L’évangéliaire de Lorsch : un chef d’oeuvre carolingien en ligne
Cristian Ispir, étudiant en histoire à l’Université de Metz, nous a aimablement communiqué cette note concernant l’Evangéliaire de Lorsch :
Le plus célèbre manuscrit médiéval enluminé de la collection de la Bibliothèque Nationale de Roumanie est un fragment d’évangéliaire latin carolingien de 810 (MS II.1)*. Connu sous le nom de Das Lorcher Evangeliar dans le monde germanique et de Codex Aureus en Roumanie et Hongrie, le manuscrit appartenait aux sept évangéliaires de la Schola Palatina d’Aix-la-Chapelle, avant d’arriver dans la bibliothèque de l’abbaye bénédictine de Saint-Nazaire de Lorsch après la mort de Charlemagne. Entre le XVIe et le XVIIIe siècle, le manuscrit passe par Heidelberg, Rome et Vienne. En 1782, l’évêque de Transylvanie en fait l’acquisition mais le manuscrit est désormais divisé en deux parties qui ont des sorts assez différents. La Biblioteca Documentara Batthyaneumde la ville roumaine d‘Alba-Iulia a mis en ligne la numérisation d’une des deux parties du manuscrit. Un facsimilé de l’ensemble du codex a été réalisé en 1967 à Munich et en 2000 à Lucerne.
Les enluminures exceptionnelles et l’écriture en encre d’or font de ce manuscrit un chef d’oeuvre de l’art carolingien. Le fragment comprend 111 folios de 365 x 265mm écrits sur deux colonnes aux 31 lignes. Les textes introductifs de chaque chapitre ont été écrits en capitala elegans alors que le reste du texte comporte une écriture onciale.
Le manuscrit est très riche en illustrations enluminées. 101 folios ont des cadres polychromes; il y a 4 portraits des évangélistes, un grand tableau du Christ (Maiestas Domini) et un frontispice en minium représentant la généalogie du Christ.
La reliure originale en ivoire se trouve au Victoria and Albert Museum à Londres.
On trouve dans les pages de ce manuscrit un mélange de traditions insulaires, germaniques et byzantines qui marque le passage d’une représentation abstraite et ornementale des peuples du Nord à une expression plus claire et plus lisible qui caractérise l’art méditerranéen.
La visualisation du manuscrit est souple et interactive. Il y a la possibilité d’agrandir les folios et de les imprimer. Par contre, l’ensemble du texte n’en est pas disponible, la BNR estimant que le but de la numérisation c’est de présenter une oeuvre d’art. Pour les paléographes, donc, ce fragment présente un intérêt limité.
Vous pouvez feuilleter le manuscrit ici
* La seconde partie se trouve à la Bibliothèque apostolique vaticane (Pal. Lat. 50). Le premier plat avant de reliure est conservé au Victoria and Albert Museum de Londres, le deuxième dans les collections des Musées du Vatican à Rome.
Bibliothèque apostolique vaticane, Pal. lat. 50