28 Mai 2012
Jean-Luc Deuffic

Chicago University Library : deux Livres d’heures de provenance française (Heures de Villelume ; Heures de La Chasseigne)

Parmi les Livres d’heures possédés par la Bibliothèque Universitaire de Chicago figurent deux précieux témoins identifiés (mss 348 et 349), faisant actuellement l’objet d’une intéressante exposition : On the Edge : Medieval Margins and the Margins of Academic Life. Le second de ces manuscrits, utilisé comme \ »Livre de raison\ » pendant un siècle et demi, est en effet en maints endroits noté — de 1573 à 1723 — d’évènements familiaux des seigneurs de Villelume, un important lignage d’Auvergne.


© The University of Chicago Library – Special Collections Research Center – Ms 349, f. 24


© The University of Chicago Library – Special Collections Research Center – Ms 349, f. 23r

Le Vandredy sixiesme aüost // mil six cent soyssante six est // né au poin du jour le quatriesme filz de Nicolas de Villelume [ en interligne : escuyer segnieur de la Roche] et // Ohon (?) et // de dame Jeanne Dubuisson, et est // mort a lage de six mois apres // auoir esté ondoyé, en attandan // pour son parrin monsegnieur …

Description
Parchemin. 315 f. Pagination. Ecriture gothique. 12 miniatures pleine page. 13 petites. Décoration marginale.
Notes concernant la famille de la Villelume, sur 3 feuillets préalables, continuent au f. 60.
Calendrier – Séquences évangéliques – Oratio de Beata Maria – Heures de la Vierge – Psaumes de pénitence – Litanies – Heures de la Croix – Heures du saint Esprit – Office des morts – Prières à la Vierge et à la Trinité – Suffrages aux saints. 4 feuillets de parchemin blancs à la fin.
Biblio
The Blum Collection of Fifteenth Century Manuscripts. Unpublished notice by Herbert Kessler
Décoration
François Avril (conservateur général honoraire du département des manuscrits de la BnF) me fait savoir que l’image du saint Jean est due à l’artiste qu’Ina Nettekoven appelle le Maître de Charles VIII, d’après un livre d’heures apparemment offert  au roi par Antoine Vérard, manuscrit très richement illustré, longuement décrit par E. König dans Leuchtendes Milttelalter, Heribert Tenschert, I, 1989, n° 64. L’artiste parisien se situe dans le sillage stylistique de l’enlumineur que Nicole Reynaud appelle le Maître des Très petites Heures d’Anne de Bretagne, mais que Mme Nettekoven, à la suite de E. König, préfère nommer Maître de la rosace de l’Apocalypse de la Sainte Chapelle (\ »Meister der Apokalypsenrose der Saint Chapelle\ »).

VILLELUME : d’azur à dix besans d’argent posés 4, 3, 2 et 1
Couronne de marquis
Supports : deux lions
Cri de guerre : Villelume !
Devise : Comes comitis
 
SOURCES :
Généalogie de la maison de VILLELUME et de THIANGES (comte Aymeric de Villelume) :
– Archives du château de Barmontet, à Verneugheol (Puy-de-Dôme)
– Archives du château de Losmonerie à Aixe-sur-Vienne (Haute-Vienne)
– Paris, Archives Nationales, fonds Villelume-Sombreuil, 426 AP.
– Archives départementales de l’Indre, E, fonds Boisé de Courcenay, liasses Villelume
– Paris, Bibliothèque Nationale de France, cabinet des Manuscrits, Fonds Français :
– Pièces originales 17872, 2320, 3007, 3052
– Dossiers bleus 630 et 672
– Nouveau d’Hozier 312 et 333
– Carré d’Hozier 636
– Cherin 208

