Chroniques médiévales de Bretagne
Mais avant de poursuivre ainsi, je supplie humblement, mains jointes et genoux fléchis, ceux qui jetteront les yeux sur mon opuscule, de corriger amicalement l’ignorance de ma présomption et, s’ils relèvent une lacune, de daigner la corriger charitablement, avec les yeux de l’ami et le zèle de l’amitié et de l’honneur, parce que je n’en ai pas trouvé le contenu dans mon jardin, mais dans plusieurs autres livres très difficiles, mais très intéressants, brillants de nombreuses fleurs odorantes que, me servant de cette nourriture divine, j’ai essayé de cueillir. Enfin, ce n’est pas sous contrainte, ni par appât du gain, mais sous l’impulsion de ma libre volonté que j’ai entrepris d’écrire et de compiler ce livre, en l’an 1394, suivant plusieurs conseils qui aiguillonnaient mon âme et non sans raison. Et avant tout parce que les copistes ou les historiens qui ont rédigé ou compilé les chroniques de France n’ont pratiquement pas fait mention des rois des Bretons qui vécurent en Grande ou en Petite Bretagne avant l’incarnation du Verbe, ni des nombreux rois qui s’y succédèrent longtemps après l’incarnation, parce qu’ils n’ont rien dit des exploits de Bellinus, de Maximien, de Constantin le Grand, d’Arthur, ces rois des Bretons qui jadis soumirent toute la Gaule, la Neustrie, la Touraine, la Gascogne, l’Anjou, l’Aquitaine, qu’il n’y a pas la moindre mention dans ces chroniques françaises de la vaillance d’Arthur, de son combat et de sa victoire en duel sur le tribun Frollon, qui gouvernait la province de Gaule pour l’empereur Léon : après avoir tué ce Frollon, le roi Arthur victorieux entreprit la construction de la cathédrale Notre-Dame de Paris… C’est pourquoi, afin que les exploits des Bretons soient reconnus dignes d’une louange éternelle et qu’ils soient glorifiés avec plaisir et durablement, par beaucoup, comme s’ils étaient écrits et aussi pour que mes successeurs les fassent entièrement connaître grâce à cet opuscule, de sorte qu’il ne soit pas abandonné à un oubli poussiéreux, je souhaite que ce traité trouve non seulement un lecteur, mais aussi un correcteur, pourvu qu’il soit conscient du poison de la jalousie. Je demande aussi, d’un coeur pieux, que tous ceux qui liront ce livre y trouvent le secours de leurs prières contre les juges malhonnêtes et qu’ils y conjurent par de pieuses prières tout ce qu’ils trouvent de méprisable en moi …
Extrait de la Chronique de Saint-Brieuc,
Edit. Gwenaël Le Duc & Claude Sterckx, Chronicon Briocense, Chronique de Saint-Brieuc ( fin XIVe siècle), Paris : Librairie Klincksieck, 1972, p. 61-63
L’histoire de l’historiographie bretonne médiévale a suscité depuis quelques années des ouvrages remarquables, et les travaux de Jean Kerhervé sur l’Etat breton ont permis de grandes avancées dans la connaissance des sources manuscrites, des chroniques et autres « livres » utilisés par nos anciens auteurs bretons. Nous allons présenter ici quelques manuscrits de ces Chroniques et de ces Histoires de Bretagne :
§ Aix-en-Provence BM 648 [ quelques feuillets numérisé ]. Chroniques de Bretagne, XVe s. Exemplaire aux armes de Thibault Baillet, président au Parlement de Paris.
(c) Bibliothèque de Aix-en-Provence. IRHT. Enluminures
L’extrait ci-dessus se rapporte à Guillaume de Malestroit, évêque de Nantes de 1443 à 1462 (décédé en 1491)
Les armoiries, d’azur à la bande de gueules accompagnée de deux amphiptères (ou dragons) d’or, sont celles de Thibault Baillet (ca 1440-19 novembre 1524, inhumé à Saint-Merry, Paris), chevalier, seigneur de Sceaux et de Silly, reçu conseiller au Parlement de Paris en 1461, maîtres des requêtes ordinaires de l’Hôtel en 1472, en l’office de président au Parlement de Paris le 1er mars 1484. Sources : Dom Morice, Mémoires pour servir de preuves à l’histoire ecclésiastique et civile de Bretagne, II, p. 225. Cf. Jean Yver, Le président Thibault Baillet et la rédaction des coutumes (1496-1514), dans Revue historique de droit français et étranger, 64, 1986, p. 19-42. Infos Bernard de Lépinay.
