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8 Avr 2010
Jean-Luc Deuffic

Florence, Biblioteca Laurenziana et Nazionale : six copistes et un prédicateur bretons


Yves Bernier
, du diocèse de Nantes, écrit en 1453 un Titus Livius pour le médecin et philosophe Socino Benzi (fils du célèbre Ugo Benzi), + 1479. Manuscrit Plut. 63.3, numérisé à cette adresse [ – lien – ]

Guillaume le Breton. Recueil (Gesta Karoli Magni quantum ad destructionem Carcassone et Narbone et ad constructionem monasterii Crassensis ; Gesta Rotolandi, etc). Au f. 80v (image 81v) « Explicit gesta Rotolandi martiris. Guillermus Brito me scribit in civitate Carcassone » Manuscrit Plut. 66. 27, numérisé à cette adresse : [ – lien – ]

Yves Le Moel : Le manuscrit de la Laurenziana, Ashburnan 1142 est un exemplaire de Terentius, du XVe s. Au f. 89v : Iste liber est Yvonis Le Moel, clerici Trecorensis.

Denis de Kerangarv. Manuscrit BN Conv. Sopr. G.3.418, Thomas Bradwardinus. Ego Dyonisius de Kerangarv scripsi hoc opus Parisius ad petitionem Francisci de Nerlis de Florancia, ordinis fratrum heremitarum …(f. 101v). XIVe s.

Raoul Le Breton. Manuscrit BN II.VI.1. Jean de Galles, Tractatus de vitiis et virtutibus. Au f. 84 : Radulphus brito, scriptor istius libri fratri Richardo de ordine fratrum minorum de Roma salutem …\ ». XIVe s.

Robert Le Breton de Kergroezes. Manuscrit BN, Conv. Soppr. B. I. 118. Pierre Auriol, Scriptum super primum Sententiarum. Terminé le 20 décembre 1330. « … et scripsit eum Robertus Brito domino Remigio de Florencia de pecunia patris ipsius domini Remigii de Florencia »

Frère Yves Alain
du couvent de Quimper prêcha à Florence en 1459 : Fr. Yvo Alani scripsit has sermones in conventu Florentiae anno Domini 246 (sic) dum erat ibidem biblicus positus per capitulum provinciale senis celebratum…. Manuscrit Plut. 20.34, f. 11V, numérisé à cette adresse : [ – lien – ]
Pas de doute, ce nom est bien breton,  … du reste voici l’explicit (f. 98r) :
Expliciunt Sermones per me Fratrem Yvonem Alani provinciae Turoniae Conventus Corisopitensis (l’ancien catalogue donne Corifoxiten (sic) in Conventu Florentiae Anno Domini 1459.

Il me semble que ces sermons sont inédits …

BIBLIOTECA MEDICEA LAURENZIANA

9 Avr 2009
Jean-Luc Deuffic

Le «Maître du Policratique de Charles V» : un enlumineur breton ?

François Avril, dans une belle étude sur Le parcours exemplaire d’un enlumineur à la fin du XIVe s. : la carrière et l’oeuvre du maître du Policratique de Charles V (1) a relevé au chapitre des relations professionnelles de l’artiste, « ses liens avec les copistes des manuscrits qu’il fut amené à illustrer, liens qui, dans un cas au moins, semblent avoir débouché sur un véritable partenariat. Trois noms de copistes méritent à cet égard de retenir notre attention, car tout trois étaient manifestement d’origine bretonne : il s’agit d’Yvon Lhomme, copiste du bréviaire-livre d’heures de Jean Pastourel (Paris BnF Lat. 14279), de Raoul Tainguy, copiste d’un Jeu des échecs moralisés (Paris BnF Fr. 2148), et surtout Jean Cachelart, avec lequel le Maître du Policratique semble avoir entretenu à la fin de sa vie des liens suivis puisqu’ils intervient dans au moins trois manuscrits signés ou attribuables à ce scribe. Cette collaboration répétée avec des copistes d’origine bretonne tient-elle à une communauté d’origine ? »

Pour conforter l’idée avancée de la possible origine bretonne du Maître du Policratique, signalons au moins deux autres copistes bretons oubliés dans la liste des oeuvres données par François Avril : Henri du Trévou (Bible en français, London BL Lansdowne 1175, possédé par Jean de Berry), et Henri Bossec, de Plovan au diocèse de Quimper (Paris Sainte-Geneviève, ms 34-36, Nicolas de Lyre, Postilles sur les livres de l’ancien et du nouveau Testament)


