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1 Nov 2011
Jean-Luc Deuffic

Maître Galeran de Pendref, chantre de Notre-Dame de Paris et médecin réputé … († 1404)

Issu d’une famille noble de Cornouaille (1), en Bretagne, c’est dans ce même diocèse de Quimper que dès 1362 Galeran (Glazren) de Pendref(f) sollicite un canonicat. Il était alors maître ès-arts à l’Université de Paris. Boursier au collège de Navarre à partir de 1368, il y poursuivit ses études de théologie. Bachelier en 1371, il obtient sa licence trois ans plus tard.
Déjà maître en médecine en 1365, il s’honore alors de posséder l’ensemble des trois grades universitaires tant convoités. Vers 1375, il devient pénitencier et chanoine de la cathédrale de Bayeux. Il se voit par la suite attribuer une expectative de prébende pour Notre-Dame de Paris en 1378, sans doute à la faveur de ses fonctions curiales. Médecin du pape Clément VII, il pratique également comme commensal du cardinal de la Grange.
Le rotulus de l’Université le désigne en 1387 prêtre, maître ès-arts et en médecine, faisant acte de régence à la Faculté de théologie et postulant pour un canonicat à Narbonne. Il en avait déjà sollicité au Mans, à Bayeux, à Paris … En 1395, Galeran fait partie du chapitre cathédral de Notre-Dame de Paris et en 1401 il y dirige la chantrerie.
[ Biblio : Danielle Jacquart, Ernest Wickersheimer, Dictionnaire biographique des médecins en France au Moyen Age, p. 164 ]

De la bibliothèque personnelle de Galeran de Pendref subsistent au moins trois manuscrits  :
– une Concordance de la Bible d’Hugues de Saint-Cher : Paris BnF Lat. 520, XIVe s. Au f. 513 : Iste liber est magistri Gal[l]erani de Pinderfe magistri in Theologia, note contemporaine.
– un Libellus novus de Laudibus B. Marie : Paris BnF Lat. 17492, XIIIe s. Au f. 237v : Liber iste de Laudibus Marie Virginis datus est ecclesie Parsiensi, cum postilla de Lyra supra totam bibliam in quatuor voluminibus, de bonis defuncti magistri Galerani de Penderef, quondam cantoris et canonici ejusdem ecclesie Parisiensis. Léopold DELISLE, Cabinet des Manuscrits, t. I, p. 429, n. 3.
– une partie d’un recueil factice sans doute recomposé par Petau : Leyde BU Vossius LAT 4° 13, f. 15-30, fin du Xe s. Au f. 30v la souscription suivante (avec résolution des abréviations) : Iste liber est magistri Galerani de Pendreff in medicina, artibus et sacra pagina professoris quem emit Avinione precii III florenorum currentium. Voir K. A. DE MEYIER, Codices Vossiani Latini, 2e partie, Leiden, 1975, p. 38-39.
Par son obit à Notre-Dame il fait don au chapître de 200 livres monnaie en manuscrits (et amplius). De ceux-ci, la communauté vendit une Postille de Nicolas de Lyre en quatre volumes. Cf.  ms Paris BnF Lat 17492 (Voir Les  Anciennes bibliothèques de Paris de A. FRANKLIN, t. I, 1867, p. 49, extraits des anciens registres du chapitre de Notre-Dame de Paris relatifs à la bibliothèque de cette église).
L’inventaire de la chapelle Saint-Yves établi en 1402 par les procureurs Alain Guillou et Alexandre Hugues signale un bréviaire donné par Galeran de Pendref, lequel fut en 1365 un des gouverneurs de la confrérie Saint-Yves avec Jehan de la Porte et Saliot Castric.

Sur sa carrière universitaire nous ne possédons que peu de détails. P. Glorieux  a montré en cadrant la formation de Jean de Falisca, maître en théologie, au travers de ses manuscrits, l’organisation d’un système de prêt à ses étudiants. Ainsi nous apprenons par quelques notes brèves du ms. Paris BnF Lat. 16535 l’utilisation de 23 sisternis quos habet m. Galeranus contentis in 1° sisterno. [Sénion, Sexternion, Sisterne : cahier composé de six bifeuillets, soit 12 f. ou 24 pages = D. Muzerelle, Vocabulaire codicologique]

Lors d’une réunion organisée dans la chapelle de la Sorbonne, le 13 juin 1389, Galeran de Pendref refusa, avec Pierre d’Ailly et plusieurs autres docteurs de la Faculté de théologie, de disputer ainsi que le demandait frère Jean de Montson des Prêcheurs sur des propositions « mal sonnantes » qu’il avait avancées dans sa Resumpte. Quelques années auparavant  il avait également participé à l’enquête faite par les commissaires du pape Grégoire XI pour savoir si la Faculté de théologie approuvait la traduction française du livre intitulé Défenseur de la Paix par Marsile de Padoue et Jean de Jandun.