§ Paris BnF Fr. 5624. [ numérisé ] 72 fol. XVe s. : il ne s’agit pas ici spécialement d’une Chronique de Bretagne, mais de mélanges historiques concernant particulièrement l’Angleterre, exemplaire offert à Guillaume Jouvenel des Ursins (1401-1472), baron de Trainel, chancelier de France :
[Jouvenel des Ursins peint par Jean Fouquet, XVe siècle.
Paris, Louvre, Département des Peintures, Inv. 9619 (c) photo RMN – G. Blot]
Le colophon du fol. 72v nous apporte quelques précisions intéressantes sur la provenance de cet ouvrage : « Je, Jehan Le Baud, licencié en loix, conseiller du roy nostre sire, ay donné et donne cest livre à monseigneur de Trainhel, chancellier de France, tesmoing mon seing manuel cy mis ou moys de juillet, l’an mil quattre cens quarante et neuf. [ signé : ] J. Le Baud. » Ce Jehan Le Baud n’est-il pas de la même famille que l’historien breton Pierre Le Baud (+1505)?
(c) Cliché Paris BnF : Pierre Le Baud, Compilation des Chroniques et histoires des Bretons, France (Bretagne), 1480. Paris BnF Fr. 8266, f. 5.
PIERRE LE BAUD
Fils de Pierre Le Baud, seigneur de Saint-Ouen (Maine) et de Jeanne de Châteaugiron, bâtarde de Patry de Derval. Il fut chantre et chanoine de la collégiale Saint-Tugal de Laval. Son oeuvre fondamentale en fait le premier historien de Bretagne, longtemps attaché à la reine Anne comme conseiller et aumonier.
Edition imprimée : Histoire de Bretagne avec les chroniques des maisons de Vitré et de Laval par Pierre Le Baud… aumonier d’Anne de Bretagne, reine de France… et un recueil armorial contenant … les armes et blazons de plusieurs anciennes maisons de Bretagne… Le tout nouvellement mis en lumière, tiré de la bibliothèque du marquis de Molac et à luy dédié par le sieur d’Hozier… 1638, A Paris, chez Gervais Alliot.
Voir Table des matières sur le site du Cirmodoc.
Manuscrits des œuvres de Pierre Le Baud
§ Angers, BM, 941 (839). Chroniques des rois, ducs et princes de Bretagne. [ numérisé ] 406 fol. 357 x 255 mm. Ce manuscrit provient de l’abbaye Saint-Aubin d’Angers, et a appartenu à Boislève du Saulay. Cf. Catalogue général, 31, 1898, p. 488. Sur ce manuscrit voir la thèse en ligne de Karine Abélard, Edition scientifique des Chroniques des rois, ducs et princes de Bretagne de Pierre Le Baud, d’après le manuscrit 941 conservé à la Bibliothèque municipale d’Angers (thèse de doctorat soutenue à l’université d’Angers), 2015 [ en ligne ] / Pierre Le Baud, Compillation des cronicques et ystoires des Bretons, éd. Karine Abélard, Sources médiévales de l’histoire de Bretagne, Rennes: Presses universitaires de Rennes, 2018.
§ Paris, BnF, Fr. 6011. [ numérisé ]. Parchemin. 19 fol. XVe s. : Généalogie des très anciens roys, ducs et princes qui, au temps passé, ont régy et gouverné la Bretagne. Commence au f. 3v par la dédicace à Marguerite, duchesse de Bretagne et comtesse de Montfort : Eneas doncques, duc Troyan, aucteur du lignaige romain, et finit, fol. 19v : …bonne vie et longue, et en la fin de voz jours le règne pardurable. Amen ». A l’intérieur de la reliure, l’ex-libris : « Je suis à Gilles Bernardeau, prebstre, recteur de Nostre dame de Nantes« . Au fol. 1, le nom Du Molinet.
§ Paris, BnF, Fr. 6012. [ numérisé ]. Papier. 74 fol. XVe s. : Le Bréviaire des Bretons. Ce manuscrit diffère des autres textes dans la mesure où il contient deux strophes supplémentaires. Le poème ne s’arrête pas à la mort de Marguerite (15 septembre 1469), première femme du duc François II, mais sont relatés les décès du duc (9 septembre 1488) et de sa fille puinée Isabelle (24 août 1490). Le texte se termine par le fait que Anne, la fille survivante, reste « seule héritière du duché ». Sur feuille de garde : Genealogie de madame anne de Breteigne royne de France / Au-dessous Ballesdens Ad.