Jean de Salisbury, Le Policratique.
Traduction française de Denis Foullechat Pour Charles V (1372). Copié par le breton Henri du Trévou et Raoulet d’Orléans.
(c) Paris, BnF Fr. 24287 f 2.
Source photographique : Paris BnF


(c) CNRS/IRHT/ Bibliothèque Sainte-Geneviève
Manuscrit 35, f. 1. Maître du Policratique de Charles V


(c) CNRS/IRHT/ Bibliothèque Sainte-Geneviève
Manuscrit 34, f. 1. Maître du Policratique de Charles V
Copié par Henri Bossec, de Plovan
Source photographique : Liber Floridus
Bibliothèque Sainte-Geneviève [Lien]


(c) IRHT/CNRS / Médiathèque Caccano d’Avignon. Ms 207.
Livre de prières du cardinal Pierre de Luxembourg (1386)
Source photographique. Base Enluminures

Note
(1) In De la sainteté à l’hagiographie. Genèse et usage de la Légende dorée. Etudes réunies par Barbara Fleith & Franco Morenzoni, Droz, 2001, p. 265-282.

Biblio sur ARLIMA

8 Avr 2009
Jean-Luc Deuffic

Le chevalier breton Alain de la Houssaye et son manuscrit du Roman de la Rose

Monseigneur ALAIN DE LA HOUSSAYE fut, suivant Froissart, un des chevaliers bretons qui se distinguèrent à la bataille de Cocherel, en 1364. Il suivit, en 1366, Bertrand du Guesclin en Espagne, et se trouva à l’attaque de la ville de Birviesca, où il eut les deux bras rompus. Il accompagna aussi du Guesclin dans sa seconde expédition en Espagne, et combattit, en 1369, à la bataille de Montiel. D’Argentré prétend que ce fut dans la tente d’Alain de la Houssaye qu’Henri de Transtamare tua son frère D. Pedro ; mais Froissart raconte que la lutte entre les deux frères eut lieu dans la tente d’Yvon de Lakonet ou de Lescouët, gentilhomme breton. Les auteurs espagnols, favorables au roi D. Pedro, placent cette scène dans la tente même de Du Guesclin ; mais leur récit, peu favorable à ce grand capitaine, n’a pas prévalu. Alain de la Houssaye guerroya ensuite en France en 1371 et en 1378, et s’empara, avec Maurice de Trésiguidy, Alain de Saint-Pol et Guillaume de Montauban, capitaines bretons, de la ville de Cadillac, en Gascogne. Il figure avec un autre chevalier et vingt et un écuyers dans une montre reçue le 17 novembre 1373, à Valognes. Son sceau, apposé à une quittance de ses gages du 20 novembre de la même année, représente un échiqueté d’argent et de sable, avec une bordure. Supports : deux léopards. On le trouve mentionné avec la qualité de capitaine de Rennes, au nombre des chevaliers qui ratifièrent le traité de Guérande, le 1er mai 1381. Il était frère d’Eustache de la Houssaye, un des quatre maréchaux nommés, en 1379, par la noblesse de Bretagne, pendant l’absence du duc, pour repousser l’invasion française.
(De Couffon de Kerdellech, Recherches sur la chevalerie du duché de Bretagne, t. II, Nantes  Paris, 1878, p. 241)

Eustache de la Houssaye, compagnon d’armes de Duguesclin, et l’un de ses plus braves lieutenants, naquit vers 1340, vraisemblablement en Saint-Maden, près Diñan, comme le pensent quelques écrivains. D’autres, il est vrai, et Ogée est de ce nombre (v. Saint-Martin), le font naître dans la commune de Saint-Martin-de-l’Oust, près Ploërmel. Mais, ce qui nous porte à croire qu’Ogée a commis ici une de ces erreurs qui lui sont si fréquentes en matière de noms de lieux et de personnes, c’est que toutes les alliances d’Eustache de la Houssaye étaient avec les familles des Saint-Pern, des Du Buat, des Lanvallay et autres du pays de Dinan, et qu’il figure lui-même dans les monstres de Dinan et aux serments des nobles de cette ville. (D. Lobineau, passim). Enfin, dans la chronique gothique de la famille de Saint-Pern, Eustache est qualifié de seigneur de Ranléon [en Quedillac), et dudit heu de La Houssaye, ce qui donnerait lieu de croire qu’il était puîné ou cadet de la maison de La Houssaye, et que, par suite de son mariage, ou pour toute autre cause, il se serait fixé dans ses propriétés ou sur le territoire de Quédillac, peu éloigné de La Houssaye, en Saint-Maden. Au surplus, il ne peut y avoir de doute qu’entre Saint-Maden et Saint-Martin-sur-Oust, car rien n’autorise à penser qu’Eustache fût né dans aucun des lieux appellés aussi La Houssaye, dans les communes de Gaël, Parthenay, Plédran, Nozay, Plestan près Jugon, Saint-Alban, Trédaniel, etc. La première circonstance où l’histoire mentionne La Houssaye, c’est la bataille de Coche- rel (mai 1364) où, sur l’ordre de Duguesclin, il exécuta, à la tête de deux cents lances, un mouvement qui décida le succès de la journée et la prise du Captal de Buch. A la bataille d’Auray, il fut un des trois chevaliers qui dégagèrent Duguesclin, renversé de cheval et sur le point de tomber au pouvoir de l’ennemi. Ayant ensuite fait partie de l’expédition des Grandes-Compagnies en Espagne, il coopéra à la prise de Maguelone et de Bervesque, et eut le bras cassé au siège de cette dernière ville, en 1367. Lorsque le connétable fit, en 1378, son expédition clé Normandie, Eustache et son parent, Alain de La Houssaye, le suivirent et l’aidèrent à s’emparer de presque toutes les places du pays…
P. Levot, Biographie bretonne, p. 113-114.

