Les “Heures Guémadeuc” de Guido Mazzoni: des commanditaires (?) bretons enfin retrouvés
© Heribert Tenschert
Les Heures Guémadeuc, un somptueux manuscrit enluminé par le Maître d’Antoine de La Roche (nommé ainsi à partir du missel qu’il exécuta vers 1500 pour le Grand Prieur de Cluny et de La Charité-sur-Loire, Paris, BnF, ms. Lat. 881), ont fait l’objet d’une précieuse étude d’Eberhard König (2001), accompagnant un très beau fac-similé admirablement édité par Heribert Tenschert (2000). Cet enlumineur, identifié comme étant Guido Mazzoni (vers 1450-1518), peintre originaire de Modène, attesté dès 1472 en Italie, mais essentiellement connu en tant que sculpteur, suivit et se mit au service de Charles VIII, de passage alors à Naples. Du reste, à la mort du roi (1498), il exécuta son tombeau destiné à la nécropole de Saint-Denis, monument détruit à la Révolution. Ainsi l’activité du « painctre, enlumineur et ymagier » italien débuta vers 1496 en France, installé alors avec sa femme et sa fille dans l’hôtel parisien du Petit-Nesle.
Enluminées vers 1500, les Heures Guémadeuc sont un joyau, et pour la Bretagne un témoignage de valeur sur les relations de la noblesse avec les artisans \ »étrangers\ ».
Depuis le XIXe s., et notamment lors de la vente Destailleur de 1891, avait été remarquée la présence dans ce manuscrit des armes de la famille de Guémadeuc, de haute noblesse bretonne, d’où le nom donné aujourd’hui à ce livre d’heures. Le regretté Xavier Ferrieu, alors bibliothécaire de Rennes, avait rédigé à la suite de l’étude du Pr. König une note généalogique sur les Guémadeuc, sans pouvoir réellement identifier les propriétaires des armes peintes en plusieurs endroits.
Après une minutieuse analyse, je m’avance à mettre des noms sur les commanditaires (ou du moins les premiers possesseurs) de ces Heures richement décorées. En effet, au bas du f. 70v, un chien blanc porte à son collier rouge et or un écu aux initiales d’azur entrelacées \ »T\ » et \ »A\ », dans lesquelles je reconnais les prénoms TANNEGUY et ANNE, de Tanneguy Madeuc (A) et d’Anne Du Fou. La présence exceptionnelle de saint Tanguy (1) dans le calendrier (8 mai : « S. Tanguy confesseur », en capitales rouges sur fond or) et aux litanies renforce cette identification, comme les armoires respectives des familles de Guémadeuc (de sable, au léopard d’argent accompagné de 3 coquilles de même en chef, au lambel de gueules) et du Fou (d’azur, à l’aigle éployée d’or, becquée et membrée de gueules), peintes à plusieurs reprises.
La commémoration au calendrier de saint Guillaume, évêque de Saint-Brieuc (29 juillet), et son inscription avec saint Brieuc en tête de la série bretonne des litanies rappellent l’attachement des Guémadeuc à leurs \ »origines\ » briochines et leur implantation à Pléneuf (château détruit en 1590).
© Heribert Tenschert
Malheureusement très peu documenté, le couple Tanneguy Madeuc et Anne du Fou est attesté seigneur de Trévécar (Escoublac), terre de haute justice du comté nantais. Tanneguy doit être certainement un des fils cadets de Jacques Madeuc de Guémadeuc († avant 1526, inhumé à Pléneuf) et de Françoise de Trévécar, vicomtesse héritière de Rezé. Quant à Anne du Fou nous n’avons pour lors pas encore réussi à savoir à laquelle des branches cadettes de l’imposante famille du Fou elle appartenait.
Nous émettons l’hypothèse que ce livre d’heures fut peut-être un cadeau de Pierre de Rohan (1451-1513) (2) présenté au mariage de Tanguy de Guémadeuc et d’Anne du Fou. En effet, dans le manuscrit, la peinture du suffrage en l’honneur des saints Pierre et Paul représente, curieusement, saint Jacques (patron du père de Tanguy), portant un étendard sur lequel se lit la devise du maréchal de Gié : DIEU GARDE MAL LE PELERIN (Dieu garde le pèlerin du mal). De même, au f. 63 : \ »REGARDE LA FIN\ ».
