16 Oct 2008
Jean-Luc Deuffic

Séminaires et colloques

Université de Lille 3, Institut catholique de Lille, Universités de Valenciennes et du Littoral [Lien]
Journées de recherche sur le haut Moyen Âge (Ve-XIIe siècles)
Programme de l’année universitaire 2008/2009
Vendredi 14 novembre 2008 — Université Lille 3
Actualité de la recherche sur le haut Moyen Âge
Nathalie BARRÉ (Archives municipales de Tourcoing) et Jean-Pierre GERZAGUET (Lille 3) : Inventaire et édition des cartulaires conservés dans le Nord/Pas-de-Calais
Noëlle DEFLOU-LECA (Grenoble 2) : La refonte électronique des répertoires des établissements religieux de Dom Cottineau et Dom Besse
Laurent VERSLYPE et Inès LEROY (Louvain-la-Neuve) : Recherches autour du port de Quentovic
Xavier DERU (Lille 3) : Cités, diocèses et pagi dans l’Antiquité et le haut Moyen Âge
Vendredi 23 janvier 2009 — Université de Valenciennes
Soutenir et légitimer le pouvoir
Sylvie JOYE (Reims) : Hincmar, miroir des princes carolingiens ?
Geneviève BÜHRER-THIERRY (Paris Est, Marne-la-Vallée) : Les évêques d’Empire entre soutien du pouvoir royal et construction d’une puissance autonome (Xe-XIe siècle)
Arnaud KNAEPEN (Bruxelles, ULB) : Le pouvoir et les références au passé (IXe-XIe siècle)
Vendredi 20 mars 2009 – Institut catholique de Lille
Hagiographie et prédication pendant le haut Moyen Âge
Isabelle WESTEEL (Bibliothèque municipale de Lille) : Hagiographie et pastorale à l’époque mérovingienne : le « sermon » de saint Éloi de Noyon
Jean HEUCLIN (ICL) : Le thème du mariage dans les Vies de sainte Aldegonde de Maubeuge (VIIe-XIe siècles)
Marie ISAIA (Lyon 3) : La collection canonique d’Hervé de Reims († 922) : une collection hagiographique au service de la pastorale
Klaus KRÖNERT (Lille 3) : Hagiographie et prédication à Trèves (Xe-XIe siècle)
Vendredi 15 mai 2009 — Université du Littoral Côte d’Opale (Boulogne-sur-Mer) Saxons et Vikings en Manche et mer du Nord
Éric RIETH (CNRS): Navires et navigation dans le haut Moyen en Manche et mer du Nord
Jean SOULAT (Lille 3 – Paris 1) : Le sud-est de la Bretagne anglo-saxonne et ses contacts avec le nord de la Gaule mérovingienne : l’apport de l’archéologie
Guénolé RIDOUX (Lille 3) : Les missionnaires anglo-saxons sur la route : représentations et théologie du voyage maritime

INSTITUT DE RECHERCHE ET D’HISTOIRE DES TEXTES [Lien]
Histoire des Bibliothèques
Anciennes Bibliothèques en ligne
24 octobre 2008