Côté médecine, il fut en 1378 médecin du pape Clément VII, et dans les dernières années de sa vie proviseur de l’Hôtel-Dieu de Paris. Des lettres spéciales de don, expédiées à Vincennes, le 10 juillet 1393, fournissent la liste des médecins qui soignaient alors Charles VI, L’Insensé. On y remarque, outre Regnault Fréron (premier médecin), Evrard de Coucy, le nom de Galeran de Pendreff. (Voir Bernard Guénée, La folie de Charles VI, p. 106, 107, 121.
Ces quelques exemples montrent qu’à cette époque Galeran de Pendreff avait une certaine notoriété. Au reste, il est doyen de la Faculté de théologie en 1403. Une autre preuve de cette reconnaissance serait la présence du chancelier Jean Gerson, le « miroir de son temps », parmi les exécuteurs testamentaire de ses dernières volontés.
Galeran de Pendref mourut dans la nuit du 10 au 11 juillet 1404 et fut enterré à la cathédrale Notre-Dame de Paris, vis-à-vis du second pilier, au milieu de la nef, avec comme épitaphe :

Hic jacet vir venerandae virtutis galeranus de pendref dioecesis corisopitensis oriundus in artibus medicina q ; peritissimus. Obiit parisiis die decimae mensis julii anno domini millesimo quadringentesimo quarto. Requiescat in pace. Amen.

Son testament enregistré au Parlement de Paris le 9 juillet 1404 (Paris, AN, X1A 9807, f. 119-119V) nous donne les noms de ses « exécuteurs » et des témoins de cet acte rédigé « in domo habitationis » de notre chantre, au cloître de Notre-Dame : Robert de Lorris, doyen de Cambrai et chanoine de Notre-Dame de Paris, maitre Jean de Gerson, chancelier et professeur sacre pagine, Denis Courson, sous-chantre de Paris, et Herbert Berenger, prêtre chanoine de Saint-Aignan, et Maurice de Kergourant, docteur en décret. Parmi les Bretons présents : Nuz de Cornouaille, clerc des matines de la cathédrale ; Thomas Guenou, prêtre ; Yves Flochguen, et Arnoul de Villa Lacus, alias Trimdic (ou Trividic – dont la tombe a été découverte à Primelin en 1996 : voir article de A. Y. Castel dans Bulletin de la Société archéologique du Finistère, 135, 2006, p. 131).

Note
(1) D ‘argent au croissant de gueules accompagné de trois étoiles de même.  Ces armes se voient entre autres sur la voute du chœur de la cathédrale gothique de Quimper.

Lien : texte développé avec notes et bibliographie dans Pecia, 2, 2003, p. 55-58 [ Lien ]

19 Oct 2011
Jean-Luc Deuffic

Maître Thibaud le Breton, chanoine de Tours … en prêche à Bologne (XII/XIIIe s.)

La biibliothèque de l’abbaye bénédictine de Melk en Autriche conserve l’unique témoin manuscrit (Mellicensis 458) (1) d’un sermon prononcé en la cathédrale San Pietro de Bologne (peut-être à l’époque même de sa consécration, en 1184, par Lucius III) par Thibaud le Breton, un chanoine de Saint-Martin de Tours :

Abbreuiati symboli apostolorum expositio ex auctoritatibus sanctorum patrum collecta et recitata Bononiae in ecclesia beati Petri a Magistro Theobaldo Britone, Turonensi canonico.

Sapientia ingenita, da mihi sapientiam ! O uerbum aeternum, da mihi uerbum ! O sancte spiritus, amor utriusque, da mihi gratiam ! Da pater sapientiam ad intelligendum, da fili uerbum ad explicandum, da sancte spiritus gratiam ad aedificandum ! Confer summa et beata trinitas sapientiam ad intelligendum sane, uerbum ad explicandum discrete, gratiam ad aedificandum fideliter et in ipsa fide !

Dans son préambule, Thibaud fait probablement allusion à l’extension de l’hérésie dans le nord de l’Italie :

Imminentis autem de proximo periculi causa in eo consistit quod hostis ille humani generis … sicut audivimus, jam Rubiconem transivit vicinumque minax invasit Ariminum [= Rimini], nostraque res agitur paries dum proximus ardet.