On sait que Guido Mazzoni travailla efficacement pour certains seigneurs ayant participé aux campagnes d’Italie… Pierre de Rohan, \ »qui est de bonne et grant maison\ », en fut : il avait accompagné le roi à la conquête du royaume de Naples.
Le 12 août 1502, après un séjour à Florence, il passe commande d’un David en bronze exécuté par Michel-Ange … qui montre son goût pour les arts.
Mais bien entendu, tout cela ne reste que supposition…
© Heribert Tenschert
NOTES
(A) \ »Leur nom de famille etoit Madeuc; et Guémadeuc étoit leur surnom\ ». Annales de Bretagne, t. 15, 1899-1900, p. 115.
(1) L’introduction du prénom Tanguy dans la famille de Guémadeuc pourrait venir de Tanguy Du Chastel, curateur de Roland Madeuc de Guémadeuc vers 1460. \ »Les Seigneurs du Chastel ont souvent porté le nom de Tanguy ; desquels plusieurs se sont fait signaler & renommer dans les Histoires Françoises & Bretonnes ; les mêmes Seigneurs ont fondé, prés de leur chasteau de Tremazan, une belle chapelle en l’honneur de ces Saints, qui s’appelle Ker-Seant, c’est-à-dire, la Ville aux Saints, où il y a des Chanoines pour faire le service\ » (Albert Le Grand, Les Vies des Saints de la Bretagne Armorique, Quimper, 1901). Voir André-Yves Bourgès, \ »Les origines fabuleuses de la famille Du Chastel\ », sur le site Tudchentil.
(2) Pierre de Rohan, \ »sr de Gié, duc de Nemours, comte de Marle et de Porcien, chevalier, maréchal de France (1476-), conseiller et chambellan des rois Charles VIII et Louis XI, chevalier de l’ordre de Saint-Michel, capitaine de 100 lances fournies, gouverneur d’Anjou, lieutenant-général en Bretagne, en Champagne ainsi qu’au pays et duché de Guyenne, capitaine de Granville après la mort de Louis de Bourbon, amiral de France\ » (Couffon de Kerdellech, Recherches sur la chevalerie du duché de Bretagne, 1877-1878).
Pierre de Rohan (dess. Gaignières, BnF)
BIBLIO
Eberhard König, Das Guémadeuc-Stundenbuch. Der Maler des Antoine de Roche und Guido Mazzoni aus Modena, Kommentar zur Faksimile-Edition mit einem genealogischen Essay von Xavier Ferrieu, Rotthalmünster (Allemagne) : Ramsen (Suisse) : H. Tenschert, 2001. Collection : Illuminationen ; 3.
Heribert Tenschert
===== Ce manuscrit fera l’objet d’une notice plus importante dans notre prochain ouvrage (2016), où seront décrits près de quatre cent livres d’heures : « Car sans heures ne puys Dieu prier … » / Le Livre d’heures enluminé en Bretagne / The Illuminated Book of Hours in Brittany =====
Les Heures de Pierre Du Querisec et de Françoise d’Avaugour (New York, Pierpont Morgan Library, M.63)
Parmi les livres d’heures en rapport avec la Bretagne conservés à la Pierpont Morgan Library de New York, (une bonne dizaine) figure le ms. M.62, un manuscrit des années 1440, identifié comme provenant de la famille Du Querisec. Effectivement, aux f. 13, 21, 75 et 93 se trouvent peintes des armes, ajoutées probablement au début du XVIe siècle.
f. 13.
f. 21
LES POSSESSEURS
L’héraldique vient ici, une nouvelle fois, contribuer à l’histoire du manuscrit. Les armoiries ci-dessus permettent ainsi d’identifier avec quelque certitude le couple possesseur de ce livre d’heures au XVIe s. Les armes pleines du f. 13 (même effacées : d’hermines, au chef cousu d’argent, chargé de deux coquilles de gueules) appartiennent aux seigneurs Du Querisec (ou Quirisec), famille noble du vannetais, plus précisément ici de la branche de Kergurioné, à Crac’h, près d’Auray. Le second blason (f. 21), mi parti, laisse entrevoir une macle d’or, celle de la maison d’Avaugour, de la branche de Saint-Laurent : d’argent au chef de gueules brisé d’une mâcle d’or. La seule alliance connue entre ces deux familles est celle de Pierre Du Querisec avec Françoise d’Avaugour.