La section de Codicologie, histoire des bibliothèques et héraldique de l’IRHT organise un séminaire-atelier consacré aux recherches en cours sur les bibliothèques du haut Moyen Âge à la fin du XVIIIe siècle, lieu de rencontre des partenaires du projet BIBLIFRAM (Les bibliothèques, matrices et représentations des identités de la France médiévale) financé par l’ANR. Le séminaire HBA est ouvert à tous. Il a lieu tous les deux mois, le vendredi matin de 10h à 12h30, à l’IRHT, 40 avenue d’Iéna, Paris 16e (métro : Iéna, Boissière ; bus : 32, 63, 82), salle Jeanne Vielliard.
Bibliothèques anciennes en ligne : expériences et projets
Les développements récents de l’édition électronique de sources anciennes permettent d’envisager aujourd’hui des recherches sur de larges corpus documentaires, encore inimaginables il y a quelques années. Plusieurs chercheurs réfléchissent actuellement à la façon dont on pourrait baliser les inventaires de bibliothèques anciennes et concevoir une base de données permettant des interrogations complexes sur ces documents, les livres conservés, les possesseurs anciens. Il serait souhaitable de parvenir à un modèle unique, ou du moins à des modèles compatibles, quels que soient la datation, la nature des sources et le type d’objets décrits. Tous les chercheurs engagés dans l’édition d’inventaires ou la recherche sur les bibliothèques anciennes sont invités à participer à cette réflexion commune, dont le séminaire HBA du vendredi 24 octobre est la première étape.
Claire Sonnefraud (Enssib, Lyon), Une base de données sur les inventaires de trésors d’époque carolingienne.
Dans le cadre de sa thèse d’Ecole des chartes sur les inventaires de trésors du haut Moyen-Âge, C. Sonnefraud a mis au point une base de données. Le but premier de cette base était de préparer la réalisation d’un index lexical, mais elle a été enrichie afin de pouvoir étudier plus largement le contenu des inventaires. Cette base a posé de nombreux problèmes méthodologiques : comment rendre compte de tous les aspects des inventaires (langue, rapport du mot à la réalité matérielle) tout en rendant possible leur mise en série ? Pour cela, il a fallu réfléchir sur la structure d’un inventaire, ou plus largement d’une liste d’éléments, ces éléments pouvant être des « objets », des vêtements, des reliques, mais aussi des livres. La notion de « liste d’autorités », utilisée en bibliothéconomie, a été très utile dans ce cadre, afin de rattacher à une référence unique différentes appellations d’une même matière, pour les objets, ou d’une même œuvre, pour les livres.
Isabelle Westeel (Bibliothèque municipale de Lille / Centre Gabriel Naudé) et Raphaële Mouren (Enssib, Lyon / Centre Guillaume Budé), « e Collections et collectionneurs (eCC) », reconstituer des ensembles dispersés.
Le programme \ »e Collections et collectionneurs\ » (eCC) est un axe de recherche du Centre Gabriel Naudé de l’Ecole nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques (enssib). Il envisage les possibilités du numérique pour étudier les bibliothèques et les collections anciennes et ainsi reconstituer l’influence des courants littéraires et scientifiques à travers l’histoire des collections privées. L’objectif est de créer une \ »structure\ » permettant l’édition, la mise en ligne et la reconstitution virtuelle des collections à partir des inventaires anciens. Les possibilités du langage XML pour la description des inventaires et des notices d’exemplaires (localisés ou non) associées sont analysées et testées. Un exemple précis d’encodage sera présenté : celui de l’inventaire de la bibliothèque de Nicolas Fabri de Peiresc.
Lucien Reynhout (Bibliothèque Royale de Belgique, Bruxelles), Sanderus electronicus : édition électronique et recherches transversales dans les inventaires anciens, vers un modèle unique ?
En décembre 2006, l’auteur présentait à l’IRHT le projet \ »Sanderus electronicus\ » porté par la Bibliothèque royale de Belgique et dont l’objectif est de produire une édition électronique de la Bibliotheca Belgica Manuscripta (1641-1644) d’Antonius Sanderus. Un modèle de balisage XML des informations livrées par cette source était esquissé, sans faire l’impasse sur l’extrême difficulté de structurer, suivant des schémas informatiques nécessairement contraignants, des sources proches du langage naturel et à la structure très variable. Le présent exposé présentera l’état d’avancement du projet depuis 2006, les perspectives nouvelles de collaboration internationale et les résultats d’une réflexion plus poussée sur un modèle de structuration des données applicable à d’autres corpus d’inventaires anciens.

15 Oct 2008
Jean-Luc Deuffic

Livres d’heures ~ Books of Hours … a new website ──── « Heures de Veauce », ayant appartenu à Jeanne du Pou

Books of hours are regularly discussed on this site, which has often revealed new points of interest in these precious artefacts. More and more people are coming to share my love of these \ »petits trésors\ ». I am therefore pleased to report the publication of a new website devoted to books of hours. Sandra Hindman, a well-known specialist in this area and head of Les Enluminures, the famous Parisian institution situated in the Louvre des Antiquaires, Place du Palais Royal, is behind the latest pages on these medieval \ »bestsellers\ ».

