Les livres manuscrits de la reine Blanche de Navarre (+ 1398)
La remarquable contribution de Brigitte Buettner, « Le système des objets dans le testament de Blanche de Navarre », Clio, numéro 19-2004, Femmes et images [En ligne], me donne l’occasion de publier ci-dessous la liste des livres manuscrits décrits dans les dispositions testamentaires de Blanche de Navarre.
Blanche de Navarre (ou Blanche d’Evreux), seconde épouse du roi Philippe de Valois le 29 janvier 1349. Veuve en 1350, décède le 5 octobre 1398 ; inhumée à la basilique de Saint-Denis.
Les chiffres entre parenthèses renvoient à l’édition du testament par Léopold Delisle.
Testament du 18 mars 1395 (n. s.)
– à l’ostel Dieu de Vernon … un livre de la vie monseigneur saint Loys de France qui est en françoys, pour lire aux dames quant elles veilleront à l’ostel, pour avoir memoire de saint loys de qui ilz sont fondez.
Codicille du 20 mars 1396 (n. s.)
(195) – à Isabeau de Bavière un de noz livres qui se commance : Audi fili Israël, et y a pluseurs bons enseignemens, et fu à ma ditte dame la royne Jehanne de Bourgongne, et lui prions que elle le vueille garder sa vie durant pour amour de nous ;
(196) – à Charles III, roi de Navarre, le breviaire qui fu monseigneur le roy saint Loys de France, lequel l’ange lui apporta en la chartre quant il fu pris des ennemis de la foy, et fu monseigneur le roy Phelippe, son filz ainsné, qui mourust en Arragon, mary de madame la royne Marie, nostre besaiole, et le lui donna en sa vie. Et depuis est venu de hoir en hoir de la ligniée monseigneur saint Loys. Et le nous donna nostre frère le roy de Navarre, son père. Et pour reverence et la sainteté de monseigneur saint Loys, et que par grace il est venu de la ligne de nous, et depuis que nous eusmes le dit breviaire promeismes à nostre frère que il retourneroit en nostre ligne, nous voulons et ordonnons que à nostre dit neveu il demeure, et desormais ensuivament à ses successeurs, senz estre aucunement estrange, et les requerons que ilz le facent tousjours garder comme precieux et noble jouel venu de noz ancesseurs, et qu’il ne parte point de la lignie. ;
(197) – au même, nostre livre des Croniques de France ;
(198) – au duc de Berry nos plus belles heures que nostre très chiere dame et mère, que Dieux pardoint, nous lessa à son trespassement ;
(200) – au duc de Bourgogne le psaltier ou monseigneur saint Loys aprint ; et fu à madame la grant duchesse Agnès, duchesse de Bourgongne, sa fille ; et depuis la duchesse Agnès vint à nostre dicte dame la royne Jehanne de Bourgongne, sa fille ; et en après à nostre dit seigneur et espoux, qui le nous donna, et nous tesmongna, et aussi firent les femmes de la dicte madame la royne qu’il (sic) nous bailla que c’estoit icellui vraiement. Si desirons qu’il soit à la ligne. Et pour ce prions à nostre dit filz que il vueille garder et faire tenir à ses successeurs et en sa ligne, pour l’amour de ceulx dont il est venu;
(202) – au duc d’Orléans nostre bon livre de la Somme le roy, qui fu au roy Philippe le Bel et est bien enluminé ;
(204) – à la reine de Sicile nostre breviare le milleur, qui fut à la dicte madame la royne Jehanne de Bourgongne ;
(207) – au duc de Bourbon nostre livre du gouvernement des princes selon théologie et y a dedans le Livre des eschaz et d’autres choses ;
(209) – à la duchesse de Berry un livre où est le psaltier et oroisons, qui se commance Beatus vir, et la premiere oroison de saint Elysael, lequel est couvert d’un changant, et fu madame Blanche de Longchamp ;
(211) – à la duchesse de Bourgongne … le livre de Josafas et Balaham et de pluseurs autres choses, et est armoié de France et de Bourgongne et fut à madame la royne Jeanne de Bourgongne ;
(213) – à la duchesse d’Orléans un livre d’oroisons et devocions qui fu à noz très chieres dames la royne Marie et la ditte madame la royne Jehanne d’Evreux ; et le nous donna la duchesse d’Orliens, sa fille, derreniere trespassée ; et se commance apres le kalendrier Gloria in excelsis Deo ;