L’auteur puise un vers d’Horace, cite un passage de Lucain (I, 251). Il pourrait nommer plusieurs autres villes d’Italie, d’autres pays où, \ »dans le champ du Seigneur, le bon grain est étouffé par l’ivraie de l’hérésie. Tel est le motif qui l’a conduit à publier une exposition du symbole des apôtres, afin de fortifier ses contemporains dans la vraie croyance\ » (Histoire littéraire de la France, XVe s., 1898, p. 580).
En octobre 1184/1185, le pape Lucius III, s’adressait au chapitre et à l’évêque de Rimini. Il s’était ému que le podestat et les magistrats de la ville avaient refusé d’observer le décret De fugandis hereticis. Les paterinorum principes, chassés de la cité y étaient revenus ; on détournait les dîmes réservées aux clercs …   Jacques Dalarun a traité de cette hérésie \ »non catholique et anticléricale\ » qui, à partir de la fin du XIIe siècle, s’est inscrit à Rimini, dans des tensions sociales et politiques, où la puissance financière du clergé luttait contre une autonomie communale de plus en plus pressante (2).

A vrai dire on ne connait rien par ailleurs de ce Thibaud le Breton, chanoine de Tours. L’érudit Léopold Delisle en rendant compte de l’ouvrage de S. Loewenfeld, Epistolae pontificum romanorum ineditae (1885), a identifié dans plusieurs lettres du pape Alexandre un chanoine de Tours également nommé Thibaud, avec Thibaud du Perche qui fut doyen de Saint-Martin à partir de 1197. Ces lettres pourraient tout aussi bien s’appliquer à notre Thibaut le Breton. Ainsi cette missive des années 1180 :

Il nous convient de répondre favorablement à de justes requêtes et de nous prêter à leur réalisation, d’autant qu’elles sont présentées avec autant de benignité que de dignité. Notre cher fils, maître Thibaud, dans une supplique détaillée nous a exposé son désir de demeurer dans les écoles (universités), principalement par souci de s’instruire, lequel est non moins nécessaire qu’utile à l’église de Dieu, ajoutant que dans ce but il avait emprunté une certaine somme d’argent allant presque au delà de ses moyens. C’est pourquoi nous prions affectueusement votre université, dans la mesure où il est comme l’un de vos frères et de vos chanoines, et surtout de qui l’on peut espérer que Dieu lui accordera un savoir plus riche appris dans les écoles, que vous lui offrirez l’occasion de l’acquérir juste pour deux ans, eu égard au respect que vous devez à l’église romaine et en considération de nos prières ; en sorte que lui sera tenu de vous être particulièrement dévoué, et nous après cela aurons le devoir de répondre plus rapidement et avec plus d’attention à vos intérêts et à ceux de votre église (A).

Concernant la biographie de Thibaud il y aurait peut être une référence s’y rapportant. A la fin du XIIe s., des lettres de Raoul, chancelier du roi d’Angleterre, de Guillaume de Malpalu, justicier du roi, de Barthélémy Fergint, maire de la commune de Rouen, furent données : Gautier de Castellione et Hemma, sa femme, fille de la vicomtesse, vendent à maître Gautier de Coutances, trésorier de l’église de Rouen, la dot de ladite Hemma, consistant en 10 marcs d’or sur la maison qui fut à Raoul fils d’Étienne, son mari. Parmi les personnages présents figure \ »Thibaut, chanoine de Tours\ » (Rouen, Archives départementales de Seine-Maritime, G. 4366, 4367)

Manuscrit MELK 458, f. 115v-116v. Voir catalogue en ligne [ Lien ] avec 3 illustrations (f. 1, 74, 114) – 

Notes

(1) Feuillets de garde. Hymnaire. XIVe s. Composition :
f. Ira-Ivb. Guilelmus Rothwell OP : In Sententias Petri Lombardi : In librum I, Fragm. 
f. 1ra-114rb. Thomas de Aquino : Catena aurea in Iohannem 
f. 1ra. Divinae visionis sublimitate illustratus Isaias propheta dixit : Vidi dominum sedentem… 
f. 114va-115rb. Paternoster, Expositio orationis dominicae  
f. 114va. Pater noster qui es in caelis. In hoc loco docet Christus discipulos suos orare et in eis omnes qui pie volunt nomen domini invocare. Ponit enim hic breviter summam omnium, quae in omni oratione ab ipso debemus postulare… – …Ita ascendit iste, qui est in terra, ad caelum. Et hoc ordine complentur iste septem petitiones. Explicit. 
f. 115rb. Remigius Altissiodorensis (?) : Commentarius in Matthaeum, Exyraits.
f. 115rb. Remigius in Matthaeum capitulo 351 [!]. Si anni recte computantur ab initio mundi usque ad passionem domini… – …ut non contaminarentur sed manducarent pascha. 
f. 115va-116va. Theobaldus Brito : Expositio symboli apostolorum 
f. 115va. O sapientia genita, da mihi sapientiam. O verbum aeternum, da mihi verbum… – …de infidelibus fideles faciat sancta trinitas, unus Deus, pater et filius et Spiritus sanctus. Amen. Explicit. 

