18 Sep 2012
Jean-Luc Deuffic

Paris, BnF, Lat. 1179 : Les Heures de Macé Prestesaille : une affaire de famille


© Paris, Bibliothèque nationale de France. Ms. Lat. 1179, f. 2.

Le Livre d’heures que Macé Prestesaille (ou Presteseille), paroissien de Saint-Saturnin de Tours, fit écrire en 1475, bien que modeste, présente cette originalité de porter de la main même du copiste des relations de naissances ou de décès des membres de la famille Prestesaille, qu’une miniature met en scène, présentée au complet (f. 2) par l’archange saint Michel :

f. 3 : En lonneur et reuerence de nostre sauueur et redempteur Ihesus et de sa benoiste chiere mere et de tous les sains et saintes de paradis a este faict et compillé cest present liure pour memoirez souuenance des trespassez et principallement pour souuenance de Jehanne fille de feu Colin Prince et Jaquette sa femme en son viuant femme de Macé Prestesaille et aussi pour memorez souuenance des enfans que la dicte Jehanne a euz et conceuz durant le temps de la liance du mariage des dessus dictes [f. 3v] deux parties dont les nopces dudit Macé et de Jehanne sa femme furent le lundi xiiie jour de juing mil IIIIc lxviii et estoit ledit Macé aagé de xxvii ans et ladicte Jehanne aagée de xxi an et deceda la dicte Jehanne le xxvie jour de nouembre mil IIIIc lxxiiii apres lenfantement dung filz dont elle accoucha le jour cy dessus escript entre iiii et v heures apres mydi et la dicte Jehanne deceda de cest monde en lautre entre v et vi heures ce jour mesmes de laquelle deffuncte et de tous aultres pour commemoracion [f. 4] delle Dieu par sa saincte grace et misericorde vueille auoir pitié et mercy des ames presant a tous seigneurs et dames prestres clercs séculiers et aultres qui lyront et orront lire ceste présente titulacion qui leur plaise prier Dieu pour lame de la dicte deffuncte et de tous aultres deffuncts et en dire chaucun une patnostre et aue Maria. lequel liure appartient a Macé P[re]staille et a esté fait et par escheue le penultieme jour de may lan mil IIIIc lxxv f. 9v : Le vendredy xvie jour du mois de mars mil IIIIc lxviii la dicte Jehanne eut une fille a six heures apres midi et la tint sur fons Jehan Giuet viconte de Karentem et furent marraignes Andrée Ogiere seur de la dicte Jehanne et Jehanne La Daulnie bourgoise et a nom icelle fille Jehanne et fut née an la maison de Lange a Tours
f. 10 : Le mardi vigille de la decollaction mons. saint Jehan Baptiste xxviiie jour daoust [10v] mil IIIIc lxx la dicte Jehanne eut ung filz entre quatre et cinq heures deuers le matin et furent parrains Guion Moreau apoticaire du roy nostre sire et Jehan Benoit receueur de sens et marraine ma dame Guillemine Tourpin dame de la Frogerie lequel filz a nom Guillaume et fut né audit lieu de L’ange
f. 11 : Le mercredi iie jour doctobre mil IIIIc lxxi la dicte Jehanne eut une fille en enuiron dix heures deuers le matin et fut parrain Jehan Beschu po[u]r maistre Pierre Huet chanoine deureux (Evreux) et marraines Margue [f. 11v] rite Dalles et Jehanne Lagouyne laquelle fille a nom Perrine et fut née audit lieu de Lange.
Au f. 12 : Le mardi xve jour de septembre mil IIIIc LXXII, à heure de vespres, la dicte Jehanne eut une fille, et fut parrain Jehan Gaudin, maistre des euvres de monseigneur de Bueil, conte de Sancerre, et ses marraines Marguerite Maignée, femme de Yvon du Val, capitaine de la Marchiere (1), et Rouse de Vignolles, fille de Perot de Vignolles, et de Marie de Levemont ; laquelle fille a nom Jehanne, et fut née à Chemillé, en la maison de Rambondais.
f. 13 : Ce mercredi XIIIe jour de januier mil IIIIc lxxiii la dicte Iehanne eut une fille a six heures deuers le matin et fut parrain maistre Pierre Lechebien licen[cié] en loys lieuten[ant] du p[re]vost de Tours et ses marraines Iacquete femme de Noillac apoticaire et Jehanne fem[m]me de Jehan de Bresche peletier de ma dame de Bueil contesse de Se[n]cerre [f. 13v] laquelle fille a nom Perrine et fut née audit lieu de Lange.
Ce sapmedi xxvie jour de nouembre mil IIIIc lxxiiii, la dicte Jehanne eut ung filz au dit lieu de Lange entre quatre et cincq heures aprés midi qui ne vesquit que enuiron demye heure et entre cinq et six heures ce soir mesmes elle deceda et furent ensepulturez le lendemain jour de dimanche en une fousse en lesglise de Saint Saturnin de Tours pres ses feuz pere et mere de chaiscun deulx Dieu par sa [ f. 14] saincte grace pitié et miséricorde leur face a lame. Amen.
La première fille de la dicte deffuncte trespassa le jour dung lundi en leage de quinze moys et fut ensepulturée en lesglise Sainct Saturnin a Tours
La seconde fille de la dicte deffuncte trespassa le jour de saint Gacien xviiie jour de décembre mil IIIIc lxxi en leage de deulx moys et demy et fut ensépulturée en ladicte église [f. 14v]