Les Livres d’heures font régulièrement l’objet de notes sur ce site, et l’intérêt de ces précieux ouvrages y a été souvent relevé. Notre passion pour ces « petits trésors » reste partagée par un public de plus en plus nombreux. Aussi, m’est-il agréable d’annoncer la mise en ligne d’un nouveau site consacré aux Livres d’heures. Sandra Hindman dont on connait assez l’érudition en ce domaine, responsable de la maison parisienne bien connue des spécialistes – sise au Louvre des Antiquaires, place du palais Royal -, Les Enluminures, nous présente de belles pages sur ces bestsellers du Moyen Age.
www.medievalbooksofhours.com donne ainsi accès à diffèrentes ressources sur les Livres d’heures, réalisées en partenariat avec la célèbre Pierpont Morgan Library.


(c) Les Enluminures. Heures à l’usage de Poitiers. f. 94-95. Adoration des Mages

Parmi les Heures présentées à la vente et décrites avec précision se trouve un manuscrit dit Heures de Veauce, possédé (au XVIe s. ?) par un Breton, Trequerne du Crossec, cadet de Kergal, qui hérita ce livre de sa mère Jeanne du Pou, dame de Coettro, Kernivinen et de Kercaire (inscription au f. 234v). La décoration des ce manuscrit du dernier quart du XVe s. (16 miniatures) est attribuée à deux artistes de l’entourage des enlumineurs prestigieux que furent Jean Fouquet et Jean  Bourdichon.
|Description] : 234 f. 110 x 76 mm. 13 lignes.

Les du Pou (Guidel / Plouay) sont issus d’une vieille famille du Vannetais (sud de la Bretagne). Ils portaient d’argent au lion de sable armé, lampassé et couronné d’or. François du Pou, seigneur de Kernivinen fit une importante fondation aux Carmes d’Hennebont, fondation dont on peut noter l’intérêt artistique :
Le 4 septembre 1494, « noble écuyer François du Pou, sieur de Kernivinen, mit sur le grand aultier du chœur du d. couvent un tableau, fait et ouvré tant en bosse que en plate peinture, richement peint d’or, d’azur et d’autres belles couleurs, iceluy tableau contenant en plusieurs personnages le mystère de la Passion de Nostre Seigneur, et autres histoires mises et pourtraites, tant en bosse que en plate peinture.
Et pour récompense, rémunération et reconnoissance du d. don, et fournir à l’utilité, profit et salvation de l’âme du d. du Pou, et des âmes de ses père et mère, parents et amis trépassez, inhumez tant au d. couvent que ailleurs, et de tous vrois loyaux défuncts, les d. religieux ont promis, tant pour eux que pour ceux qui au temps à venir seront, par chacun jour de dimanche, dire une messe et la première sur l’autel des seigneurs du Pou, où les père et mère du d. François sont enterrés et gisans, étant le d. aultier au chœur de l’église collégiale du d. couvent, du costé devers le cloistre, près l’huys par où l’on entre du cloistre au chœur; et au lavabo d’icelle messe dire et faire une recommandation, prière et remembrance pour le d. François du Pou, sesd. père et mère, parents et amis, o De profundis et autres suffrages accoustumés ; et outre par chacun jour de dimanche, après la procession, dire et faire une commémoration et prière o De profundis et la sequelle, sur les tombes du d. du Pou, pour la rédemption de leurs âmes, et en outre estre participais à tous les autres bienfaits, prières et suffrages du d. convent à perpétuité.
El si le cas advenoit que quelque prince ou autre noble et grand seigneur donnât au d. convent et religieux un autre tableau plus beau et plus riche que celui du d. du Pou, il consent et octroie que cestuy présent lableau soit mis et assis sur l’aultier de la sépulture de ses d. père et mère, et non autrement, sans que les d. religieux soient aucunement déchargés de la continuation des services, messes et suffrages ci-dessus baillés et octroyés… »
Tous ces arrangements furent ratifiés par le frère Robert, docteur en théologie, et provincial de Touraine, au chapitre tenu à Saint-Pol-de-Léon en 1495. (Reg.)
Sources : Bulletin mensuel de la société polymathique du Morbihan, 1905, p. 347-348.
Revue morbihannaise, 1893, p. 396-398.


