5 Sep 2012
Jean-Luc Deuffic

Décembre chez Sotheby’s : le \ »Mystère de la Vengeance\ » et le \ »Roman de Gillion de Trazegnies\ »

La célèbre maison Sotheby’s annonce pour décembre prochain la vente de deux manuscrits exceptionnels provenant de la bibliothèque du duc de Devonshire, à Chastworth :

The Mystere de la Vengeance, estimated at £4-6 million, was illuminated for Philip the Good (1396-1467), Duke of Burgundy, probably the greatest royal art patron and book collector of the late Middle Ages. The manuscript is documented in the ducal accounts for July 1468, detailing the payments to the court artist Loyset Liédet for each of the manuscript’s 20 magnificent large illuminated miniatures(at a price of 18 livres a picture). The Mystere de la Vengeance is the deluxe 2-volume text of a play in French, which was performed for Philip the Good himself. It opens with a list of characters, and is laid out like a modern film or playscript, with stage directions and speaking parts. The breath-taking pictures are byfar the finest illustrations of medieval drama in any illuminated manuscript.The manuscript passed from the library of Philip the Good into those of Charles the Bold (1433-77) and then Mary of Burgundy (1457-1482), whose husband, the Holy Roman Emperor Maximilian of Austria (1495-1519), also had the play performed. It was acquired by the sixth Duke of Devonshire at the celebrated Roxburghe sale of 1812, when it sold for £493.10s., then the highest price ever paid for any illuminated manuscript.

Sur ce manuscrit, voir par exemple : Comte Paul Durrieu, Découverte de deux importants manuscrits de la « Librairie » des ducs de Bourgogne,  dans Bibliothèque de l’école des chartes,  71,  1910, p. 58-71 [ en ligne sur Persée ]

The second illuminated manuscript is a romance of chivalry – a literary account in French of the fictional and swash buckling Deeds of Sir Gillion de Trazegnies in the Middle East. It was illuminated in 1464 for Louis de Gruuthuse (1422-92), courtier to Philip the Good and the greatest private bibliophile in the Burgundian Netherlands. It was afterwards in the library of François I, king of France 1515-47. The manuscriptis illustrated with 8 large and 44 smaller miniatures. Like the manuscript of the Vengeance, it is in flawless, sparkling condition. The manuscript, estimated at £3-5million, tells the tale of Gillion, a quintessentially medieval romance with knights on horseback, jousting, alove triangle and fantastical accounts of the court of the Sultan. On his wayback from pilgrimage to the Holy Land, Gillion is taken prisoner by the Sultanat Cairo. Fortunately for him, he is spared from death by the Sultan’s loves truckdaughter, who, on receipt of the news that his wife and children athome in Trazegnies have died, he proceeds to marry. Gillion later learns, however, that his first wife and children are still alive. In order to resolve the sin of bigamy, his two wives enter a convent in Belgium and, on Gillion’s death, his heart is buried between them. The bibliographer and founder of the Roxburghe Club exclaimed in 1817, “The reader sighs to take leave of such a volume.”

Sur ce manuscrit voir la récente édition de Stéphanie Vincent (éd.), Le Roman de Gillion de Trazegnies, Turnhout, Brepols, 2011 (Textes vernaculaires du Moyen Âge, 11)
Infos et biblio sur le site d’Hanno Wijsman :  Luxury Bound
ARLIMA

30 Août 2012
Jean-Luc Deuffic

Autun – Musée Rolin : \ »Bologne et le pontifical d’Autun. Un chef-d’œuvre inconnu du premier Trecento (1330-1340)\ »

La découverte d’un exceptionnel manuscrit à l’évêché d’Autun permet d’évoquer la production artistique de Bologne dans le courant du premier Trecento (1330-1340). Des personnalités fortes telles Vitale da Bologna, le Pseudo Jacopino, Giovanni da Balduccio sont évoquées aux côtés des grands maîtres de l’enluminure.
Le manuscrit d’Autun est un pontifical romain où sont rassemblées les formules et les cérémonies des fonctions réservées à l’évêque : les rituels liturgiques et les bénédictions solennelles de la vie ecclésiale y sont illustrés d’une manière éclatante.
La compréhension par le public de ce chef d’œuvre du XIVe siècle sera facilitée par un \ »feuilletoire\ » numérique. Une projection visuelle de l’objet met en exergue sa valeur esthétique et donne quelques clés de lecture.
« Bologne et le pontifical d’Autun » est la première d’une série de cinq expositions inscrites dans une convention d’échanges culturels et scientifiques passée entre la ville d’Autun et le musée du Louvre. Le musée Rolin est le seul musée de Bourgogne et l’un des rares musées de France à avoir signé un tel accord avec le plus grand musée du monde.
« Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la Communication – Direction générale des patrimoines – Service des musées de France. Elle bénéficie à ce titre d’un soutien financier exceptionnel de l’Etat ».

