Nouvelle identification : le livre d’heures de Nicolas de La Primaudaye (Paris, Bibliothèque nationale de France, Arsenal, Ms-1188)
La mise en ligne récente sur GALLICA d’un livre d’heures à l’usage de Rome, avec une devise répétée à l’infini, D’AMY DELOYAL PAS NAY CVRE, m’a conduit à en rechercher le propriétaire.
Ah, merci \ »Google Books\ » ! J’imagine que Léopold Delisle aurait apprécié ce bien utile instrument de travail … De ce fait, ma recherche ne fut pas longue et me conduisit à une petite étude parue dans le Bulletin de la Société archéologique de Touraine (1940, p. 459-460) avec la description d’un jeton anagrammatique de toute rareté, celui de Nicolas (ou Nicole) de La Primaudaye, alors marié en secondes noces à Marie de Morvilliers.
D’AMY DELOYAL PAS NAY CVRE est bien l’anagramme de NICOLAS DE LA PRIMAUDAYE
Armes de La Primaudaye : d’après les généalogies des familles orléanaises, par le chanoine Hubert : D’azur, semé de fleurs de lys d’or, à un pied de griffon de même posé en fasce et sur le tout un écusson chargé d’un besant d’or; d’après d’Hozier : Semées de France, à l’escu d’or en abîme, traversé d’une patte d’or de griffon, chargé d’un tourteau de sable sur le tout.
Jeton d’Antoine de La Primaudoye (fils de Nicolas), Général des Monnaies. Paris. s.d. (1543-1547). [source]
Ainsi, notre élégant livre d’heures (Paris, Bibliothèque nationale de France, Arsenal, Ms-1188) fut certainement commandité par Nicolas de La Primaudaye, descendant d’une famille originaire de Bretagne, plus exactement de la région de Pontivy : Jean de La Primaudaye avait été trésorier général de Bretagne*; Jeanne de la Primaudaie, abbesse de S. Georges de Rennes en 1534, …
Nicolas de La Primaudaye, écuyer, conseiller secrétaire du roi, épousa en premières noces Jeanne Berthomier, et en secondes Marie de Morvilliers. Il fut l’ami de Thomas Bohier (1465-1524), trésorier général des finances, le mécène de Chenonceau :
maistre Nicole de la Primaudaye, notaire et secretaire du Roy nostre sire, seigneur de La Barrée, ou vivant de feu messire Thomas Bohier, chevalier, sr de Chenonceau, general de France, il estoit son ser[viteur], amy et familier (Paris, AN, MC/ET/XXXIII/13 , f. 188, 5 août 1528)
Thomas Bohier. Source.
© Paris, BnF, Arsenal 1188, f. 17
© Paris, BnF, Arsenal 1188, f. 16
F. 1. Calendrier en français F. 7. Péricopes évangéliques. F. 11v. Passion selon S. Jean F. 17. « Hore beate Marie virginis, secundum usum Romane ecclesie » F. 55. Les sept psaumes et les litanies. Dans les litanies : S. Louis et Ste Anne F. 64. « Vigilie mortuorum » F. 81. « Suffragia plurimorum sanctorum et sanctarum » F. 93. « Plusieurs devotes oraisons à la vierge Marie » F. 102v. Diverses oraisons latines F. 113. « L’examen de conscience pour congnoistre à bien se confesser, composé par maistre Jehan Quentin, pénitentier de Paris » ; en français […]
De la bibliothèque de M. de Paulmy.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b550098895
* Sur Jean de La Primaudaye, voir Dominique Le Page, Finances et politique en Bretagne au début des temps modernes, 1491-1547, Comité pour l’histoire économique et financière de la France, Paris, 1997, p. 416-417 et p. 538 : \ »il faut signaler le recrutement de Bretons soit comme officiers, soit comme membres de l’hôtel royal. La monarchie a su se montrer accueillante pour tous ceux qui désiraient la servir, à quelque degré de la noblesse qu’ils appartinssent. Cela a été vrai pour des gentilshommes en quête de fortune comme Jean de La Primaudaie, originaire de la région de Pontivy, signalé comme secrétaire du roi en 1470\ ».
Antoine de la Primaudaye, fils mineur de Nicole de la Primaudaye, et de Jeanne Barthomier, comme petit-fils des défunts Pierre Barthomier, seigneur d’Olivet, et Antoinette de Gannay, sa femme, morte le 28 septembre 1522, reçut de ces derniers 1/5e de leur succession, dans laquelle on remarque :
Unes Heures en parchemin, enlumynées, à lectres d’or, deux fermouers d’argent doré, garnys de deux tringles d’or, avec troys petis boutons de petites perles, VIII l. t.
deux livres en papier, l’un des Evangilles, en francoys, et l’autre intitulé Frere Jehan de Vigny …
… Troys livres en papier, l’un l’Ordinaire des crestiens, l’autre la Vie des Peres, et l’autre le premier volume du roy Charles le Quinct.
… Ung grant livre, en parchemin, des Euvres de Seneque …
Unes petites Heures, en parchemin, à ung fermouer d’argent doré …, unes vielles Heures, en papier …, ung grant livre, en papier, lectre d’impression, appellé Ovide, de Methamorphoses, et ung autre livre, en parchemin, commencant : ‘Reges intelligite’…
… Ung Messel, en papier, lectre d’impression, à l’usaige de Paris.
Deux paieres d’Heures, en papier, lectre d’impression, à l’usage de Paris.
(Ernest Coyecque, Recueil d’actes notariés relatifs à l’histoire de Paris et de ses environs au XVIe siècle [étude XXXIII], t. I, 1498-1545 [3608 actes], Paris, 1905, p. 56, notice n° 261)