(c) Les Enluminures. Heures à l’usage de Poitiers. f. 12v-13. Calendrier (fin de décembre) et saint Jean.

Ce François du Pou du jouïr d’une certaine considération. Au reste, il fut secrétaire du duc de Bretagne François II. Par lettre-patente du 4 novembre 1492, Maximilien d’Autriche, roi des Romains, duc de Bretagne, etc., confère à François du Pou, seigneur du manoir de Kernyvinen, près Hennebont, la dignité de noble chevalier de Tournois du saint Empire romain. (In nostros et sacri Romani Imperii nobiles milites Turnearios… nobilitamus… et erigimus ad nobilmm militarium Turneariorum virorum gradum). On appelait nobles chevaliers de Tournois ou nobles de nom et d’armes ceux qui pouvaient faire preuve de trente-deux quartiers de noblesse pour figurer dans les tournois et les joûtes d’honneur …
Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d’Ille-et-Vilaine, 1862, p. 34.


Manoir du Pou (en Lignol). Les terres et seigneurie du Pou s’étendaient sur les paroisses de Plouay, Arzano (Finistère) et Saint-Caradec-Hennebont.

Dans un acte de baptême daté de 1613 nous trouvons les noms de « commère demoiselle Jeanne du Pou » et de « compère Julien Bino, écuyer, sieur de Coettro* et Kernivinen… ». Peut-être étaient-ils mari et femme ? En 1599, Julien Bino, sieur du Coëtro faisait aveu à Guy de Laval, seigneur du Largouet, de ses possessions, dont les terres de Thalebot (ADM E 2671).
(* Coetro, seigneurie en Plumergat)
Le 18 juillet 1614, les carmélites de Nazareth (Vannes) lui achetèrent, pour 12000 livres, la belle terre et seigneurie de Kercadre, dite aujourd’hui Kercaer, et toutes ses dépendances, savoir les quatre métairies de Kercadre, de Saint-Guen, de Kerizac, de Landréhan, et quelques immeubles dans la rue Neuve et dans le voisinage, relevant pour la majeure partie du prieuré de Saint-Guen, et pour le reste du roi.
Nous n’avons pas retrouvé la filiation de Jeanne du Pou (dont une homonyme est attestée en 1448 au manoir de la Villeneuve, en Bubry), mais nous savons que le manoir de Kergal (en Brandivy) et sa seigneurie, était possédé vers 1635 par Michel de Lantivy, sgr du Faouëdic, par son mariage avec Jacquette, fille de Michel Le Crossec, seigneur de Kergal. Il passa par la suite, par alliance, aux du Vergier du Pou. Ce manoir de Kergal se trouve à une petite distance de Pont-er-Gal, dont il en a peut-être tiré son nom. Divers aveux du xviie siècle signalent la \ »maison et manoir de Quergal avec ses jardins, vergers, bois de futaye, taillis, pourprix, etc\ ». 
Le Crossec portait D’azur à deux bars adossés d’argent, accompagnés de huit étoiles d’or en orle

 
(c) TopicTopos Le manoir de Kergal en Brandivy.

