Madrid, Fundación Lázaro Galdiano, ms. I 15446 : Livre d’heures et de raison de la famille Boulloche
© Fundación Lázaro Galdiano, ms. I 15446, f. 88r
Un Livre d’heures à l’usage de Rouen, aujourd’hui conservé à Madrid, Fundación Lázaro Galdiano (ms. I 15446), a servi de Livre de raison à la famille Boulloche, établie anciennement aux Andelys (Normandie).
Manuscrit numérisé sur le site de Fundación Lázaro Galdiano (Madrid). Voir les notes familiales aux derniers feuillets :
1565 : naissance de Jacques Boulloche
1567: enfant mort né
1572 : naissance de Louis Boulloche (décédé en 1574)
1574 : naissance de David Boulloche
1582 : naissance de Louise Boulloche
Notice et bibliographie dans le catalogue de l’exposition : Mysterium Admirabile : El tiempo de Navidad en los libros de horas de la Fundación Lázaro Galdiano (16 décembre 2011-26 mars 2012), n° 2.
BOULLOCHE (de). Armes : écartelé aux 1 et 4 de gueules, à un chevron d’or accompagné de trois molettes d’éperon de même ; au 2 de sable à trois besants d’or, 2 et 1, cantonnés d’une tête de taureau sur un gué d’azur ; au 4 de sable à trois besants d’or, 2 et 1. — Couronne : de Marquis.
La famille Boulloche ou De Boulloche est anciennement et honorablement connue aux Andelys, en Normandie. Elle a donné avant la Révolution une série de lieutenants-généraux au bailliage de cette ville. Jacques Boulloche était en 1692 élu en l’élection de la même ville. N… Boulloche du Méret, conseiller à Andelys, fit enregistrer son blason à l’Armorial général de 1696 : de gueules à un chevron d’or accompagné de trois molettes d’éperon du même. Pierre Boulloche, conseiller du Roi, eut ses armes enregistrées d’office au même Armorial : de sable à trois besants d’or.
M. de Mailhol a consacré à la famille de Boulloche un long article dans son Dictionnaire historique de la noblesse française ; il lui attribue une origine très reculée et la fait descendre d’un David Bullock, seigneur du Gué du Taureau (Bull lock), dans les Highlands, en Ecosse, qui serait venu se fixer en Normandie sous Louis XI. La famille de Boulloche parait n’avoir eu cependant aucune prétention nobiliaire antérieurement à la Révolution. On ne lui connaît, en tout cas, aucun principe d’anoblissement et elle ne figure ni au nombre de celles de sa province qui furent maintenues nobles lors des diverses recherches ordonnées par Louis XIV, ni au nombre de celles qui prirent part en 1789 aux assemblées de la noblesse Ce n’est que. depuis 1880 que ses représentants font précéder leur nom de la particule « De », souvent prise, du reste, par leurs ascendants au cours du XVIIIe siècle. Son chef est même connu depuis quelques années sous les titres de comte de Boulloche, de marquis de Douxmesnil et de baron du Méret dont on ignore l’origine…
Gustave Chaix d’Est-Ange, Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables, Volume 6, p. 123.
Rennes, Bibliothèque Métropole, ms. 1512 : le sénéchal de Morlaix, Michel Le Levyer, et son Livre d’heures
La Bibliothèque de Rennes Métropole, dont on a souvent relevé ici le dynamisme en matière d’acquisition de manuscrits médiévaux, conserve sous la cote 1512 un Livre d’heures du XVe siècle, qui bien que modeste, n’en est pas moins intéressant de par sa provenance, et comme témoin de la circulation des manuscrits en Bretagne. Je remercie chaleureusement Mme Sarah Toulouse, conservatrice en chef, pour son aimable concours à me fournir une description précise du manuscrit, lequel a rejoint les collections de la Bibliothèque de Rennes à la suite de la vente de Paris-Drouot de 1993.
Ce petit ouvrage de 165 f., aux dimensions 110 x 80 mm, contient des heures de la Vierge à l’usage de Paris. Du reste, le calendrier et les litanies n’ont aucune connexion avec la Bretagne, et c’est bien dommage. Par contre la reliure du XVIe siècle, en parchemin souple ornée d’un décor doré à la fanfare, porte la marque d’un ancien possesseur :
« A Escuier Michel le Levier » (plat supérieur)
« sieur du Restigou » (plat inférieur)
En 1881, le manuscrit, appartenant alors au chanoine de La Paquerie, se trouvait exposé à Quintin avec deux autres Livres d’heures (Association Bretonne, session de Quintin, 1880 (1881), p. 362). Le chanoine de La Paquerie, admis comme membre de la Société archéologique du Finistère lors de la séance du 27 janvier 1887 par MM. Guépin et Trévédy, demeurait 12, rue de Pont-l’Abbé à Quimper.