Grâce à l’amabilité du comte Aymeric de Villelume lequel nous a fourni une importante documentation sourcée sur sa prestigieuse famille (ses armes apparaissent pour la première fois sur la Tapisserie de Bayeux, ca 1077), nous connaissons assez bien les possesseurs du Livre d’heures de Chicago. Ainsi, pour ce qui concerne le couple mentionné sur le feuillet ci-dessus en photo, nous savons que fut établi au château de Fognat (Bellenaves) le 14 décembre 1665 le contrat de mariage de Nicolas-Louis de Villelume, chevalier, seigneur de la Roche-Othon, capitaine des gardes de M. le maréchal de Schomberg (Chalanberg), fils de Louis de Villelume et d’Élisabeth de Bron, avec Jeanne Dubuisson, fille de Nicolas Dubuisson, chevalier, baron de Veauce, et d’Elisabeth Verne, ledit mariage déjà célébré à l’église (Copie aux Archives de l’Indre, E, fonds Boisé de Courcenay, dossier Villelume, pièce 40 et 41).
En fait ce mariage remonte au mercredi 23 octobre 1652, et fut célébré à Saint-Chamond, en l’église du couvent des Minimes, fondée en 1628 par la femme de Jacques Mitte de Chevrières-Miolans, marquis de Saint-Chamond (Procès-verbal de mariage dressé en présence de Pierre de Vidal, curé de Saint Pierre de Saint Chamond ; Pierre Lestang ; Jean Allard, docteur en théologie ; Jean Elejel, écuyer, sr du Crozet ; Claude Allard, écuyer ; François Robert, sieur de Saint-Marcelin, conseiller et médecin du roi et François Mauris, tous habitants de Saint-Chamond. M. de Ville, grand vicaire de l’archevêché de Lyon avait accordé dispense de bans par lettres des 10 et 14 octobre 1652. Archives départementales de l’Indre, E, fonds Boisé de Courcenay, dossier Villelume, pièce 36) :


Cloître du couvent des Minimes de Saint-Chamond (aujourd’hui mairie)

Nicolas-Louis de VILLELUME, chevalier, seigneur de La Roche-Othon, Valon, Closrenaud (du chef de sa femme), Pontcharraud (par héritage de son frère Thomas. Il en rendit hommage au roi le 18 mars 1689 — Original aux Archives Nationales P 475, c. 12 –- Cf. Dom Bethencourt : Noms Féodaux, suivi du dénombrement, 12 mai 1689- La Roche-Othon : “Premièrement consiste ledict fief en maison basse, portail, chambres au dessus, boulangerie, escurie et cour, le tout renfermé de fossez, pont-levy … Plus deux petits estangs et deux pescheries proche ledict lieu, avec un bois de futais et lieu seigneurial, etc…”. ), etc…; demeurant en son château de La Roche-Othon. Mort à la fin de 1689 ou au début de 1690 (il avait testé ainsi que sa femme le 14 février 1666).
En 1664, un rapport au roi Louis XIV le qualifie de “Galant homme qui est dans le service” (Paris, BnF, Mss, Cinq Cent de Colbert, n° 277). Le 1er avril 1689, il était encore convoqué au Ban à Moulins, mais il dût se faire remplacer par son fils Louis de Villelume, écuyer (Paris, BnF, Fonds Clairembault 952). Il fut maintenu dans sa noblesse avec son père en 1666 par ordonnance de Lambert d’Herbigny, intendant du Bourbonnais (archives du château de Losmonerie ; analyse aux archives départementales de l’Indre (cf. E. Hubert, Inventaire du Chartrier de Boisé, n° 286).

D’où sont issus :
§ Suzanne-Henriette de VILLELUME, dame de La Roche-Othon : née le samedi 8 février 1653, baptisée le vendredi 3 septembre 1655 à Saint-Gérand-de-Vaux, mariée le 8 février 1689 (mardi) avec Antoine de Biotière, écuyer, seigneur de Pochonière, puis de La Roche-Othon (du chef de sa femme), fils d’Antoine de Biotière, chevalier, seigneur de Pochonnière (paroisse de saint Marcel-en-Murat) et de Gilberte de Biotière. Contrat du 8 février 1689 (Mention dans la vente de Closrenaud : Archives départementales de l’Indre, E, fonds Boisé de Courcenay, dossier Villelume, pièce 59 et 60).
§ Catherine de VILLELUME, dame de Closrenaud, mariée le samedi 15 mars 1687 en l’église de Chateloy avec Gaspard de Biotière, Chevalier, décédée après 1692.
§ Henri de VILLELUME Le 17 mars 1688 rend hommage au roi (Archives Nationales P 474, c. 738) : \ »Nous nous sommes avec le dit Sr de Villelume, transportés au devant de la grande et principale porte du Château de cette ville de Moulins .. où estant ledit Sieur de Villelume ayant posé son espée et esperons, teste nue et à genoux, a baisé le verrou de ladite porte en signe de foy et hommage…\ ». Meurt avant février 1689.
§ Anne de VILLELUME : assiste au mariage de sa soeur Catherine au printemps 1687 (Registres paroissiaux de Chateloy, Archives communales d’Hérisson).
§ Louis de VILLELUME, né à Hérisson, au château de La Roche-Othon, baptisé le samedi 14 janvier 1662 à l’église prieurale de Châteloy. Chevalier, marié le lundi 24 octobre 1689 avec Claire de Fougières († 1741) – Mort sans descendance légitime vers 1695 (avant le 24 février 1696), laissant pour héritières ses soeurs : Suzanne-Henriette et Catherine de Villelume, le château de La Roche-Othon passa aux Biotière qui le vendirent en 1751 aux Fougières .