(1) Yvon du Val, chevalier, seigneur de Niafle près de Craon, capitaine de la Marchère, secrtaire du roi Charles VII par lettres du 6 juillet 1437, épousa la même année Marguerite de Maynence. 
Le château de la Marchère : Propriété de la famille de Bueil à partir de 1367 et siège de leur justice seigneuriale.

ADIL, 3E 1/3, 22 juin 1490 : \ »le dit Macé Presteseille a promis et promect de faire prendre à sa dite fille le dit Pierre Dulieu a mary espoux en face de notre mere saincte eglise au cas que Dieu et notre mere eglise se y accordent\ », Histoire et société, Mélanges offerts à Georges Duby, PUF, 1992, p. 90.

Paris, Bibliothèque nationale de France, Lat. 1179. Numérisé sur Gallica
F. Avril & N. Reynaud, Les manuscrits à peintures en France, n° 79.

13 Sep 2012
Jean-Luc Deuffic

Les Heures de François Le Bigot et de Perrette Damours, citoyens de Bourges ?

La Galerie Les Enluminures présente dans son catalogue un Livre d’heures remarquable par sa reliure renaissance à la fanfare, laquelle porte les noms de \ »François Le Bigot\ » et \ »Perrette Damours\ ».


© Galerie Les Enluminures

Les possesseurs de ce Livre d’heures, exécuté dans la vallée de la Loire vers 1465-1475, doivent être à rechercher du côté de la ville de Bourges, où les familles (Le) Bigot et Damours ont eut des rôles importants :
Perrette Damours, née ca 1520, épouse Claude Lamoignon, échevin de Bourges en 1563 ; porte d’argent, à trois pièces d’hermines de sable
Robert Damours, maire de Bourges en 1570-1571, 1582-1585
Robert Bigot, maire en 1540-1541.
Etienne Bigot, maire en 1599.

Voir Alain Collas, L’ascension sociale des notables urbains : L’exemple de Bourges 1286-1600), L’Harmattan, 2010 : quelques extraits en ligne

Description sur le site de la galerie Les Enluminures
Catalogue Robert Hoe

Galerie Les Enluminures

11 Sep 2012
Jean-Luc Deuffic

Texte, liturgie et mémoire dans l’Église du Moyen Âge


Vient de paraître
 


Pecia. Le livre et l’écrit, 14 (2011)

Texte, liturgie et mémoire dans l’Église du Moyen Âge

335 p., 14 b/w ill. + 29 colour ill., 210 x 270 mm.Turnhout, Brepols Publishers
ISBN : 978-2-503-54385-7

« Writing recalls history to our memory as if it had been heard… » (Guillaume Durand, Rationale divinorum officiorum, cited by J.-C. Schmitt, Le corps des images, Paris, 2002, p. 132). The history of liturgy (and liturgical books) constitutes today a special field of research for medievalists. That of memory, « by definition, increased and decreased, collective, plural and individual » (P. Nora, Entre mémoire... , p. xix-xx), enters into this interdisciplinarity, which exerts itself more and more naturally and is the subject of numerous publications during the past several decades. The current volume responds to research issues that benefit from a new perspective on the manuscript book in the largest sense of the subject.