Le 27 mai 1534, les registres de la Chancellerie de Bretagne enregistrent une \ »maintenue pour Pierre Du Querisec, sr de Kergurionnec, sur armoiries\ » (Blancs-Manteaux, Paris, BnF, Fr. 22318, p. 854), probablement une question de prééminences. Pierre mourut peu avant 1543, date à laquelle sa femme, alors veuve, était en procès avec son fils René (Ibid., p. 413). Françoise d’Avaugour était la fille de Guillaume d’Avaugour et de Françoise de Saint-Flaive, d’une famille originaire du Poitou.
On lira avec intérêt dans la thèse de Nicole Dufournaud les \ »Reproches du sr de Kaer vers les temoins de la damme de Rieux\ », la douairière Suzanne de Bourbon (23 décembre 1544) quelques passages relatifs à Françoise d’Avaugour:
…. Maistre Guillaume du Querisec ne doibt aussi demourer tesmoign en la cause pendante entre ladicte dame de Rieulx et s(i)re de Kaer pourtant qu’il est ennemy et hayneulx dudit s(i)re de Kaer a rayson de pluseurs querelles que ledit s(i)re de Kaer a eues avecq Francoyse d’Avaugour, mere de René de Quirisic, sr de Kerquoioinec, ledit de Kerguoirinec et les …. Lorens quelz sont nepveuz et cousins dudit Guillaume du Querisec. Pour rayson desquelles querelles ledit Guillaume du Querisec a conseu haine contre ledit s(i)re de Kaer.
Dans le domaine du château de Kergurioné, situé en bordure de la rivière de Crac’h, s’élèvent encore les ruines de l’ancien manoir construit au XVIe siècle et détruit par un incendie en 1820. Les vestiges laissent apparaître, près de l’entrée, une tourelle intérieure avec escalier à vis, et dans la salle du rez-de-chaussée on reconnaît les armes des Du Querisec sur le linteau de la cheminée.
DÉCORATION
Enlumineur actif à Angers dans les années 1430/1480, le Maître de Jeanne de Laval, nommé à partir d’un psautier peint pour la seconde épouse du roi René d’Anjou (Poitiers, BM, ms. 41), a oeuvré sur notre livre d’heure, que Roger S. Weick, présente comme une de ses plus anciennes productions. Au reste, cet enlumineur décora partiellement un autre livre d’heures, nantais celui-là, aujourd’hui conservé à la Public Library de New York (ms. 34).
Ms. M.63, f. 89. ©Pierpont Morgan Library, New York.
©Poitiers, BM, ms. 41. Manuscrit éponyme du Maître de Jeanne de Laval.
Biblio:
Pierpont Morgal Library – Notice du catalogue en ligne CORSAIR –
Eberhard König, Buchmalerei um 1450. Der Jouvenel-Maler, der Maler des Genfer Boccaccio und die Anfänge Jean Fouquets, Berlin, Mann, 1982, fig. 42.
François Avril et Nicole Reynaud, Les manuscrits à peintures en France, 1440-1520, Paris, 1993, 126.
Roger S. Wieck, Painted Prayers. The Book of Hours in Medieval and Renaissance Art, New York, 1998, n° 101.
François Avril (Edit.), Jean Fouquet, peintre et enlumineur du XVe siècle. Catalogue de l’exposition, Paris, Bibliothèque nationale de France / Hazan, 2003, p. 408-410.
Jonathan J. G. Alexander, et al., The Splendor of the Word: Medieval and Renaissance Illuminated Manuscripts at the New York Public Library, New York, 2005, p. 262 (notice Roger S. Wieck).
Marc-Édouard Gautier (Edit.), Splendeur de l’enluminure. Le roi René et les livres, Ville d’Angers / Actes Sud, 2009, p. 252 et 351.
Diane Booton, Manuscripts, Market and the Transition to Print in Late Medieval Brittany, Farnham, 2010, p. 78, 89 n. 65, 94 n. 128, 350.
Sur le Maître de Jeanne de Laval = Wikipédia – Lexicon van Boekverluchters
Sources documentaires : Nantes, ADLA B 924. PAROISSE DE CRACH. Aveux et dénombrements pour le domaine de \ »Kerguirionnez\ », par Jean fils d’Olivier du Quirisec (1455), par Bertrand fils de Jean du Quirisec (1504) ; Fr. du Barnys et Gillette du Quirisec (1570).