Commence au fol. 1 : Environ l’an après deux mil iic six… et finit, fol. 74 par : Et eut la fille aisnée du duc Françoys à femme, Qui trespassa à Nantes, Jesus-Crist en ait l’âme. Il règne à présent, Dieu luy doint prospérer, Et sa postérité à tousjour mais durer. Puis, en secondes nopces, iceluy duc Françoys Espousa, à Cliczon, Marguerite de Foix, De laquelle eut deux filles, Anne et Ysabeau, Dont la puisnée fut mise à Rennes en tombeau. Et mys en sépulture près sa première femme, II fut de cueur piteux, Dieu en veil avoir l’âme. Ainsi demeura Anne seulle fille héritière Du duché de Bretaigne, qui lors n’estoit entière. Finis. Vostre très humble, très obéissant subgect et serviteur. Mauhugeon. Sur un feuillet de garde, la signature de J[ean] Ballesdens. Les deux dernières strophes ont été attribuées par C. Couderc au copiste nommé Mauhugeon. Toutefois remarquer l’expression « Vostre très humble, tres obéissant subgect et serviteur » que l’on retrouve aussi dans la Généalogie (ms de Genève par ex.) Il y eut un Jehan Mauhugeon, grant. maistre de l’artillerie de Bretaigne vers 1475 ; un Robert de Mauhugeon est premier aumônier du dauphin Charles, en 1488 (Paris BnF, Pièces orig., vol. 1894, doss. Mauhugeon, n° 6.). Un Jehan Mauhugeon, notaire et secrétaire ordinaire du roi et de la duchesse de Bretagne est témoin en 1505 au procès de Pierre de Rohan, maréchal de Gié. Nous pensons que ce dernier doit être copiste du Fr. 6012.
Biblio : C. Couderc, Le bréviaire des Bretons de P. Lebaud, faussement attribué au copiste Mauhugeon, dans Bibliothèque de l’Ecole des chartes, 61, 1900, p. 71-74.
§ Paris, BnF, Fr. 25211. Le Bréviaire des Bretons, par Pierre Le Baud, aumosnier de la royne Anne, doyen de Saint-Tugal de Laval, thrésaurier de la Magdelaine de Vitré, oncle maternel de Messire Pierre d’Argentré. Manuscrit aux armes et devises de Jean de Derval. XVe s. Parchemin, 40 fol. 205 x 145 mm (Gaignières 662/1).
Sur la bibliothèque de Jean de Derval, voir l’ouvrage récent de Michel Mauger : Aristocratie et mécénat en Bretagne au XVe siècle. Jean de Derval, seigneur de Châteaugiron, bâtisseur et bibliophile. et notre étude : Jean-Luc Deuffic, « Jean de Derval, bibliophile breton du XVe s. », dans Notes de bibliologie. Livres d’heures et manuscrits du Moyen Age identifiés, dans Pecia. Le livre et l’écrit, 7, 2009 [ Lien ].
§ Paris, BnF, Fr. 25212. Le Bréviaire des Bretons. Au fol. 58, addition de quelques strophes, sans doute par le copiste Mauhugeon. ; fol. 80v : Je suys à Monsieur de La Haye, escuyer demourant en basse salle en defaulte d’ung plancher. Je suys et apartient au sire Georges Cleray. « Ex dono D. de la Meschinière« . XVIe s. Papier, 80 fol. 195 x 150 mm (Gaignières 662/2).
§ Paris, BnF, Fr. 8266. Compillation des croniques et ystoires des Bretons. [qq images en lignes sur le site BnF]. Manuscrit dédicatoire à Jean de Derval. Copie moderne aux Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, fds de La Borderie, 1F 1001. [ numérisé ]. Voir la thèse de Karine Abélard.
§ Paris, BnF, Fr. 24041. Les chroniques de Vitré. XVIIe s. Papier, 217 fol. 280 x 180 mm (Gaignières, 660).
§ Paris, BnF, Fr. 25177. Chroniques de Vitré, ou Généalogie des rois, ducs et princes de Bretagne (386-1486), dédiée à Jeanne de Laval, reine de Jérusalem, etc. Copie de 1560 aux armes écartelées de Gaspard 1er de Coligny et de Louise de Montmorency, sa femme, et aux armes parties de leur fils. Ex-libris de Du Bouchet, qui acheta ce livre 9 livres t. en 1631. Papier, 122 fol. 220 x 165 mm.
§ Paris, BnF, Fr. 32615. Histoire généalogique des seigneurs de Vitré, de Montfort et de Laval, par Pierres Thebault (sic), prestre, chantre et chanoyne de Vitré. (1486). Histoire dédiée à Jeanne de Laval. Ex-libris gravé de Charles d’Hozier. XVIe s. Papier, 48 fol. 300 x 208 mm.
§ Poitiers, BM, 171. Chroniques de Bretagne. Le début manque. XVe s.
§ Poitiers, BM, 338. Chroniques des maisons de Vitré et de Laval. XVe s.