© Bibliothèque de Rennes Métropole. Manuscrit 1512, f. 82 : le Couronnement de la Vierge
La famille Le Levyer (ou Le Levier) reste attachée à la région de Morlaix. Dans son Nobiliaire et armorial de Bretagne (t. II, p. 98), Potier de Courcy fait mention des Le Levier, sr de Kerroc’hiou, paroisse de Ploujean, de Penarstang, de Keranfors et de Kerloassezre, paroisse de Plougonven, de Meshir, de Keramprévost, de Coat glaz, de Kervézec. Ils furent déboutés à la réformation de 1669, dans le ressort de Morlaix. Ils portaient : d’argent à la fasce d’azur surmontée d’une merlette de même, accompagnée de trois trèfles de gueules (Guillaume le Borgne). Jean, sénéchal de Morlaix en 1533 ; Jean, gouverneur du château du Taureau en 1574 ; Jean, conseiller au parlement en 1588, marié à Françoise de Talhouët de Boisorhant.
Notre Michel Le Levyer, sénéchal de Lanmeur (attesté le 12 aout 1576), puis de Morlaix en 1596, sieur de Restigou et Keropartz, fut marié en 1600 à Barbe Quintin (Sources : Le Guennec). En 1579, il assiste avec Jean Le Levyer aux Etats de Bretagne, au nom du Tiers état, comme représentants de la ville de Morlaix (Olivier Tréhet, Le Tiers Etat aux Etats de Bretagne au seizième siècle (1491-1589), 1992, p. 110 : \ »Lelevier Michel, sr de Restigou, 1579\ ». Archives de Bretagne : recueil d’actes, de chroniques, etc …, Volume 15, p. 127).
Les anciennes prééminences de l’église Saint-Melaine de Morlaix font mention d’un banc familial :
Et entre le cinquiesme et sixiesme pilier, il y a quatre bancs scavoir, le plus bas et joignant le cinquiesme pilier et l’autel de sainct Joseph du costé de l’epistre contenant de long quatre piedz, fors deux poulces, et de laize trois piedz appartenant au sieur de Penanyun, prestre, celuy de dessus armoyé des armes des Levier contenant quatre piedz de long et deux piedz et un poulce de laize appartenant au sieur de Restigou, au costé du quel et à vis d’autre autel de Ecce Homo où est un tableau de l’image de Jésus descendu de la croix, …\ ».
A Guimaëc, non loin du manoir des Kergomar, fondateurs de la chapelle de Notre-Dame de la Joie, s’élève une croix montée sur un socle hexagonal, un dé aux angles ornés de griffes. Primitivement elle se trouvait à l’entrée du manoir de Keropartz en Lanmeur, élevée par Michel Le Levyer et Barbe Quintin. Elle porte les armes de ses deux mécènes : une fasce surmontée d’une merlette et accompagnée de trois trèfles, mi parti d’un lion accompagné de trois molettes. Transportée au cimetière de Guimaëc, elle fut ensuite placée près de la chapelle Saint-Mélar, et, après la chute de celle-ci, transférée à la Joie. Parmi les statues de la croix, celle de sainte Barbe. Ci-dessous dessin de notre ami Yves-Pascal Castel (\ »Atlas des croix et calvaires du Finistère\ » )
Une chapelle, détruite aujourd’hui, dédiée à la martyre d’Héliopolis, si célèbre en Bretagne (voir Buhez sante Barba, Mystère de sainte Barbe, texte de 1557), appartenait également au domaine de Keropartz, probablement édifiée par Le Levyer et son épouse. Cette dernière était issue des Quintin (d’argent au lion morné de sable, accompagné de trois molettes de sable ; devise : Calcaribus recalcitram) dont le manoir de Coatanfrotter ou Coat ar Frotter (XVe siècle) en Lanmeur possédait aussi autrefois une chapelle privée dédiée à saint Barbe. Adeline La Forêt par son mariage avec François Quintin, seigneur de Coatamour, apporta cette possession aux Quintin.
