Le manuscrit au complet a été vendu initialement en septembre 2006… pour 6200 $… Le nouvel acheteur, sous le pseudo de Tuscanybooks continue ainsi de vendre à bon prix les 121 f. de cet ouvrage à cette adresse…
Ci-dessous le premier f. « arraché » du calendrier avec un ex-libris (début XIXe s.) :
« de Nantes
Est à moi (Pegnot) R<ecev>eur
de l’Enregistrement » (suggestion de Denis Muzerelle, IRHT, qu’il en soit remercié)
Il semble que le Livre d’Heures s’ouvre directement au calendrier. Manquent 7 f., bien évidemment les miniatures, enlevées en priorité…
A consulter :
La page d’Erik Drigsdahl sur un recensement de Livres d’heures démembrés. En fait notre vendeur Tuscanybooks n’est pas à son premier dépecage…
La page de Klaus Graf … avec d’autres témoignages.
« Cutting up manuscripts… for profit », dans la »Gazette du livre médiéval », n° 47 (Automne 2004), p. 39-41 (voir AMARC Newsletter, n° 42, May 2004, p. 9-10, format pdf)
The Broken Book II : From a Book of Hours to a Book of Bits [ en ligne ]
La page de Jean-Claude Bourdais
[ Addition du 2 octobre 2011 : un feuillet du calendrier, le mois de janvier, acquis par RMGFYMss, à voir sur Flickr ]
[ Addition au 24 novembre 2013 : n’est plus entre les mains de RMGFYMss ]
Commentaires
We have to establish a little working group preparing a declaration against such practices.
Then we have to search famous scholars who would sign such a declaration.
Then should we contact dealers associations to speak about an ethic code.
Then we should contact libraries and museums to boycott buying leafs which are not proofed to be older than 50 years.
We cannot hope that a government would be inclined to make cutting up manuscripts illegal. Dealers’ lobby would be too strong.
But I think step one (the little working group) is utopia. But please feel free to contact me at klausgraf at googlemail.com
Et surtout, cela n’est pas une nouveauté rendue possible par le commerce électronique. Pendant longtemps (et peut-être encore) on a pu trouver dans les boîtes des bouquinistes des quais de Seine, au milieu de romans défraîchis et de manuels écornés, des feuillets d’antiphonaires manuscrits vendus à la pièce. Pour remonter plus haut encore, les feuillets des « Heures d’Etienne Chevallier » peints par Jean Fouquet, aujourd’hui conservés au Musée Condé (Chantilly), ont ainsi été dépecés au XVIIIe siècle. (Ceci pour ne prendre qu’un exemple parmi tant d’autres.)
Il faut aussi souligner qu’il ne s’agit « que » d’un livre d’heures, c’est-à-dire d’un livre produit en masse dont nos bibliothèques conservent d’innombrables spécimens. Les heures à l’usage de Nantes sont bien représentées dans les fonds du Musée Dobrée, et la disparition de cet exemplaire ne nous privera d’aucune information essentielle.
Il est évident que ces pratiques n’en sont pas moins lamentables et moralement condamnables (juridiquement, c’est une autre question). Mais il se passe aujourd’hui, dans le monde du manuscrit, des choses infiniment plus graves, qui ne mettent pas en jeu l’intégrité matérielle d’un volume isolé, mais l’existence même de collections entières. Le plus alarmant est que ces crimes culturels ne sont pas le fait de marchands sans scrupules, mais d’institutions « respectables », telles que la Fondation Martin-Bodmer (à Cologny-Genève) ou le gouvernement du Land de Bade-Württemberg (concernant le fonds de manuscrits de Karlsruhe).
On trouvera également des informations sur ces deux scandales dans la Gazette du livre médiéval, n° 49 (Automne 2006, actuellement sous presse), p. 105-106 et 126-127.
P.S. Malgré le manque de définition de l’image, je pense que le nom de l’ancien propriétaire doit se lire « Pegnot ». L’écriture est du début du XIXe siècle.