40 déjà ! Colloque du 15e centenaire de l’abbaye de Landévennec (1985)
(En hommage aux historiens disparus ! In tribute to the departed historians ! : Pierre Riché – Léon Fleuriot – Bernard Merdrignac – Louis Lemoine – Hubert Guillotel – Bernard Tanguy – Job an Irien – François Kerlouégan – Pierre-Roland Giot – Michel Huglo – David Dumville – Dom Jacques Dubois)
Le colloque du 15e centenaire de l’abbaye de Landévennec, qui se déroula du 25 au 27 avril 1985 fut un évènement mémorable, tant pour les Bretons que pour les amoureux de la Bretagne. Pour moi, alors jeune chercheur passionné, l’occasion de présenter les premiers résultats de mes travaux sur les scriptoria bretons, à l’appui et des contacts que j’avais alors avec l’éminent paléographe allemand Bernard Bischoff (1906-1991).
Ce colloque fut également un tremplin pour la création du CIRDOMOC, dont je fus, avec le regretté Gwenaël Leduc, le modeste initiateur. Aussi, je prends un réel plaisir en publiant ici, pour lui rendre hommage, le bref compte-rendu qu’en fit le grand celtisant Léon Fleuriot (1923-1987), qui décéda très peu de temps après le colloque.
This colloquium was also a springboard for the creation of CIRDOMOC, of which I was, along with the late Gwenaël Leduc, the humble initiator.
Landévennec et le monachisme breton dans le Haut Moyen Âge. — Actes du Colloque du 15e centenaire de l’Abbaye de Landévennec, 25-26-27 avril 1985. Publication de l’Association Landévennec 485-1985, 1986, 335 p. in-4°.
Ce beau volume, abondamment illustré, a pu être publié dans un délai extrêmement court, grâce à l’activité de la communauté monastique de Landévennec, du Père Jean de la Croix et du Père Marc en particulier. Le contenu du volume est de première importance pour l’histoire de la Bretagne la plus ancienne. Il suit l’ordre des conférences prononcées dans le congrès international qui a célébré le quinzième centenaire, à côté de fêtes religieuses. Voici une liste très résumée des conférences ici publiées : P. Riché a traité des « Gesta Sanctorum Rothonensium », à la veille d’être publiés, tant en France qu’en Grande-Bretagne avec des traductions en français et en anglais. B. Merdrignac a exposé ce que l’on sait de la vie quotidienne dans les monastères bretons anciens. L. Lemoine a examiné les méthodes d’enseignement qui s’y trouvaient appliquées. L. Fleuriot a donné une traduction française des « Excerpta de libris Romanorum et Francorum » et proposé de placer au ve siècle la date des « Libri » primitifs. W. Davies a montré tout l’intérêt du Cartulaire de Landévennec sommairement exécuté par des critiques antérieures. J. M. H. Smith a étudié la politique frontalière de l’Empire franc et du Royaume breton dans la vallée de la Vilaine. B. Tanguy a scruté les enseignements qu’apporte la toponymie du Cartulaire de l’abbaye où se tenait ce congrès. R. Barrié et P. Castel ont fait le point des études sur la croix d’ivoire de Millizac. J. A. Irien a parlé des saints comiques et bretons, souvent les mêmes. X. Barrai y Altet a fait une communication très intéressante sur l’abbaye médiévale et ses bâtiments. F. Kerlouégan a pris pour sujet le latin de la « Vita Pauli Aureliani », P. R. Giot les fouilles de l’île de Lavret, Ph. Guigon celles de la crypte de Lanmeur, M. Huglo les évangéliaires de Landévennec, D. Dumville l’Amalarius de Landévennec, J. C. Alexander l’art breton du ixe siècle, C. Brett l’hagiographie de Winwaloe (Gwénolé). J. L. Deuffic a publié une liste commentée de 122 manuscrits d’origine bretonne antérieurs au xie siècle. Les travaux du Professeur B. Bischoff ont permis l’identification d’un grand nombre des manuscrits de cette liste. D. J. Dubois a tiré, avec science et humour, les conclusions de ce colloque. Il est impossible ici de résumer l’immense matière traitée dans ces exposés et d’autres que nous allons maintenant mentionner. De courtois échanges de vues ont eu lieu, avec pour seul souci l’avancement de la recherche. Par exemple H. Guillotel a exprimé des vues différentes de celles de W. Davies ou de B. Tanguy sur l’intérêt du Cartulaire de l’abbaye. L’intéressant exposé de Y. Tonnerre sur le Cartulaire de Redon montre la nécessité d’étudier le breton ancien pour l’étude de la Bretagne ancienne : dre ne « donne » pas drich dans les noms propres. C’est au contraire cette dernière graphie qui représente le mieux la prononciation d’un terme identique au « gallois » drych, edrych, avec le sens ancien d’« aspect » (Drichglur est une meilleure graphie que Dreglur). Dans d’autres domaines, le « baroque » du latin brittonique de Uurmonoc a pour pendant l’originalité de l’art breton ancien qui affirme sa vigueur face à l’art de l’Empire franc comme l’ont souligné J. J. C. Alexander et P. Mac Gurk. Les mânes de H. Bradshaw qui, il y a près d’un siècle, avait affirmé, après de longues années de recherches paléographiques, que la Bretagne armoricaine avait joué un très grand rôle dans les échanges intellectuels au Haut Moyen Âge, ont dû tressaillir. On commence, dans le monde scientifique, à se rendre compte de l’importance de cette région longtemps négligée, « long overlooked » comme disait H. Bradshaw. (Léon Fleuriot, dans Études celtiques, 24, 1987, p. 346-347)

Patrick Mac Gurk (1953-1988) et David Dumville (1949-2024)
Leave a comment
PAGES ANNEXES
Auteur du blog : Jean-Luc DEUFFIC