Le manoir de Coat ar Frotter en Lanmeur (Finistère)
Louis Le Guennec, dans Bulletin de la Société Archéologique du Finistère, 45, 1918, p. 184.
Manuscrit 1512 : Feuillets numérisés sur le site de la Bibliothèque Rennes Métropole
De Bordeaux à Trogen (Suisse) : Les Livres d’heures des Champrond
Les Champrond (t) n’ont guère été de grande noblesse. Tout au plus, appartenaient-ils à \ »la bonne bourgeoisie de Chartres\ ». Pourtant le hasard nous a fait retrouver deux Livres d’heures qui furent en possession de cette famille, conservés paradoxalement loin de leurs bases géographiques.
Angelot sur la porte de l’Hôtel de Champrond à Chartres [ source ]
Blason des Chambrond dans l’église de Hanches [ source ]
Le premier de ces manuscrits fait partie aujourd’hui des collections de la Bibliothèque Mériadeck de Bordeaux (ms. 93)et provient d’un don de M. Soulé, médecin. Composé de 143 f. sur parchemin et mesurant 162 x 105 mm, son exécution se situe autour des années 1400. Malheureusement les miniatures ont toutes été effacées par des procédés chimiques et de ce fait l’étude iconographique de ce manuscrit reste impossible. Au f. 143v on trouve pourtant cette note : Anne Piedefer, femme de mons. L’advocat du Roy à Chartres. Rendez les luy.
Il est généralement admis que cette Anne de Piedefer était la fille de Robert Piedefer, seigneur de Guyancourt, Garencières et Viry, avocat du roi au Châtelet de Paris (+10 avril 1541) et de Madeleine Symon, dame de Gombaines et de Saint Liépard, en Brie (1485-+5 février 1522).
Pourtant ce passage d’un aveu des Archives départementales de l’Oise pourrait remettre en question cette filiation :
ADO, H 2628 : \ »Prestation de foi et hommage à noble homme maître Charles Lecoq, conseiller du roi, président des généraux des monnaies, seigneur du fief Pasquier, sis à Mitry, comme ayant le droit de Charles Culdoé, bourgeois de Paris ( = + 1 décembre 1536, inhumé à Saint-Gervais, Paris), par Michel de Champront, fils aîné d’Anne Piédefer, jadis femme de maître Étienne de Champront, avocat du roi à Chartres, et fille de feu maître Jacques Piédefer, seigneur d’Épiais-en-France et avocat au Parlement, tant pour lui que pour Bienvenue de Champront, sa sœur, femme de maître Pierre de Givês, prévôt de Chartres, à cause d’un manoir, sis à Mitry en la rue de Rommenois (= aujourd’huy Romnois), 2 mars 1531.
Étienne de Champrond, seigneur d’Ollé, 1531 (AD. 28, B 186), était le fils de Michel de Champrond et de Bienvenue de Cosses, dite de Vic, \ »native de Duon le roy\ » ( = Dun-sur-Auron) en Berry, lesquels eurent 19 enfants, mais \ »ne resterent que trois fils et 3 filles\ » : \ »Estienne\ » ; Michel, chanoine de Chartres, \ »prieur et curé de Saint-Martin Dolle\ » ; Jean, \ »mort en jeunesse\ » ; Bienvenue et Jeanne.
Jacques de Piedefer, seigneur d’Epiais et de Bordes, fils de Robert IV Piédefer et de Pierrette Bracque, épousa Jeanne Poignant, fille de Pierre Poignant, seigneur d’Athis et Louans, maître des requêtes, et de Jeanne Goumy.