Exposition temporaire du 12 septembre au 9 décembre 2012

Dossier de presse détaillé (format pdf)

Site de la ville d’Autun
Site du Musée Rolin

29 Août 2012
Jean-Luc Deuffic

BMI Épinal-Golbey : Journée d’étude sur les Évangiles selon saint Marc de Saint-Goëry d’Épinal


(c) BMI Épinal-Golbey

La Bibliothèque multimédia intercommunale Epinal-Golbey renferme un manuscrit précieux, classé au titre des monuments historiques, l’Évangile selon saint Marc.

Provenant du chapitre Saint-Goëry d’Épinal, ce manuscrit a été donné à la Ville au milieu du XIXe siècle par le marquis de Ludres. Il est remarquable par la richesse des matériaux qui le composent : parchemin pourpré écrit en lettres d’or et d’argent, ivoire gothique, métal argenté et doré. Manuscrit d’apparat, l’Évangile selon saint Marc était également un réceptacle pour des reliques qui étaient conservées dans les quatre godets supportant les symboles des évangélistes.

Ce manuscrit a connu de nombreuses modifications au cours des siècles. Les feuillets de vélin pourpré datant du IXe siècle ont été protégés au cours du XIVe ou XVe siècle par une reliure précieuse dont le plat supérieur porte un volet de diptyque de la seconde moitié du XIVe siècle. Deux miniatures datant du XVe siècle sont venues s’insérer au début de l’ouvrage.
Dénommé couramment Évangéliaire pourpre, le volume contient en fait l’Évangile selon saint Marc.

Durant l’année 2012 ce manuscrit a fait l’objet d’une importante campagne de restauration et d’étude faisant intervenir des restaurateurs aux compétences variées. La présente journée d’étude permettra de faire le point des connaissances sur ce manuscrit et de présenter l’ensemble des travaux de restauration menés sur ce manuscrit précieux.

L’ensemble du manuscrit précieux est visible en ligne sur le site de la BMI

Programme détaillé de la journée d’étude du jeudi 13 septembre 2012 (format pdf) 
Formulaire d’inscription (pdf)

Journées organisée par la BMI en partenariat avec :
– la DRAC Lorraine
– Medial

29 Août 2012
Jean-Luc Deuffic

Baltimore, Walters art Museum, W 282 : les Heures de Jean de Ricametz et Catherine de Barbançon


© Baltimore, Walters Art Museum

Le manuscrit Baltimore, Walters art Museum, W 282, Heures de l’Imaculée Conception, avec un calendrier à l’usage de Brugges, porte les notes de Jean de Ricametz et de son fils Christophe =
Sensuiuent les iours des stations qui sont a Rome sur certains iours de lan ainsi verres escript station.
16 octobre 1498, par Christophe, son fils : mariage de Jean de Ricametz avec Catherine de Barbançon, fille de Christophe de Barbançon
25 octobre 1507 : funérailles de Marguerite de Villers au cimetière des Augustins d’Amiens
18 mai 1515 (d’une autre main que les précédentes) : décès de Catherine de Barbançon, \ »damoiselle de Ricaumez\ », femme de Jean de Ricametz
f. 123-126v. Séquences dévotionnelles écrites par Jean et son fils Christophe.
Prières en français signées et datées : \ »Rycaumez. 1514\ » :

Puis que une fois mourir conuient /
fol est qui ne pense de lame /
Quant est du corps terre deuient /
Soit de noble home ou gentil femme. //
Statutum est hominibus semel mory / post hoc autem Iudicium. ad hebreos 9°. / Pries Iesus pour Rycaumez. 1514\ ».