Résumé de la succession des Villelume, sgr de la Roche-Othon
Pour plus de détails voir la généalogie de la Villelume (par le comte Aymeric de Villelume) citée plus haut


Source : Bulletin de la Société d’émulation du Bourbonnais, t. 23, 1920, p. 314-315



Château de la Roche-Othon, où sont nés plusieurs des enfants de Nicolas de Villelume et de Jeanne Dubuisson. Source : Inventaire / Châteaux, Fiefs, Mottes, Maisons fortes et Manoirs en Bourbonnais, par René Germain

A Hérisson, l’église romane de Chateloy abrite une chapelle des Villelume, édifiée au 16ème siècle. Espérance de Sauzay, fille de Jean de Sauzay, écuyer, seigneur du Montet, qui épousa le 25 juillet 1573 Jean de Villelume, y fit peindre la fresque représentant saint Christophe, comme en témoigne l’inscription : “Esperance Desauzay 1580”. Parmi les écus armoriés de la litre funéraire un mi-parti  Villelume, et d’or au chevron de gueules, accompagné de trois perroquets de sinople qui sont les armes d’Elisabeth de Bron, qui épousa Louis de Villelume le 21 novembre 1621 (seconde photo, écu de froite)
 

Source

Autre partie de la chapelle : cliquer sur la photo pour agrandir [ Wikipedia ] – On devine à droite un écu mi parti, de Villelume

A propos de la famille Dubuisson, nous avons découvert en parcourant le Net, cette pièce qui se trouverait à Oran, en Algérie :

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Sources

Monsieur PIERRE DVBVYSSON ecvyer seigneur de FOGNAT a fait batir cette chapelle e[n] exe[cvtion] dv testament de GABRIEL son beav-frere vivant e[cvyer] seig[nevr] DORVALET patron fond[atevr] et bien[faitevr] de cette eglise 1686

Dubuisson : d’azur à l’épée haute d’argent garnie d’or accompagnée de trois molettes d’éperon à cinq pointes du même. Devise : Qui s’y frotte s’y pique.
Bourderel : d’azur à trois épis de blé d’or, tigés et feuillés de même

Cet objet a du être retiré de l’église de Saint-Pourçain-Malchère réunie à Lusigny en 1827. En effet, nous trouvons cette mention \ »Lusigny. Construction d’une chapelle en l’église de Saint-Pourçain, en 1686, par Pierre Dubuisson, en exécution du testament de Gabriel Bourderel\ », dans le Bulletin du Comité de la langue, de l’histoire et des arts de la France, t. 4, 1857, p.186, qui ne laisse aucun doute. De même, dans l’Armorial du Bourbonnais, Moulins, 1857, p. 96 :  \ »Les armoiries de cette famille (BOURDEREL) se voient accolées à celles des du Buisson, à la clef de voûte de la chapelle d’Orvalet, dans l’église de Saint-Pourçain-de-Malchère, prés de Moulins ; elles sont accompagnées d’une inscription relative à la fondation de cette chapelle, en 1686\ ».

Sur ce Pierre Dubuisson, voir aux Archives départementales de l’Allier : Commune de Lusigny. E. Suppl. 1096. (Liasse.) — 8 pièces, papier (GG. 33). Paroisse de Saint-Pourçain-Malchère. — Sentence de la sénéchaussée de Bourbonnais condamnant Pierre Du Buisson, écuyer, seigneur de Fognat, et Marguerite Bourderel, sa femme, à payer à Jean Besson, curé de Saint-Pourçain, une portion congrue de 300 l. par an, en échange des dîmes et gros de sa cure qu’il leur abandonne (16 juin 1688).