Anne de Piedefer et Etienne de Champrond eurent comme enfants :
– Michel de Champrond, fils ainé, \ »maitre de la Chambre des comptes\ », qui épousa Anne de Conan
– Claude de Champrond, \ »chanoine de Chartres et prieur de sainte-Foy lequel mourut étudiant à orléans et y fut entéré aux Jacobins devant Nostre Dame de Pitié\ »
– Bienvenue de Champrond, mariée en 1515 à Pierre de Givès, seigneur de Gas et de Lèves, licencié en lois, prévôt de Bonneval, puis de Chartres, décédé avant décembre 1539, fils de Regnault de Givès, seigneur de Lèves (1459-1524) et de Jehanne Cadou (+ ca 1508). [source : Mémoires de la Société archéologiques d’Eure-et-Loir, 1914]
– Jeanne, \ »morte à lage de 4 ans\ »
¤ Généalogie de Piedefer : Histoire généalogique par ordre alphabétique des Présidens et conseillers au parlement de Paris jusqu’en 1712 par Banchard [ en ligne ]
¤ Généalogie de Champrond : Histoire généalogique par ordre alphabétique des Présidens et conseillers au parlement de Paris jusqu’en 1712 par Banchard [ en ligne ]
Armes des Champrond : d’azur, au griffon d’or
Armes des Piedefer : échiqueté d’or et d’azur
Notice du manuscrit sur le site « Manuscrits Médiévaux Aquitaine »
© Bordeaux, Médiathèque Mériadeck
Le deuxième manuscrit, arrivé par la destinée à Trogen, petite bourgade suisse, a intégré la Bibliothèque cantonale d’Appenzell Rhodes-Extérieures (CM ms. 8). Il a fait partie des collections du président du tribunal supérieur Carl Meyer (1873-1947).
© Trogen, Kantonsbibliothek Appenzell Ausserrhoden
Ce Livre d’heures de 104 f. (140 x 70 mm), à l’usage de Paris, porte un almanach pour les années 1528-1559, ce qui indique une exécution autour de cette première date. Les armes aux grandes miniatures sont celles de Champrond, avec la devise : \ »Lamour mest deu\ ». La notice de Hannes Steiner, dans \ »Die Handschriften der Sammlung Carl Meyer\ », Sammlung Carl Meyer in der Kantonsbibliothek Appenzell Ausserrhoden in Trogen. Katalog der Handschriften und der Drucke bis 1600, précise que le manuscrit fut à Michel de Champrond. Je ne sais sur quel indice se base cette attribution…
Notice catalogue pdf [ en ligne ]
Numérisé en ligne sur E-CODICES
Michel de Champrond était le fils ainé d’Etienne de Champrond et d’Anne de Piedefer, possesseurs du premier Livre d’ heures décrit.
Michel, sgr de Dolle, Douville et d’Espiez en france, conseiller du roy et maitre ordinaire en la chambre des comptes à Paris qui épousa Anne de Conan, fille de Pierre de Conan de n… [ = Marguerite ] des Fontaines fille de Tristan des Fontaines et soeur de François de Conan, led. des Fontaines conseiller en parlement avoit épousé Ambroise Allegrin il y eut de ce mariage plusieurs enfans tous morts en jeunesse excepté 2 fils et 2 filles.
\ »Damoiselle Anne de Connan veufve de feu maistre Michel de Champrond en son vivant auditeur des comptes à cause de ses seigneuries de Hanches, la Tourneuve, Vinerville & autres, ses seigneuries assises audit comté par M. Toussaincts Rousseau son recepveur assisté dudict Maheas\ » (source : Nouveau coustumier général)
Anne de Conan, veuve de Michel de Champrond, seigneur d’Ollé, 1542 (AD. 28, B 186)
AD 28, G 228, 1559-1560. Foi et hommage à Anne de Conan, veuve de Michel de Champrond, sieur d’Ollé, pour des terres au terroir du Moulin-à-Vent, à Fadainville.
Archives départementales de L’Oise, H 2628 : \ »Prestation de foi et hommage à noble homme maître Charles Lecoq, conseiller du roi, président des généraux des monnaies, seigneur du fief Pasquier, sis à Mitry, comme ayant le droit de Charles Culdoé, bourgeois de Paris, par Michel de Champront, fils aîné d’Anne Piédefer, jadis femme de maître Étienne de Champront, avocat du roi à Chartres, et fille de feu maître Jacques Piédefer, seigneur d’Épiais-en-France et avocat au Parlement, tant pour lui que pour Bienvenue de Champront, sa sœur, femme de maître Pierre de Givês, prévôt de Chartres, à cause d’un manoir, sis à Mitry en la rue de Rommenois, 2 mars 1531. — Prestation de foi et hommage à Madeleine Quétier, veuve de maître Charles Lecoq, président des généraux des monnaies, seigneur du fief Pasquier, par Regnaud, Anne et Michel de Givês, enfants et héritiers de Pierre de Givês, prévôt de Chartres, et de Bienvenue de Champront, à cause de leur manoir à Mitry en la rue de Rommenois, 5 juin 1551\ ».