§ Genève, BU, Fr. 131. Parchemin. 23 fol. 214 x 147. Fin XVe s. Genealogie des tres anciens roys, ducs et princes qui, au temps passé, ont regy et gouverné ceste royalle principauté de Bretagne. Reliure aux armes, chiffre et devise d’Alexandre Petau. Au fol. 2, armes de la duchesse Marguerite de Bretagne, écu losangé avec les armes de Bretagne et de Foix. Commence au fol. 2: A tres haulte, tres puissante, tres excellante princesse et ma souveraine damme Margarite, par la grace de Dieu duchesse de Bretaigne, contesse de Montfort, de Richemont, d’Estempes et de Vertus, voustre tres humble et tres obeissant subget, serviteur et orateur Pierre le Baud, toute tres humble obeissance, service et subjection deue comme a ma souveraine damme. Finit au fol. 21: … et doint au duc, noustre souverain seigneur, a vous et ames tres redoubtees dammes voz filles, prosperité, santé, bonne vie et longue, et en la fin de voz jours le regne pardurable. Amen. Collection Petau (n° 95). Cf. Hippolyte Aubert, Notices sur les manuscrits Petau conservés à la bibliothèque de Genève, Paris, 1911, p. 112-113.
§ London, British Library, Harleian 4731. Le livre des cronicques des roys, ducs et princes de Bretaigne armoricane aultrement nommée la moindre Bretaigne. 1505.
In-fol., vélin, miniatures et lettres enluminées, tranches dorées. 357 feuillets sur deux colonnes. Ce volume porte au dos : Histoire de Bretagne manuscrite. — Icy commence le livre des cronicques des rois, ducs et princes de Bretaigne armoricaine, aultrement nommée la moindre Bretaigne. Et premièrement le prologue de l’actenr. A très-haulte, très-puissante et très-excellente princesse, ma très-redoublée souveraine dame madamme ANNE :, par la grâce de Dieu royne de France, et par celle mesme grâce duchesse de Bretaigne, PIERRE LEBAVD, tresaurier de l’église collégialle de la Magdalene à Vitré, et vostre très-humble et très-obéissant subject, serviteur, orateur et aumosnier, honneur et révérence, avecq prompte et deue subjection et obéissance.
§ Saint-Petersbourg, Hermitage, 5Z. Histoire des rois et ducs de la Bretagne Armorique. Commence à la fin de la dédicace : ...dit avoir esté fils de Jupiter …qui en ce me sont defaillans. [incipit] Eneas doncques duc Troyen aucteur du lignage… Finit au fol. 12 : Balade faicte pour la duchesse Margarite de Foix, quant elle vint en Bretaigne. Puis noms des rois et ducs de Bretagne (fol. 13). Incomplet d’une partie de la dédicace. Fin XVe s.
On attribue généralement à Pierre Le Baud un recueil important pour l’histoire de Bretagne, aujourd’hui aux Archives départementales d’Ille-et-Vilaine (fds A. de La Borderie). Le 1F 1003 contient un ensemble de textes essentiels, certains inédits : Chronique de Saint-Brieuc (Cf. éd. partielle de G. Le Duc), Livre des faits d’Arthur, etc. Nous l’avons utilisé, entre autres, pour l’édition des documents nécrologiques de l’abbaye Notre-Dame de Daoulas. C’est un volume en papier petit in-folio, où une main du XVe s. a entassé dans un grand désordre, d’une écriture très hâtée et souvent très difficile à déchiffrer, une foule d’extraits divers de chartes, de chroniques, de textes historiques de toute nature, tous relatifs à la Bretagne. Ce manuscrit a appartenu à A. de La Borderie qui l’avait d’abord pris pour la compilation que Dom Lobineau désignait sous le nom de vetus collectio manuscripta ecclesiae Namnetensis. Mais l’historien breton remarquant certaines divergences entre les deux recueils, appela le sien Vetus collectio manuscripta de rebus Britanniae. Ce recueil reste difficile à dater dans la mesure où il représente plusieurs mois ou plusieurs années de recherche dans les archives ecclésiastiques de Bretagne. Il peut être antérieur à 1493. En effet, une liste des évêques de Quimper, f. 194, se termine par la mention de la mort de Gui du Bouchet en janvier 1483. Son successeur, Alain Le Maout (+ 1493) n’y est pas indiqué.
Bibliographie
Le Centre d’Études Supérieures de la Renaissance (Université de Tours) propose en ligne l’édition de 1608:
Histoire de Bretagne, avec les chroniques des maisons de Vitré, et de Laval par Pierre Le Baud, chantre et chanoine de l’eglise collegiale de Nostre-Dame de Laval, tresorier de la Magdelene de Vitré, conseiller & aumosnier d’Anne de Bretagne reine de France. Ensemble quelques autres traictez servans à la mesme histoire. Et un recueil armorial contenant par ordre alphabetique les armes & blazons de plusieurs anciennes masions de Bretagne. Comme aussi le nombre des duchez, principautez, marquisats, & comtez de cette province. Le tout nouvellement mis en lumiere, tiré de la bibliotheque de monseigneur le marquis de Molac, & à luy dedié : par le sieur d’Hozier, gentil-homme ordinaire de la Maison du roy, & chevalier de l’ordre de sainct Michel. A Paris Chez Gervais Alliot, 1638.