En 1641, haut et puissant seigneur messire Nicolas du Buysson (le père de Jeanne, du Livre d’heures), écuyer, seigneur et baron de Veauce, de Bousset, de Fognat et du Beirat, seigneur de la Chaise et de Closrenaud, conseiller du roi en ses conseils, trésorier de France, et général des finances en la généralité de Moulins, puis conseiller d’état et maître d’hôtel ordinaire du roi. Le 25 juin 1641, il rendit foi et hommage au roi Louis XIV de la seigneurie et baronie de Veauce, devant les officiers du bureau des finances à Moulins. Par acte reçu Rabusson, notaire, le 3 mai 1667, Nicolas du Buysson vendit à messire Amable de Blich, écuyer, seigneur de Laidate, président et lieutenant-général en la sénéchaussée d’Auvergne, à Riom, les terre, fief et baronie de Veauce, pour le prix de quatre-vingt douze mille francs. Tablettes historiques de l’Auvergne, VII, 1846, p.301.

Nicolas du Buisson, quatrième fils d’André, chevalier, seigneur de la Cave, Mont, et de Louise de Lingendes, né le 16 mars 1589, épousa en premières noces de Elisabeth Verne du Fraigne (30 novembre 1610) ; en deuxième, Gabrielle Bertrand du Chassin, veuve de Pierre de Jonas (16 juillet 1640) ; en troisième, Françoise de la Rouëre-Chamoy, veuve de Jehan de la Roche-Savignat, 1661. Décédé vers 1670.

Jeanne du Buisson, femme de Nicolas de Villelume, citée au Livre d’heures de Chicago : elle reçut 36 000 livres en dot, somme comprenant la terre de Closrenaud et ses appartenances ; elle eut en préciput habits, bagues et joyaux ou la somme de 1 200 livres, une haquenée harnachée ou 300 livres, le tout à son choix. En cas de viduité, elle aura son habitation dans la moitié du château de La Roche et on lui laissera les meubles suffisants pour garnir deux chambres et une cuisine, le tout selon sa condition (Archives départementales de l’Allier, B 745). Elle vendit le 22 mai 1692 la terre et seigneurie de Closrenaud à ses gendres Gaspard et Antoine de Biotière, à charge pour eux de l’éviction dont elle était victime.

Remerciements à : Mr le comte Aymeric de Villelume –  Aden Kumler (Assistant Professor / Department of Art History / University of Chicago – Nancy Thebaut et Beth Woodward (PhD students in Art History, University of Chicago) – Daniel Meyer, Director, Special Collections Research Center, University of Chicago Library – François Avril (conservateur général honoraire du département des manuscrits de la BnF)

LES HEURES DE LA CHASSEIGNE

Le manuscrit 348, un Livre d’heures à l’usage de Rome, de la Bibliothèque Universitaire de Chicago provient de la famille de La Chasseigne. Passé par plusieurs ventes (voir la base Schoenberg), nous en donnons ci-dessous la description qu’en fait le catalogue des Livres précieux et … manuscrits avec miniatures composant la bibliothèque de M. E. M. B. (E. M. Bancel), du 8 mai 1882 :

16. OFFICE DE LA VIERGE (en latin). Gr. in-8 mar. brun, compart. à fr. doublé do moire cramoisie, tr. dor. (Cape.)
BEAU MANUSCRIT SUR VÉLIN, exécuté en France à la fin du XVe siècle, composé de 92 f. Il est écrit en caractères demi-gothiques, avec des lettres initiales peintes en or et eu couleurs, et est enrichi de HUIT GRANDES et de SEPT PETITES MINIATURES d’une grande beauté, dont plusieurs diffèrent essentiellement de celles que l’on voit presque uniformément dans les livres d’Heures.
La forme des grandes miniatures est celle d’un parallélogramme cintré par le haut. La première représente saint Jean assis au pied d’un rocher boisé, s’apprêtant à écrire sur un rouleau de parchemin ; devant lui un aigle d’or tient l’écritoire suspendu à son bec.