(214) – à la duchesse de Bar le livre du lignage de Nostre Dame et de ses suers ; et est au commencement dudit livre la louenge de Saint Jehan l’Euvangeliste ;
(218) – à la duchesse de Bretagne nostre breviaire qui fu nostre sueur madame Jeanne de Navarre, de Longchamps, lequel nous avons fait estoffer ;
(222) – à la comtesse de Foix nostre livre de l’Enseignement du mirouer des dames lequel est couvert de veluau, et a les fermoirs d’argent => voir note
(223) – et un psaltier qui fu nostre très chiere dame et mère, que Dieux absoille ; et y a sept paires de heures de pluseurs oroisons. ;
(225) – à Pierre de Navarre nostre livre des Croniques d’oultre mer ;
(229) – à Jeanne de Navarre, vicomtesse de Rohan, nostre livre du pelerinage du monde, où il y a pluseurs oroisons, et est cellui qui parle de la mort.
(230) – Et noz heures de Nostre Dame, où nous disons touz les jours nos heures, qui furent madame nostre mère, que Dieux absoille, qui sont les meilleurs que nous aions, apres celles que nous lessons à nostre dit filz de Berry ;
(233) – à Marie de Navarre un breviare à l’usage de Romme, qui fut achaté à Paris, et est la couverture brodée sur satarin (sic) yude à or et à perles et est d’un côté l’adnunciation et d’autre le crusifix ;
(236) – à la même, un rommant qui au commancement parle du pelerinage de Jhesu Crist, et pluseurs autres bons enseignemens ;
(238) – au comte d’Étampes nostre livre où sont les euvangiles des quatre euvangelistes et plusieurs sermons en françoys qui fut à la mère de monseigneur saint Loys de France ;
(242) – à Charles de Rohan, fils de Jeanne de Navarre, le livre du déduit des chiens et oyseaux que fist messire Gasse de La Buyne, jadiz chapellain des troys roys ; => voir note
– à la dame de Fontenay nostre messel escript en françois ;
– à la dame de Gisors, un psaltier qui a les fermoirs l’un de France et l’autre de Champaigne ;
– à la dame de La Mote nostre roman de Sydrac ;
– à frère Pierre Bassin, son confesseur, le livre où est la vie des Pères, le dialogue Saint-Gringoire et son pastoral ; => voir note
(274) – à Jeanne La Besaine, sa première demoiselle, un livre où il y a pluseurs romans ;
(277) – à Jeanne de Rouvières, sa demoiselle, le livre qui aprent à bien vivre et bien morir ;
(278) – et pluseurs miracles de Nostre Dame ;
(279) – Et l’un de noz deux livres de cirurgie ;
(280) – Avecques le bréviare qui fut Jehanne de France, nostre fille, où elle aprint, que elle a en sa garde ;
(288) – à sa filleule Blanche, fille de Jean Le Porchier, dame de Troussy, un gros livre des miracles Nostre Dame abregiées en prose, couvert de cuir rouge ; et y a pluseurs bonnes choses, c’est assavoir de sainte Baudeur, de sainte Élysabel, de saint Gile et la voie d’enfer et de paradis ;
(291) – à Jehanne du Mesnil, sa demoiselle, le livre de la Somme le Roy où sont les remèdes contre les pechiez ;
(293) – à Marguerite de Vimont, sa demoiselle, le livre nommé le Tresor de l’ame et parle des sept pechiez mortelx et d’aucuns examples et remèdes contre iceulx, et de plusuers autres choses ; et est couvert de cuir vert ; => voir note
(297) – à Margot, femme de Robert Legrant, sa demoiselle, le livre du Salterion de X cordes, de Anticlaudien, les vies de pluseurs sains et moult d’autres bonnes choses ;
(299) – à Agnote, sa demoiselle, un livre qui enseigne la vie devote et si contient le testament de maistre Jehan de Meun et plusieurs sermons ;
(307) (425) – à Jeannette Sante, le livre de Si nous dit ;
(314) – à frère Robert Cresserel le livre du gouvernement des princes selon philosofie, et le fist frère Gille l’augustin ; => voir note
Codicille du 10 septembre 1398
(405) – pour et en lieu du livre d’oroisons et devocions que nous lessions en nostre dit premier codicille à nostre tres chiere fille la duchesse d’Orleans, lequel fu a noz tres chieres dames la royne Marie et la royne Jehanne, nous voulons et ordennons que notre ditte fille ait nostre breviaire à l’usage de Romme, qui est en deux volumes, qui fu ma ditte dame la royne Jehanne.