(2) Jacques Dalarun, \ »Hérésie, commune et inquisition à Rimini (fin XIIe – début XIVe siècle)\ », dans Studie Medievali, 29, 1988, p. 641-683.  Pour le contexte, voir également  R.I. Moore, \ »Heresy, repression, and social change in the age of Gregorian reform\ », dans Scott L. Waugh, Peter Diehl, Christendom and Its Discontents : Exclusion, Persecution, and Rebellion, 1000-1500, Cambridge University Press, 1996, p. 19sq. Gioacchino Volpe, Movimenti religiosi e sette ereticali nella società medievale italiana, Roma, 1997.

Edition de l’expositio de Thibaud le Breton : C. P. Caspari, Kirchen historische Anecdota nebst neuen Ausgaben patristischer und kirchlich–mittelalterlicher Schriften. Bd.1 : Lateinische Schriften. Die Texte und die Anmerkungen. Christiania 1883, p. 292-300.

(A) Je remercie Juliette Desjardins Daude pour sa traduction.

16 Oct 2011
Jean-Luc Deuffic

Le décrétaliste breton Guillaume Chalop († ca 1370) à l’Université de Paris : un maître ‘moult suffisant’ …


Henri Bohic enseignant les Décrétales, \ »de mane\ », au Clos Bruneau
(c) Ms Amiens, BM, 366 – XVe s. – IRHT / Enluminures

Poursuivant mes recherches sur les universitaires bretons du Moyen Age, j’aimerais faire mention ici d’un maître oublié, mais que j’espère réhabiliter au travers d’une prochaine publication.
Parmi les legentes de mane, c’est-à-dire les baccalaurei qui enseignaient les Décrétales de très bonne heure le matin, in aurora (5/6 h.), à l’Université de Paris, figure à une place très honorable, Guillaume Chalop, clerc du diocèse de Dol.  L’Alma mater rappelait ainsi en 1386, plusieurs années donc après sa mort :

Il est vray que la decrétale Omnis utriusque sexus et aucuns autres doivent estre leues à Noël et à Pasques par les docteurs. Et se la lection du matin est la plus solennele, elle est deue aux bacheliers afin qu’il profitent. Et en vérité des plus grans clercs du monde ont leu du matin comme messire Ancel Choquart, le cardinal de Paris, maistre G[uillem] Chalop, messire H[enry] Bouhic, maistre Thomas Payan, maistre Thomas Haudry et maistre Evrart de Tremagon et autres, et est la lection la plus labourieuse de la faculté (CPU, III, 438)

Ainsi, cet enseignement des Décrétales se voyait être confié non pas à des bacheliers novices, mais bien à des maîtres expérimentés :

Et est moult décorée la Faculté (de décret) de la lection du matin, car plusieurs vaillants hommes y ont lu au temps passé, comme le pape Urbain, qui paravant était docteur solennel à Montpellier …. et convient que cils qui lit matin soit moult suffisant …

Dans la liste ci-dessus, pas moins de quatre maîtres bretons. Outre Guillaume Chalop, Henri Bohic – que nous avons déjà étudié (1) – , Thomas Payen (du diocèse de Saint-Malo) et le bien connu Evrard de Tremagon, sur lequel nous avons fait une note sur ce même blog … [ Lien ].