www.medievalbooksofhours.com provides access to different resources on books of hours, in conjunction with the famous Pierpont Morgan Library. Among the books available to view and described in detail is a manuscript owned (in the 16th century?) by the Breton Trequerne du Crossec, younger son of the de Kergal family. According to the inscription on fol. 234v, he inherited the book from his mother, Jeanne du Pou, lady of Coettro, Kernivinen and Kercaire. The manuscript illumination (16 miniatures) dates from the last quarter of the fifteenth century and is attributed to two artists in the entournage of the prestigious Jean Fouquet and Jean Bourdichon. The du Pou (Guidel / Plouay) family is decended from an old family from the Vannetais region in the Souh of Brittany. Their arms were d’argent au lion de sable armé, lampassé et couronné d’or.
François, lord (seigneur) of Kernivinen made a substantial donation of considerable artistic interest to the Carmes d’Hennebont (carmelite convent).
A baptismal record from 1613 contains the names \ »commère demoiselle Jeanne du Pou\ » (godmother) and \ »compère Julien Bino, écuyer, sieur de Coettro et Kernivinen…\ » (godfather). Could they be husband and wife? In 1599, Julien Bino, sieur du Coëtro pledged his possessions and lands at Thalebot in allegiance to Guy de Laval, seigneur supérieur du Largouet (ADM E 2671). I have not uncovered Jeanne de Pou’s background, but Ican say that the manoir de Kergal (in Brandivy), and its lordship, belonged in 1635 to Michel de Lantivy, sgr du Faouëdic, and later passed to the Vergier du Pou family. This house is a short distance from Pont-er-Gal, from which it may well take its name. There are several 17th-century references to \ »the house and manor of Quergal with its gardens, orchards, tall forests, shrubberies, enclosures, etc.\ ».

The Books of Hours website of Les Enluminures [Lien]
Site Les Enluminures [Lien]

12 Oct 2008
Jean-Luc Deuffic

Le Livre d’heures de Philibert de Viry revient à Genève …

Le Livre d’heures de Philibert de Viry, datant du début du XVIe siècle, acquis lors d’une vente aux enchères à Londres, fait son retour à Genève …
Les Livres d’heures du diocèse de Genève (qui comprenait les régions françaises avoisinantes) s’avèrent en effet des raretés, la Réforme ayant eu vite fait d’écarter ces livres de prières ouvragés. Malgré les précautions prises par les chanoines du chapître de Saint-Pierre, qui ont senti le vent tourner dès 1534 et qui ont dissimulés ces manuscrits liturgiques à Viry et Annecy, on ne compte aujourd’hui dans le monde que cinq Livres d’heures de Genève : le Vatican en possède deux, Oxford un, et la Bibliothèque de Genève deux maintenant, la précédente acquisition, plus modeste, remontant à 1994.


© Bibliothèque de Genève, photo : Matthias Thomann

Le Livre d’heures de Philibert de Viry a été adjugé pour 220000 francs, frais compris. Une telle somme déborde largement les capacités de la bibliothèque genevoise malgré le recours au fonds Gaumarin, institué au XIXe siècle pour faire face à ce type d’occasion et en dépit aussi de la participation de la Ville de Genève. C’est d’abord la réactivité de trois mécènes privés (dont Notz Stucki et Cie, les deux autres demeurant anonymes) qui a permis l’achat de ce manuscrit inconnu des chercheurs jusque-là et propriété sans doute d’un collectionneur anglais … 
Le Livre d’heures de la famille de Viry sera visible dès le 29 octobre dans le cadre de l’exposition La première révolution du livre – Du manuscrit au livre imprimé qui se tiendra dans l’enceinte de la bibliothèque, au cœur de l’espace Ami Lullin, Promenade des Bastions (29 octobre 2008 au 28 février 2009).
Sur le site de la Bibliothèque de genève [Lien]
Sources : Le Temps/ch