Table of Contents

Le livre liturgique : musique, texte et image

Olivier Cullin, Le Graduel de Bellelay aux origines de la liturgie prémontrée
John Haines, Perspectives multiples sur la note carrée
Anne-Orange Poilpré, Le royaume de Charlemagne comme Ecclesia? Le témoignage d’un manuscrit liturgique et de ses images
Guillermo Nieva Ocampo, En la iglesia con alta y sonora voz : liturgia y devoción entre los dominicos reformados de Castilla (1480-1550)
Ileana Tozzi, I codici miniati della Domenicana suor Eufrasia Burlamacchi al tramonto dell’età medievale

Le livre manuscrit : mémoire de l’Église et des hommes

Stéphane Lecouteux, Les anciens légendiers de Cambrai (Xe-XIIe siècles)
Brian M. Jensen, The Bolognese martyrs Vitalis & Agricola in Ambrose and codex Angelicus 123
Eva-Maria Butz & Alfons Zettler, Two early necrologies : the examples of Verona (c. 810) and Remiremont (c. 820)
Alessandra Terracina, Raccontare la storia : un manoscritto poco conosciuto della Chronica Maiora di Beda il Venerabile
Franklin T. Harkins, Fundamentum omnis doctrinae : The Memorization of History in the Pedagogy of Hugh of St. Victor
Jean-Luc Deuffic, Des Heures… et des armes. Bertrand de Tourzel et Isabelle de Levis : un couple mécène
Index des manuscrits cités
Crédits photographiques

BREPOLS PUBLISHERS
Pecia. Le livre et l’écrit [ en ligne ]

11 Sep 2012
Jean-Luc Deuffic

Participez à l’acquisition d’un Trésor national, le Livre d’heures de Jeanne de France


En 2011, le ministre de la Culture et de la communication a déclaré Trésor national le Livre d’heures de Jeanne de France, un remarquable manuscrit royal enluminé sur vélin, réalisé en 1452, à l’occasion des noces de Jeanne de France, troisième fille du roi Charles VII.
Ce livre d’heures n’a pas d’équivalent dans les collections publiques françaises. Son entrée dans les collections de la Bibliothèque nationale de France est donc de la première importance.
La BnF doit acquérir cette œuvre avant la fin de cette année. Elle a d’ores et déjà mobilisé des mécènes à hauteur de 75 % de la somme. Aidez-nous à lever les 250 000 euros nécessaires pour mener à bien cette acquisition.
Ce petit volume (108 x 76 mm) se compose de 336 feuillets. Il s’agit de l’une des réalisations les plus exquises et les plus raffinées du règne de Charles VII. La qualité de l’exécution de cet ouvrage témoigne du rang royal de sa destinataire, Jeanne, promise au mariage avec le comte de Clermont, futur Jean II de Bourbon. Les armoiries peintes ne laissent aucun doute sur son identité, notamment l’écu en losange qui se détache sur un drap d’or ; le portrait de la princesse, en prière devant la scène de Mise au Tombeau, figure également dans l’ouvrage, folio 285. Enfin, la genette, petit animal domestique, se retrouve dans l’ouvrage liée par le col à l’initiale « J » par un amusant jeu de mots sur son prénom Jeannette, comme cela existe dans d’autres manuscrits qu’elle eut en sa possession.
Le peintre qui a exécuté l’ensemble des peintures et des bordures, ainsi que la totalité du calendrier, est l’enlumineur anonyme qu’on appelle le Maître de Guillaume Jouvenel des Ursins. Ce manuscrit est assurément l’une de ses créations les plus raffinées.
Deux peintures sont d’une autre main, caractéristiques de l’art de Jean Fouquet du fait de l’étonnante maîtrise spatiale. Jean Fouquet est considéré comme le plus grand peintre et enlumineur français du XVe siècle, une figure majeure de l’histoire de la peinture.
Source : Bibliothèque nationale de France

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