Edition partielle de l’oeuvre de Pierre le Baud: Vte Charles de La Lande de Calan, Cronicques et ystoires des Bretons par Pierre Le Baud publiées, d’après la première rédaction inédite, avec des éclaircissements, des observations et des notes. Rennes, Société des bibliophiles bretons et de l’histoire de Bretagne, 1907-1922, 4 vol. S’arrête à l’année 1305. [En ligne sur le site Gallica de la BnF]
Jean-Christophe Cassard, « Un historien au travail : Pierre Le Baud », dans Mémoires de la Société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, 62, 1985, p. 67-95.
Jean Kerhervé, « Aux origines d’un sentiment national. Les chroniqueurs bretons de la fin du Moyen Age », dans Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 108, 1980, p. 165-206.
Jean Kerhervé, « La généalogie des rois, ducs et princes de Bretagne, par Pierre Le Baud », dans Bretagne et pays celtiques. Mélanges offerts à Léon Fleuriot, Saint-Brieuc-Rennes, 1992, p. 519-560.
Joëlle Quaghebeur, « Pierre Le Baud : écrire le passé pour conjurer l’avenir? », Images du Moyen Âge, éd. Isabelle Durand-Le Guern, Rennes, Presses universitaires de Rennes (Interférences), 2006, p. 23-33.
Stéphanie Vincent, L’énigme de l’enluminure, Derval ou Châteaugiron, Sutton, 2009 .
ALAIN BOUCHART
Alain Bouchart (+ >1514) appartient à la petite noblesse bretonne de la presqu’île de Guérande, possessionée à Kerbouchart (Batz), d’une famille de diplomate (Jacques, secrétaire ducal en 1480), d’officiers des finances (Jean, Alain, receveurs de Gérande à la fin du XIVe s.). En 1484, il est secrétaire du duc François II, et dès 1491 il se rallie au roi Charles VIII qu’il sert comme conseiller et maître des requêtes. Installé à Paris, il épouse en première noce Marie La Frémierre, et en seconde (1496) Jeanne Le Resnier. Il finira semble-t-il sa carrière de juriste comme avocat au parlement de Paris. Avec son frère Jacques, il collabora en 1485 à une édition revue de La Très ancienne Coutume de Bretagne.
La maison Sotheby’s a vendu en juin 2002 le Livre d’heures d’Alain Bouchart, dont illustration ci-dessous. C’est un manuscrit de 274 fol. d’un format 162 x 100 mm, 27 lignes à la page. Au fol. 233, la prière à Dieu le père s’ouvre par les armoiries des Bouchart, D’argent à trois dauphins de sables. L’ouvrage est exclusivement à l’usage de Nantes, diocèse où se situe Saint-Guénolé de Batz, lieu d’origine des Kerbouchart. Les suffrages aux saints débutent par saint Alain, au f. 250v. Une prière « pour son prince » (fol. 263r) porte les armes de Bretagne. Le calendrier (f.1r), inscrit en lettres d’or st Felix (évêque de Nantes, 8 janvier, et sa translatio, 4 juillet), st Guénolé (3 mars et 28 avril), st Yves (19 mai, et sa translatio, 29 octobre), sts Donatien et Rogatien (martyrs de Nantes, 24 mai), st Similien (évêque de Nantes, 17 juin), st Gunthard (ibid., 25 juin), st Clair (premier évêque de Nantes, 10 octobre), st Malo, 15 novembre), st Gulstan (27 novembre). Evangiles (f. 13r) ; Heures de la Vierge [à l’usage de Nantes] : Matines (fol. 17r), Laudes (fol. 29r), Prime (fol. 36r), Tierce (fol. 43v), Sexte (fol. 46r), None (fol. 47v), Vêpres (fol. 50r) et Complies (fol. 52v); Office de la Conception de la Vierge (fol. 57r); Office de la Nativité (fol. 69r) ; Office de la Présentation au Temple; Office de l’Annonciation (f. 90v) ; Office de la Purification (f. 99r) ; Office de l’Assomption (fol. 109v); Office de Noël (fol. 121r) ; Heures de la Croix (fol. 145r) ; Office of Pâques (fol. 167r) ; Psaumes de la pénitence (fol. 177r) ; Litanies: Corentin, Tugdal, Malo, Brioc, Gildas, Ivo, entre autres ; Office des morts (fol. 187v) ; Messe des morts (fol. 205r) … Obsecro te (f. 213r, formulation masculine), O intemerata et autres prières à la Vierge, incluant le Stabat mater ; prières au Seigneur (fol. 223r), à st Grégoire (fol. 227r) ; Suffrages aux saints (fol. 238v), incluant saints Alain (fol. 250v, évêque de Quimper), Ives (fol. 252v), Guénolé et Gulstan (fol. 253r), Gildas (fol. 254v), Armel (fol. 255r); prières votives, pour la paix (fol. 260r), les reliques, etc. La décoration, de « style parisien », apparentée à celle du « Maître François », comporte 12 grandes miniatures, et 4 larges, ajoutées d’un autre manuscrit.