© The University of Chicago Library – Special Collections Research Center

La seconde nous montre l’arbre généalogique de Jessé ; on remarque sur l’arbre, parmi les douze personnes qui s’y trouvent, le roi David jouant de la harpe et regardant au sommet la Vierge, le bas du corps caché dans un lis blanc, tenant son divin fils dans ses bras. La troisième a pour sujet l’Annonciation ; la quatrième, Jésus sur la Croix, entouré de soldats et de saintes femmes ; la cinquième, la Descente du Saint-Esprit. La sixième représente vraisemblablement CHRISTOPHE DE LA CHASSEIGNE, pour qui fut exécuté ce manuscrit ; il est à genoux, vêtu d’une longue robe marron, au pied de la Vierge qui tient sur ses genoux le corps de son fils. La septième a pour sujet David (?) assis sur un trône ; devant lui un soldat, un genou à terre, lui présente une lettre ; dans le fond, on aperçoit une nombreuse troupe d’hommes armés. La huitième, qui doit représenter le Mauvais riche et Lazare, est intéressante par les détails. On y voit un seigneur richement vêtu à la mode de l’époque de Louis XII, à table près d’une dame, devant eux un domestique un genou à terre pose un plat sur la table ; dans le fond, des domestiques et des chiens poursuivent Lazare sous les traits d’un lépreux tenant à la main une claquette. Les petites miniatures de forme presque carrée (haut, et larg. 35 à 40 mill.) offrent les sujets suivants : la Visitation, la Nativité, l’Annonciation aux bergers, l’Adoration des rois mages, la Présentation au Temple, la Fuite en Êgypte, le Couronnement de la Vierge.
Les marges de toutes ces miniatures sont entourées de bordures décorées d’arabesques, de fleurs, d’oiseaux, d’insectes et d’animaux bizarres sur fond d’or. Les marges extérieures des autres pages sont ornées de bordures pareilles.
La conservation de ce manuscrit est parfaite, et les miniatures, toutes rehaussées d’or, sont d’une fraîcheur et d’une richesse étonnantes.
Une note manuscrite placée en tête du volume, signée Sainte Marie, nous apprend que ce beau livre a appartenu à CHRISTOPHE DE LA CHASSEIGNE, seigneur de la Chasseigne, de Rosemont, d’Uxeloup, de Cerinoise, etc. Ses armes (d’azur à la fasce d’argent, chargée d’un lévrier courant de sable, colleté d’argent, cloué de gueules et accompagné de trois glands d’or posés deux en chef et un en pointe) sont placées au bas de la deuxième miniature : quant aux armes que l’on voit au bas de la cinquième, ce sont probablement celles d’une alliance…
M. de Sainte-Marie, l’auteur de la note placée au verso du premier feuillet, était colonel d’état-major, chevalier de Saint-Louis, et fut l’un des fondateurs du couvent des Carmélites qui s’établit en 1818 à Nevers. (Note : Louis de Sainte Marie, auteur des Recherches historique sur Nevers, 1810. Louis-Marie Rapine de Sainte-Marie, seigneur des Meures, né et mort à Nevers (1774-1841), écrivain et historien, servit dans les armées de Condé, rentré en France en 1798, il participa à la vie publique à Nevers, comme adjoint au maire, puis député de la Nièvre ; il épousa Geneviève Gayault de Maubranche)


© The University of Chicago Library – Special Collections Research Center – Ms 348

 
Pour François Avril, ce manuscrit est indubitablement de facture parisienne (et non rouennaise), datable de l’extrême fin du XVe siècle ou des alentours de 1500, et s’inscrit parfaitement dans la tradition inaugurée par l’illustre Maître François, mais évidemment d’un aspect de plus grande lourdeur.

De l’ancien manoir de La Chasseigne, datant du XVe siècle, et situé à Saint-Parize-le-Châtel il ne reste plus que le porche composé de deux tours :


Le château de La Chasseigne. Source : Olivier Pasteur.

M. de Soultrait, dans son Armorial du Nivernais, dit que les La Chasseigne, d’abord simples paysans de Saint-Parize-le-Chatel (Nièvre), au milieu du XVe siècle, s’élevèrent très rapidement au rang de la plus haute aristocratie du duché de Nivernais. Christophe de la Chasseigne, président de la Chambre des Comptes, personnage très important et fort riche, fut confirmé dans son ancienne noblesse par Henri IV en 1593, sur le vu d’un certificat délivré par Henriette de Clèves, duchesse de Nivernais.

Remerciements à François Avril pour ses aimables commentaires avisés.

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