Guillaume Chalop doit êre apparenté au notaire Geoffroy Enguelor, dit Chalop, auquel Elisabeth Lalou a attribué une continuation du Roman de Fauvel (Voir : \ »Le Roman de Fauvel à la chancellerie royale\ », dans Bibliothèque de l’école des chartes, 152, 1994, p. 503-509 [ Lien ]). Sur le personnage voir, entre autres, Boutaric, Actes du Parlement de Paris [ Lien ]

Le rotulus adressé le 4 décembre 1362 au pape Urbain V pour 27 clercs et conseillers du parlement de Paris offre des éléments biographiques essentiels sur Guillaume Chalop. Ainsi, nous apprenons qu’alors âgé de 59 ans (donc né en 1303), originaire du diocèse de Dol, il était clerc et conseiller du roi Jean le Bon, primo in camera inquestarum et tandem in magna parlamenti camera in quo adhuc est de presenti. Maître ès-arts et docteur in utroque jure, il enseigna : 26 an. et amplius sunt elapsi qui adhuc postmodum 2 an. in nonis b. marie parisien. et 11 an. de mane legit continue parisius decretales cum magna et honorabili comitiva
Chevecier (2) de Saint-Merry de Paris (3), Guillaume possédait plusieurs canonicats : prébendes à Dol, à Rouen, charge pour laquelle il est en compétition (avec Milon de Dormans, qui l’emporta), à Saint-Rieul de Senlis, à Saint-Thomas du Louvre (bénéfice que le duc de Bretagne avait coutume de conférer), à Saint-Marcel de Paris. Il postulait alors pour Amiens ou Coutances…

Canoniste distingué, Guillaume Chalop le fut certainement. Par chance inouïe, ignoré de l’érudit Johannes Friedrich von Schulte (Die Geschichte der Quellen und Literatur der canonischen Rechts, Stuttgart, 1875), un témoin de ses reportationes nous a été conservé dans un manuscrit de la Bibliothèque Carnégie de Reims, 768 (en grande partie exécuté par Guillaume Filastre), manuscrit sur lequel nous reviendrons très largement dans une étude à paraître. Cet insigne codex, étudié minutieusement par la docte Colette Jeudy († 2008, IRHT), porte une intéressante marque de pecia au f. 185 : « Hec pecia est P. Teneyt ». Nous avons identifié ce dernier avec Pierre Teynet, connu pour avoir été licencié in utroque, chantre de Nantes et chanoine de Saint-Aubin de Guérande … Un rotulus du 26 novembre 1378, adressé à l’antipape Clément VII par l’Université d’Angers, porte a des degrés différents, les noms de Pierre Teneyt, de Guillaume Fillastre … et d’Hugues de Keroullay

(1) Jean-Luc Deuffic, « Au service de l’Université et au conseil du duc : notes sur le canoniste breton Henri Bohic (+ v. 1357) », dans Pecia, 4, 2004, p. 47-101 [ Lien ] – « Henri Bohic, et le receveur Yves de Cleder », dans Notes de bibliologie. Livres d’heures et manuscrits du Moyen Age identifiés, Pecia. Le livre et l’écrit, 7, 2009, p. 57-62 [ Lien ] – Comme exemple de l’influence d’Henri Bohic, voir la publication récente par Rijcklof Hofman des sermons de Geert Groote pour qui Bohic était a major source of information  : Gerardi Magni Opera Omnia, Pars II.1. Sermo ad clerum Traiectensem de focaristis – Opera minora contra focaristas, cura et studio Rijcklof Hofman, Corpus Christianorum, Continuatio Mediaeualis 235, Turnhout, 2011, 653 p.
(2) Chevecier : \ »Dignitaire qui surveille la partie de l’église où est le chevet et qui est chargé du luminaire et de la garde du trésor\ »  [ Lien ]
(3) Constant Baloche, Église Saint-Merry de Paris. Histoire de la paroisse et de la collégiale, 700-1910, Paris, Oudin, 1912, 2 vol. numérisé sur Gallica.

Bibliographie : Edouard Fournier, « L’enseignement des Décrétales à l’université de Paris au Moyen Âge » Revue d’histoire de l’Église de France, 26, 1940, p. 58-62 [ En ligne ] – Colette Jeudy, « La bibliothèque de Guillaume Fillastre », dans D. Marcott (éd.), Humanisme et culture géographique à l’époque du Concile de Constance : autour de Guillaume Fillastre, Actes du colloque de l’Université de Reims, 18-19 novembre, 1999, Turnhout, 2002, p. 245-291 (p. 262).  Ci-dessous : Henri Bohic remet son ouvrage à Clément VI, Tours, BM, 575, f. 1 (ca 1360) – débat judiciaire, Tours, BM, 575, f. 117 [ (c) IRHT / Enluminures ] :

3 Nov 2007
Jean-Luc Deuffic

Henri Bohic … à propos du prix d’exécution des livres manuscrits au Moyen Age

Texte publié dans : Jean-Luc Deuffic, Notes de bibliologie. Livres d’heures et manuscrits du Moyen Age identifiés, dans Pecia. Le livre et l’écrit, 7, 2009 [Lien]. 

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