(c) Cliché Sotheby’s
Les Grandes Chroniques d’Alain Bouchart connurent 5 éditions, de 1514 à 1541.
Editions anciennes
1514 : Les grandes Croniques de Bretaigne, nouvellement imprimees à Paris, tant de la grande Bretaigne depuis le roi Brutus, qui la conquist et la appella Bretaigne, jusques au temps de Cadualadrus, dernier roy breton dicelle grande Bretaigne… que aussi de nostre Bretaigne de present, depuis la conqueste du roy Conan Meriadec breton, qui lors estoit appelle le royaulme Darmorique, jusques au temps et trespas de François II de ce nom, duc de Bretaigne, dernier trespasse.. esquelles cronicques est mencion faicte daucuns notables faiz advenuz es royaulmes de France, Dangleterre, Despagne, Descosse, Darragon et de Navarre, es Allemaignes, es Itales, en Lombardie, en Tartarie, en Ihierusalem, et aillieurs… Imprime à Paris : aux despens, fraiz et mises de Galliot Du Pre… ; (A la fin : ) Imprimees à Paris : par Jehan de La Roche,…, Faict et paracheve dimprimer le XXV de novembre mil cinq cens et XIIII. In-f°.
Voir l’excellente présentation de Jean-Yves Cordier, avec description de l’exemplaire de la Bibliothèque de Brest (30576), ayant appartenu à l’historien breton Arthur Le Moyne de La Borderie, et de celui de la bibliothèque abbatiale de Saint-Guénolé de Landévennec, provenant du château de Trévarez dont il porte le cachet.
1518 : Les grandes Croniques de Bretaigne, nouvellement imprimees à Paris, tant de la grande Bretaigne depuis le roi Brutus, qui la conquist et la appella Bretaigne, jusques au temps de Cadualadrus, dernier roy breton dicelle grande Bretaigne… que aussi de nostre Bretaigne de present, depuis la conqueste du roy Conan Meriadec breton, qui lors estoit appelle le royaulme Darmorique, jusques au temps et trespas de François II de ce nom, duc de Bretaigne, dernier trespasse.. esquelles cronicques est mencion faicte daucuns notables faiz advenuz es royaulmes de France, Dangleterre, Despagne, Descosse, Darragon et de Navarre, es Allemaignes, es Itales, en Lombardie, en Tartarie, en Ihierusalem, et aillieurs… Caen, M. Angier : 1518. In-f°. (du vivant de l’auteur, mais contrefaçon?)
1531 : Les grandes Croniques de Bretaigne, nouvellement imprimees à Paris, tant de la grande Bretaigne depuis le roi Brutus, qui la conquist et la appella Bretaigne, jusques au temps de Cadualadrus, dernier roy breton dicelle grande Bretaigne… que aussi de nostre Bretaigne de present, depuis la conqueste du roy Conan Meriadec breton, qui lors estoit appelle le royaulme Darmorique, jusques au temps et trespas de François II de ce nom, duc de Bretaigne, dernier trespasse.. esquelles cronicques est mencion faicte daucuns notables faiz advenuz es royaulmes de France, Dangleterre, Despagne, Descosse, Darragon et de Navarre, es Allemaignes, es Itales, en Lombardie, en Tartarie, en Ihierusalem, et aillieurs… Imprime à Paris, aux despens, fraiz et mises de Galliot Du Pre…, 1531. In-f°.
En ligne sur le site Gallica de la BnF (format pdf)
Un exemplaire vendu 14500 euros lors de la vente de Brest du 16 novembre 2004 (lot 503) dans une reliure XIXe s.
1532 : Les Grandes Cronicques de Bretaigne parlans des trespreux, nobles et tresbelliqueux roys, des princes, barons et aultres gens nobles, tant de la Grant Bretaigne, dicte à present Angleterre, que de nostre Bretaigne… Additions depuis le roy Charles huytiesme jusques en l’an mil cinq cens XXXII… (S. l. [Rennes, Jean Baudouyn?]), 1532. In-f°.