On consultera aux Archives nationales, l’Inventaire après décès de Michel de Champrond, seigneur d’Ollé, conseiller du roi, maître ordinaire en la chambre des comptes, demeurant rue Saint-Antoine, vis-à-vis la croix de Sainte-Catherine, dressé à la requête d’Anne de Connan, sa veuve, ayant la garde noble de Michel, Jean, François et Anne de Champrond, ses enfants (22 f.) : tapisserie, bagues, joyaux, vaisselle d’argent … (Paris, Archives nationales, Minutier central, XIX, 268)
Michel de Champrond, seigneur d’Ollé, décéda le 1er août 1539 fut inhumé à l’origine à Sainte-Catherine de la Couture, prieuré de l’ordre du Val des Ecoliers, puis transféré dans l’église parisienne de Saint-Paul [ Epitaphier du Vieux Paris : numérisé sur Gallica ]
\ »Cy gist feu noble homme messire Michel de Champrond, en son vivant seigneur d’Ollé, d’Onville, Barronville et des Prés, conseiller du roy et maistre ordinaire en sa Chambre des comptes a Paris, qui trespassa en son hostel, rue Sainct Anthoine, parroisse de Sainct Paul, le premier jour d’aoust, l’an M D XXXIX. – Priez Dieu qu’il ait l’ame de luy et de tous trespassez\ »
De Champrond : d’azur, au griffon d’or
De Conan : d’azur, à dix billettes d’or posées 4, 3, 3, 1
Voir en ligne : Succession d’Anne de Conan, Angers 1532 (Odile Halbert)
Michel de Chambrond fut peut-être commanditaire d’une restauration partielle de l’église de Sainte-Foy de Chartres, prieuré dépendant de l’abbaye de Saint-Jean en Vallée : ses armes se voyaient à une clé de voûte et dans une des verrières. (Histoire mss, p. 572).
Sur les familles Champrond et Conan on consultera avec profit l’étude de J. Dupèbe et Philippe Hamon, Humanistes en famille : les Meigret, dans Bibliothèque d’Humanisme et Renaissance, LII, 1990, p. 333-344.
Champron = BnF, Dossiers bleus, 167 ; Chartres, ADEL E 1420 et G 960
Génalogie Piedefer (Etienne Pattou)
Généalogie Poignant (Etienne Pattou)
Les Heures de Josse de Lalaing et de Bonne de La Viefville
(c) Quaritch
En feuilletant par hasard un ancien catalogue de la maison Quaritch, une notice a retenu mon attention, celle d’un Livre d’heures à l’usage de Rome présenté comme étant de la maison du Bec, famille bien connue en Bretagne et Normandie. Ce manuscrit de 207 f. mesurant 133 mm sur 95 mm, copié sur 16 lignes à la page, renferme quatre miniatures des Evangélistes en grisaille et onze grandes initiales décorées.
Une recherche plus poussée m’a conduit à rejeter l’identification proposée par le catalogue Quaritch, conforté par l’aide précieuse d’Hanno Wijsman (IRHT). En effet, les armes de Lalaing (1er parti, de gueules, à 10 losanges d’argent aboutées, accolées et rangées 3, 3, 3, 1, la première à dextre chargée d’un lion de gueules) (1), celles de la Viefville (d »or à trois fasces d’azur, trois annelets de gueules brochant sur le champ et la première fasce) et les initiales entrelacées \ »J\ » et \ »B\ » ne pouvaient que s’appliquer à Josse de Lalaing et à son épouse Bonne de La Viefville, armes que l’on peut voir également sur le vitrail de la Sainte-Trinité en l’église collégiale Sainte-Waudru de Mons offert par leur fils Antoine et son épouse Elisabeth de Culembourg (2).
Armes de Charles II Lalaing, neveu d’Antoine de Lalaing. Fragment de vitrail de Sint-Katharinakerk van Hoogstraten [ source ]
Armes de Simon de Lalaing, seigneur de Montigny. Musée de l’Hotel Sandelin à Saint-Omer.
Sur le personnage :
J. Lauwerijs, Het testament van Joost de Lalaing (+ 1483), Hoogstraeten, chez l’auteur, 1935, 37 p.
Claude Thiry, \ »Un inédit de Jean Molinet : l’épitaphe de Josse de Lalaing, sire de Montigny (+ 1483)\ », dans Bulletin de la Commission royale d’histoire, vol. cxxxix, 1973. p. 29-66.