Philibert de Viry, seigneur de Planaz, portait d’argent et d’azur de six pièces à la bande gueules chargée en chef d’un croissant or. Au folio 104v de ce Livre d’heures, dans un écu écartelé, nous trouvons les mêmes armoiries aux quartiers 1 et 4 mais cette fois-ci combinées avec celles des Des Clets, la famille maternelle de Philibert, soit de gueules à la croix dorée.
Enfin, au f. 106, les armes de Philibert de Viry sont associées avec celles de la famille de sa femme, les de Menthon de Montrottier, soit de gueules, au lion d’argent, à la bande d’or et azur. La diversité des armoiries dans un même manuscrit n’est pas surprenante. C’était le moyen d’exprimer pour le propriétaire du livre sa parenté, ses ascendances et ses alliances. Qui était Philibert de Viry ?
Philibert de Viry était le fils de Jean de Viry, seigneur de Planaz, et de Jeanne, fille d’Anthoine des Clets. On sait que Philibert possédait à Genève la maison forte de Saint-Aspre, en face de l’Hôtel de Ville, au sujet de la quelle il eut un différend avec le chapitre cathédral en 1477. Il participa en 1498 à un tournoi organisé à Genève en l’honneur du duc de Savoie Philibert II. Son nom apparaît enfin dans des actes notariés entre 1504 et 1509.
La famille de Viry-Planaz était une famille noble importante de Savoie. C’était une branche collatérale des trois branches principales Sallenove, Viry l’aînée et Viry cadette. Elle a tissé de nombreux liens avec Genève. Les oncles de Philibert, Amblard et Pierre, étaient tous deux chanoines de la cathédrale Saint-Pierre de Genève. Le frère de Philibert, François, l’était également. Tous trois sont ensevelis dans la cathédrale Saint-Pierre de Genève.
La lignée des Viry-Planaz s’est éteinte dans le courant du XVIe siècle. Le fils de Philibert, Henri, épousa en 1529 Michière de Pelly. Son fils Pierre disparut sans descendance. Le livre d’heures est probablement passé ensuite à l’une des soeurs de Pierre. On le retrouve finalement en 1610, comme l’atteste l’ex-libris sur une garde antérieure, entre les mains de Prosper de Maillard, comte de Tournon, gouverneur de Savoie sous le duc Charles Emmanuel.

Renseignements pratiques
Bibliothèque de Genève, Promenade des Bastions, 1211 Genève 4, T +41 22 418 28 00
www.ville-ge.ch/bge
Jean-Charles Giroud, Directeur
jean-charles.giroud@ville-ge.ch

10 Oct 2008
Jean-Luc Deuffic

Restauration de la bibliothèque abbatiale d’Admont ~ Admont Monastery renovated

Quatre années d’importants travaux de restauration dans la plus grande bibliothèque monastique du monde …

Admont fondée à la fin du XIe s. au coeur des Alpes, possède près de 200.000 ouvrages tant manuscrits qu’imprimés, dont est issue la célèbre Bible géante (Vienne BN Cod. ser. nov. 2701-2702 et Paris, fol.1 et 2), produite probablement par le scriptorium de Salzbourg entre 1125 et 1140.

Biblio : TUNDE W., La Bible d’Admont (Vienne BN Cod. ser. nov. 2701-2702 et Paris, fol.1 et 2), dans Müvészettorténeti Füzetek. Cahiers d’Histoire de l’Art Budapest, 1977, n° 11, p. 7-112.
Hanns Swarzenski , Two unnoticed leaves from the Admont Bible, dans Scriptorium, 10, 1956, p. 94-96.
Ed. and comm. by Andreas Fingernagel, 64 pages, 24 coloured plates with gold, size: 21,5 x 28 cm, Verlag/Hersteller : Adeva [Link]
Pour les catalogues anciens : G. Möser-Mersky, Mittelalterliche Bibliothekskataloge Österreichs, III: Steiermark, Graz-Wien-Köln, 1961.