Alain de la Houssaye épousa Marguerite de Montauban,  fille d’Olivier IV de Montauban, chevalier banneret, seigneur dudit lieu, de La Gacilly, de Goneville, de Romilly, de Quinéville, de Marigny, de Tuboeuf, de Craon, de Brisolette, de La Bréchardière et autres lieux, décédé en février 1389, et de Mahaut d’Aubigné, dame de Landal et d’Aubigné, (Paris BnF FR. 22332, f. 35)

Alain de la Houssaye était un guerrier ! Pourtant il avait de bonnes lectures … témoin cet exemplaire du Roman de la Rose, best-seller de l’époque, aujourd’hui conservé à la Biblioteca nacional de Madrid (Reserv. 5a-19). Ce manuscrit du milieu du XIVe s. porte en effet, à la fin du texte, cette note : Cest romant est messire Alain de la Houssoye, chevalier.

Manuscrit 290 x 203 mm. 159 f. Vélin. 37 lignes sur 2 colonnes. 28 miniatures. Quelques notes marginales.
f. 1. Au-dessous d’une miniature divisée en quatre panneaux :
Ci commance li romans de la Rose, ou l’art d’amours est toute enclose.
Incipit : Maintes gens dient que en songes …
Se termine au f. 159 :
 … est fine et pure verite
ou l’art d’amours est tote enclose;
nature rit si comme semble
quant hic et hec iouent ensemble.
Le copiste ajoute :
Detur pro pena scriptori pulcra puella.

Biblio   
La bibliothèque du marquis de Santillane, 1905, p. 369-370. 
V. Langlois, Les manuscrits du Roman de la Rose : description et classement, 1910, p. 179.
McMunn, Meradith T., Reconstructing a missing manuscript of the Roman de la Rose: the Jersey Manuscript, dans Scriptorium, 53 1999, p. 31-62
Yarza Luaces, J., La nobleza hispana y los libros iluminados (1400-1470). Corona de Castilla, dans La Memoria de los libros : estudios sobre la historia del escrito y de la lectura en Europa y América, Salamanca, 2004.
La présence de ce manuscrit en Espagne est-elle une coïncidence au vu des \ »exploits\ » d’Alain de la Houssaye en ce pays ?


Gisant d’un seigneur de la Houssaye dans l’église Saint-Jean de Saint-Maden (Côtes-d’Armor)
Source photographique : TopicTopos


Autre gisant de Saint-Maden
Source : Ministère de la Culture

Armoiries d’Alain de la Houssaye sur le site Tudchentil (Amaury de la Pinsonnais) [Lien]
Histoire de la famille de la Houssaye (Amaury de la Pinsonnais) [Lien]

Merci à Martin Sartorius, Laurent Brun. 
Aux amis de la liste Noblesse bretonne
A Charles Faulhaber (Berkeley)

Description du manuscrit en ligne sur le site de la BNE :
[Lien]

  

1 Mai 2008
Jean-Luc Deuffic

Le manuscrit des Coutumes de Bretagne de Jullien Chauchart

Texte publié dans : Jean-Luc Deuffic, Notes de bibliologie. Livres d’heures et manuscrits du Moyen Age identifiés, dans Pecia. Le livre et l’écrit, 7, 2009 [Lien]. 

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