1541 : Les grandes Annalles ou cronicques parlans tant de la Grant Bretaigne à present nommee Angleterre, que de nostre petite Bretaigne… jusques en lan de present mil V cens XLI. Nouvellement imprimées. (S. l.), 1541. In-f°.
Editions modernes
Alain Bouchart. Grandes croniques de Bretaigne, ed. Marie-Louise Auger & Gustave Jeanneau, Paris: CNRS, 3 vol., 1986-1998 (Sources d’histoire médiévale, 19, 20 1-2)
Les Grandes Croniques de Bretaigne composées en l’an 1514 par Maistre Alain Bouchart, Rennes: Caillière, 1886. Nouvelle édition publiée sous les auspices de la Société des Bibliophiles Bretons et de l’Histoire de Bretagne, par H. Le Meignen [En ligne sur le site Gallica].
Bibliographie : E. Port, « Alain Bouchart, chroniqueur breton », dans Annales de Bretagne, 36, 1924-1925, p. 496-527 et 37, 1926, p. 68-101.
Liens :
Marie-Louise Auger (IRHT) : « Alain Bouchart, Grandes Chroniques de Bretagne : un compilateur et sa source » [En ligne]
Marie-Louise Auger, « Variantes de presse dans l’édition de 1514 des « Grandes chroniques de Bretaigne » d’Alain Bouchart », dans Bibliothèque de l’école des chartes, 141, 1983, p. 69-90 [En ligne sur Persée]
GUILLAUME DE SAINT-ANDRÉ
Nous disposons à présent de l’excellente édition de Jean-Michel Cauneau et Dominique Philippe, Guillaume de Saint-André, Le bon Jehan & le Jeu des Echecs (XIVe s.) Chronique de l’Etat breton, Rennes: PUR, 2005. Voir c.r. de David Dominé-Cohn [En ligne]
Notice bibliographique et manuscrits (Laurent brun) sur le site ARLIMA
Les manuscrits médiévaux :
§ Paris, BnF, Fr. 1659. [ numérisé ] Parchemin. 70 fol. 249 x 167. Au fol. 69v : Ce present libvre est et apartient a hault et puissant seigneur monseigneur Claude de Rieux et de Rochefort, baron d’Ancenys, comte de Harcouet, vicomte de Donges seigneur de Largouet et de Chasteauneuf. On peut en-dessous plusieurs maximes et les noms de Katherine Desplaces et de Claude de Rieux. De même : Par tout et en tous lieux / vive le noble seigneur de Rieux
§ Paris, BnF, Fr. 5037. [ numérisé ]. Papier, recueil factice, 3/4 XVe s. Commence au fol. 1 : Avant yer vy excript sanz fable En un prologue un beau notable… Et finit, fol. 40v : Bien avant pour moy Dieu prier Ge t’en prie et t’en requier [souligné en rouge: ] Cy finist le Libvre non complet Du bon duc Jehan duc de Bretaigne [d’une autre main :] que composa maistre Guillaume de Saint-André.
§ Paris, BnF, Fr. 10174. [ numérisé ]. Papier. 81 fol. 260 x 190 mm. XVe s. Mutilés en plusieurs endroits.
§ Paris, BnF, Fr. 14978. [ numérisé ]. Parchemin. 30 fol. 245 x 165. Provient du château d’Anet (n. 74).
Catalogue de la LIBRAIRIE DAMASCÈNE MORGAND : une œuvre peu connue …
15591. LES CRONIQUES ET GENEALO- || GIE DES TRESNOBLES ROYS DUCZ ET PRINCES tant de la grant bre || taigne que de la petite auesques les tresexcellentes victoi || res et triumphes diceulx roys et princes faictes sur les ro || mains jadis leurs tributaires et sur toutes autres nations comme clairement apparoist en luysant ce preset livre moult utile et plaisant à luyre. || On les vent à Renes chiez Jehan Mace près saint saul\\ veur a lenseigne saint Jehan leuangeliste et à Caen chiez || Michel Àngier près le pont saint pierre. (Au verso du f. 86) : Cy finent les Croniques et genealo \\ gie des nobles roys et ducz tant de la grât\\ bretaigne que de la petite. Imprimées || a Rouen par M. Pierre Oliuier demou \\ rant audit lieu près lesglise saint viuiê. \\ Et furent acheuees le ij iour de May. || Mil cinq cens et x. ( 1510) Louenge a Dieu.
In-4° goth. de 88 f. chiffr. et 4 f. de table, veau brun. (Rel. anc.)