© Stift Admont

Library of Admont Monastery renovated

In June 2008 the monastic library of Admont was reopened to the public after a four-year renovation. The Benedictine monastery in the Alpine mountains on the banks of the river Enns, a tributary of the Danube, is visited by more than 70,000 people annually.
The monastery, founded in 1074 by the Archbishop of Salzburg, became a religious center of the Austrian province of Steiermark during the Middle Ages. Shortly after its consecration Ad-mont received several books as donations, and during the 12th century its scriptorium, where the monks copied texts and created colourfully illuminated manuscripts, enjoyed a high reputa-tion. Furthermore, its library was enriched by donations and purchases. In 1380 the collection, stored in trunks or placed on desks and secured by chains, numbered about 800 manuscripts.
In the middle of the 15th century a first library was built above the chapel. During the 17th and 18th century Admont was one of the richest monasteries in Austria. Thanks to the large reve-nues derived from its territorial possessions, building activities increased. In 1770 the abbot commissioned a new library building for then 35,000 volumes held in stock. The architect Josef Hueber created a longitudinal hall measuring 72 by 14 meters. Typical of Baroque librar-ies, the wooden bookshelves, coloured in white and gold, are lining the walls and the ceiling is decorated with large frescoes. Daylight floods through 60 windows into the spacious and fes-tive room. When the edifice was finished in 1776, it was the largest monastic library hall of the world and then considered an “eighth world wonder.”

In 1865 a fire destroyed the major part of the monastery, but fortunately the library remained almost untouched. Reconstruction set in immediately, and until the turn of the century the collection increased to ca. 90,000 volumes. The world economic crisis in the early 1930’s led to fiscal restrictions and even necessitated the sale of several valuable tomes. During the years of the Nazi regime the monastery was dissolved and its possessions confiscated. After the war the edifice as well as its art and book collections were returned to the Benedictine monks. Today the library stock exceeds 200,000 volumes, including 1,400 valuable manuscripts and 950 incunabula. About 70,000 volumes are shelved in the Baroque Hall. After the renovation, which cost about 6 million Euro, the palatial room and its valuable collection are shining in their original splendour.


© Stift Admont

Une visite à Admont en 1885 …
« La bibliothèque d’Admont est une salle de soixante-dix mètres de longueur sur treize de largeur, divisée à la partie centrale par une rotonde à laquelle viennent aboutir des deux côtés deux grandes salles rectangulaires. Soixante fenêtres laissent pénétrer partout une lumière tempérée qui éclaire les fresques du plafond, le marbre brillant du parquet et les statues qui décorent la salle. Douze colonnes corinthiennes soutiennent la rotonde. Une galerie à grillage doré s’étend autour des deux pièces rectangulaires. Toutes les surfaces des murs, les embrasures des fenêtres, tant de la grande salle que de la galerie, sont occupées par les rayons; le nombre des armoires est de 140. La bibliothèque fut bâtie par l’abbé Antoine II de Mainesbourg, de 1735 à 1740, sur les plans de l’architecte Gotthard Hayberger. En 1772, l’abbé Matthieu Offner chargea le peintre Barthélémy Altomonte de la décoration du plafond.
Lorsqu’on entre par le portail du sud, la disposition suivante s’olïre aux regards : médecine, sciences naturelles, histoire profane, antiquités, géographie, ethnographie, exégèse, droit canon, pastorale, liturgie, ascèse, incunables, manuscrits, le tout à droite ; à gauche : histoire ecclésiastique, dogmatique, morale, polémique, patrologie et patristique, bibliographie, belles-lettres, classiques latins et grecs, philosophie et droit civil. Chacune de ces matières est encore représentée à la galerie ; de plus, on a placé en cet endroit les littératures étrangère et orientale. Les divers catalogues se trouvent dans la salle de travail du bibliothécaire. Le nombre des imprimés est de 80,000 ; celui des manuscrits du neuvième au seizième siècle, de 966 ; celui des manuscrits du seizième au dix-neuvième siècle, de 400 environ. Il y a aussi beaucoup de manuscrits œuvres des moines d’Admont : ceux de Godefroid et d’Irimbert, au douzième siècle, d’Engelbert, au quatorzième, sont connus. Le chiffre des incunables est de 621. Le bibliothécaire, Dom Jacques Wichner, s’occupe actuellement du catalogue de ces incunables et de diverses études relatives aux premières années de l’imprimerie. La bibliothèque est, en général, pourvu des meilleurs ouvrages modernes ; mais les ressources limitées dont peut disposer le monastère depuis le terrible incendie de 1865, qui le détruisit presque en entier, ne permettent pas d’entretenir cette bibliothèque dans les proportions qu’exigé son état présent.
Quant aux archives d’Admont, elles ne sont plus aujourd’hui ce qu’elles étaient il y a vingt ans, l’arsenal de huit siècles. La majeure partie a été dévorée par les flammes le 27 avril 1865. Ce qui a été sauvé forme le noyau des archives actuelles encore considérables malgré la catastrophe ; car elles contiennent les copies de nombre de documents originaux disparus ».
Polybiblion, 1885, p. 359.