Vers adressés sans par Jean de R. (ou Christophe ?) à sa femme mourante :

Mon tour viendra mort masuldra /
Et sy ne say /
quant che sera Quant dieu plesra Ie partiray /
Rycavmez / vostre mary\ »

f. 127v : \ »Guigemette de maulde de damoiselle de Ricaumez\ » (A)
De la main de Christophe, le nom Ricametz en lettres grecques : REKAOUMEZ
Décoration
f. 7. La Vierge des litanies et Jean de Ricaumetz
f. 14. Saint Florentius, Jean de Ricaumetz et sa femme
f. 17v. Saint Christophe, en relation avec Christophe de R. et Christophe de B
Ces presentes heures sont a Jehan de Ricaumez / seigneur dudit lieu et a Katherine de barbenchon / sa femme. Quy les trouvera en les rendant / bon vin avesra/ / Ricaumez – Iesus maria.

Jean de Ricaumetz et Catherine de Barbançon à Foufflin-Ricametz

On conserve encore à Foufflin-Ricametz, commune du Pas-deCalais, les dalles tumulaires de Jean de Ricametz et de Catherine de Barbançon, en pierre noire de Tournai, sculptées en haut relief, et encastrées dans le mur, à peu près à l’endroit où elles avaient été découvertes. Voir ici (photo médiocre)
La partie visible mesure 1 m. 83 de hauteur, et 1 m. 15 de largeur. Le seigneur de Ricametz, debout, les mains jointes, a le visage découvert, et la tête garnie d’une abondante chevelure bouclée. Il est revêtu de la cotte de mailles et de la cotte d’armes sur laquelle se voient, plusieurs fois répétées, les trois coquilles de son écu, et qui descend jusqu’à mi-cuisses ; il porte son armure sous sa cotte d’armes, et son épée et ses gantelets suspendus au côté gauche. Ses pieds reposent sur un lion couché dont on n’aperçoit plus que la tête. Au-dessus du chevalier est figuré l’écu des Ricametz : de [gueules] à 3 coquilles d’[or], timbré d’un heaume au cimier caché par la boiserie, et supporté par deux sauvages au corps velu. Autour de la pierre, sur le bord chanfreiné, est l’inscription :

[Chi gist haut et puissant] seigneur Jehan [de Ricaumez] en son viva[nt chevalier] Sr dudit Ricaumez de Rolecourt descoiv[re et d’Herissart qui trespassa le 28 de juillet (1)] lan mil chinq cens et quatre pries dieu pour son ame.

La seconde pierre tombale, placée à côté de la précédente, est celle de Catherine de Barbançon, femme de Jehan de Ricametz ; elle est de la même hauteur, mais elle est beaucoup plus large (1 m. 40) ; de plus, à dextre, est encore dissimulée derrière la boiserie une partie évidée d’environ 25 centimètres de largeur, où ont dû être incrustés les quartiers de la défunte. Sur cette dalle, est sculpté, aussi en haut relief, un cadavre dévoré par les vers, reposant sur une draperie dont une partie, ramenée en avant, recouvre le milieu du corps. De chaque côté des pieds et de la tête, quatre cavités, en forme de losange, avaient sans aucun doute contenu aussi quatre autres quartiers de noblesse. Trois larges banderoles épigraphiées entourent le personnage. On lit sur celle qui est placée à sa droite :

Chy gist Catherine de Barbe[n]chon fille de nobles et puissa[n]ts se[igneu]r et dame Christofle de Barbe[n]chon, en son viva[n]t ch[evali]er et sei[gneu]r de Cani et Varlues et de mada[m]e Jeh[an]ne de Sarrebruche Icelle Ka[theri]ne en son viva[n]t demoiselle de Che[n]pie[n]g et fame de Jeha[n] de Ricaumes, s[e]ig[neu]r dudit lieu Roilecourt Herissart [et] decoyures laquelle finit ses jours le vendredi xviiie jo[u]r de mai en lan mil V cens et qui[n]ze priez Ih[esu]s po[u]r elle.

Sur la banderole placée au-dessus de la tête osseuse du cadavre on lit ces deux vers :

Vermib[us] hic donor et sic oste[n]dere conor
Quod sicut hic ponor ponitur o[mn]is honor.

Enfin, les deux vers suivants sont sculptés sur la 3e banderole, à gauche du personnage :

Quis quis ades quia morte cades sta respice plora
Sum quod eris modicum cineris, pro me precor ora

Épigraphie du département de Pas-de-Calais, Volume 6, p. 338.
Généalogie Barbançon sur la base ROGLO.
Randall, II, p. 485-492, n° 203.
Luxury Bound (Hanno Wijsman)
Baltimore, Walters Art Museum


Foufflin, sur la carte de Cassini

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