(427) – à Symmonete, femme de chambre, un de noz livres de cirurgie ;
NOTES
[200]. Leyde, BU 76A. f. 30v : Cist psaultiers fuit mon seigneur saint looys qui fu Roys de france ou quel il aprist en senfance … f. 185r : Cist psaultiers fu mon seignor // saint looys qui fu roys de france // du quel il aprist en sanfance.
Voir Inventaire de 1420. Henri Omont, Miniatures du Psautier de St. Louis, manuscrit Lat. 76a de la Bibliothèque de L’université de Leyde, Édition Phototypique. Leyde: A.W. Sijthoff, 1902. [ En ligne ]
Leyde BU 76A, f. 17r.
Quelques folios numérisés sur le site de la BU de Lyde [ En ligne ]
[222] Jeanne d’Aragon (1375-1407), fille de Jean Ier d’Aragon, roi d’Aragon, et de Marthe d’Armagnac, comtesse de Foix par son mariage avec Mathieu de Foix-Castelbon.
[242] Charles de Rohan, fils de Jean de Rohan et Jeanne d’Evreux, marié le 10 mars 1405 avec Catherine du Guesclin, dame héritière de la Morelière, de Chastelain, de Lignières et du Verger (+1461). » … a fait la tige des seigneurs de Guemené » (Dom Morice, 1742-6); en 1462, obtient le droit de porter sur un carreau le cercle royal du duc (Trévédy, 1898)
Pierre Basin, « serviteur et orateur … confesseur de madame la royne Blanche … (ADN, B 454, 9156) fut un de ses exécuteurs testamentaires. Le recueil manuscrit cité doit correspondre au London, BL, Add. 20697, ayant appartenu à l’abbaye normande de Saint-Evroult. « Iste liber pertinet fratri Petro Basin, quem fecit scribi Neauphe dum erat ibi residens cum domina regina Blancha, cujus deus habeat animam (f. 32). Voir P. Me yer, « Notice sur le ms. du Musée britannique Add. 206 », dans Bulletin de la Société des anciens textes français, 1892, n° 2, p. 94-95.
[293] femme de Jean de Galard, seigneur de l’Isle-Bouzon ?
[314] « compaignon de nostre confesseur »
Sur un missel que Blanche de Navarre fit faire : Georges Doutrepont, La littérature française à la cour des ducs de Bourgogne [ En ligne ]
Epitaphe de Blanche de Navarre à Saint-Denis :
Source : Archives départementales des Pyrénées atlantiques E 525.
Bibliographie
Kervyn de Lettenhove, Le Psautier de saint Louis, de la bibliothèque de l’Université de Leyde, ln-8° de 11 p.
Léopold Delisle, « Testament de Blanche de Navarre, Reine de France », Mémoires de l’Histoire de Paris et de l’Île-de-France, XII, 1885, p. 1-64.
Marguerite Keane, « Most beautiful and next best: value in the collection of a medieval queen », dans Journal of Medieval History, Volume 34/4, 2008, p. 360-373.
A paraître : Marie-Thérèse Gousset (Paris – BnF) : Un aspect de la production courante des enlumineurs parisiens sous le règne de Philippe VI de Valois et de Blanche de Navarre : l’exemple du Maître de la Dame à la licorne.