© Seminar der beiden rechtshistorischen Institute der Universitäten Heidelberg und Bonn 2007 : avec de belles photos de la bibliothèque abbatiale d’Admont …
◙ [Lien]

Sur Engelbert d’Admont :
Georg Bingham Fowler, Intellectual interests of Engelbert of Admont (Diss. Columbia, 1946), New York 1947 – Ibid., Manuscripts of E. of A., dans Osiris, Studies on the History and Philosophy of Science 11, Brüssel, 1954 – Ibid., Venerabilis Engelberti Abbatis tractatus \ »De officio ancillari Beatae Virginis Mariae\ », dans MIÖG, 62, 1954 ; Ibid., Some autographs of Engelbert of Admont dans Festschr. W. Sas-Zaloziecky z. 60. Geb.tag, Graz, 1956.
Georg Bingham Fowler, Manuscript Admont 608 and Engelbert of Admont (c. 1250-1331), dans Archives d’Histoire Doctrinale et Littéraire du Moyen Age, 44, 1977, p. 149-242 :
Description détaillée du manuscrit Admont 608 (XIIIe siècle). Sa relation possible avec les écrits d’Engelbert d’Admont (1250-1331). Lumière portée sur l’étude d’Aristote au XIIIe siècle, spécialement la Rhétorique, l’Ethique, l’Economie, la Politique. Sources et méthodes d’Engelbert. Edition du Compendium Rhetorice Aristotilis Engelberti (Admont 608, f. 2a-6b), du Compendium libri Polyticorum… Aristotilis (Admont 608, f. 6c-10c), Compendium du Secretum Secretorum sive de Regimine regum (Admont 608, f. 11a-22b).
Johann Tomaschek, Michael Braunsteiner (Ed.), Abt Engelbert von Admont (reg.1297-1327) (Schriften zur Kultur- und Kunstgeschichte des Benediktinerstiftes Admont, Bd. 6), Admont 1998.
Karl Ubl, Engelbert von Admont. Ein Gelehrter im Spannungsfeld von Aristotelismus und christlicher Überlieferung / Karl Ubl . – München : Oldenburg, 2000 (Mitteilungen des Instituts für Österreichische Geschichtsforschung ; 37). Présentation par Benoît Beyer de Ryke [Lien]

Sur Irimbert d’Admont :
[Lien]


© Kommission für Kunstgeschichte der Österreichischen Akademie der Wissenschaften

Cod. 33 (16), Admont (Stmk.), Benediktinerstift, Stiftsbibliothek : Irimbert d’Admont, Commentaire sur le Livre des Rois, Initiale \ »P“ (f. 526), Admont, ca 1175.

K. Arnold, Admont und die monastiche Reform des 12. Jahrhunderts, Z. Savigny-Stiftung, 58, 1972, p. 350-369.
P. Johanek, Ein Mandat Papst Hadrians IV. für die Monche von Seeon und die Ordensreform in der Kirchenprovinz Salzburg, Stud. Mitteil. Geschichte Benediktinerordens, 1972.

◙ Voir Bibliographie sur les manuscrits des bibliothèques autrichiennes [Link]
◙ Kommission für Schrift- und Buchwesen des Mittelalters der Österreichischen Akademie der Wissenschaften [Link]
◙ Hill Monastic Manuscript Library [Lien]
◙ Site de l’abbaye d’Admont [Lien]


© Photo : P. Gabriel Reiterer