special Collections : new acquisition
Une nouvelle acquisition à Brigham Young University, L. Tom Perry Special Collections :
Brigham Young University, L. Tom Perry Special Collections
Heures françaises possédées par la Brigham Young University :
Harold B. Lee Library, Ms. 091 C286b 1490za : Heures à l’usage de Reims ou Chalons-sur-Marne – 156 f. 200 x 135 (110 x 100) mm. Paris, ca 1500. London, Sotheby’s, 5 Decembre 2000, lot 63 ; London, Sotheby’s, 26 juillet 1920, lot 318.
Harold B. Lee Library, Ms. Vault Agate 091 C286b 1400z. 218 F. 93 x 62 MM. XVe s. : Signature au f. 1r : \ »Ce volume a appartenu a St. François de Sales\ ». Inscription au f. 165r : \ »Ce p[rese]nt livre est a moy, je me nome Claude Fabry\ ». Autre au f. 165v : \ »Ce p[rese]nt livre est a moy qui me nome Claude Fabri …\ »
Ce nom est (malheureusement) courant. Il fut notamment porté par l’oncle du célèbre Nicolas-Claude Fabri de Peiresc !
Sur quoi s’appuie cette mention de saint François de Sales ?