23 Fév 2011
Jean-Luc Deuffic

Le terrier de Louis Aycelin de Montaigut (1395)

Vente de Nantes, du 24 février 2011 :

Lot 295 AUVERGNE. TERRIER MANUSCRIT, 1395 ; un volume in-folio de [2]-187 f. (plus 1 f. blanc) chiffrés, couverture usagée de parchemin avec bandes de cuir rouge pour la couture (découpe sur la couv. sup. ; qqs défauts et mouillures à plusieurs feuillets, notamment au début et à la fin du volume, en assez bon état intérieur). TERRIER DE LA CHATELLENIE DE CHATELDON EN AUVERGNE pour la famille de Louis AYCELIN DE MONTAIGUT, l’une des plus puissantes de la noblesse d’Auvergne. Elle avait acheté la terre de Montaigut-sur-Billom à la fin du XIIIe siècle. À la fin du XIVe, le chef de la famille était Louis Aycelin, chevalier, seigneur de Montaigut, Châteldon, le Breuil, etc., gouverneur du Nivernais et du Donziois († 1427). Il avait pris part à la croisade de Barbarie en 1390, et porta désormais le nom de \ » Listenois \ » [dans les romans de la Table ronde, Listenois est le nom d’un royaume qui eut pour souverains les Pelinor et les Lamorat, renommés pour leur bravoure], comme en témoigne une inscription tardive en tête de ce volume : \ » Terrier recognu a Messire Loys de Montaigut fils de Griffon depuis nommé Louys de Listenois par prééminence puys la guerre d’Affrique où il acquit par sa valeur le nom \ », avec le blason aquarellé des Aycelin de Montaigut aux trois têtes de lion. \ » A tous ceux qui ces presentes lettres ou cest present terrier, liront orront et verront, Pierre de Lafont Bourgeois de Cuty tenent le scel royal de la court de la chancellerie des exemptions d’Auvergne audit lieu de Cucy en Auvergne […] Cest le terrier des cens et rantes dehus et appartenans à noble et puissant messire Listenois chevalier seigneur de Montaigu et de Chastelledon a cause de son dit chastel chastellenie et recepte de Chastelledon et de ses appartenances \ »… Ce terrier a été établi par le clerc notaire Guillaume Sancon, qui a signé une partie des entrées ; le registre est soigneusement tenu et calligraphié, avec des lettrines coloriées…

Ce terrier est mentionné dans les Annales bourbonnaises, volume 5, 1891, p. 356.

A voir : La généalogie de la maison d’Aycelin dans l’ Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France, des pairs, grands officiers de la Couronne, de la Maison du Roy et des anciens barons du royaume.… Tome 6 / par le P. Anselme,… ; continuée par M. Du Fourny [ En ligne sur Gallica ]

Sous le nom de seigneur de Listenois, il faut alors reconnaître la personne de Louis Aycelin de Montaigut, représentant de la maison auvergnate des Aycelin, sires de Montaigut, d’où est issu jadis Gilles Aycelin, archevêque de Narbonne, le chancelier de Philippe le Bel. Louis Aycelin est seigneur de Montaigut en Auvergne, du Donjon, de Châteldon en Bourbonnais, de plusieurs autres lieux en Bourbonnais et Beaujolais (1), et, comme sire du Donjon, se trouve droiturier seigneur du lieu de naissance de frère Chariot. La qualification de sire de Listenois, sous laquelle il est presqu’exclusivement désigné dans les textes qui ont gardé trace de son passage dans l’histoire, paraît avoir été apportée par lui pour la première fois dans sa race. Titre et nom sur l’origine desquels on semble assez mal fixé, mais à qui leurs possesseurs successifs ont toujours attribué assez de prix pour se les transmettre soigneusement jusqu’à nos jours, souvent jusqu’à absorber la désignation héréditaire des maisons où ils se sont trouvés tour à tour transportés. Toujours est -il qu’on l’en trouve investi au moins à la date certaine de 1409. Comme sire du Donjon et de Châteldon, une mesure expresse et singulière du pouvoir central a déplacé l’hommage qu’il devait au duc de Bourbon : depuis 1412, pour ces deux fiefs, il ne relève plus que du roi (2). Né vers 1370, il a épousé, en 1391, Marguerite de Beaujeu, des sires de Beaujeu sortis des comtes de Forez, eux-mêmes issus des anciens dauphins de Viennois. Depuis 1410, il a marié sa fille Jeanne, héritière de ses biens, à Jean de Vienne, des seigneurs de Rollans, branche cadette de la maison de Vienne, et petit-fils du grand amiral de Vienne, le défenseur de Calais. Chambellan de Charles VI en 1412, il est, depuis 1421, gouverneur du Nivernais. L’an précédent, en 1423, on le voit cité en qualité de conservateur des trêves, à la suite de la pacification momentanée récemment signée à Bourg-en-Bresse ; on le trouvera encore, en janvier 1427, mentionné sous la même qualité, en raison des armistices successifs qui se prolongent depuis la signature du traité de Chambéry ; cette année paraît avoir marqué la dernière de sa vie (3).

Notes
(1) Paris, Arch, nat, JJ 166, n° 6 et 168.
(2) Le 20 janvier 1412, « Loys de Listenoys, chevalier, seigneur de Montagu-soubz- Billom en Auvergne et de Chastelledon en Bourbonnois, » obtient de curieuses lettres de Charles VI, l’autorisant à transporter directement au roi, au lieu de Jean Ier, duc de Bourbon, les seigneuries, entre autres, de Châteldon et du Donjon, tenues auparavant dudit duc. à cause du « duché de Bourbonnois, » et la seigneurie de Joux-sur-Tarare (Rhône, cant, de Tarare), tenue également dudit duc au nom de Marguerite de Beaujeu, femme de Louis de Listenois, à cause de la sirerie de Beaujolais qui était aux mains des ducs de Bourbon depuis 1400. Ces terres et seigneuries devaient désormais ressortir au bailli royal de Saint-Pierre-le-Moustier (Nièvre, ch.-l. de cant., arr. de Nevers), siégeant à son siège de « Cucy » (Cussy-en-Morvan, Saône-et-Loire, cant, de Launay-l’Évêque). Ce transfert était opéré en raison de l’hostilité régnante entre le duc de Bourbon et Louis de Listenois, qui s’était refusé à suivre Jean Ior dans le parti d’Armagnac, et en raison de la saisie que le roi, alors aux mains du parti bourguignon, venait d’opérer sur le duché de Bourbon et la sirerie de Beaujolais. Paris, Arch, nat., JJ 166, n° 6 et 168.
(3) Sa fille Jeanne, son héritière, par son mariage avec Jean de Vienne, porte tous ses biens et ses titres dans la branche de la maison de Vienne, à laquelle appartenait son mari. Jean de Vienne était mort en 1425, et c’est son fils, Phi lippe de Vienne-Listenois, qui fonde les couvents de Cordeliers du Donjon et de Châteldon. L’arrière-petite-fille de Philippe, Anne de Listenois, héritière de tous les biens de sa branche, les porta, au siècle suivant, avec le nom de Listenois, dans la maison de Bauffremont.

Source : Germain Lefevre-Pontalis. \ »Épisodes de l’invasion anglaise. La guerre de partisans dans la Haute Normandie, 1424-1429\ ». In: Bibliothèque de l’école des chartes. 1896, tome 57. p. 5-54.   [ En ligne sur Persée

A lire : L’achat de l’hôtel de Listenois – le collège fortet  [ En ligne ]

BERTRAND Virginie et Nantes Enchères Talma
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