[A2r] … Et sil est ainsi q[ue] les croniques des estranges nations nous soie[n]t | vtiles & delectables :par plus forte rayson nous | debuons studieuseme[n]t delecter a voir & ouyr les | beaulx faictz & nobles vertus de ceulx dont som= | mes descendus par propagation et lesquelz sont | aucteurs & fundateurs des villes & citez lesquel+ | les de present nous habitons |…₵Par quoy il mest prins en volunte ces iours derrai[n]s passez de translater de latin en francoys les croniques …affin que cha= | cun de icelle excellente nation ait congnoissan= | ce des gra[n]s vertus et faitz darmes des aucteurs | et premiers instituteurs des villes & chasteaux & | citez diceluy pais & duchye. || ₵ La fin du prologue.
Précieux volume resté inconnu à tous les bibliographes. C’est le premier ouvrage imprimé sur l’histoire générale de la Bretagne ; les chroniques d’Alain Bouchard qui étaient jusqu’ici considérées comme le premier livre traitant de ce sujet n’ont été publiées qu’en 1514. Ainsi que dans l’ouvrage de Bouchard, les histoires fabuleuses tiennent une assez large place dans ce volume qui renferme les événements écoulés depuis les temps les plus reculés jusqu’au règne de Cadwaladyr, le dernier roi des Bretons. Au verso du titre commence un prologue qui occupe 2 p. et dans laquelle l’éditeur de ce volume déclare avoir translaté de latin en Francoys les présentes chroniques. Le volume a été imprimé par Pierre Olivier de Rouen, en belles lettres de forme ; il est orné de nombreuses figures sur bois, quelques-unes fort curieuses.
Aujourd’hui Paris, BnF, RES Nb-290. [ numérisé ]. Description Léopold Delisle.
Bibliographie générale :
Noël-Yves Tonnerre (direction), Chroniqueurs et historiens de la Bretagne Du Moyen Âge au milieu du XXe siècle, Rennes : Presse Universitaire de Rennes – Institut Culturel de Bretagne, novembre 2001.
Commentaires:
Le samedi 1 avril 2006, 16:30 par André-Yves Bourgès
Précieuse synthèse comme toutes celles qui figurent sur le blog de PECIA. Juste un point de détail en ce qui concerne le ms. Rennes, ADIV 1 F 1003 : la critique moderne a récemment conclu au fait que ce ms. est bien celui qui a été utilisé et cité par les mauristes sous le titre de ‘Vetus collectio manuscripta de rebus Britanniae’. Comme l’a montré le regretté H. Guillotel, les divergences tardivement mises en avant par La Borderie avaient « vraisemblablement pour objet de brouiller les pistes, car on commençait de s’interroger sur l’origine de certains documents des collections de La Borderie » ; en fait, lors de l’utilisation de plusieurs des matériaux contenus dans ce recueil, notamment les fragments de la vita de saint Goëznou, il apparait que La Borderie « s’est lui même intellectuellement intoxiqué et a volontairement induit en erreur des générations d’historiens »Voir : H. Guillotel, « La Borderie et les sources historiques », dans Bulletin et Mémoires de la société archéologique et historique d’Ille-et-Vilaine, t. 106 (2002), p. 42 et « Le poids historiographique de La Borderie », dans Mémoires de la société d’histoire et d’archéologie de Bretagne, t. 80 (2002), p. 356-359.
- Le mercredi 25 octobre 2006, 19:32 par Jean-Michel Cauneau
Quel précieux blog que le vôtre ! Remarques et compléments sur les manuscrits de la vaste histoire de Bretagne tentée par Pierre Le Baud : Le ms « BM Angers 941(839) », sur papier filigrané « à l’hermine », porte le même texte que le « BnF fr. 8266 » : ces deux ms sont les témoins d’une première rédaction de Le Baud, dédiée à Jean de Derval, sous le titre « Compilation… », réalisée vers 1480. Une seconde rédaction, très différente dans ses intentions, « le Livre des Chroniques… » réalisée 20 ans plus tard, sur une commande d’Anne de Bretagne, reine de France, est représentée par trois témoins : le ms de Londres « Harleian 4371 », un ms de la BnF (naf 2615 : 254 f. 370 x 27,5 mm) et un ms du SHD de Vincennes (ms 157 : 288 f. 390 x 290 mm). Ces deux dernières copies ont été réalisées sur les mêmes papiers (2 filigranes en « P ») et suivant le même principe : des cahiers de différentes mains sans doute contemporaines de la rédaction. Le ms BnF naf 2615, a perdu ses premiers et derniers cahiers, remplacés par des copies de la fin XVIe (3e filigrane « à la rose »). Une autre remarque, concernant le ms de St-Petersbourg : il s’agit apparemment de quelques feuillets de la « Généalogie… » éditée par J. Kerhervé en 1992, mais qu’il n’a pu utiliser, le croyant alors disparu en 1944 (cf. note 7 de son introduction). Cordialement.