Les « Heures de La Mandardière » restituées à Roland Gautron, sénéchal de Lamballe (ca 1475-1496)
© Bibliothèque de Rennes Métropole, ms. 31, f. 1v
Voilà bientôt près de deux siècles que le livre d’heures n° 31 (ancien 15949) de la Bibliothèque de Rennes Métropole se voit attribué au seigneur de La Mandardière. Déjà, Dominique Maillet, dans ses Descriptions, notices et extraits des manuscrits de la bibliothèque de Rennes (Rennes, 1837, p. 26-28), avait identifié le couple La Mandardière / Dollo dans les deux personnages agenouillés avec leurs enfants, peints et représentés en prière sur une des premières pages du manuscrit. Le Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France (t. XXII, 1894, p. 21-22), et toutes les publications ultérieures, jusqu’à aujourd’hui, ont suivi aveuglement les affirmations de Maillet. Pourtant, un élément aurait du éveiller la curiosité de certains. L’ouvrage en question vient des propres collections du président de Robien (1698-1756) (1), dont la famille portait pour armes d’azur à dix billettes d’argent 4, 3, 2 et 1, proches de celles peintes sur la robe de la dame du manuscrit 31 de Rennes. Le seigneur, quant à lui arbore d’azur, à six coquilles d’argent, 3, 2 et 1, dans lequel Maillet a reconnu un membre de la famille de La Mandardière. Mais plusieurs familles bretonnes ont porté ces armes.
Par contre, aucune alliance La Mandardière / Dollo n’est connue. Il faut certainement voir dans le tableau peint Roland Gautron, sénéchal de Lamballe (1467-1496), second fils de Pierre et de Robine Durand, marié à Jeanne Dollo, dame héritière de La Ville-Mainguy, lequel a délaissé ses propres armes (d’azur, à six coquilles d’argent, 3, 2 et 1) pour prendre celles de sa femme (en changeant simplement les émaux), armes qui sont devenues par la suite celles des Robien par le mariage de Jacques Gautron avec Claudine de Robien.
La réformation de 1475 pour la paroisse de Sévignac mentionne Roland Gautron (Gaulteron), chevalier, sénéchal de Lamballe, de Laval, de Limoëllan, de Broons et du Bordage, en Sévignac. C’est lui que le sire Jean de Rieux, tuteur de la jeune duchesse Anne de Bretagne, prit en 1489 sous sa protection et sauvegarde, parce qu’il avait été bon et loyal suget et serviteur du Duc, que Dieu absolve, et de la Duchesse ma souveraine Dame et de chacun successivement, et à celle cause avoir délaissé et abandonné ses maisons et bien meubles y estants, et tous les héritages qu’il avoit en l’Evesché de S. Brieu, et autres endroits de ce pays et Duché n’a gueres occupé par les François (Sauvegarde pour Rolland Gauteron sénéchal de Lamballe (16 avril 1489), édition Dom Morice, Preuves de l’Histoire de Bretagne, t. III, col. 640; Bulletin archéologique de l’Association bretonne, t. XV, 1896, p. 119).
© Bibliothèque de Rennes Métropole, ms. 31, f. armes Gautron / Dollo
Le livre d’heures enluminé de Roland Gautron et de Jeanne Dollo traduit le rang social du couple (2). Sans être luxueux, c’est pourtant un manuscrit intéressant, malheureusement mutilé de plusieurs feuillets et enluminures.
Nous ne connaissons pas la date de leur mariage, peut-être vers 1450… (en 1453, Roland est déjà \ »procureur\ » de messire Jean de Malestroit). Sur le tableau de famille le seigneur ne porte pas son habit armorié, sans doute du fait que par son mariage avec Jeanne Dollo il avait pris les armes de son épouse.
Certaines généalogies leur donnent un fils, prénommé Gilles qui épousa en 1501 Yvonne le Coq, dame de la Menardais, et une fille, Jeanne, marié le 21 décembre 1509 avec Thomas Le Mintier, écuyer, seigneur de La Ville-es-Zion. Toutefois ces unions ne concordent guère avec les dates de Roland (la peinture du manuscrit nous montre 1 garçon et 2 filles). Une génération semble avoir été ignorée…
© Bibliothèque de Rennes Métropole, ms. 31, f. 87, détail
Le calendrier du livre d’heures de Roland Gautron est de facture rennaise avec plusieurs saints caractéristiques de ce diocèse (Melaine, Méen, Gobrien, Goulven). On y remarque la présence pourtant assez exceptionnelle, au 4 juin, de saint Petroc, honoré notamment à Trébédan, assez proche de Sévignac.