Christiane Van den Bergen-Pantens, \ »Le tableau des 32 quartiers de Josse de Lalaing, chevalier de la Toison d’or, seigneur de Brosende († 5 août 1483)\ », dans Jean-Marie Cauchies et Jacqueline Guisset, Du métier des armes à la vie de cour, de la forteresse au château de séjour : XIVe-XVIe siècles, Turnhout, Brepols Publishers, 2005, p. 194-204.
Fils de Simon de Lalaing (second fils d’Othon), seigneur de Montigny, et de Jeanne de Gavre, dame d’Escornaix, de Bracles et Salardingh (fille d’Arnauld de Gavre et de Marie d’Aumont, dame de Bracles), Josse reçut l’ordre la Toison d’Or au treizième chapitre, tenu Bruges en 1478.
Marié en 1462, on peut supposer que le Livre d’heures fut exécuté vers cette date, peut-être comme cadeau à cette union.
Epitaphe de Josse de Lalaign
Ci-gît Messire Josse De Lalaing, Seigneur et Baron dudit lieu, Seigneur de Hantes, Montigny, Bracles et Salardinghe, qui épousa Marie-Bonne de la Vieufville, fille et héritière de Louis de la Vieufville, Seigneur de Sains, Bertes, Orvilliers et de Maurepas, en le Comté d’Artois et d’autres Seigneuries, il fut de l’ordre de la Toison d’Or, Conseiller et Chambellan des magnifiques Princes Charles, Duc de Bourgogne, puis Maximilien, Archiduc d’Autriche et de Dame Marie de Bourgogne, sa femme, il fit plusieurs grands voyages tant par mer que par terre, haut à joutes et tournois, eut plusieurs grandes charges de gendarme, fut Capitaine de cent lances et de Péronne, prit d’assaut une île, le Duc Charles étant venu devant Nuys, fut amiral, Grand Veneur et Commis à créer les lois de Flandre ; Capitaine des deux châteaux et ville de l’Écluse, fut pris à la bataille de Nancy au service de son Prince Charles, qui là mourut, fut Chevalier d’honneur à ladite Dame Duchesse, laquelle eut en lui si grande confiance qu’elle le fit Ier Chambellan et Gouverneur de Monseigneur Philippe, Archiduc d’Autriche son fils, depuis Monseigneur Archiduc et Duc de Bourgogne, Maximilien, qui après fut Roi des Romains ; le fit Gouverneur de Hollande, de Zélande et de Frise, qui pour lors étaient rebelles, et néanmoins après plusieurs rencontres et villes prises, tant par armes que par beau (?), les réduisit à l’obéissance, subjugua la ville d Utrecht, prit d’assaut la forte ville de Hornes en Frise, acquit la Baronnie de Lalaing : Utrecht se remue (?), laquelle fut assiégée par Maximilien d’Autriche où ledit Seigneur Josse avait la charge de toute l’armée et faisant affuter une bombarde, fut atteint de deux coups d’arquebuse, vécut jusqu’au lendemain, se confessa ; reçut son dernier sacrement et trépassa, Chevalier sans reproche.
Source : Recueil historique
Voir la notice de Casimir de Sars de Solmon (Bibliothèque de Valenciennes) consacrée au couple Josse et Bonne :
Josse de Lalaing, sr de Montigny, de Hantes etc., Chevalier de l’ordre de la Toison d’or, lequel acheta la baronnie de Lalaing de son cousin germain Jean de Lalaing et mourut au siège d’Utrecht lan 1483, gist à Deins. Il avoit épousé Bonne de La Viefville, dame de Sains, Tongres et Maurepas, porte fascé d’or et d’azur de huit pièces à 3 annelettes de gueules sur les deux premières fasces, fille de Louis de La Viefville, sr de Sains et de Marguerite de Rincheval, dame de Maurepas.
Provenances du manuscrit :
Sotheby’s : Highly important manuscripts, extremely valuable printed books, autograph letters and historical documents, etc. (Milo) – 1925/04/06, lot 486
Quaritch : A Catalogue of Illuminated and Other Manuscripts Together with Some Works on Paleography – 1931 Lot 46
Quaritch : Illuminated and literary manuscripts, autograph letters, etc. – 1941, Lot 22
Notes
(1) On a ici plutôt un losangé.
(2) Corpus vitrearum. Les vitraux de la première moitié du XVIe siècle conservés en Belgique. La collégiale Sainte-Waudru de Mons, t. V, 2009. [ extraits en ligne ] avec une liste de représentations du couple.
Merci à Hanno Wijsman (IRHT)