© Bibliothèque de Rennes Métropole, ms. 31, f. 76, détail
© Bibliothèque de Rennes Métropole, ms. 31, f. 112, détail
Note
(1) Le catalogue de la Bibliothèque de monsieur le Président de Robien en son hôtel à Rennes, 1749 (Rennes, BM, 569) mentionne sous les n° 215 et 225 : \ »Heures de Notre Dame\ » et \ »quatre paires d’heures manuscrites\ ».
(2) Le livre d’heures (bien plus luxueux) d’un autre sénéchal de Lamballe, Jean Troussier, qui succéda à Roland Gautron, appartient aux collections d’Heribert Tenschert. Voir notre étude: Jean-Luc Deuffic, Le commanditaire breton des « Heures de La Gaptière », dans \ »Miscellanées bretonnes\ », Pecia, le livre et l’écrit, 16, 2014, p. 221-228.
© Bibliothèque de Rennes Métropole, ms. 31, f. 2
Voir généalogie des Dollo/ Gautron / Robien sur le blog de François du Fou.
Manuscrit numérisé : Tablettes Rennaises ; BVMM/IRHT
Georges Dogaer mentionne le ms. 31 comme décoré par l’atelier du Maître aux rinceaux d’or (Gold Scrolls Group) (Flemish Miniature Painting in the 15th and 16th centuries, Amsterdam 1987), référence reprise dans la base Luxury Bound d’Hanno Wijsman.
===== Ce manuscrit fera l’objet d’une notice plus importante dans notre prochain ouvrage (2016), où seront décrits près de quatre cent livres d’heures : « Car sans heures ne puys Dieu prier … » / Le Livre d’heures enluminé en Bretagne / The Illuminated Book of Hours in Brittany =====
Les livres d’heures des Pontbriand
Nous avons ici-même décrit le livre d’heures d’Isabeau de Pontbriand(t) à l’usage de Saint-Malo, aujourd’hui conservé à la Bibliothèque de Rennes Métropole (ms. 1277)
© Rennes, Bibliothèque Métropole, ms. 1277. La Crucifixion.
Cette même bibliothèque possède le manuscrit (1219) d’un autre membre de cette famille, probablement Olivier de Pontbriand, qui mourut en 1505, Trésorier de la Sainte-Chapelle de Paris, où il fut inhumé. Ses armes, avec mitre et crosse, figurent sur ce livre d’heures, apposées sans doute lorsqu’il était abbé commandataire de Saint-Pierre de Préaux, monastère bénédictin de l’ancien diocèse de Lisieux (Normandie), où il fut nommé par ordre du roi après 1482.
© Rennes, Bibliothèque Métropole, ms. 1219, f. 19. Armes de Pontbriand : d’azur au pont de trois arches d’argent, maçonné de sable
Olivier de Pontbriand fut probablement en possession d’un autre livre d’heures, issu du trésor de la primatiale de Lyon (Lyon, BM, 5143). Ce manuscrit s’ouvre par un feuillet décoré aux armes des Pontbriant, et une note ancienne nous apprend qu’il fut anciennement entre les mains de deux familles bretonnes, seigneurs des Fossés à Plélan-le-Petit (arrondissement de Dinan, Côtes-d’Armor) : La Bouexière et Desnos (ou Des Nos).
Olivier de Pontbriand en fit don à sa soeur aînée.
© Lyon, Bibliothèque Municipale, ms. 5153. Armes de Pontbriand.
Enfin, signalons, le livre d’heures de Pierre de Pontbriand et Anne de Peyronenc, faisant partie des collections de la prestigieuse bibliothèque parisienne de Sainte-Geneviève (ms. 2705), où le couple est représenté en prière :
© Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève, ms. 2705, f. 3v
Dans la chapelle de la Sainte-Epine au château de Montréal, à Issac, en Dordogne gisants de son fils François et de sa femme.
La décoration du manuscrit de Sainte-Geneviève est attribuée à l’atelier du célèbre Jean Bourdichon :
© Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève, ms. 2705, f. 21v
===== Ces manuscrits feront l’objet d’une notice plus importante dans notre prochain ouvrage (2016), où seront décrits près de quatre cent livres d’heures : « Car sans heures ne puys Dieu prier … » / Le livre d’heures enluminé en Bretagne / The Illuminated Book of Hours in Brittany =====